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Plaies de la main
S. Barbary, F. Dap, G. Dautel
Chaque année, on déplore en France plus de 1 400 000 traumatismes de la main dont près de 600 000
sont ouverts. Un tiers est particulièrement grave avec un risque important de séquelles. L’impact
socioéconomique est immense et de nombreuses séquelles pourraient être évitées par l’exploration
systématique de plaies apparemment bénignes et le transfert dans un centre spécialisé en chirurgie de la
main agréé par la Fédération européenne des services urgences main (FESUM). Les connaissances
anatomiques du membre supérieur sont indispensables pour qu’au terme de l’examen clinique un
premier bilan permette de déterminer trois lignes de conduite : cicatrisation dirigée en cas de plaie
pulpaire ou de dermabrasions sans exposition d’élément noble ; exploration-suture sous anesthésie locale
(au cabinet) pour les petites plaies dorsales à distance des articulations et des axes vasculonerveux ;
exploration au bloc opératoire sous anesthésie locorégionale pour toutes les autres plaies. Nous retenons
quatre urgences absolues nécessitant une prise en charge immédiate dans un centre spécialisé FESUM :
les dévascularisations, les réimplantations, les injections sous pression, les mutilations graves. Le
pronostic fonctionnel est conditionné par la qualité de la réparation tissulaire faisant appel aux
techniques microchirurgicales qui doivent être parfaitement maîtrisées. La deuxième étape, tout aussi
fondamentale, passe par l’appareillage et la rééducation débutée aussi précocement que possible.
© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Appareil locomoteur 1
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■ Rappels anatomiques pratiques 4
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Vascularisation (Fig. 1)
L’artère radiale et l’artère ulnaire sont les deux axes vasculai-
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res principaux de la main. La manœuvre d’Allen permet de
tester leur dominance et leurs connexions par les deux arcades
vasculaires superficielle et profonde. L’artère radiale passe de la
face antérieure du poignet à la face postérieure du 1er espace
interosseux en laissant une branche radiopalmaire, croisant sous
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les tendons de la tabatière anatomique (long abducteur, court
extenseur et long extenseur du pouce) pour passer de la
gouttière du pouls à la face dorsale de la main. L’artère ulnaire
passe dans le canal de Guyon et chemine ensuite au-dessus des
tendons fléchisseurs pour former l’arcade palmaire superficielle
en rejoignant la radiopalmaire, branche de l’artère radiale. De
cette arcade naissent les artères interdigitales qui se divisent en
artères collatérales des doigts. L’arcade palmaire profonde est
.
formée par l’anastomose à plein canal de la radiale et de
l’ulnopalmaire (issue de l’artère ulnaire et accompagnée de la Figure 1. Vascularisation de la main. 1. Artère radiale ; 2. artère ulnaire ;
branche motrice du nerf ulnaire). 3. artère radiopalmaire ; 4. artère ulnopalmaire ; 5. arcade palmaire
profonde ; 6. arcade palmaire superficielle ; 7. artères collatérales
Innervation (Fig. 2) digitales.
Le nerf médian passe dans le canal carpien et se ramifie pour
donner les nerfs collatéraux des trois premiers doigts et le nerf
collatéral radial du 4e doigt ainsi que la branche motrice qui
motrice profonde innervant les interosseux et les lombricaux et
traverse le ligament rétinaculaire des fléchisseurs pour assurer
une partie de la motricité intrinsèque du pouce (opposition, une branche sensitive pour la pulpe du 5e doigt et la moitié
abduction). La branche cutanée palmaire du nerf médian naît à ulnaire pulpaire du 4e doigt.
5 cm environ en proximal du pli de flexion du poignet, La branche sensitive du nerf radial accompagne l’artère
chemine sur le bord ulnaire du fléchisseur radial du carpe et radiale à la face palmaire de l’avant-bras puis croise le bord
innerve la peau de l’éminence thénar. externe du radius pour émerger à la face externe et superficielle
Le nerf ulnaire au poignet donne une branche cutanée du poignet. Elle passe dans la pince formée par le court
dorsale qui contourne l’extrémité inférieure de l’ulna, pour se extenseur du pouce et les tendons extenseurs radiaux du carpe,
ramifier à la face dorsale des 4e et 5e rayons. Après son passage puis chemine dans la tabatière anatomique et se ramifie au
dans la loge de Guyon, le nerf ulnaire se divise en une branche sommet de la première commissure.
