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Coxarthrose et coxopathies de l’adulte.


Diagnostic et traitement
M. Lequesne

Dans cet article sont décrites, non seulement les coxopathies proprement dites : coxarthrose, coxites, etc.,
mais aussi les dysmorphies et ostéopathies qui s’expriment souvent comme une coxopathie chronique.
Un rappel sémiologique résume l’interrogatoire, l’examen physique, les choix d’imagerie et les outils
d’évaluation fonctionnelle. Les principales difficultés concernent les formes atypiques et les acquisitions
récentes telles que le conflit antérieur fémoroacétabulaire (CAFA) ou, au diagnostic différentiel, la
tendinobursite trochantérienne avec possible rupture des tendons de la « coiffe de hanche ». La notion de
facteurs de risque remplace celle de causes, ce qui ouvre aux pathologies multifactorielles à incidence
thérapeutique éventuelle. Le diagnostic différentiel comporte les affections périarticulaires, mais aussi
deux conditions souvent méconnues : la douleur « de hanche » d’origine lombaire, d’une part, et la
douleur « de hanche » d’origine artérielle, d’autre part. Les erreurs de choix d’imagerie sont soulignées.
On voit trop de coxarthroses débutantes méconnues faute de radiographies de face et de faux profil
comparatif. L’imagerie par résonance magnétique (IRM), le scanner ou l’arthroscanner sont des recours
de seconde intention, à choisir selon la ou les hypothèse(s) clinicoétiologique(s) majoritaire(s).
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Hanche ; Arthrose ; Nécrose ; Synovite ; Dysmorphies ; Conflit antérieur ;


Tendinobursite trochantérienne

Plan ¶ Arthropathies métaboliques de la hanche 16


Coxopathies de la chondrocalcinose articulaire 16
¶ Introduction 1 Coxopathie de l’hémochromatose 16
Autres coxopathies métaboliques (rares) 16
¶ Étapes de l’examen et choix d’imagerie 2
Interrogatoire 2 ¶ Ostéopathies épiphysaires à expression articulaire
Examen physique 2 (nécrose exclue : cf. supra) 16
Évaluation de la douleur et du déficit fonctionnel 2 Fractures de contrainte de la tête fémorale et du cotyle 16
Géodes « isolées » non arthrosiques de la tête fémorale (GITF)
¶ Coxarthrose 3
et du cotyle 16
Forme typique 3
Formes débutantes et atypiques 4 Autres ostéopathies épiphysaires 17
Facteurs de risque (ex. « causes ») 6 ¶ Entités diverses d’autonomie discutée 17
Évolution. Facteurs pronostiques 9 Ostéoporose transitoire de la tête fémorale
Traitement 9 (ex. « algodystrophie ») 17
¶ Conflit antérieur fémoroacétabulaire et dysmorphies causales 11 Lésions du bourrelet (labrum). Formes « isolées » ? 18
Anatomie des dysmorphies osseuses responsables et mécanisme 11 Hanche hyperostosique 18
Épidémiologie et clinique 11 ¶ Diagnostic différentiel 18
Imagerie 11 Tendinobursite trochantérienne (TBT) (ex. « périarthrite »)
Traitement 13 et rupture de la coiffe de la hanche 18
¶ Nécrose de la tête fémorale (NTF) 13 Autres bursites et tendinopathies. Hernies 18
Diagnostic positif 13 Fractures de contrainte extraépiphysaires 19
Diagnostic différentiel 13 Douleurs « de hanche » d’origine lombaire 19
Diagnostic étiologique 14 Douleurs « de hanche » d’origine artérielle 19
Pronostic 14 ¶ Conclusion 19
Traitement 14
¶ Arthrites infectieuses et inflammatoires (coxites) 14
Coxites à pyogènes 14
Coxite tuberculeuse
Coxite inflammatoire
14
15
■ Introduction
¶ Synoviopathies et capsulopathies 15 Outre la coxarthrose sont regroupées ici les coxopathies
(Ostéo-)chondromatose synoviale de la hanche (ChSH) 15 touchant un constituant de l’articulation : les dysmorphies, la
Synovite villonodulaire hémopigmentée (SVNH) 16 synoviale et/ou la capsule, l’os sous-chondral, le labrum. Les
Rétraction capsulaire (« capsulite rétractile ») 16 lésions extra-articulaires sont traitées au diagnostic différentiel.

Appareil locomoteur 1
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■ Étapes de l’examen et choix pas la même chez les rhumatologues et chez les chirurgiens
orthopédistes. Les rhumatologues évaluent successivement la
d’imagerie flexion – et trop rarement l’extension – la flexion croisée ou
flexion-adduction, les rotations externe et interne, la cuisse
L’interrogatoire, l’analyse du terrain, des antécédents et des étant à 90° de flexion sur le bassin, enfin l’abduction et
facteurs de risque divers, puis l’examen physique [1] doivent l’adduction, la cuisse fléchie à 45°. Ces quatre derniers mouve-
mener à des hypothèses diagnostiques visant à des examens ments sont explorés en extension par les orthopédistes. Douleur
complémentaires sélectionnés : pas d’imagerie par résonance et limitation peuvent être dissociées. La nécrose de la tête
magnétique (IRM) à tout va ! En pratique, on commence par fémorale, l’algodystrophie, les fractures de contrainte et la
trois radiographies : bassin de face et de faux profil, toujours coxarthrose destructrice rapide (CDR) peuvent ne comporter
comparatif droit et gauche [2]. Si aucune certitude n’en peut être que peu ou pas de réduction de mobilité. L’examen doit
tirée (coxarthrose ? dysmorphie ? nécrose ?), il faut demander toujours être comparatif, le côté indolore servant d’étalon. On
une autre imagerie et une biologie selon les hypothèses majori- mesure l’hypotrophie musculaire homolatérale. En l’absence de
taires (Tableau 1). De plus, quel que soit le diagnostic, il faut limitation de mobilité, le testing tendineux (contractions
savoir évaluer le niveau de la douleur et de la gêne fonction- résistées diverses), la palpation de l’aine (hernie ? kyste ?) et des
nelle pour choisir le meilleur traitement et assurer une base principales aires osseuses sont indispensables.
valable au suivi ultérieur. Une limitation douloureuse dans presque tous les azimuts fait
supposer une coxopathie : arthrose, nécrose, synoviopathie, etc.
Interrogatoire Mais, à l’opposé, si la douleur et/ou la limitation sont
majoritairement ou exclusivement recréées par une seule
« J’ai mal à la hanche »... Nombre de lombalgies à projection manœuvre, cela soulève des hypothèses bien différentes [1], par
latérale basse sont ainsi baptisées. En rhumatologie, il faut exemple : tendinobursite trochantérienne si seule (ou presque)
exiger d’emblée un geste du patient debout désignant du doigt la rotation externe est douloureuse, ou conflit antérieur fémo-
la région douloureuse et les irradiations. Une douleur de hanche roacétabulaire si la flexion forcée est électivement douloureuse.
est habituellement antérieure ou latérale, souvent rétrotrochan-
térienne, rarement purement postérieure (fessière) ou interne Évaluation de la douleur et du déficit
(obturatrice) ; elle irradie souvent à la cuisse, au genou, sites
parfois ressentis comme seuls atteints. On fait préciser son mode
fonctionnel
de début, son ancienneté, son évolution (intermittente ou Les décisions thérapeutiques dépendent de multiples facteurs :
quotidienne et depuis quand ?), son rythme nycthéméral, son diagnostic, âge, sexe, profession, antécédents, comorbidité, etc.,
soulagement par tel traitement déjà tenté. mais deux ont une importance particulière, notamment pour le
Enfin, dans le recueil des antécédents, on peut déjà s’enquérir choix du traitement : ce sont le degré de douleur et de gêne
d’un possible fil d’Ariane étiologique : facteurs de risque de fonctionnelle. La douleur est évaluée sur la classique échelle
coxarthrose, de nécrose (cf. infra), ou de fracture de contrainte visuelle analogique (EVA) de 10 cm cotée de 0 à 100. La gêne
par insuffisance osseuse. fonctionnelle peut être mesurée soit par l’indice algofonction-
nel [4] (Tableaux 2 et 3), soit par le WOMAC (Western Ontario
Examen physique and Mcmaster Universities), [6] soit par une échelle écrite de
handicap autoévalué à 12 items [5]. L’avantage du WOMAC est
L’examen physique se fait successivement sur le sujet debout, qu’il peut être renseigné par le patient par écrit, mais après
marchant et en décubitus. Debout, on recherche une attitude explications. L’avantage de l’indice algofonctionnel est sa valeur
vicieuse irréductible en flessum ou en rotation externe de cuisse, pour l’indication opératoire (Tableau 3) : à 12 points plus ou
plus rarement en abduction ou adduction et l’on évalue la moins 2 points malgré un traitement conservateur valable, la
trophicité musculaire de fesse et de cuisse. Sur le sujet en prothèse totale de hanche est généralement justifiée [5]. L’échelle
marche, outre la boiterie, il faut dépister la réduction du pas écrite à 12 items que nous utilisons couramment (Tableau 4)
postérieur, qui diminue l’amplitude des enjambées. doit être lue par le malade qui choisit l’item adéquat. Son
En décubitus, on recherche la limitation et la douleur lors de niveau de « handicap » peut moduler ou relativiser le score de
la mobilisation passive de la hanche dans tous les azimuts et/ou l’indice algofonctionnel, selon les composantes de sa vie
des signes spéciaux évoquant tel diagnostic particulier. La personnelle. Elle est préférable à l’EVA de handicap sur 100 mm.
séquence des mouvements passifs explorés de la hanche n’est Selon notre expérience, les patients perçoivent mieux la

Tableau 1.
Principales causes de hanche douloureuse à radiographie normale ou non probante [3].

Ancienneté de la douleur Hypothèse Que faire


1. Quelques mois ou années Coxarthrose à cliché de face sans pincement Faux profil comparatif D/G
Coxarthrose radiomuette Arthro-TDM
Dysplasie et/ou coxa valga « limite » Coxométrie sur face et faux profil
Conflit antérieur coxofémoral (CAFA) Profil de Ducroquet, arthro-TDM ou arthro-IRM
Lésion du bourrelet Arthro-TDM plutôt qu’arthro-IRM, arthroscopie
Chondromatose synoviale non calcifiée Arthro-TDM ou arthro-IRM
Synovite villonodulaire (rare) Arthro-TDM ou arthro-IRM
Capsulite rétractile (rare) Arthrographie avec mesure de la capacité articulaire
Ostéome ostéoïde (cotyle ou fémur) (rare) Scintigraphie, puis TDM

2. Quelques semaines ou mois Ostéonécrose débutante IRM


Coxite infectieuse Ponction et analyse du liquide synovial
Tendinobursite trochantérienne Tests cliniques et échographie, voire IRM
Fracture de contrainte Scintigraphie, puis IRM
Algodystrophie IRM
Tumeur osseuse primitive ou métastase débutante Scintigraphie ou IRM d’emblée
Épanchement sous tension articulaire ou kystique Échographie ou IRM, ponction
TDM : tomodensitométrie ; IRM : imagerie par résonance magnétique ; D : droite ; G : gauche.

2 Appareil locomoteur

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Tableau 2. différence entre niveau de douleur et niveau du handicap si les


Indice algofonctionnel des coxopathies [4].
présentations d’échelles sont différentes : l’une visuelle, l’autre
Symptôme Points
écrite. Cette échelle est indispensable pour l’évaluation du
.
déficit fonctionnel chez le sujet jeune, notamment le sportif : le
I. Douleur ou gêne (absente = 0) handicap autoévalué y est légitimement plus marqué du fait de
A. La nuit, au lit : l’activité locomotrice et des efforts propres à l’âge.
– seulement en remuant ou selon posture 1
– même immobile : durable 2

B. Lors du dérouillage matinal :


– pendant 1 à 15 minutes
– pendant plus de 15 minutes
1
2
“ Point fort
Les erreurs courantes à éviter [1]
C. Lors de station debout ou piétinement 1/2 h 1
• Omettre de faire désigner du doigt le(s) site(s) de la
D. Lors de la marche : douleur.
– seulement après une certaine distance 1 • N’examiner que la hanche douloureuse.
– très rapidement et de façon croissante 2 • Ne demander qu’un faux profil : il faut le côté indolore
comme étalon.
E. Lors de la station assise prolongée : 2 heures 1 • Demander d’emblée une tomodensitométrie ou une
IRM ou une scintigraphie en oubliant la radiographie face
II. Périmètre de marche maximal (en acceptant douleur
ou gêne) :
et faux profil qui suffit presque toujours dans les
coxarthroses, diagnostic le plus fréquent.
– limité mais supérieur à 1 km 1
• Ignorer le conflit antérieur de hanche chez le jeune
– environ 1 km (environ 15 minutes) 2
adulte à radiographie « subnormale ».
– 500 à 1 000 m (environ 8 à 15 minutes) 3
– 300 à 500 m 4
– 100 à 300 m 5
– moins de 100 m 6
– une canne ou une canne anglaise nécessaire 1
■ Coxarthrose
– deux cannes ou deux cannes anglaises nécessaires 2 La prévalence de la coxarthrose chez les Occidentaux de plus
a
de 55 ans est de l’ordre de 3 % à 10-12 %, variable d’une étude
III. Difficultés dans la vie quotidienne pour :
à l’autre. Elle est au moins deux fois plus rare que la gonarth-
– atteindre le pied pour enfiler la chaussette 0à2 rose, et à peine plus fréquente chez la femme que chez
– ramasser debout un objet à terre 0à2 l’homme. Son incidence est de 48 à 88 pour 100 000 personnes
– monter et descendre un étage 0à2 par an [7]. Elle est bilatérale dans près de 45 % à 50 % des cas,
– entrer ou sortir d’une voiture, d’un fauteuil 0à2 au moins après quelques années d’évolution.
a
Cotation : pas de difficulté = 0 ; difficulté petite = 0,5 ; moyenne = 1 ; importante
= 1,5 ; impossible = 2. Forme typique
Le diagnostic en est généralement facile, sauf dans certaines
formes débutantes.
Tableau 3.
Signification du score de l’indice algofonctionnel[4, 5]. Signes fonctionnels
Score Degré de gêne C’est essentiellement la douleur qui amène à consulter,
≥ 14 points Extrême parfois la boiterie, rarement l’enraidissement. Douleur progres-
11, 12, 13 points Très important sive, souvent intermittente pendant des mois ou des années,
8, 9, 10 points Important puis quotidienne, rarement brusque ou rapide. Son site ? Le
verbe est souvent trompeur. Il faut demander au patient debout
5, 6, 7 points Moyen
d’en désigner du doigt le siège et les irradiations. Elle est
1 à 4 points Modeste habituellement inguinale et/ou postéroexterne, rétrotrochanté-
rienne, mais rarement située en pleine fesse. Elle irradie à la
cuisse (face antérieure ou externe, rarement interne ou posté-
rieure) jusqu’au genou et parfois à la face antérieure ou externe
Tableau 4. de la jambe. Elle peut se limiter au seul genou (5 % à 10 % des
Échelle écrite de handicap autoévalué à faire cocher par le patient [5]. cas), d’où la règle classique : « toute douleur du genou sans
Compte tenu de votre gêne dans votre vie de travail, de loisirs, de atteinte décelable de ce dernier doit faire examiner la hanche ».
famille, votre handicap vous paraît-il : La douleur revêt un rythme mécanique, selon l’activité ou tel
mouvement, telle posture. À ce titre, elle peut survenir la nuit,
Nul ? ou encore en position assise prolongée (20 % des cas) [8]. Une
Minime ? douleur nocturne durable est possible (stase vasculaire ou
Entre minime et modeste ? épanchement abondant).
Modeste ?
Entre modeste et moyen ? Signes physiques
Moyen ? Il faut examiner le patient en position debout, en marche, en
Entre moyen et important ? décubitus dorsal puis ventral. L’attitude irréductible dite vicieuse
Important ? de la cuisse sur le bassin se fait le plus souvent en flessum et
Entre important et très important ? rotation externe, rarement en abduction ou adduction légère. La
Très important ? perte de l’extension normale (5° à 10°), le flessum entravent le
pas postérieur ou arrière-pas. En décubitus, les trois mouve-
Entre très important et extrême ?
ments passifs le plus tôt limités sont la flexion croisée (qui
Extrême ?
rapproche le genou du mamelon du côté opposé), la rotation

