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Imagerie des traumatismes de la colonne


vertébrale
G. Bierry, J.-C. Dosch, T. Moser, J.-L. Dietemann

Les traumatismes de la colonne vertébrale sont une importante source de handicap. Différents méca-
nismes sont à l’origine de lésions variées intéressant les éléments osseux, ligamentaires, vasculaires et
nerveux. L’imagerie permet d’identifier ces lésions. Elle est guidée par les données cliniques qui permettent
de choisir la technique la plus adaptée : radiographies, scanner ou imagerie par résonance magnétique.
Une bonne connaissance des éléments de physiopathologie et de sémiologie est nécessaire pour guider
le traitement de ces patients dans le contexte de l’urgence. Le but de cette mise au point est de rappeler
les différents mécanismes lésionnels, de préciser le rôle des différentes techniques d’imagerie, et enfin de
détailler les principaux types de lésions traumatiques de la colonne cervicale et thoracolombaire.
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Mots-clés : Traumatisme de la colonne vertébrale ; Fractures de la colonne vertébrale ; Moelle épinière ;


Imagerie de la colonne vertébrale

Plan  Rappels cliniques


■ Rappels cliniques 1 À notre connaissance, il n’existe pas de signe clinique de
Douleur 1 certitude en faveur d’une lésion traumatique vertébrale. La dou-
Syndrome radiculaire (suspicion d’atteinte du foramen leur est totalement aspécifique et les troubles radiculomédullaires
intervertébral) 2 peuvent s’observer en l’absence d’atteinte discovertébrale, tant
Syndrome médullaire (suspicion d’atteinte du foramen vertébral) 2 chez l’adulte par contusion médullaire sur canal rétréci, que chez
■ Mécanismes et lésions élémentaires 2 l’enfant par élongation, ébranlement ou ischémie dans les spinal
Anatomie et architecture 2 cord injury without radiological anomalies (SCIWORA).
Éléments de traumatologie 3
Lésions traumatiques élémentaires 3
■ Techniques d’imagerie 6
Radiographies 6 Douleur
Scanner 7
Imagerie par résonance magnétique 7 Elle est quasi constante et repère le niveau lésionnel dans les
■ Lésions de la charnière cervico-occipitale 9 traumatismes directs. Une douleur à la palpation ou la percussion
Entorses et luxations 9 des processus épineux évoque une lésion osseuse, alors qu’une
Lésions osseuses 10 douleur de l’espace interépineux évoque une atteinte du seg-
ment mobile. Une douleur de la ligne médiane est plus spécifique
■ Lésions de la colonne cervicale moyenne et inférieure 13
qu’une douleur des masses musculaires paravertébrales. Dans les
Mécanismes particuliers des déplacements cervicaux
traumatismes indirects, la douleur est généralement diffuse et sans
traumatiques 13
relation avec une éventuelle zone d’impact. L’absence de dou-
Entorses et luxations 13
leur ne permet pas d’éliminer une lésion vertébrale. L’intensité
Lésions osseuses à risque médullaire 15
de la douleur peut être atténuée, voire supprimée en cas de
Lésions osseuses à risque radiculaire 15
lésion associée. En effet, l’évaluation de la douleur est faussée
■ Lésions de la colonne thoracolombaire 16 en cas de coma, de traumatisme crânien sévère, et à plus forte
Lésions par compression : A1, A2, A3 16 raison chez les patients anesthésiés. Il en va de même chez
Lésions par traction : B1, B2, B3 17 le polytraumatisé, qui présente régulièrement une hypoalgésie.
Lésions par cisaillement : C1, C2, C3 19 Enfin, le risque de méconnaître une lésion vertébrale est élevé en
■ Conclusion 20 cas de lésion hyperalgique (par exemple fracture d’un membre)
associée.

EMC - Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale 1


Volume 9 > n◦ 2 > juin 2014
http://dx.doi.org/10.1016/S1879-8551(14)63855-0
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Syndrome radiculaire (suspicion d’atteinte • A : atteinte complète, motrice et sensitive ;


• B : atteinte purement motrice ;
du foramen intervertébral) • C : conservation motrice sans usage pratique ;
Les lésions radiculaires sont fréquentes à l’étage cervical, où elles • D : fonction motrice suffisante pour autoriser la marche ;
orientent vers une lésion du foramen intervertébral. Les atteintes • E : récupération complète.
C5 et C6 intéressent le deltoïde, le biceps, le brachial et le bra-
chioradial. L’atteinte C7 se caractérise par une paralysie radiale
qui respecte le brachioradial. Les atteintes C8 et T1 intéressent  Mécanismes et lésions
les muscles de la main. Les douleurs en rapport avec ces atteintes
radiculaires sont à distinguer de celles du syndrome de Maigne par
élémentaires
irritation du rameau postérieur du nerf intervertébral à type de Comprendre une lésion traumatique de la colonne vertébrale,
téno-cellulo-myalgie projetée dans le dermatome de la racine en c’est avant tout comprendre le mécanisme lésionnel, repérer les
question. En termes de concordance, une atteinte radiculaire d’un éléments constitutifs et faire la synthèse pour proposer un diag-
niveau donné doit orienter le bilan radiologique vers le niveau nostic final en vue d’un traitement adapté. C’est ce que nous
vertébral sus-jacent. Les atteintes pluriradiculaires ou plexiques allons essayer d’analyser dans ce chapitre.
sont l’apanage des traumatismes fermés des membres supérieurs.
À l’étage lombaire, la problématique s’inverse. Les lésions radi-
culaires isolées sont rares, quasi inexistantes par rapport au Anatomie et architecture
syndrome de la queue-de-cheval, témoignant d’une atteinte intra-
canalaire et non plus foraminale.
Architecture vertébrale élémentaire
La vertèbre, malgré sa forme complexe, est assimilée par certains
auteurs à un os long, avec le corps vertébral comme chondroépi-
Syndrome médullaire (suspicion d’atteinte physe et l’arc neural comme os corticodiaphysaire (Fig. 1). En effet,
le corps vertébral présente à ses extrémités des plateaux recouverts
du foramen vertébral) d’une plaque cartilagineuse et dans sa partie centrale un riche
réseau de trabécules osseuses réparties en faisceaux de compres-
L’examen neurologique doit être simple, précis, mais néan-
sion et de traction offrant un maximum de résistance au niveau
moins le plus complet possible. La classification Americain Spinal
du mur postérieur. À l’inverse, l’arc postérieur est proportionnelle-
Injury Association (ASIA) répond à ces impératifs.
ment plus riche en os compact de type haversien. Les fractures du
corps vertébral (fracture–tassement, fracture–séparation, fracture
par avulsion) sont ainsi comparables à des fractures articulaires et

“ Point fort celles de l’arc postérieur (fracture par flexion, par compression,
par torsion) aux fractures diaphysaires des os longs. Les corps
vertébraux sont réunis par ce qui est appelé le segment mobile
vertébral : ligament longitudinal antérieur, disque intervertébral,
Classification ASIA
ligament longitudinal postérieur, capsules articulaires, ligament
• Motricité ou ASIA moteur
jaune, ligament interépineux, ligament supraépineux.
Elle est notée sur 100. Elle teste dix fonctions : la flexion
du coude (C5), l’extension du poignet (C6), l’extension Architecture vertébrale globale
du coude (C7), la flexion du médius (C8), l’abduction
Louis [1] considère la colonne vertébrale comme un système
du cinquième doigt (T1) pour les membres supérieurs, et
à trois « colonnes » : une colonne antérieure trapue discocorpo-
pour les membres inférieurs la flexion de la hanche (L2),
réale, à visée statique, et deux colonnes postérieures plus frêles,
l’extension du genou (L3), la dorsiflexion de la cheville isthmoarticulaires, à visée dynamique (Fig. 2). Ces colonnes sont
(L4), l’extension du gros orteil (L5) et la flexion plantaire réunies entre elles par des ponts (pédicules et lames). Les apo-
de la cheville (S1). Chaque fonction est cotée sur cinq physes accessoires (transverses et épineuses) servent d’insertion
points : paralysie totale (0), contraction visible ou palpable aux haubans musculaires. Chaque colonne est faite d’une alter-
(1), mouvement actif sans pesanteur (2), mouvement actif nance de segments osseux et de segments discoligamentaires.
contre pesanteur (3), mouvement actif contre résistance L’atteinte d’au moins deux colonnes est source d’instabilité.
(4) et mouvement normal (5).
• Score ASIA sensitif
Il évalue les sensibilités au toucher et à la piqûre sur
l’ensemble des racines, soit de C2 à S5. À chaque étage,
on note si elles sont absentes (zéro point), diminuées (un
point) ou normales (deux points). Les sensibilités au tou-
cher et à la piqûre sont chacune cotées sur 112. L’examen
neurologique se termine par la recherche de la contraction
et de la sensibilité anales.

Au terme de cet examen, le clinicien précise la topographie de


la lésion médullaire : topographie verticale attestant du niveau de
l’atteinte discovertébrale (paralysie périphérique plus ou moins
associée à un syndrome sous-lésionnel) ; topographie horizon-
tale précisant l’atteinte complète ou incomplète des faisceaux de
conduction : atteinte antérieure, postérieure, centromédullaire ou
de l’hémimoelle dans le cadre d’un syndrome de Brown-Séquard.
Le niveau neurologique de la lésion est défini comme le dernier
métamère présentant une motricité et une sensibilité bilatérales
normales. Figure 1. Architecture vertébrale élémentaire. Le corps vertébral est
Le score de Frankel résume l’état neurologique selon cinq assimilé à un os chondroépiphysaire et l’arc neural à un os corticodiaphy-
groupes : saire.

