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Fractures de l’acétabulum
J. Tonetti

Les fractures de l’acétabulum provoquées par des traumatismes à haute énergie chez des sujets jeunes
voient leur nombre diminuer dans les pays occidentaux : une nouvelle population de sujets actifs vieillis-
sants est exposée à ces lésions. Le diagnostic reste le point-clé qui permet d’analyser les lésions en les
classant, de rechercher des lésions chondrales et de proposer une conduite à tenir. Il est facilité par
l’apport de l’imagerie tomodensitométrique 2D et 3D. La classification de Judet et Letournel reste valide :
elle donne des informations sur l’indication chirurgicale et le pronostic à long terme. La réduction à foyer
ouvert avec fixation s’est enrichie de techniques moins invasives. L’exigence de la réduction doit être
majeure. Le traitement percutané trouve progressivement une place dans une prise en charge plus pallia-
tive du sujet fragile, éventuellement assisté par la navigation. Le remplacement prothétique d’emblée est
une option intéressante chez des sujets avec des lésions de mauvais pronostic, un os fragile mais pourtant
un grand désir de mobilité. La faible fréquence actuelle de ces lésions et les difficultés du diagnostic et
du traitement nécessitent une expérience qui ne peut de nos jours s’acquérir que dans des centres de
référence spécialisés. Ce travail est une mise à jour du diagnostic et des traitements à partir d’une revue de
bibliographie. Nous proposons un guide des indications de traitement conservateur et par ostéosynthèse,
en tenant compte, entre autres, des lésions ostéochondrales, de l’âge physiologique et de l’apport de
l’arthroplastie.
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Acétabulum ; Fracture ; Tridimensionnel ; Impaction chondrale ; Prothèse

Plan  Introduction
■ Introduction 1 La chirurgie de l’acétabulum doit beaucoup au travail de
■ Diagnostic 2 recherche et de compilation effectué par Letournel, sous
Données épidémiologiques 2 l’impulsion de Judet, dès 1957 jusqu’à son décès en 1994 [1–5] .
Classification descriptive 2 Letournel, en une trentaine d’années, a complètement révolu-
Fractures de la tête fémorale associée 7 tionné notre vision et notre manière de traiter ces fractures
Fractures de l’anneau pelvien associé 7 délicates. Ces auteurs se sont tout d’abord intéressés à la radio-
Fracture de diaphyse fémorale associée 8 graphie normale de l’acétabulum pour définir la signification
Diagnostic de l’incongruence 8 des lignes osseuses projetées et les incidences de trois quarts
Incidences respectives des différents types lésionnels 10 alaire et de trois quarts obturateur. Letournel et Judet ont
Lésions neurologiques associées 10 imaginé le concept des deux colonnes de l’os coxal. Ils ont
Lésions cutanées 10 élaboré une classification des fractures de l’acétabulum admise
Instabilité hémodynamique 10 et reconnue. Letournel a mis au point et décrit les princi-

pales techniques chirurgicales. Il a analysé et répertorié plus de
Traitement 10
1 000 cas opérés. Cette étude lui a permis d’écrire en 1993 avec
Prise en charge initiale 10
son maître Judet son livre de référence, auquel ce chapitre doit
Traitement conservateur 12
beaucoup [5] .
Réduction et fixation chirurgicale 12
Les fractures de l’acétabulum (cotyle) sont devenues, de nos
Arthroplastie 16
jours, plus rares dans les pays occidentaux avec une occurrence
■ Pronostic 16 de 3 patients/100 000/an selon Laird et Keating [6] . Les centres
Résultats globaux 16 spécialisés dans cette chirurgie n’en reçoivent guère plus de
Résultats des prothèses 18 19 à 25 par an [6] . Cependant, l’exigence sociale actuelle impose
Série de la Société française de chirurgie orthopédique une restauration fonctionnelle parfaite, même après un trauma-
et traumatologique (SOFCOT) 18 tisme sévère comme une fracture de l’acétabulum. La diminution
■ Indications thérapeutiques 18 d’incidence et l’exigence du traitement posent le problème de
■ Conclusion 19 la connaissance chirurgicale et d’une offre de soin rationnelle,
uniforme. Bien souvent, cette articulation profonde fait reculer

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Volume 7 > n◦ 3 > juillet 2012
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0521(12)51743-2
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les chirurgiens. Ce d’autant plus que le traitement conservateur


peut quelquefois être à l’origine d’un bon résultat. L’attitude
conservatrice initiale est soutenue par l’avancée technologique
des arthroplasties de hanche. Même chez un patient jeune, la
survie des implants devient intéressante avec les couples de frotte-
ment dur-dur [7] . Ces nouvelles prothèses incitent les chirurgiens
à attendre une consolidation sans opérer puis à remplacer la
hanche. La restauration chirurgicale du couple de frottement
cartilage-cartilage, en reconstruisant anatomiquement les surfaces
articulaires, est la solution la plus logique lorsqu’elle est possible.
Ce choix du traitement chirurgical est quelquefois compliqué par
l’âge grandissant des patients avec un os de qualité médiocre [6] .
Une des clés de la décision est l’analyse lésionnelle initiale
précise.
Ce chapitre apporte une mise au point sur l’analyse initiale de
la lésion avec l’aide de l’imagerie de reconstruction tridimension-
nelle. Nous avons relevé les différentes méthodes de traitement.
Nous avons tenté de codifier les indications chirurgicales en
tenant compte de l’évolution de l’arthroplastie et du vieillisse- Figure 1. Vue exopelvienne de l’os coxal avec la colonne postérieure
ment de la population. en jaune, la colonne antérieure en bleu (d’après [13] ). Il faut noter que la
colonne postérieure comporte toute la grande incisure ischiatique mais
respecte l’articulation de la surface articulaire sacro-iliaque. En vert, la
 Diagnostic zone dite du « no man’s land » comprenant le toit, la lame quadrilatère et
la portion ischiopubienne du pourtour obturé. Ce « no man’s land » peut
être impliqué dans l’une ou l’autre des deux colonnes fracturées.
Données épidémiologiques
Depuis les premières descriptions des années 1960, la popu-
lation présentant des fractures de l’acétabulum s’est modifiée [8] . lésion tronculaire du nerf ischiatique. C’est pourquoi l’examen
L’âge moyen augmente ; le nombre de cas par an diminue sensi- neurologique doit être réalisé systématiquement dès l’arrivée pour
blement chaque année ; le nombre de femmes concernées est en connaître le statut préopératoire du patient.
augmentation progressive [6] .

Démographie Classification descriptive


Le pic de distribution de l’âge moyen des patients se situait entre Ce paragraphe reprend les principes de l’analyse descriptive
21 et 30 ans durant la période de 1991 à 1993. Il était entre 61 et effectuée à partir de l’analyse radiologique publiée en 1964 [10] .
70 ans sur la période de 2005 à 2006 dans la série de Ochs et al. [8] . Cette classification définit les traits élémentaires puis les orga-
La prédominance masculine reste nette avec seulement 22 % de nisent autour du concept des colonnes antérieures et postérieures
femmes atteintes dans la série allemande de Ochs et al. [8] . Dans la (Fig. 1). Le concept de colonne antérieure a été remis en
série de Laird et Keating les femmes sont touchées dans 42 % des cause pour le faire coïncider avec les limites morphologiques
cas [6] . du cartilage triradié [11, 12] . Cependant, cette analyse purement
descriptive, radiologique, correspond mal à l’échantillon des
Énergie de l’accident causal cas rencontrés. La classification de Judet et Letournel reste
Chez le sujet jeune, c’est un traumatisme à haute énergie qui donc la plus utilisée pour la précision clinique de la descrip-
est pourvoyeur de ce type de lésion : accident de la voie publique tion mais aussi pour les orientations thérapeutiques qu’elle
avec écrasement et forte décélération, chute de lieu élevé volon- indique.
taire ou accidentelle lors d’accident du travail, de sport de glisse, L’analyse initiale est basée sur des clichés du bassin de face,
de sport de montagne. C’est parfois dans un contexte de trauma- de l’acétabulum de trois quarts alaire et trois quarts obturateur
tisé grave que le diagnostic de fracture acétabulaire est posé avec (Fig. 2). Ces clichés de radiographie simple analysent l’intégrité
les associations lésionnelles habituelles : trauma craniocérébral, des lignes projetées de l’acétabulum : ligne iliopubienne, ligne ilio-
trauma facial, hémothorax, rupture isthmique aortique, fracture ischiatique, « U » radiologique, bord antérieur de l’acétabulum,
hépatique, rupture diaphragmatique, fracture splénique, fracture bord postérieur de l’acétabulum, toit de l’acétabulum, pourtour
fémorale, lésions cutanées étendues. Les lésions de l’acétabulum obturé, bord coxal postérieur, crête iliaque. Ils peuvent donner
ne sont isolées que dans 49 % des cas [8] . Les fractures transverses, également le déplacement initial par médialisation de la tête
les fractures de la paroi antérieure de l’acétabulum sont par- fémorale. La luxation de hanche associée est identifiée sur le cli-
fois la composante antérieure d’une fracture de l’anneau pelvien ché du bassin de face. Il faut savoir demander un cliché de trois
potentiellement hémorragique et menaçante. Ce sont les lésions quarts obturateur en cas de doute sur une luxation pour éliminer
étendues à l’aile iliaque (colonne antérieure, fractures des deux ce diagnostic.
colonnes) qui peuvent nécessiter une prise en charge spécifique L’exploration tomodensitométrique permet de visualiser des
par embolisation. images numériques tridimensionnelles (3D) avec reconstruction
Chez la personne âgée, il s’agit d’un traumatisme à faible énergie surfacique de qualité. Le bassin en totalité est vu de manière
sur os fragilisé par l’ostéoporose. C’est le plus souvent une chute antérieure et postérieure, mais aussi sur une vue exopelvienne
latérale sur le grand trochanter [9] . La lésion est le plus souvent à laquelle le fémur a été enlevé et une vue endopelvienne à
isolée. laquelle l’os coxal controlatéral et le sacrum ont été supprimés. Les
traits élémentaires sont parfaitement visibles sur les vues endo- et
exopelviennes et le classement est facilité. La tomodensitométrie
Suspicion clinique permet de reconstruire des coupes bidimensionnelles (2D) selon
C’est donc le contexte traumatique à haute énergie du sujet des plans choisis [13, 14] . Cet examen montre les impactions ostéo-
jeune ou par chute latérale à faible énergie du sujet âgé qui fait chondrales qui créent une incongruence locale avec « marche
évoquer le diagnostic. Le plus souvent, il n’y a pas de raccourcis- d’escalier ». On peut également analyser sur les coupes transver-
sement du membre inférieur. Lorsqu’une luxation de hanche est sales la congruence globale par centrage antéropostérieur de la tête
associée le raccourcissement est patent, accompagné d’une rota- fémorale entre les surfaces articulaires semi-lunaires antérieure et
tion interne en cas de luxation postérieure. Avec ou sans luxation, postérieure ou par la stabilité du contact de la tête avec la surface
le déplacement des pièces osseuses s’accompagne parfois d’une portante du toit de l’acétabulum.

