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Sarcoïdose
I. Introduction :
Aucun des éléments cliniques et paracliniques de la sarcoïdose n’est spécifique à lui seul. Le
diagnostic repose sur un faisceau d’arguments positifs : manifestations cliniques et lésions
anatomopathologiques compatibles avec le diagnostic, et d’arguments négatifs : absence
d’autre cause de maladie granulomateuse.
II. Epidémiologie :
III. Etiologie :
- Inconnue.
- Agents infectieux ou non infectieux suspectés
Foie Rein
25 hydroxylase 1α hydroxylase
Peau
Intestin granulomes
V. Clinique :
1. Circonstances de découverte
2. Signes généraux :
- Fièvre, fatigue, malaise, anorexie, amaigrissement.
- Fréquents au début.
3. Manifestations pulmonaires :
Stade 0 = image thoracique normale, (au cours d’une sarcoïdose extra-thoracique). • Pas
de SF respiratoires
• Examen pulmonaire normal.
Stade I =
- ADP typiquement hilaires et médiastinales, bilatérales, satellites de l’axe
trachéobronchique, symétriques et non compressives de taille variable régressent
avec le temps.
- Par ordre de fréquence décroissante, les ADP sont hilaires(> 95 %), latérotrachéales
droites ou dans la fenêtre aortopulmonaire (76 %), sous-carénaires (21 %),
médiastinales antérieures (16 %) ou postérieures (2 %)
- SF limités (toux sèche) ou absents
- SG le plus souvent marqués par une simple asthénie.
- Examen clinique normal, parfois adénopathies du creux sus-claviculaire droit
- Evolution :
80% des cas vers la régression en moins de 2 ans
15% des cas vers le stade II
5-8% des cas restent fixés sous forme de stade I chronique
Stade II=
- Adénopathies et atteinte parenchymateuse.
- Il fait suite au stade I
- le plus souvent en quelques mois.
- L’évolution est favorable dans 50-60% des cas. Une évolution vers le stade III est possible
en cas de durée prolongée
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Stade III=
- Atteinte parenchymateuse infiltrative diffuse (sans adénopathie).
- Opacités infiltratives, à limites nettes, non confluentes, non systématisées, sans
bronchogramme aérien, bilatérales mais pas forcément symétriques, évocatrices
• par leur siège : distribution « lymphatique » c’est-à-dire qui prédomine dans les zones
péribronchiques, sous-pleurales et au niveau des septa périlobulaires. Prédominance dans
les régions supérieures et moyennes, parties postérieures.
• par leur type : le plus souvent micronodulaires, parfois linéaires et réticulaires, rarement
nodulaires, exceptionnellement macronodulaires,. L’excavation est rare, pouvant se
compliquer d’aspergillome.
• par leur évolution : les opacités peuvent apparaître alors que le volume des adénopathies
diminue (passage stade I → stade II très évocateur du diagnostic).
- SF limités (toux sèche) ou dyspnée d’effort.
-SG : asthénie.
- Examen clinique normal, Auscultation normale, parfois adénopathies du creux sus-
claviculaire droit
Type IV =
- images évocatrices de lésions irréversibles, fréquence faible mais pronostic réservé. Se
voit après une évolution prolongée sur plusieurs années (10 % des cas d’évolution de
sarcoïdose médiastino-pulmonaire).
-La radiographie de thorax montre trois types d’anomalies.
• Opacités nodulaires et trabéculaires épaisses, désordonnées lobaires supérieures, et
parfois opacités parenchymateuses péribronchiques, parfois pseudo-tumorales avec troubles
de ventilation, opacités curvilignes sous-pleurales,
-Complications
• Pneumothorax
• Aspergillome
• Coeur pulmonaire chronique
• Surinfections, infections mycobactériennes, tuberculose (la TB ne se voit qu’en cas
d’origine d’un pays d’endémie)
4. Manifestations cutanées :
l’érythème noueux
L’érythème noueux constitue la lésion la plus caractéristique de syndrome de Löfgren
(érythème noueux+ arthrites /arthralgies +adénopathies hilaires médiastinale + anergie
tuberculinique)
D’installation brutale, accompagnée de signes généraux (de fièvre, de fébricules, des
polyarthralgies voire une arthrite des chevilles)
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Siege : les régions tibiales antérieures plus rarement aux mollets, aux cuisses, voire même
aux membres supérieurs.
L’évolution est favorable en 2 à 3 semaines habituellement avec parfois des rechutes dans
les semaines ou mois qui suivent.
