Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Les lésions des muscles squelettiques sont extrêmement fréquentes, surtout en pathologie sportive. Tous
les degrés de gravité peuvent se rencontrer mais certaines grandes règles de diagnostic et de traitement
permettent d’apporter une solution à la grande majorité des cas. Après avoir rappelé la structure
histologique du muscle et les facteurs de risque, cet article distingue la problématique posée par la gestion
des lésions musculaires récentes de celle des lésions chroniques, séquellaires des précédentes. Il faut
distinguer les traumatismes extrinsèques, par choc appuyé, des traumatismes intrinsèques, les plus
fréquents, où la résistance mécanique de la structure musculaire est dépassée par la nature ou l’intensité
des contraintes mécaniques. La lésion siège dans la plupart des cas à la jonction myoaponévrotique. Dans
le cadre des lésions récentes, l’examen clinique et l’imagerie permettent d’identifier le type de la lésion
(contracture, déchirure, rupture), son degré de gravité, sa localisation et d’en tirer les conséquences en
termes de stratégie thérapeutique et de délai d’indisponibilité. L’échographie est ici un élément
fondamental de la démarche diagnostique et pronostique. Le diagnostic des lésions chroniques repose
aussi sur l’examen clinique et surtout sur l’imagerie qui permet d’identifier les différents types lésionnels :
nodules fibreux, pseudokystes, calcifications. L’utilisation de l’imagerie par résonance magnétique est ici
essentielle, non seulement au titre du diagnostic mais aussi pour le chirurgien, permettant une
visualisation tridimensionnelle de la lésion à exciser. Le rôle du traitement préventif dans la survenue des
accidents musculaires est essentiel. Le dépistage des facteurs de risque inhérents à l’athlète, la
compensation des déséquilibres musculaires et métaboliques, des entraînements adaptés, la lutte contre
les raideurs musculaires ont radicalement transformé l’incidence des accidents musculaires et leur
traitement curatif. Une fois constituée, la lésion musculaire récente relève en règle générale du traitement
médical adapté à chaque type de lésion. La physiothérapie, la rééducation, l’utilisation des
dynamomètres isocinétiques, la reprise adéquate de l’entraînement, constituent les éléments clés du
retour au sport sans récidive. La durée d’incapacité sportive est conditionnée par l’importance de la
lésion. L’indication chirurgicale est rare, réservée aux lésions musculaires majeures et aux syndromes
compressifs. Au stade des séquelles, les lésions chroniques relèvent plus souvent de la chirurgie. Le geste
chirurgical doit être adapté à la nature de la lésion, allant de la simple excision de petits nodules fibreux
ou de calcifications jusqu’à la suppression fonctionnelle d’un muscle, avec ou sans neurolyse.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Muscle ; Lésion musculaire traumatique ; Régénération musculaire ; Traumatologie du sport
Appareil locomoteur 1
2 Appareil locomoteur
Pathologie traumatique du muscle strié squelettique ¶ 15-140-A-10
Traumatismes intrinsèques
Ils sont de loin les plus fréquents. Ils peuvent être la consé-
quence :
• d’une contraction brutale : le muscle dépasse les capacités de
résistance de ses propres fibres (biceps lors d’un effort en
musculation) ;
• d’un étirement passif brutal (ischiojambiers lors d’une
glissade ou d’un tackle, jambe en avant) ;
• d’un traumatisme excentrique : le muscle est alors lésé lors de
la contraction de son antagoniste (ischiojambiers étirés par le
quadriceps lors d’un sprint) ; il ne se décontracte pas suffi-
samment vite, il est proportionnellement trop faible par
rapport à son antagoniste ou encore son élasticité est
insuffisante.
Dans ce cas, il faut rechercher une sémiologie très fine car les
lésions peuvent être très modestes et donnent des symptômes
très peu caricaturaux.
La première notion qu’il faut obtenir est l’évaluation de
l’effort en cours lorsque l’accident est arrivé. Le blessé était-il en
pleine vitesse ? L’expérience acquise en athlétisme nous a
montré que nous n’observions pas de lésions anatomiques (en
tout cas dans les limites permises par l’imagerie moderne)
lorsqu’une douleur apparaissait lors d’un effort de vitesse situé
en dessous d’un seuil de 60 % de la vitesse maximale que
l’athlète sait pouvoir réaliser. Cette notion un peu abstraite pour
l’observateur extérieur est une perception de l’effort parfaite-
ment bien mesurée par l’athlète.
Les autres éléments, moins fiables, sont l’existence éventuelle
d’un craquement, d’une impression de déchirure en sachant que
l’imagination et le vocabulaire employé par le blessé pour
décrire sa blessure sont extrêmement riches (coup d’aiguille,
Figure 1. L’étendue et l’intensité des ecchymoses sous-cutanées sont
coup de poignard, élastique qui se tend, impression de raccour-
très variables. Cependant, elles témoignent toujours d’une lésion anato-
cissement musculaire, apparition brutale d’une « boule » dans le
mique de la structure musculaire sous-jacente (A, B).
muscle …). Tous ces termes sont a priori suspects de traduire
une lésion anatomique.
Les modalités de l’arrêt de l’effort sont également intéressan- Traumatismes intrinsèques
tes à préciser. La course qui peut être terminée sans possibilité L’apparition d’une ecchymose sous-cutanée permet d’acquérir
d’accélération ou l’arrêt en décélération progressive rendent la certitude qu’il y a bien eu une lésion anatomique (Fig. 1).
optimiste, alors que l’arrêt à cloche-pied ou la chute sont très Celle-ci peut s’extérioriser à la partie basse du muscle suspect,
péjoratifs. même si les symptômes initiaux siégeaient beaucoup plus haut :
Les suites rapprochées sont très variables, allant de la discrète en effet, l’hématome peut glisser le long des parois aponévroti-
boiterie lors du refroidissement et qui ne dure que quelques ques sous l’effet de la pesanteur et n’apparaître que plusieurs
heures jusqu’à l’impotence fonctionnelle majeure obligeant à jours plus tard ; sa couleur est alors celle d’un hématome vieilli.
l’utilisation de cannes-béquilles. La disparition parfois très Cette ecchymose est cependant très loin d’être constante et son
rapide des symptômes entraîne de nombreuses sous-estimations absence ne permet pas d’éliminer la possibilité d’une lésion
des blessures. anatomique.
En cas de traumatisme important, et à condition d’effectuer
Examen clinique l’examen rapidement après l’accident, il est possible de repérer
une encoche musculaire. L’œdème et l’hématome comblent
L’examen doit théoriquement retrouver trois signes : douleur
ensuite rapidement la brèche.
à l’étirement, douleur au testing isométrique et douleur à la
En cas de lésion plus modeste, on retrouve plus ou moins
palpation. Les tests isométriques doivent être cohérents : la
facilement la zone douloureuse bien localisée, souvent accom-
douleur doit augmenter en fonction de la plus grande sollicita-
pagnée d’une corde musculaire en amont et en aval correspon-
tion musculaire (par exemple, le test en course externe doit être
dant à la contracture secondaire. Les données de l’interrogatoire
plus douloureux que celui effectué en course interne). Il ne faut
permettent de ne pas se contenter du diagnostic de contracture.
pas se contenter d’un seul test, il faut se méfier des compensa-
En fonction des données de l’examen clinique et du contexte
tions qui peuvent minimiser les symptômes et s’efforcer d’isoler
sportif, une imagerie est ou n’est pas demandée.
le plus possible le muscle suspect de façon à obtenir un
diagnostic aussi précis que possible et pouvoir ensuite guider le Classification des lésions
traitement.
