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Les principales pathologies des glandes salivaires sont divisées en deux groupes : les atteintes médicales,
qui regroupent toutes les atteintes infectieuses et les malformations, et les processus tumoraux. Le bilan
d’imagerie des infections aiguës associe échographie et échodoppler centrés sur la lésion et les aires
ganglionnaires. La sialographie, très performante dans l’étude des pathologies canalaires chroniques, est
contre-indiquée dans les atteintes inflammatoires aiguës. En cas d’abcès, la tomodensitométrie (TDM)
est plus performante que l’échographie dans l’appréciation des lésions inflammatoires et infectieuses et
notamment de leur extension aux parties molles. Rarement, une hémorragie sur tumeur des glandes
salivaires accessoires simule cliniquement une atteinte inflammatoire de type phlegmon amygdalien.
L’imagerie redresse le diagnostic. Les infections chroniques sont à explorer par l’échographie avec
doppler, la radiographie standard et la sialographie. La sialo-imagerie par résonance magnétique (sialo
IRM), non invasive, malgré sa définition inférieure à celle de la sialographie, prend une place croissante.
Son association à l’IRM standard permet une analyse couplée du parenchyme et des aires ganglionnaires.
Le traitement des lithiases peut nécessiter une endoscopie ou une lithotripsie. Les syndromes de masse
salivaires bénéficient d’une échographie complétée par une imagerie en coupe, essentiellement l’IRM.
Cette dernière permet de réaliser un bilan précis : siège de la tumeur par rapport aux structures
glandulaires, formes multiples ou bilatérales, adénopathies satellites et éventuelles extensions
périneurales et aux parties molles. Cet examen peut orienter le diagnostic étiologique si les masses sont
typiques. L’adénome pléomorphe est en franc hypersignal T2, le cystadénolymphome en hypersignal
relatif T1. Le caractère malin est suspecté devant une lésion mal limitée, infiltrante, en particulier s’il
existe des signes neurologiques locaux. Le rôle de la diffusion dans le diagnostic différentiel des syndromes
de masse parotidiens est souligné. La TDM, souvent artéfactée par le matériel dentaire, et dont la
discrimination tissulaire est médiocre, est moins performante dans ce bilan que l’IRM.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Pathologie des glandes salivaires ; Endoscopie ; Lithotripsie ; Calculs salivaires ;
Imagerie des glandes salivaires ; Tumeurs
Radiodiagnostic - Cœur-poumon 1
32-800-A-30 ¶ Pathologie des glandes salivaires
“ Mise au point
normal, la salive est stérile. L’infection des canaux et du
parenchyme se fait le plus souvent par voie rétrograde et est
d’origine buccale. Elle peut être aussi due à l’effraction d’une
Les lésions kystiques parotidiennes comprennent : infection de voisinage dans la glande : arthrite temporomandi-
bulaire, ostéite mandibulaire, cellulite de la face. Le début est
• le kyste du premier arc branchial ;
brutal ou progressif, associant toujours une douleur à une
• le kyste lymphoépithélial ;
augmentation de volume de la glande. L’exacerbation de la
• l’abcès ; douleur au moment des repas est de règle. L’unilatéralité des
• le pseudokyste traumatique ; signes permet de poser le diagnostic. Il existe un écoulement
• la tumeur kystique : cystadénome. purulent ou mucopurulent par l’ostium. Seule l’échographie
permet de confirmer le diagnostic. On note une nette augmen-
tation de l’épaisseur de la glande atteinte avec un aspect
.
hétéroéchogène du parenchyme. Les canaux intraglandulaires et
Le kyste survient généralement chez un patient ayant une le canal de Sténon sont dilatés (diamètre de plus de 2 mm du
histoire d’abcès parotidiens récidivants, résistants aux antibioti- Sténon). La présence de pus dans le canal donne un aspect très
ques et au drainage. Il est ovoïde, à sommet supérieur, allant .
hypoéchogène. Des ganglions intraparenchymateux sont
vers le plancher du conduit auditif externe, à la jonction visibles et hypertrophiés (Fig. 4). L’hypervascularisation, mise en
conduit osseux et conduit cartilagineux. Le trajet externe évidence à l’échodoppler, témoigne de l’inflammation (Fig. 5).
s’ouvre dans le triangle préauriculaire (Fig. 2). L’IRM peut être réalisée lorsque l’infection est très impor-
tante, et que l’on soupçonne une association infection
Infections des glandes ou sialites – tumeur. Elle dépiste les abcès et en fait le bilan locorégional
précis. Le traitement par antibiothérapie, corticothérapie et
Toutes les infections des glandes salivaires peuvent se antispasmodique, permet de juguler cette infection. L’échogra-
dénommer sialites. Bien qu’il existe des sialites globales du phie de contrôle permet de confirmer la restitutio ad integrum
parenchyme et des canaux, on distingue habituellement d’une du parenchyme.
part les infections du parenchyme ou sialadénites, d’autre part Submandibulite aiguë non lithiasique de l’adulte. Il s’agit
les infections des canaux ou sialodochites. Nous traiterons les d’une atteinte exceptionnelle de la glande submandibulaire
sialites les plus courantes. dont il faut savoir faire le diagnostic. La glande submandibulaire
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Figure 3.