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vertèbre en général ou celle du plus faible de ses composants. Ceci


explique la complexité de certaines lésions, mais aussi le fait qu’à
circonstance égale, les lésions ne soient pas toujours les mêmes.
Ainsi, la chute d’un objet lourd peut engendrer une lésion de
1 type cisaillement au point d’impact par traumatisme direct ou une
luxation intervertébrale à distance par traumatisme indirect. Cette
discordance entre cause et conséquence tient dans une relation
2 2 multifactorielle mettant notamment en jeu l’intensité et la sou-
daineté de la force traumatisante, la position initiale, le degré de
tonicité ou de relâchement musculaire, ainsi que l’état antérieur
normal ou pathologique de la colonne vertébrale.

Instabilité vertébrale
L’instabilité vertébrale correspond à l’incapacité à maintenir
une cohésion normale des différents segments vertébraux lors
des mouvements physiologiques. Une lésion traumatique devient
Figure 2. Colonnes de Louis : une colonne antérieure discovertébrale instable si elle affecte une ou plusieurs colonnes. Louis et Goutal-
(1) et deux colonnes postérieures isthmoarticulaires (2), réunies par des lier [3, 4] définissent trois types d’instabilité :
ponts osseux (pédicules et lames). • instabilité d’origine osseuse, temporaire car elle va consolider,
et donc de bon pronostic ;
• instabilité d’origine ligamentaire (lésion du segment mobile),
durable et définitive ; elle conditionne le pronostic des atteintes
1 2 3
mixtes ;
• instabilité thérapeutique, induite par les voies d’abord chirur-
gicales.

Lésions traumatiques élémentaires


Lésions du corps vertébral
Fracture–compression ou « tassement vertébral »
Il reflète une lésion par compression, avec des forces agissant
perpendiculairement aux plateaux vertébraux. Il touche de façon
préférentielle le plateau supérieur. Selon la sévérité du trauma-
tisme, l’atteinte peut être partielle ou globale, symétrique ou
Figure 3. Colonnes de Denis. 1. Colonne antérieure statique ; asymétrique, à bords parallèles ou en forme de coin. Les aspects
2. colonne moyenne ; 3. colonne postérieure dynamique. radiologiques sont par ordre croissant de gravité :
• simple plicature du mur antérieur, se prolongeant en arrière
dans le corps vertébral par une bande opaque, témoignant de
Denis [2] propose un autre concept en trois colonnes dans un l’impaction trabéculaire ;
plan strictement sagittal (Fig. 3). La colonne antérieure est formée • enfoncement du plateau supérieur, volontiers cupuliforme, pré-
par l’alignement des deux tiers antérieurs des corps vertébraux, dominant en regard du nucléus et respectant en profondeur la
de l’annulus et du ligament longitudinal antérieur. La colonne région des pédicules ;
postérieure regroupe l’ensemble des éléments de l’arc postérieur • enfoncement global, étendu du plateau supérieur au plateau
situés en arrière des pédicules. Entre les deux, il introduit le inférieur, et du mur antérieur au mur postérieur. C’est la clas-
concept de colonne moyenne ou intermédiaire, comprenant le sique fracture comminutive ou burst fracture de la littérature
mur postérieur, le nucléus, le ligament longitudinal postérieur et anglo-saxonne ; la gravité de cette lésion tient à la fragmenta-
les pédicules. L’atteinte de cette colonne intermédiaire déstabilise tion du mur postérieur, et aux esquilles osseuses responsables de
l’ensemble de la colonne vertébrale et accroît la vulnérabilité des sténose et de compression radiculaire dans les récessus latéraux
éléments nobles radiculomédullaires. et les foramens intervertébraux, de compression médullaire
dans le foramen vertébral ;
• enfoncement cunéiforme antérieur : cette dernière variété
Éléments de traumatologie introduit une composante de flexion dans la compression. Le
tassement cunéiforme est responsable d’une déformation en
Énergie traumatique cyphose. La cyphose vertébrale (CV) est l’angle formé par les
Tout corps en mouvement accumule une certaine quantité tangentes aux plateaux supérieur et inférieur de la vertèbre
d’énergie, somme des énergies cinétique, gravitationnelle et angu- fracturée. La cyphose régionale (CR) est l’angle formé par les
laire. Chacune de ces énergies peut être représentée par une force tangentes aux plateaux supérieurs de la vertèbre sus-jacente
de traction, de compression ou de rotation. En cas de traumatisme, et au plateau inférieur de la vertèbre sous-jacente (Fig. 4).
tout ou partie de cette énergie (l’énergie libérée égale la différence Par convention, l’angulation est positive pour une cyphose,
des moments des masses en contact) se dissipe de manière plus négative pour une lordose. L’angulation régionale traumatique
ou moins brutale, et diffuse dans et autour de la colonne ver- (ART) tient compte des angulations physiologiques (AP) propres
tébrale. Une lésion est rarement consécutive à une force unique à chaque niveau : ART = CR – AP. Le mur postérieur est généra-
comme dans la luxation. Généralement, les trois types d’énergie lement intact dans les tassements cunéiformes. Si la cyphose
coexistent en quantité variable. Ainsi, un conducteur victime osseuse est supérieure à 30 % ou si la cyphose régionale dépasse
de tonneaux dans un virage au bas d’une côte emmagasine de largement la cyphose osseuse, il faut évoquer un mécanisme en
l’énergie cinétique (liée à la vitesse), de l’énergie potentielle (liée hyperflexion et une atteinte par traction des éléments de l’arc
à la différence d’altitude) et de l’énergie angulaire (liée au rayon neural, exemple classique de la luxation intervertébrale ou de
de courbure du virage). la fracture de Chance. Dans ce cas, le mur postérieur présente
une augmentation paradoxale de sa hauteur.
Seuil fracturaire Fracture–séparation
Une lésion vertébrale survient si la quantité d’énergie libérée, C’est une solution de continuité qui traverse de haut en bas,
quel que soit son type, excède la capacité de résistance de la à la manière d’un coup de hache, le corps vertébral sans en

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10° 20°

A B
Figure 5. Fracture verticale de l’arc neural. Mécanisme en compression.
Signe indirect : augmentation de la distance interpédiculaire (A, B).

Figure 4. Cyphoses vertébrales traumatiques. La cyphose vertébrale


(rouge) est l’angle formé par les plateaux de la vertèbre fracturée. La
cyphose régionale (jaune) est l’angle formé par les plateaux extrêmes des
vertèbres adjacentes.

altérer la trabéculation. L’orientation du trait de fracture diffère


selon le niveau : volontiers sagittale au niveau cervical et franche-
ment frontale au niveau lombaire. Elle accompagne volontiers les
fractures–compressions, dont elle partage la signification méca-
nique.
Fracture–avulsion
Elle correspond à un arrachement de l’enthèse et touche
essentiellement la face antérieure des plateaux vertébraux.
Chez l’enfant, au squelette immature, il s’agit le plus sou- A B
vent d’un décollement du listel marginal en voie d’ossification. Figure 6. Fracture horizontale de l’arc neural. Mécanisme de traction.
Chez l’adulte, l’arrachement du rebord vertébral se fait par Signe indirect : ouverture en cupule de l’anneau pédiculaire (A, B).
l’intermédiaire des fibres de Sharpey. Comme pour la fracture de
Segond au genou, ces lésions sont secondaires à un mécanisme de
traction. L’avulsion du rebord antérosupérieur évoque un méca-
nisme en hyperflexion, celle du rebord antéro-inférieur témoigne
d’un mécanisme en hyperextension.

Lésions de l’arc neural


Comme aux diaphyses, l’orientation des traits de fracture est
caractéristique d’un mécanisme donné. Leur signification est la
même quel que soit l’étage vertébral considéré. Dans un but didac-
tique et par souci de clarté, nous prendrons pour exemple un arc
postérieur lombaire sur une incidence de face.
Trait de fracture vertical
Il est synonyme de lésion par compression. C’est le premier
temps de l’éclatement transversal de la vertèbre, dont l’élément
le plus visible est l’augmentation de la distance interpédiculaire
(Fig. 5). Ce trait vertical est facilement identifié au scanner sur les
coupes transversales. A B
Trait de fracture horizontal Figure 7. Fracture mixte de l’arc neural. Combinaison des deux aspects
Il est synonyme de lésion par traction. Dans la très grande majo- précédents (A, B).
rité des cas, il reflète un mécanisme en hyperflexion. La solution
de continuité débute sur le processus épineux et irradie, de l’arrière
vers l’avant, à travers les lames et les pédicules, vers le corps ver- duit un mécanisme en rotation avec mécanisme de compression
tébral. dans la concavité et traction dans la convexité. Chaque trait de
Le témoin indirect de ces mécanismes est l’ouverture des fracture garde sa propriété. De face, on voit donc simultanément
pédicules et leur séparation en deux cupules plus ou moins symé- une augmentation de la distance interpédiculaire et un signe de
triques (signe de la cupule) (Fig. 6). la cupule (Fig. 7). Cette association des deux types de traits de
Dans les traumatismes en hyperextension, apanage des frac- fracture signe une lésion particulièrement instable.
tures sur colonne ankylosée, la séquence des lésions est inversée.
Trait de fracture mixte Trait de fracture oblique
L’association d’un trait vertical et d’un trait horizontal sur un Il traduit un mécanisme en cisaillement, par traumatisme à
même arc postérieur correspond au trait de fracture spiroïde. Il tra- haute énergie.