Traumatismes extrinsèques
Traumatismes extrinsèques
Ce sont les critères cliniques et les données de l’imagerie qui
Les éléments cliniques qui permettent le mieux d’établir le permettent de passer de la contusion bénigne à la contusion
diagnostic de gravité sont l’appréciation du ballottement grave avec hématome intramusculaire par rupture de la conti-
musculaire et de la tension de la loge contuse. Il faut penser à nuité en plein corps musculaire.
la possibilité de constitution d’un syndrome de loge, mais ces Les contusions par écrasement, sans rupture, peuvent parfois
traumatismes appuyés sont la plupart du temps responsables présenter un aspect impressionnant (Fig. 2) du fait de l’étendue
d’une simple contusion musculaire. et de l’importance de la réaction œdémateuse visible en IRM [18,
Il faut noter que les classiques « béquilles », rencontrées dans 43] mais, en règle générale, l’évolution spontanée est favorable.
Appareil locomoteur 3
15-140-A-10 ¶ Pathologie traumatique du muscle strié squelettique
4 Appareil locomoteur
Pathologie traumatique du muscle strié squelettique ¶ 15-140-A-10
Échelle Phase
de temps inflammatoire Maturation
des cellules
de Mauro
Phase
de reconstruction Synthèse de collagène
j3 Myoblastes
cellulaire de type III
présomptifs
pénétrant
le collagène
Les myofibrilles
Cicatrice fibreuse se transforment
j21 pénétrée par les en fibres
myofibrilles musculaires
Appareil locomoteur 5
15-140-A-10 ¶ Pathologie traumatique du muscle strié squelettique
Pour ces raisons, dans les lésions récentes, l’imagerie peut être
nécessaire pour aider le clinicien, en affirmant la lésion muscu-
laire, en précisant sa localisation, surtout sa gravité, pour guider
ainsi le traitement.
Dans le cas des lésions d’origine extrinsèque, l’atteinte
musculaire siège souvent en plein muscle et intéresse plus
volontiers les muscles de la face externe de la cuisse : crural,
vaste latéral. La lésion musculaire siège à l’endroit du choc sans
liaison particulière avec le squelette aponévrotique.
Dans l’atteinte intrinsèque, la lésion musculaire siège toujours
au voisinage immédiat d’une cloison aponévrotique, de l’enve-
loppe musculaire ou à proximité de l’insertion des fibres sur le
tendon. Il s’agit donc d’une lésion à type de désinsertion
myoaponévrotique ou plus rarement myotendineuse. Cette
notion est fondamentale pour le diagnostic en imagerie, que ce
Figure 5. Aspect échographique normal des muscles du mollet. L’as-
soit en IRM ou surtout en échographie. C’est l’importance de
pect ponctué hyperéchogène sur cette coupe axiale correspond au sque-
cette désinsertion, limitée à quelques fibres ou étendue à tout
lette aponévrotique disséminé dans l’épaisseur du muscle. Le soléaire et le
un contingent, qui va différencier une simple élongation d’une
gastrocnémien médial (jumeau interne) sont séparés par une aponévrose
déchirure. Le délai de réparation est bien entendu différent.
(bande blanche hyperéchogène).
Radiologie standard
Elle n’a aucun intérêt dans le diagnostic de lésion musculaire.
Elle est réalisée pour éliminer un autre diagnostic et pour
rechercher une atteinte osseuse après un traumatisme violent ou
un arrachement osseux. Elle est complémentaire de l’examen
échographique qui lui est centré presque exclusivement sur
l’étude des parties molles.
Tomodensitométrie
Cet examen a été complètement supplanté par l’IRM pour
l’étude des parties molles en raison de son contraste insuffisant Figure 6. Hématome de Morel-Lavallée en échographie. Volumineuse
et de l’étude limitée au plan axial. Il n’est plus utilisé dans le collection à la face externe de la cuisse après une chute en deux-roues. Cet
diagnostic d’une lésion musculaire traumatique récente. Les hématome est de siège sous-cutané.
calcifications ou ossifications sont en revanche détectées plus
précocement avec cet examen que sur les clichés simples. [48] Il
peut aider également l’évacuation des hématomes situés en détecter d’éventuelles complications (hématome enkysté,
profondeur avec précision. calcifications, cicatrice hypertrophique, hernie…) et enfin son
coût est réduit. La réalisation d’une ponction évacuatrice est
Échographie facilitée par le repérage échographique. Notre expérience nous
C’est l’examen de choix pour l’étude du muscle traumatisé, a montré que cette ponction pouvait être répétée jusqu’à
car il est facilement disponible, non douloureux et représente l’affaissement complet de la collection, qui récidive volontiers
un prolongement de l’examen clinique. [11, 42, 51] Le médecin dans les 10 jours suivants mais en quantité inférieure. Dans
échographiste doit être le plus précis possible en confirmant ou quelques cas, l’hématome n’est pas parfaitement liquidien en
infirmant l’existence de la lésion musculaire, sa topographie et échographie car complètement cailloté, empêchant son évacua-
sa nature : élongation, déchirure ou rupture. tion à l’aiguille même de gros calibre.
Les inconvénients sont connus : mauvaise relecture des
Technique et aspect normal du muscle
images, examen opérateur-dépendant et sensibilité inférieure à
L’examen doit être réalisé avec une sonde de haute fréquence, celle de l’IRM. La sensibilité devrait s’améliorer progressivement
en général de façon comparative. Il comporte une étude grâce aux enseignements tirés d’examens IRM antérieurs et
statique mais également dynamique [51] pour rechercher de permettre ainsi de réaliser une meilleure échographie
petites asymétries au contact des fascias. Il nécessite surtout une musculaire.
forte expérience et une bonne connaissance des principales Certaines lésions musculaires profondes ou d’accès plus
atteintes musculaires pour ne pas faire un diagnostic erroné. délicat (ischiojambiers, adducteurs) peuvent toucher à certaines
Une solide connaissance anatomique, au mieux acquise grâce limites de la technique, mais uniquement pour des anomalies
aux coupes axiales obtenues en IRM, est également nécessaire. musculaires ou musculotendineuses de faible gravité.
Le diagnostic échographique est aidé par les renseignements
La réalisation de l’échographie immédiatement après le
cliniques. Ceux-ci doivent être aussi précis que possible pour
traumatisme (j1) peut rendre le diagnostic plus délicat car la
permettre à l’échographiste un examen dirigé vers la région
lésion est alors plus difficile à mettre en évidence.
suspecte. En l’absence de véritable relation avec un effort, on
doit se méfier d’une pathologie musculaire tumorale ou infec- Aspects échographiques des différents types lésionnels
tieuse qui peut simuler un hématome en échographie.
