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Sauvegarder le corps méniscal après un traumatisme garde toute sa valeur. La fonction méniscale fait
partie intégrante du genou et reste liée à l’intégrité ligamentaire et cartilagineuse. Ce travail passe en
revue l’anatomie et la physiologique méniscale. L’histoire de la lésion ainsi que sa symptomatologie est
suivie d’une étude actuelle de l’imagerie méniscale. Les auteurs portent un large intérêt au traitement des
lésions méniscales, qui inclut le traitement conservateur et le traitement agressif. Il varie de la résection
méniscale adéquate à la suture méniscale en s’attardant sur les différentes techniques qui sont à l’ordre
du jour. Il est rappelé l’intérêt particulier de connaître les conditions de prise en charge des lésions
méniscales sur un genou stable ou associées à une lésion ligamentaire. Le travail se termine par une étude
des complications potentielles qui peuvent survenir dans l’approche chirurgicale de ces lésions et
évoquent la place des allogreffes méniscales.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Appareil locomoteur 1
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14-084-A-10 ¶ Lésions traumatiques des ménisques du genou
Ménisque médial
Il est de forme semi-circulaire. Sa partie antérieure est
A B beaucoup plus large que la partie postérieure. Ce ménisque est
le plus stable. Sa partie antérieure est fermement attachée en
Figure 1. Après méniscectomie totale un glissement antéropostérieur avant de l’insertion tibiale du ligament croisé antérieur (LCA).
(AP) plus important se présente. Cette partie antérieure est reliée à la partie antérieure du
A. Ménisque intact : mouvement AP normal. ménisque latéral par l’intermédiaire du ligament transverse,
B. Ménisque enlevé : mouvement AP important. structure dense de 2 mm de diamètre. La partie postérieure du
ménisque médial est vigoureusement accrochée en arrière du
massif des épines tibiales. Sa partie périphérique est parfaite-
ment attachée à la capsule sur toute sa longueur. Dans sa partie
moyenne, ce ménisque médial est très bien attaché au faisceau
profond du ligament latéral interne (LLI) avec un renforcement
fémoral appelé ligament méniscofémoral et un renforcement
tibial appelé ligament méniscotibial. En arrière du LLI, le
ménisque est attaché au ligament postéro-oblique à sa partie
tibiale.
Ménisque latéral
Il est de forme circulaire. De l’avant vers l’arrière, sa largeur
est identique. En revanche, la fréquence des anomalies de forme
est beaucoup plus importante qu’au ménisque médial (1
à 15 %) allant de l’augmentation du volume d’une des parties
du ménisque jusqu’au ménisque discoïde. Les moyens de
fixations du ménisque latéral sont lâches. La partie antérieure
Figure 2. Dans le cas d’une méniscectomie interne (genou droit) la est fixée juste en avant du massif des épines tibiales et en arrière
désaxation (en varus) et la surcharge du compartiment interne augmen- au pied du LCA avec lequel il partage des connections fibreuses.
tent le risque dégénératif. Il n’y a aucun rapport anatomique avec le ligament collatéral
latéral et/ou le tendon du poplité. La partie postérieure du
ménisque latéral présente une particularité : elle est insérée
Rand (1985). [8] Dans les années soixante-dix et quatre-vingts, il entre l’insertion du ligament méniscofémoral de Humphrey et
a été démontré que la résection arthroscopique méniscale de Wrisberg qui participe à sa stabilité. Ces deux ligaments sont
partielle engendrait dans 90 % des cas une restitution fonction- présents dans 71 % des cas. Le muscle poplité de même que le
nelle complète. ligament poplité arqué s’insère intimement à la partie posté-
Les résultats à court terme de ces résections partielles équiva- rieure du ménisque latéral.
