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Longtemps, sous le nom d’angiome, ont été décrites des malformations extrêmement variées n’ayant
parfois que peu ou pas de rapport entre elles, d’évolution et de traitement totalement différents. Les
disciplines concernées sont nombreuses, dermatologie, pédiatrie, angiologie, cardiologie, chirurgie, et
radiologie, d’où la nécessité de consultations multidisciplinaires permettant au patient de voir tous les
spécialistes en une seule consultation. Une classification s’imposait, ce fut l’œuvre des équipes de Merland
à Lariboisière et de Mulliken à Boston, puis l’International Society for the Study of Vascular Anomalies
(ISSVA) a proposé une classification logique et simple fondée sur la clinique, l’histologie et
l’hémodynamique, débouchant sur des conduites thérapeutiques différentes selon le type de
malformations. Cette classification divise les « angiomes » en tumeurs vasculaires dont la plus fréquente
est représentée par l’hémangiome infantile, et les malformations vasculaires superficielles soit à flux lent
(capillaires, veineuses et lymphatiques), soit à flux rapide (artérioveineuses), soit combinées dans le cadre
de syndromes complexes. L’éventail thérapeutique est de plus en plus diversifié (traitement médical,
radiologie interventionnelle, laser, chirurgie). Enfin, un facteur génétique dans certaines anomalies
vasculaires est maintenant affirmé.
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Plan qui ont abouti à une classification logique et simple fondée sur
la clinique, l’histologie et l’hémodynamique.
¶ Classification 1 Cette classification divisait « les angiomes » en deux grands
groupes : les hémangiomes du nouveau-né et du nourrisson qui
¶ Tumeurs vasculaires 2
sont des hémangiomes immatures, et les malformations vascu-
Hémangiome infantile 2
laires superficielles proprement dites qui sont des malformations
Hémangiomes congénitaux 7
matures qui, à l’inverse des hémangiomes, ne vont jamais
Angiome en touffes (MIM 607859) 8
régresser mais vont évoluer toute leur vie plus ou moins
Hémangio-endothéliome kaposiforme 8
rapidement selon leur nature histologique et leur hémo-
Phénomène de Kasabach-Merritt 8
dynamique.
¶ Malformations vasculaires superficielles 8 Cependant, certains hémangiomes n’avaient pas sur le plan
Malformations vasculaires hémodynamiquement inactives 8 clinique l’évolution habituelle et grâce à l’histologie et à la
Malformations vasculaires hémodynamiquement actives : biologie, de nouvelles entités ont été individualisées. Une
malformations artérioveineuses 14 nouvelle classification a donc été réalisée par l’International
¶ Syndromes vasculaires 16 Society for the Study of Vascular Anomalies (ISSVA) en 1996 [1].
Anomalies capillaires 16 On distingue toujours deux groupes : d’une part, les tumeurs
Anomalies veineuses 16 vasculaires et d’autre part, les malformations vasculaires
Anomalies artérioveineuses 18 superficielles. Les tumeurs vasculaires sont représentées essen-
¶ Conclusion 19 tiellement par l’hémangiome infantile le plus important en
fréquence ; mais il existe à côté de cet hémangiome infantile
d’autres tumeurs vasculaires comme les hémangiomes congéni-
taux, l’angiome en touffes et l’hémangio-endothéliome kaposi-
■ Classification forme (Fig. 1).
Les malformations vasculaires peuvent intéresser les capillai-
Jusqu’au début des années 1970, on désignait sous le nom res à l’origine des angiomes plans, les veines donnant les
« d’angiome » des anomalies vasculaires superficielles extrême- malformations veineuses appelées autrefois angiomes veineux,
ment variées n’ayant aucun rapport entre elles et pour lesquelles les lymphatiques responsables des malformations lymphatiques
la prise en charge était soit inexistante soit souvent mal appelées classiquement lymphangiomes qui sont le plus souvent
adaptée. kystiques. Les malformations vasculaires peuvent se développer
En 1976, une classification s’est imposée ; ce sont les travaux aux dépens des artères donnant les redoutables malformations
de l’équipe de Merland à Lariboisière et de Mulliken à Boston artérioveineuses (MAV). Les malformations capillaires, veineuses
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Anomalies vasculaires
Tumeurs Malformations
vasculaires vasculaires
RICH NICH
Figure 1. Classification des anomalies vasculaires. RICH : rapidly involuting congenital hemangioma ; NICH : non involuting congenital hemangioma.
