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Pathologie traumatique du muscle strié


squelettique
P. Christel, H. de Labareyre, P. Thelen, J. de Lecluse

Les lésions des muscles squelettiques sont extrêmement fréquentes, surtout en pathologie sportive. Tous
les degrés de gravité peuvent se rencontrer mais certaines grandes règles de diagnostic et de traitement
permettent d’apporter une solution à la grande majorité des cas. Après avoir rappelé la structure
histologique du muscle et les facteurs de risque, cet article distingue la problématique posée par la gestion
des lésions musculaires récentes de celle des lésions chroniques, séquellaires des précédentes. Il faut
distinguer les traumatismes extrinsèques, par choc appuyé, des traumatismes intrinsèques, les plus
fréquents, où la résistance mécanique de la structure musculaire est dépassée par la nature ou l’intensité
des contraintes mécaniques. La lésion siège dans la plupart des cas à la jonction myoaponévrotique. Dans
le cadre des lésions récentes, l’examen clinique et l’imagerie permettent d’identifier le type de la lésion
(contracture, déchirure, rupture), son degré de gravité, sa localisation et d’en tirer les conséquences en
termes de stratégie thérapeutique et de délai d’indisponibilité. L’échographie est ici un élément
fondamental de la démarche diagnostique et pronostique. Le diagnostic des lésions chroniques repose
aussi sur l’examen clinique et surtout sur l’imagerie qui permet d’identifier les différents types lésionnels :
nodules fibreux, pseudokystes, calcifications. L’utilisation de l’imagerie par résonance magnétique est ici
essentielle, non seulement au titre du diagnostic mais aussi pour le chirurgien, permettant une
visualisation tridimensionnelle de la lésion à exciser. Le rôle du traitement préventif dans la survenue des
accidents musculaires est essentiel. Le dépistage des facteurs de risque inhérents à l’athlète, la
compensation des déséquilibres musculaires et métaboliques, des entraînements adaptés, la lutte contre
les raideurs musculaires ont radicalement transformé l’incidence des accidents musculaires et leur
traitement curatif. Une fois constituée, la lésion musculaire récente relève en règle générale du traitement
médical adapté à chaque type de lésion. La physiothérapie, la rééducation, l’utilisation des
dynamomètres isocinétiques, la reprise adéquate de l’entraînement, constituent les éléments clés du
retour au sport sans récidive. La durée d’incapacité sportive est conditionnée par l’importance de la
lésion. L’indication chirurgicale est rare, réservée aux lésions musculaires majeures et aux syndromes
compressifs. Au stade des séquelles, les lésions chroniques relèvent plus souvent de la chirurgie. Le geste
chirurgical doit être adapté à la nature de la lésion, allant de la simple excision de petits nodules fibreux
ou de calcifications jusqu’à la suppression fonctionnelle d’un muscle, avec ou sans neurolyse.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Muscle ; Lésion musculaire traumatique ; Régénération musculaire ; Traumatologie du sport

Plan ¶ Lésions musculaires chroniques 11


Aspect médical 11
¶ Introduction 1 Différentes lésions 12
Imagerie 12
¶ Rappels anatomiques 2 Traitement médical 13
Structure histologique du muscle squelettique 2 Traitement chirurgical 13
Conséquences lésionnelles 2 Stratégie thérapeutique 15
¶ Facteurs favorisant les lésions musculaires chez le sportif 2 ¶ Conclusion 15
¶ Lésions musculaires récentes 2
Aspect médical 2
Imagerie 5
Traitement médical 9 ■ Introduction
Traitement chirurgical 10
Les accidents musculaires représentent une pathologie
extrêmement fréquente, surtout en traumatologie sportive, mais
qui peut aussi se rencontrer dans un autre contexte tel que celui
des accidents de travail. C’est, par exemple, la pathologie la plus
fréquente rencontrée lors de la pratique du football. Si la plupart

Appareil locomoteur 1

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15-140-A-10 ¶ Pathologie traumatique du muscle strié squelettique

des lésions sont le plus souvent bénignes, il existe des lésions


plus graves qu’il faut savoir dépister à temps puis traiter de
■ Facteurs favorisant les lésions
manière adaptée pour éviter la survenue de séquelles sévères et musculaires chez le sportif
invalidantes sur le plan sportif.
En dehors des chocs directs (mécanisme extrinsèque), la
Les connaissances dans ce domaine ont considérablement
majorité des lésions musculaires se produisent lors de la
évolué depuis ces dernières années, en particulier grâce à
contraction musculaire excentrique, avec une vitesse d’étire-
l’imagerie et à la compréhension des mécanismes de cicatrisa-
ment élevée, pour des muscles volontiers biarticulaires, avec un
tion musculaire, ce qui a permis de modifier et d’adapter les
recrutement temporel et spatial des fibres musculaires insuffi-
stratégies thérapeutiques. De plus, une meilleure connaissance
sant ou retardé. Ceci est particulièrement spécifique pour le
des facteurs favorisant la survenue des accidents musculaires a
muscle crural.
permis la mise en place de mesures de prévention qui ont
De nombreux facteurs favorisants se surajoutent : un contenu
diminué considérablement leur incidence. Enfin, le traitement
inadapté de l’entraînement, des étirements préventifs mal
chirurgical est maintenant mieux codifié et ses indications plus
conduits, une mauvaise gestion de la récupération, un déséqui-
précises, surtout grâce à l’aide de l’imagerie.
libre diététique, le mauvais état du terrain de jeu, le calendrier
Parmi l’ensemble des lésions musculaires traumatiques, ce des matchs, les erreurs techniques. L’existence de déséquilibres
sont les membres inférieurs (de 80 à 90 % des accidents), et en musculaires agonistes/antagonistes a été évoquée sans que cela
particulier la cuisse, qui paient le plus lourd tribut à cette ne soit réellement prouvé.
pathologie. Il s’agit le plus souvent du quadriceps, surtout du Récemment, Witvrouw et al. [52] ont aussi démontré que la
droit fémoral, et des ischiojambiers. Ces localisations préféren- raideur musculaire des membres inférieurs, se traduisant par une
tielles atteignent des muscles biarticulaires, travaillant en force diminution des amplitudes articulaires passives, constituait un
et en rapidité donc exposés à une asynergie lors d’un mouve- facteur prédisposant significativement aux accidents musculaires
ment rapide et violent, normalement contrôlé par un couple pour le quadriceps et les ischiojambiers.
agoniste-antagoniste. [3, 4, 8, 9] Ainsi s’expliquent les mécanismes Tous ces facteurs sont importants à connaître et maîtriser et
indirects des lésions du droit fémoral, lors du shoot, ou des nous y reviendrons pour le traitement préventif.
ischiojambiers lors d’un tackle, dans les deux cas par flexion de
hanche et extension du genou.
■ Lésions musculaires récentes
La problématique comporte quatre aspects : établir le dia-
gnostic topographique, le degré de gravité, dépister les compli-
■ Rappels anatomiques cations et déterminer le délai d’indisponibilité du sportif.

Structure histologique du muscle Aspect médical


squelettique Le diagnostic et le traitement des lésions musculaires chez le
sportif ne sont pas bien codifiés. Un grand empirisme reste la
Le muscle est une structure composite constituée de tissu règle et les erreurs sont fréquentes. Il existe une grande variété
contractile et d’un squelette tendinoaponévrotique. Sa structure lésionnelle qui met souvent en défaut les classifications existan-
histologique peut être comparée à celle d’une feuille d’arbre ou tes. [4, 14] Il importe donc de fixer quelques grands principes,
à une plume d’oiseau. basés sur des notions de terrain et qui permettent de régler un
Le tissu contractile est fait de fibres hétérogènes comportant grand nombre de problèmes. Des adaptations peuvent néan-
des caractéristiques de plasticité, élasticité et viscosité. Elles moins s’avérer nécessaires en fonction du sport en cause, de la
présentent par ailleurs une sensibilité métabolique. Dans localisation de la lésion et, comme cela est souvent le cas, en
l’ensemble, les muscles longs des membres sont des muscles fonction du calendrier sportif.
pennés où les fibres musculaires sont courtes, insérées sur des Les termes « bénin » ou « grave » sont très relatifs car c’est
cloisons aponévrotiques, ce qui leur confère une grande force toujours la fonction musculaire qui prime ; on est très vite
isométrique mais une faible variation de longueur et de vitesse amené à faire une différence entre les sports où la lésion est
de raccourcissement. toujours fonctionnellement grave, même si elle peut être
La charpente conjonctive se subdivise en épimysium, péri- anatomiquement bénigne (athlétisme), et les sports où une
mysium et endomysium. L’épimysium, d’épaisseur variable, certaine compensation ou une protection peuvent être effec-
correspond à l’aponévrose du muscle. C’est sa limite extérieure. tuées car le sportif peut faire illusion même s’il ne peut pas être
Le périmysium naît de la face profonde de l’épimysium, à 100 % de ses moyens (sports de ballon…). C’est néanmoins
constituant des cloisons à l’intérieur du muscle, séparant le dans ces activités que les traumatismes les plus violents sont
muscle en faisceaux musculaires plus ou moins importants. Ces rencontrés, avec parfois des lésions anatomiques majeures.
faisceaux sont des fuseaux allongés qui ne sont pas toujours
tendus d’une extrémité à l’autre du muscle. Le périmysium se Interrogatoire
raccorde au tissu conjonctif environnant : tendons, aponévroses, Le problème qui se pose toujours devant une souffrance
peau et périoste. L’endomysium correspond à l’ensemble du musculaire est de savoir s’il existe ou non une lésion
tissu conjonctif qui, dans un fuseau musculaire, enveloppe anatomique.
chaque fibre musculaire. Cette charpente conjonctive constitue
un tissu dont la rigidité contraste avec celle du tissu musculaire Traumatismes extrinsèques
contractile qui s’insère à sa surface. La jonction myoaponévro- Il s’agit de traumatismes directs, appuyés, telle que la
tique constitue donc le maillon faible de la structure musculaire. « béquille » sur la face antérieure de la cuisse. Les questions
posées au blessé portent sur la violence du coup reçu, sur
l’éventuelle contraction simultanée du muscle traumatisé qui a
Conséquences lésionnelles tendance à majorer les lésions, sur les symptômes immédiats et
les suites rapprochées : impotence fonctionnelle, gonflement
Les différences de propriétés viscoélastiques et de rigidité des local ou régional, évolution de la douleur. Plus la symptomato-
deux composants musculaires principaux expliquent pourquoi logie est riche, plus les risques d’attrition des fibres musculaires
la majorité des lésions intrinsèques correspondent à des désin- et d’hématome intramusculaire sont grands. L’existence d’une
sertion siégeant à l’interface fibre musculaire/cloison conjonc- ecchymose n’est pas déterminante car elle peut correspondre à
tive : jonction myoaponévrotique, jonction myotendineuse ou un saignement des tissus sous-cutanés. L’examen clinique
cloisons musculaires. La lésion survient dans la plupart des cas viendra ensuite apporter des éléments très importants pour le
dans la phase excentrique de la phase pliométrique. diagnostic de gravité.