Appareil locomoteur 3
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1
2 5
6

2’
7
2
8
Figure 2. Coxarthrose commune. Face : pincement supéroexterne de
l’interligne, condensation et géodes sus-jacentes et ostéophytes : double-
fond, rebord de la tête fémorale, hamac sous-cervical.
3 4

V a
Figure 1. Les quatre signes radiographiques de la coxarthrose. 1
Ostéophytose. 1. Avant-toit ; 2. ostéophytose marginale céphalique, qui
est la coupe optique de la collerette péricapitale (2’) ; 3. hamac ostéophy- 2
tique sous-cervical ; 4. seuil ; 5. double-fond ; 6. ostéophytose périfo- 9
véale ; 7. ostéophytose d’enfouissement du cartilage inféro-interne ; 2’
3 C
8. corne bordante.
Pincement de l’interligne (ici supéroexterne). 10
4
Ostéocondensation.
Géodes. 5
6

interne et l’extension (recherchée en décubitus ventral). La


7
douleur en fin de course est habituelle, mais non constante.
L’amyotrophie de la cuisse doit être mesurée. 8

Radiographie
A
Le diagnostic de coxarthrose est facile parce que la douleur
est le plus souvent en retard sur les lésions, qui sont de quatre
types, se combinant en proportions très variables : l’ostéophy-
tose, le pincement de l’interligne, l’ostéocondensation, les
géodes (Fig. 1). Théoriquement, la lésion du cartilage est
première en date et il devrait en être de même de sa traduction
radiographique, le pincement de l’interligne. En fait, celui-ci est
souvent soit discret, (à comparer au coté sain), soit antérosupé-
rieur ou postérieur (faux profil seul probant), soit même
réellement absent, de sorte que la réaction osseuse en marge de
la chondropathie, c’est-à-dire l’ostéophytose, apparaît plus nette
et beaucoup plus précoce. C’est ce qui a été bien intégré dans
les critères de l’American College of Rheumatology (ACR) pour
la classification de la coxarthrose [9]. Cependant, ces critères
sont critiquables parce que, faute de faux profil, ils ne compren-
nent que les pincements visibles de face et parce que les formes
atypiques, souvent, n’y satisfont pas. De face, le pincement de
l’interligne est supéroexterne (Fig. 2), supérieur global ou
supéro-interne. Sur le faux profil (Fig. 3), le pincement est
Figure 3.
souvent plus précoce, antérosupérieur (Fig. 4) ou postérieur [2].
A. Schéma du faux profil normal. L’interligne s’épaissit d’arrière en avant.
Ce faux profil est utile même dans la coxarthrose avérée de face
Le toit antérieur (a) couvre la tête selon un angle de 25° au moins. Les
pour préciser le degré de migration antérieure de la tête
repères principaux sont : 1. toit ; 2. tête fémorale ; 3. bord supérieur du
fémorale (Fig. 4B), très fréquent, et surtout pour saisir avant le
grand trochanter ; 4. corne postérieure ; 5. bord postérieur ; 6. col du
stade douloureux une coxarthrose débutante controlatérale (cf.
fémur ; 7. petit trochanter ; 8. ischion ; 9. bord antéro-interne du cotyle ;
infra), qui pourrait modifier le pronostic et le traitement.
10. angle pubien. La distance entre les deux silhouettes céphaliques 2 et 2’
L’ostéocondensation et les éventuelles géodes (inconstantes :
doit être au plus égale au diamètre de la tête cible (tête-table radio-
30 % à 50 % des cas) se forment dans la zone d’hyperpression
logique).
osseuse, de part et d’autre du pincement de l’interligne.
B. Faux profil normal. Gradient habituel : l’interligne est plus épais en haut
et en avant.
Formes débutantes et atypiques
Coxarthrose débutante [3]
Pour assurer le diagnostic, il est plus confortable de constater, 58 dans l’étude princeps [2]. Sur ces 22 cas, le faux profil révélait
associé à une ostéophytose non toujours probante, un pince- le pincement 16 fois, soit dans trois cas sur quatre. Il est le plus
ment de l’interligne. Or, ce dernier est douteux ou absent sur le souvent antérosupérieur (Fig. 3, 4), plus rarement postérieur (cf.
cliché de face dans près d’un tiers des cas au début : 22 cas sur infra). Il ne manquait que dans 10 % des cas si l’on combinait

4 Appareil locomoteur

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Figure 5. Arthrographie : ulcération chondrale circonscrite. Sportif de


45 ans. Hanche douloureuse depuis 1 an. Radiographie : ni pincement, ni
ostéophytose.
A. L’arthrographie de face est normale.
B. Seul le faux profil montre l’ulcération cartilagineuse cotyloïdienne
antérosupérieure dans laquelle se niche une flaque de liquide de
Figure 4. Coxarthrose débutante avec cliché de face non probant. Faux contraste.
profil.
A. Le caractère isoépais de haut en bas de l’interligne indique déjà un
pincement antérosupérieur : perte du gradient (cf. Figure 3).
B. Pincement antérosupérieur net, surmonté d’une géode du cotyle ;
subluxation antérieure de la tête. “ Point fort
Pour le diagnostic de coxarthrose au début :
• l’IRM est presque toujours superflue ;
“ Point important • la radiographie ± l’échographie (épanchement, kyste)
suffisent ;
• mais les critères de l’ACR [9] sont incomplets : pas de
Critères de l’American College of Rheumatologists faux profil ;
(ACR) pour la coxarthrose [9] • or, le faux profil montre un pincement de l’interligne
Douleur de hanche et 2 des 3 critères suivants : antérosupérieur ou postérieur dans les trois quarts des cas
• vitesse de sédimentation < 20 mm/h restant douteux de face ;
• ostéophytes fémoraux ou acétabulaires • à condition d’être comparatif : il faut exiger le cliché
• pincement de l’interligne (supérieur axial ou interne) controlatéral.
Dans les cas douteux, l’ostéocondensation et/ou les
géodes prédominantes peuvent conforter le diagnostic de
face et faux profil [2]. Pour interpréter correctement le pince- coxarthrose débutante.
ment de l’interligne, il faut toujours comparer au côté sain. Si
cette référence manque (coxarthrose ou prothèse totale contro-
latérale), il est utile de retenir que l’interligne normal forme
habituellement un segment de croissant (gradient de l’interli- (TDM) : arthrographie avec incidences variées et faux profil, ce
gne) : de face, dans 85 % des cas, il est un peu plus épais en dernier étant parfois seul probant, à la recherche d’une chon-
dehors (aire supéroexterne) [10] ; sur le faux profil, son gradient dropathie a minima : amincissement du cartilage supérieur ou
est plus net : il s’épaissit régulièrement de sa partie postérieure ulcération chondrale circonscrite (Fig. 5), que la substance de
à sa partie antérosupérieure [2] (Fig. 3) sauf dans certaines contraste pénètre d’autant mieux que l’on a mobilisé la hanche
protrusions acétabulaires non arthrosées. Ce cas mis à part, un et fait marcher le patient, puis arthroscanner avec reconstruc-
interligne isoépais en faux profil est généralement déjà patho- tions dans différents plans. L’arthro-IRM livre des images
logique (Fig. 4), signifiant un début de pincement antéro- chondrales hélas moins nettes que l’arthro-TDM.
supérieur.
Quant à l’ostéophytose, dans la coxarthrose incipiens, elle fait Coxarthrose destructrice rapide (CDR) [12, 13]
défaut dans la même proportion (10 % [11]) que le pincement de Définie radiographiquement (cf. infra), la CDR touche des
l’interligne tel que défini ci-dessus. Dans la majorité des cas, sujets de 45 à 80 ans (moyenne 65 ans) et prédomine chez la
l’ostéophytose est présente au début et nous l’avons ainsi femme : 70-80 %. La douleur est généralement disproportionnée
dénombrée : (par exemple, cotée entre 50 et 80) par rapport à une mobilité
• périfovéale (58 %) ; passive encore peu limitée, et à une image de coxarthrose peu
• double-fond, au moins ébauché (52 %) ; ou moyennement évoluée : pincement de l’ordre d’un quart à
• marginale péricapitale supéroexterne (43 %) et inféro-interne trois quarts de l’interligne supérieur, supéroexterne ou supéro-
(31 %) ; interne, ostéophytose pauvre ou absente (Fig. 6A). Cette poussée
• corne bordante et/ou avant-toit (33 %) [11]. algique précoce doit évoquer la CDR et faire demander une
L’ostéophytose manque souvent dans la CDR. À l’inverse, elle échographie, une vitesse de sédimentation pour éliminer la
peut être vue comme « sénile », stable, sans arthrose évolutive coxite (elle est cependant accélérée au-dessus de 20 mm dans
chez des sujets âgés. 20 % à 30 % des CDR [12] et surtout un nouveau cliché de face
et faux profil 2 à 6 mois plus tard (Fig. 6B). La CDR regroupe
Coxarthrose radio-muette [3] aujourd’hui la forme rapide : pincement de 2 mm par an et
Dans quelques rares cas, la hanche est douloureuse, le terrain davantage [13], et la forme semi-rapide : pincement de 1 à 2 mm
ou les facteurs de risque sont ceux de l’arthrose, mais les signes par an au lieu de 0,25 mm dans la forme commune. Sur le
radiographiques manquent, même sur le faux profil dûment cliché à 3 ou 6 mois du précédent, on recherche une dégrada-
comparatif. Nous en avons observé plusieurs exemples, notam- tion de 1/4 à 1/2 mm, constituant le minimum de chondrolyse
ment chez les sportifs de haut niveau. L’examen essentiel est rapide attendue pour le délai considéré. Elle est souvent
alors l’arthrographie couplée à l’arthrotomodensitométrie beaucoup plus importante (Fig. 6B).

Appareil locomoteur 5
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Figure 7. Coxarthrose postérieure invisible de face. Faux profil : pince-


Figure 6. Coxarthrose destructrice rapide multifactorielle : en six mois,
ment postéro-inférieur avec ostéophytose de la corne postérieure, sous la
le pincement de l’interligne est subtotal. Il s’agit souvent de femmes âgées
tête fémorale.
et de chondrocalcinose sous-jacente, visible seulement à d’autres articu-
lations : genoux, pubis.

35-40 ans. Elle est soit primitive, soit secondaire à une protru-
Tableau 5. sion acétabulaire franche ou fruste (coxa profunda) ou à une
Coxarthrose à douleur disproportionnée eu égard au cliché de face. rétroversion du col fémoral. Elle est volontiers plus enraidissante
S’enquérir de Par que la forme commune et entraîne souvent un flessum pro-
noncé. Sur le cliché de face, le pincement est soit absent, soit
Pincement antérosupérieur ou Faux profil droit et gauche supéro-interne et l’ostéophytose paraît prédominante. Il existe
postérieur comparatif
parfois un élargissement de l’interligne supéroexterne. En fait,
Épanchement sous pression ou Échographie de préférence à IRM ce sont là des images tardives. Dans la série princeps [2], l’image
bursite du psoas (coût)
de face était subnormale, non probante ou même normale dans
Coxarthrose destructrice rapide Clichés répétés à 2-3 mois plus de la moitié des cas et le faux profil révélait dès le début le
Ulcération ou amincissement Arthrographie couplée à l’arthro- trait majeur : le pincement de l’interligne postéro-inférieur ou
chondral localisé TDM postérieur et/ou l’ostéophytose de la corne postérieure (Fig. 7).
Hyperpathie Terrain somatisant L’évolution de la coxarthrose postérieure est, dans un tiers des
IRM : imagerie par résonance magnétique ; TDM : tomodensitométrie. cas, émaillée de douleurs fulgurantes plus ou moins espacées
avec parfois sensation de blocage (cf. infra), mais le « fond
douloureux » est en règle moins marqué que dans les coxarth-
roses à pincement supérieur, et l’évolution y est souvent plus
L’IRM montre un épanchement, un œdème osseux et parfois lente, longtemps non chirurgicale.
des images de fractures sous-chondrales [14]. Il faut éliminer
l’arthrite infectieuse par la ponction et l’analyse du liquide. La Coxarthroses à douleurs atypiques [8]
recherche de la chondrocalcinose articulaire (CCA) s’impose
devant une CDR. Elle est en cause dans près d’un tiers des cas Outre la douleur disproportionnée, on observe parfois des
pour Menkès et al. [15]. On recherche le liseré opaque caractéris- douleurs posturales insolites. La douleur en position assise,
tique sur la hanche controlatérale, le pubis. D’autres facteurs paradoxale, oblige certains patients à terminer leur repas
favorisants de CDR ont été trouvés : surmenage locomoteur debout. Chez d’autres, c’est l’adduction qui est intolérable, ou
(50 %) et excès pondéral associé ou isolé (25 %) [13]. une autre position plus complexe.
L’évolution de la CDR comporte une ostéolyse rapide qui suit Les douleurs fulgurantes, brusques, brèves (quelques secondes),
la chondrolyse et ovalise la tête fémorale et/ou rehausse le toit déclenchent une sidération musculaire par réflexe proprioceptif.
du cotyle. Il n’y a pas de traitement médical validé pour ralentir Les patients parlent de blocage ou de « paralysie ». Tantôt
l’évolution. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et la fréquentes, tantôt espacées, elles surviennent généralement au
privation d’appui peuvent diminuer la douleur pour quelque cours de la marche rapide, lors d’un faux-pas ou d’un change-
temps. Le pronostic de la CDR est mauvais. De plus, elle devient ment de position. Elles sont parfois inopinées. Elles disparais-
bilatérale dans un quart des cas [12]. Dans l’ensemble, plus le sant souvent après quelques mois ou années [8].
pincement de l’interligne est rapide, plus grandes sont les Les blocages vrais sont très rares. Ils sont quasi indolores,
. chances d’aggravation obligeant à une prothèse totale de résultant peut-être d’un réflexe d’évitement de la douleur
hanche (PTH) dans les 3 ans qui suivent, ce qu’a bien montré fulgurante, car les causes déclenchantes sont analogues. Le
l’étude prospective de Dougados et al. sur 428 coxarthroses [16]. patient se « débloque » au prix de quelques mouvements
Les résultats des PTH pour CDR semblent très proches de précautionneux.
ceux obtenus dans la coxarthrose commune. À l’examen
anatomique, les lésions sont celles de l’arthrose, avec une Facteurs de risque (ex. « causes ») [19-22]
synoviale hyperplasique, macrophagique, très vascularisée [17].
La notion de facteurs de risque (FR) est plus fructueuse que
Un cas particulier est celui de la nécrose fémorocapitale avec
celle d’étiologie. Sa dénomination même rappelle que tous
une chondrolyse rapide presque contemporaine [18], de très
doivent être recherchés (Tableau 6) et que plusieurs peuvent être
mauvais pronostic fonctionnel. Enfin, notons qu’il existe, outre
associés. Elle est à la base des enquêtes comparatives cas-
la CDR, d’autres causes de douleur de hanche disproportionnée
témoins ou de cohorte permettant d’en chiffrer l’impact : risque
(Tableau 5).
relatif (RR) ou risque relatif estimé (RRE) (anglais : odds ratio) de
Coxarthrose postérieure [3, 8] chaque FR. De plus, certains FR peuvent être dépistés avant
l’arthrose, ce qui favorise des mesures préventives. La radiogra-
La coxarthrose postérieure compte pour 7 % à 10 % des phie sous les yeux, on peut commencer par y rechercher les FR
coxarthroses, prédomine chez la femme et peut débuter dès morphologiques.