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Figure 2. Innervation de la main, face palmaire. 1. Nerf ulnaire ; 2. nerf médian ; 3. nerf radial.
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2 I I
I
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I
II II II
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II
III I
5 II
III
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V
A B
Figure 3. Topographie des tendons fléchisseurs (A, B). 1. Fléchisseur profond ; 2. poulie A4 ; 3. poulie A2 ; 4. fléchisseur superficiel ; 5. ligament rétinaculaire
antérieur (canal carpien).
Ainsi, il existe un territoire sensitif autonome pour chaque La loge thénarienne est constituée :
nerf : • de la superficie vers la profondeur, des muscles court abduc-
• la pulpe de l’index pour le nerf médian ; teur, opposant, faisceau superficiel du court fléchisseur et
• la pulpe du 5e doigt pour le nerf ulnaire ; adducteur du pouce ;
• la face dorsale de la première commissure pour le nerf radial. • du rameau thénarien du nerf médian (responsable de
l’opposition).
Tendons fléchisseurs des doigts La loge hypothénarienne est constituée :
• des muscles adducteur, court fléchisseur et opposant du
et du poignet 5e doigt ;
Selon la classification de la Fédération internationale des • du pédicule vasculonerveux ulnaire donnant une branche
sociétés de chirurgie de la main (FISCM) [6], la face palmaire de superficielle sensitive pure (D4 + D5) et une branche pro-
la main et du poignet est divisée en cinq zones pour les doigts fonde motrice (loge hypothénarienne et muscles interosseux).
longs et en trois zones pour le pouce (Fig. 3).
Les masses musculaires des fléchisseurs profonds sont insérées Tendons extenseurs (Fig. 4)
sur la membrane interosseuse et l’ulna. La jonction musculo-
tendineuse se situe au tiers inférieur de l’avant-bras. Les tendons Il y a six compartiments à la face dorsale du poignet ; de
cheminent dans le canal carpien puis sous les poulies digitales radial à ulnaire :
pour s’insérer sur la base de la phalange distale. • le 1er compartiment contient le long abducteur et le court
Les masses musculaires des fléchisseurs superficiels sont extenseur du pouce. C’est à ce niveau que se manifeste la
insérées plus proximalement à l’avant-bras. Leur trajet est tendinite de de Quervain par conflit entre les tendons et la
similaire à celui des tendons fléchisseurs profonds, mais elles gaine fibreuse les recouvrant ;
s’insèrent sur la 2 e phalange après s’être séparées en deux • le 2e compartiment contient les tendons extenseurs radiaux
bandelettes qui cravatent le tendon fléchisseur profond. Cette du carpe : long extenseur radial du carpe tendu depuis le bord
zone de décussation correspond à la zone II de la FISCM externe de la palette humérale jusqu’à la face dorsale du 2e
anciennement appelée le no man’s land. La réparation tendi- métacarpien ; court extenseur radial du carpe tendu depuis le
neuse est techniquement difficile et les résultats fonctionnels bord externe de la palette humérale jusqu’à la face dorsale du
étaient fréquemment décevants car souvent grevés d’adhérences 3e métacarpien ;
tendineuses avant les progrès de la rééducation postopératoire. • le 3e compartiment contient le long extenseur du pouce qui
Le tendon long palmaire s’insère en proximal sur l’épicondyle coutourne le tubercule de Lister ;
médial et distalement en s’évasant sur l’aponévrose palmaire. • le 4e compartiment contient les tendons extenseurs communs
C’est un tendon fréquemment utilisé comme greffon (recons- des doigts et extenseur propre de l’index ;
truction des fléchisseurs dans le canal digital ou pour recons- • le 5e compartiment contient l’extenseur propre du 5e doigt ;
truire les poulies). • le 6e compartiment contient l’extenseur ulnaire du carpe,
Le tendon fléchisseur radial du carpe s’insère en proximal sur tendu de la crête ulnaire jusqu’à la face dorsale de la base du
l’épicondyle médial, croise la face antérieure de l’avant-bras, 5e métacarpien.
possède une gaine propre au poignet, passe en avant du L’extension des interphalangiennes est sous la dépendance
tubercule du scaphoïde, longe le canal carpien et s’insère sur la des muscles intrinsèques de la main et l’extension des métacar-
base du 2e métacarpien. pophalangiennes est sous la dépendance des muscles extrinsè-
Le fléchisseur ulnaire du carpe s’insère sur les trois quarts ques. Ainsi en cas d’atteinte du nerf ulnaire au poignet,
proximaux de l’ulna et son tendon englobe le pisiforme avant l’extension complète des interphalangiennes est impossible,
de se terminer sur la base du 5e métacarpien. même en l’absence d’atteinte des muscles extenseurs des doigts.