Le muscle à l’état normal (Fig. 5) prend un aspect penné dans Traumatismes extrinsèques. Dans ces atteintes, on constate
le plan longitudinal et ponctué dans le plan axial avec alter- fréquemment un hématome d’allure anéchogène ou hypoécho-
nance de fibres musculaires et de cloisons conjonctives. [51] Ce gène par rupture des fibres musculaires, pour la cuisse du droit
contraste, variable en fonction des muscles, varie également fémoral dans la majorité des cas, plus rarement du vaste latéral.
avec l’âge du patient, le muscle devenant souvent échogène Avant ce stade, on peut constater un simple œdème sous-
chez le sujet âgé, rendant l’exploration plus délicate. Les cutané (plage hyperéchogène) ou une zone hétérogène avec
cloisons aponévrotiques situées en plein muscle sont des alternance de zones hypoéchogènes et hyperéchogènes. La
expansions des tendons. Un bon exemple de cette architecture présence d’un hématome, s’il est important, peut justifier sa
est expliqué par Hasselman et al. [23] pour le droit fémoral. ponction-évacuation au mieux dirigée sous échographie pour
Les avantages de l’échographie sont multiples : obtention accélérer le processus de cicatrisation. L’importance d’un
rapide de l’examen, examen dynamique, pouvant être répété hématome de type Morel-Lavallée peut être précisée en écho-
facilement pour la surveillance de la lésion musculaire afin de graphie (Fig. 6).
6 Appareil locomoteur
Pathologie traumatique du muscle strié squelettique ¶ 15-140-A-10
Appareil locomoteur 7
15-140-A-10 ¶ Pathologie traumatique du muscle strié squelettique
8 Appareil locomoteur
Pathologie traumatique du muscle strié squelettique ¶ 15-140-A-10
Appareil locomoteur 9
15-140-A-10 ¶ Pathologie traumatique du muscle strié squelettique
glucose et métabolites rentrent dans le cadre de la gestion auxquelles vont succéder des exercices de plus en plus difficiles
diététique de l’effort et ne sont donc qu’évoquées. de renforcement musculaire, l’idéal étant de pouvoir terminer à
Sur le plan anabolique, le lendemain de match, recourir à un l’aide d’une machine isocinétique. La rapidité de la progression
« décrassage » doux (natation, vélo) pour éliminer les toxines. est conditionnée par l’existence ou non de douleurs et est donc
Faire des étirements posturaux de manière à stimuler la synthèse inversement proportionnelle à la gravité de la lésion. Par ce
de l’armature conjonctive musculaire [2] et l’alignement des traitement, on cherche à guider la cicatrisation dans le sens de
fibres collagènes. Recourir à des massages de drainage lympha- l’allongement et de la souplesse, et à remettre le muscle dans
tique et à la pressothérapie, et utiliser des apports protéiques une situation de protection et de force vis-à-vis des efforts qu’il
adaptés. aura de nouveau à fournir. En phase finale de traitement, le
En résumé, la prévention des accidents musculaires est un chiffrage du rapport ischiojambiers/quadriceps déterminé lors
élément essentiel de la pratique sportive. Elle est multifacto- d’un test isocinétique est capital. La constatation d’une insuffi-
rielle : sance musculaire conduit alors à la poursuite du renforcement
• correction des déséquilibres par renforcement excentrique ; dans un but préventif.
• améliorer les raideurs par des étirements ;
• alimentation et récupération adaptée aux charges de travail ; Traitement préventif des récidives
• hydratation suffisante. Après une lésion musculaire, le pool protéique du muscle
nécessite environ 3 mois pour revenir à son niveau anté-
Traitement curatif rieur. [28] La reprise sportive n’est pas envisageable avant que le
Chaque cas de figure impose une prise en charge adaptée. [8, muscle n’ait récupéré 90 % de ses qualités antérieures. Ainsi, en
40, 41] Les habitudes de chaque médecin sont influencées par phase finale de rééducation ou très à distance d’un accident
son recrutement sportif et par son environnement plutôt ancien, il est très utile d’évaluer la force des différents groupes
fonctionnel ou plutôt chirurgical. musculaires et de déterminer par des mesures isocinétiques les
Une grande constante est à retenir pour tous les accidents rapports agonistes/antagonistes. [30] Ces mesures permettent de
musculaires (sauf la contracture qui tire meilleur profit de la guider un éventuel renforcement musculaire si les ratios
chaleur) : la cryothérapie. Il s’agit de la mesure thérapeutique théoriques idéaux ne sont pas respectés lors du bilan initial. Il
essentielle lorsque l’accident vient de survenir. Ce geste est à faut noter que les tests ne peuvent être faits qu’à distance d’un
effectuer le plus tôt possible et doit être renouvelé quatre ou accident, sous peine de créer une nouvelle lésion lors de ceux-ci
cinq fois par jour par séquences de 20 à 30 minutes. La surélé- ou de sous-estimer les résultats s’il existe une appréhension.
vation du membre atteint et une compression modérée sont de Dans le cadre de la remusculation, il faut souligner les plus
bons adjuvants pour limiter le saignement éventuel. La gestion grands bénéfices obtenus à l’aide du travail excentrique par
immédiate sur le terrain est capitale pour limiter la formation rapport à ceux du travail concentrique. Les machines isocinéti-
de l’hématome. Il s’agit d’un facteur clé car l’importance de ques peuvent trouver là un intérêt supplémentaire. [45] Un
celui-ci va conditionner la longueur de l’évolution, la qualité de nouveau bilan, effectué après le travail de musculation, peut
la récupération et la survenue éventuelle de complications. évaluer les progrès réalisés. Il est par ailleurs primordial
d’insister sur la poursuite des exercices d’étirements et de
Traumatismes extrinsèques stretching, indispensables à la protection du sportif, surtout s’il
Un hématome intramusculaire ou paradiaphysaire de taille progresse en qualités de vitesse.
importante peut être ponctionné sous contrôle échographique. Il faut reprendre l’entraînement avec bon sens. L’expérience
La coagulation de l’hématome rend ce geste impossible. montre que cette évidence n’est pas toujours respectée et que
L’apparition d’une calcification musculaire d’origine les règles de progression lente sont souvent transgressées. Il ne
périostée, quelquefois assez précoce, peut répondre au traite- faut pas oublier que les forces mises en jeu et la vitesse d’exé-
ment médical. Celui-ci repose sur les glaçages, un traitement cution gestuelle lors d’une activité physique sont souvent bien
anti-inflammatoire et la rééducation qui cherche avant tout à au-delà de ce qui a pu être réalisé lors de la rééducation, même
récupérer la flexion du genou. bien conduite. [32, 36]
Traumatismes intrinsèques
Traitement chirurgical
Les traitements médicamenteux n’ont actuellement que peu
de place : les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont essentiel- Le traitement chirurgical des lésions musculaires récentes est
lement utilisés pour leur action antalgique, les décontracturants mal codifié, mais reste de toute façon rare. L’indication d’une
musculaires sont souvent d’un bon secours pendant les premiers intervention chirurgicale devant une lésion récente va dépendre
jours. de la nature de la lésion. Les indications concernent surtout les
Certaines déchirures importantes peuvent là aussi justifier hématomes compressifs secondaires à une rupture subtotale
d’une ponction sous échographie, en période liquide de avec risque de syndrome de loge, les désinsertions complètes
l’hématome. hautes ou basses et les ruptures totales. [6, 12]
Toutes les techniques de physiothérapie ont au mieux un rôle L’examen clinique en urgence est difficile et souvent peu
antalgique et/ou anti-inflammatoire local. Utilisables très tôt, contributif. La plupart du temps, l’impotence fonctionnelle est
elles deviennent très rapidement accessoires. variable et non corrélée avec la gravité de la lésion. Cependant,
Les appareils d’électrostimulation sont également utilisables l’importance de l’ecchymose et de l’hématome, surtout après
précocement, et jouent un rôle positif sur les phénomènes de 48 heures, constitue un bon indicateur de gravité. Les examens
contracture et sur la préparation mécanique du muscle avant la d’imagerie doivent être pratiqués précocement, dans les 2 ou
rééducation proprement dite. [50] Ultérieurement, ils peuvent 3 premiers jours suivant le traumatisme, de manière à pouvoir
aider à la remusculation. conclure de façon définitive sur la nature exacte de la lésion et
Les massages ont surtout des vertus décontracturantes. En cas son pronostic, et déterminer ainsi si celle-ci relève du traitement
de lésion anatomique, ils sont utilisés pour aider au drainage conservateur ou chirurgical.
