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Hôpital de Bologhine Alger le 7 mars 2012


Service de Médecine Interne
PROFESSEUR ASSELAH H

RESIDENCE MEDECINE INTERNE

DIAGNOSTICS ET TRAITEMENT DU MAL DE POTT


S.AYOUB.

OBJECTIFS DE L’ENSEIGNEMENT:

•Définir le MP et rappeler les localisations préférentielles


•Décrire les divers tableaux cliniques
•Citer la place des différentes techniques d’imagerie médicale et décrire les différents aspects
radiologiques observés.
•Citer les différentes techniques utiles à la mise en évidence du BK
•Profil évolutif de l’affection.
•Différencier le Mal de Pott des autres spondylodiscites
• Connaître les grandes lignes de la prise en charge thérapeutique actuelle ‘schéma national’.
•Complications évolutives possibles
I / DEFINITIONS ET GENERALITES:

1/ DEFINITION:

Le Mal de Pott ou spondylodiscite tuberculeuse (SPT) est une infection dont le germe responsable est le bacille
tuberculeux ou bacille de Koch, il affecte un ou plusieurs disques et plateaux vertébraux adjacents.
La tuberculose ostéo-articulaire représente 3-5% des tuberculoses et 15% des tuberculoses extra-pulmonaires.
La SPT correspond à 70% des localisations ostéo-articulaires du BK.
La dissémination du BK (Mycobacterium tuberculosis) se fait par voie principalement hématogène à partir du
poumon. Il peut s'agir :
o dans la majorité des cas de la réactivation d'un BK "dormant" (avec ou sans antécédent connu de tuberculose
maladie),
o Dans certains cas l’infection est récente (avec contage tuberculeux récent).

2/ GENERALITES :

 Historique : La description clinique des SDT est attribuée à Sir Percival Pott en 1742 ; il décrivit un tableau
associant une atteinte rachidienne cyphosante associée à des abcès et à une atteinte paralysante des membres
inférieurs. Son étiologie fut connue en 1882 grâce à la découverte par Robert Koch du bacille tuberculeux.
 Cette localisation se voit essentiellement chez l’homme (3/2), à un âge moyen de 50 ans, il est fréquent que
l’affection s’installe sur un terrain débilité, diabète, immunodépression, éthylisme….
 La topographie est unique dans 80% des cas essentiellement lombaire (50%) contre 40% pour le siège dorsal et
10% pour le siège cervical.

3/ INTERET de la QUESTION :

- Fréquence : recrudescence actuelle dans le monde et en Algérie.


- Diagnostic clinique : évoqué devant des lombalgies ou des dorsalgies fébriles
- Diagnostic radiologique : L’IRM est l’examen clé.
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- Confirmation étiologique : mise en évidence du BK par ponction disco-vertébrale.


- Traitement : Polychimiothérapie au long cours associée parfois à un geste chirurgical.
- Gravité : Essentiellement en rapport avec des complications neurologiques.

II/ DIAGNOSTIC POSITIF :

1/ Circonstances de découverte :

Elles sont très variables d’un malade à l’autre, et il pourra s’agir,

- D’une fièvre au long cours isolée


- De rachialgies aiguës fébriles
- D’un bilan d’extension d’une tuberculose d’organe
- De complications : compression médullaire, syndrome de la queue de cheval…..
- Voire d’une découverte radiologique.

Qui permettront de réaliser un bilan radiologique et découvrir la SPT

2/ Tableaux cliniques :

2-1/ Classiquement le tableau clinique s’inscrit dans un début d’installation insidieuse et évoluant sur un mode
subaigu à chronique. Sont évocateurs les symptômes suivants :

o Des rachialgies : lombalgies, dorsalgies ou cervicalgies. Leur caractère inflammatoire (inconstant dans les formes
subaiguës) est évocateur : permanentes, à recrudescence nocturne, non soulagées par le repos. Elles entraînent une
impotence fonctionnelle d’autant plus importante que le début est aigu,

o Parfois, des signes de compression neurologique (témoignant généralement d’une épidurite infectieuse) : douleur
radiculaire (sciatique, cruralgie, névralgie intercostale, névralgie cervico-brachiale), faiblesse des membres
inférieurs, troubles sphinctériens. Les signes neurologiques sont fréquents et peuvent être révélateurs,
o Les signes généraux sont variables, parfois absents : fièvre, frissons, sueurs nocturnes, asthénie, anorexie,
amaigrissement. Parfois, la SPT survient dans un contexte septicémique.

