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Pathologie des glandes salivaires


P. Katz, F. Héran

Les principales pathologies des glandes salivaires sont divisées en deux groupes : les atteintes médicales,
qui regroupent toutes les atteintes infectieuses et les malformations, et les processus tumoraux. Le bilan
d’imagerie des infections aiguës associe échographie et échodoppler centrés sur la lésion et les aires
ganglionnaires. La sialographie, très performante dans l’étude des pathologies canalaires chroniques, est
contre-indiquée dans les atteintes inflammatoires aiguës. En cas d’abcès, la tomodensitométrie (TDM)
est plus performante que l’échographie dans l’appréciation des lésions inflammatoires et infectieuses et
notamment de leur extension aux parties molles. Rarement, une hémorragie sur tumeur des glandes
salivaires accessoires simule cliniquement une atteinte inflammatoire de type phlegmon amygdalien.
L’imagerie redresse le diagnostic. Les infections chroniques sont à explorer par l’échographie avec
doppler, la radiographie standard et la sialographie. La sialo-imagerie par résonance magnétique (sialo
IRM), non invasive, malgré sa définition inférieure à celle de la sialographie, prend une place croissante.
Son association à l’IRM standard permet une analyse couplée du parenchyme et des aires ganglionnaires.
Le traitement des lithiases peut nécessiter une endoscopie ou une lithotripsie. Les syndromes de masse
salivaires bénéficient d’une échographie complétée par une imagerie en coupe, essentiellement l’IRM.
Cette dernière permet de réaliser un bilan précis : siège de la tumeur par rapport aux structures
glandulaires, formes multiples ou bilatérales, adénopathies satellites et éventuelles extensions
périneurales et aux parties molles. Cet examen peut orienter le diagnostic étiologique si les masses sont
typiques. L’adénome pléomorphe est en franc hypersignal T2, le cystadénolymphome en hypersignal
relatif T1. Le caractère malin est suspecté devant une lésion mal limitée, infiltrante, en particulier s’il
existe des signes neurologiques locaux. Le rôle de la diffusion dans le diagnostic différentiel des syndromes
de masse parotidiens est souligné. La TDM, souvent artéfactée par le matériel dentaire, et dont la
discrimination tissulaire est médiocre, est moins performante dans ce bilan que l’IRM.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Pathologie des glandes salivaires ; Endoscopie ; Lithotripsie ; Calculs salivaires ;
Imagerie des glandes salivaires ; Tumeurs

Plan lésions. La pathologie des glandes salivaires peut se diviser en


deux groupes : pathologie médicale et pathologie tumorale. Les
¶ Introduction 1 chapitres qui vont suivre n’ont pas la prétention d’être exhaus-
tifs sur toutes les pathologies mais de donner les aspects
¶ Pathologie médicale 1 cliniques et d’imagerie des principales affections des glandes
Malformations des glandes salivaires 1 salivaires.
Infections des glandes ou sialites 2
¶ Pathologie tumorale des glandes salivaires 9
Tumeurs épithéliales 11
Tumeurs épithéliales malignes 13 ■ Pathologie médicale
Tumeurs non épithéliales 15
¶ Diagnostic différentiel 18 Malformations des glandes salivaires
¶ Conclusion 18
Aplasie. Hypoplasie [1]
L’absence de toute glande salivaire est tout à fait exception-
nelle. Cette anomalie entraîne de facto l’absence de salive et
■ Introduction une xérostomie.
L’aplasie parotidienne unilatérale est moins rare, elle
La pathologie salivaire reste encore morcelée entre diverses s’accompagne souvent d’une aplasie controlatérale. Ces diffé-
spécialités médicales et chirurgicales. L’imagerie permet rentes aplasies ou hypoplasies sont souvent en rapport avec des
d’apporter les données nécessaires à la recherche étiologique des syndromes malformatifs complexes de la face comme les

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Figure 2. Trajet des kystes de la


première fente. 1 : bride myrin-
gienne ; 2 : nerf facial ; 3 : fistule ;
CAE : conduit auditif externe.

Figure 1. Panoramique dentaire. Lacune cerclée, bien limitée (flèche),


jouxtant le canal dentaire inférieur. Lacune de Stafne.

dysostoses mandibulofaciales, les hémiatrophies de la face ou les


syndromes otomandibulaires. Les aplasies des glandes subman-
dibulaires peuvent aussi se rencontrer.
Sialadénites
Ectopies salivaires
.
Sialadénites virales
Elles peuvent siéger n’importe où : dans le conduit auditif
La sialadénite ourlienne reste, malgré la vaccination, une
externe, l’oreille moyenne, le cou.
infection virale très répandue. Il s’agit de la plus fréquente des
La lacune de Stafne est la plus courante [2] . Elle est la
affections virales salivaires. Le diagnostic est essentiellement
conséquence de l’inclusion totale ou partielle de la glande
clinique fondé sur l’interrogatoire du patent, la notion de
submandibulaire dans la mandibule et plus particulièrement
contage ou d’épidémie. L’imagerie n’apporte que peu de
dans la région préangulaire. Il s’agit d’une lacune osseuse ronde
renseignements. L’échographie est le seul examen à pratiquer.
ou ovalaire cernée d’un liseré d’ostéocondensation (Fig. 1).
Elle permet de visualiser une ou deux glandes parotides nette-
Lorsque l’inclusion n’est que partielle, la sialographie en
ment augmentées de volume, homogènes, avec parfois quelques
incidence de Hirtz met parfaitement en évidence le lobule
petites dilatations canalaires. Les ganglions des chaînes cervica-
ectopique. L’abstention thérapeutique est de rigueur. Le contenu
les sont hypertrophiés [4] . Les échodopplers montrent une
glandulaire pouvant dégénérer, on propose une surveillance de
augmentation de la vascularisation intraglandulaire témoignant
la lacune soit par des clichés radiographiques standards, soit par
d’une inflammation. Les ganglions sont nettement hypervascu-
tomodensitométrie.
larisés. Le suivi de la maladie peut se faire par surveillance
échographique. Lorsqu’une IRM est réalisée, elle met en évi-
Kystes branchiaux de la première fente [3]
dence l’inflammation parotidienne, traduite par une augmenta-
Les malformations de la première fente sont rares (8 % des tion de volume d’une ou des deux parotides, et des
lésions branchiales). Elles se présentent sous forme de kyste, de .
modifications du signal parenchymateux, à type d’hyposignal
fistule et/ou de tractus. Tout kyste parotidien doit faire discuter T1, d’hypersignal T2 et de prise de contraste accentuée après
ce diagnostic. injection (Fig. 3).
Sialadénites bactériennes
Parotidites aiguës à bactéries pyogènes banales. À l’état

“ Mise au point
normal, la salive est stérile. L’infection des canaux et du
parenchyme se fait le plus souvent par voie rétrograde et est
d’origine buccale. Elle peut être aussi due à l’effraction d’une
Les lésions kystiques parotidiennes comprennent : infection de voisinage dans la glande : arthrite temporomandi-
bulaire, ostéite mandibulaire, cellulite de la face. Le début est
• le kyste du premier arc branchial ;
brutal ou progressif, associant toujours une douleur à une
• le kyste lymphoépithélial ;
augmentation de volume de la glande. L’exacerbation de la
• l’abcès ; douleur au moment des repas est de règle. L’unilatéralité des
• le pseudokyste traumatique ; signes permet de poser le diagnostic. Il existe un écoulement
• la tumeur kystique : cystadénome. purulent ou mucopurulent par l’ostium. Seule l’échographie
permet de confirmer le diagnostic. On note une nette augmen-
tation de l’épaisseur de la glande atteinte avec un aspect
.
hétéroéchogène du parenchyme. Les canaux intraglandulaires et
Le kyste survient généralement chez un patient ayant une le canal de Sténon sont dilatés (diamètre de plus de 2 mm du
histoire d’abcès parotidiens récidivants, résistants aux antibioti- Sténon). La présence de pus dans le canal donne un aspect très
ques et au drainage. Il est ovoïde, à sommet supérieur, allant .
hypoéchogène. Des ganglions intraparenchymateux sont
vers le plancher du conduit auditif externe, à la jonction visibles et hypertrophiés (Fig. 4). L’hypervascularisation, mise en
conduit osseux et conduit cartilagineux. Le trajet externe évidence à l’échodoppler, témoigne de l’inflammation (Fig. 5).
s’ouvre dans le triangle préauriculaire (Fig. 2). L’IRM peut être réalisée lorsque l’infection est très impor-
tante, et que l’on soupçonne une association infection
Infections des glandes ou sialites – tumeur. Elle dépiste les abcès et en fait le bilan locorégional
précis. Le traitement par antibiothérapie, corticothérapie et
Toutes les infections des glandes salivaires peuvent se antispasmodique, permet de juguler cette infection. L’échogra-
dénommer sialites. Bien qu’il existe des sialites globales du phie de contrôle permet de confirmer la restitutio ad integrum
parenchyme et des canaux, on distingue habituellement d’une du parenchyme.
part les infections du parenchyme ou sialadénites, d’autre part Submandibulite aiguë non lithiasique de l’adulte. Il s’agit
les infections des canaux ou sialodochites. Nous traiterons les d’une atteinte exceptionnelle de la glande submandibulaire
sialites les plus courantes. dont il faut savoir faire le diagnostic. La glande submandibulaire

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Figure 3.
A, B. Imagerie par résonance magnétique (IRM)
parotidienne coupe axiale en T2 et T1 injecté avec
suppression de graisse. Zone en hyposignal T1,
hypersignal T2, prenant le contraste de façon in-
tense (flèches). Parotidite gauche.

Figure 6. Échodoppler. Augmentation du volume de la glande et


Figure 4. Échographie. Dilatation des canaux et canalicules et du
hypervascularisation submandibulite aiguë.
bassinet (flèches). Parotidite purulente.

