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Chapitre 5
Système Digestif
Préambule
Ressources bibliographiques :
* Histologie humaine, Alan Stevens & James Lowe, De Boeck, 2e édition, 1997
* Histologie humaine, Alan Stevens & James Lowe, Elsevier Masson, 3e édition, 2006
* Histologie et biologie cellulaire : Une introduction à l'anatomie pathologique,
Abraham L. Kierszenbaum, 1ère édition, 2006
* Anatomie pathologique : Atlas de Wheater, Stevens, Lowe & Young, De Boeck,
2004
* Les bases de l’immunologie fondamentale et clinique, Abul K. Abbas & Andrew H.
Lichtman, Elsevier Masson, 4e édition, 2013
* Immunologie, Roitt, Brostoff & Male, De Boeck, 1997
2
5 Le système digestif
5.1 Introduction
5.2.1 Fonction
La cavité buccale est limitée extérieurement par les lèvres dont on distingue 3
parties : la lèvre externe, le vermillon et la lèvre interne.
La lèvre externe est une peau fine et pileuse renfermant glandes sébacées et
glandes sudoripares eccrines. Le vermillon est une zone transitionnelle, tenant son
3
nom de sa couleur (rouge vermillon) entre la lèvre externe et la lèvre interne. Au
niveau du vermillon, l’épithélium est de type malpighien non kératinisé avec un
système de crêtes dermo-épidermiques très développé, chaque crête renfermant des
boucles capillaires, responsables de la couleur rouge prononcée des lèvres. A la
jonction lèvre externe – vermillon s’abouchent quelques glandes sébacées, appelées
glandes ou grains de Fordyce). Leur particularité est que leur canal excréteur s’ouvre
directement à la surface cutanée plutôt quand dans un follicule pileux. La face interne
des lèvres, plus humide, est revêtue également d’un épithélium malpighien non
kératinisé, mais dont le système de crêtes dermo-épidermiques est moins développé.
Le tissu de soutien sous-jacent contient des amas de glandes salivaires accessoires 1,
libérant leurs sécrétions essentiellement muqueuses par de courts canaux excréteurs.
Profondément se localisent des muscles striés squelettiques, orientés de manière
concentrique faisant partie des muscles orbiculaires de la bouche et permettant
l’ouverture/la fermeture des lèvres.
5.2.3 La cavité buccale proprement dite
5.2.4 La langue
La langue est un organe musculaire très mobile présentant une face supérieure
et une face inférieure. La face inférieure est tapissée d’un épithélium malpighien non
kératinisé en continuité avec l’épithélium du plancher buccal. La face supérieure,
souvent en contact avec le voile du palais, est couverte d’un épithélium malpighien
majoritairement kératinisé muni de spécialisations (2/3 de sa surface) : des récepteurs
sensoriels.
1
Ces glandes sont souvent biopsiées pour établir le diagnostic de l'amylose, de la sarcoïdose et de
certaines maladies auto-immunes comme la maladie de Sjögren. Pratiqué sous anesthésie locale, cet
acte nécessite une incision au niveau de la lèvre inférieure afin que le chirurgien puisse procéder aux
prélèvements sur environ cinq glandes salivaires accessoires. La pose de points de suture est ensuite
réalisée pour faciliter la cicatrisation. Facile et courante, la biopsie des glandes salivaires n'engendre
que de très faibles complications qui se limitent à quelques petits hématomes sur la muqueuse labiale
inférieure.
4
La musculature est de type striée squelettique, sous le contrôle volontaire,
puisque la langue est impliquée non seulement dans la mastication mais aussi dans la
phonation. Les fibres musculaires sont orientées dans toutes les directions
(longitudinale, transversale et oblique), d’où la grande liberté de mouvements de la
langue. Il n’est pas rare de trouver des amas de tissu adipeux entre les bandes
musculaires et de nombreux îlots de glandes salivaires mineures. Les glandes
salivaires mineures déversent leurs sécrétions au fond de sillons de la face supérieure
de la langue.
La face supérieure de la langue est divisée en deux zones principales : le 1/3
postérieur et les 2/3 antérieurs, séparés par une ligne en forme de V. Cette ligne est
formée d’une série de 6 à 10 protrusions en dômes appelées papilles caliciformes (ou
vileuses ou circumvallées). Comme leur nom l’indique, quand on observe ces papilles
en coupe transversale, elles ressemblent à des calices, délimités par deux sillons et
dont les bords latéraux contiennent les bourgeons du goût. Au fond des sillons
s’ouvrent de petites glandes linguales séreuses appelées glandes de Von Ebner.
Les 2/3 antérieurs de la face supérieure sont rugueux par la présence de
nombreuses papilles filiformes et fungiformes dont l’extrémité est kératinisée. Les
papilles filiformes sont les plus nombreuses. Elles sont formées de la simple
surélévation de l’épithélium lingual par un axe conjonctivo-vasculaire ; elles sont
longues et minces et kératinisées à leur extrémité.
La couche de kératine peut être Elles sont dépourvues de bourgeons du goût. Les
épaisse par endroits, chargée et papilles fungiformes, comme leur nom
colorée par la nourriture. Les l’indique, ont une forme de champignons et sont
papilles filiformes et fungiformes
ménagent de nombreux espaces
dispersés aléatoirement entre les papilles
pouvant contenir d’abondantes filiformes2. L’épithélium des papilles
colonies bactériennes. fungiformes contient des bourgeons du goût à
leur sommet qui détectent des goûts spécifiques
selon leur localisation anatomique.
Le 1/3 postérieur est recouvert d’un épithélium malpighien non kératinisé
légèrement bombé par la présence dans la sous-muqueuse sous-jacente de tissu
lymphoïde ; il s’agit des amygdales linguales. Pour rappel, ce tissu lymphoïde, riche
en lymphocytes et en plasmocytes, fait partie du MALT et de l’anneau de Waldeyer
(O-MALT). De plus l’épithélium présente assez fréquemment des invaginations en
forme de sillons au fond desquelles s’abouchent des glandes salivaires accessoires.
5
- les cellules de soutien, sécrétant des GAG au niveau du pore gustatif
- les cellules sensorielles munies de microvillosités et contenant au pôle basal
de leur cytoplasme des vésicules synaptiques. Ces cellules sont associées du
côté basal à des fibres nerveuses afférentes véhiculant l’information le long
du nerf facial ou glosso-pharyngé. La membrane plasmique des cellules
sensorielles contient des canaux ioniques réagissant aux goûts salé ou acide4
et des récepteurs transmembranaires couplés aux protéines G pour les goûts
sucré et amer.
Les glandes salivaires sont toutes sans exception des glandes exocrines
annexées à la cavité buccale. Les glandes salivaires principales sont les glandes
parotides, sous-maxillaires et sublinguales, disposées de manière bilatérale.