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B C
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■ Examen clinique
Interrogatoire
Certaines données essentielles doivent être mentionnées :
• l’âge, le sexe, la profession (manuelle ou intellectuelle) ;
• un accident de travail ;
• le côté dominant ;
• le délai de prise en charge (avant ou au-delà de 6 heures pour
les dévascularisations) ;
• le carnet vaccinal (antitétanique) ;
• les allergies (en cas de prescription d’antibiotique notam-
ment), les antécédents médicaux et chirurgicaux (diabète,
vasculaire, chirurgie de la main...) ;
• les traitements (notamment anticoagulants) ;
• le patient est-il à jeun ? Figure 6. Injection sous pression de solvant.
Mécanisme lésionnel
• Écrasement : plaie contuse avec un risque de nécrose tissulaire
extensive.
• Section nette : par verre, souvent « profonde jusqu’à l’os »
(Fig. 5).
• Brûlure thermique, électrique qui entraîne des lésions tissu-
laires profondes et insoupçonnées à première vue.
• Brûlure chimique : attention en particulier à l’acide fluor-
hydrique, utilisé de plus en plus pour décaper les métaux
comme l’aluminium (utilisé pour nettoyer les moteurs de
camions, pour le décapage des fours, des parquets ; il blanchit
le bois et évite le noircissement) :
C douleur retardée jusqu’à plusieurs heures ; peau rose ou
blanche, intacte pendant 2 ou 3 heures, évolution vers la
phlyctène, la nécrose locale ;
C risque d’hypocalcémie si la zone de contact est supérieure Figure 7. Section de l’extenseur avec ouverture articulaire.
à 100 cm2 ;
C risque de décalcification osseuse en cas d’atteinte sévère des
mains, avec phalangettes fantomatiques à la radiographie hôpitaux) ; faire un étalement épais, renouvelé toutes les
et nécrose sous-unguéale. 6 heures le 1er jour, puis tous les jours ensuite, pendant 5 à
Traitement : laver abondamment à l’eau, 10 minutes ; appli- 7 jours. Il permet de retarder le plus possible un éventuel
quer du gel au gluconate de calcium (disponible dans les geste chirurgical d’exérèse, devenu très rare depuis l’emploi de
ce traitement. Il persiste souvent des cicatrices. Si le contact
est large, il faut, selon la calcémie, en administrer per os et
garder en surveillance à l’hôpital.
• Inoculation : plaie punctiforme par morsure de chat, épine de
rosier évoluant très souvent en abcès sous-cutané, synovite,
arthrite ou en cellulite.
• Injection sous pression (Fig. 6) : le pronostic est redoutable ;
le débridement chirurgical est extrêmement urgent.
• Avulsion : le pronostic est redoutable. La replantation est très
compromise ; le pontage est souvent nécessaire. C’est le
classique ring finger ou doigt d’alliance (cf. infra).
Examen de la main
Zone topographique
La plaie palmaire est à explorer systématiquement au bloc
opératoire. La plaie dorsale (Fig. 7), pour laquelle il faut craindre
une lésion des tendons extenseurs ou une brèche articulaire,
doit être explorée sous anesthésie locale. Le traitement de la
plaie pulpaire est souvent la cicatrisation dirigée, sauf en cas de
perte de substance exposant la phalange.
Vascularisation digitale
On explore la couleur pulpaire, le temps de recoloration qui
Figure 5. Absence de corrélation taille de la plaie/dégâts sous-cutanés.
doit être comparé aux autres doigts ; on vérifie le saignement à
Ici, section des deux tendons fléchisseurs suite à une petite plaie par verre
la scarification en cas de doute. L’ischémie est l’une des seules
à la base du doigt.
vraies urgences absolues en chirurgie de la main et nécessite une
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6 Appareil locomoteur
■ Bilan lésionnel
L’interrogatoire, l’examen de la plaie et le bilan radiographi-
que nous permettent de déterminer trois lignes de conduite :
• cicatrisation dirigée : en cas de petite perte de substance
cutanée sans exposition d’élément noble ;
• exploration et suture cutanée sous anesthésie locale aux
urgences ou au cabinet : en cas de plaie dorsale uniquement,
pour s’assurer qu’il n’y a pas de lésion de l’appareil extenseur
ou d’ouverture articulaire. Il faut faire attention à la face
dorsale de la tabatière anatomique et de la première commis-
sure innervée par la branche sensitive du nerf radial qui
nécessite une réparation microchirurgicale ;
• exploration au bloc opératoire : pour toutes les autres plaies,
même s’il n’y a pas de lésion tendineuse, articulaire ou
nerveuse avérée. En effet, seule l’exploration au bloc opéra-
toire permet de faire le diagnostic des lésions partielles.