Figure 7. Échographie. Destruction parenchymateuse chronique repré-


sentée par les petites vacuoles hypoéchogènes (flèches blanches), asso-
Figure 5. Échodoppler. Hypervascularisation intraparenchymateuse.
ciées à la présence d’un ganglion (flèche noire). Parotidite chronique de
Parotidite aiguë purulente.
l’enfant.

augmente brutalement de volume, entraînant une douleur pathognomoniques de la maladie. Le parenchyme est ponctué
insupportable. Parfois, on peut distinguer du pus à l’ostium du de nombreuses petites formations rondes hypoéchogènes
canal de Wharton. L’échographie confirme le diagnostic. La donnant un peu un aspect miliaire. Il existe des adénopathies
glande submandibulaire est augmentée de volume, hétéroécho- intraglandulaires parfaitement individualisées (Fig. 7). Les
gène, avec des dilatations canalaires franches. Aucune formation canaux salivaires deviennent visibles. Parfois, lorsque la maladie
lithiasique hyperéchogène n’est visible. Il peut exister des évolue depuis de nombreuses années sans être correctement
adénopathies satellites dans la loge submandibulaire, mais il ne traitée, on note la présence de petits hyperéchos intraparenchy-
s’agit en aucun cas d’un adénophlegmon. Les échodopplers mateux pouvant correspondre à des microcalcifications gan-
montrent une importante hypervascularisation, témoignant du glionnaires et non à des lithiases. Les échodopplers montrent
caractère très inflammatoire des lésions (Fig. 6). une nette hypervascularisation de tout le parenchyme y compris
Submandibulite aiguë du nouveau-né. Elle est due à une des ganglions. La sialographie peut avoir un intérêt diagnosti-
infection par un staphylocoque ou un streptocoque et se traduit que au décours des crises douloureuses. Elle visualise dans le
par une augmentation de volume de la glande submandibulaire. parenchyme glandulaire de nombreux microlacs iodés, donnant
L’échographie permet de confirmer le diagnostic en mettant en un aspect classiquement en « pommier en fleur ». (Fig. 8). Son
évidence la présence d’une volumineuse glande submandibu- intérêt thérapeutique paraît aujourd’hui négligeable, les produits
laire hétéroéchogène. de contraste hydrosolubles utilisés n’ayant plus l’effet antisepti-
Parotidite bactérienne chronique de l’enfant [5]. C’est une que qu’avait le Lipiodol® ultrafluide. L’échographie permet de
affection non exceptionnelle. Son apparition se fait vers 2 ou suivre l’évolution de la maladie qui peut régresser à la puberté.
3 ans. Souvent confondue au début avec les oreillons, elle est Parotidites chroniques de l’adulte. Elles sont très souvent
récurrente et survient par crises douloureuses avec augmenta- l’aboutissement d’affections diverses. Citons en particulier la
tion du volume de la glande parotide. Elle peut se bilatéraliser. parotidite chronique de l’enfant qui n’a pas régressé à la
Il est indispensable de pratiquer une échographie dès les puberté, les mégacanaux idiopathiques, les dolichomégasténons,
premières crises. Cet examen atraumatique donne des images les sténoses des canaux excréteurs mais aussi certaines maladies

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Figure 10. Échodoppler de la lacune avec vascularisation anarchique.


Figure 8. Sialographie. Présence de nombreux microlacs iodés intrapa- Sialite tuberculeuse.
renchymateux (flèches). Parotidite chronique de l’enfant.

Figure 9. Sialographie. Importante dilatation du bassinet de la glande


(flèches) associée à une réduction de l’imprégnation parenchymateuse.
Parotidite chronique de l’adulte.

immunologiques telles que le syndrome sec de Gougerot-


Sjögren. Toutes ces affections entraînent des infections chroni-
ques du parenchyme et des suppurations. L’imagerie la plus
courante à effectuer reste l’échographie. Elle montre une
destruction du parenchyme qui peut apparaître soit sous forme
de trabéculations hyperéchogène témoignant d’une sclérose, soit Figure 11. Imagerie par résonance magnétique (IRM) coupes axiales
sous forme de vastes vacuoles hypoéchogènes en rapport avec centrées sur les parotides.
les dilatations canaliculaires. Très rarement, on retrouve des A. T2 avec suppression de graisse.
calcifications hyperéchogènes. B. T1 avec injection. Adénopathies intraparotidiennes droites tuberculeu-
Le canal de Sténon est en général dilaté et monoliforme. Les ses (flèches). Nécrose marquée par des zones en hypersignal T2 et
échodopplers peuvent mettre en évidence une hypervasculari- hyposignal T1, non rehaussées après injection. Parotidite tuberculeuse.
sation dans les phases aiguës inflammatoires. La sialographie
confirme la destruction du parenchyme laissant place à des
dilatations canaliculaires, sorte de lacs iodés. Le canal excréteur expansif type adénome pléomorphe. Dans un premier temps,
est comme en échographie, dilaté et monoliforme (Fig. 9). l’échographie confirme la présence d’une ou de plusieurs
On rapproche de ces parotidites les tumeurs de Kuttner, lacunes intraparenchymateuses. Ces formations sont très
sialadénites chroniques sclérosantes submandibulaires qui souvent hétéroéchogènes à tendance hypoéchogène, elles sont
peuvent être confondues avec d’authentiques tumeurs. Leurs plus ou moins bien limitées, supracentimétriques. Le paren-
caractéristiques échographiques sont évocatrices : atteinte de chyme reste normal, il est rare de trouver un aspect de paroti-
toute la glande, avec dilatations canaliculaires, voire calculs, .
dite avec dilatation des canaux. L’aspect d’adénopathie est
parfois lésions focales hétérogènes, hypervascularisation globale extrêmement difficile à confirmer. Les échodopplers permettent
de la glande au doppler [6]. de visualiser une hypervascularisation de la lacune (Fig. 10).
Sialites tuberculeuses. La sialite tuberculeuse est une affec- Cet examen doit conduire à explorer la glande en IRM. La ou
tion rare, à laquelle il faut savoir penser. Sa localisation est le les masses sont mal limitées, en hypersignal T2, hétérogènes,
plus souvent parotidienne. Cette pathologie est ambiguë du avec des zones en hyposignal correspondant au caséum et à
point de vue nosologique. En effet, il est difficile d’une part de .
d’éventuelles calcifications, en hyposignal en T1. La prise de
différencier la sialite et le développement des adénopathies contraste est variable, et dépend de leur degré de nécrose
concomitantes, d’autre part de préciser la chronologie des (Fig. 11).
deuxlésions [7]. La parotidite se révèle par le développement Ces lésions sont aspécifiques. Même les séquences de diffu-
d’un nodule froid dans la loge, souvent prétragien. Les diagnos- sion, très utiles en cas d’abcès à pyogène, sont d’interprétation
tics alors évoqués sont soit une adénopathie, soit un processus difficile, car le caséum est le plus souvent en hyposignal sur les

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Figure 12. Calculs (flèches). Figure 13. Échographie submandibulaire. Image échogène au milieu
du bassinet. Lithiase.

séquences en B1000. Seule la ponction-biopsie peut confirmer le


diagnostic en montrant des follicules tuberculeux, voire une
nécrose caséeuse.
Adénites parotidiennes. Les rapports étroits du tissu lym-
phoïde et du parenchyme glandulaire parotidien font qu’il peut
être difficile de différencier une adénite d’une parotidite. La plus
courante des adénites est la lymphoréticulose bénigne d’inocu-
lation ou maladie des griffes du chat. Le germe en cause serait
Rochalimae henselae. Elle se traduit par la présence de nodules
parotidiens et d’une atteinte des chaînes ganglionnaires latéro-
cervicales en général unilatérale. La notion de contage est
indispensable pour le diagnostic. L’échographie permet de
visualiser la présence de lacunes multiples intraparenchymateu-
ses, hypoéchogènes bien limitées. Au centre de ces formations,
il existe une zone hyperéchogène représentant le hile de
l’adénopathie. Le parenchyme parotidien reste normal. Les
échodopplers visualisent une hypervascularisation des différents
hiles en rapport avec l’inflammation.
Mégacanaux. Ils sont probablement secondaires à plusieurs
phénomènes concomitants : striction du sphincter du canal
parotidien, ne permettant pas un écoulement salivaire normal,
.
associée à une déhiscence des parois canalaires qui deviennent
atones. Ces anomalies entraînent des infections répétées, avec Figure 14. Sialographie. Lithiase submandibulaire (flèche).
un reflux intraglandulaire et une stase salivaire (Fig. 12).