Les trois glandes salivaires principales sont localisées « à distance » de la cavité
buccale et s’abouchent à celle-ci au moyen de longs canaux excréteurs. Pour rappel,
de nombreuses glandes salivaires accessoires sont disséminées dans la sous-muqueuse
de la cavité buccale et déversent leurs sécrétions par de courts canaux. Les glandes
sous-maxillaires aussi appelées glandes submandibulaires ou sous-mandibulaires
déversent la salive à la base du frein de la langue par l'intermédiaire du canal de
Wharton. Les glandes sublinguales déversent la salive par l'intermédiaire des canaux
de Walther et de Rivinius. Les glandes parotides, les plus volumineuses, sont situées
au-dessous et en avant des oreilles. Chaque parotide déverse la salive au niveau de la
joue interne par le canal de Sténon.
D’un point de vue morphologique, les glandes salivaires principales sont toutes
des glandes tubulo-acineuses. Elles diffèrent l’une de l’autre par leur produit de
sécrétion et par quelques aspects histologiques.
Les glandes salivaires principales sont enfermées dans une capsule conjonctivo-
fibreuse et se divisent en lobules. Les vaisseaux sanguins et les nerfs pénètrent dans la
glande par le hile et se ramifient dans les lobules. L'unité sécrétrice du parenchyme
lobulaire est l'adénomère ou « salivon ». Il est constitué de cellules épithéliales
sécrétrices formant l’acinus salivaire, dont la lumière, virtuelle, se prolonge par un
canal intercalaire. Le canal intercalaire est bordé de cellules épithéliales de forme
pavimenteuse ou cubique. Les canaux intercalaires de plusieurs acini se réunissent
4
Les saveurs acides et salées sont le fait d’ions H + et Na+, respectivement. Ces ions interagissent avec
les canaux ioniques à la surface des cellules gustatives. Cette interaction va induire une modification
directe du potentiel électrique de la cellule gustative et générer un influx nerveux transmis au cerveau.
6
pour former le canal strié ou canal de Pflüger. Le canal strié est bordé de cellules
épithéliales de forme cubo-cylindrique et a la particularité (d’où son nom de « strié »)
d’héberger de nombreuses mitochondries dans les replis membranaires du pôle basal
des cellules épithéliales. Les cellules épithéliales canalaires sont unies les unes aux
autres au moyen de jonctions serrées très imperméables car impliquées dans la
réabsorption d’ions. Le canal strié repose sur une membrane basale et une discrète
couche de tissu conjonctif le séparant dues acini salivaires. Ce canal strié correspond à
un canal intralobulaire de par sa position anatomique. Chaque canal strié se déverse
dans un canal interlobulaire qui circule dans des cloisons conjonctives interlobulaires
plus épaisses. In fine, chaque canal interlobulaire abouche au canal excréteur principal
de la glande salivaire qui lui-même débouche dans la cavité buccale (Warthon, Sténon
ou Walther et Rivinus). Les canaux interlobulaires et excréteurs sont très souvent
stratifiés (pseudo- ou bi-stratifés). Séparant les cellules épithéliales acinaires de la
membrane basale, des cellules myo-épithéliales jouent un rôle dans l'expulsion des
produits de sécrétion contenu dans la lumière acinaire. En effet ces cellules
myoépithéliales sont similaires aux cellules musculaires lisses et possèdent des
propriétés contractiles. Les cellules myoépithéliales et l’acinus sont entourés d’une
lame basale unique.
Les cellules séreuses élaborent une salive riche en eau et en protéines mais
dépourvue de mucine. Les cellules ont une forme pyramidale et se dispose en « parts
de tarte », dont le centre est occupé par une lumière quasi-virtuelle. Le cytoplasme des
cellules épithéliales séreuses est riche en grains de sécrétion qui s’accumulent dans le
pôle apical où ils seront libérés par exocytose. Le noyau des cellules séreuses est
basal, de forme arrondie.
Les cellules muqueuses élaborent une salive visqueuse riche en mucines. Les
cellules ont globalement aussi une forme pyramidale mais de bien plus grande taille
que leur contrepartie séreuse. Leur cytoplasme contient d’abondants grains de
sécrétion présentant l'apparence de gouttelettes chromophobes. Le noyau des cellules
muqueuses est basal, de forme anguleuse car repoussé par l’accumulation et le
volume des grains de sécrétion.
7
(Na+, K+, Cl-, HCO3-), urée, glucose, amylase, lipase, lactoferrine, IgA, lysozyme,
sialoperoxydase. Elle contient aussi des facteurs de croissance agissant de manière
paracrine ex : EGF (epidermal growth factor) et NGF (nerve growth factor).
On lui connaît trois fonctions principales6 :
- la lubrification de la muqueuse buccale facilitant la phonation et la déglutition ;
- la pré-digestion des aliments, sous l’action de l’amylase, clivant l’amidon
(hydrates de carbone), et de la lipase salivaire entamant l’hydrolyse des lipides
alimentaires ;
- un rôle bactériostatique, par la sécrétion d’IgA
neutralisantes7, de lysozyme, de lactoferrine
L’histatine inhibe la
(chélateur de fer), des cystatines, de l’histatine ou croissance de Candida
de sialoperoxydase, cette dernière permettant la albicans, une levure
production de radicaux libres. commensale saprophyte de
la bouche retrouvée chez
La production de salive est sous le contrôle du 80% de la population. Un
dysfonctionnement de la
système nerveux autonome. Une stimulation production de salive par les
orthosympathique favorise la production d’une salive glandes salivaires peut
riche en glycoprotéines tandis qu’une stimulation provoquer des caries, des
parasympathique stimule une salive riche en eau. La infections opportunistes à
salive primaire, c-à-d celle produite au niveau de levures et des inflammations
de la cavité buccale.
l’acinus, est iso-osmotique, elle ne subira aucun
changement dans le canal intercalaire. Par contre, au
niveau du canal strié, elle subira un remaniement ; les ions Na+ et Cl- sont activement
réabsorbés par transport actif (via Na+/K+ ATPase) au niveau des cellules épithéliales
canalaires « striées », des ions HCO3- y seront sécrétés, pour au final générer une
salive définitive hypotonique (<100 mOsm).
6
On soupçonne également d’autres rôles comme par exemple le contrôle du biofilm buccal (plaque
bactérienne dentaire).
7
Les IgA proviennent de plasmocytes localisés dans le tissu conjonctif entourant les acini. Comme
dans le GALT, la cellule épithéliale acinaire fixe au pôle basal l’IgA via sa pièce sécrétoire (récepteur
poly-Ig) et par un mécanisme de transcytose elle libère l’IgA dans la lumière de l’acinus. La pièce
sécrétoire permet une certaine résistance face à la protéolyse digestive.
