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Algodystrophie : syndrome douloureux


régional complexe de type I
C. Masson

L’algodystrophie ou syndrome douloureux régional complexe de type I est caractérisée par des anomalies
vasculaires avec hyperperméabilité suivies par une colonisation de fibroblastes, le plus souvent confinées
à un membre, un segment de membre, ou à une zone encore plus limitée, en premier la région distale,
après un événement initiateur. Son évolution naturelle est divisée typiquement en trois stades : aigu ou
pseudo-inflammatoire, puis dystrophique, puis atrophique. La douleur, disproportionnée par rapport à
l’événement intial, est continue et accentuée avec l’essai d’utilisation des articulations affectées. La
douleur spontanée, l’allodynie, l’hyperalgésie, et/ou l’hyperpathie ne se limitent pas au territoire d’un
seul nerf périphérique. L’œdème, les anomalies du flux vasculaire cutané, les anomalies sudoromotrices
sont perceptibles cliniquement pour les atteintes distales ou mésoméliques. L’hyperperméabilité
vasculaire transitoire dans la zone affectée est mise en évidence par les signes d’imagerie par résonance
magnétique (IRM) et la scintigraphie osseuse aux trois temps. Certains patients, des adultes jeunes et
surtout des adolescents de sexe féminin, développent une forme froide d’emblée avec des manifestations
douloureuses, mais sans œdème dans la zone affectée, avec, à la scintigraphie, une hypofixation du
radiotraceur par rapport au côté opposé, une IRM normale. La déminéralisation osseuse retardée,
inconstante est mise en évidence par des radiographies standards comparatives, un scanner. Dans
l’algodystrophie, la perte osseuse peut, en quelques semaines ou mois, devenir comparable à la perte
osseuse d’une ostéoporose commune après 10 ans d’évolution. Une fracture initiale corticale ou occulte
(fracture corticale et/ou trabéculaire) est un événement initial fréquent d’une algodystrophie, mais les
patients souffrant d’algodystrophie peuvent garder une déminéralisation prolongée et être ainsi à risque
de développer une fracture. La causalgie, les fractures trabéculaires, l’ostéoporose transitoire, la
rétraction capsulaire, l’ostéonécrose aseptique sont discutées au diagnostic différentiel. La prise en charge
thérapeutique d’un patient souffrant d’algodystrophie est difficile en l’absence de traitement validé.
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Algodystrophie ; Syndrome douloureux régional complexe ; Syndrome réflexe sympathique ;
Fracture trabéculaire ; Œdème médullaire osseux ; Ostéoporose transitoire ; Ostéonécrose aseptique

Plan ¶ Diagnostics différentiels 7


Causalgie ou syndrome douloureux régional complexe de type II 7
¶ Introduction 2 Fractures trabéculaires 8
Définition 2 Ostéoporose transitoire, possiblement migratrice 9
Terminologie 2 Capsulite rétractile 10
Situations d’une monoarthropathie apparente 10
Données épidémiologiques 2
Formes à expression douloureuse préférentielle 10
Données physiopathogéniques 2
Pièges selon l’imagerie 11
¶ Algodystrophie post-traumatique d’un segment de membre 3 Modifications vasculaires induites par les calcineurines 11
Traumatisme responsable sur l’appareil locomoteur 3 Algodystrophie factice 11
Tableau clinique d’installation progressive ou rapide 3
¶ Modes évolutifs 11
Imagerie 3
Guérison 11
Tests dysautonomiques et vasculaires 5 Algodystrophie extensive 12
Explorations neurologiques 5
¶ Traitement 12
Dysynchiria 5
Thérapeutiques physiques 12
¶ Formes cliniques 5 Problématique de la calcitonine 12
Formes étiologiques 5 Traitements symptomatiques 12
Formes symptomatiques particulières 6 Sympathectomie, blocs régionaux, épiduraux 13
¶ Diagnostic positif 7 Prise en charge psychologique 13
Pertinence clinique 7 Mesures préventives 13
Critères d’algodystrophie 7 ¶ Conclusion 14
Analyse des critères d’algodystrophie 7

Appareil locomoteur 1
14-286-A-10 ¶ Algodystrophie : syndrome douloureux régional complexe de type I

■ Introduction Terminologie
La terminologie historique traduit les cheminements nosolo-
Définition giques au sein du concept d’algodystrophie. Sont mises ici au
diagnostic différentiel de l’algodystrophie, comme dans l’article
L’algodystrophie ou syndrome douloureux régional complexe précédent [2], l’ostéoporose transitoire, possiblement migratrice,
de type I [1-6] comporte des troubles vasomoteurs et trophiques .
et la capsulite rétractile. Certains auteurs gardent une approche
sur des structures cutanées, sous-cutanées, articulaires, périarti- assez globale, avec une utilisation parapluie du terme algo-
culaires et osseuses d’un segment de membre faisant suite à un dystrophie couvrant plusieurs affections [7, 8].
facteur déclenchant, assez souvent un traumatisme. Le trauma-
tisme est soit modéré sur des zones riches en terminaisons Données épidémiologiques
nerveuses soit important : fractures incluant l’os cortical
d’emblée radiologiquement visibles, ou fractures corticales et La survenue d’une algodystrophie est possible à tout âge. Les
surtout trabéculaires occultes les premières semaines en radio- formes des enfants, adolescents, adultes jeunes sont assez
logie standard principalement sur un membre inférieur après un fréquentes. Une seule étude épidémiologique concernant
traumatisme, ou un effort prolongé plus important que d’habi- l’algodystrophie a été réalisée [9]. Elle a comporté les critères
tude. Quand la fracture survient spontanément ou après un d’inclusion « dystrophie sympathique réflexe », puis « syndrome
effort modéré, c’est la fracture en elle-même qui représente le douloureux régional complexe » quand ce terme a été créé (en
facteur traumatique local, qui déclenche l’algodystrophie. À la excluant les cas d’ostéoporose régionale transitoire ou migra-
lésion initiale douloureuse succède une réponse anormale dans trice). Cette étude a révélé une incidence et une prévalence de
son importance et sa prolongation du système nerveux auto- l’algodystrophie respectivement de 5,4 pour 100 000 et de
nome, se traduisant typiquement par trois phases résumées sur 20,5 pour 100 000. Le sex-ratio femme/homme a été, dans cette
le Tableau 1. Le stade I comporte une hyper- étude, de 4/1. L’atteinte du membre supérieur était deux fois
perméabilité locorégionale dans la zone affectée (phase dite plus fréquente que celle du membre inférieur.
aiguë ou chaude). Le stade II, qui peut inaugurer la maladie, est
sclérodystrophique (phase froide). Durant cette phase, l’hyper- Données physiopathogéniques
perméabilité locorégionale initiale laisse place à l’installation
progressive d’une fibrose régionale, pouvant porter anatomi- Il n’y a pas de réponse de phase aiguë dans l’algodystrophie.
quement sur l’ensemble des tissus, peau, muscle, ligament, Les patients n’ont pas de fièvre. Mais les signes locaux dans
tendon, aponévrose, capsule articulaire, synoviale, tissu osseux, l’aire affectée au stade I [10] suggèrent une inflammation
englobant en particulier le voisinage de neurorécepteurs et des vasculaire : gonflement, œdème marqué, augmentation de la
vaisseaux sanguins. L’aboutissant de ce stade II est le stade III, température locale, rougeur. Des explorations isotopiques au
atrophique, source de séquelles. stade I révèlent une augmentation de la perméabilité micro-
vasculaire dans la zone algodystrophique pour les protéines de
haut poids moléculaire (immunoglobulines G [IgG] marquées à
l’111indium) ainsi que pour les hématies. Le signe important
Tableau 1.
d’une hyperfixation plus étendue sur le segment de membre en
Les trois stades classiques de l’algodystrophie.
scintigraphie osseuse conventionnelle est lié à l’hyperhémie
Stade I : stade « aigu » Il dure de quelques semaines à quelques régionale. Cette hyperperméabilité microvasculaire régionale,
d’hyperperméabilité mois. caractéristique du stade I, explique l’œdème des parties molles,
locorégionale transitoire La douleur débute dans la région du site assez ferme (car riche en protéines), et l’œdème (inconstant
traumatisé, augmente volontiers à la toutefois) de structures plus profondes : osseuses (plasmostase
mobilisation, à la pression, à la chaleur, osseuse), articulaires (épanchement articulaire, œdème de la
aux émotions. membrane synoviale), et des structures périarticulaires. L’image-
Des signes autonomiques sont présents : rie par résonance magnétique (IRM) objective – quand il existe
rougeur, hyperthermie locale, œdème, – cet œdème dans les tissus superficiels et profonds algo-
pousse accrue des phanères. dystrophiques.
L’ostéoporose commence. Les signes autonomiques (modifications du flux sanguin,
hyperhidrose, œdème) traduisent ou évoquent un dérèglement
Stade II : stade Il commence à la fin du stade I et dure localisé, intense et durable du système nerveux végétatif. Tout
dystrophique plusieurs mois, parfois presque une année se passe comme si des agressions venues de la périphérie
ou plus. déclenchaient des impulsions efférentes anormales, au moins
La douleur s’aggrave en extension, par leur intensité et leur durée, responsables des perturbations
en intensité ; le froid, plutôt que le chaud, vasomotrices par un arc réflexe avec :
augmente la douleur. • comme voie afférente, les nerfs sensitifs, ou des structures
En région distale, les signes sont : cyanose, proches ;
peau froide, troubles des phanères, • comme centre, les formations végétatives de la moelle ;
hypersudation. • comme voie efférente, les fibres sympathiques postganglion-
La fibrose s’installe. L’ostéoporose, quand naires ou d’autres fibres proches.
elle est présente, est nette. L’atrophie Il n’y a pas d’équivalence entre la douleur maintenue par le
commence. système sympathique (un mécanisme de douleur) et l’algo-
dystrophie (qui n’est pas définie par un mécanisme de douleur).
Stade III : stade Il commence à la fin du stade II et dure Si la participation du système nerveux périphérique est cer-
atrophique 2 ans ou plus après le début de la maladie. taine [11, 12], avec des mécanismes plus complexes qu’ils ne
La douleur peut rester importante pour pouvaient apparaître [13, 14], la participation du système nerveux
ensuite s’atténuer. central est également indiscutable [15-18], ne serait-ce que par les
Le gonflement a disparu. La raideur et la pathologies touchant le système nerveux central responsable
limitation des mouvements prédominent. d’algodystrophie.
Aux extrémités, la peau est brillante, fine, Différents modèles expérimentaux d’algodystrophie ont été
pâle, le tissu sous-cutané est atrophique. proposés [19-26]. Ceux comportant une ligature d’un gros tronc
L’ostéoporose est possiblement présente nerveux sont en relation avec le syndrome douloureux régional
de façon nette sur le segment de membre complexe de type II. En revanche, ces dernières années, un
ou le membre. modèle expérimental a été mis au point chez le rat ayant des
Les stades sont plus ou moins marqués, inconstants. Le stade II est le mode caractéristiques possiblement proches de l’algodystrophie [27].
d’entrée dans la maladie pour certains patients. Un garrot posé sur le membre inférieur au-dessus de la cheville