Sialodochites
excréteur qu’on peut suivre pratiquement jusqu’à la caroncule
Lithiases salivaires des glandes principales s’il est dilaté et si le blocage se trouve dans la partie distale du
Lithiase de la glande submandibulaire. C’est la plus canal. Cette partie de l’examen se fait avec la tête du patient en
fréquente des lithiases salivaires. Elle s’observe depuis l’enfance hyperextension. Grâce aux progrès technologiques des échogra-
à partir de 2 ans. La taille des calculs est variable allant de phes et notamment à la numérisation, il est possible de mettre
moins de 1 mm de diamètre à plusieurs centimètres. En général, en évidence des calculs de très petite taille de l’ordre de 0,5 mm
ces calculs sont uniques, mais peuvent être multiples. Ils sont (Fig. 13). Les échodopplers montrent une hypervascularisation
situés soit dans les canaux glandulaires, soit dans le canal inflammatoire de la glande en période de colique salivaire. Ils
excréteur. Les formes bilatérales sont rares. Il est important de permettent aussi de faire la distinction entre un canal excréteur
pratiquer un bilan radiologique complet de la glande et du dilaté et le système vasculaire. En général, on retrouve une
canal de Wharton qui précise le siège et le nombre de calculs. hypervascularisation au pourtour de la lithiase. Le troisième
La radiographie sans préparation est la méthode la plus simple temps est la sialographie. Cet examen doit être pratiqué au
pour les repérer. Trois clichés sont nécessaires pour explorer la décours des crises douloureuses. Il se fait par injection lente de
glande et le canal : quelques centimètres cubes de produit de contraste hydrosolu-
• un film occlusal avec un rayon ascendant orthogonal pour ble pour opacifier le canal excréteur jusqu’à l’obstacle. Il a pour
explorer le canal ; but de mesurer le diamètre du canal excréteur et de déduire si
• un film occlusal, le plus postérieur possible, avec un rayon une sialoendoscopie ou une lithotripsie extracorporelle sont
partant de l’angle mandibulaire, oblique en haut, en avant et envisageables pour faire l’ablation du calcul (Fig. 14). La sialo-
en dedans pour visualiser la partie postérieure du canal ; IRM peut remplacer la sialographie traditionnelle s’il n’est pas
• un cliché tomographique des maxillaires pour préciser la possible de cathétériser l’ostium du canal. La tomodensitométrie
position des calculs intraglandulaires. n’a d’intérêt que si les clichés sans préparation ne peuvent être
Il faut garder à l’esprit qu’environ 30 % des lithiases sont réalisés. En cas de surinfection importante, l’exploration TDM
radiotransparentes et donc invisibles sur ce type de cliché. ou IRM permet de préciser l’extension et l’importance des
L’échographie est le deuxième temps de l’exploration de la . phénomènes inflammatoires, de faire le bilan topographique
glande. Il convient de faire un balayage de la glande à la d’une éventuelle abcédation, et de préciser la réaction ganglion-
recherche d’un hyperécho intraparenchymateux. Ce dernier se naire (Fig. 15).
trouve le plus souvent dans le bassinet qui est dilaté et hypoé- Ces examens orientent une éventuelle ponction, réalisée le
chogène ou enchâssé dans un canalicule. Il n’existe pas toujours plus souvent sous guidage échographique (en salle d’échogra-
de cône d’ombre au niveau de la lithiase. L’état du parenchyme phie ou au bloc). Cette ponction dépend de la taille de la
peut être évalué. On poursuit ensuite le balayage en avant le collection et de son accessibilité et est réalisée par voie sous-
long du ramus mandibularis afin d’explorer le canal mentale ou endobuccale, parfois avec repérage TDM.

Radiodiagnostic - Cœur-poumon 5
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Figure 15. Tomodensitométrie (TDM) avec


injection. Acquisition hélicoïdale, reconstruc-
tions coronales. Évolution sur 6 jours, de j1 (A) à
j6 (B), d’une surinfection de la glande subman-
dibulaire gauche sur lithiases sous antibioti-
ques. Formation d’un volumineux abcès, qui
sera drainé par voie endobuccale. À j1, prise de
contraste de la glande submandibulaire gauche
avec dilatations canaliculaires (flèche). Abcès
submandibulaire sur lithiase.

Lithiases parotidiennes. Elles représentent environ un tiers


des lithiases salivaires. On les rencontre à partir de l’enfance
(4 ans). Leur siège est variable suivant la migration du calcul. Le
plus souvent, elles sont situées dans le bassinet de la glande. Le
retentissement clinique de cet obstacle va de la simple douleur
au moment des repas, à type colique ou hernie salivaire, à la
parotidite aiguë suppurée avec fièvre. L’interrogatoire du patient
est indispensable, à la recherche d’une périodicité rythmée par
les repas. L’examen radiographique doit se faire de façon
méthodique en commençant toujours par des clichés sans
préparation à la recherche d’une calcification se projetant au
niveau de la glande parotide.
Le cliché de face tangentiel à la glande est classique et donne
de bons résultats si la calcification se trouve dans la glande.
La tomographie panoramique des maxillaires peut être utile Figure 16. Échographies en coupe transversale et sagittale d’une
si le calcul se trouve dans la portion distale du canal de Sténon. glande parotide montrant une lithiase. 1 : Parenchyme ; 2 : lithiase ; 3 :
L’échographie reste l’examen de choix pour mettre en dilatation des canaux.
évidence le calcul. Les coupes seront toujours effectuées dans les
.
plans sagittal et longitudinal. L’image de la lithiase est repré-
sentée par un hyperécho situé dans une dilatation canalaire contraste du parenchyme glandulaire adjacent. Les séquences
hypoéchogène (Fig. 16). avec injection et suppression de graisse précisent l’extension de
La lithiase peut se situer soit dans la glande, soit dans le canal l’infection aux parties molles profondes, en montrant l’hypersi-
excréteur. Les échographes numériques permettent de déceler gnal des zones inflammatoires. Une séquence complémentaire
des microcalculs de l’ordre de 0,3 mm de diamètre. Le diagnos- étudiant les canaux intraglandulaires (sialo-IRM) précise leur
tic différentiel peut être difficile avec les calcifications non degré de dilatation, éventuellement en amont d’une lésion
lithiasiques telles que les ganglions calcifiés ou les calcifications calcique hypo-intense [8] (Fig. 17). La sialographie avec injection
tumorales (adénome pléomorphe). Il est donc important de rétrograde de liquide de contraste visualise l’obstacle, sa position
bien vérifier qu’il existe une dilatation d’un canal ou du et la perméabilité du canal excréteur. Les lithiases radiotranspa-
bassinet de la glande pour pouvoir affirmer l’existence d’une .
rentes sont visibles sous forme d’une image radioclaire dans la
lithiase. La TDM peut apporter la preuve d’une calcification glande ou d’image d’arrêt cupuliforme du produit de contraste
intraglandulaire et met en évidence les canaux élargis. L’IRM ne dans un canal.
retrouve que les calcifications volumineuses, responsables de La sialoendoscopie, si elle peut être pratiquée, montre
zones en hyposignal sur l’ensemble des séquences. Elle a surtout parfaitement la lithiase qui est de couleur jaune dans le bassinet
un intérêt s’il existe des signes de complication (abcédation). ou le canal de Sténon. Tous ces examens contribuent au
Cet abcès est en hypersignal T2, hyposignal T2 et la prise de diagnostic des lithiases parotidiennes et doivent être utilisés, du
contraste de sa paroi est fréquemment associée à une prise de plus simple au plus compliqué.

Figure 17. Imagerie par résonance magnétique (IRM) coupes axiales partie inférieure parotides T1 (A), T2 suppression de graisse (B), T1 avec injection et
suppression de graisse (C). Abcès parotidien gauche (flèches).

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Figure 18.
A. Mise en place de la pince à panier dans le canal de Wharton.
B. Visualisation de la lithiase au niveau du méat.
C. Lithiase prise dans la sonde.

Traitements non chirurgicaux des lithiases


salivaires
.11

Sialoendoscopie
L’endoscopie des glandes salivaires a pu être réalisée grâce
aux progrès de la technologie et à la fabrication de fibroscopes
.12
ultrafins de moins de 1 mm de diamètre.
Nous avons réalisé la première endoscopie au monde d’une
glande parotide en décembre 1988.
Matériels et méthodes. Les endoscopes ultrafins souples
.
Olympus™ de 0,4, 0,8 et 1,1 mm, utilisés de 1988 à 2001, ont été
aujourd’hui remplacés par des endoscopes semi-rigides Storz™ de
1,2 mm de diamètre avec canal opérateur et irrigation.
Le protocole utilisé est toujours le même depuis 13 ans. Après
repérage de la lithiase, la fibroscopie est réalisée si toutes les
conditions suivantes sont réunies : canal excréteur perméable,
lithiase mobile située dans ce canal, glande salivaire non
atrophique et fonctionnelle. L’introduction du fibroscope se fait
après dilatation simple de l’ostium à l’aide de sondes calibrées
atraumatiques. L’extrême finesse du matériel endoscopique
n’autorise pas de béquillage et le guidage est effectué par des
mouvements manuels par voie externe au contact de la peau ou
de la muqueuse buccale. Aucune anesthésie n’est nécessaire
Figure 19. Radiographie occlusale montrant une lithiase submandibu-
pour cet examen totalement indolore, qui permet de confirmer
laire fragmentée (flèches).
le diagnostic de lithiase ou de sténose, voire des deux, lesquelles
entraînent des crises de coliques salivaires.
Ablation de lithiases. Les ablations de calculs salivaires ont
commencé en avril 1990, grâce à l’apparition d’une pince à installé en position semi-assise. L’extrême focalisation de l’onde
panier miniaturisée de 0,8 mm de diamètre (Olympus®). Cette de choc (2,5 mm sur 20 mm) réduit les lésions sur les tissus
.
dernière était descendue à l’aveugle dans le canal excréteur de avoisinants. Son énergie est adaptée aux calculs salivaires et
la glande, car il n’était pas possible de garder le fibroscope en varie de 5 à 30 mPa. La fréquence de tir est de 120 coups par
place en raison de l’étroitesse des canaux salivaires (Fig. 18). .
minute, mais peut être réduite à 90 ou 60 coups par minute. Il
Aujourd’hui, il est possible de pratiquer l’ablation des lithiases faut compter 1 500 plus ou moins 500 coups par séance et
sous contrôle de la vue grâce aux endoscopes à canaux opéra- chaque séance est espacée de 1 mois (Fig. 19).
teurs et irrigation. Une micro-instrumentation a été développée. La lithotripsie peut être effectuée sur tous les calculs qui se
.
Il est possible d’utiliser soit des sondes à panier, soit des pinces trouvent dans les glandes submandibulaires ou parotides, en
à mors miniaturisées. La destruction du calcul par laser (hol- excluant toute lithiase dont l’abord pourrait être endoscopique
mium) est aussi possible à l’aide de l’endoscope. ou chirurgical endobuccal, sans risque de lésion nerveuse tant
au niveau du nerf lingual que du nerf facial. La taille de la
Lithotripsie lithiase n’a que peu d’importance, elle peut varier de 1 mm à
La lithotripsie extracorporelle des calculs salivaires est possible 3 cm, mais son repérage échographique doit être parfaitement
grâce à un matériel miniaturisé utilisant les ondes de chocs effectué. Il ne doit exister aucune infection intraglandulaire et
électromagnétiques permettant la fragmentation sans lésions au besoin un traitement anti-infectieux sera administré quelques
glandulaires [9]. jours avant la lithotripsie.
Méthode et matériel. Il est désormais possible de fragmenter La sialographie reste l’examen radiologique de référence avant
des calculs situés dans les glandes salivaires par voie extracor- toute thérapeutique. En effet, il est le seul capable de donner le
.
porelle grâce à un nouvel appareil de lithotripsie extracorpo- calibre du canal excréteur de la glande salivaire. Si ce canal est
relle, le Minitlith SL1™ (Storz Médical), destiné uniquement aux trop fin (moins de 1 mm) pour laisser sortir les fragments
glandes salivaires. lithiasiques, seul un traitement chirurgical peut être envisagé. La
Un repérage par sonde d’échographie de 7,5 MHz permet de TDM n’apporte que peu de renseignements sur le système
situer exactement la lithiase et des ondes de choc électroma- canalaire glandulaire. L’IRM n’est d’aucune utilité. Enfin, il faut
gnétiques focalisées sur le calcul la fragmentent. Les résidus sont demander une crase sanguine. Toute perturbation de l’hémo-
soit évacués spontanément par la salive dans le canal excréteur, stase contre-indique la lithotritie. Le contrôle des traitements
soit enlevés par microvidéoendoscopie à l’aide d’une pince à anticoagulants doit se faire 24 heures avant la thérapeutique.
panier miniaturisée. Ce nouveau traitement est pratiquement Discussion. La phase de diagnostic permet le choix de la
indolore, et aucune anesthésie n’est nécessaire. Le patient est meilleure méthode pour l’ablation de la lithiase. Un canal