2-2/ A l'examen physique :

o raideur rachidienne douloureuse, segmentaire mais globale (touchant toutes les amplitudes de mouvement),
o douleur à la percussion des épineuses (signe de la sonnette),
o contracture musculaire paravertébrale,

On doit rechercher :
 Une déformation vertébrale : cyphose dorsale,
 Des signes de complication neurologique : compression médullaire, syndrome de la queue de cheval,
 Un abcès froid paravertébral.

3/ EXAMENS BIOLOGIQUES USUELS :

 Dans la majorité des cas, il existe un syndrome inflammatoire non spécifique : accélération de la VS, élévation de
la CRP. Mais une VS normale n'exclue pas le diagnostic de SPT. Pas d'hyperleucocytose, leucocytose normale,
voire leucopénie

4/ EXAMENS D'IMAGERIE MEDICALE :


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4-1.Les radiographies standard :

Elles demeurent l'examen de première intention devant toute suspicion de SPT. On demande des clichés du
segment rachidien douloureux, de face et de profil, avec parfois des clichés centrés. Les résultats sont
variables selon le degré évolutif.

4-1-1) Radiographies normales


o Au début d'évolution, dans les formes aiguës, les radiographies sont normales car il existe un retard par rapport
à la clinique.

4-1-2) Pincement discal isolé


o C'est le premier signe radiologique à apparaître. Il n'est pas spécifique, notamment au rachis lombaire où il ne
peut pas être différencié d'une discopathie dégénérative banale.

4-1-3) Aspect typique de spondylodiscite


o On voit ensuite apparaître, par ordre évolutif :
 Des anomalies ostéolytiques des plateaux vertébraux : déminéralisation, flou, irrégularités, puis érosions,
 Des anomalies ostéolytiques des corps vertébraux adjacents : géodes typiquement en miroir, ostéolyse plus ou
moins étendue, parfois tassement vertébral ostéolytique,
 Opacité paravertébrale (non pathognomonique d'une SPT) traduisant un abcès des parties molles: opacité
prévertébrale (rétropharygienne) sur les clichés de profil au rachis cervical, opacité en fuseau paravertébral sur le
cliché de face du rachis dorsal, anomalie du bord externe du psoas sur le cliché de face du rachis lombaire.

4-1-4) Aspects de spondylodiscite évoluée (forme chronique vue tardivement):

o Ostéolyse d'une partie du corps vertébral avec fréquemment tassement vertébral .


o Déformation vertébrale : cyphose, scoliose.
o Images de reconstruction (inconstantes) : condensation péri lésionnelle, ostéophytes latéraux.

4-2. L'imagerie par résonance magnétique (IRM) :

L'IRM est l'examen de première intention lorsqu'il existe une atteinte neurologique associée.

L'IRM rachidienne est l'examen de choix pour le diagnostic de SPT. C'est l'examen le plus sensible et surtout le
plus précocement positif. Il est justifié devant tout tableau évocateur de SP infectieuse. Il est d'autant plus
indispensable que les radiographies sont normales ou douteuses, et qu'il existe des signes neurologiques. Il doit
être effectué le plus rapidement possible.

4-2-1 Technique :
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Les coupes sagittales en séquences pondérées en T1 et en T2 sont les plus informatives.


Les coupes axiales permettent de bien apprécier l'extension épidurale et les abcès paravertébraux.
L'injection de gadolinium est capitale, la prise de contraste permettant de faire un bilan très précis de l'extension
au corps vertébral, aux disques, à l'espace épidural et aux tissus para vertébraux. A noter que le pus ne prend pas
le contraste.
Les séquences avec saturation de graisse associées à l'injection de gadolinium permettent de très bien mettre en
évidence les prises de contraste pathologiques qui peuvent se voir au sein de zones spontanément hyper intenses
sur la séquence pondérée en T1 (moelle osseuse, espace épidural).

4-2-1 Résultats :

 L'IRM permet de mettre en évidence ou de détecter :


o des anomalies de signal du disque intervertébral (DIV), des plateaux et des corps vertébraux,
o une éventuelle atteinte multifocale,
o une épidurite infectieuse,
o un ou des abcès paravertébraux (fréquents quelle que soit l'étiologie),
o Une compression médullaire.

 Si l'aspect est souvent très évocateur de SPT (spécificité 92%), en aucun cas l'IRM ne permet de faire un
diagnostic bactériologique.