8
5.2.6 Les dents
5.2.6.1 Anatomie générale d’une dent adulte
9
5.2.6.2 Développement de la dent : odontogénèse et amélogénèse
10
des bords libres de la cloche. Cette zone deviendra plus tard la pulpe dentaire après
envahissement par un réseau de vaisseaux sanguins et des terminaisons nerveuses.
Une fois que les deux mono-couches (préodontoblastes et préaméloblastes)
superposées sont en contact, chaque type cellulaire va mutuellement induire la
différenciation de l’autre type cellulaire. Les préodontoblastes deviennent
odontoblastes et les préaméloblastes deviennent améloblastes. A ce moment-là,
chaque cellule commence à synthétiser sa matrice extracellulaire propre et à
s’éloigner l’une de l’autre: l’email est déposé par les améloblastes, la prédentine par
les odontoblastes (Panneau E). Les odontoblastes commencent à produire de la
prédentine (« odontogénèse »), qui elle-même stimule les améloblastes à produire de
l’email (« amélogénèse »). C’est ainsi que l’email et la dentine sont apposés l’un à
l’autre dans une dent définitive et sont séparés par une lame basale.
Au moment de l’éruption de la dent hors du mésenchyme, la couche externe
d’améloblastes meurt par apoptose et disparaît. Seule la matrice extracellulaire
sécrétée par l’améloblaste, l’émail, subsistera (Panneau F).
Annexé à la dent de lait en développement se trouve le bourgeon de la dent
définitive (Panneaux C-F).
La jonction amélodentinaire correspond à la jonction entre dentine et email. On
y trouve une lame basale et des fibres de collagène de type I insérées directement dans
l’email et dans la dentine (Lin et al., J Histochem Cytochem, 1993). Ces fibres font
l’union entre les deux matrices extracellulaires hétérogènes et les rend solidaires l’une
de l’autre.
Développement de la dent. LD, lame dentaire ; OE, organe de l’émail ; EOD, épithélium
odontoblastique ; EAD, épithélium adamantin.
11
réduit le volume. C’est une cellule cylindrique émettant un prolongement
cytoplasmique apical soutenu par un réseau de microtubules intracellulaire, du côté de
la couche de dentine. Tout au long de sa vie, l’odontoblaste reste en contact étroit
avec la matrice qu’il synthétise, donc avec la dentine. Tous les prolongements
cytoplasmiques apicaux odontoblastiques mis bout à bout sont à l’origine de l’aspect
morphologique particulier de la dentine et à l’origine des tubules de la dentine14. Ces
tubules sont formés suite au dépôt péri-tubulaire de dentine au fur et à mesure que
l’odontoblaste s’éloigne du front de migration. Ces tubules intradentinaires sont
appelés canalicules ou fibres de Tomes. Chez l’Homme, les prolongements
cytoplasmiques s’étendent sur 25 à 30% de la longueur des tubules, ailleurs ils sont
vides formant des tunnels en communication avec la couche d’émail sous-jacente. Les
odontoblastes interagissent les uns avec les autres au moyen de complexes
jonctionnels. Dans la région apicale de l’odontoblaste, on retrouve un réticulum
endoplasmique rugueux et un appareil de Golgi très développés (synthèse et export de
protéines) ainsi que des granules sécrétoires. Ces granules sont aussi appelées
vésicules matricielles et contiennent des protéines de matrice, du procollagène, des
ions calcium et phosphate. Les odontoblastes synthétisent d’abord la prédentine, qui
se minéralise au fur et à mesure pour former la dentine.
La synthèse de dentine par les odontoblastes induit l’amélogénèse par les améloblastes. Ces deux
cellules vont respectivement s’éloigner l’une de l’autre en suivant des sens de migration opposés. En
s’éloignant elles déposent des vésicules matricielles contenant de la prédentine pour les odontoblastes,
de l’email pour les améloblastes. En s’éloignant aussi, elles laissent « trainer » derrière elles leurs
prolongements cytoplasmiques apicaux générant cet aspect strié dans la dentine : les tubules
intradentinaires ; et dans l’email : les prismes de l’email. A, améloblastes ; PD, prédentine ; OD,
odontoblastes ; DP, pulpe dentaire.
12
Les fibres de collagène de type I sont d’abord déposées sous la forme de
procollagène (contenu dans les vésicules matricielles). Le procollagène est clivé
calcium et phosphates autour des vésicules matricielles sécrétées, pour former
ultimement la dentine. La dentine est donc en plus composée d’une matrice
inorganique de sels minéraux d’hydroxyapatites et de fluoroapatites. Dans la dentine,
la portion organique représente 20 à 30% et la portion minéralisée jusqu’à 80%. Un
front de minéralisation, comme dans l’ostéoïde, sépare la prédentine de la dentine.
13
L’émail est une substance quasi entièrement minéralisée par des cristaux
d’hydroxyapatites (Ca10(PO4)6(OH)2 et déposée sous forme de bâtonnets serrés de
section hexagonale, appelés prismes de l’email. L’émail contient ainsi près de 99 %
de sels de calcium et moins de 1 % de matrice organique. Les prismes, très allongés,
s’étendent depuis la jonction émail-dentine jusqu’à la surface de la couronne de la
dent ; ils consistent en groupes de longs et fins cristaux d’hydroxyapatite disposés
parallèlement dans le sens de la longueur ; leur diamètre est de l’ordre de 4 à 8 m.
Les cristaux de l’émail interprismatique sont orientés différemment. La matrice
organique (1%) est de la matrice sécrétée par les améloblastes avant la minéralisation
de l’émail ; elle est faite d’amélogénine, qui disparaît pendant la formation de l’émail,
d’énaméline et de polysaccharides.
5.2.6.3 Le parodonte
14
La parodonte ou périodonte est l’espace conjonctif qui amarre la racine de la
dent à l’os de l’alvéole et nourrit les tissus avoisinants. Il est fait de tissu conjonctif
lâche vascularisé et innervé, parcouru par de nombreux trousseaux de tissu fibreux
dense correspondant au ligament alvéolo-dentaire (ou ligament périodontique). Le
ligament alvéolo-dentaire est un ligament suspenseur fait de fibrocytes et fibres de
collagène type I denses ancrant la dent au tissu conjonctif du parodonte. L’ancrage
dans la dent est assuré par des fibres de collagène insérées littéralement dans le
cément de la racine, appelées fibres de Sharpey. Ces fibres sont responsables d’un
attachement solide au tissu parodontal et à l’os mais autorise aussi une certaine
mobilité de la dent dans son alvéole.