Radiodiagnostic - Cœur-poumon 7
32-800-A-30 ¶ Pathologie des glandes salivaires

d’environ 3 mm, une lithiase mobile et une glande non atrophi-


que sont les meilleures indications pour une endoscopie. Si ces
conditions ne sont pas réalisées (canal étroit, lithiase enclavée et
glande peu fonctionnelle), alors l’endoscopie est pratiquée avec
plus de précautions. L’endoscopie dépend aussi de l’anatomie des
canaux excréteurs. En effet un coude du buccinateur trop
accentué sur le canal de Sténon ou un canal de Wharton trop fin
ne permettent pas la mise en place de l’endoscope. Normalement,
aucune pathologie ne peut affecter la mise en place d’un endos-
cope ultrafin de 0,8 mm de diamètre dans une glande salivaire.
La présence de pus franc dans le canal excréteur d’une glande
peut gêner la visualisation du contenu de ce canal. Un lavage
doux à l’aide de sérum physiologique rétablit les conditions
normales. L’endoscopie joue un rôle diagnostique majeur dans les
cas de discordance radioclinique. Réalisée chez des patients
souffrant de coliques salivaires ayant un bilan radiologique
normal, elle peut mettre en évidence des microlithiases radio-
transparentes et faciliter leur traitement. L’efficacité de l’endosco-
pie est en général immédiate, l’ablation du calcul entraînant une
sédation des crises douloureuses. Il peut apparaître dans les
48 heures qui suivent le geste une infection, due au traumatisme Figure 20. Échographie parotidienne bilatérale. Hypertrophie homo-
canalaire. gène des deux glandes.

“ Point important
montre des glandes parotides augmentées de volume mais
homogènes, sans signe inflammatoire.
L’alcoolisme induit une dystrophie salivaire. L’hyperplasie des
parotides s’observe chez des éthyliques à la phase de précir-
Lorsqu’une glande salivaire a été mise en souffrance
rhose. Bilatérale et modérée, elle est toujours indolore. L’écho-
pendant une longue période par une lithiase, avec des graphie confirme l’augmentation de volume homogène du
infections chroniques, le fait de faire l’ablation de la parenchyme glandulaire sans dilatation canalaire.
lithiase entraîne une reprise de l’activité sécrétoire. Les syndromes anorexigènes regroupant anorexiques et
boulimiques vomisseuses déterminent aussi des sialomégalies
volumineuses. La parotidomégalie apparaît très souvent après
Contrairement à ce qui était admis jusqu’à ce jour, les une phase d’anorexie d’environ 6 mois à 1 an. Sa fréquence est
glandes salivaires ne sont que très rarement détruites complète- d’environ une anorexie sur cinq. L’augmentation du volume des
ment et leur activité peut reprendre lors de la levée de l’obsta- glandes parotides est une affection touchant exclusivement les
cle. Cela a été parfaitement démontré sur des patients qui .
jeunes filles ou les jeunes femmes de 15 à 35 ans. Elle est
présentaient une atrophie glandulaire avant l’ablation du calcul bilatérale, indolore, entraîne une déformation toujours visible et
et qui ont récupéré une fonction salivaire subnormale après souvent masquée par la patiente.
l’ablation de l’obstacle. Les échecs de l’endoscopie sont essen- L’échographie pratiquée dans un premier temps confirme la
tiellement dus à des problèmes anatomiques, canaux excréteurs très nette augmentation d’épaisseur des deux glandes parotides
trop fins, coude du buccinateur trop important au niveau des pouvant atteindre jusqu’à 4 cm. Le parenchyme reste échogra-
glandes parotides. Les limites de l’ablation d’un calcul par voie .
phiquement homogène, et on ne retrouve aucune formation
endoscopique sont liées soit à la grosseur de la lithiase qui ne hypo- ou hyperéchogène pouvant faire suspecter soit une
peut pas passer par le canal excréteur, soit à sa position, nichée lithiase, soit un processus expansif intraglandulaire (Fig. 20).
dans le bassinet d’une glande ou enclavée dans un canal Les aires ganglionnaires sont libres. Les axes vasculaires
primaire ou secondaire. La composition chimique des calculs carotidiens sont normaux. Il existe une légère hypervascularisa-
salivaires a été étudiée par quelques auteurs. La plupart des tion du parenchyme au doppler. Cet examen permet de suivre
lithiases sont faites de phosphate de calcium. La lithotripsie la thérapie et est refait au décours de cette dernière. Le diabète
intracorporelle à l’aide de lasers permet de fragmenter les calculs sucré est souvent associé à une parotidomégalie modérée, mais
de grandes tailles et ceux situés dans le bassinet des glandes. La au cours du diabète gras, l’hyperplasie des parotides peut être en
lithotripsie extracorporelle peut être utilisée quelles que soient rapport avec un excès d’hydrate de carbone.
la taille et la position du calcul dans les glandes salivaires. Les
Sialoses systémiques
contre-indications à cette méthode sont un canal excréteur de
la glande de moins de 1 mm de diamètre, l’infection aiguë, les Maladie de Gougerot-Sjögren [11]. Maladie systémique auto-
anomalies de la crase sanguine et la prise d’anticoagulants. Il est immune, le syndrome de Sjögren ou syndrome « sec » atteint les
recommandé de n’utiliser que les lithotripteurs [10]. patients âgés de 40 à 60 ans, le plus souvent des femmes. Le
diagnostic repose sur la présence de symptômes associés :
Sialoses arthrite, kératoconjonctivite, sécheresse buccale. Les anticorps
Il est commode de rassembler sous le terme de sialoses les antinucléaires et la biopsie des glandes salivaires établissent le
affections chroniques salivaires qui ne sont ni des affections diagnostic. Le syndrome est dit « primaire » quand il est isolé et
infectieuses ni des tumeurs. Il s’agit schématiquement soit de n’atteint que les glandes salivaires, il est dit « secondaire »
maladies de nature dystrophique nutritionnelle volontiers quand existent des altérations diffuses du tissu conjonctif
dénommées sialadénoses, soit de maladies systémiques. La périvasculaire. L’imagerie conventionnelle par sialographie
majorité des sialoses se caractérisent par une hyperplasie ou objective à la phase initiale des canaux excréteurs principaux de
sialomégalie et par des déficits salivaires. taille normale ou atrophiques, coexistant avec des macro- ou
microcollections intraglandulaires diffuses, persistant au temps
Sialadénoses d’évacuation, donnant une image « ponctuée », suggestive du
Ce sont les plus fréquentes des sialoses et elles sont essentiel- diagnostic (Fig. 21). À la phase tardive, les kystes deviennent
lement parotidiennes. Nous citerons les affections les plus larges. Cette sialographie est de moins en moins demandée
souvent rencontrées. quand l’IRM est possible. L’échographie, pour certains auteurs,
L’excès d’aliments riches en amidon (pain, pomme de terre) suffit en exploration de routine [12]. Elle permet la surveillance
détermine une hyperplasie modérée parotidienne. L’échographie de ces patients. Elle montre un parenchyme hypoéchogène

8 Radiodiagnostic - Cœur-poumon
Pathologie des glandes salivaires ¶ 32-800-A-30

Figure 21. Sialographie parotidienne. Microcollections intraglandulai-


res diffuses. Maladie de Gougerot-Sjögren.

Figure 23. Imagerie par résonance magnétique (IRM) parotidienne


axiale T2 suppression de graisse (A) et IRM orbitaire T1 injecté suppression
de graisse (B). Parotidomégalie hétérogène, hypertrophie des glandes
lacrymales (flèches). Syndrome de Mikulicz.

