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Les fractures de l’extrémité inférieure du fémur sont à l’origine de séquelles à type d’ostéite, de raideur et
d’arthrose par cal vicieux ou traumatisme du cartilage. Elles sont provoquées par un traumatisme à haute
énergie par exemple lors d’un accident de la voie publique, avec un fort risque d’ouverture du foyer, ou à
basse énergie chez des personnes fragilisées ostéoporotiques, porteuses le plus souvent d’une
arthroplastie de la hanche ou du genou. Ces fractures, souvent complexes, touchent l’articulation
portante la plus volumineuse de l’organisme. La faible hauteur de l’épiphyse restante prise entre les deux
bras de levier du fémur et du tibia rend difficile l’obtention d’une ostéosynthèse stable pourtant
indispensable à une mobilisation précoce. Elles sont relativement peu fréquentes, mais les types en sont
nombreux, chacun posant un problème diagnostique et technique différent ; par conséquent, les
opérateurs ont une courbe d’apprentissage limitée. Le choix d’une classification doit permettre de mieux
comprendre les différents types et de choisir pour chacun d’eux le matériel d’ostéosynthèse le plus adapté,
telles les classifications de Nordin pour les fractures unicondyliennes et de Chiron pour les fractures
métaphysoépiphysaires. De nos jours, le traitement chirurgical par ostéosynthèse est supérieur au
traitement orthopédique pour appliquer les principes du traitement des fractures épiphysaires, une
réduction anatomique et une fixation stable des fragments osseux permettant une rééducation précoce
du genou. Des matériels d’ostéosynthèse de principes différents spécifiques pour cette localisation
anatomique, sont proposés ; il convient de ne pas être partisan de l’utilisation d’un principe de fixation ou
d’un autre, mais de choisir pour chaque type de fracture le matériel le plus adapté. Le principal facteur
aggravant est la coexistence d’une fracture de l’extrémité inférieure du fémur avec une fracture articulaire
de la rotule ou du plateau tibial.
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Fracture de l’extrémité du col du fémur ; Complications d’une fracture ; Fracture condylienne
Appareil locomoteur 1
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2 Appareil locomoteur
.
techniques n’étaient pas celles d’aujourd’hui ; elles ne sont plus
adaptées à une réflexion chirurgicale préopératoire, ni au suivi
clinique de ces malades.
Fractures unicondyliennes
Les fractures unicondyliennes ne touchent, par définition,
qu’un seul condyle le plus souvent latéral. Elles sont exception-
nellement ouvertes, mais s’accompagnent, dans un nombre non
négligeable de cas, d’une fracture de la rotule (10 %), de lésions
du système ligamentaire central le plus souvent le ligament
croisé antérieur (LCA) (10 %), d’une fracture du plateau opposé I II
(10 %). Elles posent parfois des problèmes diagnostiques et
pourraient être confondues face à un genou globuleux avec une
entorse grave. Il ne faut pas tester un genou traumatisé avant
d’avoir obtenu une radiographie de face et de profil de bonne
qualité.
Historique
Ce sont les fractures qui ont été décrites avant l’avènement
de la radiographie grâce à des dissections anatomiques. Ainsi,
Bichat décrit le premier une fracture dans le plan sagittal
détachant l’ensemble d’un condyle, description reprise par III IV
Trélat (1860) qui lui a donné son nom. Hoffa a décrit une Figure 4. Classification de Nordin des fractures unicondyliennes.
fracture dans le plan frontal détachant la face postérieure du
condyle. Cosacesco (1949) décrit une fracture dont le trait est
intermédiaire, oblique entre celui de Trélat et celui de Hoffa. après réduction ; la réduction d’une fracture de Hoffa se fait sur
un genou fléchi à 120° afin de repousser vers le bas la partie
Classification de Nordin (1985) [5] (Fig. 4) postérieure du condyle qui était ascensionnée. Attention aux
tentatives malheureuses de réduction des fractures sur table
Cette classification reprend les formes historiques tout en orthopédique ! L’ostéosynthèse doit être faite par des vis en
précisant mieux la taille des fragments et la position du trait de compression positionnées perpendiculairement au plan (Fig. 5).