et lymphatiques sont hémodynamiquement inactives alors que hémangiomes sont présents dès la naissance dans 20 % à 50 %
les MAV sont hémodynamiquement actives avec un potentiel des cas, sinon ils apparaissent souvent quelques jours à quelques
évolutif sévère. À chacune de ces malformations correspond un semaines après la naissance. Ils sont toujours présents avant
tableau clinique bien particulier, des examens complémentaires 1 an. À la phase de début, ils peuvent parfois se présenter sous
précis et une thérapeutique appropriée. Il existe des malforma- la forme d’un nævus anémique ou d’une tache rosée plane, le
tions vasculaires complexes pouvant combiner de façon varia- diagnostic d’angiome plan est alors évoqué à tort (Fig. 2). À la
ble, les atteintes capillaires, veineuses, lymphatiques et phase d’état, trois formes cliniques sont individualisées :
artérielles posant de difficiles problèmes de prise en charge. • la forme tubéreuse pure : tache rouge, un peu saillante, c’est
La clinique reste primordiale et, dans la majorité des cas, la « fraise » ;
l’interrogatoire, l’histoire de la malformation, l’examen clinique • la forme sous-cutanée pure : de diagnostic parfois difficile car
permettent d’affirmer le diagnostic et le type de la malforma- la peau peut être normale, la palpation met en évidence une
tion. À chaque consultation, une photographie est effectuée et masse ferme et homogène. Il peut exister des veines de
classée dans le dossier. Parfois, il faut s’aider d’examens spécia- drainage et des télangiectasies pouvant aider au diagnostic ;
lisés comme l’échodoppler, le scanner, l’imagerie par résonance • la forme mixte associe les deux aspects ; c’est la forme la plus
magnétique (IRM), l’artériographie et l’angio-IRM qui permet- fréquente ; la nappe tubéreuse apparaît dans un premier
tent de confirmer le diagnostic et d’aider la conduite thérapeu- temps puis l’hémangiome tubéreux est soulevé par la compo-
tique. À chaque type d’anomalie correspond une démarche sante sous-cutanée. Ce n’est que lorsque l’hémangiome est
diagnostique et thérapeutique appropriée. froid qu’il n’involue plus.
Évolution
■ Tumeurs vasculaires Il s’agit d’une évolution tout à fait particulière. La phase
initiale de poussée est rapide, parfois inquiétante, l’hémangiome
Hémangiome infantile est chaud à la palpation. Cette phase va durer 2 à 4 mois. Elle
est suivie de la phase de stabilisation qui dure jusqu’à l’âge de
Apanage des nouveau-nés, des nourrissons, il est très fréquent 1 an ; enfin, arrive la phase d’involution qui aboutit dans au
puisque 10 % des enfants en sont porteurs. Il y a une nette moins la moitié des cas à la restitutio ad integrum sans aucun
prédominance féminine : trois fois plus de filles que de garçons. traitement vers 18 mois-2 ans (Fig. 3). Ce schéma classique est
La prématurité et le faible poids de naissance sont des facteurs surtout valable pour les hémangiomes tubéreux, alors que dans
favorisants. L’étiologie reste incertaine, l’hypothèse d’une origine les formes sous-cutanées, la phase d’évolution peut durer
placentaire a été évoquée [2], le rôle favorisant de la ponction jusqu’à 16-18 mois et la régression se faire lentement en
amniotique a été soulevé et récemment il a été montré que les quelques années, parfois 6 à 8 ans.