6 Appareil locomoteur

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Coxarthrose et coxopathies de l’adulte. Diagnostic et traitement ¶ 14-308-A-10

Tableau 6.
Facteurs de risque de coxarthrose [23, 24].
V
I. Quatre à rechercher sur les radiographies
Dysplasie et subluxation congénitales H T
Protrusion acétabulaire
Caput varum (séquelle d’épiphysiolyse)
C
Dysmorphies variées, sources de conflit antérieur de hanche
II. Quatre recueillis par l’interrogatoire
C’
Héritabilité : cas familiaux
Activités sportives, passées, présentes
Activités professionnelles : passées et présentes
Traumatisme
Les facteurs nouveaux ou réévalués sont en italique. D

Figure 8. Angles « frontière » entre hanche normale, hanche limite et


Tableau 7.
[10, 26]. dysplasique : HTE : 12° ; VCE : 20°, CC’D ; 140°. En strié : la butée
Angles fondamentaux de l’architecture de la hanche
corrigeant l’insuffisance cotyloïdienne éventuelle et le coin fémoral de
Hanche Normale Dysplasique soustraction interne permettant l’ostéotomie de varisation corrigeant la
Radiographie de face coxa valga éventuelle.
Angle de couverture de la tête (VCA) ≥ 20° < 20°
Angle d’obliquité du toit (HTE) ≤ 13° > 13°
Angle cervicodiaphysaire (CC’D) ≤ 142° > 142°
Faux profil
Angle de couverture antérieure (VCA) ≥ 20° < 20°
TDM vues axiales
Angle d’antéversion du col 7° à 25° > 25°
TDM : tomodensitométrie.

Facteurs de risque à rechercher


sur les radiographies
Dysplasie et subluxation congénitales
Figure 9. Protrusion acétabulaire : débord important de l’arrière-fond
La dysplasie demeure une des trois ou quatre causes fréquen- en dedans de la ligne ilio-ischiatique. Coxarthrose débutante : ostéophy-
tes de coxarthrose, à côté de certains sports, de l’hérédité et tose périfovéale et inféro-interne.
peut-être du conflit antérieur de hanche. Chez les sujets de
moins de 50 ans, seuls ce dernier et la dysplasie peuvent faire
l’objet d’une chirurgie étiologique correctrice précoce capable de série témoin (sujets non arthrosiques) n’en comportant que
ralentir ou de stabiliser l’arthrose débutante [25]. La subluxation 1 %, différence hautement significative : p < 0,0001 [20, 28].
congénitale, devenue rare, est séparée de la dysplasie par une Autre série témoin probante, notre étude de 223 sujets sans
. limite convenue : le cintre cervico-obturateur est disjoint dans douleur de hanche nous a révélé huit dysplasies sur 446 han-
l’une, conservé dans l’autre. Ces malformations sont composées ches, soit 1,8 % ou encore huit cas sur 223 sujets, soit 3,6 % [10].
en proportions très variables d’une insuffisance cotyloïdienne : Une étude danoise transversale cas-témoins, de 2 232 femmes et
toit trop court, trop oblique en haut et en dehors, couvrant 1 336 hommes, confirme cette proportion : 3,4 % de dysplasie
insuffisamment la tête en dehors (angle VCE) (Fig. 6A) et en hors arthrose. De plus, elle montre que la dysplasie est statisti-
. avant (angle VCA) et d’une malfaçon fémorale : angle col- quement liée à la coxarthrose dans les deux sexes de façon
diaphyse ML’D trop obtus (coxa valga) et/ou antéversion significative : p < 0,001. Enfin, une enquête prospective, portant
exagérée du col. sur 835 hommes et femmes de plus de 55 ans (âge moyen : 65
Le Tableau 7 et la Figure 8 rappellent les limites entre hanche ± 6,5 ans) sans coxarthrose au départ (Rotterdam study) constate
normale et dysplasie franche [10]. Cette dernière est presque 9 % de coxarthroses au terme de 6,6 ans de suivi en moyenne.
toujours coxarthrogène avant l’âge de 65 ans, et souvent dès Parmi ces sujets, ceux ayant une dysplasie (angle VCE inférieur
35-45 ans. La mesure des angles est faite soit par le radiologue, à 25°) ont un risque relatif de coxarthrose plus élevé : il est de
soit par le spécialiste à l’aide d’un arthromètre validé pour 4,3 par rapport aux arthrosiques sans dysplasie, cela indépen-
clichés standards et réduits jusqu’à 50 % [26]. damment de l’âge et du sexe [23].
Les travaux anciens sont cohérents entre eux concernant le
rôle de la dysplasie : elle est la cause de l’arthrose dans 24 %, Protrusion acétabulaire congénitale
25 %, 30 % et 20 % des cas en Europe [21] et jusqu’à 30 % ou Schématiquement, c’est, à l’inverse de la dysplasie, une tête
40 % aux États-Unis [19]. Trente-deux hanches dysplasiques fémorale trop enchâssée dans un cotyle trop profond, celui-ci
suivies par Cooperman [27] pendant 22 ans deviennent arthro- ainsi défini : débord de l’arrière-fond cotyloïdien en dedans de
siques dans 22 cas, mais, après un délai très variable, sans la ligne ilio-ischiatique de plus de 5 mm chez la femme et de
corrélation « effet-dose de malformation ». La coxa valga isolée plus de 3 mm chez l’homme (Fig. 9). Elle n’est pas congénitale
est rarement arthrogène, sauf si elle est très marquée (145°- et ne peut être affirmée qu’à la fin de la croissance. Elle
150°) ou associée – ce qui est fréquent – à une hyperantéversion prédomine largement chez la femme. La protrusion franche est
du col fémoral de 35° et au-delà, à mesurer par TDM. présente dans 5 % à 8,6 % des coxarthroses dans les cinq
La responsabilité coxarthrogène de la dysplasie est attestée principales séries européennes [29]. Elle n’est guère mentionnée
par de nombreux travaux. Dès 1981, nous faisions état de 20 % dans les études anglo-saxonnes, alors que la coxarthrose sur
de dysplasies dans 200 cas consécutifs de coxarthroses avec une protrusion est souvent très gênante chez la femme dès la

Appareil locomoteur 7
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14-308-A-10 ¶ Coxarthrose et coxopathies de l’adulte. Diagnostic et traitement

“ Point important
Dépister le conflit antérieur fémoroacétabulaire
C’ C (CAFA)
C”
• Le connaître. Y penser...
• Fléchir la hanche cuisse en rotation interne
• Mieux scruter le cliché du bassin : caput varum ?
protrusion ? signe du 8 ?
• Demander un profil de Ducroquet : voussure jonction
A tête-col ?
• Si le CAFA est probable : arthro-TDM ou arthro-IRM
Figure 10.
A. Caput varum, séquelle d’un glissement épiphysaire modéré de l’ado-
lescence. Céphalolisthésis : le centre C de la tête fémorale est décalé sous
l’axe du col C’-C’’.
Rotterdam study, les femmes atteintes d’arthrose des doigts ont,
B. Sur la radiographie, il s’y ajoute une voussure de la jonction tête-col,
avec un recul moyen de 6 ans, trois fois plus de chances (RR
facteur de conflit fémoroacétabulaire (voir figure 12).
= 3) d’avoir une coxarthrose [32]. Au total, malgré certaines
études négatives [23], la prédisposition génétique à la coxarthrose
est très probable.
tranche d’âge de 30 à 50 ans (au cours de l’activité sexuelle
notamment). Or, la responsabilité de la protrusion paraît bien Activité sportive de compétition
confirmée par son absence dans les séries témoins [10, 20].
Il y a trois voies qui peuvent créer la coxarthrose chez le
Caput varum-retrorsum (ex-coxa vara des adolescents) sportif :
C’est la séquelle d’un glissement épiphysaire fémoral, le plus • le sport lui-même, par hyperutilisation dépassant la résistance
souvent passé inaperçu (asymptomatique) dans l’adolescence. du cartilage ;
Ce caput varum est dit aussi retrorsum parce qu’il comporte un • l’association d’une dysplasie ;
glissement non seulement inféro-interne, mais aussi postérieur • l’association d’un CAFA, mais les enquêtes générales font
de la tête par rapport à l’axe du col. Il est retrouvé dans la rarement le distingo à cet égard.
40 % [22], 39 % [19] et 15 % [20] des cas dans les principales séries Certains sports de compétition, et même d’amateur, mais
de coxarthrose. Le caput varum est assez fréquent chez ceux qui pratiqués dès l’adolescence à un bon niveau pendant de nom-
furent très sportifs ou travailleurs de force durant l’adolescence. breuses années, sont une cause indiscutable de coxarthrose. Une
Il peut se mesurer à l’aide de l’arthromètre : de face, le centre C revue générale l’a confirmé [33]. Les compétiteurs professionnels
de la tête est à plus de 1,5 mm au-dessous de l’axe du col et/ou amateurs (sports de course, de sauts ou sports avec impacts
(Fig. 10A). Le caput varum-retrorsum diminue le dénivelé ou répétés), ont, après en moyenne 10-20 ans de pratique, deux à
« offset » tête fémorale-bord antérieur du col, ce qui en fait une quatre fois plus de coxarthroses que la fréquence retrouvée dans
dysmorphie génératrice potentielle de conflit antérieur fémo- la population générale (RRE : 2-4) [24]. L’étude des compétiteurs
roacétabulaire (CAFA) (Fig. 10B). C’est probablement là que d’élite est démonstrative. Vingt anciens handballeurs profession-
réside son mécanisme coxarthrogène. nels (37-54 ans) ayant pratiqué pendant en moyenne 15 ans ont
une prévalence de 60 % de coxarthroses contre 13 % chez
Dysmorphies diverses : déformations de la tête, du col, 39 témoins [34]. Comme l’avait déjà montré Tim Spector, pour
du cotyle, conflit antérieur fémoroacétabulaire un degré analogue de coxarthrose, la douleur est moindre chez
La coxa plana, tête ovale sur col court, séquelle d’une les grands sportifs que chez ceux qui pratiquent peu ou pas [24].
ostéochondrite de l’enfance ou maladie de Legg-Perthes-Calvé, Des études cas-témoins comme celle de Vingard et al. ont bien
n’est retrouvée que dans 1 % à 2 % des coxarthroses. D’autres démontré, à la fois chez l’homme et chez la femme, l’influence
malfaçons acquises créant une tête plus ou moins déformée sur néfaste du sport pratiqué intensivement, avec un effet-dose net.
col court (ancienne coxite, coxopathie hémophilique ou Ainsi, chez les hommes ayant été opérés d’une PTH pour
traumatisme de l’enfance) peuvent en être rapprochées égale- coxarthrose, le RR de PTH est-il directement corrélé au niveau de
ment dans environ 2 % des cas [20] . Les principaux ajouts l’activité sportive : il est de 4,5 (2,7-7,6) pour un haut niveau et
récents apportés aux FR concernent les coxarthroses de l’adulte de 2,6 (1,5-4,5) pour un niveau moyen [35]. Un travail dur ajouté
jeune, généralement avant 50 ans et ressortissent aux dysmor- au sport peut hausser le risque relatif jusqu’à 8 [24, 33, 35].
phies particulières, fémorales ou cotyloïdiennes, génératrices de Certains sports avec des impacts répétés comme le football, le
conflit antérieur fémoroacétabulaire (CAFA), diagnostic qu’il ne volley-ball, le hand-ball, le basket, le rugby, le tennis, les courses
faut pas manquer, et à l’activité sportive, les deux étant souvent de longue distance, les courses de haies, les lancers de poids, le
associés. judo, le karaté et la danse sont les plus à risque de coxarthrose.
Une dysplasie sous-jacente contribue à aggraver le risque
Facteurs de risque à évaluer par l’interrogatoire arthrogène du sport. Ainsi, Revel et al. ont évalué la prévalence
de la coxarthrose chez les danseurs de plus de 40 ans à 17,5 %,
Hérédité mais, chez ceux qui avaient une hanche limite ou franchement
Dès 1986, une enquête suédoise mettait en lumière ce facteur dysplasique, cette prévalence culminait à 80 % [36]. Selon notre
de risque (FR) jusque-là méconnu. Parmi 289 germains (c’est-à- expérience, l’hérédité associée au sport ou à un travail de force
dire de la même fratrie) de 224 sujets ayant subi une PTH pour est une autre association à risque majoré.
coxarthrose, 8 % étaient eux-mêmes coxarthrosiques, contre
Activité professionnelle locomotrice
3,8 % dans un groupe témoin apparié en sexe et en âge (p
< 0,05) [30]. Chez les parents au premier degré de coxarthrosi- Les professions comportant de forts impacts sur la coxofémo-
ques opérés (PTH), le RR de coxarthrose est de 2 à 4 chez les rale : transports de lourdes charges, escaliers, pentes, rotations
femmes et de 5 à 10 chez les hommes. Dans une enquête du tronc, sauts, sont coxarthrogènes après une assez longue
britannique sur 1 221 jumeaux (167 monozygotes, 449 dizygo- exposition au risque (10 à 20 ans). Le RR est de 1,5 chez la
tes), d’âge moyen 53 ± 7,5 ans, la concordance de coxarthrose femme et de 3 chez l’homme [35]. On estime que le port de
était trois fois plus forte chez les monozygotes. Cela correspon- charges est coxarthrogène si des fardeaux supérieurs ou égaux à
drait à une héritabilité de l’ordre de 60 % [31]. On connaît 50 kg sont maniés de façon répétée pendant plus de 10 ans : RR
l’héritabilité de l’arthrose nodulaire des doigts. Or, dans la de 3,2. Le RRE a été estimé à 2 ou même 4 chez les agriculteurs,