2 Appareil locomoteur
Pathologie traumatique du muscle strié squelettique ¶ 15-140-A-10

Traumatismes intrinsèques
Ils sont de loin les plus fréquents. Ils peuvent être la consé-
quence :
• d’une contraction brutale : le muscle dépasse les capacités de
résistance de ses propres fibres (biceps lors d’un effort en
musculation) ;
• d’un étirement passif brutal (ischiojambiers lors d’une
glissade ou d’un tackle, jambe en avant) ;
• d’un traumatisme excentrique : le muscle est alors lésé lors de
la contraction de son antagoniste (ischiojambiers étirés par le
quadriceps lors d’un sprint) ; il ne se décontracte pas suffi-
samment vite, il est proportionnellement trop faible par
rapport à son antagoniste ou encore son élasticité est
insuffisante.
Dans ce cas, il faut rechercher une sémiologie très fine car les
lésions peuvent être très modestes et donnent des symptômes
très peu caricaturaux.
La première notion qu’il faut obtenir est l’évaluation de
l’effort en cours lorsque l’accident est arrivé. Le blessé était-il en
pleine vitesse ? L’expérience acquise en athlétisme nous a
montré que nous n’observions pas de lésions anatomiques (en
tout cas dans les limites permises par l’imagerie moderne)
lorsqu’une douleur apparaissait lors d’un effort de vitesse situé
en dessous d’un seuil de 60 % de la vitesse maximale que
l’athlète sait pouvoir réaliser. Cette notion un peu abstraite pour
l’observateur extérieur est une perception de l’effort parfaite-
ment bien mesurée par l’athlète.
Les autres éléments, moins fiables, sont l’existence éventuelle
d’un craquement, d’une impression de déchirure en sachant que
l’imagination et le vocabulaire employé par le blessé pour
décrire sa blessure sont extrêmement riches (coup d’aiguille,
Figure 1. L’étendue et l’intensité des ecchymoses sous-cutanées sont
coup de poignard, élastique qui se tend, impression de raccour-
très variables. Cependant, elles témoignent toujours d’une lésion anato-
cissement musculaire, apparition brutale d’une « boule » dans le
mique de la structure musculaire sous-jacente (A, B).
muscle …). Tous ces termes sont a priori suspects de traduire
une lésion anatomique.
Les modalités de l’arrêt de l’effort sont également intéressan- Traumatismes intrinsèques
tes à préciser. La course qui peut être terminée sans possibilité L’apparition d’une ecchymose sous-cutanée permet d’acquérir
d’accélération ou l’arrêt en décélération progressive rendent la certitude qu’il y a bien eu une lésion anatomique (Fig. 1).
optimiste, alors que l’arrêt à cloche-pied ou la chute sont très Celle-ci peut s’extérioriser à la partie basse du muscle suspect,
péjoratifs. même si les symptômes initiaux siégeaient beaucoup plus haut :
Les suites rapprochées sont très variables, allant de la discrète en effet, l’hématome peut glisser le long des parois aponévroti-
boiterie lors du refroidissement et qui ne dure que quelques ques sous l’effet de la pesanteur et n’apparaître que plusieurs
heures jusqu’à l’impotence fonctionnelle majeure obligeant à jours plus tard ; sa couleur est alors celle d’un hématome vieilli.
l’utilisation de cannes-béquilles. La disparition parfois très Cette ecchymose est cependant très loin d’être constante et son
rapide des symptômes entraîne de nombreuses sous-estimations absence ne permet pas d’éliminer la possibilité d’une lésion
des blessures. anatomique.
En cas de traumatisme important, et à condition d’effectuer
Examen clinique l’examen rapidement après l’accident, il est possible de repérer
une encoche musculaire. L’œdème et l’hématome comblent
L’examen doit théoriquement retrouver trois signes : douleur
ensuite rapidement la brèche.
à l’étirement, douleur au testing isométrique et douleur à la
En cas de lésion plus modeste, on retrouve plus ou moins
palpation. Les tests isométriques doivent être cohérents : la
facilement la zone douloureuse bien localisée, souvent accom-
douleur doit augmenter en fonction de la plus grande sollicita-
pagnée d’une corde musculaire en amont et en aval correspon-
tion musculaire (par exemple, le test en course externe doit être
dant à la contracture secondaire. Les données de l’interrogatoire
plus douloureux que celui effectué en course interne). Il ne faut
permettent de ne pas se contenter du diagnostic de contracture.
pas se contenter d’un seul test, il faut se méfier des compensa-
En fonction des données de l’examen clinique et du contexte
tions qui peuvent minimiser les symptômes et s’efforcer d’isoler
sportif, une imagerie est ou n’est pas demandée.
le plus possible le muscle suspect de façon à obtenir un
diagnostic aussi précis que possible et pouvoir ensuite guider le Classification des lésions
traitement.
Traumatismes extrinsèques
Traumatismes extrinsèques
Ce sont les critères cliniques et les données de l’imagerie qui
Les éléments cliniques qui permettent le mieux d’établir le permettent de passer de la contusion bénigne à la contusion
diagnostic de gravité sont l’appréciation du ballottement grave avec hématome intramusculaire par rupture de la conti-
musculaire et de la tension de la loge contuse. Il faut penser à nuité en plein corps musculaire.
la possibilité de constitution d’un syndrome de loge, mais ces Les contusions par écrasement, sans rupture, peuvent parfois
traumatismes appuyés sont la plupart du temps responsables présenter un aspect impressionnant (Fig. 2) du fait de l’étendue
d’une simple contusion musculaire. et de l’importance de la réaction œdémateuse visible en IRM [18,
Il faut noter que les classiques « béquilles », rencontrées dans 43] mais, en règle générale, l’évolution spontanée est favorable.

les sports de ballon à contact aux faces antérieure et externe de


la cuisse s’accompagnent très souvent d’une hydarthrose Traumatismes intrinsèques
réactionnelle du genou. La limitation de la flexion de celui-ci La classification la plus simple, celle des journaux sportifs,
est néanmoins reliée à la lésion musculaire, ce qui constitue un comporte un seul stade le « claquage ». Elle ne peut être
bon élément de surveillance de l’évolution de la blessure. évidemment retenue…

Appareil locomoteur 3
15-140-A-10 ¶ Pathologie traumatique du muscle strié squelettique

Figure 2. Contusion musculaire


après un choc direct sur une coupe
axiale de cuisse en échographie. Aug-
mentation de volume et aspect hété-
rogène du muscle vaste intermédiaire
(crural).

La plus complexe est histologique et comporte cinq stades.


C’est la plus satisfaisante intellectuellement. Cependant, il est
difficile de faire correspondre des données cliniques plus ou Figure 3. Image d’élongation en imagerie par résonance magnétique.
moins précises à un classement histologique très strict reposant Coupe axiale du mollet en T1 saturation de graisse après injection intra-
sur une logique lésionnelle. veineuse de contraste paramagnétique. Petit hypersignal sans collection
situé dans la partie profonde et latérale du muscle soléaire.

considérée comme une lésion musculaire macroscopique mais


“ Classification des lésions correspond à des lésions microscopiques de la strie Z. La
souffrance intéresse tout le muscle ; elle s’atténue avec l’échauf-
musculaires selon Rodineau fement, l’aspirine, les massages. Il est vrai qu’elle n’inspire
jamais d’inquiétude.
et Durey [40]
Contracture. Il s’agit de la contraction permanente d’un
contingent plus ou moins important de fibres musculaires, peu
• Stade 0 : atteinte réversible de la fibre musculaire sans ou pas douloureuse spontanément mais douloureuse à la
atteinte du tissu de soutien ; récupération totale en palpation et au testing. Elle n’est pas non plus considérée
quelques heures ; comme une lésion anatomique, ce qui est compréhensible
• Stade 1 : atteinte irréversible de quelques fibres lorsqu’elle rentre dans le cadre d’une irritation lombaire, mais
musculaires aboutissant à leur nécrose sans atteinte du il n’est pas certain qu’il n’existe pas une lésion microscopique
tissu conjonctif de soutien ; récupération totale en susceptible de jouer le rôle d’épine irritative dans un contexte
quelques jours ; mécanique sportif.
• Stade 2 : atteinte irréversible d’un nombre réduit de La poursuite des activités est possible ; l’échauffement et les
étirements font passer la gêne. Il existe néanmoins un risque de
fibres musculaires et atteinte minime du tissu conjonctif
décompensation aiguë en lésion anatomique réelle en cas de
de soutien ; récupération qui peut être obtenue en une
travail maximal.
dizaine de jours ;
Élongation. Elle correspond, dans notre esprit, à une authen-
• Stade 3 : atteinte irréversible de nombreuses fibres tique lésion musculaire de petite taille et non pas à un simple
musculaires, atteinte marquée du tissu conjonctif de étirement des fibres. Jusqu’à ces dernières années, ces lésions
soutien et formation d’un hématome intramusculaire n’étaient pas objectivées par l’échographie. L’IRM a montré qu’il
localisé ; récupération en 4 à 12 semaines ; existait de minimes zones de désinsertions le long des aponé-
• Stade 4 : rupture ou désinsertion musculaire complète ; vroses ou à proximité d’éléments vasculaires sans lésion
récupération longue mais variable selon le muscle touché. intramusculaire véritable (Fig. 3). Il n’existe pas non plus de
phénomènes hémorragiques, mais plutôt des zones de souf-
france avec présence d’un œdème visibles sur des séquences en
T2 ou après injection intraveineuse de produit de contraste
paramagnétique. Actuellement, des progrès nets sont effectués
De nombreuses autres classifications existent, utilisant par l’échographie qui s’enrichit d’une sémiologie plus fine.
différents systèmes d’appréciation (cliniques, lésions avec ou
Ces notions changent totalement la perception du problème
sans hématome, imagerie, etc.). Le système que nous utilisons
et imposent le respect d’un certain délai de cicatrisation pour
en athlétisme reste essentiellement clinique et emploie une
que le muscle soit de nouveau à 100 % de ses possibilités. Dans
partie du vocabulaire choisi par Andrivet [3] en 1968, avec
le cadre de l’athlétisme, une reprise prématurée n’est pas
néanmoins une modification dans la définition des termes
négociable ; elle l’est plus pour des sports que l’on peut
employés. N’utilisant que quelques mots pour décrire des
pratiquer légèrement en dessous de ses possibilités maximales.
lésions par définition très variées, nous sommes contraints de
les moduler lorsque nous avons affaire à un athlète de haut C’est l’élongation qui pose le plus de problèmes lors de sa
niveau dont nous souhaitons affiner la prise en charge. En prise en charge thérapeutique car elle n’est souvent que très peu
dehors de ce cas, nous restons avec un classement simplifié, prise au sérieux.
plus rigide, qui permet néanmoins de régler la majorité des Déchirure. Elle s’apparente au « claquage » des journalistes ;
problèmes. Les objectifs principaux sont d’être compris par le les symptômes sont toujours francs sans que l’on ait obligatoi-
milieu sportif, de standardiser les traitements et d’avoir un a rement d’exceptionnels signes de gravité. L’échographie montre
priori sur les délais d’évolution. Il ne s’agit pas de prendre des une modification pathologique du tissu musculaire, à condition
risques pour rien ; une erreur d’appréciation initiale peut de ne pas être réalisée trop tôt.
s’avérer catastrophique dans une saison. Désinsertion myoaponévrotique et rupture. Elles survien-
Courbature. Elle survient le lendemain d’un effort important nent lors de la pratique de sports violents. Elles sont rarement
ou inhabituel, et dure de 2 à 3 jours. Elle n’est pas due à observées en athlétisme, mais beaucoup plus fréquemment lors
l’acidose qui se normalise très rapidement. Elle n’est pas de la pratique du football, par exemple.