local ; il n’est pas question dans ce cas de masser les muscles en
profondeur. En phase finale de cicatrisation, des techniques de Hématomes par lésion du corps charnu
massage vigoureux des zones restant douloureuses sont des Ces hématomes peuvent survenir aussi bien à la suite de
moyens d’assouplissement local très utiles. mécanismes par choc direct ou par étirement intrinsèque. La
La rééducation mécanique vraie représente le traitement des lésion musculaire est souvent modeste, mais, dans les heures qui
accidents musculaires allant de la contracture à la déchirure. suivent, un important saignement avec formation d’un héma-
Selon l’importance de la lésion initiale, celle-ci est mise en route tome peut aboutir à la constitution d’un syndrome compres-
dans les suites précoces de l’accident ou à partir du septième au sif, [27] voire provoquer une phlébite. [47] En cas de doute de
dixième jour. [20] Elle comporte des techniques de contractés- syndrome de loge, la mesure des pressions intramusculaires est
relâchés, des techniques d’assouplissement et de stretching indispensable pour conduire à l’aponévrotomie décompressive
10 Appareil locomoteur
Pathologie traumatique du muscle strié squelettique ¶ 15-140-A-10
en urgence. Il faut savoir que, en plus des syndromes de loge répétitifs qui surviennent après un traumatisme initial plus ou
bien connus du segment jambier, la cuisse ou le membre moins ancien. On peut considérer que la séquelle d’accident
supérieur peuvent aussi être concernés. musculaire se comporte comme un corps étranger
En dehors du cadre spécifique des compressions, les larges intramusculaire.
hématomes collectés doivent quand même être évacués. En
l’absence d’un tel geste, l’évolution se complique par la forma- Signes fonctionnels
tion de pseudokystes liquidiens intramusculaires, de calcifica-
Il s’agit d’un sujet sportif qui consulte pour un syndrome
tions ou d’une fibrose cicatricielle douloureuse. Les calcifications
douloureux chronique se manifestant à l’effort, ou lors de
sont d’autant plus à craindre que la lésion siège près de l’os,
certains gestes précis provoquant la mise en tension de la zone
comme dans le cas du muscle crural par exemple. Les hémato-
cicatricielle par étirement passif ou par « distraction » consécu-
mes non caillotés relèvent de la ponction sous échographie ou
tive à une contraction musculaire, a fortiori si celle-ci est
sous tomodensitométrie, toujours préférable à un drainage
effectuée dans les conditions d’étirement maximal, en dynami-
chirurgical. Cependant, les hématomes caillotés ne peuvent être
que excentrique, en course externe.
évacués par simple ponction et, s’ils sont de taille importante,
Le sportif peut consulter aussi pour des épisodes étiquetés
relèvent de la chirurgie. L’évacuation chirurgicale, l’hémostase et
« claquages musculaires itératifs », liés à l’absence de propriétés
le drainage ne posent pas de problèmes particuliers. C’est une
viscoélastiques de la zone cicatricielle. De nouvelles lésions
chirurgie qu’il vaut mieux pratiquer sans garrot pneumatique
apparaissent au niveau de la lésion initiale, à chaque tentative
pour d’une part, ne pas induire de raccourcissement musculaire
de reprise d’activité. Il peut aussi s’agir d’une fatigabilité, d’une
du fait de la compression circonférentielle du garrot gonflé et
intolérance à l’effort, de troubles circulatoires, voire d’une
d’autre part, permettre de faire une hémostase la plus complète
limitation de la mobilité passive et active, surtout de la flexion
possible.
du genou, évocatrice de l’existence de calcifications intramus-
L’attitude à adopter vis-à-vis de la lésion musculaire elle-
culaires. Enfin, une anomalie du galbe musculaire peut avoir été
même est variable et dépend de son type. En règle générale, il
constatée par le sujet, au repos ou seulement au cours de
ne faut pas essayer de rétablir la continuité musculaire quand la
certains exercices.
lésion siège en plein corps charnu. Le muscle strié squelettique
est un tissu fragile dans lequel les points de suture déchirent et Interrogatoire
n’ont aucune tenue mécanique. Les éléments mécaniquement
résistants du muscle sont l’aponévrose et le tissu tendineux. Le patient décrit un premier épisode musculaire douloureux
Ainsi, en cas de rupture partielle « centrale » siégeant au fulgurant à l’occasion d’un traumatisme, ayant conduit à l’arrêt
centre du corps musculaire, la cavité est effacée par simple spontané du sport pendant environ 3 semaines. Il n’a souvent
capitonnage, drainée après une hémostase soigneuse. pas consulté d’emblée, mais opté pour l’application de soins
En cas de rupture partielle périphérique limitée, les fibres locaux. Il a ensuite repris progressivement son activité physique
musculaires dévascularisées sont excisées a minima. La forma- malgré la persistance d’une petite sensibilité locale à l’étirement
tion d’une cicatrice fibreuse va suivre ; elle peut constituer une ou à la contraction du muscle concerné. À chaque nouvelle
épine irritative et un point d’appel à la survenue de claquages tentative de reprise du sport réapparaît une douleur moins
itératifs avec rupture musculaire progressive, ce qui se vérifie en intense et moins durable. Malgré l’interruption pendant
particulier pour le muscle droit fémoral et les adducteurs. La plusieurs mois de l’activité incriminée, la douleur récidive à
rupture totale, stade terminal de l’évolution, peut être un chaque nouvel essai de reprise sportive. L’interrogatoire s’atta-
moyen de guérison. che à préciser les circonstances du traumatisme initial ainsi que
Aussi, si la rupture est subtotale, il est alors préférable de celles de toutes les éventuelles récidives. Toutes les dates sont
recourir à une suppression fonctionnelle qui consiste à inter- précisées et la recherche des signes de gravité doit se faire pour
rompre la continuité musculaire soit en excisant largement les chaque épisode. Les traitements suivis sont détaillés car leur
extrémités rompues et en suturant les deux moignons aux inadéquation face aux lésions supposées est une cause fréquente
aponévroses des muscles agonistes adjacents, soit comme d’évolution péjorative.
certains le préconisent en réséquant le muscle en totalité.