lent à ceux obtenus après résection méniscale à ciel ouvert. Le ménisque interne a un jeu beaucoup plus limité que le
En revanche, chez les sujets jeunes, pour les résultats à long ménisque externe, ce qui induit dans le compartiment interne
terme et en cas de résection du ménisque interne, la déviation un déplacement antéropostérieur limité à 1 cm lors de la
axiale et la surcharge mécanique deviennent des éléments flexion, tandis qu’au compartiment externe il peut aller jusqu’à
importants. Ceux-ci peuvent induire un risque de dégénéres- 2,5 cm. Ceci contribue après méniscectomie en particulier
cence cartilagineuse dans ce compartiment. Non seulement il externe à la dégénérescence cartilagineuse.
n’y a plus d’effet amortisseur par le corps méniscal, mais
également plus d’effet stabilisateur de ce mur méniscal
(Fig. 1,2). Toute laxité ligamentaire éventuelle associée aug- ■ Physiologie et pathologie
mente encore l’effet péjoratif de la méniscectomie. À long terme
chez le sujet plus âgé un malade sur deux va continuer à se
du ménisque
plaindre de son compartiment interne après résection adéquate
du ménisque interne. Fonction du ménisque. Structure
Ces constatations poussent à une résection méniscale la plus fonctionnelle
partielle possible, et en cas de lésion traumatique à une
réparation méniscale par suture. Cette même attitude doit Type cellulaire
s’appliquer autant que faire se peut encore pour le comparti- Le ménisque est un fibrocartilage contenant une population
ment externe. En effet, le ménisque latéral s’articule avec le cellulaire dénommée fibrochondroblastes, stabilisé dans une
condyle fémoral externe convexe en dessus et le plateau tibial matrice extracellulaire. Ces fibrochondroblastes peuvent éven-
convexe en dessous. Le maintien de cette congruence pousse tuellement être précisés comme fibroblastes ou comme chon-
d’autant plus au respect du ménisque dans le compartiment drocytes en fonction de leur localisation en surface ou en
externe du genou. profondeur dans les corps méniscaux.
Matrice extracellulaire
■ Anatomie
La matrice extracellulaire est constituée d’eau (75 %) et de
Les corps méniscaux sont des fibrocartilages semi-lunaires qui matériel solide (± 25 %). Ce sont surtout du collagène, des
s’interposent entre les condyles fémoraux et les plateaux protéoglycanes et des protéines non collagènes.
2 Appareil locomoteur
H O
+ 2
S -
Protéine
centrale
d d H2O
+
H2O S-
+
S- +
H2O
S -
r
Chaîne de
Figure 3. Les faisceaux de collagène se dirigent essentiellement de glycosaminoglycanes
façon radiale (r) en surface et de façon circonférencielle en profondeur (d).
Figure 5. Les glycosaminoglycanes sont rattachés à une longue pro-
téine. Les protéoglycanes sont sulfatés. C’est par ce dernier groupe qu’ils
deviennent très hydrophiliques.
Appareil locomoteur 3
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14-084-A-10 ¶ Lésions traumatiques des ménisques du genou
En compression En tension 2
1
2
1
Figure 9. Il y a une bonne résistance à la tension grâce aux faisceaux
radiaux (1). Leur présence est essentielle mais irrégulière. Aux endroits
moins fournis le ménisque résiste moins aux forces de tension (2).
Figure 7. Le ménisque est anisotropique en compression.
Sans compression
En cisaillement
Avec ménisque en place
1- Descellement des
faisceaux radiaux
2 - Rupture des
faisceaux radiaux
3 - Diastase des
faisceaux radiaux Figure 10. En laboratoire le contact entre le fémur et le tibia passe
essentiellement par la surface méniscale quand le genou n’est pas en
charge. Seulement 10 % de la surface cartilagineuse est en contact et
Figure 8. Des ruptures verticales font essentiellement suite à des forces essentiellement dans le coin postéro-interne.
de cisaillement dans le plan vertical, et donc parallèles aux faisceaux
collagènes circonférenciels. Ce même procédé peut se présenter dans les concentration et l’alignement des fibres de collagène, [12, 17] et
ruptures horizontales. 1. Descellement ; 2. rupture ; 3. diastase. tout ceci suggère que la résistance à la tension en direction
circonférentielle dépend de l’ultrastructure des fibres de colla-
gène et donc des interactions intermoléculaires. Ceci a une
la distribution de la charge. Ces éléments permettent une défor- conséquence clinique (Fig. 9). Les ruptures horizontales des
mation sous compression. L’étude de ce comportement a ménisques pourraient être engendrées par les forces de cisaille-
montré que le ménisque réagit de façon anisotropique sous ment où la présence des fibres radiales dans le corps méniscal
compression (Fig. 7). [12, 18] n’est pas en nombre.