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et inférieur chez l’adulte. Ces lésions rotatoires traduisent une


atteinte partielle du segment mobile. L’importance du déplace-
ment est toujours modérée et le risque neurologique est surtout
radiculaire.
Translations latérales
Exceptionnelles, elles témoignent toujours d’un accident à
haute énergie avec mécanisme de cisaillement et s’accompagnent
très volontiers de lésions viscérales. Elles affectent surtout le
niveau thoracolombaire.

Lésions ligamentaires
Les lésions ligamentaires sont essentiellement consécutives à un
Figure 8. Déplacements vertébraux dans le plan sagittal : antérolisthé- mécanisme de traction. Elles peuvent être isolées, sans atteinte
sis. osseuse associée. Les lésions du ligament longitudinal anté-
rieur et de l’annulus antérieur s’observent lors des mouvements
d’hyperextension, alors que les ligaments jaunes et interépineux
sont contraints lors des mouvements d’hyperflexion. Une rup-
ture de ces ligaments s’associe volontiers à un hématome des
parties molles. Parfois, c’est l’enthèse qui cède, réalisant une avul-
sion osseuse. En cas de rupture ligamentaire étendue, l’atteinte
du ligament longitudinal postérieur et de l’annulus postérieur
compromet la stabilité. Cette stabilité ne peut être restaurée spon-
tanément et nécessite un traitement chirurgical.

Lésions vasculaires
L’incidence réelle des lésions vasculaires cervicales trauma-
tiques est difficile à connaître, car la plupart restent cliniquement
occultes. Environ 20 % des traumatisés de la colonne cervicale
présenteraient une atteinte des artères vertébrales qui sont directe-
Figure 9. Déplacements vertébraux dans le plan sagittal : rétrolisthésis. ment exposées lors des fractures intéressant le foramen transverse.
Elles sont également soumises à des forces de cisaillement à leurs
points d’entrée dans le foramen transverse [5] . Les lésions caroti-
diennes sont moins fréquentes et surviendraient dans environ 1 %
des cas [6] . Les lésions vasculaires élémentaires sont surtout la dis-
section, plus rarement la rupture complète, ou la rupture partielle
avec formation d’un pseudoanévrisme. Elles conduisent au rétré-
cissement de la lumière par l’hématome avec thrombose locale et
migration embolique (Fig. 11).

Lésions radiculaires
Les lésions radiculaires sont fréquentes au cours des trauma-
tismes vertébraux. Elles déterminent le syndrome lésionnel qui
oriente le bilan d’imagerie. Elles peuvent résulter d’une compres-
sion et sont alors généralement bilatérales en cas d’atteinte dans la
partie centrale du canal rachidien, ou unilatérales en cas d’atteinte
dans le récessus latéral ou le foramen intervertébral. Des avulsions
Figure 10. Déplacements vertébraux dans le plan transversal : olisthésis
radiculaires peuvent s’observer à la suite d’une traction sur un
rotatoire.
membre. Ces lésions radiculaires par avulsion sont responsables
d’une brèche du sac dural pouvant se compliquer de fistule pleu-
Déplacements intervertébraux rale à l’étage thoracique ou de méningocèles avec hypotension
intracrânienne [7] .
Tout déplacement intervertébral est le témoin d’une lésion
instable dont l’origine peut être osseuse, discoligamentaire ou
mixte. Le sens du déplacement doit être apprécié par rapport à
Lésions médullaires
la vertèbre sous-jacente. Les déplacements peuvent se faire dans Les lésions médullaires déterminent le pronostic neurologique.
les trois plans de l’espace : spondylolisthésis dans le plan sagittal Elles surviennent souvent d’emblée lors du traumatisme, mais
(glissement d’une vertèbre en avant de la vertèbre située en des- peuvent également apparaître ou s’aggraver secondairement du
sous d’elle [antélisthésis] ou en arrière [rétrolisthésis]) (Fig. 8, 9), fait de l’instabilité rachidienne résultante.
olisthésis rotatoires de sens horaire ou antihoraire dans le plan La présence d’une compression médullaire représente une indi-
transversal (Fig. 10), et translations latérales droite et gauche dans cation de décompression chirurgicale en urgence. Elle peut être
le plan frontal. d’origine osseuse (fracture déplacée, luxation, fragment osseux),
discale (hernie traumatique) ou en rapport avec un volumineux
Luxations intervertébrales
hématome épidural. Elle comporte généralement une réduction
Elles sont de loin les plus fréquentes. On les rencontre à tous les d’au moins 25 % du diamètre sagittal du canal rachidien mesuré
étages, avec une prédilection pour la colonne cervicale inférieure en scanner et s’apprécie de manière idéale en imagerie par réso-
et la charnière thoracolombaire. Elles traduisent une atteinte glo- nance magnétique (IRM) sur les séquences sagittales pondérées
bale du segment mobile. Le risque de compression médullaire est T2 [8] .
d’autant plus élevé que le déplacement intervertébral est grand.
À la phase aiguë, le cordon médullaire présente rarement une
Luxations rotatoires perte de sa continuité (Fig. 12). Plus souvent, il existe une tumé-
Elles sont fréquentes au niveau cervical. Elles affectent la char- faction fusiforme, avec une contusion comportant diversement
nière cervico-occipitale chez l’enfant, le niveau cervical moyen œdème, hémorragie ou nécrose [9, 10] .

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Figure 11. Thrombose aiguë de l’artère verté-


brale gauche en rapport avec une luxation bila-
térale. Angioscanner, coupe axiale (A) et coupe
sagittale (B), montrant une occlusion de l’artère
vertébrale, qui persiste après l’ostéosynthèse.

A B

A B C
Figure 12. Section médullaire en rapport avec une luxation cervico-occipitale.
A. Scanner, reconstruction sagittale.
B, C. IRM pondérée T2, coupe sagittale (B) et axiale (C).

À distance du traumatisme, on observe en règle une atrophie lié à l’atteinte d’un massif articulaire postérieur. Aux niveaux
médullaire avec des plages de myélomalacie ou de gliose. Dans thoracique et lombaire, deux incidences, face et profil, suffisent
certains cas, la coalescence des cavités et leur expansion sont à généralement. Pour des raisons de confort et pour éviter les mou-
l’origine d’une syringomyélie, révélée cliniquement par des dou- vements du patient, les clichés sont préférentiellement réalisés en
leurs et une aggravation du déficit neurologique. position couchée, contrairement à l’étage cervical. Dans la plupart
des cas, ces bilans s’avèrent normaux et permettent de rassurer le
patient.
 Techniques d’imagerie Dans les traumatismes graves comme chez le polytraumatisé, le
bilan radiographique passe au second plan, le bilan étant réalisé
par scanner.
Radiographies
Indications Résultats
La radiographie reste l’exploration de première intention pour Dans une étude canadienne, l’incidence annuelle des fractures
les traumatismes mineurs, par exemple devant des douleurs de la colonne a été estimée à 64 pour 100 000 habitants [11] dont
axiales traumatiques sans déficit neurologique chez un patient 20 % de lésions cervicales, 33 % des lésions thoraciques et 46 %
conscient et orienté. de lésions lombaires. Pour un traumatisé de la colonne cervicale,
Au niveau cervical, les clichés sont réalisés de préférence le risque de lésions traumatiques est estimé entre 1 et 2 %. Ce
en position debout. Le bilan minimal comprend trois inci- risque passe à 4,5 % en cas de traumatisme crânien, avec un maxi-
dences : une radiographie de face, une radiographie de profil et mum à 7,8 % [12] si le score de Glasgow est inférieur à 8. Il est donc
une incidence de face bouche ouverte centrée sur la charnière nécessaire de réaliser un grand nombre d’examens pour mettre
cervico-occipitale. Si la situation le permet, il est recommandé en évidence une lésion, en particulier chez les patients à faible
de compléter ce bilan par des incidences obliques droite et risque. Dans ce contexte, seule la radiographie peut raisonnable-
gauche afin de ne pas méconnaître un déplacement rotatoire ment assumer en urgence un rôle de tri pour la prise en charge.

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A B
Figure 14. Contusions osseuses multiples chez une patiente ayant subi
un accident de la voie publique. Le scanner en coupe sagittale (A) ne
montre qu’une seule fracture (dernière vertèbre inférieure visible) alors
que de multiples fractures « occultes » (flèches) sont visibles en IRM coupe
sagittale short TI inversion recovery (STIR) (B).

matismes à haute vélocité, surtout chez le polytraumatisé, et


a fortiori en cas de fracture cervicale passant par un foramen
intertransversaire, un angioscanner est indiqué à la recherche de
dissection.