8 Appareil locomoteur

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Coxarthrose et coxopathies de l’adulte. Diagnostic et traitement ¶ 14-308-A-10

Tableau 8. juge sur la douleur et le handicap clinique plus que sur le stade
Coxarthrose de l’adulte jeune (< 50 ans). Prévalence (et %) des facteurs de radiographique, se fait jour après un délai très variable. En étude
risque (FR). Série personnelle de 70 cas. prospective, la PTH a été faite chez 20 % des patients sous
Total % Avec autre FR
placebo en 3 ans [16] et, dans une autre série, chez 14 % en
associé 2 ans, chiffre analogue [39]. Dans l’étude ECHODIAH (Evaluation
of the CHOndromodulating effect of DIAcerein in osteoarthritis
Activité sportive de 26 38 % 14 of the Hip) [16] le RRE d’évolution plus sévère prédisposant à la
compétition haut niveau ou PTH était :
très longue pratique
• de 2,59 lorsque l’indice de Lequesne était supérieur à 10 ;
Dysplasie 23 33 % 3 • de 1,86 si la douleur était supérieure ou égale à 50 sur
Hérédité 12 17 % 10 l’échelle de 100 ;
Caput varum-retrorsum 10 14 % 9 • de 1,96 chez ceux ayant un pincement supéroexterne.
Protrusion acétabulaire 7 10 % 1 De plus, l’âge avancé, le sexe féminin et l’excès pondéral
Activité professionnelle 6 9% 4 entraînent une détérioration structurale un peu plus rapide.
D’une méta-analyse portant sur dix études de cohorte et deux
Divers 7 0
de type cas-témoins, il ressortait que les facteurs péjoratifs sont
Aucun FR 1
l’absence d’ostéophytose et le siège supéroexterne du pincement
Probable conflit antérieur 15 % ? articulaire. Le degré du pincement était beaucoup moins
pertinent. L’âge, le sexe, la surcharge pondérale étaient discor-
mais une méta-analyse de 17 études sur le sujet met en doute dants d’une étude à l’autre [40].
cette causalité [24]. Le RR de coxarthrose est de 5 à 7 chez les
danseurs professionnels [36]. Traitement [41-43]
Origine traumatique
Stratégie générale
Le traumatisme ancien, dont il faut s’enquérir, est bien
mémorisé s’il s’est agi d’une fracture ou d’une luxation, parfois Il n’y a que deux causes de coxarthrose qu’il faut traiter tôt
moins bien en cas de simple contusion. Or celle-ci, choc direct par une chirurgie correctrice : la dysplasie (sous réserve de
trochantérien ou grand écart accidentel, peut engendrer une strictes conditions favorables) et les dysmorphies créant un
.
coxarthrose à douleur différée 5 à 10 ans plus tard. Les condi- CAFA (cf. infra). Ailleurs (autres causes et cas évolués), c’est le
tions médicolégales d’imputabilité que nous avons proposées en traitement médical qui est indiqué, puis la PTH lorsque la gêne
1993 [37] doivent être recherchées. douloureuse est devenue importante malgré ce traitement.
Elles semblent avoir été acceptées par les experts et les
tribunaux dans la plupart des cas. Traitement médical
Une prise en charge multifactorielle est nécessaire [42], qui
Facteurs de risque douteux ou rares
permet généralement une amélioration de la douleur et une
Ni le sexe féminin, ni l’excès pondéral ne favorisent la diminution du handicap. Trop de patients ne sont traités que
coxarthrose, contrairement à leur incidence connue dans la par des médications.
gonarthrose [7]. Tout au plus, la coxarthrose est-elle plus souvent
bilatérale en cas de surcharge pondérale (RR = 2 [38]) et en cas Éducation des patients et action psychothérapique
de masse osseuse forte chez la femme de plus de 65 ans. Un C’est un point important du traitement. Il faut expliquer et
trouble statodynamique des membres inférieurs tel que l’inéga- prôner les mesures d’économie articulaire. La prise en charge et
lité de longueur peut être coxarthrogène à condition que cette le suivi ont une efficacité certaine, qui va jusqu’à rendre moins
inégalité soit majeure, supérieure à 3-4 cm et vieille d’au moins algiques les arthrosiques qui ont été engagés par un auxiliaire
30 ans [24]. médical à téléphoner tous les mois.
Âge, un facteur important bien classique Économie articulaire
L’âge moyen de survenue de la coxarthrose est de 56 ans [7]. L’économie articulaire est très importante et comporte les
Dans une longue étude de suivi, le RR de coxarthrose est de mesures suivantes :
2,38 dans la tranche d’âge de 70-75 ans comparativement à • le repos relatif : il faut réduire la marche excessive, mais
celle de 55-59 ans [38]. continuer à pratiquer une marche quotidienne et raisonnable,
Répartition des facteurs de risque. abréger le piétinement et surtout éviter le port de charges
lourdes. Une activité soutenue et prolongée peut être source
Reste-t-il des coxarthroses « primitives » ?
de douleurs importantes. Le patient doit apprendre à trouver
Il faut souligner la relative fréquence des associations : deux un juste équilibre, faisant alterner dans la même journée
FR, quelquefois trois FR sont retrouvés chez un quart de nos périodes d’activité et de repos, sans « forcer » sa hanche ;
coxarthrosiques. Les FR majoritaires ont été, sur 200 cas • le port d’une paire de talonnettes élastiques réduit la force de
personnels consécutifs : l’impact du talon au sol qui se transmet à la hanche ;
• le sport ou le travail : 30 % ; • des exercices quotidiens entretenant la musculature et la
• la dysplasie : 21 % ; mobilité de la hanche doivent être recommandés. Ils peuvent
• l’hérédité : 17 % ; être expliqués et adaptés par un kinésithérapeute. Exemple :
• les autres FR : 20 %. la prévention du flessum vicieux progressif consiste en repos
Il restait environ 12 % de coxarthroses idiopathiques ou liées en décubitus ventral une demi-heure par jour, la cuisse en
à l’âge (ex-coxarthroses « primitives »). extension complète, voire en hyperextension ;
Chez l’adulte jeune, de moins de 50 ans, il y a probablement • le port d’une canne, tenue en principe du côté sain ou le
environ 20 % de CAFA en cause [25] . Parmi nos 200 cas, moins atteint, réduit la charge d’au moins 20 % à 30 % sur
70 (35 %) avaient moins de 50 ans. La répartition de leurs FR la hanche malade. C’est probablement le meilleur traitement
figure au Tableau 8. Le CAFA n’y figure pas parce qu’il n’était de fond (toutefois non validé par des preuves du type essai
pas connu en France à l’époque de l’enquête, mais le caput contrôlé actuellement) ;
varum-retrorsum et la protrusion en étant une source fréquente, • la réduction pondérale : chaque kilogramme perdu soustrait
nous avons déjà là environ 15 % à 20 % de CAFA probables. 2 à 3 kg à la hanche lors de l’appui à chaque pas ;
• les sports à risque doivent être interdits. La natation et la
Évolution. Facteurs pronostiques bicyclette sont encouragées. On peut tolérer le golf et la
L’évolution est très inégale d’un sujet à l’autre. Clinique et randonnée sur terrain peu accidenté dans les coxarthroses
radiologie sont parfois dissociées. La nécessité d’une PTH, qui se peu évolutives.

Appareil locomoteur 9
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14-308-A-10 ¶ Coxarthrose et coxopathies de l’adulte. Diagnostic et traitement

Traitement médicamenteux les deux tiers des patients [45]. La dose de 80 mg a eu un effet
plus prolongé que la dose de 40 mg [46]. Il est recommandé de
Le traitement médicamenteux est actuellement purement
se borner à 2 ou 3 IA cortisonées par an.
symptomatique, d’action rapide : antalgiques, AINS, ou retar-
dée : antiarthrosiques symptomatiques d’action lente (AASAL). Il
n’existe pas, à ce jour, de traitement structuromodulateur
freinant notablement la coxarthrose.
Antalgiques. Le paracétamol, quasiment sans effet secondaire
– ce qu’il faut souligner au patient – est le produit de choix à
▲ Mise en garde
utiliser en première intention [41, 42]. Il est souvent utilisé à
doses insuffisantes : 3 à 4 g/j sont généralement nécessaires. Précaution importante : il faut éviter les IA cortisonées dans
L’association du paracétamol au dextropropoxyphène (Di- les 3 mois qui précèdent une PTH, car cela risque
Antalvic®, Propofan®) ou à la codéine permet un certain gain d’augmenter l’incidence de l’infection postopératoire
d’efficacité, mais au prix d’assez fréquents effets secondaires, (coefficient de survenue : 3 au lieu de 1,5) [44].
surtout chez les sujets âgés et/ou maigres : nausées, constipa-
tion, rétention urinaire, somnolence, voire confusion mentale.
La floctafénine (Idarac®) est efficace à la dose de 4 comprimés/
24 heures en 3 prises. Le tramadol est un antalgique paramor- Injections intra-articulaires d’hyaluronan. D’assez nom-
phinique qui peut être tenté à la dose de 50 à 200 mg/ breuses études ouvertes, sans valeur probante, ont été publiées.
24 heures, voire plus, sauf intolérance (nausées et même Les études contrôlées comportant 3 IA d’hyaluronan (une par
vomissements, somnolence, vertiges, céphalées, constipation). semaine, radio- ou échoguidée) ont été négatives : pas de
différence significative versus placebo ou bien différence
Anti-inflammatoires non stéroïdiens. Les AINS sont généra-
modérée : un tiers de coxarthrosiques améliorés versus 10 %
lement efficaces, mais il faut prendre en compte leurs effets
avec le placebo [44]. La plus rigoureuse de ces études a comparé
secondaires, notamment gastro-intestinaux et cardiovasculaires.
en double aveugle l’IA de méthylprednisolone (40 mg, efficace
Les épigastralgies, nausées, abdominalgies, troubles du transit
au 15e jour), celle de l’hyaluronan et celle de sérum physiolo-
surviennent dans 10 % à 40 % des cas. La dose d’AINS doit être
gique sans montrer de différence significative entre les trois
ajustée au minimum nécessaire et doit varier selon l’activité.
groupes à 3 mois [47]. Les effets secondaires sont la possible
L’utilisation d’anti-cyclo-oxygénase 2 (COX-2) spécifiques
exacerbation douloureuse passagère avec les hyaluronans de
comme le célécoxib ou bien l’association de misoprostol ou
haut poids moléculaire d’une part, et de rares cas d’infection
mieux d’oméprazole aux AINS classiques diminue beaucoup
d’autre part [44].
l’occurrence des gastralgies, gastrites, ulcères gastroduodénaux,
Au total, l’effet de l’hexacétonide de triamcinolone paraît plus
hémorragie et perforation. Cette protection gastrique doit être
prolongé que ceux de la méthylprednisolone ou des
systématique chez les sujets de plus de 60 ans et chez les
hyaluronans.
anciens ulcéreux ou gastritiques avérés de tout âge. Concernant
le système cardiovasculaire, les AINS – coxibs compris – peuvent Traitement chirurgical
induire ou majorer surtout l’hypertension artérielle, parfois
l’insuffisance cardiaque et/ou même les artériopathies corona- Chirurgie correctrice précoce
riennes ou cérébrales : évaluer avant de prescrire et surveiller La chirurgie correctrice précoce a fait l’objet d’un remarqua-
pendant l’usage des AINS s’impose. Les complications rénales ble travail de la Société d’orthopédie de l’Ouest en 2006-2008,
possibles : insuffisance aiguë ou subaiguë, contre-indiquent les récemment condensé pour les rhumatologues par Lambotte et
AINS chez ceux dont la créatininémie est élevée. al. [48], travail auquel nous empruntons les principales données
Antiarthrosiques symptomatiques d’action lente. Les qui suivent.
AASAL, dénomination introduite en 1994, constituent un Moyens. La butée ostéoplastique vise à restaurer la couverture
groupe de quatre produits qui ont en commun un effet modéré de la tête fémorale par un double greffon osseux prélevé sur la
et différé (8 semaines environ) sur la douleur et une rémanence crête iliaque et inséré à la partie externe et antérieure du cotyle
(persistance de l’effet) de quelques semaines. Ce sont le sulfate (Fig. 8). Les suites sont simples, permettant une reprise complète
de chondroïtine (Structum® 1,5 g/j, Chondrosulf® 1,2 g/j), les de l’appui vers le 3e mois et une reprise progressive de l’activité
insaponifiables d’avocat et de soja (Piasclédine®, une gélule par sans boiterie résiduelle après 3 à 5 mois, ou plus tôt s’il s’agit
jour) et la diacerhéine (Art 50®, 100 mg/j). Ils sont bien tolérés, d’une butée armée. La butée doit être bien placée et dimension-
à l’exception de la diacerhéine qui entraîne souvent des selles née : trop petite ou trop haute, elle est inefficace ; trop massive,
molles, une diarrhée (40 % des cas), ou des abdominalgies elle peut enraidir. L’ostéotomie de varisation (Fig. 8) est destinée
(32 %). Les chances de succès sont d’environ 45 % (versus 25 % à corriger la coxa valga. Elle doit ramener l’angle cervico-
sous placebo). L’ampleur d’efficacité ou effet-taille (effect size) diaphysaire aux environs de 120°. Les suites opératoires com-
des AASAL étant modeste, de l’ordre de 0,2 à 0,3 (contre portent au moins 3 mois de privation d’appui. La reprise du
0,5 ± 0,10 pour les AINS), on ne les tente comme seule médi- travail se fait vers le 7-8e mois, en moyenne [48]. Le moyen
cation que chez les coxarthrosiques à douleur modérée ou fessier est détendu, ce qui détermine une boiterie, qui disparaît
intermittente [43] , avec l’espérance sous-jacente d’un effet le plus souvent en 12 à 18 mois. En revanche, le raccourcisse-
structuromodulateur, actuellement minime ou hypothétique. Le ment créé par la varisation est définitif, mais généralement
plus souvent, on les ajoute à tel antalgique ou tel AINS dans le compensable par une talonnette. L’ostéotomie de dérotation vise
but d’en diminuer la dose. L’expliquer au patient s’impose. Si, à corriger l’hyperantéversion du col fémoral parfois associée à la
au 2e-3e mois, l’AINS n’a pu être réduit, l’AASAL s’avère inutile. coxa valga. Elle est mesurée par TDM. Elle s’exécute à partir du
même foyer d’ostéotomie que la varisation et dans le même
Injections intra-articulaires (IA)
temps. L’ostéotomie du bassin de Chiari vise à assurer une
Dans la coxofémorale, les IA ne peuvent se faire que sous meilleure couverture de la tête fémorale et à la médialiser. Il
contrôle radioscopique ou échographique, avec les précautions s’agit d’une ostéotomie de l’os iliaque, transversale, sus-
d’asepsie appropriées. cotyloïdienne, extra-articulaire, suivie d’une translation interne
Injection intra-articulaires de corticoïdes. D’une efficacité du fragment inférieur. Elle consolide en 2 à 3 mois environ,
prouvée par rapport à un placebo, les IA cortisonées ne sont mais la reprise du travail tarde jusqu’à 12 mois en moyenne et
efficaces que durant quelques semaines. Depuis 2005, plusieurs la boiterie persiste dans un tiers des cas. L’ostéotomie de Ganz est
essais contrôlés confirment cet effet [44] assez marqué (ampleur plus récente et plus complexe : elle vise à réorienter au mieux
d’effet : 0,6) et plus prolongé qu’on ne pouvait l’espérer : l’IA de le cotyle dysplasique par une triple ostéotomie pelvienne,
40 mg d’hexacétonide de triamcinolone est efficace durant 6 à logique, mais de réalisation délicate. Elle est très prisée par
8 semaines, parfois même pendant 3 à 6 mois, en moyenne certaines équipes dans divers pays, où elle tend à remplacer les
2 mois. L’amélioration de la douleur est de l’ordre de 50 % chez autres modes de cure correctrice.