Forces en cisaillement
Rôle fonctionnel des ménisques
L’étude de ces forces suggère que le ménisque doit supporter
d’importantes forces de cisaillement en condition normale de Fonction en charge
fonctionnement. [19] Ces forces rompent progressivement les La survenue de lésions dégénératives du cartilage après méniscec-
fibres radiales superficielles mais aussi les fibres radiales tomie suggère clairement que les ménisques ont un rôle important
profondes donnant ainsi naissance à l’image dégénérative du dans la transmission des charges dans le genou. [21-23]
ménisque âgé (Fig. 8). En l’absence de charge, le contact entre le fémur et le tibia
passe essentiellement par la surface méniscale. Seulement 10 %
Forces en tension du cartilage de portance se trouve en contact dans cette
Il est clair que la résistance aux forces en tension dépend de situation et alors essentiellement dans la partie postéromédiale
la présence et de l’orientation des fibres de collagène. Ce sont du plateau tibial (Fig. 10). En charge en revanche, le contact se
surtout les fibres circonférentielles qui prédominent. L’étude des répartit aussi bien entre le ménisque et le cartilage. Les études
ménisques bovins montre une rigidité dix fois plus grande si de Ahmed et Burke [24] ont remarqué qu’au moins 50 % de la
l’évaluation se fait par une évaluation parallèle aux faisceaux force de compression passe par les ménisques le genou en
collagènes versus les valeurs mesurées à angle droit. [17] extension (Fig. 11) et jusqu’à 85 % en flexion à 90 ° (Fig. 12).
La différence est encore plus grande quand on compare la Ces chiffres montrent clairement l’importance du rôle méniscal
structure collagène superficielle à la structure collagène pro- dans le genou en charge.
fonde. La résistance aux forces en tension est bien moins
importante en surface en raison de l’orientation en filet des Fonction d’amortisseur
fibres de collagène. Suite à leur constitution viscoélastique les ménisques atté-
De plus le segment moyen du ménisque est bien moins nuent le choc dans les charges de la marche : jusqu’à 20 % de
résistant aux forces circonférentielles quand on les compare avec plus selon l’étude de Voloshin et Wosk [25] entre genoux
les cornes antérieures et postérieures. Tout cela est dû à la normaux et genoux méniscectomisés.
4 Appareil locomoteur
En charge Figure 11. En laboratoire le genou en exten- cause une rupture du ménisque interne en anse de seau. Une
sion fait porter 50 % de la charge par les corps résection méniscale s’ensuit. Des épisodes de dérobement se
En extension
méniscaux. produisent à la reprise des activités professionnelles et sportives.
Un nouvel incident en torsion suite à la rupture du croisé
antérieur cause une lésion du ménisque externe qui induit un
traitement chirurgical avec excision du ménisque latéral.
Cette histoire ancienne souligne l’importance interactive de la
fonction stabilisatrice du ménisque.
Fonction de lubrification
La lubrification articulaire du genou est de nature élastohy-
drodynamique. [11, 26] En effet, puisque les surfaces portantes
peuvent se déformer dans des conditions hydrodynamiques, le
terme élastohydrodynamique décrit d’une façon élégante la
fonction biologique du corps méniscal. Puisque le cartilage
articulaire contient 85 % d’eau dont 70 % peuvent s’échanger,
cela induit une lubrification selon le principe du « film
Figure 12. En labora-
90˚ de flexion liquide ». Les ménisques en revanche ne contiennent que 74 %
toire dans le genou en
d’eau et sont jusqu’à six fois moins perméabless que le cartilage.
flexion et en charge
De sorte que la part habituellement attribuée au ménisque dans
80 % est porté par les
la lubrification ne semble pas claire.
corps méniscaux.