A, B. Imagerie par résonance magnétique (IRM)
parotidienne coupe axiale en T2 et T1 injecté avec
suppression de graisse. Zone en hyposignal T1,
hypersignal T2, prenant le contraste de façon in-
tense (flèches). Parotidite gauche.
augmente brutalement de volume, entraînant une douleur pathognomoniques de la maladie. Le parenchyme est ponctué
insupportable. Parfois, on peut distinguer du pus à l’ostium du de nombreuses petites formations rondes hypoéchogènes
canal de Wharton. L’échographie confirme le diagnostic. La donnant un peu un aspect miliaire. Il existe des adénopathies
glande submandibulaire est augmentée de volume, hétéroécho- intraglandulaires parfaitement individualisées (Fig. 7). Les
gène, avec des dilatations canalaires franches. Aucune formation canaux salivaires deviennent visibles. Parfois, lorsque la maladie
lithiasique hyperéchogène n’est visible. Il peut exister des évolue depuis de nombreuses années sans être correctement
adénopathies satellites dans la loge submandibulaire, mais il ne traitée, on note la présence de petits hyperéchos intraparenchy-
s’agit en aucun cas d’un adénophlegmon. Les échodopplers mateux pouvant correspondre à des microcalcifications gan-
montrent une importante hypervascularisation, témoignant du glionnaires et non à des lithiases. Les échodopplers montrent
caractère très inflammatoire des lésions (Fig. 6). une nette hypervascularisation de tout le parenchyme y compris
Submandibulite aiguë du nouveau-né. Elle est due à une des ganglions. La sialographie peut avoir un intérêt diagnosti-
infection par un staphylocoque ou un streptocoque et se traduit que au décours des crises douloureuses. Elle visualise dans le
par une augmentation de volume de la glande submandibulaire. parenchyme glandulaire de nombreux microlacs iodés, donnant
L’échographie permet de confirmer le diagnostic en mettant en un aspect classiquement en « pommier en fleur ». (Fig. 8). Son
évidence la présence d’une volumineuse glande submandibu- intérêt thérapeutique paraît aujourd’hui négligeable, les produits
laire hétéroéchogène. de contraste hydrosolubles utilisés n’ayant plus l’effet antisepti-
Parotidite bactérienne chronique de l’enfant [5]. C’est une que qu’avait le Lipiodol® ultrafluide. L’échographie permet de
affection non exceptionnelle. Son apparition se fait vers 2 ou suivre l’évolution de la maladie qui peut régresser à la puberté.
3 ans. Souvent confondue au début avec les oreillons, elle est Parotidites chroniques de l’adulte. Elles sont très souvent
récurrente et survient par crises douloureuses avec augmenta- l’aboutissement d’affections diverses. Citons en particulier la
tion du volume de la glande parotide. Elle peut se bilatéraliser. parotidite chronique de l’enfant qui n’a pas régressé à la
Il est indispensable de pratiquer une échographie dès les puberté, les mégacanaux idiopathiques, les dolichomégasténons,
premières crises. Cet examen atraumatique donne des images les sténoses des canaux excréteurs mais aussi certaines maladies
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Figure 12. Calculs (flèches). Figure 13. Échographie submandibulaire. Image échogène au milieu
du bassinet. Lithiase.
Sialodochites
excréteur qu’on peut suivre pratiquement jusqu’à la caroncule
Lithiases salivaires des glandes principales s’il est dilaté et si le blocage se trouve dans la partie distale du
Lithiase de la glande submandibulaire. C’est la plus canal. Cette partie de l’examen se fait avec la tête du patient en
fréquente des lithiases salivaires. Elle s’observe depuis l’enfance hyperextension. Grâce aux progrès technologiques des échogra-
à partir de 2 ans. La taille des calculs est variable allant de phes et notamment à la numérisation, il est possible de mettre
moins de 1 mm de diamètre à plusieurs centimètres. En général, en évidence des calculs de très petite taille de l’ordre de 0,5 mm
ces calculs sont uniques, mais peuvent être multiples. Ils sont (Fig. 13). Les échodopplers montrent une hypervascularisation
situés soit dans les canaux glandulaires, soit dans le canal inflammatoire de la glande en période de colique salivaire. Ils
excréteur. Les formes bilatérales sont rares. Il est important de permettent aussi de faire la distinction entre un canal excréteur
pratiquer un bilan radiologique complet de la glande et du dilaté et le système vasculaire. En général, on retrouve une
canal de Wharton qui précise le siège et le nombre de calculs. hypervascularisation au pourtour de la lithiase. Le troisième
La radiographie sans préparation est la méthode la plus simple temps est la sialographie. Cet examen doit être pratiqué au
pour les repérer. Trois clichés sont nécessaires pour explorer la décours des crises douloureuses. Il se fait par injection lente de
glande et le canal : quelques centimètres cubes de produit de contraste hydrosolu-
• un film occlusal avec un rayon ascendant orthogonal pour ble pour opacifier le canal excréteur jusqu’à l’obstacle. Il a pour
explorer le canal ; but de mesurer le diamètre du canal excréteur et de déduire si
• un film occlusal, le plus postérieur possible, avec un rayon une sialoendoscopie ou une lithotripsie extracorporelle sont
partant de l’angle mandibulaire, oblique en haut, en avant et envisageables pour faire l’ablation du calcul (Fig. 14). La sialo-
en dedans pour visualiser la partie postérieure du canal ; IRM peut remplacer la sialographie traditionnelle s’il n’est pas
• un cliché tomographique des maxillaires pour préciser la possible de cathétériser l’ostium du canal. La tomodensitométrie
position des calculs intraglandulaires. n’a d’intérêt que si les clichés sans préparation ne peuvent être
Il faut garder à l’esprit qu’environ 30 % des lithiases sont réalisés. En cas de surinfection importante, l’exploration TDM
radiotransparentes et donc invisibles sur ce type de cliché. ou IRM permet de préciser l’extension et l’importance des
L’échographie est le deuxième temps de l’exploration de la . phénomènes inflammatoires, de faire le bilan topographique
glande. Il convient de faire un balayage de la glande à la d’une éventuelle abcédation, et de préciser la réaction ganglion-
recherche d’un hyperécho intraparenchymateux. Ce dernier se naire (Fig. 15).