Imagerie par résonance magnétique


B Indications
Figure 13. Scanner corps entier, coupe axiale (A) et coupe sagittale L’IRM a révolutionné le diagnostic des traumatismes en mon-
(B) chez un sujet polytraumatisé montrant une fracture de L1 et des trant pour la première fois de manière directe les anomalies du
contusions hépatiques. contenu du canal rachidien et des parties molles périvertébrales.
Ses indications sont larges en cas de déficit neurologique post-
traumatique. Elle est complémentaire des radiographies et surtout
Sa spécificité est globalement bonne, entre 90 et 100 %, pour le du scanner, qui restent indispensables pour le bilan osseux [13, 23] .
diagnostic des fractures et des fractures–luxations. Mais la spéci-
ficité de la radiographie est faible pour le diagnostic des lésions
ligamentaires. Résultats
La sensibilité des radiographies est diversement appréciée et Lésions osseuses
subit dans le temps une érosion proportionnelle aux progrès L’IRM n’offre pas d’avantages par rapport au scanner pour le
de l’imagerie en coupe. Médiocre pour la charnière cervico- bilan osseux et ne doit jamais être réalisée isolément. Les lésions
occipitale, elle s’améliore au fur et à mesure qu’on approche la des corps vertébraux se traduisent essentiellement par des ano-
charnière lombosacrée. Pour le niveau cervical, une méta-analyse malies de signal de la moelle osseuse, pouvant correspondre à
bien conduite évalue la sensibilité moyenne à 52 % contre 98 % des fractures, mais également à des contusions. Ces contusions
pour le scanner [13] . Cette faible sensibilité explique la fréquence sont souvent multiples et méconnues par les autres techniques
des dissociations radiocliniques. Par conséquent, une radiogra- d’imagerie, mais ne modifient pas la prise en charge ni l’évolution
phie normale ne garantit pas l’intégrité du squelette. du patient (Fig. 14). Les lésions de l’arc postérieur et de la char-
nière cervico-occipitale sont beaucoup moins bien visibles qu’en
Scanner scanner (Fig. 15). Ceci s’explique par la plus petite taille de ces
éléments, leur plus faible contenu en moelle osseuse et leur plus
Le scanner a initialement été réservé à l’étude des charnières grande complexité anatomique [24] . Dans une étude portant sur le
cervico-occipitale [14, 15] et cervicothoracique [16] d’exploration dif- diagnostic des fractures de la colonne cervicale, la sensibilité de
ficile par les radiographies chez les patients à la vigilance altérée. l’IRM n’était que de 11,5 % pour l’arc postérieur et de 36,7 % pour
En 1996, Nunez et al. [17] ont montré que le scanner est plus les corps vertébraux [25] .
sensible que les radiographies chez le polytraumatisé et révèle
de nombreuses lésions méconnues. Le scanner est l’examen de Lésions discoligamentaires (segment mobile)
première intention dans les traumatismes graves, notamment le Les ligaments longitudinaux antérieur et postérieur, jaunes et
polytraumatisé ou le sujet inconscient. Le scanner s’avère plus interépineux, sont bien appréciés sur les séquences sagittales où
performant que les radiographies pour la mise en évidence des ils apparaissent normalement hypo-intenses et réguliers. En cas
fractures thoracolombaires [18, 19] (Fig. 13) avec des valeurs de de rupture, l’IRM permet de montrer une perte de la continuité et
sensibilité et de spécificité proches de 100 % [20–22] . Dans les trau- surtout un œdème ou un hématome périligamentaire [26] .

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A B C
Figure 15. Fracture du processus odontoïde (type 2 selon Anderson et d’Alonzo) associée à une contusion médullaire. Les lésions osseuses de la charnière
cervico-occipitale sont plus évidentes en scanner (A) qu’en IRM coupe sagittale T1 (B) et coupe sagittale T2 (C).

de celui des hernies non traumatiques, mais comporte volontiers


un signal liquidien qui ne doit pas être interprété comme une col-
lection. En l’absence de hernie, des lésions discales traumatiques
peuvent également s’observer sous forme d’un signal hyperin-
tense et d’un élargissement ou d’un aplatissement discal dans les
espaces adjacents aux lésions traumatiques [26] .
Le ligament longitudinal postérieur présente un aspect variable
composé d’une alternance de segments rétrécis en arrière des corps
vertébraux et de segments larges adhérents à l’annulus postérieur.
Il peut être décollé par une hernie discale traumatique ou rompu
dans les traumatismes en traction (hyperflexion ou hyperexten-
sion).
Les lésions zygapophysaires sont difficiles à reconnaître en IRM,
parfois uniquement signalées par un épanchement articulaire.
Les ligaments jaunes et interépineux maintiennent la cohésion
de la colonne postérieure en reliant les lames et les processus épi-
neux entre eux. Une rupture de ces ligaments s’observe lors des
traumatismes en hyperflexion (Fig. 17).

Anomalies canalaires
L’existence d’une compression médullaire persistante doit être
reconnue car elle est associée à des lésions neurologiques plus
sévères et requiert un traitement chirurgical immédiat [29] . Le canal
rachidien peut être rétréci par le déplacement traumatique ou
A B occupé par des éléments anormaux. La présence d’un fragment
osseux ou d’une hernie discale traumatique a déjà été évoquée. La
Figure 16. Traumatisme en hyperextension : IRM, coupes sagittales T1 survenue d’un hématome épidural est également très fréquente
(A) et T2 (B) montrant une rupture du ligament longitudinal antérieur, et résulte d’une lacération des veines épidurales. Dans la plupart
avec hématome prévertébral, déchirure discale et contusion médullaire. des cas, ces hématomes restent asymptomatiques en raison de
leur caractère restreint ou de leur capacité à s’étendre en hau-
teur qui limite ainsi la compression médullaire. L’IRM permet de
Le ligament longitudinal antérieur est fortement adhérent à la reconnaître le caractère hématique de ces collections (Fig. 12).
face antérieure des corps vertébraux dont il ne peut être aisément Le diagnostic différentiel avec un hématome sous-dural plus rare
différencié en IRM [27] . Sa contiguïté avec les fibres annulaires péri- repose sur la mise en évidence de la dure-mère silhouettée par du
phériques explique également la possibilité d’avulsions osseuses liquide sur ses deux versants, et sur la présence d’une coiffe grais-
lors des traumatismes en hyperextension. Ce mécanisme est faci- seuse à l’endroit où les pôles de la collection se raccordent avec
lement reconnu en présence d’un hématome prévertébral étendu l’espace épidural normal.
(Fig. 16).
Les hernies discales traumatiques sont importantes à recon- Lésions médullaires
naître car elles sont fréquentes et source d’échec ou de Les lésions médullaires observées en IRM siègent en regard des
complications de la réduction orthopédique. Elles s’observent lésions rachidiennes, mais ne sont pas proportionnelles à celles-
surtout en région cervicale et thoracique, en association aux ci [9] . Différents types de lésions médullaires peuvent être reconnus
luxations articulaires bilatérales et aux lésions en hyperexten- en IRM [10, 30] . Rarement, il existe une perte de continuité manifeste
sion [28] . Elles étaient autrefois reconnues en myélographie, mais du cordon médullaire signant d’emblée un mauvais pronostic
sont actuellement bien démontrées par l’IRM. L’aspect est proche fonctionnel.

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Imagerie des traumatismes de la colonne vertébrale  31-670-A-10

“ Point important
Points essentiels à vérifier en imagerie devant un
traumatisme de la colonne vertébrale
• Alignement des corps vertébraux
• Alignement des processus articulaires
• État des pédicules, des lames et des processus épineux
à chaque étage
• Aspect des parties molles
• Processus occupant le canal rachidien
* • Fragment osseux, fragment discal, hématome
• Degré de sténose canalaire
• État de la moelle épinière
• Lésions vasculaires
• Lésions encéphaliques et viscérales contiguës (polytrau-
matisé)

colonnes : l’axis comporte deux masses latérales sur le corps verté-


bral et deux massifs articulaires sur l’arc neural. Les deux éléments
Figure 17. Lésion des ligaments jaunes au niveau cervical chez une antérieurs de ce système intermédiaire fusionnent pour amorcer
patiente victime d’un accident de la route. IRM coupe sagittale T2 mon- le système à trois colonnes sous-jacent.
trant une interruption des ligaments jaunes (flèches), artefacts liés à
l’ostéosynthèse (astérisque).

Entorses et luxations
Typiquement, les lésions médullaires se présentent comme une
Luxations cervico-occipitales
tuméfaction fusiforme de la moelle comportant une zone centrale Les luxations bilatérales se font toujours vers l’avant. Elles
d’hémorragie et une zone périphérique d’œdème. reflètent un mécanisme à haute énergie et sont létales par
Le foyer d’hémorragie est généralement situé à l’épicentre du compression des centres bulbomédullaires ou par thrombose
traumatisme, au sein de la substance grise. Il correspond histolo- des artères vertébrales. En l’absence de décès sur les lieux de
giquement à de la nécrose hémorragique plutôt qu’à une véritable l’accident, un coma flasque, avec myosis et paralysie diaphrag-
collection (hématomyélie). L’aspect de ces plages hémorragiques matique complète, peut s’observer. Les fonctions supérieures ne
varie en IRM selon l’état de dégradation de l’hémoglobine : sont pas forcément altérées, avec possibilité d’un locked-in syn-
• iso-intense en T1 et hyperintense en T2 au stade d’oxyhémo- drome qui doit nous inciter à ménager nos propos lors des bilans
globine (hyperaigu) ; d’admission.
• iso-intense en T1 et hypo-intense en T2 au stade de désoxyhé- Ces luxations sont éminemment instables et sont aisément
moglobine (aigu) ; reconnaissables sur l’incidence de profil (Fig. 18) :
• hyperintense en T1 et hypo-intense en T2 au stade de méthé- • volumineux hématome refoulant les parties molles préverté-
moglobine intracellulaire (subaigu précoce) ; brales ;
• hyperintense en T1 et hyperintense en T2 au stade de méthé- • déplacement du processus odontoïde vers le bas par rapport
moglobine intracellulaire (subaigu tardif) ; à la ligne de Chamberlain, vers l’arrière par rapport à la ligne
• hypo-intense en T1 et hypo-intense en T2 au stade basilaire de Wackenheim ;
d’hémosidérine (chronique). • en cas de subluxation antérieure, il faut se servir des variations
L’identification de foyers hémorragiques médullaires est inté- du rapport de Powers (R = AB/CD, où AB représente la distance
ressante, car elle est corrélée au pronostic fonctionnel. Les lésions basion–arc postérieur de C1, et CD la distance opisthion–arc
hémorragiques étendues sont volontiers associées à un déficit neu- antérieur de C1), dont la valeur normale est proche de 0,8.
rologique complet [31] . Un rapport supérieur à 1,15 témoigne d’une luxation cervico-
L’œdème médullaire apparaît comme une plage à limites floues occipitale.
hyperintense en T2 et s’associe à une tuméfaction médullaire.
Il peut exister isolément ou en association avec des plages
d’hémorragie. Luxation odontoatloïdienne
Plusieurs travaux expérimentaux et cliniques ont montré qu’on Son mécanisme est complexe et reste encore à élucider. On
peut distinguer trois types d’aspects : hémorragie prédominante évoque un mouvement d’hyperflexion suivi d’une rupture du
(type I) ; œdème prédominant (type II) ; mixte (type III). Le type I ligament transverse. Cette rupture ouvre en arrière l’étui ostéofi-
est associé à un déficit neurologique sévère ; le type II est associé à breux contenant le processus odontoïde et comporte un risque de
un déficit neurologique régressif [32, 33] . compression médullaire en flexion. Le diagnostic n’est pas tou-
jours accessible à la phase précoce. Il repose sur la constatation
d’un diastasis entre la face postérieure de l’arc antérieur de l’atlas
 Lésions de la charnière et la face antérieure du processus odontoïde. Un diastasis supérieur
à 3 mm chez l’adulte ou à 5 mm chez l’enfant est pathologique et
cervico-occipitale doit faire pratiquer une IRM. Ce diastasis se normalise en position
indifférente ou en légère extension. Le cliché en flexion doit être
Les lésions de la charnière cervico-occipitale diffèrent fonda- réalisé avec extrême prudence en raison du risque de compression
mentalement de celles des autres segments vertébraux. Sur le médullaire et de mort subite. Il est contre-indiqué en urgence. Au
plan anatomique, il s’agit d’une région de passage d’un système moindre doute, on fait appel à l’IRM. Enfin, la luxation odontoat-
à deux colonnes (les condyles occipitaux) vers un système à trois loïdienne peut être associée à une fracture de Jefferson (fracture
colonnes. La solution consiste à transiter par un système à quatre de l’arc de C1).

