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LOMBALGIE COMMUNE DE L’ADULTE

Pr. Dieu-Donné OUEDRAOGO


Dr W. Joëlle Stéphanie TIENDREBEOGO
Dr Fulgence KABORE
Promotion Master 1 médecine 2019-2020

Objectifs

1. Définir la lombalgie commune de l’adulte


2. Décrire 4 caractéristiques fonctionnelles de la lombalgie commune.
3. Enumérer 4 diagnostics différentiels de la lombalgie commune.
4. Citer 3 moyens utilisés dans le traitement de la lombalgie aigue commune.

INTRODUCTION

DEFINITION

La lombalgie commune de l’adulte est une douleur localisée au rachis lombaire, sans
irradiation dans les membres inférieurs, due à une détérioration du disque intervertébral
et/ou des articulations vertébrales postérieures et survenant chez un sujet de plus de 18 ans.

Elle est fréquente désignée par mal de dos ou maux de reins dans notre contexte.

INTERET

Cette leçon a un triple intérêt :

- D’abord épidémiologique : la lombalgie commune est extrêmement fréquente car 60 à

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90 % de la population adulte en souffre ou en a souffert. Il s’agit du premier motif de
consultation en rhumatologie. En effet, elle représente 72,56 % des motifs de consultations à
Abidjan selon Kouakou N’Zué et collaborateurs et 70 % environs à Lomé selon Mijiyawa et
collaborateurs.

Dans notre expérience, sa fréquence hospitalière est de 63,1% des affections rhumatologiques
au Burkina Faso. Elle touche 56 % du personnel d’un centre hospitalier dans notre contexte.

En outre, la prise en charge du patient atteint de lombalgie commune a un important


coût ; à Lomé, les couts directs et indirects de la lombalgie commune représentent le
quadruple du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG).

- L’intérêt est également diagnostique. Le diagnostic est avant tout clinique.

Les explorations complémentaires ont pour but d’éliminer une autre affection.

- L’intérêt est enfin pronostique. Le pronostic fonctionnel est rarement enjeu.


Cependant dans les formes évoluées, le retentissement psycho-affectif et
professionnel peut être important.
1. GENERALITES

Pour une bonne compréhension de cette leçon, il sied de faire un rappel sur l’anatomie de la
vertèbre et l’unité fonctionnelle.

1.1. Rappel

La colonne vertébrale est une tige flexible allant de l’occiput à la pointe du coccyx. Elle est
constituée de 33 vertèbres dont cinq vertèbres lombaires en général. Ces vertèbres lombaires
sont situées entre le rachis dorsal et le sacrum.

A l’instar des autres segments, le rachis lombaire est stabilisé par des muscles para-vertébraux
et abdominaux dont le relâchement surtout abdominal peut jouer sur la statique vertébral et
être cause de détérioration vertébrale.

1.2. Etiopathogénie
- le terrain : est celui d’un adulte avec une prédilection entre 30 et 50 ans

d’âge. Les deux sexes sont concernés avec une légère prédominance masculine.

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- Les étiologies sont multiples. Nous les verrons dans le chapitre sur le diagnostic
étiologique.
- Le mécanisme de base est la détérioration des différents composants de la colonne
lombaire.

2. SIGNES

Nous prendrons comme type de description la lombalgie aigue ou lumbago de l’adulte jeune.

2.1. TDD : lombalgie aigue ou lombago de l’adulte jeune.


- Circonstances de survenue : elles sont multiples. Il s’agit souvent d’un effort de
soulèvement d’une charge, lors d’une anté-flexion du tronc pour ramasser un objet
mais souvent à l’occasion d’un geste banal de la vie quotidienne tel que le port de
chaussure ou lors d’un bain.
Le caractère aigu est défini par un délai d’évolution inférieur à trois mois ou une intensité
entravant l’activité quotidienne.
- Signes cliniques
- L’interrogatoire précise les caractéristiques de la douleur mais également le contexte
socio-professionnel qui est très utile pour comprendre la pathologie et son pronostic :
la nature du travail exercé (effort, position, trajet en voiture, à moto, port de charge),
les habitudes de vie (bricolage, jardinage, sport), la situation sociale (arrêt de travail,
invalidité…).
o La douleur est vive, de survenue brutale à l’occasion d’un effort avec sensation
de blocage et d’impotence fonctionnelle majeure.
o Elle est impulsive à la toux, à l’éternuement et lors des efforts de défécations.
o Il s’agit de douleurs mécaniques c'est-à-dire déclenchées par l’effort et cédant
au repos.
o Elle siège au niveau de la partie basse du rachis lombaire, irradiant souvent aux
2 fesses sans dépasser les creux poplités.
- L’examen physique doit être réalisé sur un patient dévêtu, de chaussé debout puis en
décubitus.