cellules endothéliales de l’hémangiome infantile avaient pour
origine l’enfant et non la mère [3]. Les hémangiomes infantiles, Examens complémentaires
appelés jadis angiomes immatures évoluent en trois phases : une
phase de croissance qui va durer 5-6 mois, puis une phase de Ils ne sont à faire qu’en cas de doute diagnostique, essentiel-
stabilisation et enfin une phase de régression. Sur le plan lement dans la forme sous-cutanée pure. L’échographie Doppler
histologique, les hémangiomes sont caractérisés par une prolifé- couleur est l’examen de référence [5], simple, non douloureux,
ration cellulaire bénigne endothéliale et péricytaire. Sur le plan mais opérateur-dépendant. L’hémangiome se présente en mode
immunohistochimique, le marqueur de l’hémangiome infantile échographique comme une masse délimitée, arrondie, à contenu
est la protéine transporteur 1 du glucose (Glut-1) [4] qui est hétérogène, tissulaire et parsemée de plages hypoéchogènes. En
toujours présente dans l’hémangiome infantile. Doppler, cette tuméfaction est richement vascularisée, le nombre
de vaisseaux est supérieur à 5/cm 2 , les artères nourricières
Clinique dépendent le plus souvent d’un seul pédicule venant d’un gros
tronc principal. En intratumoral, les indices de résistance
La clinique suffit dans la grande majorité des cas pour affirmer artériels (IR) ([vitesse maximale systolique – vitesse maximale
le diagnostic ; le début d’apparition est difficile à préciser. Les diastolique]/vitesse maximale systolique) sont diminués, aux
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Figure 3.
A. Hémangiome chez un nourrisson de 2 mois avec ulcération et veines de
drainage.
Figure 2. B. Même enfant à l’âge de 4 ans, guérison complète spontanée, sans
A. Nouveau-né à 2 jours de vie, le diagnostic d’angiome plan est posé. corticothérapie et sans séquelles.
B. Même enfant vu à l’âge de 4 mois, il s’agit en fait d’un volumineux
hémangiome infantile qui va nécessiter un traitement par la vincristine
avec succès en raison de l’atteinte oculaire.
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normal, voire diminué, en dessous du foie, car l’artère afférente ces hémangiomes cutanés géants, l’embolisation sélective des
est l’artère hépatique. Les veines se drainent dans le territoire pédicules intéressés peut permettre ainsi de passer un cap
sus-hépatique qui est aussi très dilaté. Il faut donc s’assurer de difficile. Cette embolisation doit bien sûr être complétée par un
la taille et du débit de l’artère hépatique de manière hebdoma- traitement digitalodiurétique important.
daire par échodoppler les premiers mois de vie, couplé à une
échographie cardiaque. On doit aussi dépister, si le shunt est Hémangiomes congénitaux
important, une hypertension portale réactionnelle avec spléno-
Il s’agit de tumeurs vasculaires qui se développent in utero et
mégalie et varices œsophagiennes. Comme tous les héman-
qui à la naissance, vont soit disparaître rapidement (RICH), soit
giomes, sa croissance va se stabiliser, vers l’âge de 10-12 mois
ne vont pas régresser (non involuting congenital hemangioma ou
puis ensuite involuer.
NICH). Ils se distinguent de l’hémangiome infantile par
À l’échodoppler, sa taille va diminuer progressivement, puis
l’immunomarquage pour le Glut-1 qui est négatif [41] . Ces
il va se calcifier et en intratumoral on retrouve une image
hémangiomes congénitaux peuvent être dépistés in utero
semblable à un processus nécrotique d’allure liquidien. Il n’a
posant un véritable problème de diagnostic d’une tumeur
pas été rapporté de risque de dégénérescence secondaire.
hypervascularisée. L’examen clinique à la naissance permet de
Le traitement de ces formes hépatiques n’est pas encore très
faire le diagnostic dans la plupart des cas, il n’y a pas de
bien codifié, les résultats sont incertains et la mortalité est loin
prédominance féminine.