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3 4
5
1

5
1

B C

8
4

D E
Figure 2. Description des repères de l’acétabulum sur trois incidences radiologiques. 1. Ligne iliopubienne ; 2. ligne ilio-ischiatique ; 3. « U » radiologique ;
4. bord antérieur de l’acétabulum ; 5. bord postérieur de l’acétabulum ; 6. toit de l’acétabulum ; 7. pourtour obturé ; 8. bord coxal postérieur ; 9. crête iliaque.
A. Radiographie du bassin de face.
B, C. Radiographie de la hanche de trois quarts obturateur.
D, E. Radiographie de la hanche de trois quarts alaire.

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1 2 3 4 5 A

6 7 8 9 10 B
Figure 3. Classification de Judet et Letournel des fractures élémentaires et complexes de l’acétabulum [13] .
A. Traits élémentaires : 1. séparation du mur ou paroi postérieure ; 2. séparation de la colonne postérieure ; 3. séparation du mur ou paroi antérieure ;
4. séparation de la colonne antérieure ; 5. fracture transversale pure.
B. Fractures complexes : 6. colonne et paroi postérieures ; 7. transversale et paroi postérieure ; 8. fracture en « T » ; 9. colonne antérieure avec un trait
hémitransversal postérieur ; 10. fracture des deux colonnes.

A B
Figure 4. Fracture de la paroi postérieure, bilan tomodensitométrique.
A. Coupe transversale avec séparation et refend de la paroi postérieure sans impaction ostéochondrale.
B. Reconstruction 3D surfacique exopelvienne.

L’imagerie par résonance magnétique (IRM) est peu utilisée Fractures de la paroi postérieure
en urgence. Elle a son rôle dans la visualisation des contusions
Le mécanisme est une percussion de la paroi postérieure par
osseuses de la tête fémorale lors d’une luxation de la hanche
la tête fémorale. Une luxation est fréquemment associée. Le
associée [15, 16] sans que l’on ait à l’heure actuelle établi la réalité
trait sépare un fragment de paroi postérieure. Le cotyle restant
pronostique que cet examen apporte, en particulier sur le risque de
non séparé présente toujours une impaction ostéochondrale. Des
nécrose secondaire de la tête fémorale. La finesse de résolution est
lésions de passage avec impaction sont à rechercher sur la tête
cependant actuellement moins bonne que la tomodensitométrie
fémorale.
pour décrire les lésions osseuses.
On distingue les fractures simples et les fractures complexes [10]
Fracture séparation de la paroi postérieure (Fig. 4)
(Fig. 3). Les fractures simples comprennent la séparation du mur
ou paroi postérieure, la séparation de la colonne postérieure, la Les fragments peuvent être uniques ou multiples. Le segment
séparation du mur ou paroi antérieure, la séparation de la colonne de paroi lésé est plus ou moins long pouvant aller de la jonc-
antérieure, la fracture transversale pure. Les fractures complexes tion avec le toit jusqu’à la tubérosité ischiatique. Le bourrelet et
sont l’association des traits élémentaires. Ils sont classés en frac- la capsule restent adhérents au fragment. Sur la radiographie de la
ture de la colonne postérieure associée à une séparation de la hanche de face, seule la ligne du bord postérieur acétabulaire est
paroi postérieure, fracture transverse associée à une lésion de la atteinte. Le cliché de trois quarts obturateur montre également
paroi postérieure, fracture en « T », colonne antérieure associée à cette ligne rompue comme unique lésion. Le trois quarts alaire
un trait hémitransversal postérieur plus ou moins comminutif et ne montre aucune modification des repères. Le scanner identi-
enfin fracture des deux colonnes. fie parfaitement la lésion (Fig. 4). Le fragment séparé est associé

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A B
Figure 5. Fracture de la colonne postérieure.
A. Radiographie du bassin de face, la ligne ilio-ischiatique est rompue alors que
la ligne iliopubienne est intacte. Le pourtour obturé est rompu, le bord postérieur
du cotyle est également rompu.
B. Radiographie en trois quarts obturateur qui montre le trait passant par le bord
postérieur du cotyle et le trait sur le pourtour obturé à la jonction entre branche
ischiatique et branche pubienne.
C. Radiographie en trois quarts alaire qui montre le bord coxal postérieur séparé
de la grande incisure ischiatique. On voit parfaitement le bord antérieur du cotyle
qui est intact.

à une impaction ostéochondrale de la surface articulaire posté- la radiographie du bassin de face, la ligne ilio-ischiatique est
rieure non séparée, proche du trait de fracture bien visible en rompue. Cette ligne disparaît le plus souvent car la colonne
tomodensitométrie. postérieure tourne en se déplaçant. La ligne iliopubienne est
La topographie de cette impaction doit être recherchée car sa intacte (Fig. 5A). Le pourtour obturé est rompu, le bord posté-
réduction est l’un des objectifs du traitement chirurgical [17] . Si rieur de l’acétabulum est également rompu de manière nette.
un fragment osseux de petite taille est incarcéré dans la portion Sur la radiographie de face, ligne ilio-ischiatique disparue et
postérieure de l’articulation, il peut s’agir d’une invagination cap- ligne iliopubienne intacte peuvent rendre la fracture inaperçue.
sulaire. L’incidence en trois quarts obturateur sensibilise la vision du
pourtour obturé et montre le trait passant par le bord postérieur
Cas particulier de l’arrachement de l’insertion capsulaire de l’acétabulum (Fig. 5B). Sur le trois quarts alaire, le bord coxal
et du labrum postérieur est séparé de la grande incision ischiatique. On voit
Lors d’une luxation de la hanche, un simple arrachement cap- parfaitement le bord antérieur de l’acétabulum qui est intact
sulaire peut survenir en emportant le rebord cotyloïdien avec le (Fig. 5C). Les coupes transversales tomodensitométriques
labrum. Cette variété est proche de la luxation pure de hanche. recherchent une impaction ostéochondrale associée selon le
Lors de la réduction, ce fragment et le labrum contigu peuvent même principe que les fractures de la paroi postérieure. Les vues
rester incarcérés dans l’articulation, donnant une image de frag- exopelvienne et endopelvienne tridimensionnelles confirment le
ment intra-articulaire. L’analyse tomodensitométrique doit être type lésionnel.
fine en coupe millimétrique pour dépister cette incarcération et
établir la correspondance parfaite entre le fragment de rebord Fractures de la paroi antérieure
cotyloïdien et le pan coupé dont il est détaché. Un fragment Les fractures de la paroi antérieure séparent une partie de la
de paroi postérieure ne doit pas être confondu avec un arra- facette acétabulaire antérieure. Le pourtour obturé est intact. Elles
chement de l’insertion du ligament rond aux dépens de la tête surviennent lors de la chute sur le grand trochanter, le plus
fémorale. souvent par chute de leur hauteur chez des personnes âgées. Elles
sont le corollaire d’une luxation antérieure de la hanche. On peut
Fractures de la colonne postérieure (Fig. 5) considérer ces fractures de paroi antérieure comme une variété
proche des fractures de la colonne antérieure qui sont beaucoup
La fracture de la colonne postérieure est une fracture rare
plus fréquentes.
qui procède du même mécanisme de percussion de la tête
fémorale vers l’arrière. Il s’agit plus souvent de traumatisme
du tableau de bord avec une légère abduction du fémur par
Fractures de la colonne antérieure
rapport au bassin qui ne laisse pas la possibilité à la tête fémo- Ces lésions procèdent d’un mécanisme de percussion vers
rale de « s’échapper » en réalisant une luxation postérieure. Le l’avant de la tête fémorale lors d’une chute latérale, hanche
trait de fracture sépare la colonne en montant au-dessus de en rotation externe. Le trait se situe plus ou moins haut sur
l’acétabulum vers la grande incisure ischiatique. Vers le bas, la colonne antérieure allant du sommet de l’aile iliaque à
elle sépare la branche ilio-ischiatique du pourtour obturé. Sur une zone immédiatement au-dessus de l’acétabulum. La partie