4 Appareil locomoteur
Pathologie traumatique du muscle strié squelettique ¶ 15-140-A-10

Figure 4. Cinétique histopathologique de la


Rupture de fibres musculaires réparation musculaire.

Échelle Phase
de temps inflammatoire Maturation
des cellules
de Mauro
Phase
de reconstruction Synthèse de collagène
j3 Myoblastes
cellulaire de type III
présomptifs
pénétrant
le collagène

Envahissement du Alignement des


foyer lésionnel myoblastes et
j5-7
par le collagène des myotubes

Phase de Régression du Les myotubes


j14 remodelage collagène au profit deviennent des
des myofibrilles myofibrilles

Les myofibrilles
Cicatrice fibreuse se transforment
j21 pénétrée par les en fibres
myofibrilles musculaires

j30 Cicatrisation achevée

Éléments pronostiques permettant de prévoir Lésions extrinsèques


la durée d’évolution Le pronostic est difficile à donner immédiatement. C’est
La durée de l’indisponibilité sportive est la première question l’évolution pendant les premiers jours qui permet d’envisager la
que se pose le blessé. Une saison, voire une carrière sportive, reprise dans les jours suivants ou au contraire de craindre une
peut en dépendre. Une reprise prématurée fait prendre le risque évolution sur plusieurs mois, que le traitement soit médical ou
chirurgical.
d’une récidive et donc d’une aggravation ; a contrario, une
Le problème comporte deux facettes. Il faut laisser le temps
reprise trop tardive peut rendre la réalisation d’un calendrier de
aux processus physiologiques de « réparation » de se faire et
compétitions impossible.
utiliser ce temps pour guider la remise en fonction du muscle
Évolution histopathologique lésé. Nous utilisons une grille de délais de reprise très simple.
Contracture. Les activités sont poursuivies, mais il existe un
Lors de la lésion initiale, il se produit une rupture d’un plus risque d’aggravation en cas d’activité maximale pendant 6 à
ou moins grand nombre de fibres suivie d’une dégénérescence 10 jours. Il faut donc faire preuve d’une grande prudence.
intrinsèque. La rupture du tissu conjonctif, lame porte- Élongation. Trois semaines sans activités de vitesse sont
vaisseaux, aboutit à la constitution d’un hématome. Il peut s’y demandées. Nous entendons par là que lorsque les activités sont
associer une rupture de filets nerveux. reprises vers le quinzième jour le sportif doit moduler ses efforts
Survient ensuite une phase vasculoexsudative avec une zone en dessous du seuil des 60 % de sa vitesse maximale.
centrale nécrotique entourée d’un œdème périlésionnel et de Déchirure. Six semaines sans activités de vitesse doivent être
fibres musculaires dégénérées. respectées, avec reprise progressive dans les 15 jours précédents.
Cette phase est suivie d’une phase cellulaire de réparation. Le Désinsertion et rupture. Que le traitement soit médical ou
foyer lésionnel est nettoyé et remanié par des macrophages et chirurgical, le délai de 6 semaines est toujours dépassé.
des cellules géantes multinucléées. La régénération musculaire
débute avec l’apparition de cellules satellites fusiformes mono-
nucléées, dites cellules de Mauro, et la formation plus ou moins Imagerie
importante de collagène. Chez le sportif de haut niveau ou, même chez le sportif
La régénération musculaire se produit à partir des cellules de occasionnel, le traumatisme musculaire peut poser encore des
Mauro qui se transforment en cellules souches de la lignée problèmes, non pas tant pour le diagnostic lui-même mais
myogénique. [34] davantage pour mesurer sa gravité. L’arrêt de l’activité sportive,
Les principaux éléments de la cinétique du processus de directement lié au degré de lésion musculaire, renforce l’intérêt
réparation musculaire sont schématisés sur la figure 4. [2, 25, 26, d’un diagnostic lésionnel le plus précis possible, en particulier
39] pour l’athlète de haut niveau.

Appareil locomoteur 5
15-140-A-10 ¶ Pathologie traumatique du muscle strié squelettique

Pour ces raisons, dans les lésions récentes, l’imagerie peut être
nécessaire pour aider le clinicien, en affirmant la lésion muscu-
laire, en précisant sa localisation, surtout sa gravité, pour guider
ainsi le traitement.
Dans le cas des lésions d’origine extrinsèque, l’atteinte
musculaire siège souvent en plein muscle et intéresse plus
volontiers les muscles de la face externe de la cuisse : crural,
vaste latéral. La lésion musculaire siège à l’endroit du choc sans
liaison particulière avec le squelette aponévrotique.
Dans l’atteinte intrinsèque, la lésion musculaire siège toujours
au voisinage immédiat d’une cloison aponévrotique, de l’enve-
loppe musculaire ou à proximité de l’insertion des fibres sur le
tendon. Il s’agit donc d’une lésion à type de désinsertion
myoaponévrotique ou plus rarement myotendineuse. Cette
notion est fondamentale pour le diagnostic en imagerie, que ce
Figure 5. Aspect échographique normal des muscles du mollet. L’as-
soit en IRM ou surtout en échographie. C’est l’importance de
pect ponctué hyperéchogène sur cette coupe axiale correspond au sque-
cette désinsertion, limitée à quelques fibres ou étendue à tout
lette aponévrotique disséminé dans l’épaisseur du muscle. Le soléaire et le
un contingent, qui va différencier une simple élongation d’une
gastrocnémien médial (jumeau interne) sont séparés par une aponévrose
déchirure. Le délai de réparation est bien entendu différent.
(bande blanche hyperéchogène).
Radiologie standard
Elle n’a aucun intérêt dans le diagnostic de lésion musculaire.
Elle est réalisée pour éliminer un autre diagnostic et pour
rechercher une atteinte osseuse après un traumatisme violent ou
un arrachement osseux. Elle est complémentaire de l’examen
échographique qui lui est centré presque exclusivement sur
l’étude des parties molles.

Tomodensitométrie
Cet examen a été complètement supplanté par l’IRM pour
l’étude des parties molles en raison de son contraste insuffisant Figure 6. Hématome de Morel-Lavallée en échographie. Volumineuse
et de l’étude limitée au plan axial. Il n’est plus utilisé dans le collection à la face externe de la cuisse après une chute en deux-roues. Cet
diagnostic d’une lésion musculaire traumatique récente. Les hématome est de siège sous-cutané.
calcifications ou ossifications sont en revanche détectées plus
précocement avec cet examen que sur les clichés simples. [48] Il
peut aider également l’évacuation des hématomes situés en détecter d’éventuelles complications (hématome enkysté,
profondeur avec précision. calcifications, cicatrice hypertrophique, hernie…) et enfin son
coût est réduit. La réalisation d’une ponction évacuatrice est
Échographie facilitée par le repérage échographique. Notre expérience nous
C’est l’examen de choix pour l’étude du muscle traumatisé, a montré que cette ponction pouvait être répétée jusqu’à
car il est facilement disponible, non douloureux et représente l’affaissement complet de la collection, qui récidive volontiers
un prolongement de l’examen clinique. [11, 42, 51] Le médecin dans les 10 jours suivants mais en quantité inférieure. Dans
échographiste doit être le plus précis possible en confirmant ou quelques cas, l’hématome n’est pas parfaitement liquidien en
infirmant l’existence de la lésion musculaire, sa topographie et échographie car complètement cailloté, empêchant son évacua-
sa nature : élongation, déchirure ou rupture. tion à l’aiguille même de gros calibre.
Les inconvénients sont connus : mauvaise relecture des
Technique et aspect normal du muscle
images, examen opérateur-dépendant et sensibilité inférieure à
L’examen doit être réalisé avec une sonde de haute fréquence, celle de l’IRM. La sensibilité devrait s’améliorer progressivement
en général de façon comparative. Il comporte une étude grâce aux enseignements tirés d’examens IRM antérieurs et
statique mais également dynamique [51] pour rechercher de permettre ainsi de réaliser une meilleure échographie
petites asymétries au contact des fascias. Il nécessite surtout une musculaire.
forte expérience et une bonne connaissance des principales Certaines lésions musculaires profondes ou d’accès plus
atteintes musculaires pour ne pas faire un diagnostic erroné. délicat (ischiojambiers, adducteurs) peuvent toucher à certaines
Une solide connaissance anatomique, au mieux acquise grâce limites de la technique, mais uniquement pour des anomalies
aux coupes axiales obtenues en IRM, est également nécessaire. musculaires ou musculotendineuses de faible gravité.
Le diagnostic échographique est aidé par les renseignements
La réalisation de l’échographie immédiatement après le
cliniques. Ceux-ci doivent être aussi précis que possible pour
traumatisme (j1) peut rendre le diagnostic plus délicat car la
permettre à l’échographiste un examen dirigé vers la région
lésion est alors plus difficile à mettre en évidence.
suspecte. En l’absence de véritable relation avec un effort, on
doit se méfier d’une pathologie musculaire tumorale ou infec- Aspects échographiques des différents types lésionnels
tieuse qui peut simuler un hématome en échographie.
Le muscle à l’état normal (Fig. 5) prend un aspect penné dans Traumatismes extrinsèques. Dans ces atteintes, on constate
le plan longitudinal et ponctué dans le plan axial avec alter- fréquemment un hématome d’allure anéchogène ou hypoécho-
nance de fibres musculaires et de cloisons conjonctives. [51] Ce gène par rupture des fibres musculaires, pour la cuisse du droit
contraste, variable en fonction des muscles, varie également fémoral dans la majorité des cas, plus rarement du vaste latéral.
avec l’âge du patient, le muscle devenant souvent échogène Avant ce stade, on peut constater un simple œdème sous-
chez le sujet âgé, rendant l’exploration plus délicate. Les cutané (plage hyperéchogène) ou une zone hétérogène avec
cloisons aponévrotiques situées en plein muscle sont des alternance de zones hypoéchogènes et hyperéchogènes. La
expansions des tendons. Un bon exemple de cette architecture présence d’un hématome, s’il est important, peut justifier sa
est expliqué par Hasselman et al. [23] pour le droit fémoral. ponction-évacuation au mieux dirigée sous échographie pour
Les avantages de l’échographie sont multiples : obtention accélérer le processus de cicatrisation. L’importance d’un
rapide de l’examen, examen dynamique, pouvant être répété hématome de type Morel-Lavallée peut être précisée en écho-
facilement pour la surveillance de la lésion musculaire afin de graphie (Fig. 6).

6 Appareil locomoteur
Pathologie traumatique du muscle strié squelettique ¶ 15-140-A-10

Figure 7. Image échographique d’élongation. Coupes axiales de cuisse


Figure 9. Aspect de désinsertion musculoaponévrotique en échogra-
comparatives. Atteinte de la cloison sagittale médiane du muscle rectus
phie. Coupe sagittale du mollet avec collection à l’interface entre le
femoris gauche (droit antérieur) chez un footballeur.
soléaire et le gastrocnémien médial (« tennis leg »).

Figure 8. Image d’élongation en échographie. Coupes axiales compa-


ratives au mollet. Disparition du côté gauche d’une cloison aponévrotique
remplacée par un tissu hyperéchogène correspondant à de l’œdème.