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A l’examen du rachis lombaire chez le patient debout, on note :

o Un trouble statique à type d’inclinaison latérale sur le plan frontal

Qui disparait en décubitus ou en flexion. On parle d’une attitude scoliotique qui est une
position antalgique ou un effacement de la lordose physiologique.

o La palpation retrouve un point douloureux exquis à la pression de l’étage L4-


L5 ou L5-S1 et souvent une contracture des muscles para-vertébraux.
o L’étude de la mobilité du rachis lombaire se fait dans les six directions
(flexion, extension, inclinaison latérale droite et gauche, rotation droite et
gauche). Elle permet de mettre en évidence une raideur rachidienne objective
par l’indice de Schöber et la distance mains-sols ; il s’agit d’une raideur
élective n’affectant que certains mouvements, les autres étant conservés.
o L’examen neurologique doit être systématique à la recherche de signes de
souffrance radiculaire.
o L’état général du malade est parfaitement conservé.
- Au terme de cet examen, aucun examen complémentaire ne doit être systématiquement
demandé ; ils ne seront prescrits qu’en cas de doute.
- Signes radiologiques
o La radiographie standard doit être réalisée en incidence dorso-
lombo-pelvi-fémorale dite incidence de De Sèze, en incidence de profil et en profil centré sur
L4-L5 ; elles peuvent être normales ou montrer des anormalités telles qu’un pincement.
On s’assurera de la parfaite visibilité des pédicules, des épineuses et des transverses,
ainsi que de l’absence de modification de la densité osseuse, de l’absence d’une
diminution de la hauteur du corps vertébral et de l’altération des contours osseux.
o La tomodensitométrie ou scanner et l’imagerie par résonnance magnétique
(IRM) ne seront demandés qu’en cas de forte suspicion d’une autre étiologie.
- Signes biologiques
On demandera un hémogramme, une vitesse de sédimentation et une C Réactive Protéine
(CRP).
o Hémogramme normal (leucocytose compris entre 5000-10000/mm 3)
o Vitesse de sédimentation normale (inférieure à 10 mmH1)
o CRP normale (inférieure à 6 mg/l).
- Evolution

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Les éléments de surveillance sont surtout cliniques :
o La douleur par une EVA
o La contracture para-vertébrale
o La mobilité rachidienne
- Traitée, l’évolution est favorable avec une disparation des douleurs en cinq à dix jours;
l’évolution ultérieure est imprévisible. les rechutes sont possibles en cas de persistance
des circonstances déclenchant.
- Non traitée, la régression de la douleur est plus lente.
- Certains facteurs tels qu’une insatisfaction professionnelle, le tabagisme, l’alcoolisme,
un arrêt de travail ou un repos médical prolongé sont des facteurs qui exposent à une
chronicité.
A côté de ce type de description caractérisé par sa survenue brutale et son tableau clinique
bruyant, il existe d’autres formes cliniques.
2.2. FORMES CLINIQUES
- Formes évoluées
 la lombalgie chronique qui se définie par la persistance des douleurs lombaires au-
delà de 3 à 6 mois. C’est la forme grave de la lombalgie commune du fait de son
retentissement socioprofessionnel, économique et psychoaffectif.
L’examen clinique est ici pauvre : douleur lombaire irradiant souvent dans les fesses avec une
limitation modérée de la mobilité rachidienne.
Les examens complémentaires sont justifiés :
o Radiographie standard ; lésions d’arthrose
o Examens biologiques : hémogramme, VS, CRP
 La lomboradiculalgie : dans les formes évoluées, la lombalgie peut s’accompagner
de radiculalgie c'est-à-dire d’une irradiation dans le membre inferieur de
topographie L3, L4, L5 ou S1.

- Formes symptomatiques :
La lombalgie aigue est le plus souvent l’apanage de l’adulte jeune tandis que la forme
chronique intéresse surtout l’adulte jeune ou d’âge avancé.
- Formes étiologiques :
Selon les caractéristiques de la limitation de la mobilité rachidienne (Etoile de Maigne), une
orientation de la topographie lésionnelle peut être faite.