2 Appareil locomoteur
Algodystrophie : syndrome douloureux régional complexe de type I ¶ 14-286-A-10

du rat anesthésié est laissé en place 3 heures. Il entraîne, dans • une impotence fonctionnelle parfois majeure ;
un premier temps, une ischémie distale, suivie, une fois le • des troubles vasomoteurs avec changements de coloration et
garrot enlevé, d’une phase d’hyperhémie transitoire, avec de température localement ;
installation sur le pied homolatéral, dans les quatre semaines • une hyperhidrose ;
qui suivent, de manifestations douloureuses et de troubles • un enraidissement articulaire actif, passif.
trophiques chez 70 % des animaux. Ce modèle d’ischémie-
reperfusion peut aider à comprendre les mécanismes de Douleur algodystrophique
l’algodystrophie [28-33]. La douleur algodystrophique est ressentie dans la région
affectée sous forme d’un élancement, de fourmillements, de
■ Algodystrophie post-traumatique picotements (paresthésies), d’une brûlure, ou bien quelque
chose d’aigu, ou souvent sans autre précision que celle « c’est
d’un segment de membre une douleur ». Elle est présente au repos, volontiers aussi la
nuit, à la pression légère ou au simple toucher (hyperesthésie),
dès l’essai de mise en fonction du membre affecté (boiterie,
Traumatisme responsable sur l’appareil marche avec une ou deux cannes pour le membre inférieur).
locomoteur Parfois, une stimulation non douloureuse est ressentie comme
Des fractures osseuses corticales expressives ou des fractures une douleur (allodynie). Une stimulation douloureuse peut
occultes corticales et ou trabéculaires (« fissures osseuses »), entraîner une douleur hors de proportion avec le stimulus
quelles que soient leurs origines, leurs modes de survenue, leurs douloureux (hyperalgésie). L’application de chaud (parfois de
localisations aux membres, surtout inférieurs, peuvent se froid) majore la douleur (thermodynie) ou au contraire la
compliquer d’algodystrophie, en particulier si leur diagnostic n’a soulage. Les moindres excitations sensitives ou affectives
pas été porté précocement. Une immobilisation prolongée, une (émotions, stress) peuvent entraîner une douleur anormale par
kinésithérapie inadaptée, des luxations, des entorses sur un son intensité et son caractère angoissant ou encore, chez
membre, un acte chirurgical (orthopédique, thoracique, vascu- certains patients dont le seuil douloureux est dépassé, la douleur
laire) sont par eux-mêmes sources possibles d’algodystrophie, de progresse en intensité plus vite et pour un degré plus élevé
même qu’une contusion paraissant modérée sur un site riche en qu’attendu, de façon explosive, en étant encore perçue après
terminaisons nerveuses (main, poignet, dessus du pied, cheville, arrêt du stimulus déclenchant (hyperpathie). La douleur globale
genou). des sept derniers jours est quantifiée sur une échelle visuelle
Il n’y a pas de parallélisme entre la sévérité du traumatisme analogique continue ou de Likert, servant de référence
et la survenue d’une algodystrophie. Des patients ayant un évolutive.
traumatisme d’intensité égale dans deux localisations symétri-
Troubles vasomoteurs
ques peuvent développer une algodystrophie d’un seul côté.
Une hyperthermie ou hypothermie régionale paraît un méca- Les troubles vasomoteurs dans le territoire douloureux sont
nisme réactionnel assez fréquent après un traumatisme. Il y a nets à la main, au pied, à la cheville, ou au genou (dans les
un continuum certain entre la réponse physiologique à un régions articulaires superficielles) : peau rouge ou cyanotique,
traumatisme et la constitution d’une algodystrophie, où la hyperthermie locale, ou alternances rapides hyper-/hypothermie
réponse excessive devient pathologique. locales, œdème assez ferme des tissus mous périarticulaires,
majoration à l’essai modéré d’activité du membre affecté ou en
Tableau clinique d’installation progressive charge des signes vasomoteurs, épanchement articulaire (qui, à
l’analyse paraclinique, est paucicellulaire), rarement ponctionné
ou rapide en pratique dans l’algodystrophie.
Progressivement s’installe le stade II algodystrophique avec
Éléments évocateurs
disparition de l’œdème et apparition de troubles de la trophicité
Une algodystrophie post-traumatique est évoquée sur le tissulaire : peau froide, sèche, cyanotique en particulier en
segment de membre lésé et à son voisinage (Fig. 1) : position déclive, ou pâle, atrophique, avec troubles de la
• sur un œdème assez ferme persistant au-delà du délai de sudation, anomalies des phanères, rétraction tendineuse,
guérison du traumatisme initial (souvent moins de 6 semai- ligamentaire, capsulaire, avec à la main une peau d’allure
nes, rarement plus de 12 semaines), rendant une contention sclérodermiforme, au pied un varus équin et au genou un
douloureuse ; .
flessum. La douleur, dans les meilleurs cas, s’atténue, mais elle
• une douleur après un intervalle libre de quelques jours ou peut rester vive, en particulier à la fonction articulaire. Ce stade
semaines à la reprise de la fonction articulaire, ou au repos, II est une modalité d’entrée dans la maladie assez fréquente.
parfois la nuit ;
Psychotrope
Sur le plan psychologique, on note si le patient se considérait
avant l’installation de l’algodystrophie plutôt émotif, anxieux,
dépressif, ou hyperactif.

Imagerie
Radiographie standard
Les radiographies standards comparatives montrent une
hypertransparence osseuse locale puis régionale, après un délai
d’au moins 3 à 4 semaines, hétérogène. La déminéralisation
hétérogène se traduit par une hypertransparence trabéculaire
mouchetée (Fig. 2) micro- ou macropolygéodique. La déminéra-
lisation prédominant dans la zone épiphysaire sous-chondrale
fréquente, nette, souligne la corticale quand celle-ci est respec-
tée ou fine (Fig. 3). Cette déminéralisation peut s’étendre
progressivement dans la profondeur de l’épiphyse ou à la lame
osseuse sous-chondrale. Les métaphyses hypervascularisées
algodystrophiques des enfants, des adolescents, ou des adultes
Figure 1. Aspect typique d’une main algodystrophique en phase
jeunes sont volontiers le siège de bandes claires (qui se rencon-
chaude.
trent toutefois dans d’autres pathologies comme les leucémies

Appareil locomoteur 3
14-286-A-10 ¶ Algodystrophie : syndrome douloureux régional complexe de type I

.
Scintigraphie osseuse
La fixation locale du radiotraceur méthylène-bisphosphonate
marqué au technétium 99m (99mMBP) du côté algodystrophique
aux temps précoces est accrue chez les patients en phase
d’hyperperméabilité locorégionale, mais diminuée dans la forme
froide d’emblée. L’image statique vers la 5e-10e minute repré-
sente le temps tissulaire appelé os précoce. La fixation du
traceur y est généralement accrue dans l’algodystrophie en
phase chaude. L’hyperfixation tardive 3 heures après l’injection
est le reflet de l’activité ostéoblastique osseuse, mais aussi du lit
vasculaire et de ses débordements.
L’accroissement de la fixation osseuse dans l’algodystrophie
en phase chaude dans la zone pathologique est un paramètre
scintigraphique attendu, précoce (troubles fonctionnels),
sensible, durable, mais non spécifique. La réalisation d’une
scintigraphie osseuse n’est pas systématique devant une suspi-
cion clinique d’algodystrophie. Elle est indiquée au stade initial
s’il existe un doute pour le diagnostic clinique, lors de discor-
dance entre l’intensité des douleurs et la pauvreté des signes
cliniques, dans les situations après chirurgie, quand le site
anatomique est inhabituel et en cas de problèmes médicolé-
gaux. Elle est utile en cours d’évolution, si l’on suspecte une
fracture secondaire occulte trabéculaire, favorisée par l’ostéopo-
rose locale algodystrophique, si l’on évoque une nouvelle
localisation d’algodystrophie, et en cas de problèmes médico-
Figure 2. Main algodystrophique : ostéoporose radiologique algodys- légaux.
trophique périarticulaire.
Imagerie par résonance magnétique
L’IRM objective, sur la même aire pathologique algodystro-
phique, l’œdème transitoire des tissus superficiels, périarticulai-
res, synoviaux, l’épanchement synovial transitoire (hypersignal
en images pondérées T2), la plasmostase intramédullaire
inconstante, transitoire, aspécifique, possiblement bigarrée sous
forme d’un hyposignal en images pondérées T1, hypersignal
.
d’intensité variable T2, hypersignal net en séquence avec
annulation du signal graisseux (séquence short tau inversion
recovery [STIR]).
Une image de perte du signal sous-chondral, arciforme,
immédiatement sous-chondrale, peut correspondre à une zone
d’œdème marqué ou à la zone d’intense déminéralisation sous-
chondrale retrouvée sur les clichés radiologiques quand elle est
fine, allongée, régulière, parallèle à la lame osseuse sous-
chondrale et qu’elle disparaît après injection de gadolinium.
Une telle image, de façon générale, fait discuter aussi le
diagnostic d’une fracture sous-chondrale.
Les résultats de l’IRM sont fonction des stades de l’algo-
dystrophie. Au stade d’algodystrophie froide, il n’y a pas ou il
n’y a plus d’œdème. La présence d’un œdème algodystrophique
Figure 3. Pied algodystrophique : ostéoporose du tarse globale et des tissus mous périarticulaires n’implique pas la constance d’un
sous-chondrale. œdème médullaire intraosseux. Il y a en revanche toujours un
œdème médullaire lors des fractures trabéculaires et au cours de
l’ostéoporose transitoire.
aiguës). L’interligne articulaire traduisant l’épaisseur du cartilage Dans des formes chroniques séquellaires avec déminéralisa-
est conservé. La présence d’une bande inhomogène de conden- tion intense, l’IRM met parfois en évidence de petites plages
sation épiphysaire ou métaphysaire évoque une fracture trabé- épiphysaires en discret hypersignal T1 et T2, traduisant l’atté-
culaire en voie de consolidation, cause ou complication de nuation du signal normalement généré par la présence du
l’algodystrophie selon la chronologie. L’absence de déminérali- réseau trabéculaire.
sation radiologique n’est pas un argument contre une algo-
dystrophie (l’ostéoporose ne figure pas comme critère du
Densitométrie osseuse
syndrome douloureux régional complexe de type I, voir infra).
.
Cette absence de déminéralisation est retrouvée dans un quart La densitométrie osseuse offre la possibilité de quantifier la
des atteintes algodystrophiques du pied. L’ostéoporose locale est perte minérale osseuse dans l’aire osseuse algodystrophique, plus
d’autant plus marquée que l’algodystrophie a continué d’évo- marquée sur l’os trabéculaire que cortical. Elle est équivalente
luer. Les sésamoïdes peuvent être englobés dans le processus de chez certains patients, en quelques semaines ou mois à celle
.
déminéralisation, ainsi, au genou, à la fabella ou au pied, le apparaissant en 10 ans d’évolution d’une ostéoporose postmé-
sésamoïde de l’hallux avec des aspects de déminéralisation nopausique. La densité minérale osseuse en g/cm2 et le contenu
homogène, ou en cible, ou polymicrogéodique. minéral osseux en grammes dans le membre algodystrophique
Le scanner (en règle générale demandé pour une autre par absorptiométrie biphotonique aux rayons X sont, par
indication) sur la zone algodystrophique visualise sur les coupes rapport au côté opposé, significativement plus bas, avec des
osseuses et parties molles la déminéralisation marquée et les diminutions de 10 % à 20 %, voire plus au bout de quelques
.
anomalies de structures de tendons, ligaments et des parties semaines ou mois sur l’aire affectée dans des formes post-
molles adjacentes (selon les phases : épaississement, rétraction, traumatiques, après fractures par exemple de Pouteau-Colles. La
atrophie). diminution de la densité minérale osseuse trabéculaire est plus