d’être négligeable. Si l’on passe le cap des 12 mois, ces héman-
giomes vont évoluer vers la régression et la guérison, il ne faut RICH
traiter que les formes avec signes cliniques ; une hépatomégalie
isolée ne relève pas d’un traitement. L’IRM peut aider pour la À la naissance, plusieurs aspects sont possibles : soit une
conduite thérapeutique, cet examen permet de distinguer trois masse saillante, chaude, violacée qui peut être de volume
formes : focale, multifocale, diffuse. La forme focale est une important avec parfois un aspect nécrotique au centre de la
tumeur bien définie, sphérique, hypo-intense en T1 et hyperin- lésion, soit une lésion ovale, infiltrée et violacée avec un halo
tense en T2, l’évolution est le plus souvent très favorable et plus clair en périphérie, au palper la tumeur peut être ferme ou
pour certains auteurs cela pourrait être l’équivalent d’un RICH polylobée ; parfois il peut s’agir d’un aspect nodulaire. Les
(rapidly involuting congenital hemangioma, cf. infra), les corticoï- localisations préférentielles sont les membres et la région
des (traitement médical de première intention) sont rarement céphalique.
nécessaires. Les lésions multifocales ont le même aspect en L’échodoppler [42] objective une masse hétérogène vasculari-
imagerie, mais il y a souvent présence de shunts artérioveineux sée avec parfois des calcifications (un tiers des cas), il n’y a pas
ou portoveineux pouvant donner une insuffisance cardiaque de microshunts artérioveineux. En anténatal, l’échographie
d’où traitement de l’hémangiome associé au traitement médical retrouve une vascularisation riche et de flux rapide, l’IRM fœtale
de l’insuffisance cardiaque. Enfin, si la lésion est diffuse, l’IRM confirme la nature hémangiomateuse de la lésion [43], mais il est
montre que la quasi-totalité du parenchyme hépatique est parfois difficile de trancher avec un hémangio-endothéliome ou
remplacé par de l’hémangiome avec retentissement cardiaque et un fibrosarcome congénital.
respiratoire pouvant entraîner le décès, il peut s’y ajouter une En cas de doute, la biopsie à la naissance est effectuée et
hypothyroïdie sévère par sécrétion accrue de la III iodothyro- affirme le diagnostic.
nine déiodinase. Un algorithme thérapeutique vient d’être L’évolution se fait rapidement vers l’involution en 4 à
proposé par l’équipe de Boston [34] : en cas d’échec médicamen- 18 mois en laissant une zone de lipoatrophie, il est donc
teux (corticothérapie, vincristine, interféron), on peut proposer rarement nécessaire de faire un traitement, sauf si la lésion est
des embolisations, si ces embolisations sont inefficaces l’indica- . très volumineuse ou s’il y a un risque d’hémorragies en regard
tion d’une greffe hépatique est discutée [35]. d’une zone de nécrose, auquel cas une exérèse chirurgicale est
L’hémangiome hépatique peut être dépisté en anténatal avec rapidement effectuée.
parfois présence de calcifications [36] ; si le fœtus présente des Récemment, ont été décrits une coagulopathie associée à une
signes d’insuffisance cardiaque un traitement par corticothérapie thrombopénie comme dans le phénomène de Kasabach-Merritt,
maternelle est souvent bénéfique [37]. mais ces faits surviennent la première semaine de vie, sont
transitoires sans saignements et à 15 jours de vie le bilan de
Hémangiomes laryngés coagulation est redevenu normal [44].
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Figure 10. NICH : lésion ovalaire, violacée avec un halo plus clair en
périphérie. NICH : non involuting congenital hemangioma. Figure 11. Phénomène de Kasabach-Merritt compliquant un angiome
en touffes.
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Malformations veineuses
Elles sont représentées d’une part par les malformations
veineuses communes (MCV), les plus fréquentes, et d’autre part Figure 16. Nombreux phlébolithes dans une malformation veineuse de
par les malformations veineuses héréditaires (les malformations l’avant-bras.
glomuveineuses et les malformations cutanéomuqueuses
multiples).
n’existe pas de flux artérialisé, sauf en poussée inflammatoire.