■ Évaluation méniscale
En charge Les ménisques ont une fonction chondroprotectrice du genou
en charge. Il est essentiel que les lésions méniscales soient
diagnostiquées puisqu’en effet elles peuvent mener à des lésions
dégénératives du genou. Le diagnostic doit se baser sur l’anam-
nèse et l’évaluation clinique. Plusieurs investigations techniques
sont à la disposition du clinicien pour étayer son diagnostic.
Histoire
C’est l’anamnèse du traumatisme qui aide à élucider les
signes cliniques du ménisque rompu. Le traumatisme en
flexion-rotation externe (Fig. 14) est bien connu et cause bien
souvent une rupture du ménisque interne. La rupture en anse
de seau se produit quand le malade se relève d’une position
accroupie ou agenouillée. Bien sûr plusieurs lésions intermédiai-
res peuvent s’ensuivre, associées ou non dans la corne anté-
rieure ou postérieure du ménisque.
Fonction de stabilisateur articulaire Une douleur apparaît aux tests rotationnels et en charge du
ménisque. C’est une gêne mécanique qui est rapportée par le
Même si DeHaven [11, 26] a retenu une augmentation de la malade.
laxité du genou après méniscectomie, d’autres études ne
confirment pas cette constatation. [27] La méniscectomie
associée à une rupture ligamentaire, tout particulièrement à
Symptomatologie
celle du croisé antérieur, augmente la laxité du genou. [28] Une Le tableau clinique est bien sûr différent de celui d’une
observation personnelle peut illustrer cette évolution que l’on atteinte inflammatoire, puisque l’on retrouve les 3 signes
peut décrire comme « genou normal ; genou 1 ; genou 2 ; genou cardinaux de la lésion méniscale : épanchement, dérobement et
3 » (Fig. 13). « Genou 1 » représente une rupture isolée du croisé très souvent blocage plus ou moins prononcé du genou.
antérieur, « genou 2 » une méniscectomie médiale qui s’ensuit La ponction retire habituellement un liquide clair et visqueux
et « genou 3 » une résection du ménisque externe ce qui mène dont l’examen confirme la nature mécanique avec peu de
à une incapacité fonctionnelle importante du genou. leucocytes à majorité lymphocytaires.
Un jeune joueur de football est victime d’un accident rota- Plus rarement après un accident aigu récent il peut s’agir
toire du genou responsable d’une rupture du ligament croisé d’hémarthrose ou d’une hydrohémarthrose plus trompeuse.
antérieur. Un traitement conservateur s’ensuit. À la reprise de Le malade peut également alléguer des symptômes de déro-
son activité sportive prétraumatique, un nouvel incident mineur bement qui peuvent être d’autant plus prononcés qu’une lésion
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Figure 14. Le trauma- dans la rotation du genou en charge. C’est McMurray [37] qui a
tisme en flexion-rotation décrit la douleur dans le compartiment interne du genou
externe est bien connu et associée à une rotation externe de la jambe. Le ménisque
cause bien souvent une interne dans ses segments moyens et postérieurs se coince entre
rupture du ménisque in- le fémur et le plateau tibial. Lenggenhager [38] a décrit le
terne. phénomène de casse-noix ce qui confirme le signe de Fino-
chietto. Le signe de Apley [39] se reporte au signe de McMurray.
Childress [40] en 1957 a décrit la marche en canard qui devient
impossible après lésion du ménisque interne suite à la flexion
maximale du genou qui déclenche une douleur dans le compar-
timent interne du genou.