4 Appareil locomoteur
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importante que la corticale. La perte osseuse chez les sujets


algodystrophiques persiste à 6 mois ou à 1 an, et parfois plus
longtemps. “ Point important
Documents anatomopathologiques • Les termes algodystrophie et syndrome douloureux
Les documents histologiques ne font pas partie de la démar- régional complexe de type I sont équivalents.
che clinique. Des biopsies dans des zones algodystrophiques ont • Le syndrome douloureux régional complexe de type II
été pratiquées à une époque où le diagnostic posait plus de est synonyme de la dénomination causalgie.
.
problème, pour exclure une pathologie infectieuse ou tumorale, • L’algodystrophie fait suite à un facteur déclenchant ou à
ou le sont parfois encore lors d’une intervention chirurgicale une cause d’immobilisation.
indiquée pour une raison autre que l’algodystrophie. • Le site de l’algodystrophie sur un membre est fonction
du facteur déclenchant.
Tests dysautonomiques et vasculaires • Une fracture occulte, si elle n’est pas diagnostiquée, est
.
La thermographie, les tests de la sueur, l’étude des flux une cause d’algodystrophie, à partir du moment où le
microcirculatoires ne sont pas de pratique courante, mais patient, malgré la douleur, continue ses activités.
participent à la compréhension de l’algodystrophie [10, 34]. • La douleur algodystrophique localisée comporte une
allodynie, une hyperalgie.
Explorations neurologiques • L’œdème, les troubles vasomoteurs et thermiques, sont
nets en phase chaude dans le territoire algodystrophique.
Par définition, il n’y a pas dans l’algodystrophie ou dans le
• Les troubles trophiques régionaux s’installent
syndrome douloureux régional complexe de type I de lésion
progressivement et peuvent affecter tous les tissus dont
.
d’un gros tronc nerveux, mais différentes explorations neurolo-
giques portent sur l’atteinte de nerfs de faible calibre, et surtout l’os (ostéoporose localisée).
sur les terminaisons nerveuses [11, 35-38]. • La scintigraphie osseuse montre, en phase chaude, une
hyperfixation de la région algodystrophique aux temps
Dysynchiria précoces et tardifs.

La thérapie par le miroir a fait découvrir la dysynchiria au


cours de l’algodystrophie [39]. Le patient a ses deux membres
supérieurs séparés par un miroir. La main saine se reflète dans
le miroir et le patient focalise son attention sur l’image reflétée,
de telle sorte qu’il a l’impression de voir sa main pathologique.
“ Point important
Le but initial est, en faisant faire des mouvements à la main
saine, de faire croire au cerveau du patient que c’est la main Neuf points communs à considérer pour
algodystrophique qui bouge, de telle sorte qu’il y a une stimu- l’ostéoporose transitoire, l’algodystrophie,
lation réelle des zones cérébrales en lien avec la main patholo- l’ostéonécrose aseptique et les fractures
gique. Dans l’algodystrophie, il semble exister une dysynchiria : trabéculaires pendant la grossesse
quand la main saine reflétée dans le miroir est regardée de • Survenue au troisième trimestre de la grossesse, parfois
façon continue par le patient, une stimulation légère de la main avant, parfois en post-partum.
saine provoque une sensation d’allodynie ou de paræsthésies sur
• Changement transitoire des conditions biomécaniques :
la main algodystrophique [39]. Cette dysynchiria ne serait pas
retrouvée dans la douleur neurologique chronique [40]. L’allody- prise de poids, modification de la répartition des charges,
nie pourrait ainsi être médiée directement par le cerveau. Elle rapidité de ces modifications.
illustre la complexité de l’atteine cérébrale centrale en dehors • Modifications métaboliques : augmentation du cortisol,
du champ du domaine et de la prise en charge psychologique. augmentation des lipides circulants, inondation hormo-
nale estroprogestative, variations phosphocalciques.
• Localisation préférentielle dans des zones portantes
■ Formes cliniques • Expression d’une douleur intense en charge avec une
boiterie contrastant avec la pauvreté de l’examen clinique.
.

Formes étiologiques • Difficultés des moyens d’exploration : pas de


radiographies standards, pas de scintigraphie osseuse
Les causes d’algodystrophies sont nombreuses.
pendant la grossesse.
L’algodystrophie de la femme enceinte ou en post-partum
touche préferentiellement les membres inférieurs et fait discuter • IRM possible au deuxième et troisième trimestre, mais
ses liens avec l’ostéoporose de la grossesse, ses rapprochements sans injection de gadolinium (injection contre-indiquée
ou différences avec les fractures trabéculaires, l’ostéoporose aussi pendant la lactation).
transitoire, l’ostéonécrose aseptique [41, 42]. • En attendant l’IRM, mise en décharge dès la suspicion
Des fractures d’apparition spontanée aux membres inférieurs d’un des quatre diagnostics, à visée antalgique et pour
apparaissent au cours de maladies avec fragilité osseuse : éviter des complications (fractures sous-chondrales,
maladie de Lobstein, ostéomalacies diverses, diabète phosphaté fractures corticales).
(suspecté devant une hypophosphatémie inférieure à • Complément éventuel d’imagerie après la délivrance et
0,9 mmol/l), hyperparathyroïdie, anorexie mentale. Ces fractu- selon l’évolution.
res ont leur symptomatologie propre et se compliquent parfois
d’une algodystrophie. Les syndromes de Fanconi de l’adulte
d’âge moyen 50 ans, d’origine acquise (toxique, médicamen-
teuse, dysglobulinémie, affection maligne, amylose, syndrome plastie, etc.) fait discuter le rôle de la pathologie initiale,
sec ou diverses affections rénales) se compliquent indirectement justifiant la chirurgie et le traumatisme chirurgical. Au cours de
d’algodystrophies par l’intermédiaire de fractures trabéculaires pathologies articulaires inflammatoires ou infectieuses, le
souvent occultes des membres inférieurs. diagnostic d’algodystrophie est rare, possible, mais particulière-
Une algodystrophie après chirurgie de revascularisation peut ment difficile. Le diabète paraît plus fréquent dans une grande
être liée à une abolition transitoire du réflexe veinoartériolaire. population algodystrophique par rapport à une population
Une algodystrophie après une intervention chirurgicale témoin, mais l’algodystrophie de la main doit être dissociée de
(arthroscopie, chirurgie d’un syndrome du canal carpien, arthro- la chéiroarthropathie diabétique. Les troubles lipidiques ne sont

Appareil locomoteur 5
14-286-A-10 ¶ Algodystrophie : syndrome douloureux régional complexe de type I

pas retrouvés dans l’algodystrophie, contrairement à l’ostéopo- Autres formes symptomatiques


rose régionale transitoire. Le nombre de syndromes épaule-
main, surtout gauche, survenant 2 à 8 semaines après un La douleur est un signe obligatoire pour certains dans
infarctus myocardique, a chuté de façon drastique par rapport l’algodystrophie, d’autres admettent l’absence de douleur jusque
à l’incidence ancienne indiquée de 10 % à 20 % sous l’effet des dans 5 % des cas d’algodystrophie. Dans des observations, il y
traitements efficaces vasculaires et/ou du meilleur contrôle de la a manifestement une prédominance des signes liés à l’hyper-
douleur dans cette situation. L’algodystrophie des patients perméabilité locale alors que dans d’autres, la douleur est plus
hémiplégiques reste fréquente à l’épaule, la main, parfois le à composante neurologique. Doury a décrit la claudication
coude, du côté paralysé, 2 à 4 mois après l’hémiplégie, diffé- douloureuse intermittente algodystrophique, retrouvée chez 4 %
rente de la contracture musculaire permanente neurologi- des patients pour l’atteinte du pied. Quelquefois une absence de
que [43]. Par définition, 2 % à 5 % de patients avec une lésion sensibilité au toucher contraste avec la présence d’une douleur
sur un nerf périphérique développant des signes « algodystro- sévère dans la même zone algodystrophique (anaesthesia
phiques » ont un syndrome douloureux complexe régional de dolorosa). Certains patients se plaignent de contracture muscu-
type II. Le phénobarbital (rhumatisme gardénalique des mem- laire, après essai d’efforts, de tremblements de l’extrémité
bres) a été décrit comme responsable de troubles algo- affectée, de petits mouvements cloniques rythmiques des doigts,
dystrophiques bilatéraux, pas toujours symétriques, davantage de signes d’incoordination musculaire [51-53]. Un tremblement,
aux membres supérieurs. une incoordination musculaire, des spasmes musculaires sévères
Plusieurs facteurs peuvent être intriqués dans la précession ont été retrouvés respectivement dans 49 %, 54 % et 25 % des
d’une algodystrophie. À l’inverse, l’absence de cause retrouvée 829 patients de Veldman et al. [1]. Il est assez fréquent que soit
dans certaines séries pose la question même de la définition de présent aussi un « syndrome de négligence du membre algo-
l’algodystrophie, qui inclut en règle générale un facteur déclen- dystrophique », le patient ressent son membre algodystrophique
chant ou une cause d’immobilisation. Dans la série historique comme étranger à lui-même [54]. Des rétractions plantaires ou
de Veldman et al. [1] chez 829 patients (487 atteintes des palmaires peuvent survenir de façon rapide, tableaux proches
membres supérieurs, 342 des membres inférieurs), une cause respectivement de la maladie de Ledderhose et de la maladie de
traumatique avait été retrouvée dans 65 % des cas, une inter- Dupuytren. La peau est dans quelques cas siège d’ulcérations, ou
vention chirurgicale dans 19 % des cas et, dans quelques d’une éruption bulleuse.
pourcentages, un processus inflammatoire, un accident vascu-
laire cérébral, des injections intraveineuses. Dans cette série Formes topographiques
importante, aucun facteur n’était présent chez 9,6 % des cas, Formes des membres
alors qu’un facteur initiant faisait partie des critères d’inclusion.
Certains patients dans leur expression neurosensorielle Aux membres supérieurs, les localisations distales algodystro-
fonctionnelle paraissent avoir des signes et symptômes, tradui- phiques à la main et au poignet sont communes. L’association
sant une labilité neurovégétative, avec une personnalité fragile. des deux localisations homolatérales main et épaule (rare) est
Cependant, les études portant sur l’algodystrophie postfractu- appelée syndrome épaule-main. Le coude algodystrophique est
raire n’ont pas retrouvé en règle générale une détresse ou des exceptionnel, mais possible. Aux membres inférieurs, les
troubles psychologiques avant la survenue de l’algodystrophie atteintes distales du pied et de la cheville sont prédominantes.
post-traumatique [44-46]. Le genou algodystrophique n’est pas exceptionnel. La hanche
algodystrophique est très rare. La richesse différente en termi-
naisons nerveuses imprime une expression variable de l’algo-
Formes symptomatiques particulières dystrophie des membres selon les sites distaux (mains-poignets,
pieds-chevilles), mésoméliques (genoux, coudes) ou rhizoméli-
Algodystrophie froide d’emblée ques (hanches, épaules).
L’algodystrophie froide d’emblée est la forme la plus fré- Formes focales des membres
. quente chez l’enfant, l’adolescent [2, 47]. Elle est possible aussi
chez l’adulte jeune. Une prédominance féminine est certaine. Lequesne et al. avaient décrit deux formes focales d’algo-
Les atteintes sont distales sur un membre. dystrophie [55]. L’une touche un ou deux rayons de la main (ou
La présentation clinique prend parfois l’allure d’une ischémie du pied) : c’est la forme dite radiale d’algodystrophie. L’autre
d’un membre, surtout au membre inférieur. Il n’y a pas, dans comportait une atteinte osseuse douloureuse portant sur une
cette forme, d’hyperperméabilité localisée. Dans le segment de partie d’un condyle ou de la tête fémorale : c’était la forme
membre atteint, siège d’une douleur intense, existent une zonale d’algodystrophie. Chez ces patients, la déminéralisation
hypothermie, une érythrocyanose, une hyperhidrose. Les radiologique est nette au deuxième mois. Et, élément important,
patients sont parfois adressés pour la suspicion d’une vascularite elle s’étend initalement sur une plage osseuse sous-chondrale,
. ou d’une ischémie artérielle aiguë. La scintigraphie osseuse puis de façon plus diffuse régionalement. La scintigraphie
objective une hypofixation aux temps précoces et tardifs à osseuse retrouve dans ces cas une hyperfixation massive d’abord
différencier de la non-utilisation du membre. localisée puis panrégionale. L’hypothèse actuelle est toutefois,
Les images IRM restent normales : il n’y a pas d’œdème dans cette forme zonale condylienne, un événement osseux (qui
intramédullaire ou des parties molles. La déminéralisation n’est pas une algodystrophie) par exemple une fracture sous-
radiologique est retardée, parfois de plusieurs mois (rôle de la chondrale ou une ostéoporose transitoire et ensuite, au moment
non-utilisation) ou absente jusque dans deux tiers des cas. de la phase d’extension, une algodystrophie. La forme zonale
L’artériographie exceptionnellement pratiquée a montré dans d’algodystrophie n’existe donc pas. L’IRM, dont ne disposaient
un cas un aspect grêle distal de l’arbre vasculaire du membre pas Lequesne et al. [55] , chez ces patients, confirme cette
inférieur. Tout se passe comme s’il y avait une hypoperfusion nouvelle interprétation.
régionale globale. Cette forme clinique d’algodystrophie froide
Formes en dehors des membres
d’emblée est si différente de l’algodystrophie à forme initiale
chaude que certains sont partisans de l’isoler du concept Le changement de paradigme avec l’introduction des nou-
d’algodystrophie, en utilisant les termes de pseudodystrophie ou veaux critères a ouvert la porte à la description de formes
d’algodystonie [48-50]. Cependant, les patients remplissent les d’algodystrophie en dehors des membres, non pas tant les
critères de l’algodystrophie, syndrome douloureux régional localisations osseuses au rachis, au gril costal, au sternum,
complexe de type I (voit infra). La nosologie exacte de la source de discussions anciennes avec des pathologies communes
présentation clinique historique « pied ou main bleu doulou- comme les fractures trabéculaires, que dans divers sites anato-
reux de Charcot » reste de nos jours inconnue [2], mais pourrait miques comme la face, les régions thoracique, périnéale, fessière
se rapprocher de cette forme. (« syndrome de la fesse froide »).