 L'IRM montre des anomalies du DIV :


o aspect aplati, pincement,
o séquences T1 : hyposignal modéré,
o Séquences T1 + Gadolinium : réhaussement du signal, le DIV s’inscrivant en hyper-signal,
o Séquences T2 : disparition du "cleft" (fente en hyposignal au sein du signal élevé du DIV en T2), hypersignal
global

 L'IRM montre des anomalies des vertèbres adjacentes :


o disparition de la corticale des plateaux vertébraux,
o hyposignal en T1, rehaussement du signal en T1 + Gadolinium,
o hyper signal sur les séquences T2,
o Parfois tassement vertébral, extension à l'arc postérieur.

 L'injection de Gadolinium en T1 est indispensable pour rechercher une épidurite infectieuse.

4-3. La scintigraphie osseuse :


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La scintigraphie osseuse utilisant le Technétium 99, ou le Gallium 67 est plus sensible que la radiographie
conventionnelle pour la détection précoce des spondylodiscites (90 %). Quant aux scintigraphies au Gallium ou aux
polynucléaires marqués, elles n'ont pas démontré leur intérêt.

Une spondylodiscite bactérienne se traduit par une hyperfixation, généralement intense, localisée aux vertèbres
adjacentes.
Cette hyperfixation, qui apparaît précocement avant les anomalies radiographiques, n'a cependant pas de
spécificité (les fractures en cours de consolidation ou des remaniements osseux post-chirurgicaux peuvent donner
un aspect comparable à l'infection osseuse).

Actuellement, si l'on dispose d'une IRM, l'intérêt de la scintigraphie est devenu moindre : recherche d'autres
foyers infectieux ostéo-articulaires dans la tuberculose.
A l'inverse, si l'IRM ne peut être pratiquée, la scintigraphie est indispensable.

Chez les patients présentant un déficit neurologique, l'IRM a remplacé la myélographie et le myéloscanner.

4-4. La tomodensitométrie (TDM) :

4-4-1 Technique :

L’examen doit être pratiqué systématiquement en utilisant des fenêtres "osseuses" et des fenêtres "parties
molles". Sa résolution est excellente pour l'étude de l'os, bonne pour les parties molles, les tissus mous
paravertébraux à la recherche d'un abcès, médiocre pour l'étude du contenu du canal rachidien surtout à l'étage
thoracique et la mise en évidence d'une atteinte épidurale.

4-4-2 RESULTATS :

 La TDM rachidienne (avec injection IV de produit de contraste iodé), qui doit être centrée sur l'étage suspecté,
peut montrer :
o Une hypodensité discale : très évocatrice du diagnostic,
o des anomalies osseuses : érosions des plateaux vertébraux, géodes et ostéolyse des corps vertébraux,
o des abcès des parties molles paravertébrales, très bien visualisés par la TDM,
o Une image d'épidurite infectieuse.

 La normalité de la TDM n'exclue cependant pas le diagnostic de SP infectieuse. La TDM est inutile si l'on
dispose rapidement de l'IRM. A l'inverse, si l'on ne peut pas pratiquer d'IRM, la TDM doit être faite rapidement en
complément de la scintigraphie osseuse.

Enfin, le scanner sert à guider une biopsie percutanée et peut influer sur le traitement suggérant la nécessité d'un
drainage précoce d'un abcès, d'un débridement pour ostéomyélite récurrente ou d'une fusion osseuse.

5/ RECHERCHES BACTERIOLOGIQUES :

Le diagnostic repose sur la mise en évidence du BK ou, à défaut, sur la mise en évidence d'un granulome épithélioïde
et giganto-cellulaire avec nécrose caséeuse à la ponction-biopsie discovertébrale.

--- Les recherches du BK doivent être effectuées :

o dans les urines, dans les tubages gastriques, éventuellement dans les crachats, à la fibroscopie bronchique (une
localisation extra-rhumatologique est présente dans 30% des cas),
o par ponction sous TDM d'un volumineux abcès paravertébral,
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o Ou par ponction-biopsie disco-vertébrale : La technique de référence est la ponction-biopsie disco-vertébrale au


trocart, effectuée par voie percutanée sous contrôle scopique (en l'absence de troubles de la coagulation). On
effectue plusieurs prélèvements à visée bactériologique (cultures usuelles, milieu de Lowenstein pour recherche du
BK) et anatomo-pathologique. On termine par un rinçage au sérum physiologique pour étude bactériologique. Mais il
s'agit d'un examen nécessitant un radiologue spécialisé et expérimenté. Il est rare, actuellement, que l'abord
chirurgical soit nécessaire (complication neurologique sévère).

