Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Lésions ostéochondrales
du dôme du talus (LODA)
O. Laffenêtre, R. Mariey, P. Golano, D. Chauveaux
Les lésions ostéochondrales du talus doivent être connues, et tout particulièrement dans les suites des
traumatismes de l’arrière-pied. Ces lésions ont été parfaitement démembrées voici maintenant plus de
15 ans lors de la table ronde que la Société orthopédique de l’ouest leur a consacrée, sous la direction
de Doré et Rosset. Même si certains mécanismes les produisant sont connus, leur étiopathogénie n’est
pas encore formellement tranchée. Il paraît indispensable, pour les caractériser, d’utiliser la classification
radiologique fracture-ostéonécrose-géode (FOG). Leur diagnostic, comme leur traitement chirurgical, reste
toujours un challenge pour le praticien : certaines règles sont communes à toutes comme le débridement
et l’abrasion des tissus nécrotiques, d’autres optionnelles selon les habitudes, la situation et la taille de
la lésion. Aucune d’ailleurs ne semble supérieure aux autres. L’arthroscopie s’est imposée pour les lésions
de taille modeste inférieures à 1,5 cm2 , alors que les autres doivent être comblées. La prise en charge de
ces lésions reste donc toujours délicate et relativement spécialisée : la littérature nous incite aussi à une
certaine modestie quant aux résultats d’une prise en charge chirurgicale.
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Talus ; Fracture parcellaire ; Lésion ostéochondrale ; Arthroscopie de la cheville ; Chondrocytes
Plan Physiopathologie
■ Introduction 1 C’est parmi les fractures parcellaires qu’il faut chercher les
■ Physiopathologie 1 lésions dites ostéochondrales, parmi lesquelles elles occupent
d’ailleurs une place à part. Il suffit de lire la nombreuse littérature
■ Diagnostic 2
sur le sujet pour comprendre que les hypothèses concernant leur
Approche clinique 2
origine sont nombreuses : la seule multiplicité des dénominations
Examens complémentaires 2
utilisées est le reflet de cette ignorance.
■ Classifications 3 Depuis 1995, il est usuel en France d’utiliser la terminologie
■ Évolution et pronostic 4 proposée par Doré et Rosset : on parle de LODA pour lésions ostéo-
■ Principe du traitement 5 chondrales du dôme de l’astragale. Ils ont proposé une classifi-
Généralités 5 cation radiologique dite fracture-ostéonécrose-géode (FOG) basée
Selon la forme 5 sur l’aspect lésionnel (fracturaire, séquestre, géode) et sur les rap-
Au final 6 ports de la lésion avec le corps du talus (situation par rapport à la
surface, condensation autour du fragment) [1] , en distinguant trois
■ Conclusion 7 formes F (pour fracture), O (pour ostéonécrose) et G (pour géode).
Il existe des formes traumatiques dont les fractures se pro-
duisent par véritable cisaillement comme l’avaient montré Berndt
et Harty [2] , localisées préférentiellement sur le versant latéral.
Introduction Toutefois, d’autres mécanismes physiopathologiques que
certains avaient pourtant évoqués avant eux, sans notion
Parmi les fractures du talus, relativement rares, celles dites d’antécédent traumatique et siégeant préférentiellement en
« ostéochondrales » encore appelées lésions ostéochondrales du médial [3] ,sont indiscutables. Ainsi, ces formes nécrotiques
dôme du talus (LODA) occupent une place tout à fait particulière, évoquent-elles d’autres étiologies : origine vasculaire ou syno-
tant pour leur diagnostic que pour leur prise en charge thérapeu- viale, avec ou sans contexte microtraumatique, hyperpression
tique. Si les premières se situent dans la pathologie traumatique, localisée, etc. Un fragment cartilagineux et d’une épaisseur
seule une faible part des secondes relève d’un tel contexte. C’est variable d’os sous-chondral avasculaire nécrosé s’isole du reste du
donc souvent dans une situation chronique, bien différente, que plancher osseux. Le cartilage en contact avec le liquide synovial
se trouve la majorité des patients souffrant de cette pathologie. reste normal. Il peut être continu (aucune communication
Tout est loin d’être résolu dans la compréhension des mécanismes entre la cavité articulaire et le sillon entourant le séquestre),
physiopathologiques qui président à leur établissement. Si leur ou discontinu avec tous les intermédiaires entre la fissure et le
diagnostic ne pose guère de problème, c’est surtout leur prise en fragment libre dans l’articulation (Fig. 1).