fracture par rapport aux insertions ligamentaires et au cartilage Sur un os ostéoporotique, dans le cadre des fractures de type III
hyalin condylien et trochléen. Ainsi le type I pose des problè- et IV, une ostéosynthèse par plaque épiphysaire en console peut
mes de diagnostic et de fixation par ostéosynthèse ; le type II être utile.
pose essentiellement un problème de réduction, le type III passe
par l’insertion fémorale du ligament latéral externe. Le type IV Rééducation
est associé à des lésions du cartilage trochléen. L’ostéosynthèse doit apporter une bonne stabilisation du
foyer afin d’autoriser une rééducation précoce le jour même ou
Traitement
dès le lendemain de l’intervention. La mise en charge est
Il est de nos jours chirurgical [6, 7]. Une voie d’abord antéro- généralement autorisée vers la fin du deuxième mois postopé-
latérale permet de contrôler la bonne congruence articulaire ratoire afin d’éviter un déplacement secondaire.
Appareil locomoteur 3
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Groupe I
Groupe II
Groupe III
Fractures métaphysoépiphysaires
De nombreux auteurs (Malgaigne, Tanton, Bohler, Watson
Jones, Müller, Creyssel et Vidal) [8] ont décrit différentes formes
anatomiques en fonction du trait de fracture. Ainsi, ils ont III.1 III.2 III.3
distingué :
• les fractures supracondyliennes de Boyer dans leur forme simple ;
• les fractures sus- et intercondyliennes dont le trait articulaire
sépare les deux condyles dans un plan sagittal au niveau de
la trochlée réalisant un fracture en Y ;
• les fractures diaphyso-métaphyso-épiphysaires ;
• les fractures épiphysaires complexes.
De nombreuses classifications (Neer, Vidal/Marchand, Judet/
Denver) ne permettent plus aujourd’hui de guider une attitude III.4 III.5 III.6
chirurgicale moderne. La classification de l’Association suisse
pour l’ostéosynthèse (AO) multiplie les formes et les sous- Figure 6. Classification de Chiron. Groupe I : fractures simples ; groupe
II : fractures à comminution métaphysaire ; groupe 3 : fractures à commi-
groupes, ce qui rend difficile l’interprétation des résultats
nution épiphysaire.
(36 formes). Les formes épiphysaires complexes ne sont toujours
pas décrites et regroupées sous un seul vocable 33 C3.3 alors
. que ces fractures se présentent sous des formes différentes par description des formes articulaires complexes, en trois groupes
la description des traits et la difficulté de leur réduction et qui posent des problèmes mécaniques et techniques semblables
représentent près d’un tiers des cas. avec un pronostic fonctionnel comparable.
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Tableau 1.
Tableau des équivalences entre la classification de Chiron et la
■ Conduite à tenir en urgence
classification de l’Association suisse pour l’ostéosynthèse (AO). Elle dépend d’un certain nombre de facteurs de gravité : état
Chiron/AO 1 2 3 4 5 6 général du blessé, fracture ouverte ou fermée, forme de la
fracture, présence ou non de complications immédiates, expé-
I (27 %) A12 A21 ? C11
rience de l’équipe de garde. Sur le plan clinique : un membre
A13 A13 C12 raccourci au genou empâté doit faire évoquer une fracture de
C13 l’extrémité inférieure du fémur.
II (45 %) A23 C31 A33 ? C22 C23 L’ouverture du foyer est fréquente (29 %). Il s’agit la plupart du
C32 C21 temps d’une ouverture de dedans en dehors provoquée par la
partie proximale du fémur qui peut être extériorisée. Même
III (28 %) C33 C33 C33 C33 C31 ? lorsque la plaie est large, ces lésions sont la plupart du temps
C32 du type I ou II de Cauchoix-Duparc, l’ambiance musculaire de
la région étant généreuse. Un degloving syndrom, des lésions
.
d’écrasement font considérer la lésion comme un stade III (8 %
des fractures ouvertes), mais il faut rester prudent cette
“ Point important
interprétation.