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A B C
Figure 18. Luxation cervico-occipitale. Radiographie de la charnière cervico-occipitale, vue de profil (A) et centrée (B) montrant la perte de rapport entre
les condyles occipitaux et les masses latérales de C1. La coupe axiale au scanner (C) montre l’absence de structures osseuses vertébrales visibles sur le niveau
de coupe.

Luxations atloïdoaxoïdiennes Fractures des condyles occipitaux


Elles touchent particulièrement les enfants et les adolescents. Les fractures des condyles occipitaux résultent d’un trauma-
Le patient se présente cliniquement avec un torticolis éven- tisme à haute énergie et s’associent généralement à des lésions
tuellement associé à une névralgie d’Arnold. Fielding et al. [34] encéphaliques qui dominent le tableau clinique. Dans 30 % des
distinguent quatre variétés de luxation rotatoire selon la position cas, il existe une atteinte des nerfs mixtes qui doit suggérer le diag-
du pivot de rotation et les lésions associées. nostic. Elles peuvent provoquer une instabilité cervico-occipitale.
Le diagnostic repose respectivement sur le scanner et l’IRM. La classification d’Anderson et Montesano [35] distingue trois types
La radiographie standard est sans intérêt à la phase aiguë. L’IRM de fracture :
montre les lésions capsuloligamentaires induites par les luxations • type 1 : fracture comminutive par compression, stable si unila-
rotatoires, comme la rupture du ligament cruciforme. Le scanner térale ;
permet de définir le type de déplacement et les lésions osseuses • type 2 : extension d’une fracture de la base du crâne,
associées. Les reformations tridimensionnelles sont particulière- stable ;
ment utiles pour montrer l’axe (processus odontoïde versus masse • type 3 : fracture–avulsion des ligaments alaires par traction ;
latérale) et le sens de rotation. Les lésions associées sont recher- elle entraîne d’autant plus volontiers une instabilité cervico-
chées de principe : avulsions marginales antérieures des masses occipitale qu’elle est bilatérale ou étendue à la partie antérieure
latérales de C1 ou C2 (reformations sagittales), avulsions du tuber- du foramen magnum.
cule d’insertion du ligament transverse (reformations dans le plan
transversal de l’atlas), fractures des pédicules de C2 (reformations Fractures de l’atlas C1
dans le plan transversal des lames de C2).
Le diagnostic différentiel peut se poser avec des conditions Fractures de l’arc antérieur
physiologiques normales (risque de diagnostic par excès). Cer- La fracture verticale par compression est de loin la plus fré-
tains auteurs recommandent une seconde exploration en rotation quente. Elle est souvent confondue, sur l’incidence de face
maximale controlatérale au torticolis : si la luxation persiste, le transbuccale, avec un espace interdental normal. Elle est rarement
diagnostic est confirmé, sinon on retient le diagnostic d’attitude isolée.
antalgique. Dans les formes récidivantes, il convient de rechercher La fracture horizontale par hyperextension est plus rare. Décrite
soit une malformation osseuse congénitale, soit une hyperlaxité par Ramon-Soler [36] , elle siège à l’union des ligaments occipitoat-
constitutionnelle (maladies de Marfan ou d’Ehlers-Danlos). loïdien et atloïdoaxoïdien antérieurs, dans une zone de moindre
résistance, particulièrement sensible aux traumatismes en hyper-
extension. Quand le trait de fracture est plus bas situé, on évoque
un mouvement contrarié : contraction violente du muscle long du
Lésions osseuses cou sur une colonne en hyperextension. Le diagnostic de fracture
de Ramon-Soler se fait sur une incidence de profil strict. Le plus
Ces lésions passent souvent inaperçues. L’attention doit pour- souvent, il s’agit d’une découverte fortuite sur une exploration
tant être attirée par un épaississement quasi constant des parties scanographique demandée pour des lésions osseuses résultant du
molles prévertébrales, témoignant de l’hématome ou de l’œdème même mécanisme : fracture du processus odontoïde à instabilité
périfracturaire. L’espace rétropharyngé normal ne doit pas excéder postérieure ; fracture–séparation des massifs articulaires ; fracture
5 mm au coin antéro-inférieur de C2, et 7 mm en avant des corps en tear drop de C2.
vertébraux de C3 et C4. Chez le nourrisson, cet espace n’est pas
encore fixé et peut se décoller de manière physiologique lors des Fractures de l’arc postérieur
cris ou de la respiration. Une déformation à convexité antérieure à Le trait de fracture est toujours vertical et résulte d’un trauma-
petit rayon de courbure plaide pour un hématome périfracturaire. tisme en hyperextension. L’arc postérieur, grêle et peu résistant,
Un épaississement plus diffus à grand rayon de courbure oriente est pris en étau entre la protubérance occipitale et l’arc postérieur
davantage vers un diagnostic d’œdème ou d’entorse. de C2, et subit des contraintes en compression. Cette fracture doit

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Type 1
Type 2
Type 3

Figure 20. Fractures du processus odontoïde. Classification d’Anderson


et D’Alonzo.

“ Point fort
A Toute fracture de l’arc postérieur de l’atlas doit être
considérée, jusqu’à preuve scanographique du contraire,
comme une fracture de Jefferson.

Fractures de l’axis C2
Fracture du processus odontoïde
Le mécanisme lésionnel est une hyperextension avec rétropul-
sion, plus ou moins associées à des forces à direction verticale
agissant tantôt en compression, tantôt en traction.
Malgré sa grande fréquence, la fracture du processus odontoïde
est la fracture de la charnière cervico-occipitale le plus souvent
méconnue. Le trait de fracture est rarement visible sur les radio-
graphies, mais les signes indirects ne manquent pas :
• hématome des parties molles prévertébrales ;
• refoulement en avant des sondes nasotrachéales ou œsopha-
giennes chez le sujet réanimé ;
• angulation, baïonnette, chevauchement ou décalage, dans le
B prolongement du mur postérieur de l’axis ;
Figure 19. Fracture de Jefferson. • rupture de l’anneau de Harris ;
A. Radiographie de face (bouche ouverte) : luxation divergente des • rupture du cintre occipito-spino-lamaire de Swischuk ;
masses latérales de l’atlas (flèches). • désalignement du sommet du processus odontoïde par rapport
B. Le scanner montre les différents traits de fracture sur les arcs antérieur aux lignes de Chamberlain et de Wackenheim.
et postérieur. Le scanner permet le diagnostic et le bilan lésionnel. Les élé-
ments à déterminer sont le siège et l’orientation du trait de
fracture (intérêt des reformations multiplanaires), les lésions asso-
ciées, l’état de l’appareil ligamentaire (intérêt des reformations en
être recherchée de principe en cas de fracture du processus odon-
fenêtre des parties molles).
toïde, car elle constitue une contre-indication aux techniques de
La classification d’Anderson et D’Alonzo [37] décrit le type de
laçage selon Judet.
fracture (Fig. 20) :
• type I : fracture de la pointe. Cette variété est exceptionnelle.
Sa découverte dans le cadre d’un contexte traumatique pose le
Fracture de Jefferson (luxation divergente des masses problème d’une éventuelle malformation (ossiculum terminale,
latérales) noyau d’ossification accessoire) ;
C’est une lésion par compression axiale dans l’axe du vertex. Les • type II : une fracture du col (Fig. 21). Le trait de fracture tra-
forces transitent des condyles occipitaux vers les masses latérales verse une zone rétrécie d’os compact. En cas de déplacement,
de l’axis à travers celles de l’atlas. En cas de traumatisme violent, la zone de contact interfragmentaire est rapidement dépassée.
elles engendrent simultanément des solutions de continuité aux La consolidation y est lente et délicate ;
zones de moindre résistance des arcs antérieurs et postérieurs (le • type III : une fracture de la base (Fig. 21). Le trait de fracture passe
seuil de résistance d’une chaîne est déterminé par son maillon en zone spongieuse. Il irradie sur les masses latérales et emporte
le plus faible). Si la compression persiste, les structures capsu- volontiers une partie de leurs surfaces articulaires. Fisher [38]
loligamentaires cèdent, libérant les masses latérales qui glissent considère que cette fracture passe au niveau de l’emplacement
latéralement. C’est le stade de la luxation divergente. embryologique du disque C1–C2. La zone fracturaire est plus
Les aspects radiologiques sont donc variables. Tant que les étendue que précédemment. La consolidation y est plus rapide.
masses latérales sont en place, il faut y penser systématique- Harris [39] a décrit un signe qui différencie sur la radiographie de
ment devant une fracture de l’arc postérieur. En cas de luxation profil le type II du type III : l’anneau du pédicule vrai de C2 reste
divergente, l’incidence de face bouche ouverte montre le débord intact dans le type II et est interrompu par un trait horizontal
latéral bilatéral des masses latérales, et de façon concomitante (signe de la cupule) dans le type III.
l’augmentation des distances entre la dent et leurs bords médiaux L’orientation du trait de fracture dans le plan sagittal
(Fig. 19). Plus la somme des débords est importante, plus le risque conditionne le risque d’instabilité de la lésion [40] : risque de dépla-
de rupture ou de désinsertion du ligament transverse est grand. cement antérieur en cas de trait de fracture oblique en bas et en
Classiquement, il existe quatre traits de fracture, deux sur l’arc avant ; risque de déplacement postérieur en cas de trait de fracture
antérieur et deux sur l’arc postérieur. oblique en bas et en arrière. Si le trait de fracture est horizontal