6 Appareil locomoteur
Algodystrophie : syndrome douloureux régional complexe de type I ¶ 14-286-A-10

■ Diagnostic positif
Pertinence clinique
“ Point important
L’observation et le contexte clinique permettent en règle CRPS : critères diagnostiques cliniques modifiés
générale de faire le diagnostic d’une algodystrophie. Le choix proposés selon Harden et Bruehl
des examens d’imagerie est fonction de la période de consulta- Les quatre critères suivants doivent être validés :
tion et des doutes diagnostiques. Un patient se plaignant après • douleur continue, disproportionnée par rapport à
un traumatisme de douleurs avec des signes vasomoteurs nets à n’importe quel élément déclenchant ;
la main et aux doigts, un enraidissement des doigts en demi- • présence signalée par le patient d’au moins un des
flexion (impossibilité d’étendre complètement les doigts et, à
symptômes dans trois des quatre catégories suivantes :
l’inverse, de faire le poingt), et une épaule homolatérale limitée
et douloureuse présente un syndrome épaule-main algo- C troubles sensoriels : hyperalgie et/ou allodynie,
dystrophique clinique. C troubles vasomoteurs : asymétrie thermique et/ou
de modifications de la couleur de la peau, et/ou
asymétrie de la coloration cutanée,
Critères d’algodystrophie
C troubles sudoromoteurs/œdème : œdème et/ou
Différents critères ont été proposés pour le diagnostic d’algo- sudation modifiée et/ou sudation asymétrique,
dystrophie. Les critères précis cliniques, paracliniques, théra- C troubles moteurs/trophiques : diminution de la
peutiques proposées par Doury [8] ne permettent pas de mobilité et/ou troubles moteurs (faiblesse,
différencier les patients ayant une algodystrophie de ceux ayant
tremblement, dystonie) et/ou troubles trophiques
par exemple une fracture occulte trabéculaire (éventuellement
spontanée) et non compliquée d’algodystrophie, en dehors
portant sur les poils, les ongles ou la peau ;
même de la discussion avec l’ostéoporose transitoire, qui, pour • présence constatée à l’examen au moment de
Doury, faisait partie de l’algodystrophie. Les critères de Kozin et l’évaluation d’au moins un signe dans deux ou plus des
al. (in [2]) excluaient les formes algodystrophiques mésoméliques catégories suivantes :
et rhizoméliques en définissant l’algodystrophie sur l’association C troubles sensoriels : hyperalgie (à la piqûre) et/ou
des signes et symptômes suivants : douleur et sensibilité allodynie (à l’effleurement léger ou à la pression
provoquée dans une extrémité distale d’un membre, instabilité somatique profonde),
vasomotrice, gonflement d’une extrémité avec souvent une C troubles vasomoteurs : asymétrie thermique et/ou
prédominance périarticulaire et souvent modifications dystro- changements de la coloration cutanée, et/ou
phiques cutanées. Les nouveaux critères ont été ensuite établis
asymétrie de la coloration cutanée,
sur l’expérience des spécialistes de la douleur. Les quatre critères
modifiés, suffisants et nécessaires de « l’Association internatio-
C troubles sudoromoteurs ou œdème : œdème et/ou
nale pour l’étude de la douleur » pour retenir une algo- sudation modifiée et/ou sudation asymétrique,
dystrophie (terme non utilisé) dans le sens syndrome doulou- C troubles moteurs/trophiques : diminution de la
reux régional complexe de type I ont été les suivants : mobilité et/ou troubles moteurs (faiblesse,
• un événement initial délétère ou une cause d’immobilisation ; tremblement, dystonie) et/ou troubles trophiques
• une douleur continue, une allodynie, ou une hyperalgésie, (cheveux, ongle, peau).
avec une douleur disproportionnée par rapport à l’événement • Les signes et symptômes ne sont pas mieux expliqués
initiant ; par un autre diagnostic.
• la preuve, à une certaine période d’œdème, de modifications Remarque. Les critères diagnostiques de recherche
dans le flux sanguin, ou d’une activité sudoromotrice anor-
modifiés selon Harden et Bruehl sont écrits de façon
male dans la région douloureuse (exemples : modification de
la température cutanée, de la couleur de la peau, hype-
identique. La seule différence pour remplir les critères est
.
rhidrose) ; la nécessité de la présence signalée par le patient d’au
• exclusion du diagnostic en présence d’une condition qui moins un des symptômes dans les quatre catégories
. pourrait expliquer le degré de la douleur par elle-même [56]. définies pour l’item 2.
Veldman et al. [1] ont proposé un jeu de critères à partir de
leur série importante d’algodystrophie.
Harden et Bruehl [57, 58] ont affiné les critères cliniques localisation n’est pas limitée aux membres, mais, d’un autre
d’algodystrophie applicables, d’une part, en clinique et, d’autre côté, l’atteinte des régions de membres plus profondes n’est pas
part (avec une exigence plus grande), en recherche. accessible aux critères uniquement cliniques. Le syndrome ne
comporte pas de critères faisant appel à une réponse à un
Analyse des critères d’algodystrophie traitement donné. La présence d’un facteur initiant identifiable
est obligatoire pour certains et non pour d’autres pour retenir
La notion de stades évolutifs algodystrophiques, typiquement le diagnostic d’une algodystrophie.
la phase chaude du stade I, puis la phase froide du stade II et
ensuite la phase atrophique du stade III n’a pas été retenue dans
les nouveaux critères. Mais certains patients peuvent initier une ■ Diagnostics différentiels
algodystrophie par une phase froide, et certains patients ont
une succession de modifications thermiques régionales rapides, Causalgie ou syndrome douloureux régional
ce qui explique que la pertinence de la notion de stade a été
mise en cause [59]. Les critères ne comportent pas l’atteinte
complexe de type II
osseuse algodystrophique. Cette absence de prise en compte de La causalgie de Weir-Mitchell ou syndrome douloureux
l’ostéoporose algodystrophique s’installant dans la zone de régional complexe de type II [3] survient après une lésion
troubles trophiques est possiblement reliée à son caractère identifiable d’un tronc nerveux riche en fibres sympathiques
retardé. La non-utilisation des données des examens complé- (nerf médian, nerf sciatique, plexus brachial). La douleur est
mentaires (radiographie standard, scintigraphie osseuse, IRM) sévère à type de brûlure, avec allodynie, hyperpathie. Il existe
s’explique possiblement par l’essai d’applications de critères un œdème, d’autres troubles de la microcirculation, une
universels, non liés aux moyens économiques. L’absence de hypersudation, des conséquences trophiques dans les territoires
syndrome inflammatoire biologique n’est pas indiquée textuel- du métamère du nerf traumatisé ou bien régionalement. Les
lement. Le syndrome douloureux régional complexe défini n’a soldats blessés examinés par Weir-Mitchell étaient obligés de
pas de définition anatomique. Il est dit régional. D’un côté, sa porter une bouteille d’eau et une éponge pour humidifier avec

Appareil locomoteur 7
14-286-A-10 ¶ Algodystrophie : syndrome douloureux régional complexe de type I

“ Point important
• L’algodystrophie à forme froide d’emblée
s’accompagne d’une hypofixation scintigraphique
régionale.
• L’IRM ne montre pas, dans la forme froide, d’œdème
régional.
• L’ostéoporose transitoire de cause incertaine (troubles
lipidiques, ischémie réversible, troubles vasculaires par
contrainte mécanique, microfractures) prédomine aux
membres inférieurs.
• L’ostéoporose transitoire s’accompagne toujours d’une
hyperfixation scintigraphique zonale correspondant à la
zone en IRM de l’œdème médullaire qui est
(transitoirement) déminéralisée. Figure 4. Fracture sous-chondrale de hanche en imagerie par réso-
• L’ostéoporose transitoire est migratrice dans presque nance magnétique coupe pondérée T1.
un cas sur deux sur quelques mois ou années.
• Les fractures occultes trabéculaires aux membres
inférieurs s’accompagnent d’une hyperfixation osseuse
focale, avec des signes IRM d’œdème médullaire au sein
duquel sont visibles des images d’impaction trabéculaire.
• Les fractures surviennent aux membres inférieurs
parfois en cascade : tableau clinique de polyfractures
trabéculaires.
• L’ostéonécrose aseptique est caractérisée en IRM par
une zone cernée : celle de la nécrose ischémique
irréversible.
• Les explorations d’imagerie (scintigraphie, IRM) sont
importantes en cas de difficultés du diagnostic différentiel,
en particulier pour les localisations aux membres
inférieurs.

du froid leur segment de membre blessé par balle dans l’espoir


de calmer la brûlure ressentie.