charge thérapeutique qui est toujours délicate et doit tenir compte Un traumatisme ou des microtraumatismes répétés pourraient
de nombreux paramètres inhérents à la lésion elle-même, mais aboutir à l’individualisation d’un fragment ostéochondral non
aussi au patient, ramené dans son contexte. déplacé. Isolé de son sous-sol osseux, il pourrait évoluer soit vers
Diagnostic
1
Approche clinique
Le diagnostic d’une LODA pose peu de problèmes. Cli-
niquement, c’est en fait celui d’une cheville douloureuse,
s’accompagnant d’un cortège de signes totalement aspécifiques
(douleurs dont la localisation n’est pas forcément en rapport avec
le siège lésionnel, blocage, ressaut, instabilité, gonflement articu-
laire) et présentant le plus souvent une limitation modérée de ses
amplitudes articulaires.
La notion de traumatisme à l’interrogatoire est un élément
majeur de l’orientation diagnostique, s’agissant le plus souvent de
patients jeunes et sportifs. Ainsi, dans les suites d’une entorse laté-
rale, on évoque de principe ce diagnostic qu’il faut éliminer pour
ne pas rapporter ces douleurs à de banales séquelles ligamentaires,
2 tout en se méfiant des associations lésionnelles particulièrement
fréquentes.
Figure 1. Détail d’une lésion ostéochondrale avec clapet cartilagineux L’essentiel du diagnostic repose sur les examens complémen-
(préparation anatomique professeur Pau Golano) : vue médiale. 1. Dorsal ; taires d’imagerie.
2. postérieur.
Examens complémentaires
une pseudarthrose avec apparition d’un séquestre correspondant
à sa nécrose, soit vers une consolidation de la fracture [4] . Des Incidences radiographiques
études histologiques faites chez des patients opérés d’une ostéo- Comme indiqué dans la question relative aux fractures et luxa-
chondrite fémorale ont même permis d’individualiser des types tions du talus, les radiographies standards sont encore aujourd’hui
d’évolution différents des zones pathologiques, soit en trabé- l’examen de première intention, permettant un débrouillage
cules viables d’os sous-chondral, soit en cartilage sans trabécules avant un diagnostic formel et précis apporté par le scanner (article
osseux [5] . Inversement, lors d’un traumatisme en inversion, la 14-091-A-10 de l’EMC).
contusion de l’angle supéromédial du talus sous le tibia peut faire Elles comportent au moins une incidence antéropostérieure de
le lit d’une lésion nécrotique secondairement qui n’est diagnos- cheville à 15◦ de rotation médiale de hanche (pour dégager l’angle
tiquée que bien plus tard, alors que le traumatisme initial a été supérolatéral du dôme) et un profil strict incluant le médio- et
oublié. l’arrière-pied (Fig. 2). Ces incidences de base sont complétées en
Cette hypothèse, comme celle de l’hyperpression médiale, cas de doute par scanner ou une IRM selon le contexte.
ne mettant pas en jeu un traumatisme avec fracture, semble
intéressante pour expliquer les localisations à ce niveau. Cer-
tains auteurs ont montré que le centre de répartition des Scanner
pressions dans l’articulation talocrurale est un peu médialisé. Gold standard dans le diagnostic des fractures du talus depuis
Ces contraintes pourraient être à l’origine de modifications quelques années, il est sensibilisé par une arthrographie associée :
métaboliques associées à des microfractures qui aboutiraient cet arthroscanner semble l’examen de choix qui permet
à une nécrose localisée et à l’apparition d’une forme nécro- l’analyse la plus fine de la trame osseuse et de la coiffe cartila-
tique ou d’une géode. Cette théorie permettrait d’expliquer les gineuse (Fig. 3).