L’auscultation décrite par Bircher [41] en 1913, même si le
bruit méniscal se trouve augmenté, reste un examen non
spécifique. [42, 43]
“ Points forts
Malgré une anamnèse très souvent précise et plusieurs
tests cliniques, le chirurgien orthopédique même
expérimenté ne peut très souvent que retenir 50 % des
lésions méniscales avec certitude.
Plusieurs autres situations cliniques peuvent simuler la
lésion méniscale. Il est donc essentiel de s’aider des
investigations paracliniques pour confirmer un diagnostic
clinique.
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■ Lésions méniscales
3 4 On peut retenir plusieurs étiologies aux lésions méniscales : la
maladie méniscale, la traumatologie méniscale aussi bien aiguë
Figure 19. Classification IRM des lésions méniscales. Stade I : hypersi- que dégénérative, ainsi que les malformations congénitales et
gnal nodulaire ou punctiforme intraméniscal. Stade II : hypersignal li- quelquefois iatrogènes (Fig. 20).
néaire intraméniscal. Stade III : hypersignal linéaire ou irrégulier étendu à
au moins une surface méniscale (1 : horizontal ; 2 : oblique ; 3 : vertical ;
4 : complexes).
Dérangement méniscal
Lésions congénitales
IRM
Il n’existe pas de cas d’absence méniscale rapportée dans la
L’IRM est un examen très efficace dans l’aide du diagnostic littérature.
des lésions du genou. C’est un examen non invasif et non
irradiant qui permet de visualiser les lésions méniscales dans Ménisque discoïde
tous les plans. L’IRM permet également une évaluation de la
qualité du tissu méniscal. Stoller et Crues [49] ont proposé une C’est presque exclusivement dans le compartiment externe
classification IRM des lésions méniscales se reposant sur des que le ménisque de forme discoïde est observé. Cette anomalie
bases histologiques (Fig. 19). est souvent bilatérale et peut être responsable d’une gêne
La dégénérescence myxoïde en revanche, s’observe déjà dans mécanique.
30 % de la population normale dès 35 ans. Ces données doivent C’est Watanabe [50] qui a décrit le plus précisément ce type
se confronter à la symptomatologie et ne peuvent pas toujours d’anomalie morphologique. Il décrit trois types de ménisques
confirmer ou infirmer le diagnostic clinique. discoïdes.
Tant en Europe qu’en Asie l’accessibilité limitée et le coût • Le type I est un ménisque discoïde complet qui recouvre
important de cette investigation limitent son usage. Les progrès totalement le plateau tibial externe. C’est la forme la plus
techniques néanmoins et la diffusion de ce matériel d’investi- fréquente (80 %).
gation doivent permettre dans l’avenir son usage optimal.
Arthroscopie
“ Points forts
L’arthroscopie ne devrait pas apparaître parmi les
méthodes diagnostiques des lésions méniscales.
Néanmoins, quand celles-ci sont suivies d’un traitement
par arthroscopie, cette technique permet de confirmer ou
d’infirmer un diagnostic clinique.
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10 Appareil locomoteur
“ Points forts
Le résultat des méniscectomies externes est plus mauvais
que celui des méniscectomies internes. Le taux de douleur
est de 42 %, le gonflement apparaît dans 30 % des cas.
L’évolution des méniscectomies n’est pas modifiée par
l’arthroscopie et la comparaison avec les séries à ciel
ouvert a montré que les résultats entre les différentes
séries étaient similaires.
c
b Lésions à réparer
a La chirurgie à ciel ouvert est encore proposée en association
Figure 25. Différents types de méniscectomie (ménisque interne vu du avec d’autres gestes chirurgicaux. La réparation méniscale par
dessus) : a. Totale ; b. intramurale ; c. partielle. arthroscopie est souvent associée à une réparation du ligament
croisé antérieur et plus rarement à une réparation du ligament
croisé postérieur. Elle peut aussi être proposée pour les lésions
La méniscectomie par arthrotomie n’est plus de mise, sauf le méniscales isolées.
cas échéant lorsqu’elle est associée à un geste chirurgical Indications
ligamentaire à ciel ouvert.