Urgences absolues
Il y a quatre urgences absolues nécessitant une prise en
charge immédiate dans un centre spécialisé FESUM [7] :
• dévascularisation
• réimplantation potentielle
• injection sous pression
• mutilation grave
Anesthésie
• L’anesthésie d’un doigt [6, 8] est induite :
C par bloc interdigital commissural : 1 à 2 ml de Xylocaïne® Figure 12. Incisions dorsales.
(lidocaïne) 2 % sont injectés en sous-cutané dans chaque
commissure adjacente ;
C par injection de 1 à 1,5 ml de Xylocaïne® 2 % en sous- sont excisées sous peine d’une infection secondaire. Foucher [10]
cutané palmaire, à 1 cm en amont du pli de flexion digital, souligne qu’il s’agit d’un « geste d’expérience » et qu’il ne faut
associée à une injection dorsale sous-cutanée, du même pas exciser en pensant déjà à la fermeture. C’est le meilleur
volume, en regard de la tête métacarpienne. moyen de laisser des zones vouées à la nécrose ou de suturer en
tension.
Il est recommandé d’allonger le patient pour prévenir un
malaise vagal, de ne pas injecter directement dans le doigt sous
risque d’ischémie digitale et de ne jamais oublier d’enlever le
Face palmaire (Fig. 11)
garrot de doigt si vous en utilisez un. Il est d’ailleurs fortement Toute incision palmaire dans l’axe du membre en regard
conseillé de mettre une pince de Kelly sur le garrot pour ne pas d’une articulation occasionne une bride rétractile. Il faut donc
l’oublier : une nécrose iatrogène serait impardonnable. adapter son incision pour obtenir à la fermeture une cicatrice
• L’anesthésie locale dans les berges de la plaie ne doit s’adres- perpendiculaire ou oblique à l’axe de ce membre. L’incision
ser qu’aux plaies de la face dorsale de la main ou du poignet. palmaire en zigzag de Bruner a notre préférence car elle donne
• Le bloc plexique [9] est l’anesthésie de choix en chirurgie de une bonne exposition et s’efface avec le temps. Pour les plaies
la main par sa durée (de 2 à 12 h en fonction des anesthési- rectilignes sur toute la longueur du doigt, il faut anticiper la
ques utilisés), son effet vasodilatateur et sa plus faible bride par une fermeture avec une ou plusieurs plasties en « Z »
morbidité que l’anesthésie générale chez les patients fragiles. (Fig. 11).
L’anesthésiste doit parfaitement maîtriser la technique pour
éviter les plaies vasculonerveuses iatrogènes. L’échoguidage Face dorsale (Fig. 12)
semble être un complément précieux à cette pratique anes-
Il faut anticiper le recours à un lambeau de couverture
thésique. Le bloc axillaire est également souvent utilisé pour
d’avancement ou de recul type Hueston par des incisions
les interventions plus courtes ou les blocs tronculaires, plus
latérodigitales, qui offrent une bonne exposition.
distaux, n’anesthésiant qu’une partie de la main mais s’adres-
sant à des interventions rapides et limitées à un territoire
précis de la main (médian, radial ou ulnaire). Réparation tendineuse
Tendon fléchisseur
Incisions (Fig. 11, 12) .
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Figure 13. Section partielle du fléchisseur sans aucun retentissement Figure 15. Traction sur le fléchisseur pour s’assurer de l’absence de
sur la mobilité du doigt mais risquant de se rompre secondairement. lésion partielle.