Malformations veineuses communes
L’IRM confirme le diagnostic en retrouvant un signal hypo-
Les malformations veineuses communes sont des anomalies intense T1 et surtout un hypersignal franc en T2 (Fig. 18) ; les
vasculaires à flux lent avec des veines dysplasiques. Tous les limites sont mieux visibles sur les séquences T2 en suppression
territoires peuvent être intéressés, les formes cervicofaciales sont de graisse ; l’injection de gadolinium n’est pas nécessaire sauf en
les plus fréquentes. Elles peuvent être présentes dès la naissance cas de doute avec une malformation lymphatique car dans ce
mais apparaissent en général plus tard ; ces malformations cas la malformation veineuse a un signal intense. Un scanner
s’accroissent avec l’âge. Le plus souvent, la peau en regard est n’est indiqué que pour rechercher une atteinte osseuse en
bleutée, froide mais peut être tout à fait normale. Les aspects regard.
cliniques sont variés allant de la simple dilatation veineuse Il n’y a pas d’indication d’artériographie.
(varicosité) à de multiples poches ou lacs s’insinuant dans les Les complications les plus habituelles sont des phénomènes
différents plans tissulaires cutanés, musculaires, osseux et parfois douloureux souvent dus à des thromboses in situ, évoluant vers
même en intraorganique. la formation d’un phlébolithe. Il faut donc systématiquement
Le diagnostic est essentiellement clinique sur les membres, rechercher une coagulation intravasculaire localisée [65, 66] par
ces malformations veineuses gonflent à la pose d’un garrot et se dosage sanguin des D-dimères, du fibrinogène et des plaquettes.
vident à la surélévation ou par pression manuelle (Fig. 15). Si les D-dimères sont supérieurs à la normale, ces patients sont
Parfois, on peut palper de petites thromboses locales assez à risque d’hémorragie lors d’actes chirurgicaux même à distance
douloureuses, qui se calcifient secondairement pour former les de leur malformation veineuse ; il est alors prescrit une hépari-
phlébolithes. D’ailleurs la présence de ces derniers sur une nothérapie préventive de bas poids moléculaire (HBPM) 10 jours
radiographie standard est pathognomonique du diagnostic de avant l’acte chirurgical, voire de l’héparine non fractionnée en
malformation veineuse (Fig. 16). L’échographie couplée au continu pendant l’acte si celui-ci est à haut risque sanglant.
Doppler peut être réalisée très tôt au plus jeune âge, car non Le pronostic de ces malformations veineuses varie selon la
douloureuse. Elle retrouve des poches veineuses dépressibles topographie et l’étendue, car la prise en charge est différente s’il
avec quelquefois du thrombus en intraluminal (Fig. 17). Il faut s’agit d’une atteinte cervicofaciale ou d’une atteinte de mem-
aussi rechercher une anomalie des troncs veineux profonds et bres. Le traitement n’est envisagé que si la gêne fonctionnelle
superficiels ainsi que des veines embryonnaires persistantes. Il ou esthétique est importante. Les localisations intrabuccales ou
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Figure 19.
A. Malformation veineuse de la face interne de la lèvre supérieure avant
traitement.
B. La même malformation 6 semaines après une seule séance de laser
diode intralésionnel.
Malformations lymphatiques
Ce sont des anomalies des vaisseaux lymphatiques représen-
tées essentiellement par les « lymphangiomes » qui sont des
lésions localisées. Mais ces anomalies peuvent s’associer à
d’autres malformations vasculaires comme dans le syndrome de
Klippel-Trenaunay, le syndrome de Protée. De façon exception-
nelle, cette malformation est généralisée et profonde comme
dans la lymphangiomatose généralisée.