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inférieure du trait se situe dans la branche iliopubienne, elle Fractures de la colonne et de la paroi postérieures
peut séparer le pubis. Sur la radiographie du bassin de face, la
Ces lésions sont fréquemment associées. Le trait de fracture des-
ligne iliopectinée est séparée, le bord antérieur de l’acétabulum
cend jusqu’à la branche ischiopubienne. La partie articulaire de la
est également séparé. On voit sur le pourtour obturé la frac-
colonne postérieure est fragmentée en plusieurs morceaux, il s’agit
ture iliopubienne basse. Le trait peut remonter dans l’aile iliaque
de fractures au pronostic sombre compte tenu des lésions ostéo-
au-dessus de l’épine iliaque antérosupérieure, voire jusqu’au som-
chondrales initiales importantes. L’aspect radiographique allie les
met de la crête iliaque. La radiographie du trois quarts obturateur
caractéristiques de la fracture de la colonne postérieure (bord pos-
précise les lésions du pourtour obturé et de la ligne iliopec-
térieur de l’acétabulum et pourtour obturé) avec un ou plusieurs
tinée. Le trois quarts alaire va parfaitement définir les limites
fragments visibles sur les incidences du bassin de face et en trois
de l’extension supérieure du trait dans l’aile iliaque et le bord
quarts obturateur.
antérieur de l’acétabulum est séparé. Sur les coupes transver-
sales tomodensitométriques on recherche l’incongruence avec un
déplacement de la facette antérieure acétabulaire. Les impactions Fractures transverse et de la paroi postérieure
ostéochondrales sont également recherchées, moins fréquentes (Fig. 6, 7)
que sur la paroi et de la colonne postérieures. Les reconstructions Nous avons déjà évoqué cette association lésionnelle qui est
3D surfaciques donnent la vue globale exopelvienne et endopel- fréquente. Les difficultés réductionnelles de la fracture transverse
vienne de l’os coxal et vérifient le classement selon Letournel [10] . sont compliquées de lésions ostéochondrales sur la paroi posté-
Ces vues peuvent montrer les traits incomplets sur la partie rieure. Les coupes tomodensitométriques montrent parfaitement
haute de l’aile iliaque qui devront d’abord être complétés pour l’association avec la paroi postérieure de cette fracture transverse,
réduire la fracture ou bien une amorce de trait hémitransverse le plus souvent transtectales.
postérieur.
Lorsque la fracture de la colonne antérieure est basse et ne
sépare que la paroi antérieure, elle est souvent associée à une Fractures en « T »
lésion de la branche ischiopubienne pour constituer une lésion La fracture en « T » estconstituée d’un trait transverse et d’une
complète de l’arc antérieur de l’anneau pelvien. Une lésion de séparation de la facette antérieure et de la facette postérieure, un
l’arc postérieur même modeste, en compression sur l’aileron sacré trait obturateur est présent. Sur la radiographie du bassin de face,
est très fréquemment associée. Il s’agit alors d’une fracture en on note une rupture des lignes iliopectinées et ischiatiques, une
compression latérale de l’anneau pelvien, stable, de type B de rupture des bords antérieurs et postérieursde l’acétabulum. Un
Tile [18, 19] . trait est présent sur le pourtour obturateur. Le « U » radiologique
est intact. Le toit de l’acétabulum reste en continuité avec l’aile
Fractures transverses iliaque jusqu’à l’articulation sacro-iliaque. C’est cet élément qui
distingue fondamentalement la fracture en « T » de la fracture des
Comme son nom l’indique, cette fracture traverse l’acétabulum deux colonnes. La transmission des contraintes entre le sacrum et
de l’avant vers l’arrière. Le plan de la fracture est oblique du haut le fémur garde une continuité à travers le toit de l’acétabulum non
en arrière vers le bas en avant. Il peut se situer soit à travers le déplacé. Le trois quarts obturateur sensibilise l’interprétation avec
toit de l’acétabulum (fractures transtectales), soit en-dessous du une ligne iliopectinée et un bord postérieur rompus. Le pourtour
toit de l’acétabulum (fractures infratectales). Cet aspect trans- ou obturé est bien visible et fracturé. Le trois quarts alaire montre
infratectal est à noter, il peut modifier la stratégie chirurgicale de l’intégrité de la partie iliaque de l’os coxal avec une rupture de
l’abord. Le déplacement dans cette fracture comporte un vrillage la ligne ilio-ischiatique et du bord antérieur de l’acétabulum. Les
du bassin sous l’effet des tractions musculaires. La pale inférieure coupes transversales tomodensitométriques montrent la sépara-
de l’os coxal comportant le pourtour obturateur s’écarte de la tion entre la branche iliopubienne et la branche ilio-ischiatique
pale supérieure constituée de l’aile iliaque en éloignant les berges dans la partie basse de l’acétabulum, dans la partie haute on
du trait. Les problèmes réductionnels peropératoires viennent de retrouve cette séparation antérieure et postérieure transtectale.
l’absence de contrôle de ce vrillage. Sur la radiographie du bassin Les vues tridimensionnelles surfaciques exopelvienne et endopel-
de face, les lignes iliopectinée et ilio-ischiatiques sont fractu- vienne décrivent parfaitement cette lésion en « T » et simplifient
rées, ainsi que le bord antérieur et le bord postérieur. On peut son analyse. Le trait vertical passe le plus souvent en haut dans
vérifier, même sur une radiographie de mauvaise qualité que le l’échancrure acétabulaire et en bas à la jonction entre branche
pourtour obturé et le U radiologique sont intacts. Sur la radio- ischiatique et branche pubienne du pourtour obturé. Il existe aussi
graphie en trois quarts obturateur on confirme la rupture de la une variété où le trait vertical est très postérieur dans la branche
ligne iliopectinée et du bord postérieur de l’acétabulum. Le pour- ischiatique uniquement.
tour obturé est intact. Sur la radiographie en trois quarts alaire,
le bord coxal postérieur est fracturé ainsi que le bord antérieur
Fractures de la colonne antérieure avec trait
de l’acétabulum. L’aile iliaque est intacte. Les coupes transver-
sales tomodensitométriques montrent la progression du trait de hémitransverse postérieur (Fig. 8)
l’arrière vers l’avant au fur et à mesure des coupes descendantes. Cette fracture complexe n’est pas rare. Elle associe un trait
On recherche dans ces coupes, une association lésionnelle avec la séparant la colonne antérieure le plus souvent basse restant sous
paroi postérieure ou la paroi antérieure. Il existe parfois également l’épine iliaque antérosupérieure et un trait hémitransverse posté-
un certain degré de comminution dans les fractures infratectales rieur. Sur la radiographie du bassin de face, les lignes iliopectinées,
dans la zone moyenne du trait. On recherche également sur les ilio-ischiatiques ainsi que les bords antérieurs et postérieurs de
coupes transversales du sacrum, une lésion de l’arc postérieur pel- l’acétabulum sont rompus. Le « U » radiologique est rompu, seul
vien qui ferait intégrer cette fracture transverse dans une lésion de le toit de l’acétabulum est intact, restant en continuité avec la
l’anneau pelvien. Enfin, le déplacement en protrusion de la tête partie iliaque de l’os coxal jusqu’à l’articulation sacro-iliaque. Le
fémorale peut être apprécié sur la radiographie initiale du bas- cliché en trois quarts obturateur montre la partie basse de la frac-
sin de face. Cet élément peut rentrer en ligne de compte dans la ture de colonne antérieure, on voit parfaitement la séparation du
décision de la voie d’abord. En effet, une tête très protruse peut bord postérieur de l’acétabulum. Sur le cliché en trois quarts alaire,
être gérée par une voie antérieure, ce d’autant plus qu’il n’y a le bord antérieur de l’acétabulum est séparé et le bord coxal pos-
pas de comminution postérieure. À l’inverse, une fracture peu térieur est intact. On peut examiner l’extension vers le haut du
déplacée avec comminution postérieure incite à proposer une voie trait de fracture de la colonne antérieure qui reste le plus souvent
d’abord postérieure. Les reconstructions 3D surfaciques donnent en dessous de l’épine iliaque antérosupérieure. Les clichés tomo-
la vue globale exopelvienne et endopelvienne de l’os coxal et densitométriques en reconstruction sagittale montrent l’élément
orientent vers des comminutions antérieures ou postérieures antérieur et postérieur, ils recherchent des impactions sur le
associées. trait hémitransverse postérieur. Les vues tridimensionnelles sur-
Ces vues 3D montrent parfaitement la topographie transtectale faciques exo- et endopelviennes décrivent parfaitement la lésion
ou infratectale dans la partie postérieure du trait de fracture. en l’intégrant dans la classification de Letournel.

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Fractures de l’acétabulum  14-073-A-10

A B
Figure 6. Fracture transverse et de la paroi postérieure. Bilan radiographique.
A. Radiographie du bassin de face. Du côté droit, la fracture transverse est attes-
tée par l’atteinte des deux lignes iliopectinée et ischiopubienne sans atteinte du
pourtour obturé et du « U » radiologique. Les bords postérieur et antérieur de
l’acétabulum sont rompus. On voit bien un gros fragment de paroi postérieure
qui est détaché et soulevé. Noter du côté gauche, la fracture des branches ilio-
ischio-pubiennes au ras du pubis avec une ouverture sacro-iliaque postérieure
nette qui signe une lésion de l’anneau pelvien associée.
B. Radiographie en trois quarts obturateur qui montre la rupture de la ligne ilio-
pectinée, le volumineux fragment de paroi postérieur, et le pourtour obturé intact.
C. Radiographie en trois quarts alaire qui montre le bord coxal postérieur rompu
peu déplacé. Le bord antérieur de l’acétabulum est peu visible. On voit parfai-
tement l’incongruence polaire supérieure avec le fragment de paroi postérieure
déplacée.

Fractures des deux colonnes (Fig. 9, 10) médialisée, un aspect en contact des surfaces articulaires. Enfin,
les vues 3D surfaciques (Fig. 10D, E) exopelvienne et endo-
Cette fracture pourrait être qualifiée de fracture comminutive
pelvienne permettent de reconnaître rapidement cette fracture
compte tenu de l’éclatement de toutes les structures de soutien
complexe.
de l’acétabulum. Sur la radiographie du bassin de face (Fig. 9A),
les lignes iliopectinées et ilio-ischiatiques ainsi que les bords
antérieurs et postérieurs de l’acétabulum sont rompus. Le « U » Fractures inclassables
radiologique est également rompu, témoin de la dissociation entre Il existe d’authentiques fractures inclassables avec des compo-
les deux branches inférieures des colonnes. Le pourtour obturé est santes obliques dans les traits de fracture. Il ne faut pas confondre
rompu. L’élément-clé du diagnostic sur cette radiographie est la les traits de fracture incomplets tels que séparation de la colonne
séparation du toit, qui n’est plus en continuité avec l’os coxal antérieure dans sa partie haute avec des fractures inclassables.
jusqu’à l’articulation sacro-iliaque. Le trait de la colonne anté-
rieure est volontiers haut, fracturant la crête iliaque. Le plus sou-
vent, la tête fémorale reste en contact avec le pavé ostéochondral Fractures de la tête fémorale associée
du toit de l’acétabulum. Il existe un certain degré de protrusion
de la tête fémorale qui pénètre dans le bassin, accompagné du toit Les coupes tomodensitométriques bidimensionnelles per-
congruent (Fig. 10A). Dans le cliché oblique en trois quarts obtu- mettent d’évaluer la tête fémorale. Les lésions de tête fémorale
rateur (Fig. 9B), les lignes iliopectinées, le bord postérieur et le étaient associées dans 11 % des cas de luxations de hanche d’après
pourtour obturé sont rompus. Toujours dans l’incidence en trois la table ronde du groupe d’étude des traumatismes (GETRAUM) en
quarts obturateur, la médialisation du toit accompagnée de la tête 2008 [20] . Une fracture de l’acétabulum était associée dans 41,8 %
fémorale est parfois à l’origine du signe de l’éperon constitué par des cas de fracture de la tête. La classification de Chiron [20] a une
la portion de l’aile iliaque restant en continuité avec l’articulation meilleure valeur pronostique que la classification de Pipkin [21]
sacro-iliaque (Fig. 9C). Sur le trois quarts alaire (Fig. 9D), le bord pour décrire ces lésions. L’IRM post-traumatique pourrait être
coxal postérieur et l’aile iliaque sont fracturées. La coupe tomo- un élément intéressant évaluant la contusion osseuse fémorale.
densitométrique en reconstruction parafrontale selon l’axe du Il pourrait servir de pronostic à la survenue d’une ostéonécrose
col fémoral (Fig. 10A) retrouve la congruence entre le toit et la post-traumatique [15, 16] .
tête fémorale, mais il n’y a plus de continuité entre l’articulation
sacro-iliaque et le toit de l’acétabulum. Sur les coupes sagittales Fractures de l’anneau pelvien associé
et transversales (Fig. 10B, C), on recherche un certain degré de
néocongruence, c’est-à-dire de séparation complète des facettes La lecture de la radiographie du bassin de face doit toujours
antérieures et postérieures, créant, malgré leur topographie faire rechercher une lésion associée de l’anneau pelvien. Il n’est

EMC - Appareil locomoteur 7


14-073-A-10  Fractures de l’acétabulum

A B
Figure 7. Fracture transverse et de la paroi postérieure. Bilan tomodensitomé-
trique.
A. Vue 3D surfacique antérieure du bassin montrant la portion antérieure du trait
transversal net.
B. Vue 3D surfacique postérieure de l’os coxal droit où le fragment de paroi pos-
térieure est bien visible. Noter le pourtour obturé intact.
C. Coupe transversale qui montre le fragment postérieur déplacé, un fragment
intermédiaire ostéochondral, et une impaction de l’os resté attenant à l’os coxal.

en effet pas possible de reconstruire l’acétabulum sans avoir un un enclouage rétrograde devrait être proposé lorsque la lésion
arc postérieur intact. L’acétabulum doit être en continuité méca- acétabulaire est à traiter par une voie postérieure. L’enclouage
nique avec le sacrum et l’axe rachidien. Une paroi antérieure isolée antérograde est néanmoins possible si l’incision cutanée iliaque
ou une fracture transverse sont plus particulièrement associées à externe reste limitée au point d’entrée du clou. Si on envisage
une lésion de l’arc pelvien postérieur. Il faut donc veiller à contrô- une voie d’abord élargie avec trochantérotomie, l’enclouage rétro-
ler les articulations sacro-iliaques pour ne pas passer à côté d’une grade est obligatoire.
ouverture de l’interligne articulaire même discrète (Fig. 6A). Ces
lésions donnent des douleurs lombaires basses latéralisées chro-
niques invalidantes. Elles justifient une fermeture par arthrorise à
l’aide d’un vissage iliosacré percutané pour une meilleure cicatri- Diagnostic de l’incongruence
sation ligamentaire antérieure sacro-iliaque. Incongruence locale
Ce sont les coupes tomodensitométriques 2D qui décrivent le
Fracture de diaphyse fémorale associée mieux les impactions ostéochondrales.
La « marche d’escalier » qui en résulte crée une incon-
La lésion diaphysaire fémorale ipsilatérale est fréquente. Elle gruence locale dont le pronostic est l’arthrose à court terme
est fixée précocement prioritairement à l’acétabulum. Idéalement, (Fig. 11) [23, 24] .