10 Appareil locomoteur

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Coxarthrose et coxopathies de l’adulte. Diagnostic et traitement ¶ 14-308-A-10

Indications et résultats. Parmi tous les coxarthrosiques de La PTH demande 6 à 12 jours d’hospitalisation. La rééduca-
moins de 50 ans confiés aux chirurgiens, 10 % à 20 % ont une tion est le plus souvent inutile. La reprise de l’appui est
dysplasie et relèvent de la chirurgie correctrice. Celle-ci est faite progressive, mais précoce. Certains chirurgiens la retardent un
à 35 ans en moyenne. Elle n’est fermement indiquée que si les peu dans les PTH à tige fémorale non cimentée. La reprise de
trois facteurs de bon pronostic thérapeutique suivants sont l’activité habituelle se fait après 2 à 3 mois.
réunis [48] :
• l’arthrose doit être absente ou modérée, avec un pincement
de l’interligne inférieur à 50 %. Ce pincement doit être
■ Conflit antérieur
supéroexterne ou antérosupérieur, au site de l’hyperpression fémoroacétabulaire et dysmorphies
créée par la dysplasie, ce qui valide cette cause ;
• la malformation bien inventoriée par l’imagerie doit s’avérer causales
corrigible ; Naguère, lorsqu’un adulte jeune et actif consultait pour une
• l’âge doit être inférieur à 40 ans. inguinalgie intermittente persistante, un examen non probant
Si ces trois conditions sont réunies, l’intervention correctrice et des radiographies vite lues comme normales menaient
donne dans la plupart des cas un bon résultat (indolence, beaucoup de consultants à renoncer ou à porter un diagnostic
fonction conservée, arthrose stabilisée) pendant près de 20 ans. de paresse de type tendinite ou algie fonctionnelle. Cela ne doit
Au-delà de l’âge de 40 ans, la durée de la rémission est bien plus se produire. Devant un inguinalgique de 20 à 50 ans, il
moindre : 10 à 15 ans. faut penser systématiquement au CAFA et rechercher un signe
La butée est indiquée lorsque la dysplasie est cotyloïdienne physique évocateur et des signes radiologiques jusque-là
(angle VCE et/ou VCA < 20 °) sans coxa valga ni hyperantéver- méconnus.
sion majeure associée. Elle est insuffisante dans la subluxation. Né à Berne [51] et tardivement objet de quelques articles en
Elle donne 87 % de succès avec 15 ans de recul si les trois France [25, 52, 53], le CAFA se définit comme une prise de contact
facteurs favorables ci-dessus sont réunis, et 66 % de succès si forcée, un conflit entre la face antérieure du col fémoral et le
l’un d’entre eux manque [48]. bord antérieur de l’acétabulum (bourrelet et rebord osseux) dès
L’ostéotomie intertrochantérienne de varisation, conditionnée par 80° à 110° de flexion de la cuisse sur le bassin, flexion active ou
une épreuve radiographique préopératoire de reposition favora- passive. Diverses dysmorphies en sont responsables. Il en résulte
ble, et avec parfois dérotation associée, a donné à la même des lésions du labrum (bourrelet), puis, au fil des années, une
équipe 85 % de succès à 15 ans de recul (70 % si l’un des trois coxarthrose, le plus souvent bien avant la cinquantaine.
facteurs de bon pronostic manquait). Dans 95 % des cas, une
insuffisance cotyloïdienne coexiste, qui doit faire l’objet d’une Anatomie des dysmorphies osseuses
butée associée.
L’ostéotomie pelvienne de Chiari est indiquée dans les dyspla-
responsables et mécanisme (Fig. 11 à 13)
sies sévères (VCE et VCA < 0°) et les subluxations avec une Il faut s’en faire une bonne représentation mentale. Le CAFA
hanche latéralisée. Elle donne des résultats analogues : 70 % à résulte d’un déficit d’espace entre le bord antérieur du col
80 % de succès à 15 ans, sauf arthrose évoluée où le succès est fémoral et le rebord cotyloïdien antéro-interne en flexion de
cependant encore de 58 % des cas [48]. hanche vers 90°. Côté fémoral, il s’agit d’un col sans concavité,
Au total, la chirurgie correctrice précoce classique bien sans le dénivelé qui le situe normalement en retrait (offset) par
indiquée (trois facteurs favorables satisfaits) donne le même rapport au contour antérieur de la tête fémorale (TF). Cette
taux de succès à 15 ans (85 %) que la PTH de Charnley chez le anomalie résulte soit d’un caput varum (Fig. 10A), d’une coxa
sujet de moins de 50 ans [49]. Après 10 à 20 ans de bons et plana, d’un col court, soit d’une TF ovoïde débordant sur le col,
loyaux services, si le résultat de la butée ou de l’ostéotomie se soit encore d’un col bosselé (Fig. 10B). Dès lors, en flexion, le
dégrade, la PTH est indiquée et elle a donné 83 % de bons labrum est anormalement et prématurément soulevé par le col
résultats à 15 ans dans une série continue de 92 cas [48]. dysmorphique : c’est l’effet-came. Côté acétabulaire, il s’agit soit
d’un bord antérieur surbaissé, hypercouvrant, comme dans la
Prothèse totale de hanche (PTH) protrusion, soit d’un vice d’orientation : rétroversion du cotyle
dans son tiers supérieur, ce qui amène son bord antérieur en
Sauf dans la CDR, les traitements médicaux et physiques contact prématuré avec le col en flexion de hanche vers 90° :
permettent une fonction acceptable pendant quelques années. La c’est l’effet-pince, moins fréquent que l’effet-came (Fig. 11B, C).
PTH est indiquée dans les coxarthroses résistant au traitement Parfois les deux sont associés.
conservateur. La clé de la décision n’est pas l’aspect radiographi-
que, mais l’état clinique [21, 50] : degré de la douleur et surtout Épidémiologie et clinique
score de l’indice algofonctionnel des coxopathies (IAFC)
(Tableau 2). La PTH est justifiée lorsque le score dépasse 10 à Le CAFA touche les adultes jeunes et actifs, habituellement
12 points sous traitement médical valable (Tableau 3). On peut – mais non toujours – sportifs et un peu plus souvent mascu-
toutefois y consentir à partir de huit points si l’autoévaluation du lins. Ils consultent après des mois ou des années, la gêne étant
patient (Tableau 4) implique, avec raisons valables (sujet jeune intermittente au début. C’est soit une douleur en éclair ou plus
et/ou sportif), un handicap plus marqué que ne l’indiquait le sourde durant quelques heures, soit un inconfort, une appré-
score de l’IAFC. L’importance de la raideur, de l’attitude vicieuse, hension avec parfois sensation de craquements, de pseudoblo-
de l’amyotrophie, surveillées régulièrement, compte aussi. cage. Ces symptômes surviennent typiquement, non au cours
La PTH cimentée du type Charnley-Kerboull (tête en métal, ou, de la marche, mais lors d’une posture en flexion ample (être
mieux, en céramique d’alumine et cotyle en polyéthylène), qui assis sur un siège bas), d’un mouvement de flexion ou de
reste le modèle de référence, donne, chez les sujets de plus de déflexion de la hanche (se relever d’une station assise).
55-60 ans, 95 % de bons résultats à 10-15 ans de recul et L’examen physique courant peut être négatif ou douloureux
82-88 % à 20 ans. La longévité de la PTH est un peu moins seulement en flexion extrême ou en en flexion-adduction. C’est
bonne chez les sujets jeunes, plus actifs (35-55 ans) : les une manœuvre inhabituelle qui livre le meilleur signe, bien que
coxarthrosiques de moins de 51 ans ont 85 % de bons résultats non spécifique : la flexion combinée à la rotation interne de la
à 15 ans de recul [49]. Chez ces sujets actifs et jeunes, la prothèse cuisse recrée la douleur ou l’appréhension connue dès 70°-90°,
à couple d’alumine (coefficient d’usure par frottement presque alors que la flexion dans l’axe est indolore jusqu’à 120°-130°.
nul) paraît spécialement indiquée [50], mais le recul n’est que de
10 à 15 ans. De nombreuses innovations techniques, prothèses Imagerie
à couple métal-métal, prothèses à double mobilité, ou encore
simple resurfaçage et nouvelles voies d’abord sont décrites par Itinéraire de l’œil averti
les chirurgiens [50]. Un recul plus prolongé est nécessaire pour Le CAFA peut être symptomatique bien avant toute coxarth-
juger de leurs performances comparatives. rose visible sur le cliché standard ou même sur le faux profil,

Appareil locomoteur 11
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14-308-A-10 ¶ Coxarthrose et coxopathies de l’adulte. Diagnostic et traitement

A B C
Figure 11. Conflit antérieur fémoroacétabulaire (CAFA). Effet came et effet pince. Vue schématique de la hanche en flexion, bord antérieur du col en haut.
En strié : le labrum.
A. Espace libre normal entre col concave et labrum.
B. Effet came : le col bosselé soulève le labrum.
C. Effet pince ou tenaille : le bord antérieur du cotyle hypercouvrant, surbaissé, se heurte au col en flexion, même si celui-ci est normal.

Figure 12. Conflit antérieur : les deux dysmorphies causales principa-


les.
A. Profil de Ducroquet : voussure de la jonction tête-col, effet came en
flexion.
B. Arthrotomodensitométrie (arthro-TDM), coupe sagittale : cotyle anté-
rieur hypercouvrant et rabattu, effet-pince érodant le cartilage antérieur
de la tête fémorale.

toujours indispensable [2] . Parfois seul l’arthroscanner est


probant à cet égard (érosion chondrale). Trois dysmorphies
causales peuvent être dépistées sur le cliché de face scruté B
attentivement :
• le caput varum, séquelle fréquente chez le sportif précoce [22]
(Fig. 10) ;
• la protrusion acétabulaire ou sa forme fruste, la coxa pro-
funda (Fig. 9) ;
• la rétroversion du cotyle attestée par le signe du croisement
ou signe du 8 (Fig. 13) ou par un centre C de la TF se
projetant en dehors du bord postérieur du cotyle.
La visibilité anormale des épines sciatiques est un nouveau
signe de rétroversion du cotyle [54]. Tous ces signes n’ont de
valeur que repérés sur le cliché du bassin de face, et non sur une
hanche centrée. Dès que l’on soupçonne un CAFA, il faut
demander un profil chirurgical, de Dunn ou de Ducroquet [55]
pour visualiser la voussure du bord antérieur de la jonction tête- Figure 13. Signe du croisement à lire sur une radiographie du bassin et
col déformé en crosse de pistolet ou autre [25, 51] (Fig. 12A). non sur une hanche centrée.
A. Ici, le bord antérieur du cotyle déborde en dehors son bord postérieur
Si le conflit antérieur fémoroacétabulaire (normalement c’est l’inverse). Cela indique une rétroversion du cotyle.
est vraisemblable, sans plus B. Schéma : le bord antérieur est en pointillé.
C. Tomodensitométrie (TDM), coupe axiale du tiers supérieur du cotyle :
On peut commencer par une IRM sans injection, qui élimine rétroversion de 20°, facteur de conflit antérieur fémoroacétabulaire
la nécrose et précise les dysmorphies causales : déformation ou (CAFA) (normalement : antéversion de 10°-15°).
voussure de la jonction tête-col et/ou rétroversion du cotyle sur
les coupes axiales de son tiers supérieur ou partie crâniale
(Fig. 13C). Attention : la version du cotyle « rétroversé » reste Si le conflit antérieur fémoroacétabulaire
normale (15°-20° d’antéversion) à sa partie équatoriale ; sa est très plausible
rétroversion est à mesurer dans sa partie crâniale, De plus, l’IRM L’arthro-TDM (ou l’arthro-IRM) d’emblée est justifiée, qui
peut montrer les lésions induites : géode ou œdème osseux du dépiste les dysmorphies causales (Fig. 12B, 13C) et décèle, sur
col ou du cotyle antérosupérieur. l’arthro-TDM mieux que sur l’arthro-IRM, les lésions créées par

12 Appareil locomoteur

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Coxarthrose et coxopathies de l’adulte. Diagnostic et traitement ¶ 14-308-A-10

Tableau 9.
Classification radiographique des nécroses de la tête fémorale d’Arlet et
1 Ficat.
Stade I Radiographie normale
Stade IIa Hétérogénéité mal définie de la tête fémorale
Stade IIb Densification arciforme évocatrice, contour de la tête
2
fémorale encore intact
Stade III Perte de la sphéricité de la tête fémorale (décroché,
enfoncement, ovalisation, de face et/ou de profil) sans
pincement de l’interligne
Stade IV Arthrose secondaire (pincement, ostéophytose)