Lymphangiomes
Les lymphangiomes, dysplasies congénitales développées aux
dépens des vaisseaux lymphatiques survenant surtout chez
l’enfant, se divisent en trois types anatomocliniques : la forme
macrokystique la plus fréquente (cavité kystique supérieure à
1 cm de diamètre), la forme tissulaire souvent associée à de
multiples logettes microkystiques et une forme mixte. Ces
malformations lymphatiques sont le plus souvent présentes à la
naissance (65 % des cas). Plus de 75 % des lymphangiomes Figure 21. Malformation glomuveineuse importante.
kystiques apparaissent avant l’âge de 2 ans. L’évolution est très
variable ; ceux-ci peuvent s’aggraver et nécessiter en urgence un
traitement médicamenteux associant corticoïdes et antibioti- l’occasion d’une hémorragie intrakystique. Les formes cervico-
ques. Ils peuvent régresser, voire disparaître spontanément ou à faciales sont les plus fréquentes avec parfois atteinte de la
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Malformations vasculaires
hémodynamiquement actives :
malformations artérioveineuses
Ce sont des malformations congénitales rarement visibles à la
naissance et qui augmentent et grandissent progressivement
avec le sujet. Elles sont très hormonosensibles et peuvent donc
devenir visibles et symptomatiques lors de la puberté, de
changements hormonaux tels que les grossesses, prise de pilule
estroprogestative et après des microtraumatismes locaux. Ces
Figure 24. situations peuvent « réveiller » une MAV sous-jacente.
A. Nouveau-né présentant une très volumineuse malformation lymphati- Elles peuvent parfois devenir extrêmement dangereuses car
que macrokystique latérocervicale gauche. elles sont hémodynamiquement actives, donc parfois incontrô-
B. La même enfant à l’âge de 6 ans après 9 séances de sclérose par lables avec une évolution dramatique (extension, saignement)
l’éthibloc. engageant même parfois le pronostic vital.
C. La même enfant à l’âge de 16 ans, aucune chirurgie n’a été effectuée. Ces MAV superficielles peuvent intéresser tous les territoires
cutanés ; il est important de faire cliniquement le diagnostic
afin d’éviter des gestes intempestifs ou inadaptés qui risque-
raient de faire augmenter de taille de la malformation
peut être amené à discuter en comité d’éthique une interruption secondairement.
de grossesse ; de même dans les formes cervicales très étendues La classification de Schobinger permet de les classer en quatre
une exit procédure est discutée en consultation multi- stades différents :
disciplinaire. • le stade I : « stade de dormance », il peut parfois s’agir d’un
angiome plan mais c’est un « faux angiome plan » avec une
Lymphangiomatose généralisée
chaleur locale augmentée et parfois, à la palpation, des
C’est une maladie exceptionnelle définie par la présence d’au battements ou un thrill ;
moins deux lymphangiomes dans au moins deux organes • au stade II, dit « stade d’extension », le diagnostic est
différents ; une centaine de cas ont été rapportés. Cette maladie beaucoup plus aisé car la chaleur locale est très augmentée ;
est très polymorphe et touche surtout les enfants ; elle se l’examen clinique met en évidence un thrill avec un souffle à
manifeste par l’apparition de tumeurs lymphatiques responsa- l’auscultation et les lésions cutanées s’étendent avec appari-
bles de fuites chyleuses et d’anomalies de la coagulation tion de drainage veineux ;
localisées puis généralisées, elle pourrait être due à une anoma- • le stade III est un « stade de destruction » avec atteinte des
lie du facteur de croissance vasculaire endothélial (VEGF)-C et téguments sous forme de nécrose, d’ulcère, apparition de
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■ Syndromes vasculaires
Ils sont nombreux mais nous ne détaillons ici que les plus
importants. Ils sont classés par prédominance du vaisseau
intéressé, soit capillaire, soit veineux, soit veinolymphatique,
soit artérioveineux (Tableau 2).
Anomalies capillaires
Les syndromes à prédominance capillaire sont le syndrome de
Sturge-Weber et la maladie de Rendu-Osler, déjà précédemment
décrits.
Figure 28. Syndrome de Maffucci, les lésions chez ce patient (CHRU
Anomalies veineuses Lille) sont bilatérales.