Complications immédiates. Elles sont rares. Le risque Si la lésion méniscale symptomatique se localise dans sa
d’infection est de l’ordre de 0,1 % des cas. Une hydarthrose, partie bien vascularisée, et à une longueur de plus de 1 cm, elle
sans être une complication, se retrouve plus souvent après une est une excellente indication à la suture.
méniscectomie externe qu’après une méniscectomie interne. Quand la vascularisation du ménisque est douteuse l’indica-
Cette différence est due à la morphologie du plateau tibial tion à suture devient bien sûr relative. De même, si le corps
externe plus convexe que le plateau tibial interne, augmentant méniscal présente des lésions plus ou moins importantes, la
ainsi l’incongruence anatomique et le conflit mécanique. résection doit être préférée. Ces indications relatives peuvent
Les bris de matériel ne représentent que 0,1 % de la chirurgie s’améliorer en ajoutant avant la réparation des gestes qui
arthroscopique. Il n’est pas toujours simple de pouvoir enlever favoriseraient une meilleure vascularisation du mur méniscal :
la pièce qui s’est brisée. Cette complication doit être évitée par abrasion, canaux vasculaires ou caillots sanguins qu’on entremet
la prudence et l’augmentation de l’expérience arthroscopique. dans la rupture méniscale avant sa suture.
Les incidents vasculaires et nerveux sont exceptionnels après • Sur genoux stables : les lésions méniscales symptomatiques à
méniscectomie. Ils sont plus fréquents après réparation suturer sur genoux stables sont rares. Il faut une lésion de
méniscale. plus de 1 cm ou a fortiori en anse de seau.
Résultats à long terme des méniscectomies. Le risque des • Sur genoux instables : tout genou instable – c’est-à-dire avec
méniscectomies à ciel ouvert était la survenue d’une arthrose. lésion du pivot central – hypothèque l’intégrité méniscale et
Par arthroscopie, une des études les plus importantes à plus de sa cicatrisation. Le geste chirurgical de réparation ligamen-
10 ans de recul reste la série rapportée lors du congrès de la taire est donc requis dans un grand nombre de situations
Société française d’arthroscopie (SFA) en 1996 dont les direc- cliniques. Ce geste ne fait pas l’objet de ce travail. Néanmoins
teurs étaient P. Neyret et P. Chambat. [66, 67] 429 lésions le chirurgien doit savoir que le cas échéant le ménisque
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12 Appareil locomoteur
Figure 27. Afin d’éviter des accidents neurovasculaires la technique de « dehors-en dedans » s’est développée. Elle permet une insertion plus précise des
aiguilles de passage dans la corne postéromédiale et postérolatérale du genou.
A, B. Insertion rétrograde de l’aiguille.
C, D. Un fil de suture s’insère par l’aiguille et est repris en antérieur pour être ligoté.
E, F, G. Ce geste se répète et permet ainsi une suture sous-cutanée en U afin de stabiliser la rupture méniscale.D’après R. Verdonk. Arthroscopic meniscal surgery.
Surgical Techniques in Orthopaedics and Traumatology (Elsevier, SAS), 55-510-C-10.
extrêmement efficace l’hospitalisation du malade. Elle peut Complications vasculaires. EIles sont extrêmement rares et
néanmoins causer nombre de complications heureusement ne représentent que 0,003 % des accidents en chirurgie arthro-
rares. scopique. [70, 71] C’est bien sûr au creux poplité que ces acci-
Fracture de matériel. Selon Sprague [69] elle ne représente dents sont les plus fréquents. Les lésions sont souvent majeures
que 0,1 % des cas de chirurgie arthroscopique. Il n’est pas et ceci est la raison du développement du matériel de fixation
toujours simple de pouvoir enlever la pièce qui s’est fracturée. méniscale tout en dedans.