lésions médiales sans antécédents traumatiques et les lésions Il doit impérativement être réalisé en coupes millimétriques
bilatérales qui surviendraient, peut-être, sur des arrière-pieds en avec des reconstructions et permet de confirmer ou de préciser un
varus. diagnostic puisque cette fracture reste difficilement visible sur la
Les formes géodiques pourraient être de même la traduc- radiographie, de localiser un corps étranger, de mettre en évidence
tion de contraintes excessives à la face médiale du dôme un séquestre, une géode, d’apprécier l’étendue ou la profondeur
talien, associées à des modifications vasculaires ou des modi- d’une nécrose. L’existence d’une fissure, sa profondeur, sa cons-
fications métaboliques, entraînant une nécrose en profondeur tance sur les différentes coupes sont autant de signes indirects
plus à distance de l’os sous-chondral que dans les lésions de de la fixité du fragment, élément important du bilan préthé-
type nécrotique. Les images observées à l’imagerie par réso- rapeutique [7, 8] . Toutefois, l’arthroscanner, malgré sa supériorité
nance magnétique (IRM) après les traumatismes sans fractures potentielle, reste une sorte d’exception française dont les auteurs
où manifestement la zone lésionnelle s’étend très loin dans étrangers, hormis Ferkel, n’ont pas vraiment l’expérience. Il en a
l’os spongieux sous-chondral en sont un autre argument, de proposé une classification en quatre stades [9] :
même que la théorie des flux liquidiens responsables de phéno- • stade I : géode sous-chondrale mais surface articulaire intacte ;
mènes de cavication élaborée plus récemment [6] , et qui pourrait, • stade IIa : géode sous-chondrale avec cartilage ouvert ;
plus que les lésions cartilagineuses elles-mêmes, expliquer cer- • stade IIb : cartilage ouvert, fragment non déplacé ;
tains phénomènes douloureux par hyperpression lors de la • stade III : géode sous-chondrale, fragment non déplacé ;
marche. • stade IV : fragment déplacé.
“ Point fort L’IRM n’a pas grand intérêt au moment du traumatisme, le scan-
ner étant l’examen le plus discriminant. Dans le cadre des LODA,
elle est aussi utilisée pour le diagnostic mais l’analyse osseuse est
moins fine qu’avec le scanner. Les deux donnent d’ailleurs des
Les formes fracturaires, essentiellement latérales, pro- résultats semblables [10] , quoique l’IRM puisse montrer un avan-
cèdent d’un traumatisme, alors que les formes nécrotiques tage diagnostic [11] et a permis de constater la plus grande surface
et géodiques, préférentiellement médiales ont vraisembla- et profondeur des lésions médiales par rapport aux latérales [12] .
blement une cause autre. Il est probable qu’il y ait des Même si son interprétation est donc parfois difficile, elle possède
relations entre les premières et les secondes. des avantages qui lui sont propres en renseignant à la fois sur
l’articulation et tous les éléments extra-articulaires (Fig. 4).
A B
Figure 2. Clichés standard face (A) et profil (B) chez une enfant de 8 ans montrant une lésion ostéochondrale du dôme du talus supéromédiale de forme
O dans la classification fracture-ostéonécrose-géode (FOG).
A B
Figure 3. Arthroscanner en coupes coronale (A) et sagittale (B) caractérisant des lésions ostéochondrales du dôme du talus de forme O dans la classification
fracture-ostéonécrose-géode (FOG).
Elle peut en outre déceler des modifications vasculaires sans sur la piste d’une fracture de fatigue. Elle peut ainsi mettre sur la
fracture sous-jacente, et dans certains cas faire la part des choses piste d’une fracture parcellaire, particulièrement ostéochondrale,
entre lésions récente et ancienne. passée inaperçue.
L’IRM semble moins précise dans l’analyse du cartilage et les
développements de l’arthro-IRM n’ont pas confirmé les espoirs
placés dans cette technique à la fin des années 1990. Une classi-
fication assez voisine de celle de Ferkel a été proposée pour l’IRM Classifications
par Anderson [11] :
• stade 1 : compression trabéculaire ; Rappelons que ces lésions sont classées par tous les auteurs
• stade 2a : géodes sous-chondrales ; dans les fractures parcellaires du talus, et à ce titre, intégrées à
• stade 2b : fragment non détaché ; des niveaux divers dans la plupart des classifications qui traitent
• stade 3 : fragment détaché non déplacé ; de ce sujet [14–17] . Berndt et Harty [2] , à partir d’une expérience
• stade 4 : fragment déplacé. biomécanique réalisée sur des membres amputés soumis à des
mouvements forcés, considéraient les différents aspects lésion-
Échographie nels constatés comme n’étant que des variations anatomiques et
évolutives d’une lésion d’origine traumatique.