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diagnostic est affirmé à l’IRM couplée à une angiographie [12] Ezekowitz RA, Mulliken JB, Folkmann J. Interferon alpha-2a therapy
médullaire. Le traitement fait le plus souvent appel à des for life-threatening hemangiomas. N Engl J Med 1992;326:1456-63.
embolisations sélectives par navigation endoartérielle, associées [13] Grimal I, Duveau E, Enjolras O, Verret JL, Ginies JL. Efficacité et
ou non à une chirurgie. danger de l’interféron alpha dans le traitement des hémangiomes graves
du nourrisson. Arch Pediatr 2000;7:163-7.
Syndrome de Bonnet-Dechaume-Blanc [14] Enjolras O, Brevière GM, Roger G, Tovi M, Pellegrino B, Varotti E,
et al. Traitement par vincristine des hémangiomes graves du nourris-
Il associe des MAV faciales (le plus souvent maxillaires), son. Arch Pediatr 2004;11:99-107.
oculo-orbitaires (rétine, nerf optique) et cérébrales (thalamus, [15] Metz BJ, Rubenstein MC, Levy ML, Metry DW. Response of ulcerated
hypothalamus, cortex cérébral). Ces malformations apparaissent perineal hemangiomas of infancy to becaplermin gel, a recombinant
au fil des années et s’aggravent avec le temps. Les signes human platelet-derived growth factor. Arch Dermatol 2004;140:
cliniques sont fonction des territoires atteints (déformation de 867-70.
la face, troubles visuels, troubles neurologiques à type de déficits [16] Frieden IJ. Addendum: Commentary on becaplermin gel (Regranex)
neurologiques ou d’épilepsie ou de céphalées). L’étiologie est for hemangiomas. Pediatr Dermatol 2008;25:590.
inconnue, il n’y a pas de formes familiales. C’est l’IRM qui fait [17] Garzon MC, Lucky AW, Hawrot A, Frieden IJ. Ultrapotent topical
corticosteroid treatment of hemangiomas of infancy. J Am Acad
le bilan des lésions, suivie éventuellement d’une artériographie
Dermatol 2005;52:281-6.
mais malheureusement les possibilités thérapeutiques sont très
[18] Ho NT, Lansang P, Pope E. Topical imiquimod in the treatment of infan-
limitées.
tile hemangiomas: a retrospective study. J Am Acad Dermatol 2007;56:
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L’examen clinique reste primordial, orientant vers les exa- [20] Siegfried EC, Keenan WJ, Al-Jureidini S. More on propranolol for
mens paracliniques adaptés, surtout en premier lieu non invasifs hemangiomas of infancy. N Engl J Med 2008;359:2846.
comme l’échodoppler et l’IRM. Une connaissance parfaite de la [21] Brevière GM, Rey C, Pernot C, Dupuis C. Accidents hypoglycémiques
classification des malformations vasculaires superficielles est majeurs chez des enfants traits par des bêtabloquants. Arch Mal Coeur
nécessaire pour poser un diagnostic plus précis de la malforma- Vaiss 1978;71:585-8.
tion. L’abstention thérapeutique peut être une bonne alterna- [22] Dégardin-Capon N, Martinot-Duquennoy V, Patenotre P, Brevière GM,
tive, un traitement n’est décidé qu’après concertation lors d’une Piette F, Pellerin P. Le traitement chirurgical précoce des hémangiomes
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radiologique interventionnelle, par sclérose ou embolisation, ou Benhamou E, et al. Long-term effects in skin and thyroid after
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Cet article a fait l’objet d’une prépublication en ligne : l’année du copyright Lasers Surg Med 2006;38:116-23.
peut donc être antérieure à celle de la mise à jour à laquelle il est intégré.
.
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Brevière G.-M., Degrugillier-Chopinet C., Bisdorff-Bresson A. Anomalies vasculaires superficielles. EMC
(Elsevier Masson SAS, Paris), Cardiologie, 11-940-G-10, 2011.
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Syndrome de Klippel-Trenaunay : atteinte du membre inférieur gauche associant un angiome plan, une dysplasie veineuse, des
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