Comme dans toute fracture ouverte de membre, le malade
bénéficie d’une antibiothérapie préventive ; la sérovaccination
Dans chaque groupe, à forme identique, la hauteur de antitétanique est contrôlée. Le lavage-drainage-parage doit être
fait dans les six heures qui suivent le traumatisme selon la
l’épiphyse résiduelle conditionne en partie le choix du
technique habituelle. Il est bon, en cas de choix ou de nécessité
mode de synthèse. Plus la fracture est basse, plus il est d’une ostéosynthèse en différé, de réintégrer la partie proximale
difficile d’obtenir un montage stable. du fémur dans son compartiment après désincarcération d’un
embrochage musculaire pour faciliter la cicatrisation musculaire
.
métaphysaire prépondérante : 45 % porté après mûre réflexion, l’examen étant fait sur un membre
tracté manuellement dans l’axe, après radiographies, afin
Le groupe II comprend toutes les fractures où la comminu- d’éliminer une luxation postérieure du genou qui, elle, est
tion de la zone métaphysaire rend difficile l’analyse des axes source de complications vasculaires et nerveuses beaucoup plus
(frontaux, sagittaux et en rotation) et de la longueur. La fréquentes. En cas de lésion vasculaire authentifiée, il convient
. réduction des formes conservant un repère osseux sur la de réaliser en urgence une ostéosynthèse suivie d’un pontage
corticale externe ou un fragment distal long est plus simple que veineux réalisé de préférence par un chirurgien spécialisé.
celle des formes où la comminution externe est complète avec L’analyse de la motricité recherche une lésion du nerf sciati-
instabilité de la métaphyse. Le point commun à ce groupe est que [12], également très rare (1,5 %), apanage plutôt des fractures
une épiphyse intacte, ou bien séparée seulement par un trait supracondyliennes hautes, avec forte bascule postérieure du
intercondylien. Les fractures sont classées par ordre de gravité fragment distal.
croissante en fonction de la hauteur de l’épiphyse restante, le L’examen du pivot central est impossible. Les lésions du LCA
. groupe des fractures articulaires sus- et intercondyliennes étant sont très rares (1,4 %) [13]. Sur 80 fractures articulaires, nous
considéré plus à risque que celui des fractures supracondylien- avons constaté en peropératoire quatre désinsertions sans
nes comminutives. rupture intraligamentaire de ligaments croisés antérieurs. À
chaque fois, il s’agissait d’une désinsertion osseuse au plafond
Groupe III des fractures à comminution sous forme d’un « pavé » corticospongieux. Le type de fracture
.
épiphysaire prépondérante : 28 % était toujours une forme particulière avec fracture comminutive
de la zone centrale de la trochlée (2 % de la série globale)
Le groupe III comprend les fractures dont la réduction (groupe III.5). Une réinsertion transcondylienne avec passage
chirurgicale de l’épiphyse doit tenir compte de traits multiples. des fils avant réduction a permis d’obtenir une bonne stabilité
. Dans toutes les classifications déjà existantes, ce groupe est mal finale.
différencié. C’est l’arthrotomie systématique de toutes les Pour analyser les traits de fracture épiphysaire, les clichés
fractures articulaires qui nous a permis de constater qu’au trait radiographiques réalisés en urgence sont souvent insuffisants et
intercondylien présent dans 97 % des fractures articulaires se ne mettent pas en évidence le siège et l’orientation des traits de
.
surajoute un trait uni- ou bicondylien simple. La zone méta- fracture épiphysaire. La tomodensitométrie (TDM) simple
physaire de ces fractures du groupe III est comminutive dans n’apporte que peu d’éléments utiles. La reconstruction tridi-
89 % des cas. mensionnelle rend parfaitement compte du siège du trait de
.
fracture et des déplacements. Si ce type d’examen n’est pas
.