8 EMC - Appareil locomoteur


Fractures de l’acétabulum  14-073-A-10

Incongruence globale la médialisation et l’ascension de la tête. Les facettes articulaires


antérieures et postérieures restent au contact de la tête, créant
On peut également analyser dans ces coupes la congruence
une néocongruence. Une consolidation en l’état peut restaurer
globale par centrage de la tête et de l’acétabulum. Dans le plan
une fonction articulaire satisfaisante.
transversal, le centrage antéropostérieur de la tête fémorale se
fait entre les surfaces articulaires semi-lunaires antérieure et
postérieure. Quantification de l’incongruence
Dans le plan frontal, le centrage médiolatéral s’évalue par le Les auteurs américains et suédois utilisent un angle qui décrit
contact de la tête avec la surface portante du toit de l’acétabulum. le toit restant en contact avec la tête fémorale, il s’agit du roof arc
Le signe des ailes de mouette (gull sign) rend compte de cette angle [22, 26–29] . Il s’agit de décrire l’arc de toit restant attaché à l’aile
incongruence médiolatérale où l’impaction médiale ostéochon- iliaque qui permet de transmettre les pressions du squelette axial
drale ne contraint plus la tête sous le toit de l’acétabulum [25] . aux membres inférieurs.
Cet aspect est particulièrement fréquent dans les fractures géria- Cet angle est mesuré à partir d’une droite verticale passant par
triques. le centre de la tête fémorale et une droite passant également par
Cette notion de congruence a été décrite par Rigaud dans une le centre de la tête fémorale, tangente au rebord cotyloïdien res-
thèse en 1961 citée par Letournel [4] . Dans les fractures des deux tant en continuité avec l’aile iliaque jusqu’à la sacro-iliaque. Une
colonnes, un certain degré de congruence peut persister malgré tolérance peut aller jusqu’à 50◦ d’angle restant, ce qui correspond

A B
Figure 8. Fracture la colonne antérieure avec trait hémitransverse postérieur. Vues 3D surfaciques.
A. Vue exopelvienne. La composante antérieure reste en dessous de l’épine iliaque antérosupérieure.
B. Vue endopelvienne. Le trait hémitransverse finit dans la grande incisure ischiatique.

A B
Figure 9. Fracture des deux colonnes. Bilan radiographique.
A. Radiographie du bassin de face. Les lignes iliopectinées et ilio-ischiatiques ainsi que les bords antérieurs et postérieurs sont rompus. Le « U » radiologique
est également rompu. Le pourtour obturé est rompu. L’élément-clé du diagnostic sur cette radiographie est la séparation du toit du cotyle, qui n’est plus en
continuité avec l’os coxal jusqu’à l’articulation sacro-iliaque. Le trait de la colonne antérieure est haut et fracture la crête iliaque.
B. Dans l’incidence de trois quarts obturateur, les lignes iliopectinées, le bord postérieur et le pourtour obturé sont rompus.

EMC - Appareil locomoteur 9


14-073-A-10  Fractures de l’acétabulum

C D
Figure 9. (suite) Fracture des deux colonnes. Bilan radiographique.
C. Signe de l’éperon des fractures des deux colonnes. Lorsque l’incidence en trois quarts obturateur est exagérée, on voit la portion d’aile iliaque restant en
continuité avec l’articulation sacro-iliaque qui se détache par rapport à la médialisation du toit qui est à l’origine du signe de l’éperon (flèche).
D. Dans l’incidence de trois quarts alaire, le bord coxal postérieur et l’aile iliaque sont fracturées.

à un tiers de la surface de la tête fémorale. Un angle de 70◦ est par manœuvres externes ou à foyer ouvert. Le patient doit être
satisfaisant, correspondant à 50 % de la surface de la tête fémo- averti des risques lésionnels peropératoire, en particulier sur le
rale. Un score sur 15 peut être établi pour décrire et comparer les nerf ischiatique.
congruences [28] .
Lésions cutanées
Incidences respectives des différents types Un décollement sous-cutané de Morel-Lavallée peut survenir
lésionnels dans la région trochantérienne. Cette lésion évolue souvent pour
son propre compte et la résorption spontanée est longue. Il est
La répartition des différentes variétés descriptives de Letournel parfois nécessaire de débrider une plaie latérale puis d’attendre
est représentée dans le Tableau 1. Ces pourcentages d’incidences 8 à 10 jours une cicatrisation avant de proposer une chirurgie pour
sur les séries de Letournel [5] , de Matta [25] , de Ochs et al. [8] , de réduction fixation.
Giannoudis et al. [30] , de Peter [31] , de Laird [6] montrent qu’il existe
de grandes variations. Ces variations sont expliquées par les
moyens diagnostiques qui ont évolué depuis les premières séries Instabilité hémodynamique
avec le scanner systématique mais aussi par l’âge moyen des séries
qui est différent. Dans la série du groupe allemand [8] , le pic de À la phase aiguë de la prise en charge, le patient peut présenter
distribution durant la période 1991 à 1993 se situait entre 21 et un saignement abondant avec choc hémorragique. Le saignement
30 ans. Ce pic est situé dans une zone entre 61 et 70 ans durant la est plus important si la fracture touche l’aile iliaque. La prise
période 2005 à 2006. L’énergie du traumatisme est différente [9] . en charge nécessite une équipe multidisciplinaire composée d’un
La localisation des traits de fracture par traumatismes à basse éner- réanimateur, d’un radiologue interventionnel et d’un chirurgien
gie est différente, préférentiellement sur la colonne antérieure par traumatologue [32] .
chute latérale [6, 8, 31] .

 Traitement
Lésions neurologiques associées
Prise en charge initiale
C’est à la phase initiale que le diagnostic des lésions neurolo-
giques associées doit être effectué. Il s’agit le plus souvent d’une Le contexte de traumatisés graves de ces patients fait le plus
contusion du nerf ischiatique lors d’une fracture de la paroi ou de souvent réaliser une prise en charge en deux temps. La stabilisa-
la colonne postérieure plus ou moins associée à une luxation de la tion initiale comporte essentiellement pour l’orthopédiste la mise
hanche. Le diagnostic préopératoire de cette lésion peut être médi- en traction qui réduit les déplacements et maintien une stabilité
colégal. Il peut exister également une lésion du nerf fémoral par un antalgique. Si on souhaite réduire un déplacement, la traction est
hématome compressif sous le fascia iliaca qui crée un syndrome transcondylienne à environ 8 % du poids du corps. S’il s’agit de
de loges ischémiant pour le nerf. Le nerf pudendal peut également stabiliser dans un but antalgique, une traction transtibiale, voire
être lésé lors des lésions de la colonne postérieure dans la région collée de 4 à 5 kg est suffisante.
de l’épine ischiatique. Sa lésion unilatérale n’a pas d’expression Les luxations de hanche constituent à l’évidence des urgences
clinique symptomatique. Le testing musculaire comprend donc qui requièrent une réduction immédiate, le plus souvent sous
le muscle quadriceps, le muscle jambier antérieur, le muscle long anesthésie générale, patient curarisé. Certaines fractures telles que
extenseur du gros orteil, les muscles fibulaires, le muscle triceps, les fractures transverses peuvent comporter une luxation intra-
qui peuvent être côtés sur 5. En cas de lésion du tronc lombo- pelvienne. La traction ne permet pas toujours la réduction car
sacré, une lésion associée du nerf glutéal supérieur peut exister. le fragment iliaque vient accrocher le col fémoral latéralement,
Son pronostic est celui d’une boiterie de Trendelenburg constatée empêchant cette réduction.
à la phase de remise à la marche du patient quelques mois plus Le contexte hémorragique rétropéritonéal peut être important.
tard. Cette boiterie doit être distinguée d’une boiterie séquellaire Seule la contention externe peut être efficace dans la phase préhos-
à une voie d’abord postérieure où le nerf glutéal supérieur aurait pitalière. Le fixateur externe et le clamp ne sont pas efficaces sur
été lésé par l’hémostase de l’artère glutéale. L’examen neurolo- une lésion de l’acétabulum. L’embolisation est un recours efficace
gique doit être répété après chaque geste chirurgical de réduction que nous utilisons rarement dans les fractures de l’acétabulum.

10 EMC - Appareil locomoteur


Fractures de l’acétabulum  14-073-A-10

1
2

A B

C D

Figure 10. Fracture des deux colonnes. Bilan tomodensitométrique.


A. Coupe tomodensitométrique en reconstruction parafrontale selon l’axe du col
fémoral. Il y a une congruence entre le toit et la tête fémorale. Il n’y a plus de conti-
nuité entre l’articulation sacro-iliaque et le toit de l’acétabulum. La tête fémorale
droite présente une protrusion, avec une médialisation du centre de la hanche
(1) à environ 60 % de la distance normale (2).
B. Coupe tomodensitométrique en reconstruction transversale. La congruence
n’est pas satisfaisante entre les facettes antérieure et postérieure.
C. Coupe tomodensitométrique en reconstruction sagittale. La colonne antérieure
n’est pas parfaitement congruente. Il n’y a plus de continuité entre l’articulation
sacro-iliaque et le toit de l’acétabulum.
D. Vue 3D surfacique exopelvienne. On voit la colonne antérieure fragmentée,
la colonne postérieure séparée et l’ensemble sans continuité avec la portion
d’os coxal restée attachée à l’articulation sacro-iliaque. Une certaine forme
globale persiste. La congruence doit être vérifiée sur les coupes bidimension-
nelles (2D).
E. Vue 3D surfacique endopelvienne de trois quarts antérieur peu informative en
l’absence de soustraction du sacrum et de l’hémipelvis sain.