Tableau 10.
Figure 14. Conflit antérieur fémoroacétabulaire (CAFA). Schéma des
Nécrose de la tête fémorale (NTF). Étapes du diagnostic et du pronostic.
résections thérapeutiques sous arthroscopie ou chirurgie mini-invasive. 1 :
acétabuloplastie éliminant la partie surbaissée du cotyle ; 2 : fémoroplas- 1. Radiographie : le stade III est le seuil décisif
tie rendant sa concavité au bord antérieur du col fémoral. Stade III : décroché rompant le contour de la TF (sur la radiographie ou
si doute → TDM) ou « coquille d’œuf » sous-chondrale :
– diagnostic quasi certain, pronostic péjoratif
– stade I et II (Tableau 9), diagnostic non assuré → IRM
2. IRM
Pour le diagnostic : le liseré
Pour le pronostic : aux stades I et II, selon l’étendue de la NTF :
– ≤ 1/3 du segment portant de la TF : bon pronostic
– ≥ 2/3 de ce segment : mauvais pronostic
– entre les deux : aggravation variable à moyen terme
TF : tête fémorale ; TDM : tomodensitométrie ; IRM : imagerie par résonance
magnétique.
Figure 15. Nécrose de la tête fémorale (TF). Stade III d’Arlet et Ficat :
enfoncement de la zone nécrosée, attesté par la perte de sphéricité de la
caractéristique de ce même stade III (Tableau 10) et mieux vue
TF (contour supéro-interne ovalisé).
en profil urétral ou sous traction. Si la radiographie est normale
ou non probante, (plages irrégulières d’ostéocondensation :
stade II) et si la NTF est soupçonnée, l’IRM est indispensable.
le CAFA : fissurations ou désinsertion du labrum, ulcération ou La scintigraphie est de moins en moins utilisée ; l’hyperfixa-
amincissement du cartilage antérosupérieur, bref chondropathie, tion de la TF n’est pas spécifique. La TDM ne s’impose pas ; elle
hélas fréquente (70 % des cas) et altérant le pronostic peut préciser les limites de la fracture osseuse sous-chondrale.
thérapeutique. L’IRM est l’examen indispensable après la radiographie dès
que la NTF est envisagée. Les premiers signes apparaissent
Traitement environ 3 à 6 mois après la constitution de la nécrose, bien
Plus souvent arthroscopique que chirurgical aujourd’hui, il avant les signes cliniques [59] . Le signe crucial est le liseré
consiste à recreuser le bord antérieur du col pour lui rendre sa périnécrotique qui correspond à l’interface active, cellulaire et
concavité normale (fémoroplastie) et/ou à réséquer le bord vasculaire, entre os nécrosé et os vivant sous-jacent. Le liséré est
antéro-interne du cotyle surbaissé ou rétroversé (acétabuloplas- concave, arrondi ou sinueux, circiné. Il borde le séquestre qui
tie) (Fig. 14). Les deux plasties sont souvent associées. On est apical de face et antérosupérieur en coupes sagittales. Il est
résèque a minima le segment lésé du labrum. Les bons résultats continu, sans faille, atteignant à ses deux extrémités le contour
vont de 65 % [56] à 80 % [57] en l’absence d’arthrose. Celle-ci de la TF (Fig. 16). Au début, il est en hyposignal en T1, en
minore la qualité ou la durée de la rémission. hypersignal en T2 et en séquence IRM en inversion-récupération
(STIR), séquences qui, plus tard, le montrent souvent doublé par
un liseré en hyposignal sous-jacent : double ligne. Le liseré
■ Nécrose de la tête fémorale (NTF) manque dans environ 10 % des cas [60]. L’œdème osseux plus
ou moins étendu (hypersignal en T2) sous-nécrotique de la TF,
C’est la plus fréquente et la plus sévère des nécroses épiphy- voire du col, est inconstant (30 % à 40 % des cas). L’épanche-
saires. Elle est traitée par P. Hernigou dans une autre partie de ment est fréquent. Dès le stade du liseré, au début, la sensibilité
l’EMC [58]. Nous en résumerons les principaux traits. Elle est de l’IRM est de l’ordre de 88 % à 100 % et sa spécificité de 71 %
à l’origine d’environ 10 % des PTH. L’IRM en a facilité le à 100 % [61].
diagnostic au point de faire découvrir de nombreuses formes
silencieuses. La NTF touche des sujets de 35 à 60 ans, plus Diagnostic différentiel
souvent l’homme que la femme. Elle est souvent bilatérale
(60 % des cas), d’emblée ou secondairement, mais volontiers Le plus délicat est la fracture de contrainte de la tête fémorale
asymétrique. La douleur, mécanique ou mixte, n’a pas de due à l’insuffisance osseuse. Elle survient presque toujours chez
spécificité ; la limitation de mobilité est habituellement des sujets âgés, ostéoporotiques, connus ou méconnus. La
modeste, voire absente au début. scintigraphie comporte tôt une hyperfixation de la partie
supérieure de la TF. L’IRM montre un liseré qui est un arc noir
dans toutes les séquences. Il est en hyposignal en T1 et T2,
Diagnostic positif d’autant plus net qu’il est entouré d’un hypersignal sus- et sous-
Il repose sur l’imagerie, notamment l’IRM. jacent d’œdème osseux franc en T2 et surtout en STIR [61, 62].
La radiographie peut suffire s’il existe déjà sur la face ou le Contrairement au liseré périnécrotique, le liseré fracturaire de
profil urétral un décroché ou une ovalisation attestant un contrainte est parallèle au contour de la TF et proche de lui ; il
enfoncement d’une partie du contour de la tête fémorale est ouvert, non continu, une de ses extrémités au moins
(Fig. 15) (stade III de Ficat) (Tableau 9). La « coquille d’œuf » n’atteignant pas le contour céphalique. Il n’y a pas de signe de
(clarté gazeuse sous-chondrale) avec ou sans enfoncement est la double ligne. Enfin, son épaisseur est inférieure à 4 ou 5 mm,

Appareil locomoteur 13
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14-308-A-10 ¶ Coxarthrose et coxopathies de l’adulte. Diagnostic et traitement

favorables [59]. L’adjonction d’un greffon osseux ne fait pas


mieux. En revanche, l’injection par forage d’une autogreffe de
cellules souches a donné des résultats favorables dans une série
d’Hernigou [58] ; celle de bone morphogenic proteins (BMP),
imaginée par Mazières, est encore à l’étude. Le traitement
médical est purement symptomatique : antalgiques, AINS,
économie articulaire. Toutefois, on a testé l’alendronate avec
succès dans une série au stade de début, et les ondes de choc
extracorporelles (séance unique) avec de bons résultats, qui
restent à confirmer [59].

■ Arthrites infectieuses
et inflammatoires (coxites)
Figure 16. Imagerie par résonance magnétique en pondération T1.
A. Coupe coronale. Le signal du séquestre est obscurci à l’apex (saponi- Coxites à pyogènes
fication de la graisse). Le liséré est bien raccordé au contour de la tête Les coxites à pyogènes sont traitées dans un autre chapitre de
fémorale. Le signal du séquestre est normal, sauf à l’apex. Sous le liseré, cet ouvrage [63]. La localisation à la hanche représente 15 % des
œdème osseux diffus, surtout supéro-interne. En dedans et en dessous de arthrites infectieuses périphériques, par inoculation directe
la tête, épanchement en hyposignal. (injection intra-articulaire), ou « métastase » d’un foyer infec-
B. Coupe sagittale : le liseré circiné circonscrit une zone de nécrose tieux ou d’une blessure à distance. Le germe est un staphyloco-
supérieure bien plus étendue qu’en A. que (60 % des cas), un streptocoque ou un germe à Gram
négatif, tel qu’une Brucella. Ces arthrites touchent surtout les
sujets âgés ou immunodéprimés ou cortisonés ou atteints de
c’est-à-dire à celle de l’interligne normal, versus ≥ 5 mm pour polyarthrite, de diabète ou d’une coxopathie préexistante. Le
le liseré cernant une nécrose [58]. plus souvent aiguës, fébriles, très douloureuses, ces coxites
L’algodystrophie, aujourd’hui une des composantes du syn- peuvent être plus lentes, atténuées par une antibiothérapie à
drome d’œdème médullaire de la tête fémorale [61], donne en l’aveugle ou la corticothérapie. Vitesse de sédimentation (VS) et
IRM un hypersignal diffus en T2 et/ou STIR, sans liseré de type protéine C réactive (CRP) sont très augmentées. La leucocytose
périnécrotique, mais avec parfois un ou plusieurs petits liserés excessive est habituelle. L’imagerie n’est guère contributive au
de fracture de contrainte, phénomène initial ou ultérieur... Elle début. On peut s’assurer de l’épanchement par une simple
régresse en 4 à 6 mois sans séquelle. échographie et de l’épaississement inflammatoire de la synoviale
Certaines formes de coxarthrose destructrice rapide semblent par l’IRM (cf. infra). Le diagnostic est urgent et le geste crucial
pouvoir succéder en quelques semaines ou mois à une nécrose est la ponction en milieu aseptique. Le liquide articulaire
sous-jacente récente [18] ou à une fracture de contrainte de la TF, puriforme ou trouble contient 30 000 à 80 000 leucocytes plus
peut-être première en date ; le diagnostic est parfois difficile au ou moins altérés par mm3. Surtout, on doit identifier le germe
début, l’IRM pouvant comporter un petit décroché du contour par examen direct ou par culture et tester sa sensibilité aux
de la TF, un tassement focal avant ou pendant la chondrolyse antibiotiques. C’est la clé du succès thérapeutique, qui comporte
rapide [58]. aussi le lavage ou même l’éventuel drainage arthroscopique du
liquide et des débris qu’il contient.
Diagnostic étiologique
Les principales causes sont le traumatisme : fracture du col
Coxite tuberculeuse
ou luxation de la hanche, parfois une simple contusion, ainsi La coxite tuberculeuse est décrite ailleurs dans cet
que les facteurs de risque suivants : la corticothérapie, surtout à ouvrage [64]. La coxite tuberculeuse est devenue rare, touche
fortes doses (≥ 0,5 mg/kg d’équivalent prednisone), notamment surtout l’immigré ou l’immunodéprimé, avec ou sans signes
en traitement prolongé (lupiques, greffés rénaux) ou parfois en généraux. La vitesse de sédimentation est inconstamment
traitement bref pour sinusite ou radiculalgie ; l’alcoolisme, accélérée. L’image radiographique est souvent assez lente à
l’hypertriglycéridémie, la drépanocytose [58, 59]. Plus rares sont la apparaître : ostéoporose régionale, suivie d’un pincement de
grossesse, le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), le l’interligne, d’un flou des contours, d’une lyse osseuse sous-
barotraumatisme, la maladie de Gaucher. Environ un quart à un chondrale qui ulcère, érode ou efface telle partie du contour
tiers des cas restent sans cause décelable [59]. articulaire (Fig. 17). L’IRM est plus précoce : signal franc en
T2 d’épanchement et d’épaississement inflammatoire de la
Pronostic (Tableau 10)
Les évolutions défavorables se font dans les deux premières
années après le diagnostic. Elles sont exceptionnelles au-delà de
3 ans. Elles se marquent par le passage au stade III de Ficat :
décroché, ovalisation ou « coquille d’œuf » sous-chondrale. Aux
stades I et II, le pronostic se fonde sur l’étendue et la topogra-
phie de la zone nécrosée sur l’IRM : si celle-ci touche moins de
35 % du contour supérieur de la TF et représente moins de
20 % de l’aire céphalique, le pronostic est favorable. Au-delà, il
est plus ou moins vite mauvais, au prorata de l’étendue de la
nécrose [59].

Traitement
Il n’y a aucun traitement radical, sauf la PTH. Les ostéotomies
Figure 17. Coxite : pincement supéro-interne étendu, estompage et
sont soit très complexes, soit abandonnées. Le forage de la tête
amincissement du toit en regard. Cette coxite peut être infectieuse ou
et du col par voie transtrochantérienne s’est finalement révélé
inflammatoire ; la ponction et l’analyse cytobactériologique du liquide
inefficace dans les essais randomisés, même aux stades préfrac-
synovial s’imposent.
turaires, sauf dans les NTF peu étendues, de toute façon assez

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Coxarthrose et coxopathies de l’adulte. Diagnostic et traitement ¶ 14-308-A-10

synoviale [65]. Au moindre soupçon, la ponction s’impose : le


liquide contient habituellement 5 000 à 20 000 cellules. Le
bacille de Koch se décèle beaucoup plus souvent en culture
(75 % des cas) qu’en examen direct (20 %). Parfois, une biopsie
de la synoviale est nécessaire : réponse en quelques jours, au
lieu de 3 à 4 mois pour la culture. Enfin peuvent aider au
diagnostic : l’intradermoréaction positive et la présence d’autres
localisations dans 20 % à 30 % des cas (scintigraphie). La tri- ou
la quadrithérapie antibacillaire doit durer 2 mois, suivie par une
bithérapie de 6 à 9 mois.

Coxite inflammatoire [65, 66]

Assez fréquente au cours des spondylarthropathies et de la


polyarthrite, elle est très rare en tant que monoarthrite localisée
à la seule hanche. Sont évocateurs le rythme inflammatoire de
la douleur (nocturne et/ou longuement matinale) et l’aspect en
IRM, proche de celui décrit ci-dessus (Fig. 17). La formule
inflammatoire du liquide synovial ponctionné comporte plus de
2 000 cellules par mm3, dont plus de 50 % de polynucléaires
non altérés. Nous avons observé une vingtaine de cas de coxite
initialement isolée dont un tiers sont devenues des spondy-
larthropathies au fil du temps, rarement une polyarthrite et
quelques-unes des oligoarthrites lentement extensives, inclassa- Figure 18. Ostéochondromatose synoviale. Forme floride évidente
bles [66]. Le traitement général est variable suivant la nosologie avec nombreux chondromes ossifiés.
(traitement de fond) et la douleur (AINS). Le traitement local est
essentiel : injection intra-articulaire d’hexacétonide de triamci-
nolone et, parfois, synoviorthèse isotopique.