Figure 10. Image de rupture musculaire en échographie. L’extrémité


Traumatismes intrinsèques. Il existe plusieurs stades qui distale du muscle flotte dans une collection liquidienne (image en battant
correspondent plus ou moins à la classification clinique : de cloche).
• la contracture : aucune anomalie échographique ; l’examen
n’est pas nécessaire ;
saturation de graisse qui améliore le contraste des lésions
• l’élongation : on doit rechercher attentivement une petite
musculaires. L’IRM a permis de mieux comprendre également le
anomalie en périphérie des zones d’attache aponévrotiques
type des anomalies musculaires (la désinsertion myoaponévro-
intramusculaires ou superficielles (Fig. 7, 8) ; l’intérêt de
tique) grâce aux coupes transversales qui objectivent la zone
l’échographie est de pouvoir se guider précisément sur le
suspecte au contact des cloisons aponévrotiques. Grâce aux
point douloureux grâce au patient, au cours de l’examen ;
images obtenues en IRM, la compréhension en échographie des
l’IRM n’offre pas la même souplesse ; la lésion se présente
lésions musculaires s’est améliorée et la sensibilité de cet
comme une petite zone hypoéchogène (sombre) périaponé-
examen est devenue meilleure.
vrotique ; les premiers jours, la lésion peut être plus difficile
à voir car volontiers plus échogène et se confondant alors Technique et aspect normal du muscle
avec le reste du muscle ;
Le muscle à l’état normal a un signal intermédiaire sur les
• la déchirure : la désinsertion est plus importante et le
séquences T1 et T2. Ses contours sont en hyposignal (aponévro-
diagnostic beaucoup plus facile en échographie (Fig. 9) : zone
ses), de même que les tendons, sur les deux séquences de base.
hypoéchogène étendue, petit hématome périaponévrotique
À l’intérieur du muscle, il existe de nombreuses cloisons
qui peut justifier une évacuation échoguidée.
aponévrotiques provenant des tendons ou des aponévroses
• la rupture : stade ultime de la déchirure avec l’image classique
périphériques. Ces aponévroses sont fines et régulières, s’amin-
du « battant de cloche » (Fig. 10).
cissant progressivement sur les coupes axiales. Les différents
En imagerie, la lésion anatomique correspond donc bien à
corps musculaires sont accolés, séparés par de fines aponévroses
une désinsertion myoaponévrotique dont la gravité va de la
périphériques. À l’état normal en IRM, le signal du muscle est
simple élongation jusqu’à la rupture en fonction du nombre de
altéré par les artefacts de battements artériels (artère fémorale
faisceaux musculaires intéressés.
pour les muscles adducteurs) et par un artefact de déplacement
chimique qui provoque un épaississement artificiel des aponé-
Imagerie par résonance magnétique
vroses comme s’il existait une ombre projetée.
L’IRM est l’examen le plus performant pour faire le diagnostic L’examen est centré sur la région douloureuse et utilise
d’une lésion traumatique musculaire. [44] Sa sensibilité est l’antenne corps pour explorer la cuisse de façon comparative.
encore meilleure depuis la réalisation de nouvelles séquences en Les coupes transverses sont la base de l’examen car perpendicu-

Appareil locomoteur 7
15-140-A-10 ¶ Pathologie traumatique du muscle strié squelettique

laires au grand axe des muscles du segment de membre


concerné. Les séquences en saturation de graisse plus ou moins
couplées avec le contraste paramagnétique sont les plus perfor-
mantes (fat-sat T1, T2 ou séquence STIR). Les coupes frontales
ou sagittales apprécient l’étendue lésionnelle.
Désinsertion musculaire
La désinsertion se présente en IRM comme une zone de
signal hyperintense (blanche) en séquence T2 simple et T2 satu-
ration de graisse. Cet hypersignal correspond à la lésion et à la
réaction œdémateuse. Sur la séquence T1, on recherche une
asymétrie des fascias ou des cloisons intramusculaires mais cette
séquence est peu informative. En revanche, elle devient intéres-
sante, couplée à l’injection de gadolinium, car elle précise au
mieux l’importance de la désinsertion. Cette séquence T1 peut
être également réalisée en saturation de graisse, permettant au
signal lésionnel d’être mieux visible pour le lecteur des images. Figure 11. Déchirure du muscle grand droit gauche. L’hématome
Comme en échographie, tous les stades depuis la petite désin- périlésionnel reste encapsulé dans la gaine du muscle.
sertion jusqu’à la rupture musculaire sont identifiables en IRM.
L’IRM peut être considérée comme l’examen de référence
pour faire le diagnostic de lésion musculaire. Il existe cependant
une excellente corrélation entre l’examen clinique et l’IRM, et
la réalisation de cet examen n’est donc pas systématique. Les
avantages de l’IRM sont la précision, la fiabilité du diagnostic et
une qualité d’image permettant une relecture de l’examen
même à distance.
Cependant, le coût et surtout la disponibilité de l’IRM en
limitent l’accès considérablement : ces indications doivent de ce
fait être précises et limitées.
Indications de l’imagerie par résonance magnétique
L’IRM est indiquée dans le cadre d’un accident musculaire
récent pour :
• un bilan préopératoire ;
• l’étude des muscles profonds (ischiojambiers), des insertions
(ischios, adducteurs) surtout pour une rupture ou pour une
lésion récidivante ;
• en cas de discordance entre la clinique et le résultat échogra-
phique ; Figure 12. Aspect en imagerie par résonance magnétique d’un héma-
• chez le sportif de haut niveau (diagnostic fiable, précis, tome du muscle vaste intermédiaire. Il est typiquement situé au contact
pression de l’entourage). de la diaphyse fémorale, à la face profonde du muscle.
Caractéristiques d’imagerie selon la localisation
Membre supérieur et tronc tiers moyen du muscle. À l’échographie, un épaississement et
Les lésions du membre supérieur sont beaucoup plus rares un aspect hypoéchogène du tendon, voire un hématome,
que celles du membre inférieur. Nous citerons les désinsertions témoin d’une lésion plus sévère sont recherchés. Le risque de
du muscle grand pectoral qui correspondent en fait à un métaplasie osseuse est très fréquent dans cette localisation
arrachement de l’insertion humérale du tendon, les désinser- lésionnelle. Secondairement, une ossification tendineuse sur une
tions tendineuses distales du tendon du biceps brachial, les radiographie du bassin ou en échographie peut apparaître. Chez
désinsertions ou les ruptures tendineuses de sa longue portion. l’adolescent, il s’agit plus souvent d’un arrachement du noyau
Les ruptures du corps charnu du triceps chez les haltérophi- d’ossification de l’épine iliaque antéro-inférieure. Moins
les [46] et les désinsertions myoaponévrotiques du biceps sont connues, les lésions du tiers moyen du droit fémoral sont
connues surtout chez les gymnastes et les joueurs de tennis. Le facilement détectées en échographie : qualifiées de lésions
diagnostic échographique est généralement suffisant car il ne intramusculaires ou de lésions du corps musculaire, il s’agit en
s’agit pas de structures profondes. fait de véritables désinsertions myoaponévrotiques. Ces lésions
À la paroi abdominale, il faut souligner la relative fréquence
siègent au contact de la cloison sagittale médiane, extension
des lésions des grands droits chez le joueur de tennis. [5, 33] La
aponévrotique du tendon indirect [11] ou de l’aponévrose
blessure se produit lors du service ou du smash et se situe
périphérique enveloppant le muscle en particulier à sa face
habituellement du côté opposé au bras qui tient la raquette. Il
profonde, correspondant au fascia postérieur qui va former
s’agit d’une pathologie relativement fréquente et la suspicion
ensuite le tendon distal. À l’échographie, on visualise la petite
clinique n’est pas toujours facile car le mode de début n’est pas
zone hypoéchogène périaponévrotique témoin d’une simple
toujours brutal. Le diagnostic peut être affirmé par l’échographie
élongation ou une véritable déchirure avec création d’une lame
ou l’IRM (Fig. 11), mais la plus grande difficulté est thérapeuti-
que. Une bonne prise en charge kinésithérapique et le respect liquidienne plus ou moins importante en fonction du nombre
de délais suffisants sont les meilleurs moyens d’éviter une de fibres désinsérées. Les lésions des fibres intéressent les fibres
récidive. [37] de part et d’autre de la cloison sagittale médiane. [24] Sur la
partie distale, l’atteinte musculaire peut aller de la simple
Membre inférieur élongation jusqu’à la rupture totale du muscle qui remonte dans
Cuisse. Siège le plus fréquent des lésions musculaires, certains la cuisse avec création d’un hématome inférieur dans la zone de
muscles sont plus fréquemment concernés. décollement, aboutissant à une désinsertion musculaire de
Droit fémoral. L’atteinte musculaire peut intéresser les parties l’aponévrose postérieure (Fig. 12).
supérieure, moyenne ou inférieure. Dans sa portion proximale, Muscles ischiojambiers. La lésion siège fréquemment à l’inser-
il s’agit d’une rupture tendineuse (tendon direct) ou d’une tion proximale, soit par arrachement du noyau d’ossification
atteinte myotendineuse se prolongeant plus ou moins vers le (clichés standards toujours importants), soit sur les deux