EMC - Appareil locomoteur 11


14-073-A-10  Fractures de l’acétabulum

Tableau 1.
Répartition des fractures selon la classification de Letournel [5] .
Letournel [5] Matta [25] Ochs [8] Giannoudis [30] Peter (> 60 ans) [31] Laird [6]
N 567 255 1266 3670 66 351
Paroi postérieure (%) 22,4 8,6 19,4 23,6 3 23,3
Colonne postérieure (%) 2,3 3,1 7,5 3,5 7 6,7
Paroi antérieure (%) 1,6 1,2 3,9 1,7 0 1,7
Colonne antérieure (%) 3,9 4,7 12,3 3,9 31 14,7
Transverse (%) 3,7 3,5 7,7 8,3 14 8,6
Colonne + paroi postérieure (%) 3,5 3,9 4,5 5,7 2 4,3
Transverse + paroi postérieure (%) 20,6 23,5 8,5 17,4 3 9,2
Fracture en T (%) 5,3 12,2 5,5 9,3 5 11
Colonne antérieure + hémitransverse postérieure (%) 8,8 5,9 10,7 5 8 6,7
Deux colonnes (%) 27,9 33,3 19,3 21,7 12 13,5
Inclassable (%) 0,8 0 53,5

La mobilisation représente l’axe principal du traitement conser-


vateur. Le maintien initial de la traction vise à conserver la
flexion de hanche avec une rotule au zénith. Elle évite de lais-
ser s’installer une flexion avec abduction et rotation externe de
hanche. Une fois le cal constitué et la capsule cicatrisée, il serait
très difficile de récupérer cette attitude vicieuse de Drehmann par
manque de rotation interne passive. Ce traitement est proposé
lorsque les déplacements sont peu importants dans le foyer de
fracture, inférieurs à 2 mm. Certaines fractures très déplacées mais
présentant une néocongruence décrite ci-dessus peuvent béné-
ficier de ce traitement avec de très bons résultats chez un sujet
jeune.
Enfin, la notion de rétentivité de l’articulation est recherchée
par certains pour poser l’indication du traitement conservateur
des fractures de la paroi postérieure [35] . Un cliché dynamique de la
hanche est réalisé sous anesthésie générale, sous contrôle scopique
pour vérifier la stabilité. Le recul des 18 patients ainsi traités était
de 2 ans et ne permet pas de recommander cette technique diag-
nostique.

Traitement palliatif
Figure 11. Incongruence locale dans une coupe tomodensitométrique
2D sagittale avec marche d’escalier évoluée vers l’arthrose précoce. Un traitement conservateur de type palliatif peut être pro-
posé pour les sujets fragiles qui ne supporteraient pas soit une
intervention de réduction et ostéosynthèse à foyer ouvert, soit
La compensation volumique par transfusion est le plus souvent une arthroplastie. Il s’agit le plus souvent de grands vieillards qui
suffisante. Une fois le patient stabilisé sur le plan hémodynamique ont décompensé des fonctions vitales de type ASA III. Le patient
il peut bénéficier d’un scanner avec injection qui permet de véri- est mobilisé et mis au fauteuil lorsque les phénomènes doulou-
fier l’absence de saignement actif. reux ont diminué. Cette attitude initiale peut permettre d’obtenir
Aucune chirurgie ouverte ne doit être tentée avant d’avoir une consolidation. Si le patient s’améliorait et les déficits étaient
passé la phase de réaction inflammatoire systémique de 4 jours. compensés, il serait toujours possible de proposer secondairement
L’hémostase habituellement obtenue après ces 4 jours peut faci- une arthroplastie pour autoriser une reprise fonctionnelle adaptée
liter grandement un geste chirurgical ouvert. Cependant après au sujet.
21 jours, l’organisation du cal hématique en cal fibreux rend plus
difficile la réduction des fragments. C’est donc entre le 5e et le
21e jour qu’idéalement une fracture de l’acétabulum doit être opé- Réduction et fixation chirurgicale
rée.
Le but du traitement chirurgical est de réduire les déplacements
des fragments principaux et des impactions ostéochondrales puis
Traitement conservateur de les fixer durablement jusqu’à consolidation. Il doit permettre la
reprise immédiate de la mobilité afin d’entretenir la musculature
Traitement conservateur actif et les amplitudes articulaires pendant la cicatrisation capsulaire.
Le traitement conservateur consiste en une traction- Le matériel d’ostéosynthèse est multiple, utilisant le plus souvent
mobilisation initiale du patient [33, 34] . La traction est placée des plaques moulées avec un vissage 3,5 mm. Un matériel spéci-
soit de manière collée ne dépassant pas 5 kg, soit à l’aide d’une fique de réduction est nécessaire ainsi que des outils de forage
broche transtibiale. Le genou doit être mobilisé et la traction longs et souples. Enfin, il est fréquent de mettre en place des
transcondylienne initiale doit être modifiée pour une traction vis de longueur dépassant 50 mm, il faut donc disposer d’un set
transtibiale. Après une phase initiale de 3 semaines, l’ablation de adéquat d’instruments ancillaires et de matériel d’ostéosynthèse.
la traction en maintenant la mobilisation sans appui peut être Des substituts osseux peuvent être nécessaires pour combler les
proposée. Après 2 mois, une mise en charge progressive peut être pertes de substances spongieuses après réduction des impac-
réalisée. tions ostéochondrales (cf. Fig. 12). Un matériel de radioscopie

12 EMC - Appareil locomoteur


Fractures de l’acétabulum  14-073-A-10

Un vissage antéropostérieur fermant le foyer transverse est


réalisable sous contrôle intra-articulaire, les calcifications au pour-
tour du médaillon trochantérien sont possibles. La puissance des
muscles digastrique, moyen fessier et vaste externe est conservée.
La technique scrupuleuse évite la lésion de l’artère circonflexe
postérieure.

Voies d’abord antérieures


Voie ilio-inguinale
Cette voie d’abord réalisée en décubitus dorsal permet d’aborder
l’ensemble de la face endopelvienne de l’os coxal, de l’articulation
sacro-iliaque à la symphyse pubienne. Elle ne permet pas un
abord direct de l’articulation. Elle est particulièrement indiquée
dans les lésions de la colonne et de la paroi antérieure [38] . Cer-
taines fractures transverses sans comminution postérieure, avec
un déplacement intrapelvien prédominant, sont accessibles à
cette voie d’abord.
Il faut alors préalablement ouvrir le foyer de fracture pour
désimpacter les fragments ostéochondraux qui ont été identi-
fiés auparavant sur le scanner en coupe fine. Une extension est
Figure 12. Utilisation des substituts osseux dans la fixation d’une frac- possible dans la fosse iliaque externe en désinsérant le muscle
ture de la paroi postérieure. La perte de substance spongieuse, après tenseur du fascia lata sur un médaillon osseux. Ce geste peut
réduction d’une impaction ostéochondrale, est comblée par des cubes être utile dans certaines fractures de la colonne antérieure à
de phosphate tricalcique (5 mm × 5 mm × 5 mm). extension latérale. Cette voie d’abord, si elle est bien contrôlée pré-
sente peu de complications postopératoires avec une cicatrisation
satisfaisante. Il peut toutefois survenir des hernies inguinales sur
peropératoire performant peut être utile pour vérifier l’absence la voie d’abord et une lésion du nerf cutané latéral de la cuisse.
de vis intra-articulaires. Ces éléments techniques sont décrits Durant l’opération, le contrôle vasculaire est essentiel, certaines
dans le chapitre des techniques chirurgicales orthopédiques fractures peuvent déchirer la veine iliaque externe qui se trouve
de l’EMC [36] . incluse dans le foyer de fracture. Un environnement de spécia-
Le choix de la voie d’abord est déterminant dans la stratégie listes de chirurgie vasculaire peut être nécessaire au début de
chirurgicale. Nous évoquons ici sans les développer les différentes l’expérience.
possibilités et leurs indications selon les variétés anatomopatho-
logiques des fractures. Voie de Stoppa-Cole
Il s’agit d’une voie d’abord de la paroi abdominale qui a été
remise au goût du jour par Cole et Bolhofner dans son indica-
Voies d’abord postérieures tion ostéoligamentaire [39] . Elle permet un abord de la colonne
Voie de Kocher-Langenbeck antérieure pré- et sous-péritonéale limitée à la région péricoty-
Il s’agit d’une voie d’abord qui aborde l’acétabulum par l’arrière loïdienne. Elle peut être utile pour mettre en place une plaque
en désinsérant les muscles pelvitrochantériens. Le patient est console qui maintient et réduit une paroi antérieure ou une
installé en décubitus ventral sur table orthopédique ou bien en colonne antérieure basse. Il s’agit d’un geste peu invasif particu-
décubitus latéral. Le muscle obturateur interne est récliné vers lièrement indiqué chez les personnes âgées.
l’opérateur en arrière et protège le nerf ischiatique. L’exposition
de l’acétabulum se fait de la partie postérieure de l’aile iliaque
jusqu’au sommet de la tubérosité ischiatique. Un contrôle digital
Voie iliofémorale
est possible sur la face endopelvienne de l’os coxal. De manière iso- Il s’agit d’une voie abordant la face exopelvienne de l’os coxal
lée, cette voie d’abord permet de contrôler les fractures de la paroi correspondant à la portion haute de la voie de Smith Petersen. Elle
postérieure, de la colonne postérieure, des fractures transverses. expose la région péricotyloïdienne en désinsérant le muscle ten-
Une plaque est mise en place sur la colonne postérieure avec une seur du fascia lata et l’éventail fessier [40] . Elle peut être associée à
vis longue tirée dans la tubérosité ischiatique (Fig. 12). Les rap- une ouverture capsulaire sans luxation. Elle expose la partie haute
ports dangereux sont la grande incisure ischiatique, d’où émerge de la colonne antérieure et elle peut être indiquée dans certaines
l’artère glutéale et surtout le nerf glutéal supérieur, responsable, s’il fractures de cette colonne. Elle est surtout utilisée dans sa forme
était lésé, d’une boiterie de Trendelenburg postopératoire. Le nerf étendue.
ischiatique est exposé à des contusions et à des étirements. Il est
protégé par le muscle obturateur interne qui le recouvre lorsqu’il
est récliné et par la flexion du genou qui détend le tronc ner- Voies d’abord doubles
veux. Enfin, cette voie d’abord peut procurer des calcifications Voie d’abord simultanée
postopératoires. Une voie de Kocher-Langenbeck peut être associée à une voie
ilio-inguinale [41] . La combinaison simultanée des deux voies
Voie postérieure avec luxation chirurgicale d’abord permet le contrôle optimal des fragments. La réduction
et trochantérotomie digastrique est également facilitée. Cette voie d’abord est utilisée lorsque
Il s’agit d’une voie d’abord de l’acétabulum par une incision l’on anticipe une réduction difficile, soit du fait du délai post-
de Kocher-Langenbeck sans désinsérer les muscles pelvitrochan- traumatique proche de 21 jours, soit du fait de la fracture
tériens. La réalisation d’un médaillon trochantérien donne un elle-même telle que les fractures transverses comminutives, les
accès antérolatéral au col et au cotyle [37] . La luxation chirurgi- fractures en « T », les fractures de la colonne antérieure avec trait
cale permet d’explorer l’ensemble de la cavité cotyloïdienne, cette hémitransversal postérieur. L’installation se fait en décubitus laté-
voie d’abord convient parfaitement aux réductions difficiles des ral. À l’instar de l’école toulousaine, on peut proposer un appui
fractures transverses. Cependant, seules les fractures transtectales moulé permettant par une manœuvre de roulis vers l’avant ou vers
sont accessibles par cette voie d’abord. Les fractures transverses l’arrière d’exposer préférentiellement la voie ilio-inguinale ou la
infratectales nécessitent une extension vers l’arrière qui met en voie de Kocher-Langenbeck. Cette installation peut permettre une
tension le nerf ischiatique. La plaque est posée au-dessus de instrumentation par des vis de type antéropostérieur sous contrôle
l’acétabulum. scopique facilité.