Certaines ruptures musculaires, par leur localisation, peuvent Examen clinique
entraîner une compression directe des éléments de voisinage par À l’inspection, on recherche une modification du galbe
le moignon musculaire rétracté. Cette situation se rencontre lors musculaire : déhiscence bien visible après certaines lésions de
des ruptures complètes des ischiojambiers avec compression du grade III ou IV des muscles superficiels tels que le droit fémoral
sciatique. Il faut savoir évoquer cette compression devant ou le semi-membraneux ; ascension du jumeau interne et
l’existence de douleurs irradiant vers la jambe, inexplicables par déhiscence ou induration en regard de l’insertion basse de ce
la seule lésion musculaire. En l’absence de lever chirurgical de chef tricipital.
la compression, l’évolution se fait vers une sciatalgie chronique Quelles que soient la gravité de la lésion initiale et l’étendue
dont l’évolution, même après neurolyse chirurgicale, n’est pas de la région cicatricielle, si le muscle blessé est moins utilisé du
toujours favorable. fait du syndrome douloureux chronique, on peut observer une
amyotrophie locale. On peut aussi observer une augmentation
Désinsertions myoaponévrotiques
de volume, une ascension ou une descente d’un chef muscu-
Seules les désinsertions myoaponévrotiques étendues relèvent laire, une encoche, une tuméfaction. Une différence de volume
du traitement chirurgical. Celui-ci consiste à évacuer l’héma- d’un segment de membre est facilement appréciée par la mesure
tome, régulariser le moignon musculaire et suturer sans tension comparative de son périmètre.
ce qui est mécaniquement suturable à l’aponévrose, surtout sans L’étirement passif et la contraction musculaire provoquent la
essayer de restituer au corps charnu sa longueur d’origine. douleur dans certaines conditions d’examen. Le muscle doit être
testé prudemment, en commençant par une faible résistance en
course interne, puis en augmentant la vitesse du mouvement et
■ Lésions musculaires chroniques la résistance, en se rapprochant de la course la plus externe,
jusqu’au seuil douloureux.
Aspect médical La palpation peut mettre en évidence une lésion cicatricielle
Qu’ils soient endogènes ou exogènes, les traumatismes si elle est suffisamment superficielle : zone dépourvue de
musculaires sont susceptibles de laisser des séquelles. Cette contractilité et plus ou moins indurée, témoignant d’un nodule
situation est sans doute peu fréquente en regard de la fréquence fibreux ou scléreux, tuméfaction rénitente, sensible ou indolore,
des accidents, mais elle pose des problèmes thérapeutiques pour un kyste siégeant sur le droit fémoral ou sur l’insertion
importants. [19, 38] Le tableau peut se présenter de deux façons basse du gastrocnémien médial. Mais la palpation n’apporte
différentes ; il s’agit soit d’un accident qui n’évolue pas favora- aucun élément évocateur lorsqu’il s’agit d’un kyste profond
blement dans les délais habituels, soit d’incidents ou d’accidents (ischiojambiers). Tout au plus peut-on noter une discrète
Appareil locomoteur 11
15-140-A-10 ¶ Pathologie traumatique du muscle strié squelettique
Différentes lésions
Nodule fibreux
La prolifération d’un tissu cicatriciel sans organisation spatiale
peut conduire à la formation d’un cal fibreux dépourvu des
qualités histologiques du muscle, en particulier en ce qui
concerne ses propriétés viscoélastiques. Ce tissu est dénommé Figure 14. Zone fibrocicatricielle après rupture des ischiojambiers à la
granulome cicatriciel, nodule fibreux ou noyau scléreux, selon cuisse. Épaississement aponévrotique à la réunion du court et du long
les auteurs et la densité de la trame cicatricielle observée. Ces biceps s’étalant sur 15 cm de hauteur (ici coupe axiale).
nodules ne semblent pas avoir de localisation anatomique
privilégiée et succèdent à des traumatismes indirects ayant
Figure 15. Hématome en-
provoqué une lésion initiale intrinsèque. [6, 48, 49] Ils peuvent
kysté en échographie. Contrai-
être suspectés par l’existence d’une zone nodulaire ou d’un
rement aux collections récen-
cordon induré roulant sous le doigt. Sans anamnèse précise, ces
tes, l’hématome enkysté a une
nodules peuvent parfois être pris pour une tumeur. [45]
paroi épaisse empêchant la dif-
Kystes ou pseudokystes fusion et la résorption de la col-
lection.
L’encapsulement progressif de l’hématome initial ou de
l’épanchement résiduel forme une poche liquidienne intramus-
culaire cernée par une zone de sclérose dense, parfois bordée, à
sa face profonde, d’une membrane sécrétante. Les localisations
les plus habituelles sont le droit fémoral, les ischiojambiers, en
particulier le semi-membraneux, et le triceps sural, après
désinsertion du gastrocnémien médial et/ou du soléus. [21, 31, 53]
Ils se traduisent par la présence d’une masse arrondie, rénitente,
indolore, entraînant une diminution localisée du ballottement
musculaire. Souvent, il s’agit d’un décollement aponévrotique
qui s’étend sur une grande distance et dont la traduction Nodule fibreux
clinique n’est pas très franche. Il apparaît comme une formation hyperéchogène de forme
nodulaire, toujours sur un trajet aponévrotique, contrastant
Calcifications avec la minceur de l’aponévrose normale en échographie. Sa
On distingue les calcifications intramusculaires qui peuvent détection est facile pour les localisations superficielles, mais plus
être moniliformes, disposées en chapelet, secondaires à de délicate, par exemple sur les ischiojambiers. [42] L’IRM, comme
petites dilacérations longitudinales, la plupart du temps sans pour les lésions récentes, est plus à même de détecter ces
traduction clinique, et les calcifications plus volumineuses, bien nodules en hyposignal T1 (Fig. 14). L’aponévrose, à ce niveau,
représentées par l’ostéome musculaire du joueur de football. [1] est anormalement épaisse. L’extension en hauteur est variable,
L’hématome survenu après un traumatisme direct ou indirect fonction de l’importance de la désinsertion initiale.
est souvent volumineux, ce qui semble favoriser sa calcification
secondaire. Le diagnostic différentiel entre myosite ossifiante et
ossification périostique, selon la localisation intramusculaire ou
Pseudokyste
périfémorale de l’hématome initial, reste discutée ; leur patho- Une cavité entourée d’une paroi épaisse peut persister au
génie est d’ailleurs l’objet de controverses. La notion classique décours d’une lésion musculaire. Ce pseudokyste est facilement
selon laquelle l’hématome consécutif à la lésion musculaire se vu en échographie, examen qui permet d’apprécier son volume
transforme secondairement en tissu osseux ne semble retenue (Fig. 15). Elle guide le geste de ponction-évacuation ainsi qu’une
par plusieurs auteurs [1, 53] que pour les ossifications périosti- éventuelle infiltration de corticoïdes. Ces cavités sont plus
ques. L’ossification d’origine périostée se traduit par une fréquemment rencontrées sur le droit fémoral, au contact de la
volumineuse tuméfaction profonde, très dure, douloureuse et cloison médiane [24] et les ischiojambiers (semi-membraneux).
chaude dans les phases précoces, ensuite indolore ; elle est L’indication de l’IRM semble ici superflue.
absolument non mobilisable.