8 Appareil locomoteur
Pathologie traumatique du muscle strié squelettique ¶ 15-140-A-10

tendons proximaux : semi-tendineux et biceps d’une part, et


semi-membraneux d’autre part. [10, 13, 35] La lésion peut siéger
également sur la jonction myotendineuse, soit aussi quelques
centimètres sous l’insertion. L’échographie est de réalisation
difficile en raison de la profondeur de la région. Elle détecte
sans difficulté une lésion majeure grâce à la présence de
l’hématome, mais reste insuffisante pour un diagnostic précis.
On préfère réaliser alors une IRM. Plus accessibles aux ultrasons,
les portions moyennes et distales peuvent être lésées par une
élongation ou par des déchirures étendues en hauteur sur les
aponévroses superficielles du semi-membraneux ou sur des
cloisons plus profondes. L’insertion basse du long biceps a un
aspect voisin de celle du gastrocnémien médial : insertion sur
une lame aponévrotique (du court biceps comme le soléaire
pour le jumeau). La désinsertion complète aboutie à une rupture
du long biceps, avec rétraction et hématome sous-jacent. Les
ruptures des tendons des ischiojambiers à leur insertion basse ne
sont pas abordées car plus en rapport avec une atteinte trauma-
tique du genou.
Adducteurs. Les adducteurs représentent une exception
puisqu’ils sont monoarticulaires et non pas biarticulaires. La
fréquence de leur atteinte s’explique par le fait qu’il s’agit de
muscles courts et exposés à des élongations brutales, notam-
ment lors de la pratique du football, sport où leur lésion est le
plus souvent observée. Les lésions les plus fréquentes intéressent
l’insertion pubienne, en particulier celle du moyen adducteur : Figure 13. Contusion musculaire au mollet chez un footballeur en
il s’agit d’une désinsertion partielle du tendon, voire d’une imagerie par résonance magnétique. Présence d’un hématome par rup-
rupture tendineuse. On préfère ici aussi l’IRM pour obtenir un ture des fibres musculaires accompagné d’œdème sur une séquence
diagnostic lésionnel plus précis, surtout en cas de récidive. Les T2 saturation de graisse.
autres adducteurs peuvent être lésés également, long et petit
abducteurs, mais plus à la cuisse, donc plus accessibles à
l’échographie. Les obturateurs sont mieux étudiés en IRM. Traitement médical
Jambe. La désinsertion musculoaponévrotique du gastrocné- Traitement préventif des accidents musculaires
mien médial (ou jumeau interne) est la lésion musculaire la plus chez le sportif
fréquente. Cette lésion musculaire siège sur la partie distale du
muscle au contact de son attache aponévrotique. Tous les stades Dépistage des facteurs de risque
depuis la simple élongation jusqu’à la désinsertion complète du Le traitement préventif est fondé sur la connaissance et le
corps musculaire sont possibles. L’échographie fait facilement le dépistage des facteurs de risques déjà évoqués au début de ce
diagnostic en précisant l’importance de la désinsertion et la chapitre. Le bilan isocinétique bilatéral recherche un déséquili-
présence éventuelle d’un hématome. La désinsertion débute bre agoniste/antagoniste. La définition d’un déséquilibre est la
classiquement sur la partie distale et le bord médial du muscle suivante : écart bilatéral de plus de 15 %, ou ratio concentrique
sous la forme d’une zone hétérogène périaponévrotique dans inférieur à 47 %, ou ratio ischiojambiers en excentrique/
une élongation. Pour des lésions plus importantes, la désinser- quadriceps en concentrique inférieur à 80 %. [16, 17] L’analyse
tion se poursuit vers la partie proximale et vers le bord latéral typologique recherche des raideurs musculaires. L’étude du
du muscle, avec déchirure de l’aponévrose provoquant un catabolisme évalue la capacité du sujet à produire des ions
NH4+ à l’effort qui ont une action inverse par rapport aux
saignement et souvent un hématome collecté (Fig. 13). Celui-ci
lactates et qui fragilisent la fibre musculaire en freinant le cycle
doit être évacué s’il est volumineux de façon systématique au
de Krebs, en augmentant l’acidose, en bloquant la glycolyse et
cours de la deuxième semaine pour favoriser une cicatrisation
les processus producteurs d’énergie. Le dosage après effort de la
plus rapide. Un contrôle échographique avec nouvelle ponction créatine-kinase, de la lacticodéshydrogénase, de la myoglobine,
est souvent nécessaire dans les hématomes importants dans les du cortisol, de l’acide urique est témoin de l’hyperoxydation et
semaines suivantes. Le port d’un bas de contention limite la de la dégradation musculaire.
récidive du saignement.
Lors d’une désinsertion du gastrocnémien médial, l’examen Modalités pratiques du traitement préventif
échographique doit toujours vérifier le soléus sous-jacent et la L’expérience nous a montré qu’avec la pratique du renforce-
jonction musculotendineuse avec le tendon calcanéen. Il existe ment musculaire l’incidence des accidents a considérablement
en effet des désinsertions longitudinales avec extension sur diminué. Les méthodes de renforcement doivent être combi-
l’aponévrose du soléus, voire jusqu’au tendon calcanéen. nées : renforcement isocinétique excentrique et concentrique
Les autres désinsertions musculoaponévrotiques au mollet associé à une musculation classique. Il a été démontré que le
sont moins fréquentes : soléus, plantaire grêle. Les désinsertions travail excentrique isocinétique permettait d’activer la synthèse
protéique, de stimuler et renforcer l’armature conjonctive et de
des autres loges antérolatérales ou latérales sont exceptionnelles.
favoriser l’alignement des fibres collagènes. [22, 28, 29] Les
Les atteintes du soléus sont importantes à connaître : il s’agit
raideurs musculaires doivent être améliorées par des étirements.
souvent d’une petite désinsertion musculaire sur une cloison L’exercice musculaire est à l’origine d’une production de
aponévrotique en plein mollet avec une simple désorganisation métabolites variés, plus ou moins toxiques pour le tissu muscu-
de l’échostructure musculaire en échographie et une zone en laire comme l’acide lactique. L’élimination de ces métabolites
hypersignal T2 en IRM. Ces lésions de taille modeste sont dépend essentiellement de l’hydratation du sportif ; une
parfois à l’origine d’une symptomatologie douloureuse qui hydratation suffisante voire un peu excessive assure un
perdure lors de la reprise sportive, faisant recourir à l’imagerie. « lavage » de l’organisme en favorisant la diurèse, en diminuant
Enfin, les atteintes du soléus concernent parfois essentiellement le temps de présence des métabolites au sein du tissu musculaire
la jonction musculaire avec le tendon calcanéen ; elles ne sont ainsi que leur concentration. Les adaptations alimentaires et
pas abordées ici. l’utilisation éventuelle de boissons plus ou moins chargées en

Appareil locomoteur 9
15-140-A-10 ¶ Pathologie traumatique du muscle strié squelettique

glucose et métabolites rentrent dans le cadre de la gestion auxquelles vont succéder des exercices de plus en plus difficiles
diététique de l’effort et ne sont donc qu’évoquées. de renforcement musculaire, l’idéal étant de pouvoir terminer à
Sur le plan anabolique, le lendemain de match, recourir à un l’aide d’une machine isocinétique. La rapidité de la progression
« décrassage » doux (natation, vélo) pour éliminer les toxines. est conditionnée par l’existence ou non de douleurs et est donc
Faire des étirements posturaux de manière à stimuler la synthèse inversement proportionnelle à la gravité de la lésion. Par ce
de l’armature conjonctive musculaire [2] et l’alignement des traitement, on cherche à guider la cicatrisation dans le sens de
fibres collagènes. Recourir à des massages de drainage lympha- l’allongement et de la souplesse, et à remettre le muscle dans
tique et à la pressothérapie, et utiliser des apports protéiques une situation de protection et de force vis-à-vis des efforts qu’il
adaptés. aura de nouveau à fournir. En phase finale de traitement, le
En résumé, la prévention des accidents musculaires est un chiffrage du rapport ischiojambiers/quadriceps déterminé lors
élément essentiel de la pratique sportive. Elle est multifacto- d’un test isocinétique est capital. La constatation d’une insuffi-
rielle : sance musculaire conduit alors à la poursuite du renforcement
• correction des déséquilibres par renforcement excentrique ; dans un but préventif.
• améliorer les raideurs par des étirements ;
• alimentation et récupération adaptée aux charges de travail ; Traitement préventif des récidives
• hydratation suffisante. Après une lésion musculaire, le pool protéique du muscle
nécessite environ 3 mois pour revenir à son niveau anté-
Traitement curatif rieur. [28] La reprise sportive n’est pas envisageable avant que le
Chaque cas de figure impose une prise en charge adaptée. [8, muscle n’ait récupéré 90 % de ses qualités antérieures. Ainsi, en
40, 41] Les habitudes de chaque médecin sont influencées par phase finale de rééducation ou très à distance d’un accident
son recrutement sportif et par son environnement plutôt ancien, il est très utile d’évaluer la force des différents groupes
fonctionnel ou plutôt chirurgical. musculaires et de déterminer par des mesures isocinétiques les
Une grande constante est à retenir pour tous les accidents rapports agonistes/antagonistes. [30] Ces mesures permettent de
musculaires (sauf la contracture qui tire meilleur profit de la guider un éventuel renforcement musculaire si les ratios
chaleur) : la cryothérapie. Il s’agit de la mesure thérapeutique théoriques idéaux ne sont pas respectés lors du bilan initial. Il
essentielle lorsque l’accident vient de survenir. Ce geste est à faut noter que les tests ne peuvent être faits qu’à distance d’un
effectuer le plus tôt possible et doit être renouvelé quatre ou accident, sous peine de créer une nouvelle lésion lors de ceux-ci
cinq fois par jour par séquences de 20 à 30 minutes. La surélé- ou de sous-estimer les résultats s’il existe une appréhension.
vation du membre atteint et une compression modérée sont de Dans le cadre de la remusculation, il faut souligner les plus
bons adjuvants pour limiter le saignement éventuel. La gestion grands bénéfices obtenus à l’aide du travail excentrique par
immédiate sur le terrain est capitale pour limiter la formation rapport à ceux du travail concentrique. Les machines isocinéti-
de l’hématome. Il s’agit d’un facteur clé car l’importance de ques peuvent trouver là un intérêt supplémentaire. [45] Un
celui-ci va conditionner la longueur de l’évolution, la qualité de nouveau bilan, effectué après le travail de musculation, peut
la récupération et la survenue éventuelle de complications. évaluer les progrès réalisés. Il est par ailleurs primordial
d’insister sur la poursuite des exercices d’étirements et de
Traumatismes extrinsèques stretching, indispensables à la protection du sportif, surtout s’il
Un hématome intramusculaire ou paradiaphysaire de taille progresse en qualités de vitesse.
importante peut être ponctionné sous contrôle échographique. Il faut reprendre l’entraînement avec bon sens. L’expérience
La coagulation de l’hématome rend ce geste impossible. montre que cette évidence n’est pas toujours respectée et que
L’apparition d’une calcification musculaire d’origine les règles de progression lente sont souvent transgressées. Il ne
périostée, quelquefois assez précoce, peut répondre au traite- faut pas oublier que les forces mises en jeu et la vitesse d’exé-
ment médical. Celui-ci repose sur les glaçages, un traitement cution gestuelle lors d’une activité physique sont souvent bien
anti-inflammatoire et la rééducation qui cherche avant tout à au-delà de ce qui a pu être réalisé lors de la rééducation, même
récupérer la flexion du genou. bien conduite. [32, 36]
Traumatismes intrinsèques
Traitement chirurgical
Les traitements médicamenteux n’ont actuellement que peu
de place : les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont essentiel- Le traitement chirurgical des lésions musculaires récentes est
lement utilisés pour leur action antalgique, les décontracturants mal codifié, mais reste de toute façon rare. L’indication d’une
musculaires sont souvent d’un bon secours pendant les premiers intervention chirurgicale devant une lésion récente va dépendre
jours. de la nature de la lésion. Les indications concernent surtout les
Certaines déchirures importantes peuvent là aussi justifier hématomes compressifs secondaires à une rupture subtotale
d’une ponction sous échographie, en période liquide de avec risque de syndrome de loge, les désinsertions complètes
l’hématome. hautes ou basses et les ruptures totales. [6, 12]
Toutes les techniques de physiothérapie ont au mieux un rôle L’examen clinique en urgence est difficile et souvent peu
antalgique et/ou anti-inflammatoire local. Utilisables très tôt, contributif. La plupart du temps, l’impotence fonctionnelle est
elles deviennent très rapidement accessoires. variable et non corrélée avec la gravité de la lésion. Cependant,
Les appareils d’électrostimulation sont également utilisables l’importance de l’ecchymose et de l’hématome, surtout après
précocement, et jouent un rôle positif sur les phénomènes de 48 heures, constitue un bon indicateur de gravité. Les examens
contracture et sur la préparation mécanique du muscle avant la d’imagerie doivent être pratiqués précocement, dans les 2 ou
rééducation proprement dite. [50] Ultérieurement, ils peuvent 3 premiers jours suivant le traumatisme, de manière à pouvoir
aider à la remusculation. conclure de façon définitive sur la nature exacte de la lésion et
Les massages ont surtout des vertus décontracturantes. En cas son pronostic, et déterminer ainsi si celle-ci relève du traitement
de lésion anatomique, ils sont utilisés pour aider au drainage conservateur ou chirurgical.
local ; il n’est pas question dans ce cas de masser les muscles en
profondeur. En phase finale de cicatrisation, des techniques de Hématomes par lésion du corps charnu
massage vigoureux des zones restant douloureuses sont des Ces hématomes peuvent survenir aussi bien à la suite de
moyens d’assouplissement local très utiles. mécanismes par choc direct ou par étirement intrinsèque. La
La rééducation mécanique vraie représente le traitement des lésion musculaire est souvent modeste, mais, dans les heures qui
accidents musculaires allant de la contracture à la déchirure. suivent, un important saignement avec formation d’un héma-
Selon l’importance de la lésion initiale, celle-ci est mise en route tome peut aboutir à la constitution d’un syndrome compres-
dans les suites précoces de l’accident ou à partir du septième au sif, [27] voire provoquer une phlébite. [47] En cas de doute de
dixième jour. [20] Elle comporte des techniques de contractés- syndrome de loge, la mesure des pressions intramusculaires est
relâchés, des techniques d’assouplissement et de stretching indispensable pour conduire à l’aponévrotomie décompressive