EMC - Appareil locomoteur 13


14-073-A-10  Fractures de l’acétabulum

A B

C D
Figure 13. Exemple de double voie d’abord successive.
A. Fracture des deux colonnes gauches chez un homme de 54 ans (cliché droit au lit).
B. Contrôle radiographique (droit au lit) après le premier temps antérieur par voie ilio-inguinale. La plaque fixe la reconstruction du détroit supérieur pelvien.
La symphyse pubienne a été pontée pour plus de stabilité de la branche pubienne. Aucune vis ne fixe les fragments postérieurs. La colonne antérieure est
réduite et fixée avec des vis isolées. Noter l’ouverture sacro-iliaque par la plaque qui prend appui sur l’aile iliaque.
C. Contrôle radiographique de face après le deuxième temps postérieur par voie de Kocher-Langenbeck, 1 semaine plus tard. Noter la vis iliosacrée mise en
place préalablement dans le même temps opératoire.
D. Contrôle radiographique en incidence de trois quarts obturateur.

Voie d’abord double successive (Fig. 13) Voies d’abord élargies


La stratégie chirurgicale peut proposer des voies d’abord succes- Nous avons regroupé dans ce chapitre les voies d’abord exten-
sives. Un premier temps antérieur ilio-inguinal peut reconstruire sives qui comportent le plus souvent une désinsertion musculaire
l’architecture globale de l’anneau pelvien en réduisant et en importante. Ces voies d’abord ne sont réservées qu’à des sujets
plaçant une plaque le long du détroit supérieur (Fig. 13). Secondai- jeunes sans comorbidités.
rement, une atteinte de la paroi de la colonne postérieure peut être
traitée par une voie de Kocher-Langenbeck. Il faut veiller alors à ne
pas fixer les fragments de colonne postérieure en position vicieuse Voie iliofémorale élargie (Fig. 14)
lors du premier temps. Le vissage de la plaque est donc maintenu Cette voie d’abord poursuit la voie iliofémorale décrite ci-dessus
à distance de l’acétabulum. Le traitement successif peut être fait en désinsérant l’insertion distale du muscle moyen fessier [40] . Une
lors de la même anesthésie générale chez un sujet qui est en bon ostéotomie du grand trochanter est le plus souvent réalisée per-
état général et qui n’a pas subi un saignement trop important. On mettant de relever vers l’arrière l’ensemble du muscle moyen
peut préférer cette stratégie en deux temps successifs pour béné- fessier. On expose ainsi la partie supérieure de l’acétabulum ainsi
ficier alors d’une meilleure exposition pour chaque voie d’abord que la colonne postérieure. Le lambeau du moyen fessier pivote
que lors de la double voie simultanée. S’il s’agit d’un sujet fragile, autour du pédicule constitué de l’artère glutéale et du nerf glu-
ces deux temps peuvent être espacés de 8 à 10 jours permettant téal supérieur. Cette voie d’abord majeure permet l’exposition de
une récupération biologique du patient avant le deuxième temps quasiment la totalité de la face exopelvienne de l’os coxal, c’est
chirurgical. la voie d’abord des cas difficiles : fractures des deux colonnes,

14 EMC - Appareil locomoteur


Fractures de l’acétabulum  14-073-A-10

A B
Figure 14. Exemple de voie iliofémorale élargie.
A. Fractures des deux colonnes droites chez un skieur alpiniste de 27 ans.
B. Contrôle radiographique en incidence de face après réduction-fixation par
voie ilio-inguinale. La colonne antérieure a été fixée par des vis isolées longues.
La trochantérotomie a permis de relever le muscle moyen fessier de l’avant vers
l’arrière pour exposer la colonne postérieure, réduire et mettre une plaque. Le
muscle vaste externe est laissé inséré sur la base du grand trochanter.
C. Contrôle radiographique en incidence de trois quarts obturateur montrant la
congruence articulaire.

fractures en « T », fractures de la colonne antérieure avec trait lésion est d’éviter au maximum l’usage d’un écarteur de Hohman
hémitransversal postérieur. On peut ouvrir la capsule pour contrô- dans la petite incisure ischiatique et surtout de détendre le nerf
ler la réduction intra-articulaire [42] . La stabilité et la mobilisation en fléchissant le genou. Une atteinte plus pernicieuse est celle du
postopératoire sont parfois délicates. Cette voie n’est réservée nerf glutéal supérieur qui passe inaperçue initialement et n’est
qu’aux sujets jeunes et physiologiquement sans tare. découverte qu’au stade de remise à la marche secondairement en
rééducation. L’usage de coagulation monopolaire, dans la zone
Autres voies d’abord élargies
de la grande incisure ischiatique où émerge l’artère glutéale, doit
Nous regroupons ici la voie triradiaire de Dana Mears et la voie être proscrite. Le nerf chemine intriqué entre deux branches de
d’Ollier modifiée par Sénégas. Ces deux voies d’abord permettent division de l’artère glutéale. Toute coagulation à ce niveau peut
une bonne exposition de la colonne postérieure mais sont limitées définitivement paralyser le muscle moyen fessier et le muscle
dans leur extension antérieure. Elles comportent une désinsertion tenseur du fascia lata. Une autre atteinte fonctionnelle peut être
du muscle moyen fessier avec mise en tension du nerf glutéal supé- celle du nerf cutané latéral de cuisse lors de la voie d’abord iliofé-
rieur [36] . On reproche à ces voies d’abord des suites marquées par morale ou ilio-inguinale.
la parésie du muscle moyen fessier. Des hématomes surinfectés peuvent survenir lors des décolle-
ments de la voie d’abord. L’asepsie peropératoire et l’antibiopro-
Complications des abords directs phylaxie ont fait chuter l’incidence de ses complications.
Les complications principales sont de type douloureux, actuel- Les ossifications hétérotopiques postopératoires ont été bien
lement maîtrisées par les soins antalgiques postopératoires décrites par Brooker [43] . Letournel [5] a constaté 60 % de calcifi-
comprenant éventuellement une analgésie péridurale. cations lors des voies iliofémorales étendues, 27 % lors des voies
Des lésions nerveuses surviennent le plus souvent lors des voies de Kocher-Langenbeck et 5 % lors des voies ilio-inguinales. De
d’abords postérieures sur le nerf ischiatique. La prévention de cette nos jours, l’incidence de ces complications a chuté du fait de