8 Appareil locomoteur
Tendons extenseurs
À la main, les tendons extenseurs ne se rétractent pas ou peu,
mis à part le long extenseur du pouce. En revanche, au poignet,
B leur excursion est beaucoup plus grande et la récupération de
l’extrémité tendineuse proximale fait parfois appel aux mêmes
Figure 17. Point de Kessler modifié (A, B). artifices techniques que pour les tendons fléchisseurs (Redon ou
tige siliconée), notamment pour les extenseurs du pouce (long
et court extenseurs et long abducteur). La suture tendineuse est
faite à l’aide d’un point en cadre ou en « U » de PDS® 4/0. En
cas de réinsertion tendineuse transosseuse, nous utilisons
volontiers une mini-ancre, notamment pour la bandelette
médiane des doigts longs et le tendon extenseur sur la phalange
distale du pouce. Une broche temporaire est souvent utilisée
pour protéger ce type de réparation. Dans le cas de la bandelette
médiane, l’articulation interphalangienne distale est rééduquée
d’emblée pour favoriser le glissement des interosseux de chaque
côté de l’interphalangienne proximale (méthode d’Evans).
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Couverture cutanée 4
Cette question est trop vaste pour être traitée de manière 3
exhaustive. Ici, nous ne parlons pas des pertes de substance
pulpaires. Cependant, l’expérience [6, 18] montre qu’avec quel- 2
ques lambeaux, il est possible de régler la plupart des problèmes
de couverture. Le recours à un lambeau ne doit être réservé qu’à 1
la couverture des éléments nobles. La greffe cutanée mince ou 5
épaisse doit être privilégiée lorsque le sous-sol le permet.
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Figure 21. Lambeau de la face palmaire de la main. 1. Double Hueston palmaire ; 2. Hueston palmaire ; 3. cross-finger ; 4. latérodigital de Colson.
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Figure 22. Premier pansement chirurgical. Figure 24. Lymphangite suite à une pasteurellose.
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▲ Mise en garde
À proscrire formellement
• anesthésie locale, qui aggrave l’hyperpression et
l’ischémie digitale
• simple incision « a minima » autour de la porte d’entrée
À faire le plus rapidement possible
• au bloc opératoire dans un centre spécialisé FESUM,
sous anesthésie par bloc axillaire : large débridement de
Figure 26. Injection sous pression de peinture.
l’ensemble du doigt jusqu’en paume de main en excisant
tous les produits toxiques sous moyen grossissant en
sans mettre de garrot y compris dans les amputations au préservant les vaisseaux et les nerfs le mieux possible. Une
poignet. Ce pansement compressif est très souvent suffisant revascularisation par pontage est parfois indispensable
pour stopper l’hémorragie. Un garrot, en revanche, peut devenir • laisser la plaie ouverte, ou fermer en points lâches
nocif s’il n’est pas desserré toutes les heures.
Dans les amputations partielles, il n’est pas conseillé d’appli-
quer de la glace sur le fragment car elle provoque un spasme
des vaisseaux restants tout en étant fort désagréable pour le Cas particulier chez l’enfant
patient.
• Toute plaie, même minime, doit être explorée au bloc
Indications de réimplantation [21] opératoire sous anesthésie générale. L’examen clinique n’est
pas assez fiable et l’exploration sous anesthésie locale n’est
Elles se discutent en fonction : pas confortable (pour le chirurgien et pour le jeune patient).
• de l’âge : toujours chez l’enfant, à discuter après 50 ans ; • Toutes les réimplantations doivent être tentées.
• du doigt concerné : toujours pour le pouce, plus rarement • Il faut privilégier les fils cutanés résorbables.
pour l’index (risque d’exclusion) et à discuter avec le patient • Les pansements doivent être particulièrement soignés :
pour les autres rayons ; prenant tous les doigts, renforcés par de l’Élastoplaste ®
• du niveau d’amputation : toujours pour le poignet et la (collant également sur l’avant-bras, sinon il glisse). De même,
paume, excellente indication pour les amputations au-delà de si une immobilisation plâtrée est nécessaire, il vaut mieux
l’interphalangienne distale [22], bonne indication pour les prendre le coude. Ce pansement, effectué au bloc opératoire,
amputations au-delà de l’insertion du fléchisseur superficiel, est laissé de 2 à 4 semaines selon les lésions sous-jacentes. Les
mauvaise indication pour les amputations à la base du doigt, pansements trop fréquents et intempestifs sont source
a fortiori chez le travailleur manuel, sauf en cas d’amputation d’ennuis (pleurs, cris, lâchage de suture tendineuse...).
pluridigitale pour retrouver une pince fondamentale. • Le jeune enfant (jusqu’à 5 ans) victime d’une plaie tendi-
neuse garde son plâtre brachio-antébrachio-palmaire pendant
Séquence technique de la réimplantation
1 mois. S’il est nécessaire de le refaire avant ce terme, c’est
Elle est bien codifiée [21, 22] : sous anesthésie générale pour éviter une rupture tendineuse
• dissection des vaisseaux et des nerfs ; lors des mouvements de retrait et de contraction de l’enfant.