Fractures trabéculaires
Leur symptomatologie douloureuse, le gonflement locorégio-
nal, l’absence initiale de signes radiologiques (fractures radiolo-
giquement occultes) rendent le diagnostic de fracture trabé- Figure 5. Fracture sous-chondrale de la partie antérieure du talus en
culaire difficile avec une algodystrophie débutante. Elles se résonance magnétique, coupe avec saturation de graisse montrant une
rencontrent au cours des insuffisances osseuses, et surviennent zone d’œdème intraosseux.
alors parfois de façon spontanée ou bien après des contraintes
anormales et les circonstances de survenue sont alors évocatrices.
La scintigraphie osseuse objective toujours une hyperfixation
présente comme dans l’algodystrophie aux trois tremps, mais
focalisée sur la zone de la fracture. La scintigraphie osseuse a un
rôle majeur dans le diagnostic positif et le diagnostic topogra-
phique des fractures trabéculaires. L’IRM met en évidence les
impactions trabéculaires au sein de l’œdème médullaire. Elles
apparaisssent en hyposignal en pondération T2 et après injection
intraveineuse de gadolinium. Elles sont également en hyposignal
T1, faciles à identifier si leur hyposignal T1 est plus marqué que
.
celui de l’œdème médullaire (Fig. 4). Elles s’accompagnent d’un
œdème médullaire bien visible en IRM par les coupes pondérées
T1 et avec les coupes en annulation de la graisse (Fig. 5).
Ces parcelles osseuses linéaires épiphysaires impactées sont
différentes du liséré de démarcation d’une ostéonécrose asepti-
que qui, anatomiquement, isole complètement un secteur
osseux (Fig. 6).
Les sites de fractures trabéculaires sont nombreux :
• aux membres inférieurs : calcanéus, talus, épiphyse tibiale
inférieure, cuboïde, scaphoïde, cunéiformes, métatarses Figure 6. Ostéonécrose aseptique : zone cernée en résonance magné-
(diaphyse, épiphyse), épiphyses phalangiennes, plateau tibial tique, coupe pondérée T1.
médial ou latéral, condyle médial ou latéral, grand trochanter,
col du fémur, épiphyse fémorale supérieure ;
• au bassin : région supra-acétabulaire, sacrum partie droite ou Aux membres supérieurs, une fracture trabéculaire isolée est
gauche, ou global, aile iliaque. exceptionnelle (sauf au cours de l’anorexie mentale sévère). Les

8 Appareil locomoteur
Algodystrophie : syndrome douloureux régional complexe de type I ¶ 14-286-A-10

fractures trabéculaires des membres inférieurs sont des équiva-


lents périphériques de la fracture vertébrale avant la rupture
corticale. Les conditions mécaniques font que les ruptures
corticales sont, en règle générale, absentes dans les fractures
trabéculaires des membres inférieurs, sauf quand se surajoute un
traumatisme ou une activité inadaptée (si le diagnostic n’a pas
été posé). À l’inverse, les conditions mécaniques incontrolables
s’exerçant sur les vertèbres liées au poids du patient, au tonus
musculaire, à l’espace intersomatique, font qu’il existe souvent,
dans la fracture vertébrale trabéculaire, un tassement avec
rupture de la corticale des bords supérieur ou inférieur et/ou
antérieur, tellement fréquent qu’il avait donné son nom à cette
forme de fracture. De même qu’il existe des patients ayant une
seule fracture vertébrale, ou plusieurs fractures vertébrales en
quelques mois ou années, il est possible d’avoir, aux membres
inférieurs, un seul épisode de fracture trabéculaire, ou plusieurs
épisodes en quelques mois ou années, tableau clinique que l’on
peut appeler polyfracture trabéculaire péri-
phérique. Une fracture déclenche localement un foyer de
résorption osseuse (les travées fracturées sont éliminées totale-
ment ou en partie), suivie d’une phase de réparation. La phase
de résorption se traduit par une déminéralisation localisée au Figure 7. Ostéoporose transitoire. Œdème osseux monocondylien et
bout de quelques semaines, la phase de régénération par une des parties molles adjacentes en coupe pondérée T1 avec injection de
condensation trabéculaire en serpentin ou en bandes assez gadolinium.
épaisses à renflement visible radiologiquement sur le site de la
fracture trabéculaire 4 à 6 semaines après la survenue de la
fracture trabéculaire. Cette dernière image correspond au cal
Les patients souffrant d’une ostéoporose transitoire, plus
trabéculaire, témoin de l’évolution favorable de la fracture.
souvent des hommes que des femmes, jeunes ou d’âge moyen
Les liens de causalité entre fractures trabéculaires et algodys-
(50 ans), développent de façon rapide et le plus souvent sans
trophie sont importants. Les fractures trabéculaires des membres
notion de traumatisme antérieur ou bien, après une chute
peuvent se compliquer d’une algodystrophie, comme toute
modérée ou un mouvement brusque d’amplitude maximale, un
fracture, surtout si le diagnostic de fracture trabéculaire (et donc
syndrome douloureux dans une seule ou plusieurs aires osseuses
la mise au repos précoce) n’a pas été effectué. L’os est ainsi
souvent responsable d’algodystrophie (« os coupable »), une aux membres inférieurs (exceptionnellement aux membres
lésion à son niveau douloureuse provoquant l’algodystrophie. supérieurs).
Mais il peut subir aussi les conséquences trophiques de l’algo- Les aires préférentielles sont, par ordre décroissant à la
dystrophie (« os victime »). L’algodystrophie, de par sa déminé- hanche (ostéoporose transitoire de la hanche), au genou, à la
ralisation locorégionale nette, peut se compliquer d’une fracture cheville et au pied. Le site anatomique affecté est une épiphyse,
plus souvent trabéculaire que corticale et trabéculaire, après un ou une partie ou même une parcelle d’épiphyse, parfois une
traumatisme important, ou minime ou de façon apparemment métaphyse ou une partie de diaphyse, en particulier celle du
spontanée. La limitation d’activité du patient liée à la douleur fémur ou du tibia.
en charge diminue, mais n’annule pas ce risque. Les fractures La douleur est accentuée avec l’utilisation de l’articulation, à
des épiphyses métatarsiennes peuvent ainsi par exemple induire la limite des mouvements possibles, à la mise en charge. La
une algodystrophie, s’y associer ou la simuler : douleurs aiguës boiterie marquée oblige le patient en quelques jours ou semai-
localisées, arthropathie métatarsophalangienne d’allure inflam- nes à esquiver presque totalement l’appui sur le membre atteint
matoire, œdème diffus de l’avant-pied, évolution favorable après et, pour le mettre en décharge, il s’appuie de toutes ses forces
décharge d’appui de 1 mois. La prédominance des fractures sur une ou deux cannes. Une amyotrophie régionale est précoce
trabéculaires vient de la sévérité plus grande de la diminution et fréquente. La douleur est rare ou modérée en décubitus. La
de la masse osseuse dans ce site par rapport à l’os cortical. douleur s’aggrave en quelques semaines et devient maximale au
deuxième et au troisième mois pour s’atténuer et disparaître
ensuite, mais souvent en bout de plusieurs mois. L’hyperfixa-
Ostéoporose transitoire, possiblement tion scintigraphique homogène ne manque jamais au stade
migratrice initial et elle est précoce. Des localisations régionales ou locales
L’ostéoporose transitoire est au cœur de discussions souvent infracliniques, en particulier sur le même membre, sont parfois
passionnées depuis un demi-siècle. Elle pose la question de son découvertes.
existence, de ses liens avec l’algodystrophie de survenue Un épanchement synovial est retrouvé cliniquement ou sur
spontanée, l’ostéonécrose aseptique à son stade précoce, les une articulation profonde comme la hanche, en échographie.
fractures trabéculaires, l’ostéoporose de la grossesse [2, 41, 60-65]. . En revanche, il n’y a pas d’atteinte simultanée de l’autre versant
Cette affection est caractérisée par une atteinte osseuse zonale, osseux articulaire. Une ostéoporose radiologique homogène est
d’un seul côté d’une articulation, ce qui fait que cette simple visible au bout de quelques semaines. La vitesse de sédimenta-
caractéristique est un argument différentiel majeur avec l’algo- . tion est normale ou subnormale, de même que la protéine C
dystrophie, qui se traduit par une atteinte de part et d’autre de réactive.
régions articulaires. L’IRM retrouve toujours, dans l’ostéoporose L’IRM (hanche, genou, cheville, pied) objective l’œdème
transitoire, un œdème osseux médullaire, une hyperfixation transitoire intraosseux d’un condyle (Fig. 7) ou d’une épiphyse
scintigraphique dans cette même zone, qui est la zone visible en ou parfois juste une parcelle osseuse, incluant une zone sous-
radiographie standard ou scanner déminéralisée. . chondrale épiphysaire, correspondant à la zone qui est déminé-
Les causes possibles de l’ostéoporose transitoire restent ralisée et correspondant à l’aire de l’hyperfixation
discutées : ischémie locale, anomalies métaboliques systémiques scintigraphique.
lipidiques, fractures sous-chondrales, lésions affectant la Elle permet aussi de préciser s’il existe des fractures trabécu-
congruence articulaire (au genou, méniscopathie), changeant les laires correspondant par ailleurs sur la scintigraphie à une zone
contraintes mécaniques. Les localisations anatomiques préfé- de renforcement de l’hyperfixation du radio-isotope. Dans
rentielles sont la région épiphysaire, où la vascularisation l’atteinte de la hanche, l’aspect fantomatique sur la radiographie
terminoterminale est fragilisée par les contraintes mécaniques standard (Fig. 8) est tardif par rapport aux anomalies IRM et
avec hyperpression. scintigraphiques immédiates.