Le sillon gingival est souvent le lieu d’une accumulation d’aliments et d’une prolifération
bactérienne, provoquant une inflammation locale. Cette inflammation peut s’étendre à la gencive,
pathologie appelée gingivite, ou au ligament alvéolo-dentaire provoquant la pathologie
appelée parodontite. Une parodontite chronique entraîne la destruction du ligament et la dent
devient branlante dans son alvéole.
15
5.3 Organisation générale des voies de passage et du tube digestif
Les voies de passage sont des endroits où aucune modification n’est apportée au
bolus alimentaire, tandis que le tube digestif est le lieu même de la digestion, de
l’absorption des aliments/des liquides ingérés et de l’absorption des liquides sécrétés.
Ce tube comprend l’estomac, l’intestin grêle, divisé successivement en duodénum,
jéjunum, iléon, et finalement le gros intestin lui aussi divisé en caecum, appendice,
côlon et rectum.
Tant les voies de passage que le tube digestif peuvent être schématisées comme
un conduit dont la paroi présente une organisation générale semblable en 4 couches
concentriques :
- la muqueuse, directement en contact avec le bolus alimentaire
- la sous-muqueuse
- la musculeuse
- l’adventice ou séreuse
17
La musculaire muqueuse est appelée muscularis mucosae en latin.
18
Vous trouverez aussi la dénomination lamina propria pour désigner tout tissu conjonctif lâche situé
sous les épithéliums et qui tapisse notamment les muqueuses digestives, respiratoires ou urogénitales.
16
s’abouchent dans la lumière intestinale. Ceux-ci véhiculent les sécrétions en
provenance du foie, de la vésicule biliaire ou du pancréas.
Gardons à l’esprit qu’un des principaux rôles du tube digestif est d’absorber les
nutriments se trouvant dans le bol alimentaire. Il est dès lors intéressant pour lui de
maximiser la surface d’échange entre lumière digestive et compartiment interne, et
donc maximiser la surface d’absorption. Au niveau de l’intestin grêle, lieu
d’absorption par excellence, nous verrons que la muqueuse, voire la sous-muqueuse,
projette vers la lumière en formant des replis caractéristiques appelés villosités
intestinales.
L’adventice est la couche extérieure du tube digestif. Elle est constituée d’un tissu
conjonctif lâche synthétisé par des fibroblastes. Il n’est pas rare d’y trouver des
adipocytes. Elle contient les nerfs innervant et les vaisseaux sanguins vascularisant
l’ensemble du tube digestif. Une partie du tube digestif est dite rétropéritonéale mais
l’essentiel est péritonéal. Dans cette partie péritonéale, l’adventice est recouverte par
une couche externe de cellules mésothéliales (épithélium pavimenteux simple)
appelée péritoine viscéral. Via une membrane conjonctive tapissée de mésothélium
appelée mésentère, le tube digestif péritonéal est rattaché au péritoine pariétal au
niveau de la paroi abdominale postérieure. Le péritoine viscéral et le péritoine pariétal
sont en continuité grâce au mésentère et tous les deux recouverts de cellules
mésothéliales. L’adventice recouverte de mésothélium (ex : estomac, majorité de
l’intestin grêle et du côlon) est communément appelé séreuse.
17
5.3.2 Vascularisation générale du tube digestif
18
5.4 L’œsophage
5.4.2 Structure
5.4.2.1 Muqueuse
La muqueuse est tapissée d’un épithélium malpighien non kératinisé chez l’être
humain en temps normal20. La région basale de l’épithélium comporte ci et là des
cellules épithéliales très riches en glycogène, apparaissant claire en microscopie. Le
chorion sous-jacent contient des fibroblastes synthétisant des fibres de collagène et
une matrice acellulaire de GAG, on y trouve aussi des cellules immunitaires telles
éosinophiles, mastocytes, lymphocytes et plasmocytes. La musculaire muqueuse est
d’épaisseur variable le long de l’œsophage mais plus épaisse et mieux organisée près
de la jonction oesogastrique.
Il existe des glandes muqueuses de type tubulo-acineuses dans le 1/3 inférieur
de l’œsophage. Ces glandes exocrines ont pour fonction de produire un mucus
lubrifiant la surface de l’épithélium et facilitant la déglutition.
5.4.2.2 La sous-muqueuse
19
Les contractions de la musculaire sont si puissantes que les aliments y sont propulsés vers l’estomac
en deux secondes !
20
Lors d’agressions physiques ou chimiques répétées, les cellules épithéliales de la muqueuse
oesophagienne peuvent se métaplasier.
19
Les lymphocytes, plasmocytes et éosinophiles sont abondants dans la sous-
muqueuse et se localisent plus densément autour des glandes, de leurs canaux ou
s’organisent en petits amas lymphoïdes, surtout près de la jonction oesogastrique.
Petite particularité au niveau de la vascularisation du bas oesophage, à
l’extrémité inférieure de l’œsophage, un plexus veineux sous-muqueux draine le sang
vers le système porte hépatique.
En cas d’augmentation de la pression dans le système porte hépatique, causé par exemple par
une résistance vasculaire trop importante au niveau du parenchyme hépatique (rencontré lors de
la cirrhose hépatique), le plexus veineux oesophagien ne parvient pas à drainer correctement le
sang hors de la zone. Ceci se traduit par une accumulation de sang dans les plexus, une dilatation
excessive des parois veineuses de la sous-muqueuse oesophagienne et la formation de varices
oesophagiennes. La rupture de ces varices entraîne une hémorragie dans l’œsophage, cause
fréquente de vomissements de sang observés dans les maladies chroniques du foie.
20
5.4.2.3 La musculeuse
5.4.2.4 L’adventice
21
5.5 La jonction oeso-gastrique
Cette jonction est une zone de transition entre une voie de passage (œsophage)
et le début du tube digestif (l’estomac). On y observe une transition morphologique au
niveau de l’épithélium de recouvrement : d’un épithélium malpighien non kératinisé
vers un épithélium cylindrique caractéristique du tube digestif.
Au niveau de cette jonction, les glandes oesophagiennes et les amas lymphoïdes
sous-muqueux sont particulièrement développés.
Le sphincter oesogastrique est assuré par la musculeuse légèrement plus
développée, qui maintient l’orifice gastrique fermé et par là empêche le reflux du
contenu gastrique dans l’œsophage.