Elle a même été proposée [13] durant l’arthroscopie pour aider
En reproduisant quatre types de fractures parcellaires, ils
au diagnostic de lésions ostéochondrales post-traumatiques ou
concluent à une origine traumatique de toutes les lésions du dôme
d’autres étiologies.
talien et décrivent les différents stades lésionnels qui, dans leur
description princeps, ne concernent en fait que des localisations
Scintigraphie de la joue latérale.
Sans établir un diagnostic, elle reste un examen de débrouillage, Cette classification a été remise en cause, de nombreuses images
parfois utile dans l’exploration de douleurs inexpliquées de radiologiques n’y trouvant pas leur place. Certains auteurs sou-
l’arrière- ou du médiopied, notamment pour guider le praticien lignent les différences radiographiques existant entre les lésions
A B
Figure 4. Lésion ostéochondrale du dôme du talus de forme O supérolatérale avec séquestre nécrotique caractérisée par une imagerie par résonance
magnétique en coupe axiale T1 (A) et coronale T2 spectral presaturation with inversion recovery (SPIR) (B).
traumatiques et celles où aucun traumatisme n’est retrouvé dans 100 %, valeur prédictive négative (VPN) 88 % et valeur prédictive
les antécédents [18, 19] . En 1993, un 5e stade est ajouté à la classifi- positive (VPP) 100 % pour cet examen pratiqué avec une séquence
cation de Bernt et Harty pour y rajouter les lésions kystiques, qui cartilagineuse particulière :
représentent 73 % des cas [20] . L’existence de formes familiales ou • stade 0 : cartilage normal ;
de formes atraumatiques doit évoquer d’autres hypothèses patho- • stade 1 : cartilage intact mais signal IRM anormal ;
géniques. • stade 2 : fissures ou lésions fibrillaires cartilagineuses mais os
En 1995, Doré et Rosset proposent une classification radiolo- intact ;
gique dite « FOG » [1] , distinguant trois formes : • stade 3 : volet cartilagineux ou os sous-chondral exposé ;
• la forme F (pour fracture) : ce fragment isolé n’est associé à • stade 4 : fragment cartilagineux libre non déplacé ;
aucune modification de la trame osseuse, condensation ou • stade 5 : fragment libre déplacé.
géode. Cette fracture peut être récente ou ancienne avec dans
ce cas un aspect légèrement lytique. Dans la série de la Société
d’orthopédie de l’Ouest (SOO), ces formes F représentaient 18 %
des cas et siégeaient dans 87,5 % des cas sur le versant antéro- Évolution et pronostic
latéral avec un antécédent traumatique constant ;
• la forme O (pour ostéonécrose) : l’aspect ici est nécrotique, avec L’évolution de ces lésions est totalement imprévisible et bien
la présence d’un séquestre. La trame osseuse sous-jacente est souvent il n’existe aucun parallélisme entre la taille d’une lésion et
remaniée avec un liseré de condensation associé à des micro- l’intensité des signes fonctionnels. Toutefois, un caractère évolu-
géodes. Dans la série, elle représentait 75 % des cas. Il n’y tif global se dessine car ces lésions, quelle qu’en soit l’importance,
avait aucun antécédent traumatique dans 66 % des cas et dans font le lit d’une arthrose plus globale de la cheville, qu’elles
sept fois sur dix la lésion siégeait sur le versant médial du peuvent d’ailleurs tout à fait accompagner.
talus ; La prise en charge thérapeutique est scindée entre abstention
• la forme G (pour géode) : elle est caractérisée par l’absence de thérapeutique, traitement orthopédique et la chirurgie. Même
fragment libre et de séquestre. On note toutefois une impor- si le traitement chirurgical de ces lésions est assez spécialisé et
tante image kystique intraosseuse radiotransparente dans le souvent techniquement délicat, ce sont bien les indications chi-
corps de l’os. Dans la série, elle ne représentait que 7 %, ce qui rurgicales qui sont difficiles à poser. En effet, deux publications
est beaucoup plus rare que dans d’autres [21] . Les auteurs voient récentes nous invitent à une extrême prudence dans la prise de
dans ces formes géodiques une entité particulière à rapprocher décision chirurgicale, avec un taux de bons et très bons résultats
des lésions kystiques décrites par Kouvalchouk [22, 23] . global inférieur à 50 % [26, 27] , quelle que soit la méthode rete-
Ces descriptions radiologiques ne tiennent toutefois pas compte nue. La composante psychologique de la douleur, qui reste le
de l’état du cartilage ; or, ce dernier conditionne l’attitude théra- motif de consultation principal, ne doit pas échapper. Souvent,
peutique et le pronostic. L’avènement de l’arthroscopie dans le le patient souffre depuis plusieurs mois, parfois plusieurs années.