Très récemment on a souligné l’intérêt potentiel, mais aussi les difficultés, du diagnostic rapide de tuberculose par
la mise en évidence d’ADN mycobactérien par polymérase chain reaction (PCR). Une étude turque a rapporté la
possibilité de réaliser avec succès cette recherche sur des prélèvements de biopsie disco vertébrale.

6- EVOLUTION :

6-1- SPONTANEE :

L’évolution spontanée se fait vers la guérison en 2 à 3 ans. Elle est marquée par la disparition des douleurs,
l’amélioration de l'état général, la normalisation de la CRP, la condensation osseuse des lésions, la prolifération
d'ostéophytes périphériques, la soudure des deux vertèbres réalisant un bloc vertébral plus ou moins complet.

6-2 SOUS TRAITEMENT :

Avec le traitement la réparation apparaît en 6 mois pour le BK.


Les complications sont rares : abcès, compression médullaire ou de la queue de cheval, déformations vertébrales
(surtout chez l'enfant).

III / DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL :

1/ ELIMINER CE QUI N’EST PAS UNE SPONDYLODISCITE :

a) Spondylarthropathies destructrices des hémodialysés

Elles touchent surtout le rachis cervical et pose toujours le problème d'une SP infectieuse. Néanmoins, elles ont
des caractéristiques qui permettent généralement d'éviter le recours à la biopsie : atteinte de plusieurs étages,
olisthésis, lésions articulaires postérieures, fixation scintigraphique dans les limites de la normale, absence
d'hypersignal du DIV en IRM-T2, respect des parties molles.

b) Certains aspects radiologiques peuvent prêter à confusion lorsqu’une atteinte du DIV et/ou des plateaux
vertébraux est observée dans :

o La discarthrose pseudo-pottique : la condensation osseuse des corps vertébraux est caractéristique, de même
que l'absence d'ostéolyse des plateaux vertébraux (irréguliers mais nets et condensés). L'arthrose érosive peut
simuler une spondylodiscite chronique mais il n'y a pas de fièvre ni de syndrome inflammatoire. La radiologie est
stable d'un examen à l'autre.

o La maladie de Scheuermann (dystrophie vertébrale de croissance). Si les DIV sont pincés, les plateaux ont un
aspect feuilleté sans ostéolyse et les images de hernies intraspongieuses sont caractéristiques.

c) Une métastase de cancer solide n'affecte que très rarement le disque et peut être difficile à différencier
d'une tuberculose du transplanté respectant elle-aussi longtemps le DIV. Par contre une localisation lymphomateuse
extensive peut parfaitement simuler une spondylodiscite. La biopsie disco-vertébrale est l'examen de choix de ce
diagnostic différentiel.
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2/ ELIMINER LES SPONDYLODISCITES MAIS QUI NE SONT PAS INFECTIEUSES:

1. Spondylodiscite chimique.

 On peut l'observer dans les suites d'une chimionucléolyse à la chymopapaïne. Dans le doute, la ponction-biopsie
discovertébrale est indispensable pour éliminer une SP infectieuse.

2. Discites et spondylodiscites inflammatoires.

 On peut être amené à discuter diverses maladies inflammatoires pouvant entraîner une inflammation aiguë ou
chronique des DIV et parfois aussi une atteinte des plateaux vertébraux :

o discite microcristalline : chondrocalcinose articulaire et rhumatisme à hydroxyapatite. Elle réalise une rachialgie
aiguë, souvent cervicale, fébrile (torticolis fébrile),

o spondylarthrite ankylosante : Les atteintes des spondylarthropathies évoluent dans un contexte tout à fait
différent. L'absence d'hypersignal en T2 en Imagerie par résonance magnétique est assez caractéristique pour
éliminer une infection disco-vertébrale.

o polyarthrite rhumatoïde : rachis cervical,

o SAPHO (synovite, acné, pustulose, hyperostose, ostéite).

3/ ELIMINER LES SPONDYLODISCITES INFECTIEUSES AUTRES QUE TUBERCULEUSES :

3-1/ SPONDYLODISCITES A PYOGENES :

Elles réalisent essentiellement un tableau aigu. La règle des 50 % est classique :

- 50 % des patients ont plus de 50 ans ;


- La fièvre se voit dans 50 % ;
- La leucocytose est normale dans 50 % ;
- 50 % ont une origine génito-urinaire ;
- Le staphylocoque est responsable dans 50 à 60 % ;
- Aucun foyer n'est retrouvé dans 50 % ;
- Le siège est lombaire dans 50 % ;
- 50 % ont une évolution de plus de 3 mois.