Appareil locomoteur 9
14-286-A-10 ¶ Algodystrophie : syndrome douloureux régional complexe de type I

L’IRM initiale apporte des indications diagnostiques et


évolutives [2, 41, 66] . Une plage tissulaire sous-chondrale en
hyposignal T2 assez profonde ou étendue ou encore (ce qui est
le même signe) non réhaussée (c’est-à-dire non vascularisée)
après injection intraveineuse de gadolinium est en faveur d’une
ostéonécrose aseptique épiphysaire irréversible. Au genou, dans
des atteintes œdémateuses osseuses du condyle médial, l’évolu-
tion vers une ostéonécrose aseptique ou une forme réversible
varie selon la présence d’une aire sous-chondrale en hyposignal
T2 de plus de 4 mm d’épaisseur ou d’une longueur de plus de
14 mm, alors que la zone d’œdème médullaire était comparable.
La perte en densité minérale osseuse sur la hanche affectée
dans quelques observations privilégiées étudiées avec une
.
ostéoporose transitoire de la hanche [67-70] a été similaire avec
une perte moyenne aussi élevée que 36 % dans le triangle de
Ward (aire non affectée par le poids du corps).
La différenciation ostéoporose régionale transitoire, algodys-
trophie a des conséquences thérapeutiques. Une procédure
chirurgicale peut aggraver une algodystrophie, mais ce n’est pas
le cas dans l’ostéoporose transitoire que ce soit pour des
Figure 8. Ostéoporose transitoire. Ostéoporose localisée à la partie interventions orthopédiques après fractures corticales secondai-
postérieure de l’épiphyse fémorale supérieure gauche en tomodensi- res ou bien quand on réalise un forage biopsique pour lutter
tométrie. contre l’hyperpression localisée intraosseuse épiphysaire fémo-
rale supérieure ou inférieure. Dans cette situation, les patients
ne s’aggravent pas et, au contraire, paraissent rapidement
Le pronostic est fonction du risque connu dans environ 40 % soulagés après le forage biopsique. Différents traitements sont
des cas de la survenue d’autres épisodes. La même symptoma- envisagés [71, 72]. Les corticoïdes sont inefficaces. Une équipe
tologie, dans les formes migratrices ou plurifocales, apparaît sur propose dans ces formes un traitement par prostacycline, avec
la même épiphyse controlatérale ou sur des sites autres du une efficacité montrée [73, 74].
même membre inférieur ou du membre controlatéral. Une
nouvelle localisation sur le même os ou une aire proche est Capsulite rétractile [75-77]
possible. La douleur n’est pas cliniquement alors strictement au
même endroit. Des cartographies scintigraphiques répétées Une algodystrophie d’une région d’un membre peut se
montrent les localisations successives dans les différentes aires compliquer d’un enraidissement articulaire quelle que soit la
au pied et à la cheville (28 os ou osselets, sésamoïdes non localisation par différents mécanismes et, en particulier, par une
inclus), mais aussi au genou (condyles et plateaux tibiaux
.
fibrose progressive de la capsule articulaire. Cette complication
médiaux et latéraux, patella). Le scanner et l’IRM, dans des évolutive de l’algodystrophie n’est pas synonyme de capsulite
observations privilégiées, ont permis de visualiser la migration rétractile, elle fait partie des raideurs articulaires [75-77].
du processus pour des localisations à l’épiphyse fémorale
supérieure ou dans des zones osseuses des genoux ou encore de Situations d’une monoarthropathie
la cheville et du pied. Certains patients ne sont pas encore apparente
guéris d’une localisation qu’une autre apparaît avec, à chaque
fois, une durée d’évolution de quelques mois se surajoutant, Une algodystrophie de la main en phase chaude œdémateuse
l’ensemble des épisodes pouvant durer 1 à 3 ans. fait parfois discuter une arthrite, une ténosynovite, ou une
Histologiquement sont retrouvés, selon les stades, une cellulite. Un syndrome inflammatoire est alors présent. Une
plasmostase intramédullaire, une augmentation du volume de algodystrophie en phase scléreuse de la main est à dissocier
l’os ostéoïde, une déminéralisation acellulaire, avec une activité d’une cheiroarthropathie diabétique (le diabète est ancien et
ostéoblastique importante et la formation d’un os nouveau. Les donc connu), une sclérodermie localisée ou systémique, ou
ostéoclastes présents parfois face à un os lamellaire « mort » encore, de façon plus exceptionnelle, une fasciite palmaire avec
(disparition des ostéocytes) ou un os irrégulier nouvellement arthrite liée à un cancer en particulier de l’ovaire. Dans ces trois
formé paraissent peu nombreux. cas, l’atteinte est en règle générale bilatérale avec un signe de la
Outre les problèmes nosologiques avec l’algodystrophie, le prière : le patient ne peut pas mettre les deux paumes de ses
diagnostic différentiel surtout au premier épisode est parfois mains à plat l’une contre l’autre. Une algodystrophie du genou,
difficile avec une lésion tumorale bénigne ou maligne, une de la cheville ou localisée au pied avec aspect pseudo-
arthrite en particulier infectieuse (tuberculose, se traduisant inflammatoire fait discuter une arthrite septique ou aseptique
volontiers par une déminéralisation marquée), une ostéomyé- (rhumatisme inflammatoire, arthrite microcristalline). Une
lite, une ostéonécrose aseptique, une fracture trabéculaire isolée. chondromatose synoviale peut entraîner une ostéoporose locale.
L’importance et la durée de la déminéralisation locale avec
un aspect homogène sont indiscutables et inhabituelles dans Formes à expression douloureuse
une fracture non compliquée. L’hyperhémie régionale constatée
en scintigraphie osseuse, les signes vasomoteurs qui peuvent
préférentielle
apparaître secondairement, la déminéralisation secondairement Une impotence fonctionnelle douloureuse depuis quelques
plus régionale et préférentiellement mouchetée, parfois un jours ou semaines avec boiterie et radiographies normales au
enraidissement localisé, pouvant aller jusqu’à une rétraction pied, à la cheville, au genou, ou à la hanche chez un sujet avec
capsulaire sont autant d’arguments laissant penser que l’ostéo- un état général conservé, sans fièvre, fait discuter, outre
porose régionale transitoire peut se compliquer d’une algodys- une algodystrophie, une fracture trabéculaire ou corticale/
trophie, la lésion initiale osseuse douloureuse étant la cause de trabéculaire de stress ou par insuffisance osseuse d’une zone
l’algodystrophie. portante épiphysaire ou métaphysaire ou diaphysaire – qui peut
La différenciation ostéoporose régionale transitoire et ostéo- se compliquer d’une algodystrophie – (signes focaux d’œdème/
nécrose à un stade précoce (type I et II de Ficat) est difficile et d’hémorragie péricorticaux échographiques précoces en parties
certains pensent qu’il s’agit de la même maladie. Mais les molles, hyperfixation scintigraphique précoce, signes IRM), une
troubles circulatoires ischémiques de l’ostéoporose transitoire ostéonécrose aseptique [78] (circonstances évocatrices, hypofixa-
n’entraînent pas une ischémie osseuse d’amplitude identique à tion scintigraphique partielle épiphysaire entourée d’une
celle de l’ostéonécrose aseptique où l’ischémie est définitive. hyperfixation, bande étroite arciforme IRM en hyposignal

10 Appareil locomoteur
Algodystrophie : syndrome douloureux régional complexe de type I ¶ 14-286-A-10

T1 réalisant l’interface entre la zone nécrotique qu’elle circons- fractures trabéculaires. La guérison survient en quelques mois,
crit et la zone saine), une enthésite (spondylarthropathie parfois presque une année. Le sirolimus a été mis en cause
connue ou non, hyperfixation scintigraphique localisée, signes exceptionnellement [79].
échographiques, signes IRM sur l’enthèse, avec œdème intramé-
dullaire osseux en regard de l’enthèse, syndrome inflammatoire
biologique), une tendinobursite (signes échographiques). La Algodystrophie factice
présence, sur les sites superficiels, de signes d’instabilité Le gain est externe, par exemple : compensation financière,
vasomotrice fréquents, mais inconstants, oriente vers une syndrome du revenu paradoxal, simulation, ou interne : syn-
algodystrophie. L’intérêt du cliché radiologique standard 4 à drome de Münchausen, névrose. Toutefois, certains patients ne
8 semaines après le début clinique est qu’il peut visualiser une guérissent jamais de leur algodystrophie. L’hyperperméabilité est
déminéralisation dans l’algodystrophie, méplat du contour de transitoire, mais la fibrose peut être définitive, et quand elle
l’épiphyse en cas d’ostéonécrose ou de fracture sous-chondrale, colonise régionalement différentes structures anatomiques
signe de la coquille d’œuf en cas d’ostéonécrose, bandes de (peau, tissu sous-cutané, capsule, synoviale, tendons, muscles,
condensation en cas de fracture trabéculaire correspondant au os, structures nerveuses), les patients peuvent rester handicapés.
cal osseux. L’allodynie, l’hyperpathie, la douleur spontanée, volontiers une
La mise en évidence, à la scintigraphie osseuse, d’une hyper- sensation de brûlure, expliquent l’appréhension compréhensible
fixation ou, plus rarement, d’une hypofixation alors qu’il du malade à se faire examiner et sont source de difficultés
n’existe pas de signes vasomoteurs superficiels va à l’encontre d’interprétation de l’examen clinique. Dans la série historique
d’un pithiatisme, d’une hystérie, ou d’une simulation, en de Veldman et al., 121 patients sur 829 restaient dans l’impos-
particulier dans les formes des membres inférieurs, difficiles sibilité d’effectuer des mouvements de leur membre algodystro-
d’interprétation quand la douleur et l’hyperesthésie sont isolées. phique après un recul important. Une décompensation
psychologique survient obligatoirement si la douleur persiste.
Pièges selon l’imagerie Tous ces paramètres sont à l’esprit dans les prises en charge
tardives et quand des issues médicolégales sont en cause.
Hyperfixation scintigraphique régionale
L’hyperfixation scintigraphique régionale d’une région, d’un
membre, aux trois temps, n’est pas spécifique de l’algodystro- ■ Modes évolutifs
phie à forme chaude, mais sa confrontation avec les données
cliniques et paracliniques permet en général de ne pas la
confondre avec un ostéome ostéoïde, une maladie de Paget Guérison
osseuse, une ostéonécrose aseptique. L’hyperfixation d’une
La guérison est obtenue assez rarement en quelques mois,
fracture trabéculaire isolée est constante, mais très localisée.
souvent en une année, parfois plus, sans séquelles. Les formes
L’accompagnement par une hyperhémie régionale (souvent
de la main, de l’épaule, du pied et de la cheville évoluent
moins intense que la zone fracturée), entourant la zone
pendant 1 à 2 ans. Sous traitement uniquement physique, la
d’hyperfixation intense, est un argument pour l’installation
main et le poignet algodystrophiques après fracture de Pouteau-
d’une algodystrophie faisant suite à la fracture. L’hypofixation
Colles restent à 6 mois douloureux et gonflés dans 20 % à 30 %
scintigraphique pourrait correspondre, dans certains cas, à une
des cas, siège d’une instabilité vasculaire et d’une sensibilité à
non-utilisation du membre (« pied de béquillage »).
la pression chez un patient sur deux, et d’une raideur dans
80 % des cas, raideur qui reste présente à 1 an dans 50 % des
Œdème intramédullaire
cas. Classiquement, les formes aux genoux et encore plus à la
L’œdème intramédullaire osseux visible en IRM accompagne hanche évoluent plus rapidement, mais il s’agissait d’un
d’autres conditions : toujours les fractures trabéculaires récentes, regroupement à la fois de l’algodystrophie et de l’ostéoporose
souvent les enthésites évolutives des spondylarthropathies, et régionale transitoire, cette dernière évoluant en quelques mois.
possiblement des cas d’ostéonécrose aseptique dans la zone qui Chez certains patients, l’algodystrophie passe progressivement
va devenir ostéonécrotique ou plus souvent en dessous de la au stade III atrophique, redoutable dans sa chronicité. Les
zone nécrotique visible en IRM ou en radiologie standard. Il se patients gardent alors des séquelles dans la zone algodystrophi-
rencontre aussi autour de l’ostéome ostéoïde, au cours de cancer que : raideur douloureuse, atrophie, ostéoporose, hyperpathie,
infiltrant, ou d’infections osseuses. Un œdème intramédullaire allodynie, mobilisation ou démarche pseudoparalytique (sans
parcellaire (sur une parcelle d’os) ou partiel (sur un condyle, un paralysie vraie), difficile à dissocier d’une hystérie au sens
plateau tibial, une zone épiphysaire, ou métaphysaire ou ancien ou d’une simulation, cette dernière dans une situation
diaphysaire, ou encore un osselet du pied ou de la main) fait éventuellement de bénéfices secondaires. Cette forme d’algo-
discuter selon le contexte une fracture occulte trabéculaire, une dystrophie atrophique, fixée avec une chronicité désespérante,
ostéonécrose aseptique, une ostéoporose régionale transitoire, se rencontre dans un grand nombre de cas dans les séries de
ou encore une enthésite, une ostéite, un ostéome ostéoïde. La patients algodystrophiques venant consulter en centres tertiaires
densitométrie quantifie la perte osseuse, mais n’a pas de valeur ou dans les centres antidouleur. La gravité de l’évolution a
diagnostique pour l’œdème intramédullaire. conduit, dans quelques observations anciennes et récentes, à
.
pratiquer des escalades thérapeutiques, voire une arthrodèse ou
Modifications vasculaires induites même une amputation, avec alors persistance malgré tout des
douleurs [80].
par les calcineurines Un patient algodystrophique encore douloureux au stade
La prescription de ciclosporine chez des greffés rénaux peut atrophique a une probabilité faible de guérir spontanément. La
entraîner, dès sa prescription ou quelques semaines ensuite, un réalité de cette forme grave, chronique, handicapante, dramati-
syndrome douloureux osseux, articulaire, musculaire aux deux que, a rendu caduque le paradigme « une algodystrophie guérit
membres inférieurs de façon symétrique avec des troubles toujours ». Sa prévalence est toutefois faible. L’étude épidémio-
vasomoteurs dans les zones affectées, une ostéoporose localisée, logique réalisée par Sandroni et al. à Olmsted County (Roches-
une hyperfixation scintigraphique se prolongeant après dispari- ter, États-Unis) [9] a montré que l’évolution était favorable dans
tion des douleurs. Ce syndrome iatrogène serait directement lié 74 % des cas, quelle que soit la modalité thérapeutique, en
à l’action vasculaire osseuse de la ciclosporine, dans des moins d’une année. Ces auteurs évoquent l’hypothèse d’une
conditions de modification brutale du métabolisme d’un tissu résolution spontanée des signes et symptômes dans la majorité
qui était devenu ostéodystrophique avant la greffe (il n’y a pas des cas en moins de 1 an. Les modalités thérapeutiques avaient
de cas décrits après prescription de ciclosporine dans la poly- comporté chez leurs patients une kinésithérapie et une physio-
arthrite rhumatoïde). Les anomalies épiphysaires IRM initiales thérapie dans 93 % des cas, des blocs sympathiques (33 % des
transitoires comportent un œdème médullaire et des signes de cas) et des médications diverses dans 49 % des cas.