10 Appareil locomoteur
Pathologie traumatique du muscle strié squelettique ¶ 15-140-A-10

en urgence. Il faut savoir que, en plus des syndromes de loge répétitifs qui surviennent après un traumatisme initial plus ou
bien connus du segment jambier, la cuisse ou le membre moins ancien. On peut considérer que la séquelle d’accident
supérieur peuvent aussi être concernés. musculaire se comporte comme un corps étranger
En dehors du cadre spécifique des compressions, les larges intramusculaire.
hématomes collectés doivent quand même être évacués. En
l’absence d’un tel geste, l’évolution se complique par la forma- Signes fonctionnels
tion de pseudokystes liquidiens intramusculaires, de calcifica-
Il s’agit d’un sujet sportif qui consulte pour un syndrome
tions ou d’une fibrose cicatricielle douloureuse. Les calcifications
douloureux chronique se manifestant à l’effort, ou lors de
sont d’autant plus à craindre que la lésion siège près de l’os,
certains gestes précis provoquant la mise en tension de la zone
comme dans le cas du muscle crural par exemple. Les hémato-
cicatricielle par étirement passif ou par « distraction » consécu-
mes non caillotés relèvent de la ponction sous échographie ou
tive à une contraction musculaire, a fortiori si celle-ci est
sous tomodensitométrie, toujours préférable à un drainage
effectuée dans les conditions d’étirement maximal, en dynami-
chirurgical. Cependant, les hématomes caillotés ne peuvent être
que excentrique, en course externe.
évacués par simple ponction et, s’ils sont de taille importante,
Le sportif peut consulter aussi pour des épisodes étiquetés
relèvent de la chirurgie. L’évacuation chirurgicale, l’hémostase et
« claquages musculaires itératifs », liés à l’absence de propriétés
le drainage ne posent pas de problèmes particuliers. C’est une
viscoélastiques de la zone cicatricielle. De nouvelles lésions
chirurgie qu’il vaut mieux pratiquer sans garrot pneumatique
apparaissent au niveau de la lésion initiale, à chaque tentative
pour d’une part, ne pas induire de raccourcissement musculaire
de reprise d’activité. Il peut aussi s’agir d’une fatigabilité, d’une
du fait de la compression circonférentielle du garrot gonflé et
intolérance à l’effort, de troubles circulatoires, voire d’une
d’autre part, permettre de faire une hémostase la plus complète
limitation de la mobilité passive et active, surtout de la flexion
possible.
du genou, évocatrice de l’existence de calcifications intramus-
L’attitude à adopter vis-à-vis de la lésion musculaire elle-
culaires. Enfin, une anomalie du galbe musculaire peut avoir été
même est variable et dépend de son type. En règle générale, il
constatée par le sujet, au repos ou seulement au cours de
ne faut pas essayer de rétablir la continuité musculaire quand la
certains exercices.
lésion siège en plein corps charnu. Le muscle strié squelettique
est un tissu fragile dans lequel les points de suture déchirent et Interrogatoire
n’ont aucune tenue mécanique. Les éléments mécaniquement
résistants du muscle sont l’aponévrose et le tissu tendineux. Le patient décrit un premier épisode musculaire douloureux
Ainsi, en cas de rupture partielle « centrale » siégeant au fulgurant à l’occasion d’un traumatisme, ayant conduit à l’arrêt
centre du corps musculaire, la cavité est effacée par simple spontané du sport pendant environ 3 semaines. Il n’a souvent
capitonnage, drainée après une hémostase soigneuse. pas consulté d’emblée, mais opté pour l’application de soins
En cas de rupture partielle périphérique limitée, les fibres locaux. Il a ensuite repris progressivement son activité physique
musculaires dévascularisées sont excisées a minima. La forma- malgré la persistance d’une petite sensibilité locale à l’étirement
tion d’une cicatrice fibreuse va suivre ; elle peut constituer une ou à la contraction du muscle concerné. À chaque nouvelle
épine irritative et un point d’appel à la survenue de claquages tentative de reprise du sport réapparaît une douleur moins
itératifs avec rupture musculaire progressive, ce qui se vérifie en intense et moins durable. Malgré l’interruption pendant
particulier pour le muscle droit fémoral et les adducteurs. La plusieurs mois de l’activité incriminée, la douleur récidive à
rupture totale, stade terminal de l’évolution, peut être un chaque nouvel essai de reprise sportive. L’interrogatoire s’atta-
moyen de guérison. che à préciser les circonstances du traumatisme initial ainsi que
Aussi, si la rupture est subtotale, il est alors préférable de celles de toutes les éventuelles récidives. Toutes les dates sont
recourir à une suppression fonctionnelle qui consiste à inter- précisées et la recherche des signes de gravité doit se faire pour
rompre la continuité musculaire soit en excisant largement les chaque épisode. Les traitements suivis sont détaillés car leur
extrémités rompues et en suturant les deux moignons aux inadéquation face aux lésions supposées est une cause fréquente
aponévroses des muscles agonistes adjacents, soit comme d’évolution péjorative.
certains le préconisent en réséquant le muscle en totalité.
Certaines ruptures musculaires, par leur localisation, peuvent Examen clinique
entraîner une compression directe des éléments de voisinage par À l’inspection, on recherche une modification du galbe
le moignon musculaire rétracté. Cette situation se rencontre lors musculaire : déhiscence bien visible après certaines lésions de
des ruptures complètes des ischiojambiers avec compression du grade III ou IV des muscles superficiels tels que le droit fémoral
sciatique. Il faut savoir évoquer cette compression devant ou le semi-membraneux ; ascension du jumeau interne et
l’existence de douleurs irradiant vers la jambe, inexplicables par déhiscence ou induration en regard de l’insertion basse de ce
la seule lésion musculaire. En l’absence de lever chirurgical de chef tricipital.
la compression, l’évolution se fait vers une sciatalgie chronique Quelles que soient la gravité de la lésion initiale et l’étendue
dont l’évolution, même après neurolyse chirurgicale, n’est pas de la région cicatricielle, si le muscle blessé est moins utilisé du
toujours favorable. fait du syndrome douloureux chronique, on peut observer une
amyotrophie locale. On peut aussi observer une augmentation
Désinsertions myoaponévrotiques
de volume, une ascension ou une descente d’un chef muscu-
Seules les désinsertions myoaponévrotiques étendues relèvent laire, une encoche, une tuméfaction. Une différence de volume
du traitement chirurgical. Celui-ci consiste à évacuer l’héma- d’un segment de membre est facilement appréciée par la mesure
tome, régulariser le moignon musculaire et suturer sans tension comparative de son périmètre.
ce qui est mécaniquement suturable à l’aponévrose, surtout sans L’étirement passif et la contraction musculaire provoquent la
essayer de restituer au corps charnu sa longueur d’origine. douleur dans certaines conditions d’examen. Le muscle doit être
testé prudemment, en commençant par une faible résistance en
course interne, puis en augmentant la vitesse du mouvement et
■ Lésions musculaires chroniques la résistance, en se rapprochant de la course la plus externe,
jusqu’au seuil douloureux.
Aspect médical La palpation peut mettre en évidence une lésion cicatricielle
Qu’ils soient endogènes ou exogènes, les traumatismes si elle est suffisamment superficielle : zone dépourvue de
musculaires sont susceptibles de laisser des séquelles. Cette contractilité et plus ou moins indurée, témoignant d’un nodule
situation est sans doute peu fréquente en regard de la fréquence fibreux ou scléreux, tuméfaction rénitente, sensible ou indolore,
des accidents, mais elle pose des problèmes thérapeutiques pour un kyste siégeant sur le droit fémoral ou sur l’insertion
importants. [19, 38] Le tableau peut se présenter de deux façons basse du gastrocnémien médial. Mais la palpation n’apporte
différentes ; il s’agit soit d’un accident qui n’évolue pas favora- aucun élément évocateur lorsqu’il s’agit d’un kyste profond
blement dans les délais habituels, soit d’incidents ou d’accidents (ischiojambiers). Tout au plus peut-on noter une discrète

Appareil locomoteur 11
15-140-A-10 ¶ Pathologie traumatique du muscle strié squelettique

diminution du ballottement musculaire. Enfin, en cas de


calcifications moniliformes, on palpe parfois, au cours de
contractions statiques intermittentes répétées, des indurations
nodulaires douloureuses ou un épaississement aponévrotique
réactionnel en regard du chapelet de calcifications. [54]
Le bilan clinique permet de confirmer la souffrance muscu-
laire et de localiser la zone cicatricielle en cause.