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Figure 21. Fractures du processus odontoïde.


Scanner, reconstructions sagittales. Type 2 (A) et
type 3 (B) d’Anderson et D’Alonzo.

A B

A B C
Figure 22. Fracture des pédicules de C2. Scanner, reconstructions sagittale (A), axiale (B) et en volume rendering (C) montrant les traits de fracture (flèches).

ou transversal, l’instabilité dépend de l’atteinte ligamentaire, à • type I : fracture bipédiculaire stable, sans instabilité discale ou
chercher sur l’IRM ou de façon plus pragmatique sur des clichés articulaire postérieure ;
dynamiques faits avec une extrême prudence et en milieu neuro- • type II : fracture bipédiculaire avec instabilité discale, sans insta-
chirurgical. bilité articulaire postérieure. Une bascule antérieure du corps
vertébral traduit une atteinte associée du ligament longitu-
dinal postérieur. Inversement, une bascule postérieure reflète
Fracture des pédicules ou lyse isthmique traumatique de C2 une lésion du ligament longitudinal antérieur. En urgence, les
C’est la lésion la plus fréquente de l’arc postérieur de contractures peuvent masquer ces déplacements. L’IRM occupe
C2 (Fig. 22). Wood-Jones lui reconnaît un mécanisme en une place prépondérante et tend à se substituer aux épreuves
hyperextension. Effendi propose une classification selon l’état dis- dynamiques ;
coligamentaire [41] . • type III : fracture bipédiculaire avec instabilité discale et
Une atteinte discale C2–C3 est suspectée en cas d’angulation articulaire postérieure. Pour Effendi, le mécanisme est
supérieure à 11◦ entre les murs postérieurs de C2 et de C3, ici double : le mouvement d’hyperflexion responsable de
d’antérolisthésis supérieur à 4 mm, d’avulsion du listel antérieur l’atteinte du segment mobile rachidien précède le mouvement
ou postérieur sur les plateaux vertébraux, de bâillement discal d’hyperextension responsable de l’atteinte osseuse. Parmi les
postérieur. autres lésions de l’arc postérieur de C2, il faut citer les fractures
Une atteinte ligamentaire postérieure est suspectée en cas de de type asymétrique où le trait de fracture est à rechercher tantôt
bâillement interépineux C2–C3. Elle est certaine si la décoaptation sur la jonction articulolamaire, tantôt sur la jonction corporéo-
des surfaces articulaires postérieures est supérieure à 50 %. pédiculaire. Ces lésions se compliquent volontiers de luxations
On peut ainsi définir trois types de fractures : rotatoires de C1 ou C2.

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Fractures du corps de C2
La classification de Fujimura [42] distingue quatre types de frac-
tures du corps de C2 :
• type 1 : tear drop fracture de C2 ; c’est une fracture par avul-
sion du coin antéro-inférieur de l’axis ; le trait de fracture passe
dans la zone de fusion entre le corps et le noyau d’ossification
secondaire du listel vertébral ; cette zone de moindre résistance
est particulièrement sensible aux traumatismes en hyperexten-
sion ; le fragment détaché, de forme grossièrement triangulaire,
n’excède généralement pas le tiers de la longueur du plateau ;
le traumatisme peut s’étendre aux fibres annulaires du disque
C2–C3, mais épargne classiquement le nucleus pulposus ; la
lésion est donc stable et guérit spontanément après immobi-
lisation ; la tear drop fracture de C2 ne doit pas être confondue
avec celle des autres vertèbres cervicales, dont la signification
et le pronostic sont radicalement différents ;
• type 2 : fracture horizontale ; le trait de fracture est situé plus
bas que pour la fracture du processus odontoïde de type 3 ;
• type 3 : fracture–éclatement de C2 ;
• type 4 : fracture sagittale de C2.

 Lésions de la colonne cervicale


A
moyenne et inférieure
Mécanismes particuliers des déplacements
cervicaux traumatiques
Le sens d’un déplacement intervertébral dépend du méca-
nisme traumatique et son importance est proportionnelle au
degré d’atteinte du segment mobile. Un déplacement supérieur au
tiers du plateau vertébral signe toujours une atteinte globale du
segment mobile. Cependant, il ne faut pas sous-estimer les dépla-
cements de moindre importance qui peuvent refléter, par ordre de
gravité croissante, un olisthésis rotatoire, une entorse grave, voire
une luxation spontanément réduite.
Le diagnostic d’un olisthésis rotatoire nécessite la réalisation
de quatre incidences [43] . L’incidence de profil montre un antéro-
listhésis du premier degré d’environ 25 % de la taille du plateau
vertébral. Cet antérolisthésis est discret et se résume souvent à
un simple désalignement du mur postérieur sur le profil strict. La
radiographie de face montre classiquement une déviation du pro-
cessus épineux qui doit être estimée par rapport à l’alignement
des processus épineux sous-jacents. Le sens de la déviation
indique le côté de la lésion. L’incidence oblique homolatérale à
la lésion montre un élargissement de l’espace compris entre le
processus unciforme et le corps vertébral sus-jacent. Ce déplace-
ment intervertébral latéralisé, véritable luxation de l’articulation B
uncovertébrale, est pathognomonique d’une atteinte traumatique
Figure 23. Luxations cervicales bilatérales. Radiographies de profil
et s’accompagne d’une sténose de la partie basse du foramen
montrant les luxations en C4/C5 (A) et en C5/C6 (B).
intervertébral. L’incidence oblique controlatérale à la lésion est
normale ou montre dans le meilleur des cas un désalignement des
pédicules se projetant sur les corps vertébraux (en fait les pédicules
du côté de la lésion). donc pas de place pour des investigations complémentaires, sauf
accessibilité immédiate du plateau technique. En revanche, ces
investigations, scanner ou IRM, s’imposent en urgence si le cli-
Entorses et luxations ché de profil n’est pas contributif. On oppose classiquement la
Nous les envisageons par ordre de gravité décroissante. luxation pointe–pointe et la luxation dite « accrochée ». Dans le
premier cas, le processus articulaire inférieur siège dans la conti-
Luxation bilatérale nuité du processus articulaire supérieur de la vertèbre sous-jacente,
le glissement est modéré et la réduction par des manœuvres
La luxation vertébrale siège de façon préférentielle entre C5 et externes est facile. Dans le deuxième cas, le processus articulaire
T1, soit le segment le plus mobile de la colonne cervicale. Les inférieur vient en avant du processus articulaire supérieur de la
luxations C3/C4 et C4/C5 sont plus rares. Elles affectent les sujets vertèbre sous-jacente. L’antérolisthésis est maximal, et laisse appa-
jeunes et sportifs présentant une musculature cervicale particu- raître un faux trou de conjugaison entre l’apophyse articulaire
lièrement développée : gymnastique, rugby, sports de contact [44] . inférieure et le plateau vertébral supérieur. La réduction de cette
Le tableau clinique est souvent dramatique, à type de tétraplé- luxation est plus difficile et nécessite parfois un geste chirurgical.
gie associée à une paralysie diaphragmatique pour les atteintes
hautes.
Le diagnostic de luxation ne pose généralement pas de
Luxation unilatérale
problème (Fig. 23). La constatation d’une luxation sur une radio- Elle est secondaire à un mouvement de rotation forcée ou
graphie de profil impose une réduction immédiate. Tout retard d’hyperflexion en inclinaison latérale. Cliniquement, il existe sou-
risque de rendre les lésions médullaires irréversibles. Il n’y a vent une névralgie cervicobrachiale. Au plan radiologique, on

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*
* B
Figure 25. Entorse cervicale grave (A, B). Écart interépineux (flèche) ;
subluxation des processus articulaires (astérisque) ; angulation et antéro-
listhésis (lignes vertes).