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3. DIAGNOSTIC
3.1. Positif
Le diagnostic positif est évoqué devant les signes cliniques et confirmé en cas de chronicité
par les signes radiologiques et biologiques.
- Cliniques : douleurs lombaires surtout basses, mécaniques
 Evolution intermittente
 Raideur lombaire localisée
 Conservation de l’état général
- Radiologiques : elles sont normales ou montrent des lésions dégénératives
(discarthrose ou arthrose postérieure).
- Biologiques :
 VS normale (inférieure à 10 mm à la 1ère heure)
 CRP normale (inférieure à 6 mg/L)

Une fois le diagnostic positif posé, dans la forme aigue, il faut rechercher les facteurs de
risque (FDR) de chronicité.
Dans la forme chronique, il faut apprécier le retentissement psycho-affectif de la maladie.
Maintenant que nous avons vu le diagnostic positif, avec quoi ; il ne faut pas confondre la
lombalgie commune de l’adulte.

3.2. Différentiel
Le diagnostic différentiel est toujours symptomatique ; c’est ainsi, qu’il ne faut pas confondre
la LCA avec :
- Une lombalgie mécanique symptomatique :
o D’une tumeur osseuse primitive : le myélome multiple
 Personne âgée (plus de 60 ans)
 Rachialgies diffuses
 Douleurs costales pic monoclonal
 Plasmocytose médullaire
o Une tumeur secondaire (métastases)
 Tous les cancers ostéophiles doivent être recherchés mais surtout celui
de la prostate chez l’homme et du sein chez la femme dans notre
contexte.

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o D’une infectieuse (mal de POTT)
 Radiographie : spondylodiscite
o Métabolique : ostéoporoses idiopathiques
- Douleurs projetées
o Colique néphrétique
o Anévrysme de l’aorte.

Le diagnostic différentiel établi, quelles peuvent être les étiologies des lombalgies communes
de l’adulte.

3.3 Etiologies
Les étiologies de la lombalgie commune sont multiples ; on les regroupe en deux grandes
étiologies :
- les causes discales
- les causes non discales

 Les causes discales


Il s’agit de :
o La hernie discale
o La discarthrose
 Les causes non discales
o Arthrose postérieure
o Spondylolisthésis
o Canal lombaire rétréci

4. TRAITEMENT
4.1. Buts :
Ce sont :
o Calmer la douleur
o Eviter l’évolution vers la chronicité
o Prévenir et traiter les complications
Pour atteindre ces buts, nous disposons des moyens suivants :
4.2. Moyens
- Education thérapeutique

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- Mesures hygiéno-diététiques (surtout hygiène du dos)
- Moyens médicamenteux
o Antalgiques : tous peuvent être utilisés ; en exemple :
 Tramadol 50, 75, 100, 200mg ; à raison de 400 mg par jour en 2 prises ;
ESI : vertiges, nausées ; CI :
 Morphine : 5, 10, 20mg à raison de 60 mg en 3-4 prises ; ESI : vertiges,
constipation.CI :
o Anti-inflammatoires non stéroïdiens
 Exemple : acéclofénac 100 mg à raison de 200mg en 2 prises ;
ESI : UGD, insuffisance rénale, CI :
o Myorelaxants : tetrazepam, diazepam
o Antidepresseurs/anti-épileptique : gabapentine ; prégabaline
o Corticoïdes voie générale/locale

- Moyens physiques
o Masso-kinésithérapie (15 à 20 séances)
 Visée antalgique
 Rééducation proprement dite avec travail proprioceptif, renforcement
des muscles para-vertébraux, fessiers, ischio-jambiers et abdominaux.
o Orthèses lombaires
 Plâtres
 Résines
 Ceinture de maintien lombaire
- Moyens chirurgicaux
o Rhizolyse
o Arthrodèse
o Remplacement prothétique
Les indications sont les suivantes :
4.3. Indications
La prise en charge est multi-disciplinaire
- Lombalgie aigue commune
o Repos au lit bref (2 à 3 jours)
o Education
o Antalgiques

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o Anti-inflammatoires
o Immobilisation par orthèse pendant la phase algique.
- Lombalgie chronique
o Education
o Soutien psychologique/ antidépresseur
o Antalgiques (Tramadol)
o Kinésithérapie (++++)
o Chirurgie
CONCLUSION
La lombalgie commune de l’adulte est un véritable problème de santé publique au regard de
son ampleur et du cout élevé de sa prise en charge surtout dans les formes chroniques. Elle a
un impact sur les économies de nos états par les arrêts de travail qu’elle suscite. Il faut donc
agir en amont par l’information sur l’hygiène du dos et la prévention par une adaptation du
matériel de travail.

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