Elle peut s’éviter par une prudence et une expérience chirurgi- Lésions nerveuses. Les lésions nerveuses sont rares : 0,4 à
cale. 0,6 % des cas de chirurgie arthroscopique ; [65, 66] le nerf
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“ Points forts
La chirurgie méniscale a connu une évolution rapide en
passant de la méniscectomie totale à la méniscectomie
arthroscopique partielle, à la suture et à l’allogreffe. Les
résultats de la méniscectomie à long terme sont
Figure 29. L’insertion mécanique de la fléchette en place. D’après P. maintenant bien connus. Les sutures méniscales ne sont
Albrecht-Olsen. Meniscus repair with meniscus arrow. Surgical Techni- pas toujours possibles et l’utilisation d’allogreffe est une
ques in Orthopaedics and Traumatology (Elsevier, SAS), 55-510-E-10.
opportunité dans l’arsenal thérapeutique.
saphène interne peut être pris dans une suture méniscale
interne de dedans-dehors. La branche infrapatellaire de ce
même nerf est parfois lésée dans les voies d’abord. Il est clair Garrett [73] a rapporté 43 greffes au recul de 3 à 7 ans. 29 %
qu’il faut éviter en utilisant une incision cutanée de blesser le d’échecs directement liés à la présence d’une arthrose ont été
nerf poplité dans le compartiment externe du genou. signalés.
Re-rupture ou absence de cicatrisation. Elle n’est pas Van Arkel et De Boer [74] ont rapporté les résultats de 23 gref-
vraiment une complication de la technique, mais le témoin fes cryopréservées au recul de 2 à 5 ans. Dans 10 cas, le résultat
d’une indication inadaptée. était imparfait et le facteur majeur semblait être un défaut
Autres complications. Le stress en valgus pour ouvrir le d’axe.
compartiment interne en particulier sur un genou serré peut Noyes et Barber [75] ont rapporté une série de 96 greffes
induire une rupture du ligament collatéral médial. Elle est très congelées et irradiées avec un pourcentage élevé d’échecs en
souvent bien supportée et ne cause pas de handicap à long rapport avec les effets de l’irradiation.
terme. Avec Almqvist, nous avons rapporté les résultats de 69 greffes
au recul de 5,3 ans avec une amélioration importante significa-
Allogreffes méniscales
tive sur le score HSS. Il n’y avait pas de différence entre le
Les objectifs d’une greffe méniscale sont triples : ménisque médial et le ménisque latéral. [76]
• réduire la douleur ; Pour tous ces auteurs, la greffe méniscale est une technique
• réduire ou éviter le risque d’arthrose ; reproductible et faisable. L’incorporation du transplant est
• rétablir la biomécanique normale du genou. démontrée et se produit entre le 6e et le 8e mois postopératoire.
Actuellement, les greffes méniscales peuvent être effectuées à Les indications doivent être précises : le patient idéal est un
partir de tissus frais, de tissus lyophilisés, cryopréservés ou sujet jeune (< 40 ans) douloureux avec un genou stable ou bien
congelés. stabilisé par une ligamentoplastie, ayant un axe mécanique
Les indications de greffe méniscale sont proposées chez des normal. Actuellement, les greffes méniscales ne sont pas
patients présentant des douleurs compartimentaires après indiquées chez les patients asymptomatiques puisqu’il n’est pas
méniscectomie totale ou partielle. démontré que la greffe puisse prévenir à long terme la survenue
Les résultats sont nombreux dans la littérature : Milachowski d’une arthrose. Le stade de l’atteinte cartilagineuse reste
et al. [72] ont publié 22 allogreffes fixées par sutures au recul de controversé. Les meilleurs résultats sembleraient être obtenus
14 mois. Le taux d’échec était de 12,5 % pour les greffes pour des degrés de stade I de Fairbank sur les radiographies.
lyophilisées et 16,6 % pour les greffes congelées. L’arthrose évoluée est une contre-indication absolue.
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Verdonk R., Almqvist F. Lésions traumatiques des ménisques du genou. EMC (Elsevier SAS, Paris), Appareil
locomoteur, 14-084-A-10, 2005.
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