Différentes lésions
Nodule fibreux
La prolifération d’un tissu cicatriciel sans organisation spatiale
peut conduire à la formation d’un cal fibreux dépourvu des
qualités histologiques du muscle, en particulier en ce qui
concerne ses propriétés viscoélastiques. Ce tissu est dénommé Figure 14. Zone fibrocicatricielle après rupture des ischiojambiers à la
granulome cicatriciel, nodule fibreux ou noyau scléreux, selon cuisse. Épaississement aponévrotique à la réunion du court et du long
les auteurs et la densité de la trame cicatricielle observée. Ces biceps s’étalant sur 15 cm de hauteur (ici coupe axiale).
nodules ne semblent pas avoir de localisation anatomique
privilégiée et succèdent à des traumatismes indirects ayant
Figure 15. Hématome en-
provoqué une lésion initiale intrinsèque. [6, 48, 49] Ils peuvent
kysté en échographie. Contrai-
être suspectés par l’existence d’une zone nodulaire ou d’un
rement aux collections récen-
cordon induré roulant sous le doigt. Sans anamnèse précise, ces
tes, l’hématome enkysté a une
nodules peuvent parfois être pris pour une tumeur. [45]
paroi épaisse empêchant la dif-
Kystes ou pseudokystes fusion et la résorption de la col-
lection.
L’encapsulement progressif de l’hématome initial ou de
l’épanchement résiduel forme une poche liquidienne intramus-
culaire cernée par une zone de sclérose dense, parfois bordée, à
sa face profonde, d’une membrane sécrétante. Les localisations
les plus habituelles sont le droit fémoral, les ischiojambiers, en
particulier le semi-membraneux, et le triceps sural, après
désinsertion du gastrocnémien médial et/ou du soléus. [21, 31, 53]
Ils se traduisent par la présence d’une masse arrondie, rénitente,
indolore, entraînant une diminution localisée du ballottement
musculaire. Souvent, il s’agit d’un décollement aponévrotique
qui s’étend sur une grande distance et dont la traduction Nodule fibreux
clinique n’est pas très franche. Il apparaît comme une formation hyperéchogène de forme
nodulaire, toujours sur un trajet aponévrotique, contrastant
Calcifications avec la minceur de l’aponévrose normale en échographie. Sa
On distingue les calcifications intramusculaires qui peuvent détection est facile pour les localisations superficielles, mais plus
être moniliformes, disposées en chapelet, secondaires à de délicate, par exemple sur les ischiojambiers. [42] L’IRM, comme
petites dilacérations longitudinales, la plupart du temps sans pour les lésions récentes, est plus à même de détecter ces
traduction clinique, et les calcifications plus volumineuses, bien nodules en hyposignal T1 (Fig. 14). L’aponévrose, à ce niveau,
représentées par l’ostéome musculaire du joueur de football. [1] est anormalement épaisse. L’extension en hauteur est variable,
L’hématome survenu après un traumatisme direct ou indirect fonction de l’importance de la désinsertion initiale.
est souvent volumineux, ce qui semble favoriser sa calcification
secondaire. Le diagnostic différentiel entre myosite ossifiante et
ossification périostique, selon la localisation intramusculaire ou
Pseudokyste
périfémorale de l’hématome initial, reste discutée ; leur patho- Une cavité entourée d’une paroi épaisse peut persister au
génie est d’ailleurs l’objet de controverses. La notion classique décours d’une lésion musculaire. Ce pseudokyste est facilement
selon laquelle l’hématome consécutif à la lésion musculaire se vu en échographie, examen qui permet d’apprécier son volume
transforme secondairement en tissu osseux ne semble retenue (Fig. 15). Elle guide le geste de ponction-évacuation ainsi qu’une
par plusieurs auteurs [1, 53] que pour les ossifications périosti- éventuelle infiltration de corticoïdes. Ces cavités sont plus
ques. L’ossification d’origine périostée se traduit par une fréquemment rencontrées sur le droit fémoral, au contact de la
volumineuse tuméfaction profonde, très dure, douloureuse et cloison médiane [24] et les ischiojambiers (semi-membraneux).
chaude dans les phases précoces, ensuite indolore ; elle est L’indication de l’IRM semble ici superflue.
absolument non mobilisable.
Calcifications et ossifications
Imagerie
On distingue les calcifications intramusculaires, disposées en
Dans les lésions chroniques, le rôle de l’imagerie est plus
chapelet, conséquences de dilacérations longitudinales, et les
important pour faire le diagnostic d’une complication ou pour
ossifications musculaires développées à proximité de la diaphyse
suivre l’évolution, par exemple d’une ossification. Ces lésions
fémorale après un choc direct par béquille. Il s’agit alors
sont la conséquence de lésions musculaires négligées ou d’une
reprise sportive trop précoce entraînant une cicatrisation d’ossifications périostées, disposées le long de la corticale, au
anarchique. On distingue les cicatrices fibreuses hypertrophi- contact du muscle crural (Fig. 16). Le diagnostic est fait sur de
ques, les lésions pseudo-kystiques, les calcifications ou ossifica- simples clichés standards ou sur l’échographie. Il faut en général
tions et les hernies musculaires. L’imagerie est importante pour attendre leur maturation complète appréciée sur les radiogra-
faire le diagnostic de ces différentes complications. En cas phies standards et surtout par la scintigraphie au technétium
d’indication chirurgicale, l’IRM reste pour les chirurgiens pour autoriser une reprise sportive.
l’examen de choix, non seulement pour son aspect tridimen- En cas d’indication chirurgicale de certaines lésions calcifiées,
sionnel, mais aussi et surtout pour ses possibilités de repérage le scanner reste, grâce à sa bonne définition spatiale des tissus
anatomique précis osseux ou ossifiés, le meilleur examen.

12 Appareil locomoteur
Pathologie traumatique du muscle strié squelettique ¶ 15-140-A-10

Figure 16. Ostéome du muscle vaste intermédiaire.


A. En échographie, les images sont linéaires hyperécho-
gènes au contact de la corticale fémorale. Ces ossifica-
tions se sont développées dans les semaines suivant une
contusion musculaire avec hématome.
B. Aspect radiographique standard.

Scintigraphie au thallium 201 et à son degré de maturation. Classiquement, l’excision de


l’ostéome n’est envisagée qu’après normalisation de la scintigra-
Sensibilisée par une épreuve d’effort, la scintigraphie met en phie qualitative et quantitative, [7] mais le chirurgien peut être
évidence une zone hypofixante, témoin d’une perturbation conduit, dans certaines circonstances, à intervenir avant
locale du métabolisme musculaire dans la région cicatricielle. maturation complète.
Elle ne doit être demandée que dans le cadre du bilan préopé-
ratoire. La scintigraphie, qualitative et quantitative, avec temps
précoce et temps tardif, permet d’évaluer l’évolutivité d’un Traitement chirurgical
ostéome musculaire, dans la mesure où il semble préférable de Le traitement chirurgical des lésions musculaires au stade
n’intervenir qu’après « extinction » du processus d’ossification, chronique trouve son indication en cas d’échec du traitement
pour éviter toute recrudescence des phénomènes inflammatoires médical et de gêne fonctionnelle avérée retentissant sur l’acti-
et limiter les risques de récidive en période postopératoire. vité et les performances sportives. L’imagerie préopératoire est
nécessaire. Outre son intérêt diagnostique, elle permet de
Traitement médical préciser le siège et l’étendue de la lésion, éléments indispensa-
bles au chirurgien. L’échographie est l’examen le plus facile-
À chacune des lésions peut correspondre une stratégie ment disponible et le moins onéreux, mais il faut que le
thérapeutique adaptée. radiologue précise les dimensions exactes de la lésion et sa
position par rapport aux éléments osseux de voisinage. Dans
Nodules fibreux notre pratique, nous avons plus volontiers recours à l’IRM qui
Le traitement médical vise à réorganiser et assouplir le tissu nous fournit des images de meilleure définition, avec un aspect
cicatriciel de constitution anarchique. Une série de dix à tridimensionnel extrêmement attrayant et informatif pour le
12 massages transverses profonds effectués deux ou trois fois chirurgien.
par semaine peut être associée à des séances de physiothérapie Les principes généraux de cette chirurgie ont été établis
(ultrasons pulsés, ionisations à l’iodure de potassium). Ces soins depuis longtemps par Trillat. [5, 7, 12, 19] Il ne faut jamais essayer
locaux doivent être complétés par l’assouplissement progressif de rétablir la continuité tendineuse ou musculaire car la
de l’ensemble de la chaîne musculotendineuse concernée et la rétraction cicatricielle ou la perte de substance musculaire
levée des adhérences cicatricielles. Il faut insister sur l’intérêt du obligerait à réaliser une suture sous tension sans valeur méca-
travail dynamique excentrique, en course interne, moyenne, nique ni fonctionnelle, pérennisant la rétraction source de
puis externe, pour faciliter la réalisation de postures d’étirement douleurs et de limitation d’amplitude articulaire. Le corps
non agressives. Après disparition complète de la douleur, le musculaire sain doit donc être fixé en place, sans tension
travail musculaire peut être ciblé sur la réadaptation sportive résiduelle.
progressive. L’intervention est conduite sans garrot pneumatique avec une
En cas d’échec du traitement médical, et si la gêne fonction- incision cutanée longitudinale centrée sur la lésion repérée en
nelle ressentie par le patient dans son contexte professionnel ou préopératoire par imagerie. L’aponévrose est incisée longitudi-
sportif le justifie, le traitement chirurgical peut être indiqué. nalement et la lésion le plus souvent localisée par la palpation.
Celle-ci doit être excisée en totalité, en passant en zone
Lésions kystiques musculaire saine. Les extrémités musculaires ainsi libérées sont
suturées sans tension aux aponévroses de voisinage des muscles
Le traitement médical des lésions kystiques est décevant : la
agonistes. L’hémostase doit être soigneuse et la cavité capiton-
récidive de l’épanchement est fréquente après ponction sous
née pour effacer les décollements et éviter le piégeage d’une
repérage échographique, y compris lorsque cette ponction est
collection hématique. La fermeture se fait sur drainage aspiratif,
immédiatement suivie d’une injection locale de corticoïdes.
puis un pansement modérément compressif est appliqué.
L’exérèse chirurgicale est pratiquement toujours de mise.
Aucune immobilisation n’est nécessaire. Cryothérapie, anti-
inflammatoires non stéroïdiens sont systématiques. La mobili-
Calcifications sation passive est entreprise dès la quarante-huitième heure,
Le traitement des petites calcifications moniliformes est associée à des massages de drainage, de la physiothérapie et de
délicat. Si l’on opte pour la rééducation, il faut rechercher avec la stimulation électrique neuromusculaire. Le travail activopassif
soin un secteur de travail strictement indolore, afin d’éviter débute vers les dixième à quatorzième jours, fonction de
toute friction excessive susceptible de provoquer une recrudes- l’évolution, privilégiant le travail en excentrique et en chaîne
cence des phénomènes inflammatoires locaux, par le biais de fermée. La rééducation est longue et la reprise du sport n’est
nouvelles lésions musculaires adjacentes aux calcifications. La envisageable que vers la fin du troisième mois postopératoire.
physiothérapie risque de ne pas être efficace à ce stade tardif. Cas particulier des hernies musculaires : ces hernies sont
Dans certains cas, si la gêne fonctionnelle est importante, secondaires à une déchirure de l’aponévrose superficielle. Le
l’exérèse chirurgicale peut être discutée. Pour les calcifications muscle fait hernie dans la déhiscence qu’il a tendance à
plus étendues, l’indication chirurgicale, posée selon le retentis- agrandir lors de sa contraction. La déchirure progressive de
sement de la lésion sur les activités du patient, est adaptée au l’aponévrose peut être douloureuse, justifiant alors un acte
volume de l’ostéome, à ses rapports avec les tissus environnants chirurgical. Il ne faut pas refermer les hernies musculaires car les

Appareil locomoteur 13
15-140-A-10 ¶ Pathologie traumatique du muscle strié squelettique

Figure 17. Séquelles de rupture du muscle droit fé-


moral.
A. Aspect en imagerie par résonance magnétique (IRM)
de la cicatrice fibreuse.
B. Pièce d’exérèse.
C. Aspect de la cuisse après exérèse du droit fémoral
(collection Dr Combelles).
D. Aspect IRM après exérèse. Le quadriceps s’est trans-
formé en triceps (collection Dr Combelles).