B
Le diagnostic d’entorse grave peut être affirmé à partir de deux
Figure 24. Luxation cervicale unilatérale droite. Scanner, coupe sagit-
signes ou plus. L’apparition tardive d’un pincement discal et/ou
tale (A) et axiale (B). Perte de l’alignement des articulations postérieures,
d’un ostéophyte de traction signe de façon formelle l’instabilité
avec passage de l’articulaire supérieure (astérisques noirs) en avant de
chronique.
l’articulaire inférieure (étoiles).
Le scanner n’est pas indiqué. L’IRM peut être utile dans la
recherche des signes directs d’entorse grave : atteinte discale et sur-
tout rupture du ligament longitudinal postérieur. Les anomalies
retrouve les signes d’olisthésis rotatoire de type horaire pour une
isolées des ligaments jaunes n’ont qu’une faible valeur prédictive
luxation à droite, de type antihoraire pour une luxation à gauche
positive. Les entorses graves non traitées évoluent irrémédiable-
(Fig. 24). Les processus articulaires peuvent être intacts ou fractu-
ment vers la luxation bilatérale et la compression médullaire.
rés. La névralgie peut être secondaire à une compression dans le
foramen intervertébral par une hernie discale ou par une esquille Entorse grave antérieure par extension
osseuse ou à un traumatisme radiculaire par élongation. Elle est plus rare. Les signes d’orientation sont l’épaississement
des parties molles prévertébrales plus ou moins associé à une avul-
sion d’un listel vertébral antéro-inférieur. Le cliché en flexion reste
Entorses graves normal. Le cliché en extension montre l’apparition progressive
Entorse grave postérieure par flexion d’un rétrolisthésis. L’IRM montre parfaitement la lésion discale et
la rupture du ligament longitudinal antérieur. Les complications
Le bilan radiologique initial est normal ou montre quelques
de l’entorse grave antérieure sont rares, en l’absence d’anomalie
signes « mineurs » d’orientation tels qu’un enfoncement vertébral
préexistante : arthrose cervicale, canal étroit constitutionnel.
cunéiforme modéré, une avulsion du listel vertébral antérosupé-
rieur, voire une fracture horizontale de l’apophyse épineuse.
Le diagnostic repose sur les clichés dynamiques, réalisés à « Whiplash injury »
distance du traumatisme, sur un patient conscient. Si le bilan Le whiplash injury, ou « coup du lapin », n’est ni une lésion,
radiographique en urgence a été réalisé couché, on recherche au ni un diagnostic. Il traduit simplement un traumatisme par
préalable, par un bilan de réévaluation en position debout, une accélération–décélération de la tête et du cou avec hyperexten-
éventuelle contre-indication. sion, comme dans un accident de voiture avec choc violent par
Le cliché le plus informatif est le profil en flexion. On y l’arrière.
recherche (Fig. 25) : Sur le plan clinique, il comprend tout un cortège de signes
• un bâillement interépineux ; cervicaux (cervicalgie, contracture, faiblesse musculaire, etc.) et
• une découverture articulaire supérieure à 50 % ; cervicocéphaliques (vertiges, scotomes lumineux, acouphènes,
• une angulation intervertébrale de plus de 11◦ ; nausées, etc.) sans cause identifiable. Les radiographies sont réali-
• un antérolisthésis de plus de 2 mm en dessous de C4 ou de plus sées afin d’éliminer une fracture mais sont généralement normales
de 4 mm au-dessus de C4. ou montrent une déformation sigmoïde. Le scanner et l’IRM

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première traduit un mécanisme en compression, la seconde un


mécanisme en flexion. L’atteinte prédomine en C5 [49] .
La gravité de la tear drop fracture est en rapport avec l’atteinte
constante du segment mobile.

Fracture–luxation
La fracture–luxation est une lésion par compression–traction.
La compression s’exerce en avant sur le corps vertébral avec,
selon la sévérité du traumatisme, une simple compression cunéi-
forme jusqu’à la fracture comminutive. La traction s’exerce sur
l’arc postérieur avec selon le cas : une luxation uni- ou bilatérale,
une fracture des processus articulaires, une avulsion des bords
A supérieur ou inférieur des lames ou une fracture horizontale du
processus épineux.
La fracture–luxation est une lésion instable par atteinte disco-
ligamentaire, avec risque de déplacement antérieur contribuant à
aggraver les troubles neurologiques. Elle prédomine au niveau cer-
vical inférieur, en général en C6, d’où les difficultés de leur mise
en évidence en radiographie conventionnelle et le recours systé-
matique à l’exploration scanographique. La fracture–luxation se
différencie de la tear drop fracture par le sens du déplacement inter-
vertébral et surtout par la nature des lésions de l’arc postérieur, en
compression pour l’une, en traction pour l’autre.

« Burst fracture »
Il s’agit d’une fracture par compression axiale sur le plateau
supérieur. Cette variété de fracture est relativement rare au niveau
cervical. Elle prédomine en C7. Nous allons revenir sur la des-
cription détaillée des burst fractures (cf. infra). Le point capital de
cette fracture est l’atteinte du mur postérieur de la vertèbre avec
possibilité de fragment intracanalaire.

Lésions osseuses à risque radiculaire


B Fractures des processus articulaires
Figure 26. Tear drop fracture de C5. Coupes scanner axiale (A) et sagit- C’est la cause la plus fréquente d’olisthésis rotatoire et para-
tale (B) montrant les deux traits de fracture frontal et sagittal et le fragment doxalement la plus méconnue : cette fracture est facilement
osseux antérieur caractéristique. réductible en décubitus dorsal et devient occulte si le bilan
d’admission est réalisé en décubitus. Cette problématique persiste
sur les examens en coupes (scanner et IRM) où la découverte d’une
n’apportent pas d’informations supplémentaires et ne sont pas fracture articulaire non déplacée n’est pas forcément un argument
indiqués en cas de radiographies normales et d’absence de signes en faveur d’une lésion stable.
neurologiques [45, 46] . Schématiquement, on distingue :
• fracture du processus articulaire supérieur, avec signe du bon-
net d’âne sur le cliché de profil (Fig. 27) ; le fragment détaché
Entorse bénigne bascule vers l’avant et rétrécit le foramen intervertébral de
Elle correspond à une élongation simple de l’appareil ligamen- l’arrière vers l’avant ; cette lésion est fréquemment responsable
taire, sans lésion macroscopique. Le traumatisme est toujours de névralgie cervicobrachiale ;
mineur, le bilan toujours normal, le pronostic toujours favorable. • fracture du processus articulaire inférieur, moins invalidante
En pratique clinique, nous préférons le terme de contusion à celui que la précédente ;
d’entorse, dont la connotation pathologique est exagérée pour le • lyse isthmique traumatique ; la solution de continuité pré-
commun des mortels. Il n’y a pas de place pour les investigations sente un trajet coronal plus ou moins oblique, de topographie
complémentaires. Un bilan dynamique en flexion–extension, extra-articulaire ; les deux fragments sont de taille sensiblement
visant à exclure une entorse grave, est recommandé si les dou- identique ; l’un correspond à l’articulaire supérieure, l’autre à
leurs persistent au-delà du huitième jour. Les anomalies que l’on l’articulaire inférieure.
peut constater sur les clichés en flexion ne sont pas spécifiques :
diminution globale ou segmentaire de la mobilité ; déformation
en « marche d’escalier » sur un ou plusieurs niveaux [47] . Fracture–séparation du massif articulaire
La fracture–séparation du massif articulaire (FSMA) est une
lésion par hyperextension [50] . Elle présente deux solutions de
Lésions osseuses à risque médullaire continuité distinctes, l’une en avant du processus articulaire sur le
pédicule, l’autre en arrière sur la lame. Le massif articulaire, ainsi
« Tear drop fracture » désolidarisé de ses attaches osseuses, reste intègre (Fig. 28).
La dénomination de ce type de fracture provient de la visuali- En pratique, toute fracture isolée d’une lame est jusqu’à preuve
sation d’une fracture–avulsion en « goutte » (tear drop en anglais) scanographique du contraire une FSMA [50] .
en regard du corps vertébral [48] . Le fragment osseux, grossière- Les aspects radiologiques varient selon l’atteinte du segment
ment triangulaire, siège à la partie antéro-inférieure du corps mobile : depuis l’absence de déplacement dans les FSMA pure, sans
vertébral (Fig. 26). La tear drop fracture présente deux solutions de lésion discoligamentaire, jusqu’à la luxation intervertébrale où le
continuité : une sagittale, s’étendant de haut en bas et de l’avant processus articulaire se loge en arrière de l’apophyse articulaire
vers l’arrière ; une frontale, isolant le fragment en « goutte ». La inférieure de la vertèbre sus-jacente.

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A1 A2 A3
Figure 29. Classification de Magerl. Type A : lésions par compression.

flexion – extension – rotation – cisaillement – compression axiale.