22
5.6 L’estomac
5.6.1 Fonction et notions anatomiques
23
5.6.3 Types cellulaires de la muqueuse
5.6.3.1 Les cellules à mucus
Helicobacter pylori est une bactérie relativement bien adaptée à son environnement : elle est
capable de survivre dans l’environnement acide de l’estomac grâce à l’expression d’une uréase
produisant des ions ammonium NH 4+, neutralisant autour d’elle l’acidité gastrique. Elle possède
aussi la capacité de se lier aux cellules épithéliales muqueuses de l’estomac au moyen de leur
adhésine. L’attachement à la cellule permet à H. pylori d’obtenir des nutriments à partir de la
cellule épithéliale. En se nourrissant, la bactérie produit des protéases cytotoxiques provoquant
in fine la mort de la cellule épithéliale. Cette bactérie fragilise ainsi la barrière muqueuse
gastrique, exposant la muqueuse gastrique à l’environnement acide corrosif. La présence d’H.
pylori est liée à une incidence plus élevée d’ulcères gastroduodénaux.
21
Xu et al. SLC26A9 is expressed in gastric surface epithelial cells, mediates Cl -/HCO3- exchange, and
is inhibited by NH4+. Am J Physiol Cell Physiol. 2005.
24
5.6.3.2 Les cellules souches
Les cellules principales et les cellules pariétales sont les types cellulaires
prédominants dans les glandes gastriques du fond et du corps de l’estomac.
Les cellules principales ou cellules à pepsines produisent du pepsinogène
(PM 42.5 kDa), précurseur inactif d’une enzyme protéolytique, la pepsine (PM 35
kDa), clivée lorsque le pH est inférieur à 5. La pepsine peut elle-même cliver le
pepsinogène en pepsine (auto-catalyse). La pepsine est une enzyme capable de cliver
les grosses protéines en petits peptides. Elle est largement responsable de la
transformation du bol alimentaire semi-solide en un chyme liquide.
Les cellules principales sécrètent aussi de la lipase, la lipase gastrique, qui
hydrolyse les triglycérides en acides gras. La capacité enzymatique de la lipase
gastrique22 est cependant bien inférieure à celle de la lipase pancréatique.
Les cellules principales sont préférentiellement distribuées dans la partie
inférieure des glandes gastriques. C’est une cellule épithéliale pyramidale présentant
un large noyau basal et renfermant de nombreuses granulations éosinophiles du côté
apical (les granules de pepsinogène). De manière originale, le côté basal est lui plutôt
basophile étant donné la richesse de réticulum endoplasmique granuleux.
Cette cellule possède à la membrane plasmique, du côté basal, un récepteur à
l’acétylcholine (AChR), qui en cas d’activation par son ligand l’acétylcholine (ACh)
stimule la production et le relarguage de pespinogène dans la lumière gastrique.
On n’observe peu ou pas de cellules principales au niveau des glandes cardiales
et pyloriques. Leur durée de vie avoisine les 190 jours, après quoi elles meurent et
sont remplacées.
22
Son expression débute dès la naissance alors que la lipase pancréatique apparaît plus tard. Cela
permet une bonne digestion du lait maternel dès les premiers jours de vie.
25
intragastrique à des valeurs comprises entre 0.9 et 2.0. Les cellules pariétales sécrètent
aussi le facteur intrinsèque23, impliqué dans l’absorption intestinale de la vitamine
B12.
Les cellules pariétales sont préférentiellement localisées dans la partie
supérieure des glandes gastriques. C’est une imposante cellule épithéliale pyramidale
dite « bordante » car bombée et débordante dans la lumière de la crypte. Elle possède
un noyau central et un cytoplasme clair vacuolaire. En microscopie électronique, on
peut distinguer de très nombreuses mitochondries (40% du volume cellulaire !), peu
d’appareil de Golgi ou de réticulum. Par contre, il existe un important système
d’invaginations issu de la surface luminale (apicale) de la cellule. La surface apicale
présente aussi des microvillosités, servant à augmenter la surface de contact entre la
cellule et le milieu extérieur.
Les invaginations donnent naissance aux canalicules s’enfonçant dans le
cytoplasme, à proximité desquels sont stockées de nombreuses tubulo-vésicules
intracytoplasmiques. C’est à la membrane plasmique des tubulo-vésicules que la
protéine H+/K+ ATPase est exprimée. Cette protéine est responsable de l’extrusion
d’un ion H+ contre un ion K+, dépendant de l’ATP. En cas de stimulation de la cellule
pariétale, les tubulo-vésicules fusionnent avec les canalicules, augmentant le pool de
pompes H+/K+ ATPase exprimé à la surface luminale24.
La richesse en mitochondries traduit la nécessité de générer d’importantes
quantités d’ATP pour alimenter les pompes à protons H +/K+ ATPase. La
concentration en H+ dans l’estomac est un million de fois supérieur à celle du sang,
c’est pourquoi des mécanismes actifs doivent être entrepris pour générer et transporter
ces ion H+ vers la lumière gastrique. Les cellules pariétales sont riches en anhydrase
carbonique catalysant la formation d’H2CO3 à partir du CO2 sanguin et de l’H20.
L’H2CO3 se dissocie instantanément dans le compartiment cytoplasmique en H+ et
HCO3-. L’HCO3- réintègre le sang (pour rappel il sera capté par les cellules à mucus
toutes proches pour intégrer le film de la barrière muqueuse gastrique) tandis que
l’ion H+ est pompé au travers de la H +/K+ ATPase vers la lumière. Les ions Cl -
proviennent de la dissociation du NaCl et sont aussi transportés par un transport actif
dans la lumière du canalicule.
Il est parfois nécessaire de diminuer l’acidité gastrique, dans des pathologies comme le reflux
gastro-oesophagien ou les ulcères gastriques. Le praticien dispose de plusieurs options
thérapeutiques ciblant des protéines clefs localisées au niveau des cellules pariétales.
L’oméprazole est un inhibiteur des pompes à protons H +/K+ ATPase. La cimétidine est un anti-
histaminique antagoniste du récepteur H2 à l’histamine. Ces deux médicaments vont diminuer la
sécrétion d’HCl par les cellules pariétales.
23
Le facteur intrinsèque (FI) est une glycoprotéine sécrétée par les cellules pariétales de la muqueuse
de l'estomac, indispensable à l'absorption de la vitamine B12 présente dans les aliments (foie, viandes,
laitages, œufs, poissons ; les besoins quotidiens de 2-5 mg/jour chez l’adulte sont largement couverts
par la nourriture). Le FI lie la vitamine B12 au niveau de la lumière gastrique et reste lié jusqu'à l'iléon.
Le complexe vitamine B12 – FI se fixe sur un récepteur spécifique appelé cubuline de la bordure en
brosse des entérocytes de l’iléon terminal puis est endocyté. Attention chez certaines espèces animales
ce sont les cellules principales qui sécrètent le facteur intrinsèque.
24
L’ H+/K+ ATPase représente 80% des protéines de la membrane plasmique des microvillosités.