Calcifications et ossifications
Imagerie
On distingue les calcifications intramusculaires, disposées en
Dans les lésions chroniques, le rôle de l’imagerie est plus
chapelet, conséquences de dilacérations longitudinales, et les
important pour faire le diagnostic d’une complication ou pour
ossifications musculaires développées à proximité de la diaphyse
suivre l’évolution, par exemple d’une ossification. Ces lésions
fémorale après un choc direct par béquille. Il s’agit alors
sont la conséquence de lésions musculaires négligées ou d’une
reprise sportive trop précoce entraînant une cicatrisation d’ossifications périostées, disposées le long de la corticale, au
anarchique. On distingue les cicatrices fibreuses hypertrophi- contact du muscle crural (Fig. 16). Le diagnostic est fait sur de
ques, les lésions pseudo-kystiques, les calcifications ou ossifica- simples clichés standards ou sur l’échographie. Il faut en général
tions et les hernies musculaires. L’imagerie est importante pour attendre leur maturation complète appréciée sur les radiogra-
faire le diagnostic de ces différentes complications. En cas phies standards et surtout par la scintigraphie au technétium
d’indication chirurgicale, l’IRM reste pour les chirurgiens pour autoriser une reprise sportive.
l’examen de choix, non seulement pour son aspect tridimen- En cas d’indication chirurgicale de certaines lésions calcifiées,
sionnel, mais aussi et surtout pour ses possibilités de repérage le scanner reste, grâce à sa bonne définition spatiale des tissus
anatomique précis osseux ou ossifiés, le meilleur examen.
12 Appareil locomoteur
Pathologie traumatique du muscle strié squelettique ¶ 15-140-A-10
Appareil locomoteur 13
15-140-A-10 ¶ Pathologie traumatique du muscle strié squelettique
berges aponévrotiques sont rétractées et la fermeture de l’enve- En cas de « suppression fonctionnelle », il faut prévenir le
loppe fibroaponévrotique rigide peut déclencher un syndrome patient qu’il conservera toujours un creux à la face antérieure
de loge par compression du tissu musculaire sous-jacent. Il faut de la cuisse, aggravé par la contraction du quadriceps, mais que
au contraire élargir la hernie en pratiquant une aponévrotomie ce « trou » ne sera plus douloureux.
complète de la loge musculaire concernée en passant par la
Ischiojambiers
déhiscence aponévrotique.
Calcifications et ossifications : les calcifications siègent généra- Les ruptures en plein corps musculaires sont rares ; il s’agit le
lement dans le tissu musculaire cicatriciel. Elles sont réséquées plus souvent de désinsertions tendineuses ou musculoaponé-
en bloc avec le tissu musculaire fibrocicatriciel une fois la vrotiques, plus volontiers proximales. Les tendons peuvent être
maturation assurée. Les ossifications d’origine périostée froides désinsérés en partie ou en totalité de l’ischion. Ils sont alors
constituent rarement une indication à la chirurgie. Il est constamment rétractés. Plus souvent, il s’agit d’une désinsertion
toujours nécessaire d’attendre la maturation complète de myoaponévrotique plus ou moins étendue et des adhérences du
l’ossification par des scintigraphies répétées avant d’intervenir. muscle à la gaine du nerf sciatique ne sont pas rares. Elles
peuvent être responsables de sciatalgies avec irradiation distale
Caractéristiques particulières des douleurs lors de la contraction des ischios pouvant consti-
tuer en soi une indication opératoire.
selon la topographie des lésions
Lors de l’intervention chirurgicale, il ne faut pas chercher à
La spécificité de la stratégie chirurgicale dépend en fait de la réinsérer les tendons sur l’ischion mais plutôt à effectuer une
nature de la lésion (fibrocicatricielles, faux kystes, calcifications, ténodèse locale avec les éléments tendineux de voisinage,
hernies musculaires) et des muscles concernés. toujours sans tension. Les désinsertions myoaponévrostiques
Voici quelques exemples pour les localisations lésionnelles les sont traitées selon les principes généraux déjà énoncés (cf.
plus fréquentes. supra), sans oublier que le temps de neurolyse du tronc du
sciatique peut constituer le geste le plus important et le plus
Muscle droit fémoral délicat.
Il peut s’agir de séquelles d’arrachement proximal mais plus
Adducteurs
souvent, dans le cadre de la pathologie chronique, de lésions
siégeant à la partie moyenne ou distale du muscle, secondaires Les lésions les plus fréquentes concernent l’insertion proxi-
à une désinsertion myoaponévrotique. Les faux kystes sont ici male du muscle moyen adducteur (cf. supra), mais les autres
plus fréquents que pour les autres muscles de la cuisse. La adducteurs peuvent être atteints. Il peut s’agir de séquelles soit
rupture moyenne ou distale est généralement facilement repérée de désinsertion tendineuse plus ou moins complète, soit de
car la solution de continuité musculaire est clairement visible désinsertion myoaponévrotique avec constitution d’un noyau
lors de la contraction du quadriceps et palpable. Plusieurs fibreux plus ou moins calcifié. Leur traitement répond aux
modalités chirurgicales ont été proposées : soit, comme le principes généraux déjà énoncés (cf. supra).
préconise l’école lyonnaise, [15] de réaliser une « suppression
Triceps sural
fonctionnelle » par résection de la lésion et suture des deux
extrémités musculaires à l’aponévrose sous-jacente ; soit de Les lésions siègent généralement à la partie distale du
pratiquer une résection complète du droit fémoral (Fig. 17). gastrocnémien médial. Il s’agit du « tennis leg » correspondant à
Paradoxalement, cette suppression complète du droit fémoral une désinsertion myoaponévrotique du gastrocnémien de sa
donne de bons résultats fonctionnels, mais des séquelles lame aponévrotique profonde. [31] Des atteintes myoaponévro-
esthétiques évidemment importantes. tiques du gastrocnémien latéral ou du soléus peuvent aussi se
14 Appareil locomoteur
Pathologie traumatique du muscle strié squelettique ¶ 15-140-A-10
rencontrer. La lésion se traduit le plus souvent par un nodule Si les lésions musculaires constituent une pathologie extrê-
fibreux, plus ou moins étendu, associé à des adhérences cicatri- mement fréquente en pratique sportive, la place de la chirurgie
cielles entre aponévrose du gastrocnémien et du soléus. Son devant une lésion récente reste rare. Les lésions musculaires
traitement repose sur l’exérèse des tissus pathologiques et le graves relèvent de la chirurgie précoce. Par lésions musculaires
capitonnage des décollements. graves, nous entendons les lésions suivantes : rupture du corps
musculaire subtotale ou totale, désinsertion myoaponévrotique
Stratégie thérapeutique étendue, syndromes compressifs neurologiques, désinsertions
tendineuses totales, voire partielles. Le pronostic de la chirurgie
Il convient d’isoler deux familles lésionnelles de pronostics musculaire précoce est nettement supérieur à celui de la
franchement différents face au traitement médical. chirurgie des séquelles ce qui fait une fois de plus insister sur la
nécessité d’un diagnostic lésionnel précis et rapide.