• parage (cutané, vasculaire...) ;
• ostéosynthèse très souvent précédée d’un raccourcissement
osseux ;
• suture des tendons extenseurs puis fléchisseurs ;
■ Séquelles des plaies de la main
• anastomoses nerveuses puis artérielles. Il est facile de négliger
la suture nerveuse après une anastomose vasculaire difficile ; Cutanées et esthétiques
or, la récupération fonctionnelle globale de la main est
corrélée à la récupération sensitive digitale. De plus, il est plus Les cicatrices chéloïdes et hypertrophiques ont une préva-
simple de réaliser les anastomoses dans un champ exsangue. lence générale comprise entre 4,5 % et 14 % [25]. Elles sont
Il faut donc apporter un grand soin à la réalisation des imprévisibles bien que plus fréquentes chez le sujet jeune et de
sutures nerveuses ; peau noire. Elles apparaissent entre 3 et 6 mois après la plaie.
• lâché de garrot (après 2 h au maximum d’ischémie) ; La cicatrice chéloïde se caractérise par une masse intradermique
• anastomoses veineuses ; ferme qui s’étend et dépasse largement les limites de la plaie
• suture cutanée ± greffe cutanée ou lambeau de couverture. initiale contrairement à la cicatrice hypertrophique qui évolue
spontanément vers la régression en 1 à 2 ans. Le traitement
préventif passe par la suture sans tension des berges de la plaie
Plaies par injection sous pression et la prévention contre l’infection.
Elles sont faussement rassurantes car le point d’entrée est de Le traitement curatif de la cicatrice chéloïde associe cortico-
petite taille ; pourtant, leur pronostic est sombre. thérapie, chirurgie, pressothérapie et parfois radiothérapie. La
C’est une urgence absolue au même titre que l’amputation cicatrice hypertrophique se traite par pressothérapie et vête-
car l’injection sous pression provoque une ischémie digitale par ments compressifs associés ou non à l’application de plaques
compression des éléments vasculonerveux. De plus, la toxicité siliconées.
tissulaire du produit injecté nécessite un débridement large et Les brides rétractiles doivent être prévenues par le respect des
rapide afin de limiter au maximum la nécrose tissulaire lignes d’incision décrites ci-dessus et sont traitées par plasties en
(Fig. 26). « Z », greffes cutanées ou lambeaux locaux.
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[Br] 1991;16:25-9. Chir Main Memb Super 1990;9:296-304.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Barbary S., Dap F., Dautel G. Plaies de la main. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Appareil locomoteur,
14-062-A-10, 2010.
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1 autoévaluation
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4 vidéos/animations
Vidéo/Animation 1
Test d'Allen. Le médecin exerce une pression au poignet avec ses deux pouces sur l'artère radiale à la gouttière du pouls et sur
l'artère ulnaire avant son passage au Guyon. Il demande au patient d'étendre les doigts puis de faire le poing à plusieurs reprises
tout en maintenant les points de compression. Puis, il demande au patient d'étendre les doigts. La main est blanche. Le médecin
lâche alors un des points de compression afin de voir la vitesse de recoloration de la main. Il renouvelle l'opération en lâchant cette
fois-ci l'autre artère pour comparer la dominance vasculaire entre l'artère radiale et ulnaire. Elle permet également de tester la
fiabilité des arcades palmaires. Cette manoeuvre peut être effectuée sur le doigt pour tester la dominance de chaque artère
digitale.
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Vidéo/Animation 2
Testing du fléchisseur profond. L'examinateur bloque la deuxième phalange et demande au patient de plier la dernière phalange,
ce qui est possible si le fléchisseur profond est en continuité. Mais ce test n'exclut pas une plaie tendineuse partielle.
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Vidéo/Animation 3
Testing du fléchisseur superficiel. L'examinateur bloque la dernière phalange de tous les autres doigts non testés et demande au
patient de plier le doigt blessé. La flexion est possible uniquement au niveau de l'interphalangienne proximale. En cas de section
complète du fléchisseur superficiel, cette flexion de P2 sur P1 est impossible. Noter une très légère flexion de l'interphalangienne
distale en fin de course sous la dépendance du fléchisseur profond.
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Vidéo/Animation 4
Testing du long fléchisseur du pouce. L'examinateur bloque la première phalange du pouce et demande au patient de plier
l'interphalangienne.
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