■ Synoviopathies et capsulopathies
(Ostéo-)chondromatose synoviale
de la hanche (ChSH)
Pourquoi la parenthèse dans ce titre ? Parce qu’à la hanche,
les chondromes produits par la synoviale ne s’ossifient pas et
demeurent radiotransparents dans 50 % des cas. La ChSH
touche l’homme plus que la femme, entre 20 et 50 ans (extrê-
mes : 10-80 ans). La douleur est habituelle, souvent intermit-
tente, parfois absente. Les « blocages » sont rares. L’enraidis-
sement va de nul à très important.
Figure 19. Chondromatose synoviale à chondromes radiotransparents.
Imagerie Arthrographie ; multiples lacunes arrondies, bien limitées au sein du
Si plusieurs chondromes sont calcifiés ou ossifiés, le diagnos- liquide de contraste.
tic est facile : ponctuations fines ou opacités plus grosses, rondes
ou polyédriques dans l’aire articulaire et jouxtant le col fémoral
(Fig. 18). Le diagnostic est difficile lorsque les calcifications sont
peu nombreuses, méconnues ou absentes (près de 50 % des cas). La forme décalcifiante se traduit par une hypertransparence
On peut parfois remarquer un signe indirect : érosion du col, de la tête fémorale plus que du cotyle, sans flou des contours,
méga-interligne (très évocateurs) ou ostéoporose régionale. Il ce qui, ajouté à la chronicité, exclut l’algodystrophie. Elle est
faut savoir penser à la ChSH et demander une arthrographie souvent accompagnée d’une rétraction capsulaire.
avec mesure de la capacité articulaire, souvent réduite (rétraction La forme rétractile, décrite en 1981 [67] reste sous-estimée. Elle
capsulaire) et une arthro-TDM. Les chondromes radiotranspa- représente un tiers de nos cas. Elle se traduit par un flessum ou
rents forment au sein du liquide de contraste des lacunes une abduction irréductibles et une limitation importante de la
arrondies, ovalaires ou polyédriques (Fig. 19). L’arthroscanner mobilité. La capacité articulaire est réduite à 4-10 ml, au lieu des
(ou l’arthro-IRM quoique plus floue) permet de localiser tous les 12-15 ml normaux. La mesure en est toujours indispensable car
chondromes, y compris ceux de l’arrière-fond, dont il faut l’image arthrographique elle-même n’atteste que rarement la
exiger l’exérèse. L’IRM seule est insuffisante. rétraction. Les chondromes de l’arrière-fond du cotyle semblent
particulièrement fréquents dans cette forme.
Arthroscopie Nous avons observé un méga-interligne dans un quart des
L’arthroscopie est rarement indiquée pour le seul diagnostic, cas [68] : épaisseur majorée de 20 % à 100 % par rapport au côté
sauf dans les cas douteux : elle permet de voir les chondromes, sain, globalement, de face comme de faux profil. Cette image
de les biopsier ainsi que la synoviale alentour, encore active ou doit faire évoquer la ChSH.
déjà non productive dira l’histologiste. La forme érosive pseudokystique se traduit par des ulcérations de
tel contour du col ou de la tête fémorale dues à la compression
Formes atypiques et diagnostic différentiel extrinsèque des chondromes, ce qui fait discuter la synovite
Dans la forme avec calcifications, il faut exclure les très rares villonodulaire.
synovialosarcomes et l’hémangiome synovial.
Dans la forme à chondromes radiotransparents, il faut Traitement chirurgical
éliminer les autres coxopathies à radiographie normale ou
subnormale, symptomatiques depuis plus de 6 mois (Tableau 1), Il semble que la synoviale ne soit productrice de chondromes
délai qui met hors de cause l’algodystrophie et les fractures de que pendant quelques années. En conséquence, l’ablation
contrainte. chirurgicale semi-tardive des chondromes n’est que rarement

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14-308-A-10 ¶ Coxarthrose et coxopathies de l’adulte. Diagnostic et traitement

suivie de récidive. Retirer tous les chondromes de l’arrière-fond, forme aiguë, dite crise de pseudogoutte calcique, rare à la
au prix d’une subluxation peropératoire de la hanche, qui, hanche, comporte une douleur vive à début brusque ou rapide,
soulignons-le, est sans danger, est indispensable sous peine parfois fébrile, une VS élevée et un épanchement riche en
d’échec clinique ou de récidive de la rétraction capsulaire. Celle- polynucléaires, avec des cristaux visibles en lumière polarisée. La
ci, dans les formes rétractiles avérées, doit faire pratiquer une crise s’amende vite sous AINS ou corticothérapie locale.
résection capsulaire partielle laissée béante, sous peine de fibrose La forme chronique est plus fréquente. Elle est soit proche
postopératoire obligeant à la PTH. Non traitée, la ChSH peut d’une coxarthrose commune, soit (deux tiers des cas selon
engendrer une coxarthrose. Le traitement chirurgical le plus Menkès) plus rapidement destructrice, notamment chez la
complet (exérèse de tous les chondromes, synovectomie à la femme de plus de 60 ans [15] : pincement étendu, remodelage
demande) donne jusqu’à 80 % de succès avec un recul moyen osseux avec tête fémorale abrasée, cotyle protrus ou rehaussé,
comme dans une CDR. Des microgéodes au sein d’une conden-
de 4 ans [69]. Parmi les échecs, 10 % ont abouti à une PTH.
sation sous-chondrale sont évocatrices. La recherche de la CCA
doit être systématique. Comme le liseré calcique caractéristique
Traitement arthroscopique disparaît vite dans la chondrolyse de la hanche atteinte, il faut
Le traitement arthroscopique, proposé en premier en le rechercher à la hanche controlatérale, au pubis, aux genoux,
France [68], donne, avec un recul moyen de 6 ans, une bonne aux poignets. La CCA peut être secondaire à une entité à
moitié de patients satisfaits. Les échecs sont dus à des récidives rechercher : hyperparathyroïdie, hémochromatose, ochronose. Il
obligeant à la chirurgie chez 38 % des sujets [70]. Les chondro- n’y a pas de traitement spécifique (cf. coxarthrose).
mes de l’arrière-fond sont particulièrement péjoratifs, car
difficiles et longs à extraire par arthroscopie sur table Coxopathie de l’hémochromatose [72]
orthopédique. L’hémochromatose génétique (la plus fréquente) est une
surcharge générale en fer des tissus, notamment du foie. Les
arthralgies et arthropathies (poignets, doigts, genoux, hanches)
Synovite villonodulaire hémopigmentée sont le signe révélateur de l’hémochromatose dans 20 % à 40 %
(SVNH) des cas. Cliniquement, c’est une coxopathie chronique, pseu-
doarthrosique. L’aspect radiographique est tantôt celui d’un
Une riche moisson de cas français a enrichi la connaissance
liseré de CCA, tantôt celui d’un semis de « crasse calcique »
de cette affection très rare à la hanche [71] . Elle se traduit
dans l’interligne, qui disparaît au cours du pincement. Aspect
typiquement par de multiples lacunes vues de face (ou des
particulier, la plaque sous-chondrale et l’os sous-jacent sont
.

ulcérations vues de profil), dues aux nodules synoviaux érodant occupés par une condensation parsemée de très petites géodes
la tête fémorale, le col, le cotyle. mal cernées et dispersées. L’atteinte d’autres articulations est
Ces lacunes sont ubiquitaires et non situées dans l’aire fréquente, notamment celle des métacarpophalangiennes des
d’hyperpression comme dans une coxarthrose. Le pincement de index et des médius. Le diagnostic repose sur le contexte
l’interligne est inconstant, l’ostéophytose rare et tardive. clinique (souvent tardif) : pigmentation cutanée, hépatomégalie,
L’arthrographie et l’arthroscanner donnent à voir des nodules diabète, et plus précocement sur l’excès net de fer sérique, de
synoviaux très irréguliers, lacunes parfois mal cernées. L’IRM est ferritine et surtout du coefficient de saturation de la transferrine
cruciale : synoviale irrégulière, épaissie, avec des plages en supérieur à 60 % (normale : 30 % à 40 %). Le traitement
hypersignal hétérogène en T1 et T2, mais prenant le contraste, spécifique de l’affection : les saignées régulièrement répétées, n’a
lequel va souligner les petites plages restant en hyposignal malheureusement pas d’influence sur le cours des arthropathies
condensé et franc en T1, T2 et T1 gadolinium et qui sont les constituées.
dépôts d’hémosidérine caractéristiques [71]. Le traitement aboutit
le plus souvent à la PTH, parfois après tentative de synovior- Autres coxopathies métaboliques (rares)
thèse (yttrium) ou de synovectomie partielle, dont le succès L’ochronose, déficit génétique en homogentisicase et la maladie
durable est rare. de Wilson, surcharge en cuivre par insuffisance de ceruléoplas-
mine, peuvent comporter une coxopathie analogue à celle
Rétraction capsulaire ci-dessus décrite.

(« capsulite rétractile ») [67]


Fréquente à l’épaule, elle est très rare à la hanche. Elle évolue
■ Ostéopathies épiphysaires
vers la rémission spontanée en 6 à 24 mois, parfois plus, ou à expression articulaire
avec des récidives chez les diabétiques, dont le terrain est
favorisant. La limitation de la mobilité passive est constante. Le
(nécrose exclue : cf. supra)
cliché simple est normal. La mesure de la capacité articulaire est
indispensable (5 à 10 ml au lieu des 12-15 ml normaux), la
Fractures de contrainte de la tête fémorale
silhouette de l’arthrogramme lui-même n’étant que rarement et du cotyle
probante. On traite par injections intra-articulaires de corticoï- Celles de la TF (Fig. 20) sont traitées au diagnostic différentiel
des radioguidées, suivies de rééducation. Il est des formes de la nécrose. Celles du cotyle (fractures supra-acétabulaires)
secondaires à une chondromatose synoviale parfois méconnue touchent aussi des sujets âgés, ostéoporotiques connus ou
ou à un ostéochondrome de l’arrière-fond, à traiter comme tels. méconnus. La douleur, à début rapide ou brusque, est mécani-
que, à l’appui. La radiographie est normale durant les premières
semaines. La scintigraphie est vite hyperfixante au toit du cotyle
et l’IRM montre très tôt un liseré en hyposignal en T1 et en T2,
■ Arthropathies métaboliques plus ou moins proche du contour du toit et contrastant en
de la hanche T2 ou, mieux, en STIR, avec l’hypersignal de l’œdème médul-
laire environnant [62]. Le traitement est la privation ou la forte
réduction d’appui pendant 6 semaines.
Coxopathies de la chondrocalcinose
articulaire Géodes « isolées » non arthrosiques
La chondrocalcinose articulaire (CCA) consiste en dépôts de
de la tête fémorale (GITF) et du cotyle
cristaux de pyrophosphate de calcium dihydraté dans les Décrites en 1985 sur 23 cas [73] les géodes de la TF sont soit
cartilages ou les fibrocartilages, ménisques notamment. La isolées, soit prédominantes et longtemps sans coxarthrose

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Coxarthrose et coxopathies de l’adulte. Diagnostic et traitement ¶ 14-308-A-10

Géodes d’hyperpression
Ce sont, en somme, des géodes « préarthrosiques ». Les
géodes, habituellement liquidiennes (IRM), occupent l’apex de
la tête fémorale dans la zone d’hyperpression d’une dysplasie ou
d’une subluxation congénitale. La chondropathie débutante
peut être décelée par l’arthro-TDM.

Diagnostic différentiel : autres lacunes


fémorocapitales
Rappelons les géodes, rarement purement céphaliques, de la
ChSH et de la SVNH (cf. supra). Les géodes tumorales (cervico)
céphaliques : chondroblastome, tumeur à cellules géantes et
Figure 20. Fracture de contrainte de la tête fémorale. Imagerie par chondrosarcome à cellules claires doivent être biopsiées au
résonance magnétique (IRM) en pondération T1 : la ligne en hyposignal moindre doute.
(« arc noir ») sous le contour céphalique est typique.
Géodes « isolées » du cotyle
Décrites avant celles de la tête fémorale dans les années 1960,
les géodes vraiment isolées du cotyle sont rares. S’il existe un
pincement, même modeste et/ou purement antérieur de l’inter-
ligne (faux profil indispensable) ou une ébauche d’ostéophytose,
il s’agit d’une géode arthrosique, fut-elle prédominante. S’il y a
une dysplasie, la géode dans la zone d’hyperpression n’est pas
insolite. La géode vraiment isolée (ganglial cyst) est rare et
semble le plus souvent n’être qu’un premier signe d’arthrose [74].

Autres ostéopathies épiphysaires


Ostéome ostéoïde de la région de la hanche [75]
La douleur est descendante, pseudocrurale. Sa recrudescence
nocturne, son apaisement par l’aspirine ou un AINS, suggestifs,
Figure 21. Géodes isolées de la tête fémorale. Elles se sont développées sont inconstants. C’est rarement une pseudocoxopathie : à
lentement au-dessous d’un petit noyau d’ostéochondrite disséquante, ici l’examen, limitation et douleur manquent souvent. L’image
vu de face dans sa niche (tête de flèche). Il était au mieux visible de profil radiographique est volontiers petite, peu densifiante au col et
et surtout en tomographie et tomodensitométrie 3D. mal visible au fond du cotyle. La scintigraphie montre une
hyperfixation en foyer précis. Elle mène à une TDM qui
visualise l’image de nidus hypodense ou en « cocarde » au sein
d’une densification. Le traitement est l’exérèse, naguère chirur-
gicale, aujourd’hui faite par forage scanoguidé et thermodes-
secondaire. Elles relèvent d’une dystrophie de croissance, d’une truction au laser [76].
nécrose débutante ou avérée ou d’une hyperpression.
Coxopathie pagétique
Géodes céphaliques des dystrophies acquises Le diagnostic en est facile, la dystrophie pagétique étant
évidente au cotyle et/ou à la tête fémorale. L’aspect est celui
Sous l’allure d’une coxopathie chronique modérée, à douleur d’une coxarthrose lente, avec pincement variable et ostéophy-
intermittente, avec peu ou pas de limitation de mobilité, ces tose modérée. Toutefois, lorsque le Paget atteint le « rivage »
géodes touchent des hommes jeunes, de 20 à 50 ans (moyenne articulaire, cotyle ou tête fémorale, il n’induit la coxopathie
34 ans). Elles sont souvent multiples, en pleine tête fémorale ou qu’une fois sur deux, après un délai très variable. Une fois
dans sa moitié supérieure, cernées d’une fine bordure ou constituée, cette coxopathie reste indolore dans 50 % des
entourées d’une ostéocondensation. Elles ont tendance à cas [77]. Les particularités sont la fréquence de la protrusion
s’étendre vers le centre de la tête fémorale et la jonction tête- acétabulaire et/ou de la coxa vara acquises, fruits du remodelage
col au fil des années et n’évoluent que rarement et tardivement osseux pagétique ; elles peuvent précéder ou suivre la coxopa-
vers la coxarthrose. Ces GITF apparaissent comme une réaction thie. En cas de nécessité, une PTH peut être implantée.
structurée à une agression adjacente qui est, dans la majorité
des cas, une ancienne nécrose épiphysaire de l’adolescence ou Hanche radique
de l’enfance ayant laissé soit une ostéochondrite disséquante La hanche radique résulte d’une nécrose osseuse de la TF
(Fig. 21), soit une coxa plana, assez souvent les deux associées. et/ou du cotyle due aux rayons ionisants (radiothérapie ou
Le séquestre, souvent petit, est à rechercher sur le profil urétral, curiethérapie 1 à 6 ans auparavant). Douleur et enraidissement
sur des incidences obliques ou, mieux, une TDM. La TF est s’installent. L’image est une NTF étendue, une fracture sous-
généralement dysmorphique : tête ovale sur col court (coxa capitale lente, ou une nécrose du cotyle avec protrusion
plana), qui peut aussi appartenir à une dysplasie polyépiphy- secondaire ou fracture du toit et parfois chondrolyse péjora-
saire (genoux, épaules, poignets), retrouvée six fois dans cette tive [78]. L’implant d’une PTH y est très précaire.
série. Dans les cas inquiétants (menace d’effondrement d’une
géode) ou très gênants, l’évidement-bourrage des géodes a pu
être fait avec succès chez quelques-uns de nos jeunes
■ Entités diverses d’autonomie
patients [73]. discutée
Géodes céphaliques sous-nécrotiques Ostéoporose transitoire de la tête fémorale
En de rares cas, une géode se forme sous un foyer de nécrose (ex. « algodystrophie »)
débutante non encore individualisée sur le cliché simple. L’IRM Incluse maintenant dans le concept anglo-saxon dit CRPS
fait apparaître l’image de nécrose adjacente. (syndrome douloureux régional complexe), l’ostéoporose

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14-308-A-10 ¶ Coxarthrose et coxopathies de l’adulte. Diagnostic et traitement

transitoire de la tête fémorale est une atteinte passagère de la


hanche, de début rapide, parfois après une cause déclenchante
qui peut être évocatrice [79]. Elle touche des sujets d’âge moyen,
comporte une douleur mécanique avec souvent boiterie et
limitation très discrète de la mobilité à l’examen. La radiogra-
phie ne révèle l’hypertransparence de la TF que tardivement
(2-3 e mois). La scintigraphie comporte une hyperfixation
massive précoce et durable de la TF. L’IRM est l’imagerie de
choix : œdème osseux précoce plus ou moins étendu de la
TF [61] , voire du col, mais non du cotyle. La guérison est
habituelle en 4 à 8 mois, sauf complication telle qu’une fracture
de contrainte de la TF ou sous-capitale ou encore une rétraction
capsulaire [80]. Il n’y a pas de médication spécifique. La physio-
thérapie doit succéder au repos relatif de la première phase.