.
salivaires. En TDM, les lésions sont tissulaires. En IRM, elles sont
en relatif hypersignal T1 et T2, associées à un œdème sous-
cutané hypo-intense en T1, hyperintense en T2, et à zones de
.
flux circulant intralésionnelles [15].
Kystes lymphoépithéliaux. Leur aspect est caractéristique
(Fig. 24, 25).
Figure 22. Imagerie par résonance magnétique (IRM) coupes axiales Il s’agit de formations arrondies, bilatérales, de plus ou moins
passant par les parotides, séquences T2 (A) et T1 avec injection et grande taille, typiquement en hyposignal T1 et hypersignal T2,
suppression de graisse (B). Multiples lésions kystiques et microkystiques mais dont le signal varie en fonction de la composition du
développées dans les deux parotides. Maladie de Sjögren. liquide intrakystique. Il est par exemple en hypersignal T1 et
hyposignal T2 en cas de richesse en protéines. Ces kystes sont
souvent associés à une sinusite, à des adénopathies cervicales, à
inhomogène avec de petites zones liquidiennes. La complication
une hyperplasie de l’anneau de Waldeyer et à une inflammation
majeure de cette maladie est la survenue de lymphome (quatre
des cellules mastoïdiennes. Ils font rechercher une séropositivité
fois plus fréquent que dans la population générale). L’échogra-
pour le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), dont ils
phie surveille des aires ganglionnaires cervicales. Des images
peuvent être la lésion révélatrice [16-18].
pseudotumorales peuvent exister, dues à des agrégats lympho-
cytaires. L’IRM permet le diagnostic dans plus de 90 % des
cas [13, 14] Les remaniements multimicrokystiques du paren-
.
chyme sont bien visibles, et traduits par des lésions intraparen-
■ Pathologie tumorale des glandes
chymateuses liquidiennes bien limitées, en hypersignal T2, salivaires (Tableaux 1, 2)
hyposignal T1, ne prenant pas le contraste (Fig. 22).
L’évolution se fait souvent vers l’atrophie de la glande. La L’exploration des syndromes de masse des glandes salivaires
.
sialo-IRM montre des dilatations canalaires monoliformes, bénéficie de l’échographie pour les lésions superficielles paroti-
parfois de petites collections dues à des abcédations. diennes et des glandes submandibulaires. L’échodoppler peut en
Sarcoïdose. Fréquente (10 % des cas), l’atteinte salivaire identifier les pédicules vasculaires et l’importance de la vascula-
associée à une paralysie faciale définit le syndrome de Heerfordt. risation lésionnelle. Compte tenu du prolongement profond de
.
Son imagerie est proche de celle de la maladie de Sjögren. Elle la parotide et du siège des glandes salivaires accessoires (GSA),
peut être associée à une atteinte des glandes lacrymales (syn- du faible contraste entre tumeur et tissu musculaire, l’examen
drome de Mikulicz) (Fig. 23). de choix pour les syndromes de masse des glandes salivaires est
Maladie de Kimura. Elle est due à une prolifération cellulaire l’IRM [19, 20]. Le diagnostic d’un syndrome de masse des glandes
lymphoplasmocytaire associée à une fibrose. Elle touche surtout salivaires est différent selon la glande en cause et l’âge du sujet
les hommes (> 80 % des cas), et prédomine entre 20 et 30 ans (Tableau 2). Parmi les tumeurs des glandes salivaires, les tumeurs
(78 %). Elle provoque l’apparition de nodules sous-cutanés parotidiennes sont de loin les plus fréquentes. Elles sont
cervicaux indolores, parfois prurigineux, associés à des adéno- constituées dans plus de 80 % des cas de tumeurs épithéliales
pathies en particulier cervicales, et une hypertrophie des glandes bénignes. Le pourcentage de tumeurs malignes est supérieur

Radiodiagnostic - Cœur-poumon 9
32-800-A-30 ¶ Pathologie des glandes salivaires

Figure 24. Imagerie par résonance magnétique


(IRM) axiale centrée sur les parotides, séquences
T1 (A) et T2 (B). Kystes intraparotidiens bilatéraux,
à contenu non pur (flèches). Kystes lymphoépithé-
liaux.

Figure 25.
A. Échographie. Kyste d’allure quiescente, in-
traparotidien.
B. Imagerie par résonance magnétique (IRM)
T1 avec injection et suppression de graisse. Le
signal du liquide kystique est proche de celui de
l’eau. Kyste salivaire parotidien.
C et D. Kyste mucoïde du plancher ou gre-
nouillette. Vue clinique d’échographie (C). Gre-
nouillette du plancher buccal.

Tableau 1.
Caractéristiques des principales tumeurs des glandes salivaires.
Âge (ans) Sexe Siège Infiltration Composante Rétrécissement Infiltration
périneurale kystique graisseuse
Mucoépidermoïde < 10 +++ O Parotide +++ – ± ++
PF ++
Carcinome adénoïde kystique 20/30 – GSL +++ – ± ++
60/70 GSM PF +++
V3 ++
Adénome pléomorphe > 50 F Parotide – ± ++ –
Cystadénome > 50 F/M Parotide – ± ++ –
Multiple
Bilatéral
F : féminin ; M : masculin ; PF : paralysie faciale ; GSL : glande salivaire sublinguale ; GSM : glande submandibulaire.

dans les autres localisations salivaires, tout particulièrement ou transzygomatique qui permettent l’abord de la fosse pté-
dans les GSA. La cytoaspiration à l’aiguille fine (pour éviter le rygoïdienne et de l’espace préstylien. L’exploration d’une masse
risque d’effraction capsulaire) est possible. Cet examen peut salivaire doit déterminer :
faire le diagnostic histologique préopératoire et il est de plus en • son siège : intra- ou extraglandulaire ; ganglionnaire ou
plus utilisé, même dans les évaluations des masses parotidiennes
extraganglionnaire ;
superficielles indolores où le diagnostic d’adénome pléomorphe
parotidien est probable. Les masses de l’espace parapharyngé • son caractère : invasif ou non ;
bénéficient de biopsies guidées sous TDM, par voie transbuccale • ses rapports avec le plan du nerf facial ;

10 Radiodiagnostic - Cœur-poumon
Pathologie des glandes salivaires ¶ 32-800-A-30

Tableau 2. Tumeurs épithéliales


Imagerie par résonance magnétique (IRM) et principales tumeurs de la
parotide. Tumeurs épithéliales bénignes
1. Adénome pléomorphe Il s’agit essentiellement d’adénomes pléomorphes et d’adéno-
Hypersignal T2, hyposignal T1, prise de contraste homogène ou non mes monomorphes dont l’adénolymphome (ou cystadénolym-
phome) est la forme la plus fréquente [23, 24].
2. Cystadénolymphome (adénolymphome, ancienne tumeur de
Whartin) Adénome pléomorphe
– Hypersignal T1, iso- ou hyposignal T2, prise de contraste variable Anciennement appelée tumeur mixte à stroma remanié, c’est
– Souvent multiple, bilatérale la tumeur parotidienne la plus fréquente (près des trois quarts
3. Adénopathie intraparotidienne des tumeurs de la parotide). Elle est 10 fois plus fréquente dans
la parotide que dans la glande submandibulaire et atteint de
– Hypersignal T2, hyposignal T2, prise de contraste modérée
façon préférentielle (90 %) le lobe superficiel de la parotide.
– Même signal que les ganglions extraparotidiens sur toutes les séquen-
Histologiquement, cette tumeur présente une matrice myxoïde
ces
ou chondromyxoïde et des amas de cellules de petite taille. Elle
4. Tumeur maligne est bien limitée, entourée d’une pseudocapsule fibreuse de
– Hyposignal T2, hyposignal T1, prise de contraste variable quelques micromètres d’épaisseur sur laquelle cheminent des
– Limites floues, extension aux parties molles, à la mandibule, adénopa- vaisseaux de petite taille. Cette capsule peut présenter des
thies invaginations intratumorales. Ses composantes épithéliales,
myoépithéliales et parenchymateuses l’ont fait dénommer
.
« tumeur mixte » En échographie, les adénomes sont hypoé-
chogènes, parfois pseudoliquidiens et peuvent présenter des
• la présence éventuelle d’une diffusion périneurale via le contingents kystiques ou calcifiés (Fig. 26).
nerffacial, vers le foramen stylomastoïdien, et via la branche En IRM, il s’agit d’une tumeur à contours lobulés et limites
linguale du V3 vers le foramen ovale [21, 22]. On recherche, régulières. Elle présente un hyposignal T1 et surtout un hyper-
dans tous les cas, des signes de tumeur agressive : signal T2 intense pseudokystique dans sa forme caractéristique
(Fig. 27) [25, 26]. L’hypersignal en T2 peut être hétérogène avec
C irrégularité des contours, infiltration de la graisse périlé-
des zones de plus faible signal correspondant à des zones
sionnelle ; .
d’infiltration cellulaire organisée. Après injection de gadolinium,
C hyposignal T2 hétérogène signant une composante tissu- cette tumeur présente un rehaussement plus ou moins intense
laire hétérogène ; du signal prédominant en périphérie.
.
Les petites lésions se rehaussent de façon intense et homo-
C multiplicité lésionnelle ;
gène. Les prises de contraste centrales seraient en rapport avec
C adénopathies satellites. des invaginations de la coque périphérique.

Figure 26. Échographie parotidienne.


A. Lésion bien limitée, renforcement postérieur lié
à la présence de kystes intralésionnels.
B. Calcification intralésionnelle. Adénome pléo-
morphe.

Figure 27. Imagerie par résonance magnétique (IRM) centrée sur les parotides coupes axiales séquence T1 (A), T1 avec injection et suppression de graisse
(B) et T2 (C). La lésion (flèches) bien limitée polylobée est en hypersignal pseudoliquidien en T2 et prend le contraste de façon hétérogène.