La biopsie cutanée n’a pas d’intérêt, elle ne montre pas de spécificité anatomo-pathologique
en faveur ou non du diagnostic de sarcoïdose.
Lupus pernio :
Lupus pernio est formé de nodules et de plaques infiltrés, de couleur bleue-violacée,
siégeant sur le nez, les joues, les oreilles, les doigts ou le dos de la main
5. Manifestations oculaires :
- Survenant dans 15 % des cas, elles sont un des signes de gravité de la maladie.
- Uvéite antérieure (75%) localisation classique il peut s’agir d’une uvéite antérieure aiguë,
mais beaucoup plus fréquemment il s’agit d’une uvéite chronique granulomateuse, souvent
paucisymptomatique
- peut être à l’origine de cataracte ou de glaucome secondaire, ou une importante baisse
d’acuité visuelle
- Uvéite postérieure (25%) plus rare mais plus grave
-des nodules jaunâtres posés sur la rétine
-vascularite rétinienne sont fréquentes, pouvant être à l’origine d’ischémie rétinienne,
d’hémorragie ou de néoangiogenèse.
- Atteinte conjonctivale : lésions nodulaires jaunâtre, localisées dans les culs-de-sac
conjonctivaux inférieurs pouvant s’y associer une hypertrophie des glandes lacrymales et
une xérophtalmie.
-Atteinte du nerf optique
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Le nerf optique constitue la 2ème localisation nerveuse après le nerf facial due à des lésions
granulomateuses situé sur le trajet du nerf (intérêt d’une TDM ou IRM)
-Le syndrome de Heerfordt associe une parotidite bilatérale, une paralysie faciale par
atteinte du VII et une uvéite antérieure bilatérale (irido-cyclite).
6. Manifestations ostéo-articulaires :
a) Atteinte articulaire :
-10-25% des cas.
-Touche surtout la femme jeune.
Arthrite rentrant dans le cadre du syndrome de Löfgren .qui associe typiquement (
Adénopathie hilaire médiastinale bilatérale, Erythème noueux, Polyarthrite ou
polyarthralgies (aiguë ou subaiguë), ± IDR à la tuberculine (-))
- Touche 8♀ / 1♂.
- Age : 20-40 ans.
- Prédominance saisonnière : hiver, printemps, début d’été.
- Atteinte articulaire inconstante, peut précéder l’érythème noueux, touchant les articulations
de taille moyenne (chevilles, genoux, épaules, coudes, rarement MCP, MTP, hanches).
- Atteinte symétrique, parfois migratrice, souvent additive.
- Radiologie : RAS.
- Biopsie synoviale : hyperplasie non spécifique du tissu synovial.
- Traitement : repos, antalgiques, AINS.
- Evolution : favorable en 1-4 mois, spontanément ou sous traitement.
Arthrite aiguë (en dehors du syndrome de Löfgren) :
- rare
- mono, oligo ou polyarthrite.
- Siège : chevilles, gros orteil.
- Sensible à la colchicine.
- Biopsie : granulome tuberculoïde.
- Traitement : corticothérapie locale ou général
Arthrite chronique :
- Rare (0.2%).
- Symétrique, touchant petites et grosses jointures.
- Début progressif, puis par poussées, sans déformation.
- Radiologie : normale (quelques cas de destruction décrits).
- Traitement : corticothérapie locale et générale (efficace).
c) Atteinte osseuse :
- 1-13% des cas.
- Age : 30-50 ans.
- Rarement révélatrice (formes anciennes).
-L’ostéite de Perthes-Jugling est rare : 5 % des cas environ.
microgéodes des os des extrémités : métaphyse des phalanges ou du métacarpe
lésions kystiques, bulleuses aspect grillagé rare
- Histologie : envahissement de la médullaire par un granulome et destruction du tissu
osseux en contact, puis sclérose osseuse
7. Manifestations rénales :
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-Le diagnostic de sarcoïdose rénale est aisé chez un patient ayant une sarcoïdose
pulmonaire ou extrapulmonaire déjà connue.
-les néphropathies interstiellles sont due à des granulomes inflammatoires qui envahissent
l’interstitium rénal.
-L’atteinte rénale est volontiers asymptomatique sans hypertension, sans œdème.
La protéinurie est souvent modérée avec une leucocyturie aseptique.
-Le diagnostic est difficile si la sarcoïdose est localisée uniquement aux reins
8. Manifestations musculaires
La localisation musculaire des granulomes sarcoïdosiques est sans doute beaucoup plus
fréquente que l’on en pense
-Formes asymptomatiques même en l’absence de signes musculaires certaines auteurs
proposent des biopsie systématiques du muscle gastrocnémien (biceps sural) à la recherche
d’un granulome non caséeux
-Formes symptomatiques
Peut être à l’origine de myalgies, de douleurs tendineuses, de fatigabilité musculaire.