Lésions du bourrelet (labrum).


Formes « isolées » ?
Le labrum s’insère au pourtour du cotyle, qu’il prolonge.
C’est un anneau fibrocartilagineux à riche innervation. Il a 6 à
12 mm d’épaisseur. Ses lésions sont en majorité antérosupérieu- Figure 22. Tendinobursite trochantérienne. Le meilleur signe est la
res : fissure, désinsertion, invagination dans l’espace fémoroco- dérotation externe contrariée : posture de départ, cuisse fléchie à 90° en
tyloïdien (anse de sceau), et kystes. Les lésions labrales isolées rotation externe, avant son cap douloureux. On demande au patient de
sont rares, Le plus souvent, elles s’accompagnent d’une lésion replacer son tibia dans l’axe du lit et on s’y oppose. La douleur est
cartilagineuse, radio-muette dans les trois quarts des cas [81]. immédiate (sensibilité : 88 %).
Surtout, elles sont majoritairement le fruit d’une dysplasie ou
d’un conflit antérieur (CAFA) (cf. supra), et/ou de microtrauma-
tismes sportifs. Elles touchent l’adulte jeune, avant 50 ans :
douleur mécanique, souvent à début brusque. L’examen peut la Tendinobursite trochantérienne (TBT)
recréer par passage de la flexion-abduction vers l’extension- (ex. « périarthrite »)
rotation interne-adduction [82]. L’IRM simple est insuffisante :
.
elle ne décèle bien que le kyste labral. L’arthrographie avec
et rupture de la coiffe de la hanche [85]
arthro-TDM ou l’arthro-IRM sont indispensables (sensibilité La tendinobursite trochantérienne réalise la plus fréquente
90 % à 97 %). des douleurs de hanche extra-articulaires. Aiguë, subaiguë ou
L’efficacité diagnostique est de 92 % [83]. Sur 54 cas de lésions récidivante, rebelle, elle est latérale, irradiant souvent à l’aine ou
labrales isolées sans dysplasie ni CAFA, les résultats de l’exérèse à la cuisse, et survient à la marche, à la montée d’un escalier,
du segment lésé ont été, avec 5 ans de recul moyen, favorables d’une côte, et la nuit en décubitus latéral. Signe très évocateur,
dans les trois quarts des cas en l’absence (50 % des cas) de à l’examen, c’est la rotation externe (cuisse fléchie à 90°) qui est
chondropathie. Ils sont mauvais dans 90 % des cas s’il y a une électivement douloureuse. Le point sensible à la pression au
chondropathie coexistante vue en arthro-TDM, arthro-IRM ou bord supérieur du grand trochanter (GT) est très fréquent mais
au cours de l’arthroscopie [81]. Bien entendu, s’il existe une
peu spécifique. Les deux meilleurs signes nouvellement
dysplasie ou un CAFA, traiter la seule lésion labrale est vain. La
décrits [86] sont la résurgence de la douleur connue par la
correction de la dysmorphie causale est indispensable. Or, la
dérotation externe contrariée (Fig. 22) : douleur immédiate, et par
plupart des lésions du bourrelet sont secondaires, accompagna-
la station monopodale homolatérale maintenue 30 secondes (douleur
trices et non isolées.
rapide ou différée). Nous avons évalué leurs sensibilité et
Hanche hyperostosique spécificité qui sont respectivement de 88 % et 96 %. La radio-
graphie montre l’absence de coxopathie.
C’est un processus lent, engainant du fait de proliférations Dans les formes subaiguës, récidivantes, qui s’observent
osseuses des bords du cotyle, longtemps sans pincement de surtout chez la femme âgée, l’échographie et/ou l’IRM unilatérale
l’interligne. L’image du rachis dorsal et lombaire (maladie de à petits champs visualisent les bursites et les tendinites du
Forestier) doit être typique pour authentifier cette coxopathie
glutéus médius, dont la lame latérale est souvent rompue et du
souvent indolore [84].
glutéus minimus, lui aussi souvent désinséré. Le traitement
comporte le repos relatif, l’usage d’une canne, les AINS par
■ Diagnostic différentiel périodes de quelques semaines et/ou l’infiltration d’un corti-
coïde non fluoré au point douloureux. Dans les cas rebelles
pendant plus de 6 mois (huit de nos 17 patients), avec images
de rupture, la suture chirurgicale suivie de 6 semaines de
“ Point fort privation d’appui est un succès dans le grande majorité des
cas [87].
Principales causes de la hanche douloureuse aiguë
• Coxite infectieuse aiguë Autres bursites et tendinopathies. Hernies
• Kyste du psoas sous pression
La bursite antérieure du psoas, parfois hyperalgique, est
• Épanchement intra-articulaire rapide
généralement associée à une coxopathie sous-jacente, mais
• Crise de pseudogoutte calcique celle-ci peut être modérée et la bursite sous pression prédomi-
• Fracture de contrainte (y compris sous-nécrotique) nante (comme le kyste poplité d’une gonopathie). L’image en
• Tendinobursite trochantérienne aiguë est typique en échographie ou en IRM, à ne pas confondre avec
• Hernie étranglée une hernie crurale, diagnostic clinique et échographique [88]. La
tendinite du psoas est rare. La tendinobursite ischiatique donne
une douleur fessière basse, différente de celle d’une coxopathie,
Il est des douleurs de la région de la hanche qui ne corres- et que reproduit la flexion contrariée de la jambe tendue sur la
pondent pas à une coxopathie. Elles méritent ici une brève cuisse fléchie à 80°. Si elle est brusque, elle peut signifier rupture
description. tendineuse (IRM).

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Coxarthrose et coxopathies de l’adulte. Diagnostic et traitement ¶ 14-308-A-10

Fractures de contrainte extraépiphysaires [7] Sharma L, Kapoor D. Epidemiology of osteoarthritis. In: Moskowitz R,
Altman RD, Hochberg MC, Buckwalter JA, Goldberg VM, editors.
Les fractures de contrainte extraépiphysaires peuvent intéres- Osteoarthritis. Philadelphia: Lippincott-Williams and Wilkins; 2007.
ser le col fémoral (fracture progressive sous-capitale) ou les p. 3-26.
branches ilio-et/ou ischiopubiennes, celles-ci notamment chez [8] Lequesne M, Samson M. Coxarthrose à présentation clinique atypique.
les porteurs de PTH. Elles sont le fait de sujets assez âgés, Coxarthrose postérieure. Rev Rhum [suppl pédagogique] 1998;65:
ostéoporotiques connus ou non. La scintigraphie et/ou l’IRM 241SP-247SP.
sont vite positives, alors que la radiographie ne l’est que [9] Altman R, Alarcón G, Appelrouth D, Bloch D, Borenstein D, Brandt K,
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the hip. Arthritis Rheum 1991;34:5-14.
[10] Lequesne M, Malghem J, Dion E. The normal hip joint space: varia-
Douleurs « de hanche » d’origine lombaire tions in width, shape, and architecture on 223 pelvic radiographs. Ann
Rheum Dis 2004;63:1145-51.
Plutôt fessières ou crurales, elles peuvent cependant être [11] Sèze (de) S. Lequesne M. La coxarthrose au début : étude
hautes, latérales, antérolatérales, voire inguinales, ce qui est radiographique d’après 70 cas. Rev Rhum Mal Osteoartic 1958;23:
trompeur. Elles résultent soit d’une radiculalgie L2 (rare), ou 201-17.
L3 tronquée, soit d’une douleur projetée de discopathie ou [12] Richette P. La coxarthrose destructrice rapide. Rev Rhum 2009;76:
d’arthrose postérieure et créant parfois une sténose du canal 341-5.
lombaire, que précise la TDM ou l’IRM. À l’examen, la hanche [13] Lequesne M, Ray G. La coxarthrose destructrice rapide idiopathique.
est libre, indolore. La douleur, ébauchée ou franche, est souvent Étude étiologique prospective de 27 cas. Rev Rhum Mal Osteoartic
déclenchée par l’extension ou la flexion latérale du rachis 1989;56:115-9.
[14] Boutry N, Paul C, Leroy X, Fredoux D, Migaud H. Rapidly destructive
lombaire maintenues 10-15 secondes sur le patient debout. Il
osteoarthritis of the hip: MR Imaging findings. AJR Am J Roentgenol
existe parfois une coxopathie associée. Est-elle responsable ? Il 2002;179:657-63.
faut, pour trancher, recourir au test anesthésique de la hanche [15] Menkes CJ, Decraemere W, Postel M, Forest M. Chondrocalcinosis
décrit par Revel [89]. and rapid destruction of the hip. J Rheumatol 1985;12:130-3.
[16] Dougados M, Gueguen A, Nguyen M, Berdah L, Lequesne M,
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d’origine artérielle [90] [17] Lequesne M, Amouroux J. La coxarthrose destructrice rapide. Presse
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Ces douleurs « de hanche » sont plus rares et peuvent [18] Lequesne M. La nécrose de la tête fémorale avec chondrolyse rapide.
tromper longtemps. Le fil d’Ariane est la claudication intermit- Acta Orthop Belg 1972;38:516-25.
tente : ces douleurs, fessières ou trochantériennes ou crurales, [19] Harris WH. Etiology of osteoarthritis of the hip. Clin Orthop Relat Res
surviennent après 100, 200, 300 m de marche indolore et 1986;213:20-33.
obligent à stopper. Signes négatifs : la hanche est mobile et [20] Lequesne M. La coxarthrose : critères de diagnostic : étiologie sur 200
indolore (sauf bursite trochantérienne associée possible) ; il n’y cas. Rôle de la dysplasie congénitale. In: Peyron JG, editor.
a ni paresthésies, ni signes de sténose du canal lombaire ; la Epidemiology of osteoarthritis. Rueil-Malmaison: Geigy. 1981.
radiographie du bassin est normale. Il faut rechercher l’artérite p. 198-210.
de la bifurcation aortique, de l’iliaque ou de l’hypogastrique [21] Lequesne M, Dégieux P, Samson M. La coxarthrose. Facteurs de risque,
(voire de la fessière) par l’échodoppler et/ou l’artériographie. suivi et pronostic. In: Lequesne M, Nordin Y, Chevrot A, Bard H,
Larédo JD, editors. Imagerie de la hanche. Montpellier: Sauramps
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■ Conclusion [23] Compaore C, Chevalier X, Lequesne M. Les facteurs de risque de sur-
venue de la coxarthrose. Rev Rhum 2009;76:325-30.
L’examen clinique reste très important, avec même des [24] Lequesne M, Dang N, Dégieux P. La coxarthrose : facteurs de risque
innovations fructueuses (cf. « Le conflit antérieur et la bursite classiques et « nouveaux ». In: Kahn MF, Kuntz D, Meyer O, Bardin T,
Orcel P, editors. L’actualité Rhumatologique. Paris: Elsevier; 2001.
trochantérienne »). Si la radiographie n’est pas probante, le
p. 162-75.
choix de l’imagerie de seconde intention doit être fondé sur
[25] Langlais F, Frieh JM, Gédouin JE, Hulet C, Abadie P, Lambotte JC,
l’hypothèse principale (Tableau 1) en évitant les IRM inutiles, et al. Dysplasie et conflits de hanche de 20 à 50 ans. Rev Chir Orthop
trop répandues. 2006;92(suppl4):1S41-1S81.
.

[26] Lequesne M, Morvan G. Description des possibilités d’un arthromètre


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■ Références et segments de la hanche, du genou, du pied et des interlignes articu-
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Appareil locomoteur 19
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20 Appareil locomoteur

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Coxarthrose et coxopathies de l’adulte. Diagnostic et traitement ¶ 14-308-A-10

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M. Lequesne, Médecin consultant, ex-chef de service de rhumatologie de l’Hôpital Léopold Bellan (mlequesne@noos.fr).
Cabinet de rhumatologie, 31-33, rue Guilleminot, 75014, Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Lequesne M. Coxarthrose et coxopathies de l’adulte. Diagnostic et traitement. EMC (Elsevier Masson SAS,
Paris), Appareil locomoteur, 14-308-A-10, 2009.

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Chondrolyse rapide, handicap sévère et prothèse totale de hanche (PTH) en perspective. Sur 428 coxarthroses en étude
prospective, on a mesuré la dégradation de l'interligne au départ et l'on a divisé en groupes A, B, C et D suivant la proportion de
chondrolyse par an (en ordonnées, diagramme de gauche). À droite, en ordonnées, la proportion des patients ayant dû subir une
PTH dans les deux ans qui ont suivi. Les plus véloces en chondrolyse sont le plus vite et le plus massivement opérés. A : interligne
stable (n = 210) ; B : chondrolyse 25 %/an (n = 133) ; C : chondrolyse entre 25 % et 50 %/an (n = 45) ; D : chondrolyse &#x003E;
50 %/an (n = 40). D'après, avec l'aimable autorisation des auteurs.
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Faux profil de dysplasie. Insuffisance antérieure du toit du cotyle : angle VCA 17°. L'hyperpression a induit une surépaisseur. La
coxarthrose n'est pas commencée. C'est le stage où la butée antérieure autant qu'externe a toutes ses chances d'efficacité, mais
elle n'est indiquée que si la hanche est douloureuse.
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Frontière dysplasie-hanche « limite » : exemple de dysplasie modérée (hanche droite) dont le diagnostic est assuré par la
fémorocoxométrie : insuffisance cotyloïdienne limite avec obliquité du toit HTE : 13°, malcouverture de la tête par le toit VCE = 20°,
mais aussi coxa valga limite : CC'D = 140°. Aucune autre cause de coxarthrose. Celle-ci est commencée : pincement de
l'interligne, ostéocondensation tectale dessinant le cône d'hyperpression. Notez l'absence d'ostéophytose. La hanche gauche est
normale. La bascule du bassin vers la gauche ajoute une certaine dose d'insuffisance cotyloïdienne fonctionnelle en découvrant
davantage la tête fémorale.
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Synovite villonodulaire hémopigmentée. Lacunes ubiquitaires du col, de la tête fémorale et du cotyle, fond et toit. Les lacunes de la
chondromatose synoviale érosive sont beaucoup plus localisées (col fémoral).

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Déchirure du bourrelet pénétré par le contraste (tête de flèche) (tomodensitométrie, reconstruction en 3D coronale).
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