trouve le plus souvent dans le bassinet qui est dilaté et hypoé- Ces examens orientent une éventuelle ponction, réalisée le
chogène ou enchâssé dans un canalicule. Il n’existe pas toujours plus souvent sous guidage échographique (en salle d’échogra-
de cône d’ombre au niveau de la lithiase. L’état du parenchyme phie ou au bloc). Cette ponction dépend de la taille de la
peut être évalué. On poursuit ensuite le balayage en avant le collection et de son accessibilité et est réalisée par voie sous-
long du ramus mandibularis afin d’explorer le canal mentale ou endobuccale, parfois avec repérage TDM.
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Figure 17. Imagerie par résonance magnétique (IRM) coupes axiales partie inférieure parotides T1 (A), T2 suppression de graisse (B), T1 avec injection et
suppression de graisse (C). Abcès parotidien gauche (flèches).
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Figure 18.
A. Mise en place de la pince à panier dans le canal de Wharton.
B. Visualisation de la lithiase au niveau du méat.
C. Lithiase prise dans la sonde.
Sialoendoscopie
L’endoscopie des glandes salivaires a pu être réalisée grâce
aux progrès de la technologie et à la fabrication de fibroscopes
.12
ultrafins de moins de 1 mm de diamètre.
Nous avons réalisé la première endoscopie au monde d’une
glande parotide en décembre 1988.
Matériels et méthodes. Les endoscopes ultrafins souples
.
Olympus™ de 0,4, 0,8 et 1,1 mm, utilisés de 1988 à 2001, ont été
aujourd’hui remplacés par des endoscopes semi-rigides Storz™ de
1,2 mm de diamètre avec canal opérateur et irrigation.
Le protocole utilisé est toujours le même depuis 13 ans. Après
repérage de la lithiase, la fibroscopie est réalisée si toutes les
conditions suivantes sont réunies : canal excréteur perméable,
lithiase mobile située dans ce canal, glande salivaire non
atrophique et fonctionnelle. L’introduction du fibroscope se fait
après dilatation simple de l’ostium à l’aide de sondes calibrées
atraumatiques. L’extrême finesse du matériel endoscopique
n’autorise pas de béquillage et le guidage est effectué par des
mouvements manuels par voie externe au contact de la peau ou
de la muqueuse buccale. Aucune anesthésie n’est nécessaire
Figure 19. Radiographie occlusale montrant une lithiase submandibu-
pour cet examen totalement indolore, qui permet de confirmer
laire fragmentée (flèches).
le diagnostic de lithiase ou de sténose, voire des deux, lesquelles
entraînent des crises de coliques salivaires.
Ablation de lithiases. Les ablations de calculs salivaires ont
commencé en avril 1990, grâce à l’apparition d’une pince à installé en position semi-assise. L’extrême focalisation de l’onde
panier miniaturisée de 0,8 mm de diamètre (Olympus®). Cette de choc (2,5 mm sur 20 mm) réduit les lésions sur les tissus
.
dernière était descendue à l’aveugle dans le canal excréteur de avoisinants. Son énergie est adaptée aux calculs salivaires et
la glande, car il n’était pas possible de garder le fibroscope en varie de 5 à 30 mPa. La fréquence de tir est de 120 coups par
place en raison de l’étroitesse des canaux salivaires (Fig. 18). .
minute, mais peut être réduite à 90 ou 60 coups par minute. Il
Aujourd’hui, il est possible de pratiquer l’ablation des lithiases faut compter 1 500 plus ou moins 500 coups par séance et
sous contrôle de la vue grâce aux endoscopes à canaux opéra- chaque séance est espacée de 1 mois (Fig. 19).
teurs et irrigation. Une micro-instrumentation a été développée. La lithotripsie peut être effectuée sur tous les calculs qui se
.
Il est possible d’utiliser soit des sondes à panier, soit des pinces trouvent dans les glandes submandibulaires ou parotides, en
à mors miniaturisées. La destruction du calcul par laser (hol- excluant toute lithiase dont l’abord pourrait être endoscopique
mium) est aussi possible à l’aide de l’endoscope. ou chirurgical endobuccal, sans risque de lésion nerveuse tant
au niveau du nerf lingual que du nerf facial. La taille de la
Lithotripsie lithiase n’a que peu d’importance, elle peut varier de 1 mm à
La lithotripsie extracorporelle des calculs salivaires est possible 3 cm, mais son repérage échographique doit être parfaitement
grâce à un matériel miniaturisé utilisant les ondes de chocs effectué. Il ne doit exister aucune infection intraglandulaire et
électromagnétiques permettant la fragmentation sans lésions au besoin un traitement anti-infectieux sera administré quelques
glandulaires [9]. jours avant la lithotripsie.