Associer une élévation de la CPK, de façon exceptionnelle
le tableau clinique peut être celui d’une lésion pseudo-tumorale musculaire notamment des
mollets.
examens utiles au diagnostic de localisation musculaire sont l’EMG, la scintigraphie au gallium,
surtout l’IRM musculaire montrant des images hyperintenses en T2, en séquence de saturation
de graisse.
9. Localisations cardiaque
-La cardiomyopathie peut se révéler par des syncopes, des troubles de la conduction, une
tachyarythmie, Les troubles conductifs peuvent amener à la mise en place d’un pacemaker et
les troubles du rythme à la mise en place d’un défibrillateur implantable. Dépistage est
essentiel par l’échocardiographie, l’IRM myocardique avec injection de gadolinium qui semble
être un examen de choix.
-Rarement : péricardite, insuffisance mitrale, CPC.
- L’IRM avec injection de gadolinium est d’une grande sensibilité mais manque de
spécificité
- Les crises comitiales concernent 14 à 22 % des neuro-sarcoidose souvent due à des
lésions pseudo-tumorales ou à l’hydrocéphalie
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- Les troubles psychiques ou cognitifs dans environ un quart des cas, très variable
pouvant aller de la simple euphorie à la démence. Les hallucinations visuelles ou
auditives sont possibles ainsi que le syndrome de Korsakoff.
- L’atteinte de l’axe hypothalamo-hypophysaire n’est pas exceptionnelle par la diffusion
du processus à partir des méninges de la base du crâne donnant d’un diabète
insipide, +/- une aménorrhée, galactorrhée par hyper-prolactinémie
- -Les formes pseudo-tumorales uniques ou multiples sont rares et peuvent être
totalement asymptomatiques. Elles peuvent alors être prises pour des lésions
tumorales voire métastatiques.
- Les manifestations vasculaires sont exceptionnelles à type AIT ou AVC voire de
thrombophlébite cérébrale
- L’atteinte médullaire est rare en général cervicale ou dorsale, l’IRM confirme cette
localisation montrant un hypersignal en séquence
B. Atteinte méningée
-Très fréquente mais souvent peu symptomatique (10 % des cas environ).
- L’aspect le plus caractéristique est celui d’une pachyméningite bien repérée par l’IRM dont la
sensibilité est très supérieure au scanner (diagnostic différentiel avec tuberculose, syphilis,
angiome, Wegener)
-Les anomalies du LCR une hypercytose modérée (< 50 éléments/mm3), la prédominance
lymphocytaire avec parfois une augmentation du rapport CD4/CD8
l’hyperprotéinorachie fréquente souvent modérée (< 1,5 g/L) parfois une hypoglycorachie
Manifestations hématologiques
• Localisation endocrinienne
Localisations hypothalamo-hypophysaires,(diabète insipide) des atteintes de la glande
thyroïde ont été rapportées plus rarement localisation aux glandes surrénales peut être à
l’origine d’une insuffisance glandulaire.
A. Biologie :
NFS : lymphopénie (baisse des T CD4).
Absence de Syndrome inflammatoire, sauf dans syndrome de Löfgren
Hypergammaglobulinémie polyclonale
Bilan phosphocalcique :
- Hypercalciurie (30%) ± hypercalcémie (exceptionnelle).
- dues à la conversion intra-granulomateuse de la 25-Vit D en 1-25 Vit D, par production
anormale de 1α-hydroxylase par les macrophages.
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B. Radiologie :
Radiographie thoracique : 5 stades.
C. TDM thoracique :
- Plus sensible que la radiographie.
- Contribution diagnostique lorsque la radiographie est douteuse.
- Images : micronodules diffus + adénopathies. Parfois fibrose.
D. IRM thoracique :
Apport non encore évalué.
E. Scintigraphie au Gallium67 : capté par les macrophages activés au niveau
des sites d’activité granulomateuse
- Hyperfixation diffuse : pulmonaire (stade 2 et 3), ganglionnaire, oculaire et parotidienne
(image en panda).
- Apport diagnostique faible, mais intérêt dans l’appréciation de l’évolutivité de la maladie.