Lésions de bon pronostic « médical » Assez peu fréquentes, les séquelles de lésions musculaires sont
Lorsque le traitement initial détaillé par l’interrogatoire a été difficiles à traiter et conduisent dans un certain nombre de cas
manifestement insuffisant, il faut alors reprendre un cycle de à la chirurgie. Leur prévention repose essentiellement sur une
rééducation correct basé sur les étirements, le renforcement prise en charge initiale correcte avec, au premier plan, le glaçage
musculaire et les massages transverses profonds. La lésion et la kinésithérapie. Le diagnostic des complications repose sur
séquellaire correspond généralement à une lésion fibreuse de les radiographies, l’échographie et l’IRM ; cette dernière, en vue
petite taille. Parfois l’infiltration cortisonique guidée par d’un geste chirurgical, est souvent préférée.
l’échographie permet de faire disparaître l’épine irritative Enfin, il faut rappeler le rôle essentiel du traitement préventif
douloureuse. Cette solution est également envisageable pour les dans la survenue des accidents musculaires. Le dépistage des
calcifications de petite taille pour lesquelles les massages facteurs de risque inhérents à l’athlète, la compensation des
transverses profonds sont contre-indiqués. déséquilibres musculaires et métaboliques, des entraînements
En cas d’hématome de petite taille, organisé et pas trop adaptés, la lutte contre les raideurs musculaires ont radicale-
ancien, les massages de drainage, la physiothérapie et la ment transformé l’incidence des accidents musculaires et leur
mécanisation progressive sont indiqués. traitement chirurgical.
L’ossification d’origine périostée reste « malléable » tant
qu’elle est en période chaude, inflammatoire. Les anti-
inflammatoires, les exercices d’étirement et de contractés- ■ Références
relâchés sont susceptibles d’apporter une amélioration.
[1] Aguehounde C, Richard-Kadio M, Douane G, Roux C, N’Guessan A,
Cornet L. L’ostéome musculaire du footballeur. J Traumatol Sport
Lésions chirurgicales 1984;1:180-6.
Elles sont : [2] Allbrook D. Skeletal muscle regeneration. Muscle Nerve 1981;4:234-
• le pseudokyste et les décollements aponévrotiques, qui 45.
peuvent être ponctionnés, infiltrés, comprimés, mais ils ont [3] Andrivet R. Les accidents musculaires sportifs. Ann Med Phys (Lille)
une fâcheuse tendance à récidiver ; 1968;3:285-92.
• les volumineuses cicatrices fibreuses, qui se laissent mal [4] Arrington ED, Miller MD. Skeletal muscle injury. Orthop Clin North
assouplir ; Am 1995;26:411-22.
• l’ossification d’origine périostée, froide, qui représente un [5] Balduini FC. Abdominal and groin injuries in tennis. Clin Sports Med
1988;7:349-57.
bloc osseux réfractaire à tout assouplissement ;
[6] Benazet JP, Dufour C, Saillant G, Roy-Camille R. La chirurgie des
• et enfin la hernie musculaire douloureuse.
lésions musculo-aponévrotiques du membre inférieur du sportif.
Tout le problème consiste donc à évaluer le bénéfice que l’on J Traumatol Sport 1990;7:80-9.
est en droit d’attendre du traitement médical avant de poser [7] Benazet JP, Dufour C, Saillant G, Roger B, Roy-Camille R. Lésions
une indication chirurgicale. La notion de délai depuis l’accident musculaires chroniques et anciennes du membre inférieur. Imagerie
entre également en jeu ; il se chiffre le plus souvent en mois. Traumatol Sport 1991;92:78-82.
[8] Bernez JG, Klein-Bae F, Rousse JM, Gouilly P, Peutot A. Les trauma-
tismes musculaires aigus du sportif. Kinésithér Scient 1996;356:15-9.
■ Conclusion [9] Bianchi S, Martinoli C, Abdelwahab IF, Derchi LE, Damiani S.
Sonographic evaluation of tears of the gastrocnemius medial head («
Extrêmement banales, les lésions musculaires ne doivent faire tennis leg »). J Ultrasound Med 1998;17:157-62.
raisonner qu’en fonction d’une récupération fonctionnelle [10] Brasseur JL, Roger B. Imagerie du muscle en radiographie standard et
parfaite. Tous les degrés de gravité peuvent être rencontrés, mais en échographie. Sport Méd 1997;90:8-12.
certaines grandes règles de diagnostic et de traitement permet- [11] Branser EA, El-Khoury GY, Kathol MH, Callaghan JJ, Tearse DS.
tent d’apporter une solution à la grande majorité des problèmes. Hamstring injuries: radiographic, conventional tomographic, CT, and
S’il est parfois licite de s’écarter des schémas thérapeutiques de MR Imaging characteristics. Radiology 1995;197:257-62.
sécurité en période de compétitions pour le haut niveau, cette [12] Christel P, Demarais Y, Poux D. Place du traitement chirurgical dans les
attitude n’est pas justifiée le reste du temps. lésions musculaires récentes. Sport Méd 1997;90:46-9.
Après un traumatisme musculaire récent, l’examen le plus [13] Clanton TO, Coupe KJ. Hamstring strains in athletes: diagnosis and
approprié est l’échographie. Elle permet d’apprécier l’importance treatment. J Am Acad Orthop Surg 1998;6:237-48.
de l’atteinte musculaire et de préciser son extension. Le but de [14] Commandre FA, Loubière A, Fornaris E, Denis F, Argenson C, Coste J.
l’examen est de rechercher l’existence d’une désinsertion Lésions musculaires de l’athlète, traumatiques et microtraumatiques.
myoaponévrotique localisée (élongation), moyenne (déchirure) Méd Sport 1996;70:197-216.
ou étendue (rupture musculaire). En revanche, la contracture ne [15] Comtet JJ, Genety J, Brunet B, Brunet-Guedj E, Moyen B, Guillet R.
provoque pas de véritable lésion anatomique ; elle n’est donc Traitement chirurgical des ruptures du muscle droit antérieur chez le
sportif. Nouv Presse Med 1978;7:2387-90.
pas mise en évidence en échographie. L’échographie permet de
[16] Croisier JL, Crielaard JM. Exercices isocinétiques et accidents
suivre l’évolution d’une désinsertion, de rechercher d’éventuel-
musculaires. Rev Méd Liège 2001;56:360-8.
les complications et peut guider l’évacuation d’un hématome. [17] Croisier JL, Forthomme B, Namurois MH, Vanderthommen M,
Dans ce contexte, l’IRM a des indications plus limitées, Crielaard JM. Hamstring muscle strain recurrence and strength perfor-
compte tenu de sa disponibilité et de son coût. Le sportif de mance disorders. Am J Sports Med 2002;30:199-203.
haut niveau avec des échéances à court terme, les cas de [18] Diaz JA, Fischer DA, Rettig AC, Davis TJ, Shelbourne KD. Severe
discordance clinique/échographie et le bilan préopératoire d’une quadriceps muscle contusions in athletes: a report of three cases. Am
rupture musculaire sont en revanche des indications valables J Sports Med 2003;31:289-93.
d’IRM pour obtenir un bilan lésionnel précis. De même, [19] Durey A, Boeda A. Médecine du football. Paris: Masson; 1982.
certaines localisations anatomiques (ischiojambiers, adducteurs) [20] Durey A. Rééducation des accidents musculaires [suppl] IVe Journée
font préférer l’IRM à l’échographie. Nationale de la Médecine de Rééducation. JAMA 1990:23-4.