berges aponévrotiques sont rétractées et la fermeture de l’enve- En cas de « suppression fonctionnelle », il faut prévenir le
loppe fibroaponévrotique rigide peut déclencher un syndrome patient qu’il conservera toujours un creux à la face antérieure
de loge par compression du tissu musculaire sous-jacent. Il faut de la cuisse, aggravé par la contraction du quadriceps, mais que
au contraire élargir la hernie en pratiquant une aponévrotomie ce « trou » ne sera plus douloureux.
complète de la loge musculaire concernée en passant par la
Ischiojambiers
déhiscence aponévrotique.
Calcifications et ossifications : les calcifications siègent généra- Les ruptures en plein corps musculaires sont rares ; il s’agit le
lement dans le tissu musculaire cicatriciel. Elles sont réséquées plus souvent de désinsertions tendineuses ou musculoaponé-
en bloc avec le tissu musculaire fibrocicatriciel une fois la vrotiques, plus volontiers proximales. Les tendons peuvent être
maturation assurée. Les ossifications d’origine périostée froides désinsérés en partie ou en totalité de l’ischion. Ils sont alors
constituent rarement une indication à la chirurgie. Il est constamment rétractés. Plus souvent, il s’agit d’une désinsertion
toujours nécessaire d’attendre la maturation complète de myoaponévrotique plus ou moins étendue et des adhérences du
l’ossification par des scintigraphies répétées avant d’intervenir. muscle à la gaine du nerf sciatique ne sont pas rares. Elles
peuvent être responsables de sciatalgies avec irradiation distale
Caractéristiques particulières des douleurs lors de la contraction des ischios pouvant consti-
tuer en soi une indication opératoire.
selon la topographie des lésions
Lors de l’intervention chirurgicale, il ne faut pas chercher à
La spécificité de la stratégie chirurgicale dépend en fait de la réinsérer les tendons sur l’ischion mais plutôt à effectuer une
nature de la lésion (fibrocicatricielles, faux kystes, calcifications, ténodèse locale avec les éléments tendineux de voisinage,
hernies musculaires) et des muscles concernés. toujours sans tension. Les désinsertions myoaponévrostiques
Voici quelques exemples pour les localisations lésionnelles les sont traitées selon les principes généraux déjà énoncés (cf.
plus fréquentes. supra), sans oublier que le temps de neurolyse du tronc du
sciatique peut constituer le geste le plus important et le plus
Muscle droit fémoral délicat.
Il peut s’agir de séquelles d’arrachement proximal mais plus
Adducteurs
souvent, dans le cadre de la pathologie chronique, de lésions
siégeant à la partie moyenne ou distale du muscle, secondaires Les lésions les plus fréquentes concernent l’insertion proxi-
à une désinsertion myoaponévrotique. Les faux kystes sont ici male du muscle moyen adducteur (cf. supra), mais les autres
plus fréquents que pour les autres muscles de la cuisse. La adducteurs peuvent être atteints. Il peut s’agir de séquelles soit
rupture moyenne ou distale est généralement facilement repérée de désinsertion tendineuse plus ou moins complète, soit de
car la solution de continuité musculaire est clairement visible désinsertion myoaponévrotique avec constitution d’un noyau
lors de la contraction du quadriceps et palpable. Plusieurs fibreux plus ou moins calcifié. Leur traitement répond aux
modalités chirurgicales ont été proposées : soit, comme le principes généraux déjà énoncés (cf. supra).
préconise l’école lyonnaise, [15] de réaliser une « suppression
Triceps sural
fonctionnelle » par résection de la lésion et suture des deux
extrémités musculaires à l’aponévrose sous-jacente ; soit de Les lésions siègent généralement à la partie distale du
pratiquer une résection complète du droit fémoral (Fig. 17). gastrocnémien médial. Il s’agit du « tennis leg » correspondant à
Paradoxalement, cette suppression complète du droit fémoral une désinsertion myoaponévrotique du gastrocnémien de sa
donne de bons résultats fonctionnels, mais des séquelles lame aponévrotique profonde. [31] Des atteintes myoaponévro-
esthétiques évidemment importantes. tiques du gastrocnémien latéral ou du soléus peuvent aussi se

14 Appareil locomoteur
Pathologie traumatique du muscle strié squelettique ¶ 15-140-A-10

rencontrer. La lésion se traduit le plus souvent par un nodule Si les lésions musculaires constituent une pathologie extrê-
fibreux, plus ou moins étendu, associé à des adhérences cicatri- mement fréquente en pratique sportive, la place de la chirurgie
cielles entre aponévrose du gastrocnémien et du soléus. Son devant une lésion récente reste rare. Les lésions musculaires
traitement repose sur l’exérèse des tissus pathologiques et le graves relèvent de la chirurgie précoce. Par lésions musculaires
capitonnage des décollements. graves, nous entendons les lésions suivantes : rupture du corps
musculaire subtotale ou totale, désinsertion myoaponévrotique
Stratégie thérapeutique étendue, syndromes compressifs neurologiques, désinsertions
tendineuses totales, voire partielles. Le pronostic de la chirurgie
Il convient d’isoler deux familles lésionnelles de pronostics musculaire précoce est nettement supérieur à celui de la
franchement différents face au traitement médical. chirurgie des séquelles ce qui fait une fois de plus insister sur la
nécessité d’un diagnostic lésionnel précis et rapide.
Lésions de bon pronostic « médical » Assez peu fréquentes, les séquelles de lésions musculaires sont
Lorsque le traitement initial détaillé par l’interrogatoire a été difficiles à traiter et conduisent dans un certain nombre de cas
manifestement insuffisant, il faut alors reprendre un cycle de à la chirurgie. Leur prévention repose essentiellement sur une
rééducation correct basé sur les étirements, le renforcement prise en charge initiale correcte avec, au premier plan, le glaçage
musculaire et les massages transverses profonds. La lésion et la kinésithérapie. Le diagnostic des complications repose sur
séquellaire correspond généralement à une lésion fibreuse de les radiographies, l’échographie et l’IRM ; cette dernière, en vue
petite taille. Parfois l’infiltration cortisonique guidée par d’un geste chirurgical, est souvent préférée.
l’échographie permet de faire disparaître l’épine irritative Enfin, il faut rappeler le rôle essentiel du traitement préventif
douloureuse. Cette solution est également envisageable pour les dans la survenue des accidents musculaires. Le dépistage des
calcifications de petite taille pour lesquelles les massages facteurs de risque inhérents à l’athlète, la compensation des
transverses profonds sont contre-indiqués. déséquilibres musculaires et métaboliques, des entraînements
En cas d’hématome de petite taille, organisé et pas trop adaptés, la lutte contre les raideurs musculaires ont radicale-
ancien, les massages de drainage, la physiothérapie et la ment transformé l’incidence des accidents musculaires et leur
mécanisation progressive sont indiqués. traitement chirurgical.
L’ossification d’origine périostée reste « malléable » tant
qu’elle est en période chaude, inflammatoire. Les anti-
inflammatoires, les exercices d’étirement et de contractés- ■ Références
relâchés sont susceptibles d’apporter une amélioration.
[1] Aguehounde C, Richard-Kadio M, Douane G, Roux C, N’Guessan A,
Cornet L. L’ostéome musculaire du footballeur. J Traumatol Sport
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Elles sont : [2] Allbrook D. Skeletal muscle regeneration. Muscle Nerve 1981;4:234-
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peuvent être ponctionnés, infiltrés, comprimés, mais ils ont [3] Andrivet R. Les accidents musculaires sportifs. Ann Med Phys (Lille)
une fâcheuse tendance à récidiver ; 1968;3:285-92.
• les volumineuses cicatrices fibreuses, qui se laissent mal [4] Arrington ED, Miller MD. Skeletal muscle injury. Orthop Clin North
assouplir ; Am 1995;26:411-22.
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1988;7:349-57.
bloc osseux réfractaire à tout assouplissement ;
[6] Benazet JP, Dufour C, Saillant G, Roy-Camille R. La chirurgie des
• et enfin la hernie musculaire douloureuse.
lésions musculo-aponévrotiques du membre inférieur du sportif.
Tout le problème consiste donc à évaluer le bénéfice que l’on J Traumatol Sport 1990;7:80-9.
est en droit d’attendre du traitement médical avant de poser [7] Benazet JP, Dufour C, Saillant G, Roger B, Roy-Camille R. Lésions
une indication chirurgicale. La notion de délai depuis l’accident musculaires chroniques et anciennes du membre inférieur. Imagerie
entre également en jeu ; il se chiffre le plus souvent en mois. Traumatol Sport 1991;92:78-82.
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raisonner qu’en fonction d’une récupération fonctionnelle [10] Brasseur JL, Roger B. Imagerie du muscle en radiographie standard et
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certaines grandes règles de diagnostic et de traitement permet- [11] Branser EA, El-Khoury GY, Kathol MH, Callaghan JJ, Tearse DS.
tent d’apporter une solution à la grande majorité des problèmes. Hamstring injuries: radiographic, conventional tomographic, CT, and
S’il est parfois licite de s’écarter des schémas thérapeutiques de MR Imaging characteristics. Radiology 1995;197:257-62.
sécurité en période de compétitions pour le haut niveau, cette [12] Christel P, Demarais Y, Poux D. Place du traitement chirurgical dans les
attitude n’est pas justifiée le reste du temps. lésions musculaires récentes. Sport Méd 1997;90:46-9.
Après un traumatisme musculaire récent, l’examen le plus [13] Clanton TO, Coupe KJ. Hamstring strains in athletes: diagnosis and
approprié est l’échographie. Elle permet d’apprécier l’importance treatment. J Am Acad Orthop Surg 1998;6:237-48.
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l’examen est de rechercher l’existence d’une désinsertion Lésions musculaires de l’athlète, traumatiques et microtraumatiques.
myoaponévrotique localisée (élongation), moyenne (déchirure) Méd Sport 1996;70:197-216.
ou étendue (rupture musculaire). En revanche, la contracture ne [15] Comtet JJ, Genety J, Brunet B, Brunet-Guedj E, Moyen B, Guillet R.
provoque pas de véritable lésion anatomique ; elle n’est donc Traitement chirurgical des ruptures du muscle droit antérieur chez le
sportif. Nouv Presse Med 1978;7:2387-90.
pas mise en évidence en échographie. L’échographie permet de
[16] Croisier JL, Crielaard JM. Exercices isocinétiques et accidents
suivre l’évolution d’une désinsertion, de rechercher d’éventuel-
musculaires. Rev Méd Liège 2001;56:360-8.
les complications et peut guider l’évacuation d’un hématome. [17] Croisier JL, Forthomme B, Namurois MH, Vanderthommen M,
Dans ce contexte, l’IRM a des indications plus limitées, Crielaard JM. Hamstring muscle strain recurrence and strength perfor-
compte tenu de sa disponibilité et de son coût. Le sportif de mance disorders. Am J Sports Med 2002;30:199-203.
haut niveau avec des échéances à court terme, les cas de [18] Diaz JA, Fischer DA, Rettig AC, Davis TJ, Shelbourne KD. Severe
discordance clinique/échographie et le bilan préopératoire d’une quadriceps muscle contusions in athletes: a report of three cases. Am
rupture musculaire sont en revanche des indications valables J Sports Med 2003;31:289-93.
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font préférer l’IRM à l’échographie. Nationale de la Médecine de Rééducation. JAMA 1990:23-4.

Appareil locomoteur 15
15-140-A-10 ¶ Pathologie traumatique du muscle strié squelettique

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P. Christel, Ancien professeur des Universités et chirurgien des hôpitaux de Paris (pchristl@noos.fr).
Institut de l’appareil locomoteur (IAL) Nollet, 23, rue Brochant, 75017 Paris, France.
H. de Labareyre, Médecin du sport, ancien médecin de l’équipe de France d’athlétisme.
Clinique des Lilas, Centre de traumatologie et d’imagerie du sport (CETIS), 49, avenue du Maréchal Juin, 93260 Les Lilas, France.
P. Thelen, Ancien chef de clinique assistant, radiologue.
Centre d’imagerie Nollet, 114, rue Nollet, 75017 Paris, France.
J. de Lecluse, Médecin de médecine physique et de rééducation.
Service de rééducation fonctionnelle, Hôpital national de Saint-Maurice, 14, rue du Val-d’Osne, 94410 Saint-Maurice, France.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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