E. Anatomopathologie
Mise en évidence du granulome épithélioïde et giganto-cellulaire sans nécrose caséeuse
(à la condition impérative de s’inscrire dans un contexte clinique, radiologique et
biologique évocateur) permet de poser le diagnostique
Siege de la biopsie
-Lésions cutanées évocatrices de sarcoïdes, ADP superficielles, nodule conjonctival
-biopsies bronchiques
- une biopsie des glandes salivaires accessoires (sensibilité 30 %)
- une biopsie hépatique (sensibilité 90 % mais faible spécificité)
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IX- Complications :
-Respiratoires : cause de morbidité et de mortalité, dues à l’atteinte interstitielle : dyspnée,
hypoxémie, insuffisance respiratoire chronique (rare), surinfection (mycosique), hémoptysie.
- Extra-respiratoires : oculaires (cécité), nerveuses (épilepsie), cardiaques (insuffisance
cardiaque congestive), osseuses (fractures pathologiques), hypercalcémie.
-Facteurs de bon pronostic : érythème noueux ; atteinte pulmonaire asymptomatique.
-Facteurs de mauvais pronostic : début après 40 ans, race noire, dyspnée d’effort
X- Evolution
-Dans la plupart des cas, spontanément favorable après une période d’évolution très
variable, de plusieurs mois ou de plusieurs années.
La probabilité de résolution inversement proportionnel au stade radiographique : de 60-90 %
(stade I), à 40-70 % (stade II), 30 % (stade III) et 0 % (stade IV)
-L’évolution est lente la fibrose (stade IV) est très rare avant 3 ans et une fibrose
pulmonaire étendue avant 5 ans (5 à 8 % des cas).
-Surveillance clinique et paraclinique régulière pour dépister à temps les sujets dont
l’évolution pourrait se faire vers la fibrose ou l’apparition de nouvelles manifestations.
XI- Traitement :
Pas de traitement spécifique car l’étiologie est inconnue.
1- Buts :
- régresser les symptômes et minimiser leurs effets
- prévenir l’évolution chronique.
2- Moyens :
Corticothérapie :
- Permet de régresser les lésions mais pas de guérison.
- Indication : AEG, atteinte cardiaque, oculaire, rénale, pulmonaire (Löfgren stade 2 ou 3),
hypercalcémie, baisse de 40% à l’EFR.
- Prednisone.
- Traitement d’attaque : 0.5-1 mg/kg/j pendant 2-3 mois.
- Adjuvants : RSS, potassium, protection gastrique. Pas de calcium (car risque
d’hypercalcémie).
- Dégression : lente, sur 18-24 mois, guidée par l’évolution clinique et l’ECA.
- Sevrage : après 2 ans, parfois corticodépendance.
Autres traitements :
- AINS : si douleur articulaire modérée ou syndrome de Löfgren.
- Colchicine : dans le syndrome de Löfgren (stade 1).
- Corticothérapie locale : atteinte oculaire ou monoarticulaire.
- Antipaludéens de synthèse : si forme cutanée chronique ou hypercalémie (200 a 400mg/j)
Eviter si forme oculaire ou neurologique.
-Certains immunosuppresseurs comme le méthotrexate à faible posologie hebdomadaire ou
l’azathioprine peuvent être utilisés à titre d’épargne cortisonique ou en raison de la sévérité
3-Indications :
Abstention thérapeutique avec surveillance régulière : syndrome de Löfgren, des
stades I et des stades II asymptomatiques (La surveillance tous les 3 à 6 mois
clinique et la radiographique et tous les 6 à 12 mois par une radiographie de thorax,
EFR avec spirométrie et DLCO, et ECA)
Médiastino-pulmonaire
1. atteinte parenchymateuse avec SF et retentissement fonctionnel marqué (CPT inférieure à
65 % de la valeur prédite, DLCO inférieure à 60 % de la valeur prédite)
2. aspect de type 4 avec signes persistants d’activité
3. atteinte granulomateuse des voies aériennes avec trouble ventilatoire obstructif
Neurologique - corticothérapie
Cardiaque - abstention si troubles mineurs.
- Si atteinte sévère : corticothérapie + traitement symptomatique.
Cutanée - Hydroxychloroquine
- Si échec : corticoïdes, sinon thalidomide, PUVA, rétinoïdes.
- Corticothérapie locale : si lésions peu nombreuses.
Oculaire - Corticothérapie locale.
- Si échec : corticothérapie générale.
Articulaire - Arthralgies : AINS.
- Atteintes plus sévères (même osseuses) : corticothérapie, sinon méthotrexate.
hypercalcémie - Corticothérapie (40-60 mg/j)
- Puis relai par l’hydroxychloroquine.
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