Méthode et matériel. Il est désormais possible de fragmenter La sialographie reste l’examen radiologique de référence avant
des calculs situés dans les glandes salivaires par voie extracor- toute thérapeutique. En effet, il est le seul capable de donner le
.
porelle grâce à un nouvel appareil de lithotripsie extracorpo- calibre du canal excréteur de la glande salivaire. Si ce canal est
relle, le Minitlith SL1™ (Storz Médical), destiné uniquement aux trop fin (moins de 1 mm) pour laisser sortir les fragments
glandes salivaires. lithiasiques, seul un traitement chirurgical peut être envisagé. La
Un repérage par sonde d’échographie de 7,5 MHz permet de TDM n’apporte que peu de renseignements sur le système
situer exactement la lithiase et des ondes de choc électroma- canalaire glandulaire. L’IRM n’est d’aucune utilité. Enfin, il faut
gnétiques focalisées sur le calcul la fragmentent. Les résidus sont demander une crase sanguine. Toute perturbation de l’hémo-
soit évacués spontanément par la salive dans le canal excréteur, stase contre-indique la lithotritie. Le contrôle des traitements
soit enlevés par microvidéoendoscopie à l’aide d’une pince à anticoagulants doit se faire 24 heures avant la thérapeutique.
panier miniaturisée. Ce nouveau traitement est pratiquement Discussion. La phase de diagnostic permet le choix de la
indolore, et aucune anesthésie n’est nécessaire. Le patient est meilleure méthode pour l’ablation de la lithiase. Un canal
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“ Point important
montre des glandes parotides augmentées de volume mais
homogènes, sans signe inflammatoire.
L’alcoolisme induit une dystrophie salivaire. L’hyperplasie des
parotides s’observe chez des éthyliques à la phase de précir-
Lorsqu’une glande salivaire a été mise en souffrance
rhose. Bilatérale et modérée, elle est toujours indolore. L’écho-
pendant une longue période par une lithiase, avec des graphie confirme l’augmentation de volume homogène du
infections chroniques, le fait de faire l’ablation de la parenchyme glandulaire sans dilatation canalaire.
lithiase entraîne une reprise de l’activité sécrétoire. Les syndromes anorexigènes regroupant anorexiques et
boulimiques vomisseuses déterminent aussi des sialomégalies
volumineuses. La parotidomégalie apparaît très souvent après
Contrairement à ce qui était admis jusqu’à ce jour, les une phase d’anorexie d’environ 6 mois à 1 an. Sa fréquence est
glandes salivaires ne sont que très rarement détruites complète- d’environ une anorexie sur cinq. L’augmentation du volume des
ment et leur activité peut reprendre lors de la levée de l’obsta- glandes parotides est une affection touchant exclusivement les
cle. Cela a été parfaitement démontré sur des patients qui .
jeunes filles ou les jeunes femmes de 15 à 35 ans. Elle est
présentaient une atrophie glandulaire avant l’ablation du calcul bilatérale, indolore, entraîne une déformation toujours visible et
et qui ont récupéré une fonction salivaire subnormale après souvent masquée par la patiente.
l’ablation de l’obstacle. Les échecs de l’endoscopie sont essen- L’échographie pratiquée dans un premier temps confirme la
tiellement dus à des problèmes anatomiques, canaux excréteurs très nette augmentation d’épaisseur des deux glandes parotides
trop fins, coude du buccinateur trop important au niveau des pouvant atteindre jusqu’à 4 cm. Le parenchyme reste échogra-
glandes parotides. Les limites de l’ablation d’un calcul par voie .
phiquement homogène, et on ne retrouve aucune formation
endoscopique sont liées soit à la grosseur de la lithiase qui ne hypo- ou hyperéchogène pouvant faire suspecter soit une
peut pas passer par le canal excréteur, soit à sa position, nichée lithiase, soit un processus expansif intraglandulaire (Fig. 20).
dans le bassinet d’une glande ou enclavée dans un canal Les aires ganglionnaires sont libres. Les axes vasculaires
primaire ou secondaire. La composition chimique des calculs carotidiens sont normaux. Il existe une légère hypervascularisa-
salivaires a été étudiée par quelques auteurs. La plupart des tion du parenchyme au doppler. Cet examen permet de suivre
lithiases sont faites de phosphate de calcium. La lithotripsie la thérapie et est refait au décours de cette dernière. Le diabète
intracorporelle à l’aide de lasers permet de fragmenter les calculs sucré est souvent associé à une parotidomégalie modérée, mais
de grandes tailles et ceux situés dans le bassinet des glandes. La au cours du diabète gras, l’hyperplasie des parotides peut être en
lithotripsie extracorporelle peut être utilisée quelles que soient rapport avec un excès d’hydrate de carbone.
la taille et la position du calcul dans les glandes salivaires. Les
Sialoses systémiques
contre-indications à cette méthode sont un canal excréteur de
la glande de moins de 1 mm de diamètre, l’infection aiguë, les Maladie de Gougerot-Sjögren [11]. Maladie systémique auto-
anomalies de la crase sanguine et la prise d’anticoagulants. Il est immune, le syndrome de Sjögren ou syndrome « sec » atteint les
recommandé de n’utiliser que les lithotripteurs [10]. patients âgés de 40 à 60 ans, le plus souvent des femmes. Le
diagnostic repose sur la présence de symptômes associés :
Sialoses arthrite, kératoconjonctivite, sécheresse buccale. Les anticorps
Il est commode de rassembler sous le terme de sialoses les antinucléaires et la biopsie des glandes salivaires établissent le
affections chroniques salivaires qui ne sont ni des affections diagnostic. Le syndrome est dit « primaire » quand il est isolé et
infectieuses ni des tumeurs. Il s’agit schématiquement soit de n’atteint que les glandes salivaires, il est dit « secondaire »
maladies de nature dystrophique nutritionnelle volontiers quand existent des altérations diffuses du tissu conjonctif
dénommées sialadénoses, soit de maladies systémiques. La périvasculaire. L’imagerie conventionnelle par sialographie
majorité des sialoses se caractérisent par une hyperplasie ou objective à la phase initiale des canaux excréteurs principaux de
sialomégalie et par des déficits salivaires. taille normale ou atrophiques, coexistant avec des macro- ou
microcollections intraglandulaires diffuses, persistant au temps
Sialadénoses d’évacuation, donnant une image « ponctuée », suggestive du
Ce sont les plus fréquentes des sialoses et elles sont essentiel- diagnostic (Fig. 21). À la phase tardive, les kystes deviennent
lement parotidiennes. Nous citerons les affections les plus larges. Cette sialographie est de moins en moins demandée
souvent rencontrées. quand l’IRM est possible. L’échographie, pour certains auteurs,
L’excès d’aliments riches en amidon (pain, pomme de terre) suffit en exploration de routine [12]. Elle permet la surveillance
détermine une hyperplasie modérée parotidienne. L’échographie de ces patients. Elle montre un parenchyme hypoéchogène
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.