26
stimule la sécrétion d’HCl dans la lumière gastrique. Petite précision, l’ACh seule
stimule la sécrétion d’HCl et l’histamine potentialise l’effet de l’ACh.
On n’observe peu ou pas de cellules pariétales au niveau des glandes cardiales
et pyloriques. Leur durée de vie avoisine les 190 jours, après quoi elles meurent et
sont remplacées.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) tels que l’aspirine jugulent l’inflammation en
agissant sur le métabolisme de l’acide arachidonique (AA). Les AINS non spécifiques inhibent
les cyclooxygénases (COX-1 et COX-2) et réduisent la synthèse de médiateurs inflammatoires
dérivés de l’AA comme les prostaglandines. Cependant au niveau de l’estomac, les
prostaglandines générées par la COX-1 sont impliquées dans le maintien de la fonction de la
barrière muqueuse gastrique, notamment en stimulant la sécrétion de mucus et de HCO 3-. La
prise chronique d’AINS affaiblit dès lors la protection muqueuse de l’estomac et le rend plus
susceptible aux attaques acides et aux ulcères. C’est pourquoi, dans les états inflammatoires
chroniques, il est recommandé de prescrire des AINS spécifiques de COX-2, qui permettront de
diminuer la synthèse de médiateurs inflammatoires tout en n’ayant aucun effet sur COX-1.
27
5.6.3.5 Les cellules neuro-endocrines
Les hormones peptidiques gastro-intestinales régulent les fonctions du tube digestif : (1)
métabolisme de l’eau et des électrolytes, (2) sécrétion enzymatique, (3) péristaltisme, (4)
renouvellement de la muqueuse digestive, (5) libération en cascade d’autres hormones
peptidiques du tube digestif.
Le chorion est un tissu conjonctif lâche entourant les glandes gastriques. Il est
riche en fibres de collagène et réticulaire synthétisées par des fibroblastes. De
nombreuses cellules immunitaires infiltrent le chorion : lymphocytes, éosinophiles,
mastocytes et plasmocytes.
Le chorion contient les boucles capillaires (capillaires fenestrés) vascularisant
les glandes gastriques et convoyant les ions HCO 3- relargués par les cellules pariétales
vers les cellules à mucus.
28
5.6.4 La sous-muqueuse
5.6.5 La musculeuse
29
5.7 Les cellules neuro-endocrines gastro-intestinales
25
Des cellules appartenant au SNED sont retrouvées aussi dans la muqueuse bronchique (cellules
neuro-endocrines synthétisant de la sérotonine ou de la bombésine) ou disséminées dans le tissu
pancréatique (cellules , , , ).
30
Sources et rôle de la gastrine, CCK et sécrétine dans la digestion.
La leptine est une hormone impliquée dans la régulation de la prise de nourriture. C’est une petite
protéine codée par le gène OB et synthétisée majoritairement par les adipocytes en réponse à une
prise de nourriture ou une élévation de la masse graisseuse (elle est aussi synthétisée par les
cellules neuro-endocrines de l’estomac). Elle est appelée “hormone de la satiété” car inhibe la
sensation de faim. Les souris leptin -/- ou « ob/ob » sont anormalement obèses. Il est de plus en plus
reconnu que les individus obèses sont résistants à l’action de la leptine.
31
5.8 L’intestin grêle
32
Les variations anatomiques d’un segment intestinal à l’autre tiennent dans la
forme des villosités intestinales, la présence de glandes supplémentaires sous-
muqueuses dans le duodénum (les glandes de Brünner, voir 1.8.3.) et la présence d’un
GALT très développé au niveau de l’iléon (les plaques de Peyer précédemment
abordées dans le Système Immunitaire).
Variations histologiques entre le duodénum, le jéjunum et l’iléon. Dans le duodénum, les villosités
intestinales sont courtes et en forme de feuille. On trouve en plus des glandes tubulo-acineuses prenant
naissance dans la sous-muqueuse : les glandes de Brünner. Le jéjunum présente les plis et villosités les
plus développés. L’iléon possède des villosités plus courtes que celles du jéjunum et les plaques de
Peyer à cheval sur la muqueuse et la sous-muqueuse. Adapté du Kierszenbaum.
33
5.8.3 Types cellulaires de la muqueuse intestinale
26
Synonyme de plateau strié.
27
L’être humain n’est pas pourvu d’enzyme dégradant la cellulose (cellulase). La cellulose fait partie
des fibres alimentaires non digérées.
34
Les entérocytes sont munis à leur surface apicale de transporteurs spécifiques
pour les acides aminés et les hydrates de carbones obtenus après clivage protéolytique
à partir des protéines et des sucres complexes. Par exemple, le glucose est transporté
de la lumière vers le cytoplasme de l’entérocyte par l’intermédiaire de la protéine
SGLT-1 (sodium-glucose linked transporter-1). Ce transporteur fait entrer
concomitamment deux molécules de sodium et une molécule de glucose28.
L’entérocyte est muni de deux autres transporteurs au glucose : GLUT-2 (baso-
latéral) et GLUT-5 (apical). En ce qui concerne les acides aminés, il existe des
transporteurs au niveau de la membrane apicale et basolatérale spécifiques pour
chaque classe d’acides aminés : aromatiques, aliphatiques, basiques,... Les lipides sont
quant à eux dégradés en acides gras ou monoglycérides au niveau de la lumière
duodénale sous l’action de la lipase pancréatique. Les acides gras et
les monoglycérides émulsifiés par les sels biliaires (< vésicule biliaire < foie) et
diffusent au travers des membranes plasmiques des entérocytes sous forme de
micelles. Ils sont ensuite estérifiés en triglycérides au niveau du réticulum
endoplasmique lisse. De là, ils partent vers l’appareil de Golgi où ils seront complexés
avec des apolipoprotéines. Ces complexes apolipoprotéines-lipides sont appelés
chylomicrons et sont exportés vers l’espace extracellulaire latéral des entérocytes
(interdigitations latérales). Ils rejoindront finalement le vaisseau lymphatique central
dans l’axe de la villosité appelé chylifère.
5.8.3.2 Les cellules caliciformes
Les cellules de Paneth font partie du système de défense local contre les micro-
organismes. Elles sécrètent des substances bactériostatiques : dans ses granules
intracytoplasmiques sont contenus du TNF-, de la phospholipase A2 (PLA2), du
28
A noter qu’il peut aussi transporter du galactose.
35
lysozyme et des défensines29. Le lysozyme et les défensines sont capables d’attaquer
certaines parois bactériennes ou parasitaires pour les perméabiliser.
Ces cellules de Paneth sont des cellules épithéliales de forme pyramidale,
localisées préférentiellement à la base des cryptes de Lieberkuhn et présentant un
réticulum endoplasmique granuleux développé ainsi que de grosses granulations
éosinophiles intracytoplasmiques.