traitement de ces lésions à la fin des années 1980 a introduit une Il peut avoir consulté plusieurs médecins ou spécialistes, et son
dimension « palpatoire » supplémentaire très intéressante. Cheng affection n’a pas été bien reconnue. Le diagnostic posé, il doit
et Ferkel [24] avaient, dès 1995, proposé une classification basée sur être rassuré sur la bénignité habituelle de l’affection, en lui en
l’aspect opératoire en six stades : expliquant l’origine, l’évolution, les possibilités thérapeutiques.
• stade A : cartilage lisse et mou ; Ainsi les buts du traitement sont d’abord d’agir sur la douleur, et
• stade B : cartilage rugueux ; par là même d’améliorer la fonction. Tout ce qui peut être fait
• stade C : fibrillation et fissures ; pour stopper l’évolution des lésions doit être mis en œuvre, à
• stade D : clapet ou os à nu ; condition que les moyens d’aboutir n’aggravent pas les conditions
• stade E : séquestre en place ; locales.
• stade F : fragment déplacé. La mise en route du traitement nous amène donc, avant toutes
Finalement, ce n’est qu’en 2003 que Mintz [25] publie sa clas- décisions, à trois réflexions essentielles : quelle est la motivation
sification IRM-arthroscopie à partir d’une étude rétrospective de du malade ? Quelle est la gravité réelle de son affection ? Justifie-
54 patients et conclut à une excellente sensibilité 95 %, spécificité t-elle un traitement médical ou chirurgical ?
Principe du traitement excisés au mieux sous arthroscopie, alors que l’attitude pour ceux
encore en place se superpose à celle décrite ci-après pour les lésions
Généralités ostéonécrotiques.
Tableau 1.
Résultats des séries d’autogreffes.
Kreuz [47] Tanaka [49] Sammarco [19] Al-Shaikh [48]
Année 2007 2006 2002 2002
Publication Orthopedics Foot Ankle Int Foot Ankle Int Foot Ankle Int
Nombre de patients 16 4 12 19
18 < âge < 50 Âge = 41 Âge = 32
Voie d’abord Ostéotomie tibiale antérieure Transmalléolaire médiale Ostéotomie tibiale antérieure Transmalléolaire médiale
Greffon Tibia Calcanéen médial vascularisé Facette talienne latérale ou médiale Trochlée fémorale homolatérale
Suivi (mois) 60 34 25 16
Évaluation AOFAS AOFAS AOFAS AOFAS
Résultats p < 0,01 p < 0,0001
↑ à 3 ans 60 à 83 64 à 90 60 à 88
Tableau 2.
Résultats des séries de greffes de chondrocytes.
Thermann [57] Giannini [54] Baums [53] Whittaker [56] Koulalis [55]
Année 2008 2008 2007 2005 2002
Nombre patients 9 46 12 10 8
Âge = 31 Âge = 29 Âge = 42 Âge = 32
Matériau MACT (Hyalograft® C) MACT (Hyalograft® C) Lab culture Lab culture Lab culture
+ os autologue si
profondeur lésion > 5 mm
Premier temps Arthroscopie cheville Arthroscopie cheville Arthroscopie cheville Arthroscopie genou ipsi Arthroscopie cheville
Deuxième temps Arthroscopie cheville Arthroscopie cheville Ouvert (lambeau périosté) Ouvert Ouvert
(± autogreffe/lambeau (± autogreffe/lambeau
périosté) périosté)
Suivi (mois) 48 36 63 48 17
Évaluation Hannover AOFAS Hannover Score de Masur/ Score de
Arthroscopie (score Arthroscopie seulement AOFAS/EVA/IRM arthroscopie neuf patients Finsen/arthroscopie trois
ICRS), IRM trois premiers patients (biopsies) patients (une biopsie)/IRM
(score ICRS – biopsies)
Résultats p < 0,001 p < 0,0005 p < 0,05
Sept excellents AOFAS 57 à 89 AOFAS 40 à 85 Neuf excellents ou bons Cinq excellents
Deux bons 80 % excellents ou bons Hannover 40 à 85 Trois bons
MACT : matrix-associated autologous chrondrocyte transplantation ; AOFAS : American Orthopaedic Foot and Ankle Society ; EVA : échelle visuelle analogique ; IRM : imagerie
par resonance magnétique ; ICRS : International Cartilage Repair Society.