EMC - Appareil locomoteur 15


14-073-A-10  Fractures de l’acétabulum

la généralisation de l’utilisation des anti-inflammatoires en post- issue de la tête fémorale réséquée. Un anneau de soutien est
opératoire. Le lavage peropératoire abondant semble diminuer parfois nécessaire. L’implant fémoral ne présente aucune particu-
également l’incidence de ces complications. Les traitements par larité. De la même manière que pour une arthroplastie d’emblée,
radiothérapie postopératoire, ne sont plus proposés de manière le couple de frottement céramique/céramique est réservé aux
systématique. patients jeunes et l’arthroplastie avec implant cotyloïdien à
double mobilité est proposée préférentiellement aux patients
Fixation percutanée présentant des risques importants de luxation postopératoire,
telle l’amyotrophie. Sermon et al. ont montré que les prothèses
La fixation percutanée des fractures de l’acétabulum est
secondaires après consolidation présentaient un taux de reprise
proposée pour des fractures peu déplacées chez des sujets
à moyen et long termes de 22 % contre 8 % lorsque la pro-
qui ne pourraient supporter une réduction fixation à foyer
thèse est mise d’emblée [56] . Nous distinguons ces cas de prothèses
ouvert. Il s’agit d’un traitement palliatif qui ne comporte pour
secondaires à moyen terme de ceux de prothèse sur coxarthrose
l’instant qu’une réduction approximative. Le but de cette chi-
post-traumatique à long terme qui sont pour nous une variante à
rurgie est la mobilisation précoce, sans douleur, avec mise
des arthroplasties primaires de hanche [58] .
au fauteuil pour éviter les complications de décubitus et
un séjour hospitalier prolongé [44, 45] . Les premières tentatives
ont été effectuées sous tomodensitométrie [44] . Actuellement la
navigation 3D [45] et surtout 2D [46, 47] est en développement  Pronostic
prometteur.
Une disjonction sacro-iliaque ou une fracture de l’aileron sacré Résultats globaux
associée à une fracture transverse ou de la colonne antérieure,
En 1981, Letournel rapportait que 88 % de ses patients pris
réalisant une lésion de l’anneau pelvien, est prise en charge par
en charge chirurgicalement présentaient des bons et très bons
fixation iliosacrée percutanée [48] .
résultats [4] . En 1986, Matta rapporte 80 % de bons et très bons
résultats pour 13 traitements orthopédiques et 88 traitements chi-
Arthroplastie rurgicaux [59] . Il rappelle en 1988 que la courbe d’apprentissage
de ses ostéosynthèses est importante et que son expérience per-
Elle trouve de nos jours une place dans l’arsenal thérapeutique sonnelle ne lui enseignait que les réductions parfaites n’étaient
des fractures de l’acétabulum. L’évolution technologique a permis présentes que dans plus de 60 % des cas que lorsqu’il avait atteint
en effet d’augmenter la durée de vie de ses implants soit dans leur sont 50e patient opéré [25] . Mayo et al. en 1994 et Mears en 2003
scellement, soit dans leur usure, et de les proposer à des sujets rapportent respectivement 75 % et 72 % de bons et très bons
dont l’avenir fonctionnel dépasse 10 ans. résultats sur respectivement 163 et 424 fractures opérées [60, 61] . De
même, De Ridder et al. en 1994, rapportaient 76 % de bons et très
Arthroplastie d’emblée (Fig. 15) bons résultats sur une série de 24 traitements orthopédiques et
Il s’agit de l’association d’un moyen d’ostéosynthèse et d’un 51 traitements chirurgicaux [62] . Giannoudis et al. dans leur méta-
remplacement d’emblée des surfaces de glissement [49–56] . Le plus analyse trouvent, sur 16 études (1 610 patients) qui donnaient le
souvent les implants sont mis par voie postérieure mais une voie résultat fonctionnel, 79,4 % d’excellents et bon résultats selon le
antérieure de type Smith Petersen peut faire réaliser la mise en score de Postel Merle d’Aubigné et 73,2 % d’excellents et bons
place d’un implant [57] . La première étape chirurgicale de cette résultats selon le Harris Hip Score [30] . Sur 1 517 patients, issus de
intervention est de réaliser une ostéosynthèse solide dans laquelle 16 séries, le taux de révision pour prothèse sur arthrose était de
vient s’ancrer l’implant cotyloïdien (Fig. 15). Cette ostéosynthèse 8,5 %. L’étude récente de Briffa et al. portant sur une série continue
peut être réalisée par une plaque sur la colonne postérieure, par de 161 patients revus à 11 ans rapporte 72 % de bons et excellents
une plaque intracotyloïdienne ou par un câblage en « 8 » [53] . Une résultats [63] .
fois les fragments d’os coxal solidarisés un anneau de soutien est Letournel considérait en 1993 que 10 % de ces cas allaient
mis en place dans l’acétabulum [52] , tel un anneau de Ganz ou évoluer vers une arthrose nécessitant la mise en place d’une
une croix de Kerboull. Le crochet obturateur sécurise avantageu- prothèse totale de hanche dans une période post-traumatique
sement le montage. Après avoir enlevé le cartilage, l’os spongieux comprise entre 10 et 25 ans [5] . Sur 1 517 patients, issus de
de la tête fémorale est mis sous l’anneau de soutien. Il comble des 16 séries, Giannoudis et al. dénombrent un taux de révision
interstices entre les fragments d’acétabulum. L’implant cotyloï- pour prothèse sur arthrose de 8,5 % [30] . Ce critère évolu-
dien est ensuite scellé dans cet anneau de soutien. Le temps tif est l’indicateur principal de réussite des interventions de
fémoral ne présente aucune particularité. Le choix des couples de réduction-fixation des fractures de l’acétabulum. Plusieurs fac-
frottement et de l’implant cotyloïdien est variable. Chez un sujet teurs influencent cette évolution vers l’arthrose plus ou moins
jeune à l’avenir fonctionnel important, un couple de frottement rapide.
céramique/céramique peut être intéressant. Chez un sujet plus
mûr où la musculature pourrait faire défaut, un implant de type Écart interfragmentaire et impaction
double mobilité a notre faveur. La mise en place d’emblée d’une
La notion de qualité de réduction est définie par Matta comme
prothèse totale est une intervention délicate dont la durée opé-
anatomique si le déplacement résiduel des fragments est entre 0 et
ratoire est allongée par rapport à une prothèse classique. Un des
1 mm, imparfaite entre 2 et 3 mm et mauvaise au-delà de 3 mm
risques lors de l’implantation est la latéralisation de l’acétabulum
de persistance d’écart [64] . Kreder et al. en 2006 trouvent 2,5 % de
du fait de l’anneau de soutien et de l’ostéosynthèse. Les indica-
prothèse totale à 2,9 ans dans leur série [65] . Ils retrouvent l’écart
tions de prothèse totale d’emblée retrouvées dans la littérature
interfragmentaire supérieur à 2 mm comme étant prédictif d’un
sont l’existence d’une arthrose préexistante, d’une fracture de
échec avec arthrose précoce. Bhandari et al. en 2007, à propos
la tête fémorale, d’une fracture du col fémoral homolatéral,
de 109 fractures-luxations postérieures, ont constaté qu’en cas de
d’une impaction ostéochondrale de la tête et de l’acétabulum,
réduction non anatomique, 100 % des patients présentaient une
d’une abrasion de toute l’épaisseur du cartilage, d’une ostéopo-
arthrose à 8 ans avec nécessité de mise en place d’une prothèse
rose [50–52, 56] .
totale de hanche. Alors que lorsque la réduction était anatomique,
seulement 25 % des patients présentaient une arthrose à 12 ans [66] .
Arthroplastie secondaire L’impaction ostéochondrale et l’écart interfragmentaire supérieur
Une arthroplastie secondaire peut être proposée après un trai- à 2 mm sont aussi pour lui des facteurs prédictifs. Øvre et al., en
tement conservateur palliatif chez un sujet qui a recouvré un 2008, ont évalué la qualité de vie fonctionnelle de 60 traitements
état physiologique permettant de subir une intervention [56] . orthopédiques et 107 traitements chirurgicaux [28] . Les patients
L’arthroplastie secondaire peut être favorisée par le fait que qui avaient évolué vers une prothèse de hanche ont été élimi-
l’acétabulum est consolidé. Aucune synthèse n’est alors néces- nés. Pour ce qui concernait les traitements chirurgicaux, 30 cas
saire. Les defects osseux sont comblés par la greffe spongieuse étaient considérés comme imparfaits, c’est-à-dire présentant une

16 EMC - Appareil locomoteur


Fractures de l’acétabulum  14-073-A-10

A B

C D
Figure 15. Exemple de reconstruction par prothèse d’emblée.
A. Luxation de la hanche gauche avec fracture de la paroi postérieure chez un
motard de 66 ans. Lésion initiale du nerf sciatique.
B. Vue postérieure tomodensitométrique 3D surfacique montrant la fragmenta-
tion de la paroi postérieure.
C. Coupe tomodensitométrique 2D montrant l’impaction antérieure de la tête
fémorale après réduction.
D. Aspect peropératoire de la tête fémorale avec le tassement antérieur et
l’abrasion de cartilage.
E. Contrôle radiographique après réduction ostéosynthèse par plaque posté-
rieure ; greffe du foyer de fracture par os spongieux prélevé sur la tête réséquée ;
mise en place d’un anneau de soutien de Ganz avec crochet obturateur ; implanta-
tion d’un cotyle double mobilité cimenté et d’une tige anatomique non cimentée.
L’appui complet a été donné dans la période postopératoire immédiate. À 3 mois
la vie domestique et de loisir était restaurée à 100 %, sans boiterie, ainsi que la
conduite de la moto.

marche d’escalier au toit de l’acétabulum. C’est la localisation de retrouvé par Briffa et al. avec 79 % de bons et excellents résultats
la marche d’escalier, c’est-à-dire la valeur du roof arc angle, qui était lorsque la réduction est anatomique contre seulement 39 % de
corrélée au score fonctionnel de Harris modifié. Par ailleurs, une bons et excellents résultats lorsque la réduction est médiocre [63] .
étude cadavérique a montré que la zone portante critique était Enfin, Rommens et al. ont montré que les traumatismes cartilagi-
atteinte pour une valeur angulaire de l’arc médial de toit (roof arc neux avec impaction de l’os sous-chondral et/ou fragments osseux
angle) de 46◦ , d’arc antérieur de 52◦ et d’arc postérieur de 62◦ [29] . intra-articulaires avaient significativement un moins bon résultat
Dans l’étude de Øvre et al. pour les traitements orthopédiques, à moyen terme [24] . La littérature s’accorde donc pour dire que l’on
c’est l’écart interfragmentaire, autrement dit l’incongruence, qui peut compter sur 80 % de bons et très bons résultats lors d’une
était un facteur corrélé à la qualité de vie [28] . Ce résultat est prise en charge par des mains expérimentées.

EMC - Appareil locomoteur 17


14-073-A-10  Fractures de l’acétabulum

Tableau 2. Série de la Société française de chirurgie


Résultats fonctionnels bons et excellents selon le type lésionnel dans la
classification de Letournel [5] . orthopédique et traumatologique (SOFCOT)
Matta [25] Giannoudis [30] Briffa [63] La table ronde du congrès de la SOFCOT 2009 [23] a rassem-
N 262 916 161 blé 10 centres hétérogènes représentatifs de l’activité chirurgicale
sur le territoire français, c’est-à-dire comportant des centres spé-
Paroi postérieure (%) 68 82,4 69,5 cialisés pour l’ostéosynthèse des fractures de l’acétabulum mais
Colonne postérieure (%) 62,5 63 28,6 aussi des centres non spécialisés dans cette chirurgie. Cent vingt
dossiers ont été rassemblés. Nous avons conservés 83 dossiers
Paroi antérieure (%) 66 56,2
dont le recul était supérieur à 1 an, compris entre 12 et 36 mois.
Colonne antérieure (%) 83,3 89,2 87,5 Les 37 dossiers manquants on été perdus de vue en moyenne à
6 mois, la plupart sur une évolution favorable. Sur ces 83 dossiers,
Transverse (%) 88,9 86,3 100
le facteur d’échec principal retenu était la pose d’une prothèse
Colonne + paroi 90 83 72 totale de hanche. Nous avons recherché les facteurs prédictifs
postérieure (%) de la mise en place d’une prothèse totale de hanche. Vingt
Transverse + paroi 70 71,3 50 deux ont été mises en place. Si l’on en élimine deux mises en
postérieure (%) place d’emblée, 90 % des prothèses totales de hanche ont été
mises en place dans les 12 premiers mois. Les facteurs prédic-
Fracture en T (%) 77 71,1 50 tifs significativement associés à la pose d’une prothèse secondaire
Colonne anté- 86,6 72,1 100 étaient :
rieure + hémitransverse • le score de gravité du traumatisme (ISS) supérieur à 16 ;
postérieure (%) • la protrusion de la tête fémorale par médialisation au-dessus de
Deux colonnes (%) 77 71,4 77
15 % ;
• la présence d’un corps étranger intra-articulaire ;
• l’impaction du toit de l’acétabulum ou de la surface cartilagi-
neuse de la paroi postérieure ;
Type lésionnel (Tableau 2) • l’incongruence frontale au toit de l’acétabulum ou trans-
versale entre les facettes acétabulaires antérieure et post-
L’influence du type de la lésion est déterminante. Il y a un lien érieure.
entre le type lésionnel et les difficultés de réduction [64] . Letour- Dans cette étude, aucun type lésionnel particulier n’a pu être
nel en 1993 rapportait 47 % d’échecs pour les lésions associant la corrélé à la survenue d’un échec avec mise en place d’une
colonne postérieure et la paroi postérieure. La paroi postérieure prothèse de hanche. L’impaction ostéochondrale de la facette
isolée présentait 15 % d’échec, la fracture transverse avec frac- antérieure de l’acétabulum n’a pas été identifiée comme fac-
ture de la paroi postérieure 17 % d’échecs. Les résultats étaient en teur péjoratif. L’âge était associé à la survenue de prothèse
revanche satisfaisants avec 7 % d’échecs seulement pour les frac- totale de hanche uniquement dans les fractures transverses. Nous
tures de la colonne antérieure et hémitransversale postérieure et n’avons pas évalué la qualité de la réduction postopératoire ou
les fractures transverses pures qui présentaient 5 % d’échecs. Les après traitement orthopédique sur des coupes scanners systéma-
fractures de la colonne postérieure sans tassement ostéochondral, tiques. Seules les lésions initiales post-traumatiques immédiates
sans fracture de paroi constituaient 82 % de résultats bons et très étaient analysées. C’était l’évolution à plus de 1 an qui était
bons [5] . recherchée.
Cette série trouve 18,3 % de prothèses dans les suites du trai-
tement initial si on considère les 120 dossiers initiaux, 26,5 % si
Délai post-traumatique l’on considère les 83 patients revus uniquement. Nous sommes
La qualité de la réduction est rapportée par la plupart des loin des séries publiées par des experts [5, 30, 63, 64] qui admettent
auteurs, dont Matta en 1988 [25] . Cette réduction est plus diffi- 8 % à 10 % de prothèses secondaires. Cela traduit la réalité d’un
cile lorsque le délai post-traumatique augmente [67] . En particulier, traitement effectué sur un large territoire par des équipes à
après 5 jours les fractures complexes sont difficiles à réduire et l’entraînement et aux exigences de réduction diverses. Il est donc
après 15 jours les fractures simples deviennent difficiles à réduire. souhaitable de prendre en charge ces fractures dans des centres
Letournel plaçait cette barre à 21 jours. Les fractures complexes, identifiés et entraînés pour donner le plus de chance fonctionnelle
vieillies, nécessitent le plus souvent des voies doubles. aux patients [63] .

