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LES OSTEOMYELITES AIGUES DE L’ENFANT

OBJECTIFS
• Définir OMA
• Citer 05 caractéristiques de la douleur dans l’OMA
• Citer 03 formes évolutives
• Identifier 03 diagnostics différentiels
• Enoncer les principes du traitement

INTRODUCTION
L’ostéomyélite Aiguë est une urgence médico-chirurgicale.
Véritable fléau dans les pays en développement l’ostéomyélite est souvent vue au stade de
catastrophe orthopédique, fonctionnelle et cutanée.
Son évolution interminable, aboutissant à une véritable infirmité, doit entretenir la hantise de
l’ostéomyélite aiguë chez tout enfant fébrile.
Le terrain drépanocytaire favorise sa survenue. Depuis les travaux de Laurence (1949) l’est
bien comme et son traitement codifié.

I. GENERALITES
A. Définition : inflammation aiguë de l’os et de la moelle causée par des germes pyogènes.
Urgence diagnostique et thérapeutique du fait des séquelles invalidantes qu’elle est
susceptible d’entraîner.
B. Intérêt
Epidémiologique : Fréquente dans nos régions avec une prévalence d’environ un enfant sur
5000. ; Terrain particulier : Enfant en période de croissance chez le (nourrisson et enfant de 8
à 12 ans) avec une prédominance des garçons.
Diagnostique : infection siège dans 90% au niveau des métaphyses fertiles des os longs qui
sont prés des genoux et loin des coudes.
Thérapeutique : la prise en charge précoce aboutit souvent à la guérison sans séquelle, alors
que le retard entraîne l’évolution vers l’OMC et un avenir orthopédique incertain.
Pronostic : atteinte fonctionnelle du membre
C. Etiopathogénie
Infection se localise dans près de 90% des cas aux métaphyses fertiles des os longs : « près du
genou et loin du coude ».
Le germe en cause est le staphylocoque doré des près de 90% des cas. Chez le drépanocytaire
les salmonelles sont les germes les plus fréquents.
La porte d’entrée est dans la moitié des cas apparente : impétigo, pyodermite, furoncle, plaies
infectées, panaris.
Le traumatisme favorisant est souvent noté. Sa gravité tient au fait qu’il peut égarer le
diagnostic. Il est fondamental de retenir que toute notion de traumatisme fébrile doit faire
rechercher l’ostéomyélite.

D. Physiopathologie
A partir d’un foyer infectieux apparent ou inapparent, les germes passent dans le sang
(bactériémie) et se localisent au niveau d’une métaphyse fertile. A ce niveau, les larges
sinusoïdes ralentissent le flux sanguin, facilitant la fixation des germes :
- Soient les germes sont détruits par le système réticulo-endothélial de la métaphyse.
Rarement, se développe une infection localisée atténuée : forme subaiguë ou chronique

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d’emblée (abcès de Brodie). Chez le nourrisson la métaphyse est intra-articulaire d’où la
survenue de l’ostéo-arthrite
- Souvent éclate l’ostéomyélite aiguë.
Le germe ainsi développé dans la métaphyse va entraîner des lésions que nous allons voir
dans l’anatomo-pathologie

E Anatomo-Pathologie
1. La métaphysite aiguë
L’infection commence dans la zone médullaire et évolue en deux phases :
- Une phase de diffusion avec un ensemencement sanguin responsable du syndrome
septicémique, un œdème et un foyer de suppression qui diffusent rapidement vers
la corticale.
- Puis très vite une limitation du processus infectieux par thromboses vasculaires
périphériques et par édification d’une barrière conjonctive de défense, mais qui est
fragile.

2. L’abcès sous –périoste


La diffusion de la métaphysite vers la corticale entraîne un décollement du périoste d’abord
puis la formation d’un abcès.
La gravité de l’abcès réside dans la suppression de l’apport vasculaire périoste :
 chez l'enfant le cartilage de conjugaison forme une barrière longtemps infranchissable.
 chez le nourrisson la métaphyse est intra-articulaire. Ainsi il se constitue rapidement
une ostéoarthrite.
La constitution de nécrose marque le passage à la chronicité. L’ostéomyélite est caractérisée
par une suppuration au long cours, le séquestre, la stérilisation du cartilage de conjugaison,
une rétraction des tendons et muscles.