purement arthroscopique réduisant l’agression chirurgicale est si séduisantes soient-elles et doit rester modeste dans ses ambi-
très séduisante, mais elle reste techniquement particulièrement tions. Bien souvent l’abstention thérapeutique reste la solution
exigeante. d’attente la plus sage, avant l’heure d’options chirurgicales plus
complètes. Si toutefois, en fonction du type de lésion, de sa situa-
Formes G tion, et du terrain, une approche chirurgicale reste le traitement
retenu, deux paramètres sont à considérer : d’une part, la taille de
Les géodes (formes G) sont idéalement curetées et comblées
la lésion, d’autre part sa stabilité. La première guide le choix de la
par voie transtalienne extra-articulaire, si elles sont symptoma-
procédure chirurgicale, la seconde impose débridement et exérèse
tiques. Il est certain qu’une fois le diagnostic fait par les moyens
de toute lésion instable, et l’utilisation d’une des techniques citées
d’imagerie moderne, la difficulté reste d’apprécier la qualité réelle
(abrasion simple, forage, microfracturing) pour stimuler la moelle
du cartilage. Seule l’arthroscopie le peut aujourd’hui. Si la coiffe
osseuse vers un processus de cicatrisation fibrocartilagineuse.
cartilagineuse est effectivement intacte, le bourrage-greffe extra-
Inversement si la lésion laisse intact le revêtement cartilagineux
articulaire sous contrôle scopique reste la solution de choix [58] .
(ce que ne peut réellement affirmer que l’arthroscopie par la palpa-
Certains fraisent la cavité sans la combler, mais cela dépend
tion), elle autorise les comblements extra-articulaires, y compris
bien sûr de sa taille [59] . Des systèmes de viseur plus ou moins
sous contrôle scopique et même si la lésion est volumineuse
sophistiqués ont été décrits à cet usage. L’approche antérieure
comme dans les formes G. Ces méthodes, aisément reproduc-
ou postérieure dépend du siège de la lésion et des habitudes de
tibles sous arthroscopie pour des lésions de taille et de profondeur
l’opérateur.
réduites, donnent des résultats qui semblent tous bons, alors qu’ils
sont moindres lorsque les lésions sont plus étendues en surface et
Au final profondeur. Dans ces cas, les auteurs recommandent des greffes
osseuses, ostéocartilagineuses, voire de chondrocytes autologues.
Il reste bien difficile de guider le choix thérapeutique au tra- La place de cette dernière procédure, certes très prometteuse, est
vers de la multitude des gestes techniques possibles. Le chirurgien, quand même difficile à cerner, n’étant le fait que de quelques
même spécialisé, ne doit pas se laisser attirer par des techniques équipes ultraspécialisées.
[46] Gross AE, Agnidis Z. Osteochondral defects of the talus treated [53] Baums MH, Heidrich G. The surgical technique of autologous chon-
with fresh osteochondral allograft transplantation. Foot Ankle Int drocyte transplantation of the talus with use of a periosteal graft.
2001;22:385–91. Surgical technique. J Bone Joint Surg [Am] 2007;89(suppl2part2):
[47] Kreuz PC, Lahm A. Tibial wedge osteotomy for osteochondral trans- 170–82.
plantation in talar lesions. Int J Sports Med 2008;29:584–9. [54] Giannini S, Buda R. Arthroscopic autologous chondrocyte implanta-
[48] Al-Shaikh RA, Chou LB. Autologous osteochondral grafting for talar tion in osteochondral lesions of the talus: surgical technique and results.
cartilage defects. Foot Ankle Int 2002;23:381–9. Am J Sports Med 2008;36:873–80.
[49] Tanaka Y, Omokawa S. Vascularized bone graft from the medial cal- [55] Koulalis D, Schultz W. Autologous chondrocyte transplantation
caneus for treatment of large osteochondral lesions of the medial talus. for osteochondritis dissecans of the talus. Clin Orthop Relat Res
Foot Ankle Int 2006;27:1143–7. 2002;395:186–92.
[50] Hangody L, Füles P. Autologous osteochondral mosaicplasty for [56] Whittaker JP, Smith G. Early results of autologous chondro-
the treatment of full-thickness defects of weight-bearing joints: 10 cyte implantation in the talus. J Bone Joint Surg Br 2005;87:
years of experimental and clinical experience. J Bone Joint Surg Am 179–83.