Influence de l’âge
 Indications thérapeutiques
L’âge apparaît comme un élément décisif. En dessous de 40 ans,
les fractures concernent plus la paroi et la colonne postérieure. La littérature et les résultats de la table ronde 2009, identi-
Les fractures transverses sont souvent associées à des lésions de la fient l’impaction du toit, de la colonne postérieure et le défaut de
paroi postérieure. Au-delà de 50 ans, il s’agit plus fréquemment de congruence dans l’un des trois grands plans de l’espace comme
lésions de la colonne ou de la paroi antérieure ainsi que des lésions les critères principaux de l’évolution vers l’arthrose précoce.
des deux colonnes. Il y a plus d’impactions et d’incongruences [67] . Le défaut de congruence est d’autant plus présent qu’il s’agit
Après 50 ans les résultats sont moins bons pour Kreder et al. et d’un traumatisme initial violent avec un score de gravité au-dessus
Bhandari et al. [65, 66] . de 16 et une protrusion de la tête fémorale supérieure à 15 %. La
lésion de la paroi postérieure isolée ou associée soit à une fracture
de la colonne postérieure, soit à une fracture transverse, soit à une
Résultats des prothèses fracture de la colonne antérieure est un type lésionnel favorisant
l’existence d’impaction et d’incongruence. La mauvaise réduction
L’évaluation spécifique de la prothèse totale d’emblée dans les de l’impaction est patente pour un écart interfragmentaire supé-
fractures de l’acétabulum est notée dans la littérature [55, 56, 68] . Les rieur à 2 mm. Elle est particulièrement néfaste pour l’évolution
prothèses mises d’emblée présenteraient moins de complication, lorsque le site de cet écart interfragmentaire se situe dans la zone
avec nécessité de révision, que les prothèses post-traumatiques d’appui du toit de l’acétabulum. L’angle du toit de l’acétabulum
après échec du traitement initial orthopédique ou chirurgical [56] . (roof arc angle) est un moyen de quantification corrélé aux résul-
Le retour à la vie fonctionnelle antérieure serait possible pour tats.
75 % des patients opérés avec mise en place d’une ostéosynthèse Il est plus difficile d’obtenir cette réduction par une ostéosyn-
et d’une prothèse d’emblée [55] . thèse lorsqu’on est un opérateur peu expérimenté ayant réalisé

18 EMC - Appareil locomoteur


Fractures de l’acétabulum  14-073-A-10

de la qualité osseuse en utilisant des techniques de plaques


Bonne congruence Mauvaise congruence impaction consoles. La voie de Stoppa peut être une alternative à la voie
ilio-inguinale classique ;
Jeune Fragile
• pour le patient âgé fragile, à forte comorbidité, c’est plus l’état
Âge physiologique
général et le choc post-traumatique, que la lésion elle-même,
Incongruence qui vont conditionner la proposition thérapeutique. Un
postérieure Traction traitement conservateur avec mobilisation immédiate selon la
Âgé douleur peut être proposé dans l’attente d’une consolidation.
Si l’évolution est favorable, une prothèse totale de hanche
Traction
avec dispositif de double mobilité antiluxation est une
mobilisation Synthèse Prothèse
indication intéressante. C’est pour ces patients que
l’ostéosynthèse percutanée est une alternative pour diminuer
Figure 16. Indications chirurgicales en fonction de la congruence de la les douleurs post-traumatiques immédiates.
lésion et de l’âge physiologique du patient.

moins de 50 ostéosynthèses, lorsque le délai post-traumatique est  Conclusion


supérieur à 15 jours et lorsque l’âge du patient est avancé compte
tenu de l’ostéoporose présente. Les moyens diagnostiques tomodensitométriques 2D dans les
Ainsi, pour un homme actif de 70 ans avec une grosse impac- plans les plus pertinents et 3D permettent d’affiner le diagnostic
tion ostéochondrale dans la paroi postérieure et une incongruence et d’évaluer l’importance des impactions ostéochondrales et de
majeure, nous savons que le pronostic est mauvais. Une prothèse l’incongruence articulaire. Ce diagnostic précis doit conduire à
d’emblée associée à l’ostéosynthèse postérieure peut alors être pro- proposer des traitements ciblés sur la restauration de la surface de
posée. glissement cotyloïdienne.
Sur un os jeune avec un défaut de congruence soit par écart Le traitement conservateur a ses indications. L’ostéosynthèse
interfragmentaire, soit par impaction, tous les efforts chirurgicaux est proposée à l’adulte jeune actif ou au sujet plus âgé avec des
doivent être faits pour réparer la surface articulaire. S’il n’y a pas lésions antérieures. Les prothèses totales d’emblée peuvent être
de défaut de congruence comme défini plus haut, le traitement mises en place en cas d’impaction du cartilage dans la zone acé-
conservateur par mobilisation est licite. tabulaire postérieure chez un adulte âgé désireux d’une activité
Le cas de la paroi ou colonne antérieure isolée est particulier. encore importante.
Même chez le sujet âgé, la réparation par voie antérieure ilio- Les indications opératoires et la réalisation du traitement de ces
inguinale est intéressante car elle est bien supportée et produit lésions requièrent un avis basé sur une expérience et une pratique
de bons résultats. On peut étendre ce concept aux fractures trans- longue à acquérir. Ceci justifie l’existence de centres de référence
verses pures sans lésion de paroi postérieures. La mobilisation des identifiés à l’échelle du territoire.
vaisseaux impose cependant de vérifier préalablement l’absence
de plaques athéromateuses iliaques chez le sujet âgés.
Remerciements : Publication réalisée avec le concours des membres du club
La prothèse totale de hanche est le plus souvent implantée
Bassin Cotyle : Pomme Jouffroy, Robin Peter, Fernand De Peretti, Frédéric Laude,
secondairement. Elle est indiquée de nécessité lorsque l’on prend
Marc Soenen, Paul Bonnevialle, Franck Dujardin, Alain Durandeau, Marc Jayan-
en charge un patient en cal vicieux à distance du traumatisme.
kura, Charles Court, Régis Bernard De Dompsure et Jérôme Tonetti.
C’est une alternative admise lorsque l’on constate un échec d’un
traitement chirurgical initial. Les couples de frottement céra-
mique à usure très réduite et la tenue de l’interface os-implants
incitent les chirurgiens à proposer la prothèse après un trai-  Références
tement orthopédique dans une stratégie de consolidation puis
d’implantation des lésions les moins accessibles à l’ostéosynthèse. [1] Judet R, Judet J, Letournel E. Mécanisme et anatomie pathologique
Nous proposons une rationalisation des indications thérapeu- des fractures du cotyle. Mem Acad Chir 1961;87:593–603.
tiques en fonction de cinq situations cliniques (Fig. 16) : [2] Judet R, Judet J, Letournel E. Traitement chirurgical des fractures
• lorsqu’il s’agit d’un patient jeune actif avec un défaut de congru- récentes du cotyle. A propos de 46 cas opérés. Mem Acad Chir
ence soit par impaction ostéochondrale postérieure ou tectale, 1962;88:369–77.
soit par écart interfragmentaire supérieur à 2 mm, il est pré- [3] Judet R, Judet J, Letournel E. Fractures of the acetabulum: classifica-
conisé de réaliser une synthèse de qualité. Un avis doit être tion and surgical approaches for open reduction. Preliminary report.
demandé auprès d’un confrère si l’on hésite. Éventuellement, J Bone Joint Surg [Am] 1964;46:1615–46.
en cas d’impossibilité technique ou en cas d’expérience limitée, [4] Letournel E. Résultats du traitement chirurgical des frac-
il est nécessaire de transférer le patient vers un centre référent le tures récentes du cotyle. Une expérience de 22 ans. Chirurgie
plus rapidement possible en vue de réaliser l’intervention dans 1981;107:229–36.
les 15 premiers jours ; [5] Letournel E, Judet R. Fractures of the acetabulum. Berlin: Springer-
• pour ce qui concerne un patient jeune actif sans défaut de Verlag; 1993.
congruence à la fois antéropostérieure transversale, sagittale [6] Laird A, Keating JF. Acetabular fractures: a 16-year prospec-
et frontale, le traitement conservateur est intéressant. Afin tive epidemiological study. J Bone Joint Surg [Br] 2005;87:
de prendre cette décision, un avis iconographique peut être 969–73.
demandé. Cela peut être le cas d’une fracture transverse infra- [7] Nizard R, Pourreyron D, Raould A, Hannouche D, Sedel L. Alumina-
tectale, d’une fracture de la paroi antérieure minime ou bien on-alumina hip arthroplasty in patients younger than 30 years old.
d’une fracture des deux colonnes avec « néocongruence », c’est- Clin Orthop 2008;466:317–23.
à-dire persistance d’un contact des facettes de glissement [8] Ochs BG, Marintschev I, Hoyer H, Rolauffs B, Culemann U, Poh-
cartilagineuses antérieures et postérieures et tectales avec la tête, lemann T, et al. Changes in the treatment of acetabular fractures
malgré le déplacement médial en protrusion ; over 15 years: Analysis of 1266 cases treated by the German
• lorsque l’on aborde le cas des patients âgés actifs, l’impaction Pelvic Multicentre Study Group (DAO/DGU). Injury 2010;41:
postérieure prend ici toute sa mesure. On peut en effet alors 839–51.
proposer une prothèse totale de hanche d’emblée associée à [9] Helfet DL, Borrelli Jr J, DiPasquale T, Sanders R. Stabilization
une ostéosynthèse afin de restaurer le plus rapidement possible of acetabular fractures in elderly patients. J Bone Joint Surg [Am]
la fonction ; 1992;74:753–65.
• s’il s’agit d’un patient âgé actif, présentant des lésions anté- [10] Letournel E. Fractures of the acetabulum. A study of a series
rieures, soit colonne, soit transverses pures, l’ostéosynthèse par of 75 cases. Classical article 1961. Clin Orthop 1994;305:
voie antérieure peut être préconisée. Il faut alors tenir compte 5–9.

EMC - Appareil locomoteur 19


14-073-A-10  Fractures de l’acétabulum

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J. Tonetti (jtonetti@chu-grenoble.fr).
Clinique universitaire d’orthopédie-traumatologie, Hôpital Michallon, BP 217, Grenoble cedex 09, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Tonetti J. Fractures de l’acétabulum. EMC - Appareil locomoteur 2012;7(3):1-21 [Article 14-073-A-10].

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