Nicoll puis Holdsworth ont introduit le concept de fractures
stables et instables. Par la suite, les classifications se sont affinées
B avec différentes approches selon les auteurs : anatomopatholo-
gique pour Roy-Camille, biomécanique pour Louis (théorie des
trois colonnes et de l’instabilité) et pour Denis (conception de la
colonne intermédiaire). McAfee a ébauché une première classifi-
cation en six types basée sur l’étude scanographique [53] .
+ = La classification de Magerl réalise une synthèse entre les méca-
nismes et les types de fractures [54] . Calquée sur la classification
Côté droit Côté gauche Profil entier des fractures des membres de l’Association pour l’ostéosynthèse
(AO), elle utilise un codage numérique à trois composants. Il existe
C trois types qui contiennent chacun trois groupes et sous-groupes.
Figure 27. Signe du « bonnet d’âne » témoignant d’une fracture unila- Chaque type (A, B, C) correspond à un mécanisme lésionnel
térale déplacée du processus articulaire supérieur de C7 (A à C). principal (compression, traction, rotation). Chaque groupe et
sous-groupe correspondent à une lésion anatomique classée selon
un degré de gravité croissant. Cette classification nous semble
particulièrement adaptée aux données de l’imagerie. Par souci
didactique et pour plus de clarté, nous n’exposons que la variété
de fracture la plus fréquente de chaque groupe.

Lésions par compression : A1, A2, A3


Ces lésions ne concernent que la colonne antérieure de Louis
(corps vertébral et disque) : fracture–compression simple cuéi-
forme (A1), fracture–séparation (A2), fracture comminutive (A3)
(Fig. 29). Les colonnes postérieures (osseuses et capsuloligamen-
taires) sont toujours intactes. L’arc neural peut néanmoins être le
siège de lésions osseuses mineures ; la plus fréquente est une frac-
ture de lame à direction verticale (mécanisme de compression).

Fracture cunéiforme (type A1)


La radiographie de face est normale. Sur une radiographie de
profil, la fracture ne concerne que la partie antérieure du corps
vertébral (Fig. 30). La cyphose vertébrale reste inférieure à 15◦ –20◦ .
Figure 28. Fracture–avulsion du massif articulaire de C4, coupe axiale Le segment mobile est intact. Il s’agit d’une lésion bénigne, au
au scanner montrant le trait de fracture (flèche). pronostic favorable sous traitement fonctionnel.

Fracture–séparation en diabolo (type A2)


Lésions osseuses mineures La radiographie de face est normale. La radiographie de profil
Elles concernent les fractures isolées des processus épineux. montre un trait de fracture qui s’étend du plateau supérieur au
L’exemple le plus classique [51] est la clay-shoveler’s fracture ou frac- plateau inférieur, séparant la vertèbre en une partie antérieure et
ture de fatigue de l’apophyse proéminente de C7. Le trait de une partie postérieure. Le déplacement dans le plan sagittal peut
fracture est à direction verticale et de topographie relativement concerner une seule ou les deux parties vertébrales à la fois. Plus
caudale. Cette fracture ne doit pas être confondue avec celles plus le déplacement est important, plus le risque d’incarcération du
antérieures qui interrompent la ligne spinolamaire et comportent disque dans le foyer de fracture est élevé.
un risque d’atteinte discoligamentaire [52] .
Fracture comminutive ou « burst fracture »
(type A3)
 Lésions de la colonne Les forces de compression axiale se répartissent sur l’ensemble
thoracolombaire de la vertèbre et les radiographies de face et de profil sont toutes
deux anormales. La radiographie de face montre une réduction de
Ces lésions siègent dans plus de 80 % des cas entre T10 et hauteur des murs latéraux, plus ou moins associée à une augmen-
L3. Boehler (1944) distinguait cinq groupes selon le mécanisme : tation de la distance interpédiculaire. La radiographie de profil

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A B C
Figure 30. Fracture de type A1. Radiographie de profil (A) et reconstruction scanner sagittale (B) montrant une fracture par compression de L1 ; coupe
axiale scanner (C) montrant l’intégrité de l’arc postérieur.

A B C
Figure 31. Burst fracture (type A3) de L3 et L5. Coupes scanner sagittale (A) et axiales (B, C) montrant la compression globale des vertèbres avec trait de
fracture vertical de l’arc postérieur (flèche).

montre une réduction de hauteur des murs antérieur et postérieur, Lésions par traction : B1, B2, B3
plus ou moins associée à une sténose du canal rachidien.
Le scanner montre de façon quasi constante un fragment de Le mécanisme principal est la traction sur les éléments posté-
mur postérieur dans le canal vertébral, avec une fracture verticale rieurs (B1, B2) ou antérieurs (B3). Dans le groupe B1, les lésions
sur la lame ou à la jonction spinolamaire (Fig. 31). L’IRM montre postérieures sont à prédominance ligamentaire ; dans le groupe
l’atteinte partielle, strictement discale, du segment mobile, les B2, elles sont à prédominance osseuse (Fig. 32). Les lésions du
composantes ligamentaires restant intactes. groupe B sont par nature instables et la radiographie standard est
La réduction des déformations par ligamentotaxis sur cadre de insuffisante pour affirmer cette instabilité [55] . Il faut y penser sys-
Boehler (manœuvres de traction dans l’axe ou en légère lordose tématiquement si la fracture cunéiforme dépasse 30◦ ou devant
qui supposent l’intégrité des ligaments longitudinaux) est pos- une augmentation de la distance interépineuse lombaire de plus
sible. Les troubles neurologiques sont en rapport avec la sténose de 7 mm par rapport aux étages adjacents [56] . Dans un contexte
canalaire. À l’étage thoracique, leur sévérité est directement pro- d’accident de la voie publique, ces lésions sont souvent associées
portionnelle au degré de sténose. à des lésions viscérales soit par décélération, soit par compression.

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Luxation intervertébrale (type B1) Fracture–luxation inversée (type B3)


Le diagnostic repose sur la perte complète des rapports articu- Elle survient classiquement sur colonne ankylosée soit par une
laires postérieurs. Les lésions du corps vertébral sont variables : spondylarthropathie, soit par une maladie de Forestier. Dans
normal ou avulsion du listel si la distraction est pure, fracture le premier cas, la lésion traumatique est transdiscale (Fig. 35) ;
cunéiforme ou globale en cas de compression associée (Fig. 33). dans le second, elle est plutôt transcorporéale. Si la lésion se

Fracture de Chance (type B2)


C’est une lésion purement osseuse par hyperflexion dont une
variante est la seat belt fracture [57] . La vertèbre est coupée en deux
horizontalement, à la manière d’un coup de faux. Il s’agit d’une
lésion instable car la vertèbre peut s’ouvrir comme un livre autour
du mur antérieur. La fracture démarre sur le processus épineux et
s’étend progressivement en avant à travers les lames, les isthmes
et les pédicules pour finir dans le corps vertébral (Fig. 34). Le trait
horizontal postérieur est plus ou moins complet et plus ou moins
haut situé. Les lésions du corps vertébral vont, comme pour la
luxation, de la normalité à la fracture comminutive.

Figure 34. Fracture de Chance (type B2). Coupe sagittale scanner mon-
B1 B2 B3
trant la compression du corps vertébral (flèche) et la distraction de l’arc
Figure 32. Classification de Magerl. Type B : lésions par traction. postérieur avec trait de fracture horizontal (tête de flèche).

Figure 33. Fracture–luxation T11/T12 (type


B1).
A. Scanner, reformation sagittale montrant la
luxation des articulaires postérieures.
B. IRM sagittale T2 montrant la rupture des liga-
ments jaunes (flèche).

A B

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poursuit sur l’arc postérieur, on retrouve le signe de la cupule. Le Lésions par cisaillement : C1, C2, C3
diagnostic est souvent retardé et posé au stade de pseudarthrose
avec risque de complications neurologiques élevé. L’IRM peut être Elles associent un mécanisme de rotation combiné à un méca-
d’interprétation difficile car l’aspect peut mimer une infection ou nisme de compression ou de traction. On a dans le groupe C1 des
une tumeur. lésions de type A avec rotation, dans le groupe C2 des lésions de
type B avec rotation, et dans le groupe C3 des lésions rotatoires
proprement dites avec présence de traits obliques (Fig. 36, 37). Il
s’agit de lésions à très haute énergie, mettant souvent en jeu le
pronostic vital par les lésions associées au crâne, au thorax et/ou
à l’abdomen. À l’étage thoracique, elles sont souvent associées à
une fracture du sternum. Les lésions des enveloppes méningées ne
sont pas exceptionnelles, allant jusqu’à se fistuliser dans la cavité
pleurale (Fig. 38).
Les anomalies particulièrement évocatrices de lésions par
cisaillement sont :
• décalage rotatoire des épineuses ;
• fracture d’un massif articulaire et luxation controlatérale ;
• fractures étagées des transverses/côtes ;
• fracture asymétrique du corps vertébral dans le plan frontal ;
• arrachement latéral d’un plateau vertébral.

Figure 35. Fracture type B3. Coupe scanner montrant une fracture
transdiscale (flèche) par hyperextension chez un patient avec une spon-
dylarthropathie ankylosante. Figure 36. Classification de Magerl. Type C : lésions par cisaillement.

A B C
Figure 37. Fracture thoracolombaire de type C3 secondaire à un accident de la voie publique. Scanner, reconstruction volumique (A) et coupes sagittale
(B) et axiale (C) montrant la désaxation rotatoire et axiale des corps vertébraux (flèches), les fractures multiples des arcs postérieurs (têtes de flèches) et les
fractures–luxations des articulations postérieures (astérisque).

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Figure 38. Fractures de type C3 de T11 et T12


associées à une fistule méningopleurale dans le
cadre d’un traumatisme en cisaillement (A, B).

A B

 Conclusion  Références
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G. Bierry (Guillaume.bierry@chru-strasbourg.fr).
J.-C. Dosch.
T. Moser.
J.-L. Dietemann.
Service de radiologie 2, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, 10, avenue Molière, 67098 Strasbourg cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Bierry G, Dosch JC, Moser T, Dietemann JL. Imagerie des traumatismes de la colonne vertébrale.
EMC - Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale 2014;9(2):1-21 [Article 31-670-A-10].

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