salivaires. En TDM, les lésions sont tissulaires. En IRM, elles sont
en relatif hypersignal T1 et T2, associées à un œdème sous-
cutané hypo-intense en T1, hyperintense en T2, et à zones de
.
flux circulant intralésionnelles [15].
Kystes lymphoépithéliaux. Leur aspect est caractéristique
(Fig. 24, 25).
Figure 22. Imagerie par résonance magnétique (IRM) coupes axiales Il s’agit de formations arrondies, bilatérales, de plus ou moins
passant par les parotides, séquences T2 (A) et T1 avec injection et grande taille, typiquement en hyposignal T1 et hypersignal T2,
suppression de graisse (B). Multiples lésions kystiques et microkystiques mais dont le signal varie en fonction de la composition du
développées dans les deux parotides. Maladie de Sjögren. liquide intrakystique. Il est par exemple en hypersignal T1 et
hyposignal T2 en cas de richesse en protéines. Ces kystes sont
souvent associés à une sinusite, à des adénopathies cervicales, à
inhomogène avec de petites zones liquidiennes. La complication
une hyperplasie de l’anneau de Waldeyer et à une inflammation
majeure de cette maladie est la survenue de lymphome (quatre
des cellules mastoïdiennes. Ils font rechercher une séropositivité
fois plus fréquent que dans la population générale). L’échogra-
pour le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), dont ils
phie surveille des aires ganglionnaires cervicales. Des images
peuvent être la lésion révélatrice [16-18].
pseudotumorales peuvent exister, dues à des agrégats lympho-
cytaires. L’IRM permet le diagnostic dans plus de 90 % des
cas [13, 14] Les remaniements multimicrokystiques du paren-
.
chyme sont bien visibles, et traduits par des lésions intraparen-
■ Pathologie tumorale des glandes
chymateuses liquidiennes bien limitées, en hypersignal T2, salivaires (Tableaux 1, 2)
hyposignal T1, ne prenant pas le contraste (Fig. 22).
L’évolution se fait souvent vers l’atrophie de la glande. La L’exploration des syndromes de masse des glandes salivaires
.
sialo-IRM montre des dilatations canalaires monoliformes, bénéficie de l’échographie pour les lésions superficielles paroti-
parfois de petites collections dues à des abcédations. diennes et des glandes submandibulaires. L’échodoppler peut en
Sarcoïdose. Fréquente (10 % des cas), l’atteinte salivaire identifier les pédicules vasculaires et l’importance de la vascula-
associée à une paralysie faciale définit le syndrome de Heerfordt. risation lésionnelle. Compte tenu du prolongement profond de
.
Son imagerie est proche de celle de la maladie de Sjögren. Elle la parotide et du siège des glandes salivaires accessoires (GSA),
peut être associée à une atteinte des glandes lacrymales (syn- du faible contraste entre tumeur et tissu musculaire, l’examen
drome de Mikulicz) (Fig. 23). de choix pour les syndromes de masse des glandes salivaires est
Maladie de Kimura. Elle est due à une prolifération cellulaire l’IRM [19, 20]. Le diagnostic d’un syndrome de masse des glandes
lymphoplasmocytaire associée à une fibrose. Elle touche surtout salivaires est différent selon la glande en cause et l’âge du sujet
les hommes (> 80 % des cas), et prédomine entre 20 et 30 ans (Tableau 2). Parmi les tumeurs des glandes salivaires, les tumeurs
(78 %). Elle provoque l’apparition de nodules sous-cutanés parotidiennes sont de loin les plus fréquentes. Elles sont
cervicaux indolores, parfois prurigineux, associés à des adéno- constituées dans plus de 80 % des cas de tumeurs épithéliales
pathies en particulier cervicales, et une hypertrophie des glandes bénignes. Le pourcentage de tumeurs malignes est supérieur
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Figure 25.
A. Échographie. Kyste d’allure quiescente, in-
traparotidien.
B. Imagerie par résonance magnétique (IRM)
T1 avec injection et suppression de graisse. Le
signal du liquide kystique est proche de celui de
l’eau. Kyste salivaire parotidien.
C et D. Kyste mucoïde du plancher ou gre-
nouillette. Vue clinique d’échographie (C). Gre-
nouillette du plancher buccal.
Tableau 1.
Caractéristiques des principales tumeurs des glandes salivaires.