5.8.3.5 Les cellules souches
36
luminal. En effet, les cellules présentatrices d’antigènes émettent des prolongements
cytplasmiques en contact avec la lumière digestive. Des cellules M, réparties entre les
entérocytes, sont elles aussi capables de « sonder » la lumière digestive à la recherche
d’antigènes et les transmettre à leur face luminale vers les cellules lymphoïdes des
plaques de Peyer.
38
5.9.3.1 Les cellules caliciformes
Comme ailleurs, les cellules souches sont à l’origine des autres types
cellulaires ; elles peuvent se différencier en cellules caliciformes, en entérocytes, en
cellules neuro-endocrines ou en cellules de Paneth. Les cellules souches sont
préférentiellement localisées dans le fond des cryptes de Lieberkuhn.
5.9.4 La sous-muqueuse
39
lymphatiques, des plexus nerveux (plexus de Meissner) et des amas lymphoïdes du
GALT.
5.9.5 La musculeuse
5.9.6 La séreuse
Une fois par jour, en moyenne, le rectum se remplit de matières fécales. La pénétration des
selles dans le rectum provoque une distension de l’ampoule rectale, ce qui active des cellules
nerveuses baroréceptrices contenues dans les plexus d’Auerbach et de Meissner. Ces plexus
véhiculeront une information sensitive vers le cerveau qui perçoit la « plénitude du rectum » et
la nécessité d’exonérer.
31
Dans la maladie de Hirschprung ou mégacôlon congénital, une mutation entrave la migration des
cellules nerveuses au sein du système nerveux entérique du côlon. Les plexus nerveux d’Auerbach et
de Meissner sont absents du segment distal du côlon, ce qui empêche le péristaltisme colique, ralentit
considérablement le transit intestinal et aboutit à une distension du côlon. Les symptômes cliniques
sont donc une constipation sévère.
40
5.10 Le canal anal
Le canal anal est typiquement une voie de passage. Le canal anal s’étend de la
jonction ano-rectale à l’anus. C’est un canal long de 3-4 cm dont l’ouverture est
contrôlée par deux sphincters musculaires. Via l’ouverture de ces sphincters, les
résidus alimentaires temporairement stockés dans l’ampoule rectale vont pouvoir être
éliminés : c’est le phénomène de défécation ou d’exonération.
Au niveau de la jonction ano-rectale, nous observerons une transition d’un
épithélium digestif vers un épithélium malpighien non kératinisé.
5.10.2 Structure
Les hémorroïdes, saillie des veines hémorroïdales hors du canal anal, sont causés par une
dilatation et une hypertrophie des veines hémorroïdales suite à une élévation chronique de la
pression sanguine pelvienne ex : grossesse, constipation.
32
Lors du passage des fèces au travers du sphincter anal, une pression est exercée sur les glandes
muqueuses anales qui mécaniquement déversent leurs sécrétions muqueuses lubrifiantes.
41
5.11 Les organes annexes au tube digestif
Les glandes salivaires (voir 5.2.5), le pancréas et le foie sont des glandes
exocrines annexées au tube digestif déversant des sécrétions impliquées dans la
digestion ou la solubilisation des nutriments. La vésicule biliaire est un organe annexé
au tube digestif dont le rôle est de stocker et concentrer la bile fabriquée par le foie.
A noter que le foie et le pancréas sont des glandes amphicrines c-à-d à la fois
exocrine et endocrine.
42
A la différence des glandes salivaires, il n’y a pas de cellules myoépithéliales
autour des acini !
Le système canalaire recueille les sécrétions des acini pancréatiques et les convoient
jusqu’à la lumière duodénale. Les incidences de coupe passant par le centre des acini
dévoilent des cellules dites « centro-acineuses » qui appartiennent aux origines des
canaux intercalaires. Les canaux excréteurs forment un système de conduits ramifiés.
Faisant suite aux acini sous le nom de canaux intercalaires, ils deviennent ensuite
intralobulaires puis des canaux interlobulaires qui se réunissent enfin en canaux
collecteurs (canal de Wirsung et canal de Santorini). A l’instar des glandes salivaires,
il n’y a pas de canaux striés ! La paroi des canaux pancréatiques est faite d’un
épithélium simple, pavimenteux au départ puis cubique et prismatique ensuite,
entouré d’une gaine conjonctive d’épaisseur croissante. On trouve des cellules
épithéliales de type caliciformes (sécrétant des mucines) et neuro-endocrines
dispersées dans l’épithélium canalaire. Les cellules épithéliales formant la paroi de
ces canaux élaborent et déversent dans leur lumière une sécrétion aqueuse, riche en
bicarbonates et dépourvue d’enzymes. Les ions bicarbonates HCO3- sont issus de la
décomposition du H2CO3 fabriqué grâce à l’anhydrase carbonique à partir d’H20 et de
CO2. La sécrétion aqueuse et d’ions bicarbonates est sous le contrôle hormonal de la
sécrétine.
43
5.11.2 Foie
5.11.2.1 Fonctions et notions anatomiques
Le foie est un vaste organe aux multiples fonctions de synthèse. Chez l’homme,
c’est la glande la plus volumineuse, constituée de 4 lobes mal définis. Telle une usine,
il utilise des molécules simples en provenance de la circulation portale riche en
nutriments absorbés au niveau du tube digestif, comme matières premières pour
synthétiser de plus grosses molécules.
Toutes les fonctions biochimiques de synthèse sont supportées par une seule et
même cellule appartenant au parenchyme hépatique : l’hépatocyte. Les fonctions
exocrines de l’hépatocyte sont reflétées par la synthèse et l’excrétion de la bile ou de
la bilirubine. En même temps, l’hépatocyte participe à l’élimination ou la conjugaison
des métabolites (ex : médicaments) ou de toxiques (ex : alcool, drogues). Les
fonctions endocrines sont illustrées par sa capacité de synthèse d’hormones comme
l’EPO, la TPO et l’insulin-like growth factor-1 (IGF-1)33. En outre, le foie joue un
rôle essentiel dans le métabolisme protéique : il assure la déamination des acides
aminés, produit l’urée à partir de l’ammoniac sanguin ; il fabrique les acides aminés
non essentiels et synthétise la majorité des protéines plasmatiques : albumine,
transferrine34, protéines de la coagulation telles que le fibrinogène et la prothrombine.
Le foie stocke les vitamines A, D, B12 et du fer. Le foie participe au métabolisme
glucidique par ses capacités de néoglucogénèse, de glycogénèse et de glycogénolyse.