Tuberculeuse A pyogènes
Siège Jonction thoraco-lombaire Lombaire 50%> Thoracique 30%
Thoracique bas
Vertèbre 3 niveaux ou plus 50-64% 2 niveaux le plus souvent
Parties molles Abcès paravertébraux fréquents (55-96%) Abcès moins fréquents (20%)
Souvent importants > atteinte vertébrale
Calcifications++++
Disque Discite tardive Atteinte très fréquente 87%
Infection peut toucher plusieurs CV en
épargnant les disques
Arc Postérieur Atteinte fréquente (52%) Rare, sauf stade avancé
Peut être isolée
Espace épidural Variable Variable
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Autres Extension sous-ligamentaire (épargnant


l’espace discal)
Abcès intravertébral
Atteinte méningée
Déformation rachidienne 60%

3-2/ SPONDYLODISCITES BRUCELLIENNE:

 La SP brucellienne n’est pas exceptionnelle en Algérie. Elle réalise souvent une SP lombaire d'évolution subaiguë,
survenant à la phase secondaire de la brucellose. Le contexte peut être évocateur (profession exposée). Les
radiographies montrent souvent une érosion des angles vertébraux antérieurs, et des lésions précoces de
reconstruction osseuse accompagnant des lésions destructrices modérées. Le diagnostic de Brucellose repose sur
la positivité des réactions sérologiques spécifiques (Wright).

3-3/ AUTRES SPONDYLODISCITES INFECTIEUSES :

 SPONDYLODISCITES à champignons : candida albicans le plus souvent.

Elle survienne chez l'immunodéprimé (diabète, cancer, corticoïdes, agranulocytose) et chez l'héroïnomane. Il existe
le plus souvent une candidose généralisée avec altération de l'état général.

 La SPONDYLODISCITE aspergillaire est exceptionnelle.

III/ TRAITEMENT

La tuberculose est une Maladie à déclaration obligatoire.

1/ BUTS :

Les buts du traitement sont de stopper le processus infectieux et d'éviter ainsi les complications neurologiques,
les autres localisations infectieuses en particulier endocarditique, et les lésions osseuses destructrices.

2/ ARMES :

L'antibiothérapie constitue la base du traitement d'une spondylodiscite

2-1/ NON MEDICAMENTEUSES :

 A cette antibiothérapie est associé un traitement orthopédique: immobilisation pendant 4 à 8


semaines avec repos strict au lit.
 La rééducation survient quand l'hyperthermie et le syndrome inflammatoire ont régressé.
 La ponction des abcès sous scanner est prescrite si pas tendance à la régression.
 Les mesures associées précédemment citées sont à mettre en oeuvre obligatoirement.
 Le lever doit s'effectuer sous lombostat ou minerve.

2-2/ MEDICALES :

 Selon le schéma national. Antituberculeux (voir cours correspondant)


 Le mal de Pott fait partie de la catégorie I :
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Les drogues : association quadruple : RHZE Rifampicine 150mg + Isoniazide 75mg + Pyrazinamide 400mg +
Ethambutol 275mg par comprimé.
Une association triple : RHZ Rifampicine 150mg + Isoniazide 75mg + Pyrazinamide 400mg
Une association double : RH Rifampicine 150mg + Isoniazide 75mg par comprimé

Les régimes à prescrire sont : 2 RHZE / 4 RH pour les malades entrant dans la catégorie I
Le nombre de comprimés à faire absorber sous contrôle direct mesuré à nouveau au premier jour de la phase
d’entretien.
La combinaison double à un seul dosage RH150+75 remplace les anciennes combinaisons doubles (RH300+150
et RH 150+100).
Il n’y a plus d’injection de streptomycine à faire pendant la phase initiale.