Âge (ans) Sexe Siège Infiltration Composante Rétrécissement Infiltration
périneurale kystique graisseuse
Mucoépidermoïde < 10 +++ O Parotide +++ – ± ++
PF ++
Carcinome adénoïde kystique 20/30 – GSL +++ – ± ++
60/70 GSM PF +++
V3 ++
Adénome pléomorphe > 50 F Parotide – ± ++ –
Cystadénome > 50 F/M Parotide – ± ++ –
Multiple
Bilatéral
F : féminin ; M : masculin ; PF : paralysie faciale ; GSL : glande salivaire sublinguale ; GSM : glande submandibulaire.
dans les autres localisations salivaires, tout particulièrement ou transzygomatique qui permettent l’abord de la fosse pté-
dans les GSA. La cytoaspiration à l’aiguille fine (pour éviter le rygoïdienne et de l’espace préstylien. L’exploration d’une masse
risque d’effraction capsulaire) est possible. Cet examen peut salivaire doit déterminer :
faire le diagnostic histologique préopératoire et il est de plus en • son siège : intra- ou extraglandulaire ; ganglionnaire ou
plus utilisé, même dans les évaluations des masses parotidiennes
extraganglionnaire ;
superficielles indolores où le diagnostic d’adénome pléomorphe
parotidien est probable. Les masses de l’espace parapharyngé • son caractère : invasif ou non ;
bénéficient de biopsies guidées sous TDM, par voie transbuccale • ses rapports avec le plan du nerf facial ;
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Figure 27. Imagerie par résonance magnétique (IRM) centrée sur les parotides coupes axiales séquence T1 (A), T1 avec injection et suppression de graisse
(B) et T2 (C). La lésion (flèches) bien limitée polylobée est en hypersignal pseudoliquidien en T2 et prend le contraste de façon hétérogène.
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Figure 32. Imagerie par résonance magnétique (IRM) centrée sur les parotides. Séquence T1 (A), T2 (B) et T1 avec injection et suppression de graisse (C).
Lésion bien limitée développée au pôle inférieur de la parotide gauche présentant des zones hyperintense en T1 et T2 (flèches), et un aspect hétérogène après
injection, avec une prise de contraste intense (flèche) et des zones non rehaussées (tête de flèche). Cystadénolymphome parotidien gauche.
En échographie, elles sont bien limitées, hypo- ou anéchogè- Tumeurs épithéliales malignes
nes, souvent avec un renforcement postérieur (Fig. 31). Des
En pathologie tumorale salivaire, plus la glande salivaire
inclusions iso- ou hyperéchogènes peuvent leur donner un
atteinte est petite et plus la tumeur est susceptible d’être
aspect hétérogène. Parfois existent des cloisonnements intratu-
maligne. Le bilan par IRM est à favoriser du fait du contraste
moraux. Les échodopplers ne font pas apparaître d’hypervascu- entre la tumeur et les tissus avoisinants. Certains critères de
larisation intratumorale. En IRM, lorsqu’elle est typique, malignité IRM sont à retenir : irrégularité des contours, hyposi-
contrairement à l’adénome pléomorphe, la lésion est en relatif gnal T2, taille supérieure à 2 cm, hétérogénéité du signal,
hypersignal T1 (présent chez près de 77 % des patients), ce qui .
multiplicité des lésions, infiltration périlésionnelle et périneu-
en fait le critère IRM le plus caractéristique, et en relatif iso- ou rale. Aucun critère n’est pathognomonique mais la présence de
discret hyposignal global T2. Elle présente des zones kystiques. quatre critères ou plus est en faveur de la malignité [35].
Elle prend le contraste après injection de façon souvent hétéro- La spécificité de l’IRM semble similaire aux données de la
gène, avec des zones très fortement rehaussées et d’autres peu. cytoponction à l’aiguille fine. L’IRM est le meilleur examen
Ce caractère hétérogène est dû à la richesse en protides de la pour dépister les invasions périneurales, faciale et trigéminale ;
lésion, à l’existence de remaniements hémorragiques, à une une atteinte méningée et une atteinte osseuse de contiguïté.
éventuelle surinfection. L’IRM permet de confirmer ou non le Leur classification est résumée dans le Tableau 3.
caractère unique de la lésion, et de préciser ses limites. En effet,
Carcinome à cellules acineuses
ces tumeurs bénéficient de l’exérèse en « bloc » par parotidecto-
mie partielle sous-faciale quand la lésion est unique (Fig. 32). La Cette tumeur peut métastaser dans les ganglions et récidiver.
scintigraphie au technétium 99m est évocatrice du diagnostic en Il existe deux groupes de malignité différente :
montrant la rétention du traceur dans la tumeur. Cet aspect • les tumeurs de faible malignité : tumeur bien limitée, à
.
Ces lésions plus rares entraient dans le cadre des adénomes Carcinome mucoépidermoïde
monomorphes dont le diagnostic est purement anatomopatho- C’est la tumeur la plus fréquemment rencontrée chez
logique. On distingue, suivant la nomenclature de l’Organisa- l’enfant. Elle se révèle par une masse intraparotidienne, dure et
tion mondiale de la santé (OMS) : douloureuse, souvent associée à une paralysie faciale (10 %).
• les myoépithéliomes : tumeurs des glandes salivaires paroti- Cette tumeur à potentiel malin inconstant métastase dans les
diennes et des GSA, formées uniquement de cellules ayant un ganglions régionaux et à distance. Elle est le plus souvent mal
aspect de cellules myoépithéliales ; limitée, en hyposignal T1 et en hyposignal T2. Elle peut
présenter des cavités, bordées de cellules cylindriques renfer-
• les oncocytomes : tumeurs rares, de contours nets, bien mant une mucosécrétion colorée par le bleu Alcian intriquée à
. limitées, constituées de cellules polyédriques à cytoplasme des cellules pavimenteuses. La malignité va en augmentant
éosinophile avec de petits noyaux organisés en travée et en quand il existe des cellules intermédiaires entre les cellules
.
tube ; épidermoïdes et muqueuses. Les infiltrations périneurales sont
• les adénomes à cellules basales et sébacées, encore plus fréquentes (Fig. 33), ainsi que les métastases ganglionnaires
rares [33, 34]. (environ 45 % des cas) dans les tumeurs de haut grade.