Équivalence de la classification chirurgicale disponible rapidement, il vaut mieux faire une arthrotomie
vers la classification de l’Association suisse systématique de toutes les fractures articulaires.
.
pour l’ostéosynthèse [1, 9]
Le tableau des équivalences (Tableau 1) met en évidence que ■ Traitement orthopédique
certains types fracturaires de difficulté chirurgicale et de
pronostic similaires sont surreprésentés dans la classification de Le protocole habituel [14, 15] (Fig. 7) est une mise en traction
.
l’AO, alors que les fractures articulaires complexes sont mal sur cadre, associée à une mobilisation plus ou moins précoce
décrites et regroupées sous une seule forme (C33), ou bien pendant un délai de deux mois. Un plâtre pelvipédieux ou
absentes (1.3, 2.4, 3.6)... mieux maintenant une orthèse dynamique prend le relais
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Plaques diaphyso-métaphyso-épiphysaires
rouillage est simple, la voie d’abord peut être minimale. Ce clou
est compatible avec une arthroplastie de hanche et éventuelle- Lame-plaque [20] (Fig. 11).
ment de genou en fonction du modèle. Principe. C’est une plaque prémodelée, monobloc qui assure
la stabilité de l’épiphyse par une lame quadrangulaire plate,
Inconvénients. Une arthrotomie faite en cas de fracture rigide, impactée et qui se fixe sur la diaphyse par des vis
extra-articulaire est discutable. Elle est peu adaptée aux fractures bicorticales.
articulaires, le point de pénétration du clou se trouvant exacte- Avantages. Ce matériel monobloc est très stable, notamment
ment au niveau du trait de séparation des fractures intercondy- en compression. Sa pose est facilitée par un guidage sur broche.
liennes. Il est difficile de choisir le point de pénétration idéal Il est peu volumineux.
permettant une réduction de l’interligne à 95° par rapport à la Inconvénients. L’impaction de la lame peut être traumatisante
diaphyse externe. Enfin et surtout en cas d’infection, il existe sur une épiphyse fracturée. La résistance à l’arrachement est
un risque réel d’ostéoarthrite d’emblée. faible sur une épiphyse ostéoporotique. Une erreur au point
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Figure 12.
A. Vis-plaque condylienne pour une fracture de
type II.3.
B. La vis dynamique n’est pas parallèle à l’interli-
gne à l’origine d’un cal vicieux en valgus.
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Figure 14. Ostéosynthèse par une vis-plaque de Chiron pour une fracture de type II.5.
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Figure 16. Analyse tomodensitométrique (TDM) des déplacements et des traits de fractures du groupe I.
• les fractures de type I.1, par la longueur de l’épiphyse l’imagerie qui pourrait conduire à une technique percutanée
restante, semblent bien adaptées à un clou verrouillé antéro- laissant en place une forte incongruence articulaire. Les fractures
grade ; de type III.6 doivent être de préférence stabilisées par un
• les fractures de type I.2 à un clou verrouillé rétrograde ou un . fixateur externe appuyant sur le fémur et le tibia en pontage du
système de vis-plaque ; genou, ces fractures s’accompagnant souvent d’importantes
• les fractures de type I.3 à une lame-plaque guidée par broche ; lésions cutanées.
• pour les fractures de type I.4, classiques fractures intercondy-
liennes, il faut se méfier de tout geste chirurgical percutané. Cas particulier des fractures sur prothèses du genou
Une étude scanner en 3D associée à une arthrotomie systé- Ce sont souvent des fractures du groupe I favorisées par la
matique de toutes les fractures articulaires de notre série a mis présence d’un matériel rigide posé sur un os fragile. La classifi-
en évidence un certain nombre de déplacements toujours cation de Rorabec [29] est la classification spécifique la plus
présents dans ce type de fracture et difficiles à apprécier sur de utilisée.