II SIGNES
A- Type de description : OMA de la métaphyse supérieure tibiale chez l’adolescent.
1. Signes cliniques
Le début est brutal chez un enfant jusque là en pleine santé : Douleur.
- Douleur est intense, atroce, véritable douleur de fracture, exagéré par tout mouvement.
Elle siège au voisinage de l’articulation et entraîne une impotence fonctionnelle absolue.
- Le syndrome infectieux est aussi brutal avec fièvre à 40°, frisson, faciès vultueux, parfois
prostration ou délire.
- L’examen physique : il doit être doux et progressif. Il précise les caractères particuliers de
cette douleur :
- Circulaire
- Segmentaire
- Extra-articulaire.
La peau est rouge, chaude avec empâtement profond. La position antalgique est en abduction
et rotation externe.
Il n’existe ni lymphangite, ni adénites. La porte d’entrée sera recherchée à l’examen ou à
l’interrogatoire.
2. Signes paracliniques
a- biologie
 L’hémogramme montre une hyperleucocytose à neutrophile
 La vitesse de sédimentation et la C réactivé protéine indiquent le syndrome
inflammatoire

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 L’hémoculture 50% des cas isole le germe, le plus souvent le staphylocoque doré dont
on établit l’antibiogramme
 ECBU, Prélèvements de gorge, Ponction métaphysaire pour une étude bactériologique
et un antibiogramme
b. La radiographie : est normale et servira de comparaison (tout au plus une densification
des parties molles)
c. L’échographie peut localiser des lésions intra médullaires.
d. Scintigraphie osseuse au technétium 99m :
°hyperfixation non spécifique du foyer infectieux métaphysaire.
°demandé pour rechercher une atteinte multifocale en dehors du contexte d’urgence
e. Scanner

Il faut immédiatement hospitaliser et faire un traitement d’urgence  : Antibiotiques par voie


parentérale + Immobilisation plâtrée, sans attendre les résultats.

3. Evolution : Spontanée ou traitement tardivement


a. Abcès sous périosté
Se caractérise par une tuméfaction douloureuse et inflammation d’un membre, accompagnée
d’impotence fonctionnelle, d’attitude antalgique et de syndrome infectieux très grave. La
radiographie montre des lésions osseuses :
- Réaction périoste, régulière
- Ostéolyse métaphysaire.
La ponction à l’aide d’un gros trocart au contact de l’os, ramène du pus. La pyoculture va
isoler le staphylocoque doré.
b. Ostéomyélite subaiguë
Evolution à bas bruit vers un abcès central de l’os, c’est l’abcès de Brodie, douleur atténuée
et survient de manière irrégulière.
c. Ostéomyélite chronique
Elle peut faire suite à un abcès sous–périosté. A ce stade le problème est essentiellement
thérapeutique. Au plan clinique :
- Suppuration (fistule)
- Etat des parties molles : amyotrophie, nécrose cutanée.
- La radiographie : le séquestre, étendue, involucrum.
Les séquelles : raideur et déviation articulaire, déviation de l’axe du membre (valgum, varum,
flexum, recurvatum), fracture pathologique, pseudarthrose septique, ILM (raccourcissement).

A. Formes anatomiques
1- L’ostéomyélite fémorale supérieure
Chez le nouveau-né et nourrisson, elle pose le problème d’ostéo-arthrite septique de la
hanche. La radiographie est caractéristique : excentration de la tête fémorale, luxation de la
hanche, noyau d’ossification détruit. La ponction par voie de Huerter ou obturatrice ramène
du pus.
2- Ostéomyélite pelvienne 
Elle se manifeste attitude vicieuse de la hanche. La tuméfaction est iliaque externe ou interne.
La scintigraphie permet de localiser le siége.
3- L’ostéomyélite costale
Elle réalise un abcès de la paroi thoracique associé parfois à une opacité intra thoracique
d’interprétation difficile.