Radiodiagnostic - Cœur-poumon 13
32-800-A-30 ¶ Pathologie des glandes salivaires
Tableau 3.
Classification des lésions malignes parotidiennes.
Tx Pas de tumeur détectable
T0 Pas de tumeur évidente
T1 Tumeur < 2 cm sans atteinte extraglandulaire
T2 Tumeur > 2 cm < 4 cm ou diffusion extraglandulaire sans
atteinte du VII
T3 Tumeur > 6 cm ou envahissant le nerf fascial ou la base du
crâne
Nx Pas d’adénopathies détectables
N0 Pas de ganglions hépatiques
N1 Métastases dans un ganglion ipsilatéral de dimen-
sion < 3 cm
N2 Métastases dans un ganglion ipsilatéral, ou multiple ou
controlatérale, de dimension > 3 cm < 6 cm
N3 Métastases > 6 cm
Mx Métastases non détectables
M0 Pas de métastase à distance Figure 34. Imagerie par résonance magnétique (IRM) coupe axiale
M1 Métastases diffuses T2 passant par la région submandibulaire. Volumineuse lésion en hyper-
signal relativement bien limitée, développée aux dépens de la glande
submandibulaire gauche (flèche). Adénopathie satellite (tête de flèche).
Carcinome adénoïde kystique ou cylindrome Carcinome adénoïde kystique de la submandibulaire gauche.
14 Radiodiagnostic - Cœur-poumon
Pathologie des glandes salivaires ¶ 32-800-A-30
Le cancer primitif est le plus souvent le cancer du nasopha- Schwannome et neurofibrome du facial
rynx ou un cancer cutané de la face pour la région parotidienne
et de la bouche pour les glandes submandibulaires. Seul le Leur diagnostic est difficile. Les schwannomes sont en
contexte clinique permet de les distinguer des tumeurs précé- hyposignal T1 et hypersignal T2, avec un rehaussement intense.
demment citées. Leur contenu peut présenter une dégénérescence kystique
simulant un kyste parotidien si l’analyse de la troisième portion
et un éventuel rehaussement périphérique ne sont pas faits
Tumeurs non épithéliales (Fig. 39).
Les neurofibromes sont le plus souvent multiples avec parfois
Lipome
atteinte bilatérale. Leur prise de contraste est le plus souvent
L’aspect de cette tumeur graisseuse est caractéristique en IRM, moins intense.
en TDM et en échographie. Elle se développe au niveau de la
glande parotide, en intra- ou en juxtaglandulaire ou au niveau Hémangiome et lymphangiome [37]
de la glande submandibulaire. L’échographie montre une masse
Hémangiomes
iso- ou hypoéchogène, pure ou associée à de nombreuses fibres .
hyperéchogènes, bien limitée, dépressible sous la sonde. Le Ils atteignent généralement l’enfant de moins de 5 ans
lipome se distingue nettement du parenchyme glandulaire (Fig. 40).
Radiodiagnostic - Cœur-poumon 15
32-800-A-30 ¶ Pathologie des glandes salivaires
Lymphangiomes kystiques
Ce sont des lésions bénignes du système lymphatique,
Figure 39. Schwannome kystique du facial dans son trajet intraparoti-
caractérisées par de multiples dilatations kystiques. Ils apparais-
dien et de la troisième portion du facial. Formation arrondie intraparoti- sent dans 80 % des cas avant l’âge de 2 ans, essentiellement
dienne hyperintense après injection de gadolinum associée à une hyper- dans la région cervicale. Ils croissent lentement et ne régressent
trophie de la troisième portion du facial. habituellement pas spontanément L’échographie retrouve des
lésions à diffusion transspatiales, multicompartimentales,
polylobées entourant les structures plus que ne les envahissant.
.
Une localisation particulière est le plancher buccal. Ces lym-
phangiomes kystiques développés au niveau des glandes sublin-
guales sont suivis après sclérose par l’échographie (Fig. 41).
Leur échogénicité dépend de leur organisation avec une
composante tissulaire, quand la composante vasculaire prédo-
mine, et kystique. L’échodoppler démontre l’hypervascularisa-
tion tumorale et les ectasies veineuses. En IRM, ce sont des
lésions liquidiennes pures, et les séquences en T2 sont les plus
. utiles pour préciser leur topographie et leur extension. Le signal
de leur contenu peut être modifié par des épisodes de surinfec-
tion, d’hémorragie (Fig. 42).
Lymphomes
Figure 40. Hémangiome chez un bébé. Échographie doppler couleur
.
La présence de ganglions intraglandulaires parotidiens rend
(EDC). Masse multicloisonnée hypervasculaire. possible la survenue de lymphomes parotidiens quel que soit
leur type. Ceci n’existe pas dans les glandes submandibulaires
qui ne présentent pas de ganglion intraglandulaire. Une masse
Leur diagnostic bénéficie de séquences d’imagerie rapides intraglandulaire parotidienne, multinodulaire ou bilatérale est
type GRASS en IRM, de l’échographie et de l’échodoppler. très suggestive de lymphome, surtout si elle est associée à une
L’échographie objective soit des lésions kystiques pures, soit des paralysie faciale récidivante (Tableau 4). Il peut s’agir d’une
lésions mixtes, vasculaires et kystiques. Les échodopplers, volumineuse masse tumorale, mal limitée, que rien ne distingue
indispensables, objectivent une hypervascularisation intratumo- d’une tumeur épithéliale maligne. Échographiquement, les
rale en rapport avec des ectasies veineuses (Fig. 40). hypertrophies ganglionnaires donnent des masses hypoéchogè-
16 Radiodiagnostic - Cœur-poumon
Pathologie des glandes salivaires ¶ 32-800-A-30
Tableau 4.