Appareil locomoteur 15
15-140-A-10 ¶ Pathologie traumatique du muscle strié squelettique
[21] Ferror M, Merrien Y, Latouche JC, Richard M, Jaud V. Ruptures par [37] Parier J, Demarais Y, Poux D. Les lésions d’effort de la paroi abdomi-
élongation du droit antérieur chez le sportif. J Traumatol Sport 1986; nale en pratique sportive. Rhumatologie 1995;47:143-7.
3:115-23. [38] Peyre M, Besch S. Complications des traumatismes musculaires. Clas-
[22] Fyfe I, Stanish WD. The use of eccentric training and stretching in the sification des lésions anciennes : évaluation clinique et paraclinique,
treatment prevention of tendon injuries. Clin Sports Med 1992;11:601- indications thérapeutiques. Sport Méd 1997;90:65-8.
24. [39] Plaghki L. Régénération et myogenèse du muscle strié. J Physiol 1985;
[23] Hasselman CT, Best TM, Hughes 4th C, Martinez S, Garrett Jr WE. An 80:51-110.
explanation for various rectus femoris strain injuries using previously [40] Rodineau J, Durey A. Le traitement médical des lésions musculaires.
undescribed muscle architecture. Am J Sports Med 1995;23:493-9. JAMA 1990:20-2 [suppl] IVe Journée Nationale de la Médecine de Réé-
[24] Hughes 4th C, Hasselman CT, Best TM, Martinez S, Garrett Jr WE. ducation.
Incomplete, intrasubstance strain injuries of the rectus femoris muscle. [41] Rodineau J, De Lécluse J. Les lésions musculaires de la cuisse. Sport
Am J Sports Med 1995;23:500-6. Méd 1997;90:28-30.
[25] Hurme T, Lehto M, Falck B, Tainio H, Kalimo H. Electromyography [42] Roger B. L’imagerie des lésions musculaires traumatiques. Sport Méd
and morphology during regeneration of muscle injury in rats. Acta 1997;90:13-6.
Physiol Scand 1991;142:443-56. [43] Ryan JB, Wheeler JH, Hopkinson WJ, Arciero RA, Kolakowski KR.
[26] Hurme T, Kalimo H, Lehto M, Jarvinen M. Healing of skeletal muscle Quadriceps contusions. West Point update. Am J Sports Med 1991;19:
injury: an ultrastructural and immunohistochemical study. Med Sci 299-304.
Sports Exerc 1991;23:801-10. [44] Rybak LD, Torriani M. Magnetic resonance imaging of sports-related
[27] Jarolem KL, Wolinsky PR, Savenor A, Ben-Yishay A. Tennis leg muscle injuries. Top Magn Reson Imaging 2003;14:209-19.
leading to acute compartment syndrome. Orthopaedics 1994;17:721-3. [45] Sabourin F. Muscle et isocinétisme. Sport Méd 1997;90:59-61.
[28] Jarvinen M. Healing of a crush injury in rat striated muscle. 4. Effect of [46] Singh RK, Pooley J. Complete rupture of the triceps brachii muscle. Br
early mobilization and immobilization on the tensile properties of the J Sports Med 2002;36:467-9.
gastrocnemius muscle. Acta Chir Scand 1976;142:47-56. [47] Slawski DP. Deep venous thrombosis complicating rupture of the
[29] Jarvinen M. Epidemiology of tendon injuries in sports. Clin Sports Med medial head of the gastrocnemius muscle. Orthop Trauma 1994;8:
1992;11:493-504. 263-4.
[30] Jonhagen S, Nemeth G, Eriksson E. Hamstring injuries in sprinters. The [48] Speer KP, Lohnes J, Garrett Jr WE. Radiographic imaging of muscle
role of concentric and eccentric hamstring muscle strength and strain injury. Am J Sports Med 1993;21:89-95.
flexibility. Am J Sports Med 1994;22:262-6. [49] Temple HT, Kuklo TR, Sweet DE, Gibbons CL, Murphey MD. Rectus
[31] Judet T. Les désinsertions du jumeau interne. J Traumatol Sport 1987; femoris muscle tear appearing as a pseudotumor. Am J Sports Med
4:207-9. 1998;26:544-8.
[32] Kaeding CC, Sanko WA, Fischer RA. Quadriceps strains and contu- [50] Thepaut-Mathieu C. Renforcement électro-induit. Sport Méd 1997;90:
sions, decisions that promote rapid recovery. Physician Sportsmed 62-4.
1995;23:59-64. [51] Thelen P. Traumatisme musculaire récent. Apport de l’imagerie. Sport
[33] Lehman RC. Thoracoabdominal musculoskeletal injuries in racquet Méd 1997;90:25-7.
sports. Clin Sports Med 1988;7:267-76. [52] Witvrouw E, Danneels L, Asselman P, D’Have T, Cambier D. Muscle
[34] Moss FP, Leblond CP. Satellite cells as the source of nuclei in muscles flexibility as a risk factor for developing muscle injury in male
of growing rats. Anat Rec 1971;170:421-35. professional soccer players. A prospective study. Am J Sports Med
[35] Orava S, Kujala U. Rupture of the ischial origin of the hamstring 2003;31:41-6.
muscles. Am J Sports Med 1995;23:702-5. [53] Zuinen C. La pathologie musculaire. 2. Les lésions musculaires chro-
[36] Orchard J, Marsden J, Lord S, Garlick D. Preseason hamstring muscle niques. J Traumatol Sport 1984;1:80-3.
weakness associated with hamstring injury in Australian footballers. [54] Zuinen C, Vanderlinden C, Siraux P, Lecomte J. Chirurgie des lésions
Am J Sports Med 1997;25:81-5. traumatiques musculaires. J Traumatol Sport 1984;1:123-8.
P. Christel, Ancien professeur des Universités et chirurgien des hôpitaux de Paris (pchristl@noos.fr).
Institut de l’appareil locomoteur (IAL) Nollet, 23, rue Brochant, 75017 Paris, France.
H. de Labareyre, Médecin du sport, ancien médecin de l’équipe de France d’athlétisme.
Clinique des Lilas, Centre de traumatologie et d’imagerie du sport (CETIS), 49, avenue du Maréchal Juin, 93260 Les Lilas, France.
P. Thelen, Ancien chef de clinique assistant, radiologue.
Centre d’imagerie Nollet, 114, rue Nollet, 75017 Paris, France.
J. de Lecluse, Médecin de médecine physique et de rééducation.
Service de rééducation fonctionnelle, Hôpital national de Saint-Maurice, 14, rue du Val-d’Osne, 94410 Saint-Maurice, France.
16 Appareil locomoteur