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B. Forme associée
C’est la septico-pyohémie. Elle est présente dans 25% d’abcès sous périoste. Elle comporte
d’autres localisations infectieuses :
- Péricardite purulente
- Méningite
C. Forme selon le germe :
La salmonella typhi rencontrée chez le drépanocytaire.
La tuberculose osseuse observée dans les pays d’endémie.

III. DIAGNOSTIC
A-Diagnostic positif
*Signes cliniques : Syndrome infectieux + Douleur peri-articulaire intense spontanée +
Signes locaux d’inflammation au niveau de l’os atteint.
*Signes paracliniques : SBINS + Rx articulaire normal +Isolement du germe.

B-Diagnostic différentiel
*Crise vaso-oclusive de la drépanocytose.
*Rhumatisme articulaire aigue.
*Arthrite aigue.
*Infection des parties molles
*Tumeur osseuse fébrile

C-Diagnostic étiologique
1-Germe
*Staphylocoque doré +++
*Pneumocoque, Hemophilus, Salmonelles.
2-Porte d’entrée
*Lésion cutanée ½ des cas : impétigo, pyodermite, furoncle, plaie infectée, panaris.
*Infection sphère ORL.
*Broncho-pneumopathies.
3-Terrain
*Sujet en période de croissance : Nourrisson Enfant de 8 à 12 ans + Milieu manque
d’hygiène.
*Prédominance masculine.
*Drépanocytose.

IV. TRAITEMENT
A. Buts
-Eradiquer le germe.
-Conserver l'intégrité anatomique et fonctionnelle de l'os et de l'articulation.

B. Moyens et Méthodes
1-Moyens médicaux
*Antibiotiques : Oxacilline : 100-200 mg/kg/jour ; Cefotaxime : 100-200 mg/kg/jour. ;
Fosfomycine : 100 mg/kg/jour ; Gentamycine : 2-5 mg/kg/jour.
*Antalgiques, Antipyrétiques, Anti-inflammatoires.
2-Moyens chirurgicaux
*Curetage de cavité.
*Drainage.

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*Ponction articulaire.
*Séquestretomie.
3-Moyens orthopédiques
*Immobilisation plâtrée : attelle plâtrée, plâtre circulaire fenêtré en regard de la métaphyse.
*Extension continue.
C-Indications
1-Indication générale
*Hospitalisation.
*Antibiothérapie :
-bactéricide, biantibiothérapie, adaptée à antibiogramme,
-traitement d’attaque (10 jours) en IV et d’entretien (3-6 semaines) per os.
-Oxacilline + Gentamycine ; Gentamycine + Cefotaxime ; Cefotaxime + Fosfomycine.
*Immobilisation plâtrée 1 mois.
*Traitement de la porte d’entrée.
2-Abcès sous-périosté
*Evacuation chirurgicale du pus
*Antibiothérapie jusqu’à la normalisation de la VS ou de la CRP et stabilisation de la
radiographie.
*Immobilisation plâtrée 3-4 mois.
3-Résolution incomplète
*Antibiothérapie aussi longtemps que les signes cliniques et biologiques persistent.
4-Ostéoarthrite de la hanche
*Arthrotomie + Drainage pus.
*Extension continue ou plâtre pelvi-pédieux.
*Antibiothérapie parentérale.
5-OMC
*Séquestretomie après Antibiothérapie et Immobilisation plâtrée.

CONCLUSION 
Urgence la plus fréquente en orthopédie infectieuse pédiatrique. Diagnostic tardif dans notre
contexte d’où l'évolution vers des séquelles et handicap. 87% d’OMC à Niamey alourdis les
séjours hospitaliers. Il y a la nécessité d’une large campagne d'IEC de sensibilisation

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