simples radiographies de face et de profil : La classification de la SOFCOT 2006 est simple et complète [30,
• une rotation des condyles l’un par rapport à l’autre due à 31] dans le même esprit que celle de Vancouver pour les
l’asymétrie de leur courbure qui ne peut être réduite par des fractures périprothétiques de l’extrémité supérieure du fémur.
manœuvres externes, fixée par la pression du plateau tibial L’ostéosynthèse stable est la meilleure des indications au
sur les condyles ; détriment de la reconstruction d’emblée par une prothèse
• une bascule latérale des condyles qui est également fréquente. massive. Le clou rétrograde a, dans ce cas, une indication idéale
Il existe souvent, même dans les fractures simples, une à condition que la prothèse fémorale ait un passage suffisant
comminution de la zone trochléenne qui peut conduire à un . pour celui-ci (Fig. 17). Un système de vis-plaque permet de
mauvais résultat fonctionnel (Fig. 16). Pour ce type de fracture, s’affranchir de cette condition (Fig. 18) à condition que la tenue
un système par vis-plaque paraît adapté. Un chirurgien expéri- des vis soit adaptée à un os porotique.
menté peut réussir à mettre en place un clou antérograde. La
.
mise en place d’un clou rétrograde se discute car le point de Ostéosynthèse en urgence ou différée ?
pénétration du clou se trouve au niveau du trait de fracture
intercondylien... [28]. Pour l’ostéosynthèse en urgence
10 Appareil locomoteur
Figure 17. Ostéosynthèse par clou rétrograde d’une fracture sur prothèse totale du genou (PTG).
Greffe secondaire
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Figure 19. Fracture type III.1 synthésée par vis-plaque de Chiron. Perte de substance qui consolide en quatre mois sans greffe.
réduction, la précocité de la rééducation, l’existence ou non homolatérale du plateau tibial ou de la rotule, les résultats
d’une fracture associée de la rotule ou du plateau tibial du fonctionnels ne sont plus favorables que dans 47 %, ils ne sont
genou concerné. jamais cotés très bons, avec 41 % de mauvais résultats. En
revanche, lorsque les fractures touchent le côté controlatéral, les
Qualité de la réduction bons résultats fonctionnels sont de 82 %, pourcentage supérieur
Un bon résultat fonctionnel est directement lié à une bonne à celui de la série globale, chez un malade certainement mieux
réduction anatomique. Ainsi la qualité de la réduction, donc du médicalisé. Ce n’est donc pas directement la notion de poly-
résultat fonctionnel, est directement liée à la difficulté opéra- traumatisme ou de polyfracture qui modifie le résultat fonc-
toire, elle-même fonction du type de la fracture. Cependant une tionnel, mais l’existence d’une autre fracture associée du genou.
bonne réduction ne suffit pas pour obtenir un bon résultat Bien entendu, dans ces cas, l’ostéosynthèse de la rotule ou du
fonctionnel, si le montage n’est pas assez stable pour permettre plateau tibial doit être d’aussi bonne qualité que celle du fémur.
une rééducation précoce ou qu’il existe une fracture associée de Les mauvais résultats fonctionnels s’expliquent bien souvent par
la rotule par exemple. des adhérences majeures trochléorotuliennes pouvant aller
jusqu’à la synostose qui entraîne une perte de l’extension active.
Précocité de la rééducation Une arthrolyse peut être tentée, mais les résultats sont souvent
Un facteur essentiel influençant le résultat fonctionnel est la décevants. Il faut alors porter l’indication soit d’une prothèse
précocité de la rééducation [36]. Si nous analysons les résultats rotulienne isolée, soit d’une patellectomie.