2003;85(suppl2):25–32. [57] Thermann H, Driessen A, Becher C. Autologous chondrocyte trans-
[51] Versier G, Christel P, Bures C, Djian P, Serre Y. Traitement des plantation in the treatment of articular cartilage lesions of the talus.
lésions cartilagineuses du dôme de l’astragale par autogreffes ostéo- Orthopade 2008;37:232–9.
chondrales en mosaïque. e-mémoires de l’Académie Nationale de [58] Kilicoglu O, Taser O. Retrograde osteochondral grafting for osteo-
Chirurgie 2005;4:1–11. chondral lesion of the talus: a new technique eliminating malleolar
[52] Kodama N, Honjo M. Osteochondritis dissecans of the talus treated osteotomy. Acta Orthop Traumatol Turc 2005;39:274–9.
with the mosaicplasty technique: a case report. J Foot Ankle Surg [59] Kono M, Takao M. Retrograde drilling for osteochondral lesions of the
2004;43:195–8. talar dome. Am J Sports Med 2006;34:1450–6.
O. Laffenêtre, Praticien hospitalier, chargé d’enseignement à l’Université Victor Segalen Bordeaux 2 (olivier.laffenetre@chu-bordeaux.fr).
Centre hospitalier universitaire Pellegrin, place Amélie-Raba-Léon, 33076 Bordeaux cedex, France.
Université Victor Segalen Bordeaux 2, 146, rue Léo-Saignat, 33076 Bordeaux cedex, France.
Institut de la cheville et du pied (ICP), 8, rue Lacépède, 75005 Paris, France.
R. Mariey, Interne des Hôpitaux.
Centre hospitalier universitaire Pellegrin, place Amélie-Raba-Léon, 33076 Bordeaux cedex, France.
P. Golano, Professeur des Universités.
Université de Barcelone, Département de pathologie et thérapeutique expérimentale, Feixa Llarga s/n, 08907 L’Hospitalet de Llobregat, Barcelone, Espagne.
Ajunct Faculty, Orthopaedic Surgery Department, University of Pittsburgh, 3471 Fifth Avenue Pittsburgh, PA 15213, États-Unis.
D. Chauveaux, Professeur des Universités, chirurgien des Hôpitaux.
Centre hospitalier universitaire Pellegrin, place Amélie-Raba-Léon, 33076 Bordeauxx cedex, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Laffenêtre O, Mariey R, Golano P, Chauveaux D. Lésions ostéochondrales du dôme du talus (LODA). EMC
Appareil locomoteur 2012;7(1):1-8 [Article 14-092-A-10].
1 autoévaluation
Cliquez ici
6 iconographies supplémentaires
Iconosup 5
Classification de Bernt et Harty (1959).
a. Type I : tassement sous-chondral.
b. Type II : fragment partiellement détaché.
c. Type III : fragment libre non déplacé.
d. Type IV : fragment basculé à 180°.
Cliquez ici
Iconosup 6
Arthroscanner en coupes coronales (a, b) et sagittale (c) caractérisant une lésion ostéochondrale du dôme du talus de forme O
instable avec clapet cartilagineux dans la classification fracture-ostéonécrose-géode (FOG).
Cliquez ici
Iconosup 7
Cas d'un jeune patient de 12 ans : diagnostic d'une lésion ostéochondrale du dôme du talus de forme O supéromédiale sur
les clichés standards (a, b), bien mieux caractérisée dans sa situation, sa profondeur, sa taille et sa stabilité par les différentes
coupes d'arthroscanner (c à e) (avec l'aimable autorisation du docteur P. Faure, Saint Martin des Champs).
Cliquez ici
Iconosup 8
Diagnostic d'une lésion ostéochondrale du dôme du talus de forme O supérolatérale caractérisée par une imagerie par résonance
magnétique en coupe coronale T1 (a) et sagittale T2 spectral presaturation with inversion recovery (SPIR) (b) qui montre un
œdème majeur de l'ensemble du corps du talus, et une certaine tendance à magnifier les lésions.
Cliquez ici
Iconosup 9
Classification fracture-ostéonécrose-géode (FOG) (Doré et Rosset 1995).
a. Forme F.
b. Forme O.
c. Forme G.
Cliquez ici