Traitement des nouveaux cas de tuberculose (Nombre de comprimés à prescrire)

Attaque : (2 mois) Entretien : (4 mois)


Poids
(Kg)
Catégorie I Catégorie III Catégorie I et III

RHZE: RHZ: 150/75/400 RH 150/75


150/75/400/275

30-37 2 2 2

38-54 3 3 3

55-70 4 4 4

71 et + 5 5 5

Cas particuliers : Les malades ayant présentés un effet secondaire majeur peuvent disposer de médicaments
séparés pour recevoir un régime de chimiothérapie adapté.
-Isoniazide cps 100mg et 300mg
-Rifampicine cps 150mg et 300mg
-Pyrazinamide cps 400mg
-Ethambutol cps 400mg

2-3/ CHIRURGICALES :

La chirurgie est actuellement rarement indiquée :


o Formes sévères de compression médullaire/syndrome de la queue de cheval : paraplégie flasque d'installation
brutale,
o Signes neurologiques graves liés à une compression osseuse, non réversible médicalement,
o Absence de régression d'un volumineux abcès des parties molles après 3 mois d'antibiothérapie,
o Secondairement en cas de lésion destructrice avec déformation et/ou instabilité vertébrale importantes.

La laminectomie décompressive et l'évacuation d'abcès compressifs sont les interventions indiquées dès
qu'existent des complications neurologiques.

3/ INDICATIONS :
 Dans tous les cas antituberculeux, nouveau schéma national de première ligne (2002). Dose adaptée au
poids du malade.
 Règles hygiéniques, repos au lit.
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 Chirurgie en cas de complications neurologiques, ou de cyphose.

4/ SURVEILLANCE :

4-1. Eléments de la surveillance


 Surveillance clinique : douleurs, courbe de température, état général, signes neurologiques, recherche de
complications de l'immobilisation.
 Surveillance biologique : surtout la CRP beaucoup plus sensible que la VS, NFS-plaquettes.
 Surveillance radiologique : radiographies standard (face + profil), éventuellement TDM ou IRM (épidurite, abcès
des parties molles).

L'efficacité thérapeutique est appréciée sur la régression des critères cliniques, biologiques et radiologiques
précédemment cités.

Notons qu'une aggravation radiologique peut s'observer pendant les premières semaines de traitement, en rapport
avec le retard radiologique.
L'ostéophytose marginale et l'ostéocondensation juxtadiscale aboutissent à des séquelles: simple pincement discal au
minimum, au maximum bloc osseux en cyphose. Elles sont plus tardives dans la tuberculose. Les complications
infectieuses (abcès et épidurites) bénéficient actuellement d'une surveillance par Imagerie par résonance
magnétique.

N'oublions pas la surveillance de la tolérance de chaque antibiotique.

IV/ CONCLUSION :

Le diagnostic de spondylodiscite part d'une suspicion clinique plus ou moins forte et indique alors une succession
d'examens qui feront la preuve de l'affection et le diagnostic bactériologique. Si les germes pyogènes sont
prédominants, une tuberculose doit être suspectée devant une présentation chronique.
L'affection demeure bénigne si le traitement est suffisamment précoce pour éviter l'installation des complications
neurologiques ou infectieuses spécifiques.

POINTS IMPORTANTS

 Infection discovertébrale tuberculeuse


 Facteurs favorisants : immunodépression, transplanté.
 Suspicion diagnostique : rachialgie de type inflammatoire, fièvre, VS augmentée.
 Signes radiographiques retardés : pincement discal, flou/érosions des plateaux, géodes.
 Diagnostic précoce : IRM (à défaut scintigraphie osseuse + scanner centré).
 Urgence diagnostique : nécessité d'un diagnostic bactériologique. ponction-biopsie discovertébrale (scopie)
ou ponction d'un abcès paravertébral (scanner).
 Formes subaiguës ou chroniques.
 Traitement mis en route dès les prélèvements faits : immobilisation et antibiothérapie.
 SP tuberculeuse : quadrithérapie 2 mois, puis bithérapie. Durée minimum 6 mois. (Recommandations
nationales)

PRINCIPAUX ARGUMENTS EN FAVEUR DU DIAGNOSTIC DE TUBERCULOSE


 ANTÉCÉDENTS OU CONTAGE TUBERCULEUX
 TERRAIN FAVORISANT
 CARACTÈRE SUBAIGU/CHRONIQUE
 ABSENCE D’HYPERLEUCOCYTOSE
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 ATTEINTE PULMONAIRE CONCOMITTANTE


 IDR À LA TUBERCULINE PHLYCTÉNULAIRE
 CARACTÈRE ÉVOLUÉ ET DESTRUCTEUR DES LÉSIONS VERTÉBRALES SUR LES EXAMENS
RADIOLOGIQUES AVEC UNE FAIBLE OSTÉOCONDENSATION RÉACTIONNELLE
 CARACTÈRE VOLUMINEUX ET/OU CALCIFIÉ DES ABCÈS DES PARTIES MOLLES

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