fonctionnels des blessés qui ont été rééduqués précocement par
rapport à ceux qui, pour des raisons diverses (séjour dans un Traitement des complications
service de réanimation, malades pusillanimes, chirurgiens trop Raideur du genou
prudents, retour à domicile trop précoce), n’ont été rééduqués
qu’après quinze jours, nous constatons une grande disparité. Si, à la troisième semaine, les amplitudes articulaires n’attei-
Nous ne retrouvons pas de très bons résultats parmi ceux qui gnent pas 90°, une mobilisation sous anesthésie générale suivie
ont été rééduqués après le quinzième jour. En revanche, dans ce d’une reprise du schéma de rééducation initial nous paraît
groupe, il apparaît un nombre important de mauvais résultats indispensable. Une mobilisation plus tardive risque d’entraîner
bien supérieur à celui des mauvaises réductions anatomiques de des lésions cartilagineuses et une rupture de l’appareil extenseur.
toute la série. Dans ce groupe des malades rééduqués tardive- Une intervention mobilisatrice chirurgicale consistant en un
ment, nous retrouvons cependant, à décharge, un certain décollement du quadriceps en regard du foyer de fracture
nombre de malades qui présentaient une fracture du genou qui associée à une arthrolyse sous arthroscopie ou à foyer ouvert
est un autre facteur aggravant. Si la rééducation a été commen- peut être utile dans certains cas au-delà de trois mois.
cée trop tardivement et, qu’à la troisième semaine postopéra- Une raideur majeure à six mois impose une intervention
toire, le malade ne dépasse pas 30° de flexion, il est licite de lui mobilisatrice type Judet en tenant compte du terrain et des
.
proposer une mobilisation sous anesthésie. aptitudes du malade à supporter l’intervention et à suivre la
rééducation.
Fracture du genou homolatéral Une rotule basse initiale ou conséquence de la rétraction du
Trente pour cent des malades de notre série étaient des tendon rotulien sur un genou immobilisé est un facteur aggra-
polyfracturés du membre homolatéral. Les réductions anatomi- vant du risque de raideur.
ques très bonnes et bonnes sont, dans ce groupe, de 85 %, ce
Ostéite, pseudarthrose septique [37]
qui est comparable à la série globale. Cependant, les résultats
fonctionnels sont nettement moins bons. Nous notons que Il convient d’appliquer les grands principes du traitement des
lorsqu’il s’agissait d’un patient polyfracturé avec fracture infections osseuses, stabilisation du foyer, assèchement de
12 Appareil locomoteur
l’infection, relance la consolidation osseuse. Dans certains cas, [2] Chiron P, Giordano G, Besombes C, Tricoire JL, Puget J. In:
l’utilisation d’une autogreffe vascularisée peut être utile. L’échec Ostéosynthèse par la vis-plaque Condylienne de Judet Chiron. À
de différents traitements dans certains cas extrêmes peut propos d’une série continue de 364 fractures récentes. Paris: Springer
conduire à une amputation de cuisse. Verlag; 2005.
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Pseudarthrose aseptique 1980;153:169-79.
[4] Kulowski J. Fractures of the shaft of the femur resulting from automo-
Le changement du matériel de synthèse est souvent utile bile accidents. J Int Coll Surg 1964;42:412-20.
pour stabiliser le foyer de fracture. Certaines équipes préconisent [5] Nordin JY, Masquelet AC, Gavard R, Signoret F. Unicondylar fractures
une double ostéosynthèse latérale et médiane (T. Judet). of the femur. Observations based on a series of 90 case reports. Rev Chir
L’apport d’un greffon osseux spongieux ou corticospongieux Orthop Reparatrice Appar Mot 1985;71(suppl2):111-5.
sous forme d’une autogreffe permet de relancer la consolidation. [6] Meyer C, Enns P, Alt V, Pavlidis T, Kilian O, Schnettler R. Difficulties
Dans certains cas, la réalisation d’une prothèse totale du genou involved in the Hoffa fractures. Unfallchirurg 2004;107:15-21.
appuyée sur une allogreffe massive peut être la solution [7] Trillat A, Dejour H, Bost J, Nourissat C. Unicondylar fractures of the
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défaut d’axe dans tous les plans, à une incongruence articulaire 297-309.