Appareil locomoteur 11
14-286-A-10 ¶ Algodystrophie : syndrome douloureux régional complexe de type I

Algodystrophie extensive
Des localisations cliniques successives sont décrites sur le
même membre, au membre controlatéral, rarement aux quatre
“ Point important
membres en quelques mois ou années, cartographiées clinique-
ment avec soit une guérison entre les différentes atteintes, soit • Un patient souffrant d’algodystrophie guérit dans la
une évolution prolongée d’un seul tenant. Dans la série histo- majorité des cas.
rique de Veldman et al. [1] de 829 patients algodystrophiques, • Il n’y a pas de traitement curatif identifié de
39 patients ont une algodystrophie touchant plus d’un membre, l’algodystrophie.
34 ont une algodystrophie touchant deux membres, quatre • De nombreux traitements symptomatiques sont
patient ont trois membres touchés et un patient a eu les quatre proposés, adaptés à chaque patient.
membres touchés. Ces auteurs ont signalé une récidive dans le • Une extension de l’algodystrophie à d’autres sites est
même membre après une période libre ou presque libre de possible, mais rare.
symptômes chez 18 patients. Une extension de l’algodystrophie • Certains patients développent des formes rebelles de
à un autre membre a été retrouvée dans 4 % des cas dans
traitement difficile.
l’étude épidémiologique de Sandroni et al. [9]. Des cas isolés sont
rapportés dans la littérature avec des localisations extensives • La kinésithérapie, la physiothérapie sont nécessaires
multiples [2]. Une algodystrophie multirécidivante a été ainsi chez la plupart des patients algodystrophiques.
décrite chez une jeune femme ayant un lupus érythémateux • Les thérapeutiques par le miroir ou la provocation de
disséminé, plus de 20 sites non donnés clairement, mais aux l’illusion du mouvement par mise en jeu de la
quatre extrémités des membres, à différentes périodes, sans proprioception musculaire en stimulant de façon
corrélation entre les sites de poussées d’arthrite et ceux de mécanique les tendons sont prometteuses.
récidive de l’algodystrophie. Un cas a été décrit avec quatre • Les essais thérapeutiques doivent concerner des formes
épisodes touchant trois membres sur une période de 4 ans, typiques d’algodystrophie, en différenciant forme chaude
n’ayant pas répondu à la corticothérapie, mais aux blocs et froide, la durée d’évolution.
sympathiques ou une sympathectomie ; un autre à trois extré-
• La prévention de l’algodystrophie inclut la prise en
mités en 4 ans sans facteur déclenchant (main, poignet et coude
gauches, membres inférieurs sans séquelles). La question se pose charge efficace de la douleur dans toute situation où la
dans ces formes du diagnostic différentiel avec les polyfractures douleur pourrait entraîner une algodystrophie.
trabéculaires et l’ostéoporose régionale transitoire migratrice,
situations beaucoup plus fréquentes que l’algodystrophie
plurifocale. • d’autre part, par la réeducation proprioceptive avec la
création de l’illusion du mouvement par stimulation mécani-
■ Traitement que tendineuse mettant en jeu la proprioception musculaire,
qui est une voie prometteuse dans la prise en charge réédu-
Le traitement a pour but de lutter contre la douleur, les cative de patients algodystrophiques [85, 86].
anomalies vasomotrices, et de prévenir l’installation d’éventuel- Aux stades tardifs, la rééducation est également importante,
les rétractions capsulaires, synoviales, tendineuses, aponévroti- associant différentes techniques :
ques. Mais il n’y a pas de traitement curatif de l’algodystrophie • étirements progressifs et répétés, postures adaptées, hydroki-
actuellement défini [2, 13, 80-83]. L’algodystrophie n’est parfois pas nésithérapie (piscine chauffée), orthèses statiques et dynami-
la seule cause de douleurs. Il faut tenir compte de la maladie ques avec matériaux thermoformables luttant contre
sous-jacente, de la lésion initiale, des données psychologiques, l’enraidissement ;
d’éventuelles maladies chroniques associées comme le diabète, • neurostimulation transcutanée dans des formes rebelles,
des problèmes médicolégaux. La prise en charge en kinésithéra- permettant la mobilisation active, le port d’une orthèse, la
.
pie et en physiothérapie est nécessaire, de même qu’un temps rééducation de la sensibilité. La neurostimulation périphéri-
suffisant consacré aux informations données au patient que avec implantation d’électrode chirurgicale est proposée
algodystrophique. quand l’atteinte préférentielle correspond au territoire d’un
gros tronc nerveux (sans que ce soit une atteinte de celui-ci
Thérapeutiques physiques qui soit en cause) dans des formes rebelles. La neurostimula-
tion médullaire cordonale postérieure est discutée dans des
Les thérapeutiques physiques comportent de nombreuses
formes rebelles.
possibilités toujours utiles dans la prise en charge d’un patient
algodystrophique [2, 84]. Mise au repos en décharge ou hors
contrainte du segment de membre atteint, marche avec pas .
Problématique de la calcitonine
simulé ou port de cannes anglaises, repos au lit, membre affecté La calcitonine a perdu son autorisation de mise sur le marché
surélevé, contention élastique en cas de verticalisation pour les (AMM) dans l’algodystrophie en France en 2004.
atteintes distales (main, pied), physiothérapie à visée circulatoire
(bain écossais, à adapter selon la tolérance), hydrokinésithérapie
antalgique et facilitatrice, massage de drainage de l’œdème,
Traitements symptomatiques
mobilisation kinésithérapique douce, active, assistée, analytique, L’arsenal thérapeutique est vaste, mais empirique [2, 13, 80, 81].
luttant contre la raideur et restant en deçà des amplitudes Les antalgiques de palier I ou II ne remplissent pas leur
provoquant ou exarcerbant la douleur (règle classique de non- fonction de painkillers dans l’algodystrophie. Les anti-
douleur). Une rééducation hâtive ou douloureuse entretient une inflammatoires non stéroïdiens ne sont pas ou peu efficaces.
algodystrophie. Donner d’emblée quatre séances de rééducation Une corticothérapie (20 à 30 mg/j en équivalent prednisone),
par semaine pendant 6 semaines. L’hyperesthésie cutanée, pendant 1 à 2 semaines, avec réduction ensuite et sevrage en
l’allodynie limitent les possibilités d’une kinésithérapie active moins de 1 mois a été proposée, y compris après une étude
qu’elle interdit le plus souvent, le moindre effleurement n’étant contre placebo, mais elle est controversée.
pas supporté. Les injections locales de corticoïdes retard non fluorés sont
De façon novatrice, une double réeducation à impact moteur parfois utilisées, dans les formes articulaires accessibles. L’appli-
cérébral a été proposée : cation locale de capsaïcine est plus efficace dans les douleurs
• d’une part, par la thérapeutique des miroirs : le patient neurologiques d’origine périphérique que dans l’algodystrophie.
algodystrophique est placé de telle sorte qu’il confond sa Beaucoup de médicaments ont été ou sont proposés. La
main saine et sa main algodystrophique. Du même coup, il griséfuline (qui interfère avec l’efficacité de la pilule contracep-
mobilise sa main saine en pensant que c’est sa main algodys- tive) est du domaine du passé. Les bêtabloquants, les alpha-
trophique qu’il bouge ; bloqueurs (phénoxybenzamine) ont été essayés, de même que la