Radiodiagnostic - Cœur-poumon 11
32-800-A-30 ¶ Pathologie des glandes salivaires

Figure 28. Adénome des glandes salivaires accessoires de l’espace


préstylien révélé à l’occasion d’une amygdalite. Séquence pondérée T2. Figure 29. Imagerie par résonance magnétique (IRM) coupe axiale T2.
Formation bien limitée, polylobée, en signal intermédiaire T1, hypersignal Multiples petites lésions pseudokystiques (flèches), 12 ans après une
T2, siégeant dans le compartiment préstylien, en arrière du muscle parotidectomie gauche pour adénome pléomorphe. Récidive d’adénome
ptérygoïdien médial, en dehors du muscle constricteur du pharynx, pléomorphe.
séparée du pôle interne de la parotide.

peuvent être multiples, reliés par des ponts tumoraux extrême-


.
L’aspect IRM constitue un bon élément d’orientation dia- ment ténus. Dix à 15 % des patients ayant un adénome pléo-
gnostique, mais certaines tumeurs épithéliales malignes peuvent morphe ont une transformation maligne, le risque augmentant
présenter le même aspect que des adénomes pléomorphes. avec la durée de l’évolution, ce qui justifie le choix d’un
Trois à quatre pour cent des adénomes pléomorphes ont un traitement chirurgical. Le caractère multinodulaire de la tumeur,
développement dans l’espace parapharyngé préstylien au niveau son aspect perméatif, l’infiltration des plans musculograisseux,
de la partie profonde glandulaire grâce à une extension à travers le prolongement infratemporal, l’atteinte de la mandibule et
une zone de faible résistance entre le ligament stylomandibu- une diffusion périneurale sont en faveur de cette complication,
.
laire et le ligament sphénomandibulaire. Il n’existe pas d’exten- .
mais ne constituent pas des arguments formels de tumeur
sion dans la fosse infratemporale sauf intervention antérieure maligne, compte tenu qu’un adénome pléomorphe parotidien
(Fig. 28). est une tumeur multinodulaire, sans capsule réelle (Fig. 30).
Les adénomes pléomorphes peuvent se développer dans les L’atteinte de la fosse infratemporale est exceptionnelle,
GSA palatines du nasopharynx ou de l’oropharynx. Un rema- l’aponévrose interptérygoïdienne et le muscle ptérygoïdien
.
niement hémorragique explique que certains adénomes ont une médial constituant une barrière à leur extension. Une rupture
présentation aiguë, leur diagnostic étant fait en urgence lors de cette barrière, liée à une chirurgie antérieure, peut expliquer
d’une augmentation brutale de taille [27]. une dissémination tumorale dans un espace normalement
Les récidives des tumeurs mixtes parotidiennes après inter- épargné. Il peut exister une extension des tumeurs parotidien-
vention sont relativement fréquentes. Dix à 20 % des récidives nes à la fosse infratemporale le long des gaines vasculonerveuses
présentent des foyers de dégénérescence [28]. Les récidives se par la boutonnière rétrocondylienne de Juvara où le nerf
.
présentent le plus souvent comme de multiples petites lésions auriculotemporal et les vaisseaux maxillaires internes consti-
ayant les caractéristiques de l’adénome pléomorphe, dévelop- tuent les axes de diffusion des tumeurs malignes [29].
pées sur le trajet opératoire (Fig. 29).
Cystadénolymphome papillaire
Exceptionnellement, il s’agit d’une seconde tumeur paroti-
dienne. Son délai d’apparition est variable, parfois très long (de Le cystadénolymphome ou adénolymphome ou tumeur de
4 à 32 ans). Ces récidives ont une propension à infiltrer la peau, Whartin représente 6 à 13 % des tumeurs salivaires. Ces
les muscles, le tissu cicatriciel. Leur histologie est particulière tumeurs présentent une double composante cellulaire, oncocy-
par l’abondance du stroma chondroïde, contrastant avec la taire et lymphoïde. Il existe fréquemment des kystes intralé-
rareté cellulaire. Peu de critères préjugent du risque de récidive sionnels remaniés par une infection sous-jacente ou par un
d’une tumeur mixte. Une chirurgie partielle initiale est un saignement [18]. Ces tumeurs se développent après 40 ans, le
facteur favorisant, le taux de récidive passant de 2 % après tabagisme ayant probablement un rôle inducteur. Elles présen-
parotidectomie totale à 30 % pour certaines séries après chirur- tent une prédominance masculine [30, 31]. Leur siège le plus
gie partielle. En effet, l’énucléation constitue une agression sur fréquent est le pôle inférieur de la glande parotide. Les localisa-
une tumeur qui ne présente pas de capsule, mais une simple .
tions extraparotidiennes sont exceptionnelles ainsi que les
condensation périphérique, fibreuse, inconstante, faite de tissu dégénérescences malignes. Dans près de 15 % des cas, les lésions
conjonctif péritumoral. De plus, les adénomes pléomorphes sont multiples, bilatérales, (Tableau 2) [32].

Figure 30. Dégénérescence maligne d’un adé-


nome pléomorphe volumineux. Contingent kysti-
que en hypersignal T2 et signal intermédiaire T1,
rupture de l’aponévrose péritumorale (flèche).
A. Imagerie par résonance magnétique (IRM), sé-
quence pondérée T2.
B. IRM séquence pondérée T1 avec saturation de
graisse et injection de gadolinum.

12 Radiodiagnostic - Cœur-poumon
Pathologie des glandes salivaires ¶ 32-800-A-30

Figure 31. Cystadénolymphome parotidien.


Échographie. Lésions bien limitées avec renforce-
ment postérieur.

Figure 32. Imagerie par résonance magnétique (IRM) centrée sur les parotides. Séquence T1 (A), T2 (B) et T1 avec injection et suppression de graisse (C).
Lésion bien limitée développée au pôle inférieur de la parotide gauche présentant des zones hyperintense en T1 et T2 (flèches), et un aspect hétérogène après
injection, avec une prise de contraste intense (flèche) et des zones non rehaussées (tête de flèche). Cystadénolymphome parotidien gauche.

En échographie, elles sont bien limitées, hypo- ou anéchogè- Tumeurs épithéliales malignes
nes, souvent avec un renforcement postérieur (Fig. 31). Des
En pathologie tumorale salivaire, plus la glande salivaire
inclusions iso- ou hyperéchogènes peuvent leur donner un
atteinte est petite et plus la tumeur est susceptible d’être
aspect hétérogène. Parfois existent des cloisonnements intratu-
maligne. Le bilan par IRM est à favoriser du fait du contraste
moraux. Les échodopplers ne font pas apparaître d’hypervascu- entre la tumeur et les tissus avoisinants. Certains critères de
larisation intratumorale. En IRM, lorsqu’elle est typique, malignité IRM sont à retenir : irrégularité des contours, hyposi-
contrairement à l’adénome pléomorphe, la lésion est en relatif gnal T2, taille supérieure à 2 cm, hétérogénéité du signal,
hypersignal T1 (présent chez près de 77 % des patients), ce qui .
multiplicité des lésions, infiltration périlésionnelle et périneu-
en fait le critère IRM le plus caractéristique, et en relatif iso- ou rale. Aucun critère n’est pathognomonique mais la présence de
discret hyposignal global T2. Elle présente des zones kystiques. quatre critères ou plus est en faveur de la malignité [35].
Elle prend le contraste après injection de façon souvent hétéro- La spécificité de l’IRM semble similaire aux données de la
gène, avec des zones très fortement rehaussées et d’autres peu. cytoponction à l’aiguille fine. L’IRM est le meilleur examen
Ce caractère hétérogène est dû à la richesse en protides de la pour dépister les invasions périneurales, faciale et trigéminale ;
lésion, à l’existence de remaniements hémorragiques, à une une atteinte méningée et une atteinte osseuse de contiguïté.
éventuelle surinfection. L’IRM permet de confirmer ou non le Leur classification est résumée dans le Tableau 3.
caractère unique de la lésion, et de préciser ses limites. En effet,
Carcinome à cellules acineuses
ces tumeurs bénéficient de l’exérèse en « bloc » par parotidecto-
mie partielle sous-faciale quand la lésion est unique (Fig. 32). La Cette tumeur peut métastaser dans les ganglions et récidiver.
scintigraphie au technétium 99m est évocatrice du diagnostic en Il existe deux groupes de malignité différente :
montrant la rétention du traceur dans la tumeur. Cet aspect • les tumeurs de faible malignité : tumeur bien limitée, à
.

cellules proches des cellules séreuses de la glande, bien


n’est pas caractéristique car il a été décrit dans quelques
différenciées avec peu d’atypies ;
adénomes pléomorphes.
• les tumeurs de malignité importante qui contiennent des
Autres adénomes cellules peu différenciées présentant des atypies cellulaires.

Ces lésions plus rares entraient dans le cadre des adénomes Carcinome mucoépidermoïde
monomorphes dont le diagnostic est purement anatomopatho- C’est la tumeur la plus fréquemment rencontrée chez
logique. On distingue, suivant la nomenclature de l’Organisa- l’enfant. Elle se révèle par une masse intraparotidienne, dure et
tion mondiale de la santé (OMS) : douloureuse, souvent associée à une paralysie faciale (10 %).
• les myoépithéliomes : tumeurs des glandes salivaires paroti- Cette tumeur à potentiel malin inconstant métastase dans les
diennes et des GSA, formées uniquement de cellules ayant un ganglions régionaux et à distance. Elle est le plus souvent mal
aspect de cellules myoépithéliales ; limitée, en hyposignal T1 et en hyposignal T2. Elle peut
présenter des cavités, bordées de cellules cylindriques renfer-
• les oncocytomes : tumeurs rares, de contours nets, bien mant une mucosécrétion colorée par le bleu Alcian intriquée à
. limitées, constituées de cellules polyédriques à cytoplasme des cellules pavimenteuses. La malignité va en augmentant
éosinophile avec de petits noyaux organisés en travée et en quand il existe des cellules intermédiaires entre les cellules
.
tube ; épidermoïdes et muqueuses. Les infiltrations périneurales sont
• les adénomes à cellules basales et sébacées, encore plus fréquentes (Fig. 33), ainsi que les métastases ganglionnaires
rares [33, 34]. (environ 45 % des cas) dans les tumeurs de haut grade.

Radiodiagnostic - Cœur-poumon 13
32-800-A-30 ¶ Pathologie des glandes salivaires

Tableau 3.
Classification des lésions malignes parotidiennes.
Tx Pas de tumeur détectable
T0 Pas de tumeur évidente
T1 Tumeur < 2 cm sans atteinte extraglandulaire
T2 Tumeur > 2 cm < 4 cm ou diffusion extraglandulaire sans
atteinte du VII
T3 Tumeur > 6 cm ou envahissant le nerf fascial ou la base du
crâne
Nx Pas d’adénopathies détectables
N0 Pas de ganglions hépatiques
N1 Métastases dans un ganglion ipsilatéral de dimen-
sion < 3 cm
N2 Métastases dans un ganglion ipsilatéral, ou multiple ou
controlatérale, de dimension > 3 cm < 6 cm
N3 Métastases > 6 cm
Mx Métastases non détectables
M0 Pas de métastase à distance Figure 34. Imagerie par résonance magnétique (IRM) coupe axiale
M1 Métastases diffuses T2 passant par la région submandibulaire. Volumineuse lésion en hyper-
signal relativement bien limitée, développée aux dépens de la glande
submandibulaire gauche (flèche). Adénopathie satellite (tête de flèche).
Carcinome adénoïde kystique ou cylindrome Carcinome adénoïde kystique de la submandibulaire gauche.