. résiduelle (Fig. 8), à la présence de corps étrangers, à une [10] Iannacone WM, Taffet R, DeLong WG Jr, Born CT, Dalsey RM,
instabilité osseuse ou ligamentaire, mais aussi au traumatisme Deutsch LS. Early exchange intramedullary nailing of distal femoral
initial du cartilage. fractures with vascular injury initially stabilized with external fixation.
Ce dernier mécanisme explique la grande fréquence des J Trauma 1994;37:446-51.
arthroses fémoropatellaires rencontrées. Il est cependant difficile [11] Starr AJ, Hunt JL, Reinert CM. Treatment of femur fracture with
de chiffrer, en l’absence de publications ciblées sur ce sujet, la associated vascular injury. J Trauma 1996;40:17-21.
réelle fréquence à distance de l’arthrose. [12] Sloboda JF, Benfanti PL, McGuigan JJ, Arrington ED. Distal femoral
physeal fractures and peroneal nerve palsy: outcome and review of the
Il convient, dans tous les cas, de rester très prudent face un
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défaut d’axe frontal ou sagittal minime. La réalisation d’une
[13] Tohyama H, Kutsumi K, Yasuda K. Avulsion fracture at the femoral
ostéotomie intempestive pourrait faire courir plus de risques de attachment of the anterior cruciate ligament after intercondylar
pseudarthrose ou de reprise d’une l’infection que de bénéfice eminence fracture of the tibia. Am J Sports Med 2002;30:279-82.
pour éviter l’apparition éventuelle d’une arthrose. Face à une [14] Connolly JF. Closed management of distal femoral fractures. Instr
arthrose modérée, mais douloureuse d’un des compartiments Course Lect 1987;36:428-37.
fémorotibiaux, il est possible de proposer, si possible pour des [15] Nasr AM, Mc Leod I, Sabboubeh A, Maffulli N. Conservative or
cals vicieux supérieurs à 5°, une ostéotomie fémorale de surgical management of distal femoral fractures. A retrospective study
valgisation ou de varisation [39]. Le choix du matériel d’ostéo- with a minimum five year follow-up. Acta Orthop Belg 2000;66:
synthèse se fait alors en faveur d’un système permettant de 477-83.
prendre pour repère l’interligne articulaire, soit une lame- [16] Stover M. Distal femoral fractures: current treatment, results and
plaque ou une vis-plaque condylienne. problems. Injury 2001;32(suppl3):SC3-SC13.
Une arthrose évoluée ou une forte incongruence articulaire [17] Chiron P. Focus on allografts and bone substitutes. Round table discus-
résiduelle conduisent à proposer la réalisation d’une arthroplas- sion of the Study Group of Bone Tissue Substitutes 1997. Rev Chir
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[18] Salem KH, Maier D, Keppler P, Kinzl L, Gebhard F. Limb
La présence d’une arthrose fémoropatellaire isolée peut faire
malalignment and functional outcome after antegrade versus retrograde
réfléchir à la proposition d’une prothèse fémoropatellaire.
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Chiron P. Fractures de l’extrémité inférieure du fémur de l’adulte. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Appareil locomoteur, 14-080-A-10, 2009.
14 Appareil locomoteur
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Fracture ouverte à classer 3A de Gustilo. a. Ostéosynthèse interne. b. Cicatrisation à 3 semaines.
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Tomodensitométrie : fracture Hoffa condyle latéral et Trélat condyle médial/type III.3.
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Ostéosynthèse par clou antérograde d'une fracture à trois étages I.1 et d'une fracture II.2.
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Le cul-de-sac latéral est relevé pour poser les broches du fixateur externe en extra-articulaire.
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Ostéosynthèse par plaque LISS (less invasive stabilization system) d'une fracture sur prothèse totale du genou (PTG). Instabilité
des vis. Reprise par cerclage.
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Allogreffe massive et prothèse totale du genou (PTG) pour démontage d'un clou rétrograde pour fracture type II.6.
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Polyfracture du genou : EIF/plateaux tibiaux/rotule.
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