Diagnostic des masses multiples des glandes salivaires.
Masses unilatérales
Carcinomes à cellules acineuses
Adénome pléomorphe
Kyste lymphoépithélial (VIH)
Lésions métastatiques
Ganglions lymphatiques inflammatoires (tuberculose, sarcoïdose)
Lymphome
Cystadénolymphome papillaire
Masses bilatérales
Cystadénolymphome papillaire
Ganglions lymphatiques Figure 44. Hémangiopéricytome. Volumineuse masse hypervasculaire
Adénopathie réactionnelle métastasique du triangle cervical antérieur refoulant les pédicules carotidiens en amont,
Lymphome discrètement hétérogène avec zone d’involution graisseuse de la nécrose.
Kyste lymphoépithélial (VIH)
Sialadénite (maladie auto-immune) oblitération d’un canal excréteur et dilatation en amont) ou
VIH : virus de l’immunodéficience humaine. congénitales (dysembryoplastie). Leur révélation est toujours
tardive. Devant une telle lésion, il convient d’éliminer histolo-
giquement une tumeur parotidienne totalement kystisée
nes, parfaitement limitées, au sein du parenchyme glandulaire. (Fig. 25).
En échodoppler, le hile ganglionnaire est hypervascularisé [38].
En IRM, le lymphome est assez caractéristique. La lésion est Kystes mucoïdes ou ranulas ou grenouillettes
homogène, bien limitée, en discret hypersignal T1, hyposignal Ce sont des mucocèles, fréquentes dans la région des glandes
T2 (Fig. 43). Elle prend le contraste après injection de façon le sublinguale. Comme pour les mucocèles sinusiennes, on
plus souvent homogène, et surtout elle est associée à de souligne, dans la genèse de ces kystes, le rôle d’antécédents
.
nombreuses adénopathies cervicales et du massif facial, dont les traumatiques. Elles se présentent comme une petite tuméfaction
caractéristiques de signal sont identiques à celles de la lésion arrondie, indolente rénitente ou fluctuante, d’aspect bleuté,
parotidienne. développée le plus souvent sur le plancher buccal, sous la
Le diagnostic différentiel principal est celui des adénopathies langue mobile. Le diamètre de la lésion varie de quelques
des granulomatoses comme la sarcoïdose, et de certaines millimètres à 2 ou 3 cm. Traumatisée ou ponctionnée, elle se
infections comme la tuberculose. vide de son contenu qui est analogue à du blanc d’œuf mais la
récidive est inéluctable. Seul un traitement chirurgical avec
Tumeurs mésenchymateuses exérèse de la paroi du kyste est efficace (Fig. 25).
Les hémangiopéricytomes, tumeurs ubiquitaires, hypervascu-
laires, peuvent exister à n’importe quel âge avec un pic aux Particularités des lésions salivaires chez l’enfant
environs de la cinquantaine [39]. Ils naissent des péricytes de La TDM et les ultrasons sont les examens les plus employés,
Zimmerman. Leur siège oto-rhino-laryngologique représente à l’IRM étant réservée aux lésions salivaires avec atteinte d’un nerf
peu près 25 % des cas rapportés. En imagerie, l’aspect polylobé, crânien (V-VII). Les lésions tumorales sont rares : 22 % des
le rehaussement important, l’hétérogénicité de signal avec zones tumeurs en pédiatrie (90 % d’entre elles siégeant au niveau de
de nécrose, la propension de la tumeur à suivre les axes la parotide). Les hémangiomes capillaires parotidiens sont les
vasculonerveux suggèrent le diagnostic (Fig. 44). tumeurs les plus fréquentes. Ils donnent une masse qui aug-
mente de volume la première année de la vie, qui présente des
Kystes salivaires poussées évolutives puis involue de façon spontanée plus ou
Ce sont des lésions parotidiennes rares. Elles forment une moins complète à l’adolescence dans la plupart des cas. Les
masse pseudotumorale de quelques centimètres de diamètre. hémangiomes caverneux, plus rares, ne présentent pas d’invo-
Leur contenu est séreux ou séromuqueux. La genèse de telles lution spontanée et surviennent chez le sujet plus âgé. Les
formations est discutée. Elles peuvent être acquises (après lymphangiomes sont des malformations découvertes dans plus
Radiodiagnostic - Cœur-poumon 17
32-800-A-30 ¶ Pathologie des glandes salivaires
Échographie
Figure 45. Arbre décisionnel. Conduite à tenir en imagerie devant une pathologie salivaire. IRM : imagerie par résonance magnétique ; TDM :
tomodensitométrie.
de 90 % des cas avant 2 ans. Les cancers mucoépidermoïdes limitées ou profondes. L’IRM précise le siège intra- ou extrapa-
sont les tumeurs malignes les plus fréquentes (près de 35 %). rotidien d’un processus tumoral. Elle fait le bilan d’extension
Elles présentent peu de contingents kystiques. tumorale. Elle est la technique d’étude essentielle des tumeurs
des GSA. Lorsque les lésions sont typiques, elle fait le diagnostic
de nature de celles-ci.
■ Diagnostic différentiel
.
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Katz P., Héran F. Pathologie des glandes salivaires. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Radiodiagnostic -
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