Cette tumeur peut présenter trois aspects :


• un aspect glandulaire (image cribriforme) (50 %) ; périneurales au sein de la graisse du massif facial. À distance de
• un aspect trabéculaire ou tubulaire (30 %) ; la chirurgie, l’IRM est utile pour identifier les récidives, fréquen-
• un aspect compact ou solide (10 %). tes, parfois tardives. Suivant le parenchyme en cause, l’infiltra-
La forme compacte a le pronostic le plus défavorable avec de tion périneurale est à chercher :
nombreuses récidives et métastases. Ces tumeurs de pronostic • pour la parotide : au nerf facial dans son trajet pétreux et
défavorable ont une propension à infiltrer les filets nerveux et sous-pétreux, et au V3 dans la fosse infratemporale jusqu’au
à disséminer le long des axes nerveux (50-60 % des cas), foramen ovale ;
aboutissant à une paralysie des paires crâniennes. Il s’agit le plus • pour la glande submandibulaire au nerf alvéolaire, nerf
souvent d’un nodule, unique, mobile, souvent accompagné de lingual et au V3 jusqu’au foramen ovale ainsi qu’au facial
douleurs et de paralysie faciale (17 %). La douleur, quand elle (innervation sensitive) [36].
est présente, traduit une infiltration périneurale. Toutes les
glandes sont concernées, mais le siège le plus fréquent est la
Carcinomes d’autres types
glande submandibulaire (15 à 17 %) (Fig. 34). En IRM la lésion
est en hyposignal T1, de signal variable en T2. Ses limites sont Il s’agit de l’adénocarcinome, du carcinome épidermoïde et
régulières quand la lésion est petite, elles deviennent imprécises du carcinome indifférencié. Le diagnostic de ces tumeurs est en
dans les tumeurs volumineuses qui envahissent les organes et général facile. Elles sont le plus souvent mal limitées, de grande
les éléments osseux de voisinage. L’injection est indispensable taille, avec remaniements internes et présentent une prise de
.
pour chercher une infiltration à la troisième portion du facial. contraste intense (Fig. 36). L’IRM permet, dans la majorité des
Le diagnostic d’infiltration périneurale est fait devant un nerf cas, de séparer une tumeur volumineuse mal limitée d’origine
augmenté de taille, prenant le contraste (Fig. 35). parotidienne, qui détruit le parenchyme parotidien, et une
L’utilisation de suppression de graisse à la fois en T2 et en tumeur de voisinage, qui le refoule. Elle effectue un bilan précis
T1 avec injection est utile pour dépister les infiltrations de l’extension locale et locorégionale tumorale.

Figure 33. Carcinome mucoépidermoïde.


A. Échographie.
B. Tomodensitométrie avec injection de
contraste. Formation tissulaire à composante
kystique parotidienne.
C et D. Aspect microscopique, coloration
hématéine-éosine (C) et bleu Alcian (D). En C
sont visibles des massifs de cellules différen-
ciées, bien organisées. En D sont visibles en bleu
des amas importants de cellules muqueuses (<
50 %), signe de tumeur de faible malignité.

14 Radiodiagnostic - Cœur-poumon
Pathologie des glandes salivaires ¶ 32-800-A-30

Figure 35. Carcinome adénoïde kystique


avec infiltration périneurale. Tumeur paroti-
dienne et parésie faciale.
A et B. Lésion en signal intermédiaire T1 intra-
glandulaire, se prolongeant en arrière par des
bandes linéaires (tête de flèche) jusqu’à la troi-
sième portion du facial et de son émergence
(flèche). Après injection, comportement simi-
laire de la masse parotidienne et des bandelet-
tes postérieures allant à la troisième portion
faciale (double flèche).
C. Coupe microscopique, aspect de cylindrome
glandulaire avec massif de cellules épithéliales
formant des cavités (aspect cribration) occu-
pées par un stroma hyalin ou mucoïde (coloré
par l’acide périodique de Schiff).
D. Grossissement plus fort, engainement des
filets nerveux.

Figure 37. Échographie. Lipome.

(Fig. 37). L’échodoppler ne fait pas apparaître de vascularisation


anormale. En IRM, son signal caractéristique suit celui de la
graisse dans toutes les séquences (hypersignal T1 et T2 rapide,
Figure 36. Imagerie par résonance magnétique (IRM) coupe axiale hyposignal en cas de suppression de graisse, pas de prise de
T1 avec injection et suppression de graisse Infiltration mal limitée de la contraste). En TDM, sa densité est celle de la graisse. Sa densité
parotide gauche avec extension de la prise de contraste aux parties molles et son signal deviennent hétérogènes en cas de composante
périmandibulaires gauches (flèches). Carcinome. fibreuse associée. En IRM, la comparaison des séquences avant
et après suppression de graisse a une valeur diagnostique
Métastases de cancers épithéliaux irréfutable (Fig. 38).

Le cancer primitif est le plus souvent le cancer du nasopha- Schwannome et neurofibrome du facial
rynx ou un cancer cutané de la face pour la région parotidienne
et de la bouche pour les glandes submandibulaires. Seul le Leur diagnostic est difficile. Les schwannomes sont en
contexte clinique permet de les distinguer des tumeurs précé- hyposignal T1 et hypersignal T2, avec un rehaussement intense.
demment citées. Leur contenu peut présenter une dégénérescence kystique
simulant un kyste parotidien si l’analyse de la troisième portion
et un éventuel rehaussement périphérique ne sont pas faits
Tumeurs non épithéliales (Fig. 39).
Les neurofibromes sont le plus souvent multiples avec parfois
Lipome
atteinte bilatérale. Leur prise de contraste est le plus souvent
L’aspect de cette tumeur graisseuse est caractéristique en IRM, moins intense.
en TDM et en échographie. Elle se développe au niveau de la
glande parotide, en intra- ou en juxtaglandulaire ou au niveau Hémangiome et lymphangiome [37]
de la glande submandibulaire. L’échographie montre une masse
Hémangiomes
iso- ou hypoéchogène, pure ou associée à de nombreuses fibres .

hyperéchogènes, bien limitée, dépressible sous la sonde. Le Ils atteignent généralement l’enfant de moins de 5 ans
lipome se distingue nettement du parenchyme glandulaire (Fig. 40).

Radiodiagnostic - Cœur-poumon 15
32-800-A-30 ¶ Pathologie des glandes salivaires

Figure 38. Imagerie par résonance magnétique


(IRM) axiale centrée sur les parotides. Séquence T1
(A) montrant une lésion en hypersignal (flèche) et
en T1 avec injection et suppression de graisse (B)
montrant la disparition de l’hypersignal, remplacé
par un hyposignal (flèche). Lipome parotidien gau-
che.

Figure 41. Échographie. Lésion cloisonnée. Lymphangiome kystique.

Lymphangiomes kystiques
Ce sont des lésions bénignes du système lymphatique,
Figure 39. Schwannome kystique du facial dans son trajet intraparoti-
caractérisées par de multiples dilatations kystiques. Ils apparais-
dien et de la troisième portion du facial. Formation arrondie intraparoti- sent dans 80 % des cas avant l’âge de 2 ans, essentiellement
dienne hyperintense après injection de gadolinum associée à une hyper- dans la région cervicale. Ils croissent lentement et ne régressent
trophie de la troisième portion du facial. habituellement pas spontanément L’échographie retrouve des
lésions à diffusion transspatiales, multicompartimentales,
polylobées entourant les structures plus que ne les envahissant.
.
Une localisation particulière est le plancher buccal. Ces lym-
phangiomes kystiques développés au niveau des glandes sublin-
guales sont suivis après sclérose par l’échographie (Fig. 41).
Leur échogénicité dépend de leur organisation avec une
composante tissulaire, quand la composante vasculaire prédo-
mine, et kystique. L’échodoppler démontre l’hypervascularisa-
tion tumorale et les ectasies veineuses. En IRM, ce sont des
lésions liquidiennes pures, et les séquences en T2 sont les plus
. utiles pour préciser leur topographie et leur extension. Le signal
de leur contenu peut être modifié par des épisodes de surinfec-
tion, d’hémorragie (Fig. 42).

Lymphomes
Figure 40. Hémangiome chez un bébé. Échographie doppler couleur
.
La présence de ganglions intraglandulaires parotidiens rend
(EDC). Masse multicloisonnée hypervasculaire. possible la survenue de lymphomes parotidiens quel que soit
leur type. Ceci n’existe pas dans les glandes submandibulaires
qui ne présentent pas de ganglion intraglandulaire. Une masse
Leur diagnostic bénéficie de séquences d’imagerie rapides intraglandulaire parotidienne, multinodulaire ou bilatérale est
type GRASS en IRM, de l’échographie et de l’échodoppler. très suggestive de lymphome, surtout si elle est associée à une
L’échographie objective soit des lésions kystiques pures, soit des paralysie faciale récidivante (Tableau 4). Il peut s’agir d’une
lésions mixtes, vasculaires et kystiques. Les échodopplers, volumineuse masse tumorale, mal limitée, que rien ne distingue
indispensables, objectivent une hypervascularisation intratumo- d’une tumeur épithéliale maligne. Échographiquement, les
rale en rapport avec des ectasies veineuses (Fig. 40). hypertrophies ganglionnaires donnent des masses hypoéchogè-

16 Radiodiagnostic - Cœur-poumon
Pathologie des glandes salivaires ¶ 32-800-A-30

Figure 43. Imagerie par résonance magnétique (IRM) coupe axiale


T2 passant par les parotides. Masse homogène en hypersignal occupant
les lobes superficiel et profond de la parotide droite (tête de flèche),
associée à des adénopathies satellites spinales et rétropharyngées homo-
Figure 42. Imagerie par résonance magnétique (IRM) coupes axiales en latérales (flèches). Lymphome non hodgkinien.
T2. Lymphangiome kystique de la région parotidienne droite.