12 Appareil locomoteur
Algodystrophie : syndrome douloureux régional complexe de type I ¶ 14-286-A-10

patient. Des blocs ayant pour but de bloquer le système

“ Point important
sympathique à cette phase ne pourraient être efficaces que sur
cette deuxième anomalie (en aggravant même la première
composante). Les dystonies en flexion au membre supérieur, ou
Algodystrophie : un arsenal thérapeutique assez en extension au membre inférieur font l’objet d’essai de
vaste, mais empirique, avec des indications hors traitement par injection intrathécales de baclofène ou bien
autorisation de mise sur le marché (AMM) d’injections locales de toxine botulinique. La stimulation
• Antalgiques : pain killers : AINS (peu efficaces), médullaire est envisagée par certains dans des algodystrophies
tramadol, paracétamol, codéine, antalgiques de palier III rebelles [91-94]. La kétamine a été proposée [95] à des doses infra-
anesthésiques ou massives, en situation pour ces dernières de
• Calcitonine
coma provoqué dans des cas tout à fait exceptionnels. Un recul
• Bisphosphonates : alendronate per os, pamidronate,
plus grand est bien entendu nécessaire avant de se prononcer
clodronate sur cette modalité dangereuse rappelant une observation de
• Cortisonothérapie générale limitée ou locale guérison après contusion cérébrale [96].
• Traitements antidépresseurs (action sur la douleur, la
dépression, le sommeil)
• Gabapentine, prégabapentine Prise en charge psychologique
• Analgésiques en topiques La prescription de tranquillisants, ou d’antidépresseurs à
• Divers produits : nifédipine, clonidine, prazosine, action antalgique ou antidépressive est à adapter selon les
cyclobenzaprine, kétamine, prostacycline (iloprost), patients. Les interférences état psychique-algodystrophie sont
bêtabloquants, antioxydants (vitamine C) complexes, mais la douleur prolongée a par définition toujours
• Techniques anesthésiques régionales : blocs un retentissement psychologique, qu’il ne faut pas prendre pour
sympathiques, blocs somatiques la maladie initiale. Le malade, une fois la douleur disparue,
• Neuromodulation : stimulation électrique trans- retrouve une personnalité normale. Les patients continuant
cutanée, stimulation médullaire, analgésie intrathécale, malheureusement de souffrir d’une algodystrophie sont réelle-
training the brain (technique du miroir si dysynchiria) ment handicapés. Une psychothérapie peut réaliser un soutien
• Y a-t-il un intérêt au recours à la toxine botulique en cas pour le patient algodystrophique qui continue à souffrir,
de dystonie/contracture ? d’autant que l’entourage proche, amis, collègues de travail,
• Kinésithérapie, physiothérapie, ergothérapie toujours employeur, et parfois les médécins peuvent considérer, à tort, le
patient algodystrophique comme une personne qui se plaint de
utiles
façon exagérée. Dans un même ordre d’idée, des associations de
• Prévention primaire (lutte contre la douleur, vitamine C)
malades existent dans différents pays ainsi que plusieurs sites
• Prévention secondaire (techniques lors d’intervention Internet d’informations et d’échanges sur l’algodystrophie, mais
sur un segment de membre algodystrophié) qui regroupent souvent des patients avec des formes chroniques
et graves.
nifédipine (antagoniste du calcium) et, de façon plus récente,
dans un autre registre, la gabapentine, de même que la préga- Mesures préventives
bapentine, mais sans données d’essais thérapeutiques contrôlés.
Des bisphosphonates : pamidronate, alendronate, clodronate, L’absence de traitement actuel curatif rend encore plus
ont fait l’objet de nombreuses études souvent ouvertes [80]. Les importantes les mesures de prévention primaires de l’algodys-
résultats de deux études contrôlées ont été discordants : trophie. La prise en charge de la douleur est réalisée de façon
inefficacité pour le pamidronate de sodium par voie intravei- aussi efficace que possible dans les différentes circonstances
neuse (Liens et al. [80]), efficacité partielle pour l’alendronate « à susceptibles de se compliquer d’une algodystrophie. Des
dose maladie de Paget osseuse » [87]. Les bisphosphonates restent mesures préventives sont assurées après un traumatisme :
en 2010 de prescription hors autorisation de mise sur le marché surveillance régulière des patients sous contention, immobilisa-
dans l’algodystrophie. Le rôle prépondérant des ostéoclastes tion aussi courte que possible, utilisation de matériaux nou-
n’est pas démontré dans l’ostéoporose algodystrophique et le veaux mieux supportés, rééducation douce, contrôle de
mécanisme d’action bénéfique des bisphosphonates s’il existe l’initiation de la rééducation en testant la sensibilité doulou-
pourrait être autre qu’une action sur les ostéoclastes. reuse des sujets à la reprise d’une activité ; il s’agit aussi d’éviter
Un analogue de la prostacycline a été essayé dans la forme de le cercle vicieux de la douleur provoquant puis maintenant une
l’enfant [88]. algodystrophie. La prescription de vitamine C a été proposée en
prévention d’une algodystrophie chez les patients ayant une
Sympathectomie, blocs régionaux, fracture post-traumatique [97]. L’extrême rareté désormais de
épiduraux l’algodystrophie après infarctus du myocarde est un exemple de
La sympathectomie L2-L4 ou tiers inférieur du ganglion l’efficacité de la prévention primaire. Dans les cas particuliers où
stellaire jusque T3 selon les localisations respectivement aux les patients développent une algodystrophie après une fracture,
membres inférieurs et supérieurs a été proposée, mais est assez la mise en évidence d’une cause de déminéralisation osseuse
rarement pratiquée dans l’algodystrophie. Une grande contro- (ostéoporose féminine ou masculine par hypogonadisme,
verse demeure sur l’intérêt et la place des blocs moteurs, des ostéomalacie, diabète phosphaté) conduit au traitement de celle-
anesthésies péridurales, des blocs régionaux [89, 90]. De nom- ci, adapté selon l’évolution de nos connaissances pour éviter des
breux produits [2, 80] ont été testés dans les blocs régionaux fractures trabéculaires et/ou corticales, sources potentiellement
intraveineux : clonidine, phentolamine, labétalol, réserpine, de nouvelles localisations d’algodystrophie (mais un patient
guanethidine, dropéridol, kétansérine, méthylprednisolone, ayant développé une algodystrophie après une fracture a une
brétylium, lidocaïne. Une des difficultés provient de la recon- probabilité faible de développer une algodystrophie après une
naissance des mécanismes en jeu, qui sont variables selon les nouvelle fracture). Des mesures de prévention secondaire sont
patients et pour un même patient en fonction du temps. En en cours d’étude, en particulier chez les patients qui doivent
phase chaude d’algodystrophie, les données actuelles sont en avoir une chirurgie sur un segment de membre qui a été le siège
faveur d’une double réponse du système sympathique : en ou est encore le siège d’une algodystrophie [98]. Si la persistance
premier lieu un défaut locorégional de réponse, mais auquel d’une algodystrophie paraît favorisée par le maintien d’une
s’oppose une hypersensibilité locorégionale des récepteurs anomalie statique, mécanique, ou une compression nerveuse,
noradrénergiques aux monoamines circulantes, dont la sécré- par exemple canalaire, la question se pose d’entreprendre un
tion est fonction du stress, de la douleur, de l’état général du geste chirurgical malgré l’algodystrophie.

Appareil locomoteur 13
14-286-A-10 ¶ Algodystrophie : syndrome douloureux régional complexe de type I

■ Conclusion [13] Berthelot JM. Current management of reflex sympathetic dystrophy


syndrome (complex regional pain syndrome type I). Joint Bone Spine
Les données cliniques sont suffisantes dans un grand nombre 2006;73:495-9.
de cas pour retenir le diagnostic d’algodystrophie ou syndrome [14] Berthelot JM, Glemarec J, Guillot P, Maugars Y, Prost A.
Algodystrophies-causalgies : nouveaux concepts nosologiques,
douloureux régional complexe de type I. La scintigraphie
physiopathologiques et pathogéniques. L’hypothèse d’un
osseuse aux trois temps est démonstrative dès le début de
hyperfonctionnement de la voie efférente du sympathique était-elle une
l’algodystrophie. Selon les malades, l’hypofixation isotopique est fausse piste? Rev Rhum Mal Osteoartic 1997;64:562-73.
aussi importante que l’hyperfixation. De plus en plus de cas [15] Eisenberg E, Chistyakov AV, Yudashkin M, Kaplan B, Hafner H,
sont rapportés avec hypofixation scintigraphique, en particulier Feinsod M. Evidence for cortical hyperexcitability of the affected limb
chez le sujet jeune (enfant, adolescente). L’IRM est normale representation area in CRPS: a psychophysical and transcranial
dans les formes avec hypofixation scintigraphique et dans les magnetic stimulation study. Pain 2005;113:99-105.
stades tardifs (quand l’œdème a disparu). Le cliché radiologique [16] Juottonen K, Gockel M, Silén T, Hurri H, Hari R, Forss N. Altered
standard 4 à 6 semaines après le début clinique est intéressant, central sensorimotor processing in patients with complex regional pain
en particulier pour les atteintes des membres inférieurs où le syndrome. Pain 2002;98:315-23.
diagnostic se pose souvent avec les fractures trabéculaires isolées [17] Maihöfner C, Forster C, Birklein F, Neundörfer B, Handwerker HO.
ou l’ostéonécrose aseptique. Le choix des examens d’imagerie Brain processing during mechanical hyperalgesia in complex regional
est fonction de la période de consultation et des doutes dia- pain syndrome: a functional MRI study. Pain 2005;114:93-103.
gnostiques. La prise en charge d’une algodystrophie ne se [18] McCabe CS, Haigh RC, Halligan PW, Blake DR. Simulating sensory-
résume pas à la prise en charge d’une douleur. La personnalité motor incongruence in healthy volunteers: implications for a cortical
du patient ne doit pas être mise en avant comme explication de model of pain. Rheumatol 2005;44:509-16.
la survenue d’une algodystrophie. Dans les formes à localisa- [19] Li WW, Guo TZ, Liang D, Shi X, Wei Y, Kingery WS, et al. The NALP1
tions multiples, il faut rechercher une fragilité osseuse sous- inflammasome controls cytokine production and nociception in a rat
jacente ou une maladie générale. En l’absence d’un traitement fracture model of complex regional pain syndrome. Pain 2009;147:
curatif défini de l’algodystrophie, tout médecin doit envisager 277-86.
[20] Muthuraman A, Ramesh M, Sood S. Development of animal model for
d’emblée, devant un traumatisme, une maladie, ou un acte
vasculatic neuropathy: induction by ischemic-reperfusion in the rat
thérapeutique susceptibles de se compliquer d’une algodystro-
femoral artery. J Neurosci Methods 2010;186:215-21.
phie, une prise en charge aussi précoce que possible et efficace
[21] Wei T, Li WW, Guo TZ, Zhao R, Wang L, Clark DJ, et al. Post-
de la douleur, pour mettre le patient dans les meilleures junctional facilitation of substance P signalling in a tibia fracture rat
conditions pour ne pas développer une telle complication. Dans model of complex regional pain syndrome type I. Pain 2009;144:
les protocoles futurs d’essais thérapeutiques, il est souhaitable, 278-86.
compte tenu des flous nosologiques encore perceptibles, [22] Wei T, Sabsovich I, Guo TZ, Shi X, Zhao R, Li W, et al. Pentoxifylline
d’inclure, de façon exclusive par exemple, des patients dévelop- attenuates nociceptive sensitization and cytokine expression in a tibia
pant une algodystrophie récente à phase chaude de la main et fracture rat model of complex regional pain syndrome. Eur J Pain 2009;
du poignet après fracture de Pouteau-Colles, cette forme étant 13:253-62.
démonstrative, ou bien des patients ayant une forme froide [23] Herlyn P, Müller-Hilke B, Wendt M, Hecker M, Mittlmeier T, Gradl G.
d’emblée prouvée sur les données scintigraphiques. Les difficul- Frequencies of polymorphisms in cytokines, neurotransmitters and
tés d’appréciation actuelles de l’efficacité réelle des traitements adrenergic receptors in patients with complex regional pain syndrome
ont pu avoir comme causes l’inclusion de formes de mécanis- type I after distal radial fracture. Clin J Pain 2010;26:175-81.
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C. Masson, Rhumatologue des Hôpitaux (chmasson@chu-angers.fr).


Service de rhumatologie, Pôle ostéoarticulaire, Centre hospitalier universitaire d’Angers, 49933 Angers cedex 9, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Masson C. Algodystrophie : syndrome douloureux régional complexe de type I. EMC (Elsevier Masson
SAS, Paris), Appareil locomoteur, 14-286-A-10, 2011.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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