Tableau 4.
Diagnostic des masses multiples des glandes salivaires.
Masses unilatérales
Carcinomes à cellules acineuses
Adénome pléomorphe
Kyste lymphoépithélial (VIH)
Lésions métastatiques
Ganglions lymphatiques inflammatoires (tuberculose, sarcoïdose)
Lymphome
Cystadénolymphome papillaire
Masses bilatérales
Cystadénolymphome papillaire
Ganglions lymphatiques Figure 44. Hémangiopéricytome. Volumineuse masse hypervasculaire
Adénopathie réactionnelle métastasique du triangle cervical antérieur refoulant les pédicules carotidiens en amont,
Lymphome discrètement hétérogène avec zone d’involution graisseuse de la nécrose.
Kyste lymphoépithélial (VIH)
Sialadénite (maladie auto-immune) oblitération d’un canal excréteur et dilatation en amont) ou
VIH : virus de l’immunodéficience humaine. congénitales (dysembryoplastie). Leur révélation est toujours
tardive. Devant une telle lésion, il convient d’éliminer histolo-
giquement une tumeur parotidienne totalement kystisée
nes, parfaitement limitées, au sein du parenchyme glandulaire. (Fig. 25).
En échodoppler, le hile ganglionnaire est hypervascularisé [38].
En IRM, le lymphome est assez caractéristique. La lésion est Kystes mucoïdes ou ranulas ou grenouillettes
homogène, bien limitée, en discret hypersignal T1, hyposignal Ce sont des mucocèles, fréquentes dans la région des glandes
T2 (Fig. 43). Elle prend le contraste après injection de façon le sublinguale. Comme pour les mucocèles sinusiennes, on
plus souvent homogène, et surtout elle est associée à de souligne, dans la genèse de ces kystes, le rôle d’antécédents
.
nombreuses adénopathies cervicales et du massif facial, dont les traumatiques. Elles se présentent comme une petite tuméfaction
caractéristiques de signal sont identiques à celles de la lésion arrondie, indolente rénitente ou fluctuante, d’aspect bleuté,
parotidienne. développée le plus souvent sur le plancher buccal, sous la
Le diagnostic différentiel principal est celui des adénopathies langue mobile. Le diamètre de la lésion varie de quelques
des granulomatoses comme la sarcoïdose, et de certaines millimètres à 2 ou 3 cm. Traumatisée ou ponctionnée, elle se
infections comme la tuberculose. vide de son contenu qui est analogue à du blanc d’œuf mais la
récidive est inéluctable. Seul un traitement chirurgical avec
Tumeurs mésenchymateuses exérèse de la paroi du kyste est efficace (Fig. 25).
Les hémangiopéricytomes, tumeurs ubiquitaires, hypervascu-
laires, peuvent exister à n’importe quel âge avec un pic aux Particularités des lésions salivaires chez l’enfant
environs de la cinquantaine [39]. Ils naissent des péricytes de La TDM et les ultrasons sont les examens les plus employés,
Zimmerman. Leur siège oto-rhino-laryngologique représente à l’IRM étant réservée aux lésions salivaires avec atteinte d’un nerf
peu près 25 % des cas rapportés. En imagerie, l’aspect polylobé, crânien (V-VII). Les lésions tumorales sont rares : 22 % des
le rehaussement important, l’hétérogénicité de signal avec zones tumeurs en pédiatrie (90 % d’entre elles siégeant au niveau de
de nécrose, la propension de la tumeur à suivre les axes la parotide). Les hémangiomes capillaires parotidiens sont les
vasculonerveux suggèrent le diagnostic (Fig. 44). tumeurs les plus fréquentes. Ils donnent une masse qui aug-
mente de volume la première année de la vie, qui présente des
Kystes salivaires poussées évolutives puis involue de façon spontanée plus ou
Ce sont des lésions parotidiennes rares. Elles forment une moins complète à l’adolescence dans la plupart des cas. Les
masse pseudotumorale de quelques centimètres de diamètre. hémangiomes caverneux, plus rares, ne présentent pas d’invo-
Leur contenu est séreux ou séromuqueux. La genèse de telles lution spontanée et surviennent chez le sujet plus âgé. Les
formations est discutée. Elles peuvent être acquises (après lymphangiomes sont des malformations découvertes dans plus

Radiodiagnostic - Cœur-poumon 17
32-800-A-30 ¶ Pathologie des glandes salivaires

Pathologie inflammatoire Masse + Masse non


Pathologie inflammatoire subaiguë contexte
chronique inflammatoire
Sialographie contre-indiquée inflammatoire

Lithiase Siège Siège


État des canaux État des canaux Caractéristiques Caractéristiques
État du parenchyme État du parenchyme (abcès ?) Vascularisation
Extension Extension
Adénopathies Adénopathies

Échographie

Sialo-IRM Échographie Échographie


Sialographie Échographie
+ ± +
IRM IRM IRM

Distension canalaire État du parenchyme TDM Sialo-IRM


Cavité ± IRM
parenchymateuse

Figure 45. Arbre décisionnel. Conduite à tenir en imagerie devant une pathologie salivaire. IRM : imagerie par résonance magnétique ; TDM :
tomodensitométrie.

de 90 % des cas avant 2 ans. Les cancers mucoépidermoïdes limitées ou profondes. L’IRM précise le siège intra- ou extrapa-
sont les tumeurs malignes les plus fréquentes (près de 35 %). rotidien d’un processus tumoral. Elle fait le bilan d’extension
Elles présentent peu de contingents kystiques. tumorale. Elle est la technique d’étude essentielle des tumeurs
des GSA. Lorsque les lésions sont typiques, elle fait le diagnostic
de nature de celles-ci.
■ Diagnostic différentiel
.

L’imagerie permet de différencier masse extraglandulaire et


masse glandulaire.
Il s’agit des tumeurs primitives de l’espace parapharyngé
■ Références
rétrostylien, constituées essentiellement par les neurinomes, les [1] Martinez Subias J, Royo Lopez J, Valles-Varela H. Congenital absence
tumeurs glomiques et les adénopathies et par les tumeurs de of major salivary glands. Acta Otorrinolaringol Esp 2000;51:276-8.
l’espace préstylien, constituées de tumeurs musculaires, de [2] Dorman M, Pierse D. Ectopic salivary gland tissue in the anterior
kystes branchiaux (essentiellement du premier arc), ou d’enva- mandible: a case report. Br Dent J 2002;193:571-2.
hissements tumoraux par contiguïté. Certaines lésions de [3] Van der Goten A, Hermans R, Van Hover P, Crevits I, Baert AL. First
l’articulation temporomandibulaire posent parfois des problè- branchial complex anomalies: report of 3 cases. Eur Radiol 1997;7:
mes diagnostiques [40]. L’algorithme de protocole d’imagerie des 102-5.
glandes salivaires permet, en fonction de la clinique, d’orienter [4] Howlett DC. High resolution ultrasound assessment of the parotid
le choix de la méthode d’imagerie la plus adaptée (Fig. 45). gland. Br J Radiol 2003;76:271-7.
[5] Stong BC, Sipp JA, Sobol SE. Pediatric parotitis: A 5-year review at a
tertiary care pediatric institution. Int J Pediatr Otorhinolaryngol 2006;
■ Conclusion 70:541-4.
[6] Ahuja AT, Richards PS, Wong KT, King AD, Yeun HY, Ching AS, et al.
Les pathologies médicales des glandes salivaires sont à étudier Kuttner tumour (chronic sclerosing sialadenitis) of the submandibular
en première intention par l’échographie [41, 42]. Celle-ci visualise gland: sonographic appearances. Ultrasound Med Biol 2003;29:913-9.
les lithiases, permet une cartographie lésionnelle et apprécie le [7] Iseri M, Aydiner O, Celik L, Peker O. Tuberculosis of the parotid gland.
retentissement des pathologies infectieuses. En revanche, elle J Laryngol Otol 2005;119:311-3.
accède difficilement aux régions profondes de la face, étudiée au [8] Becker M, Marchal F, Becker CD, Dulguerov P, Georgakopoulos G,
mieux par TDM et surtout IRM. Lorsqu’une pathologie canalaire Lehman W, et al. Sialolithiasis and salivary ductal stenosis: diagnostic
est soupçonnée, le premier examen à réaliser est la sialographie. accuracy of MR sialography with a three-dimensional extended-phase
En cas de contre-indication à celle-ci, il est possible d’effectuer conjugate-symmetry rapid spin-echo sequence. Radiology 2000;217:
une sialo-IRM., qui sera généralement de moins bonne qualité 347-58.
diagnostique. [9] Katz P. A new therapeutic approach to salivary calculi: extracorporeal
Les pathologies tumorales sont à explorer par échographie et lithotripsy. Rev Stomatol Chir Maxillofac 1998;99(suppl1):109-11.
IRM. L’IRM est très performante dans l’imagerie des glandes [10] Katz P. Nouvelles techniques de traitements des lithiases salivaires :
salivaires en pathologie tumorale. Elle est réalisée, après sialoendoscopie et lithotripsie extracorporelle. À propos de 1 773 cas.
l’échographie, dans le bilan des tumeurs de grande taille, mal Ann Otolaryngol Chir Cervicofac 2004;121:123-32.

18 Radiodiagnostic - Cœur-poumon
Pathologie des glandes salivaires ¶ 32-800-A-30

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P. Katz, Stomatologue (drkatz@club-internet.fr).


Institut d’explorations fonctionnelles des glandes salivaires, 7, rue Théodore-de-Banville, Paris 75017, France.
F. Héran, Radiologue, chef de service adjoint du service d’imagerie.
Fondation Rothschild, 25, rue Manin, 75019 Paris et IRM Bachaumont, 6, rue Bachaumont 75002 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Katz P., Héran F. Pathologie des glandes salivaires. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Radiodiagnostic -
Cœur-poumon, 32-800-A-30, 2007.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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Radiodiagnostic - Cœur-poumon 19

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