Le foie participe au métabolisme lipidique en synthétisant du cholestérol et stockant
des acides gras. Enfin, le foie participe aux défenses immunitaires grâce à ses
capacités de synthèse de la c-reactive protéine sérique (en réponse à une
inflammation) et les capacités de phagocytose non spécifique de ses macrophages
résidents (les cellules de Kupffer).
Le foie est encapsulé par une capsule contenant des fibres de collagène et des
fibres élastiques, elle est appelée capsule de Glisson.
L’albumine, synthétisée par le foie, constitue 50% des protéines plasmatiques. Elle est
responsable de la pression oncotique du plasma. En cas de déficience de production, lors
d’affections hépatiques, la pression oncotique diminue et entraîne une fuite de l’eau du plasma
vers les tissus périphériques ; c’est l’œdème. En cas d’insuffisance hépatique, la production des
protéines de coagulation peut être compromise et augmenter donc le risque d’hémorragies.
Le sang parvient au foie par deux vaisseaux sanguins pénétrant son hile :
- la veine porte (80% du flux) drainant du sang désoxygéné en provenance du tube
digestif (sang riche en nutriments), de la rate (sang riche en hémoglobine et
dérivés issus de l’élimination intrasplénique des G.R.) et du pancréas,
33
La production de l’IGF-1 par le foie est stimulée par l'hormone de croissance (GH). L'IGF-1 stimule
la croissance du cartilage de conjugaison des os longs par action sur la prolifération des chondrocytes
différenciés, entrainant un élargissement du cartilage de conjugaison et l'allongement de l'os. De plus
les IGF favorisent la croissance de tous les tissus, stimulent la synthèse protéique et améliorent
l'absorption de Ca2+.
34
La transferrine est une bêta globuline, de poids moléculaire 76 kDa, synthétisée par le foie; elle est
constituée d'une seule chaîne polypeptidique porteuses de 2 sites de captation du fer. La fonction de la
transferrine est le transport du fer de l'intestin vers les réserves hépatiques et vers les réticulocytes.
44
- l’artère hépatique (20%) drainant du sang riche en oxygène en provenance du
tronc coeliaque et de l’aorte.
Microcirculation sanguine au niveau du lobule hépatique. Nous avons indiqué les sens de circulation
artérielle (flèche pointillée) et veineuse (flèche continue). Au niveau du parenchyme hépatique, les
artères et veines terminales s’anastomosent et se prolongent par un capillaire sinusoïde. Les capillaires
sinusoïdes convergent vers la veine centro-lobulaire. La circulation biliaire se fait dans les canalicules
et canaux biliaires à contre-sens (en vert).
45
opposé au sang. Les vaisseaux lymphatiques intraportaux augmentent
progressivement de taille, fusionnent les uns avec les autres pour émerger au niveau
du hile et drainer la lymphe vers le canal thoracique.
Les hépatocytes produisent de la bile qui sera excrétée par leur face biliaire vers
des espaces intercellulaires entre hépatocytes appelés canalicules biliaires, invisibles
en microscopie optique, Les canalicules se jettent dans des cholangioles qui circulent
entre les travées d’hépatocytes puis dans des ductules terminaux qui rejoindront
l’espace porte en traversant la gaine conjonctive au niveau du passage/canal de
Hering. L’espace porte est donc une triade faite d’une branche terminale de
l’artère hépatique, une branche terminale de la veine porte et d’un canal biliaire.
Organisation de l’espace porte, des travées d’hépatocytes et de la veine centro-lobulaire. Les flèches
indiquent les sens de circulation : rouge pour le sang oxygéné de l’artère hépatique, bleue pour le sang
veineux, vert pour la circulation biliaire. Notez la triade dans l’espace porte : branche terminale de la v.
porte, branche terminale de l’a. hépatique et c. biliaire.
46
Pour comprendre l’histologie du foie, il faut comprendre la circulation hépatique
sanguine et biliaire mais aussi l’organisation en unité(s) fonctionnelle(s) hépatique(s).
Plusieurs représentations organisationnelles sont décrites dans la littérature médicale
et peuvent être considérées :
35
La première couche d’hépatocytes péri-portaux est appelée plaque limitante. C’est la première
population d’hépatocytes altérée lors d’une inflammation primitive des espaces portes.
36
Dans le cas d’intoxication médicamenteuse, c’est la zone centro-lobulaire qui est principalement
touchée. Par exemple, lors de l’intoxication au paracétamol, on observe de larges plages de nécrose
centro-lobulaire.
47
Les trois unités fonctionnelles hépatiques : le lobule hépatique, le lobule portal et l’acinus hépatique.
48
lipidiques (métabolisme lipidique), des peroxysomes37 (métabolisme de ac. gras) et de
nombreuses mitochondries.
Pour rappel, les hépatocytes s’organisent en colonnes monocellulaires. Cette
organisation particulière permet aux hépatocytes d’être en contact avec les sinusoïdes
hépatiques, où les échanges métaboliques auront lieu, on parlera de face sinusoïdale.
Les hépatocytes possèdent aussi une face canaliculaire (=biliaire) et une face
intercellulaire (=hépatocytaire). Les faces sinusoïdale, canaliculaire et intercellulaire
représentent respectivement 70%, 15% et 15% de la surface membranaire de
l’hépatocyte.
La face sinusoïdale de l’hépatocyte est séparée du sinusoïde par l’espace de
Disse. La membrane plasmique de l’hépatocyte face sinusoïdale est surmontée de
microvillosités, permettant d’augmenter la surface d’échange. A la base des
microvillosités, on peut identifier des puits à manteau preuve de phénomènes
d’endocytose.
La face canaliculaire de l’hépatocyte est celle par laquelle la bile est sécrétée.
Les faces canaliculaires de plusieurs hépatocytes adjacents ménagent une lumière
formant le canalicule biliaire s’écoulant entre les travées hépatocytaires. A la face
canaliculaire, les hépatocytes sont unis au moyen de jonctions serrées et présentent
des microvillosités irrégulières. Les canalicules ont un diamètre de 0.5 à 2.5 m.
Les faces intercellulaires sont celles qui se trouvent entre deux hépatocytes
adjacents et qui ne sont ni sinusoïdales ni canaliculaires. Les membranes cellulaires se
font face et interagissent l’une avec l’autre au moyen de jonctions communicantes.
5.11.2.6 Autres types cellulaires du parenchyme hépatique
Les cellules de Kupffer sont impliquées dans les dommages hépatiques liés à l’alcoolisme. Lors
d’expositions chroniques à l’alcool, elles se mettent à sécréter de cytokines pro-inflammatoires
(IL-1, TNF-) et des facteurs de croissance (TGF-) capables d’activer de manière paracrine les
cellules stellaires (de Ito) hépatiques.
37
Les peroxysomes sont ubiquitaires chez les eukaryotes. Ce sont des organites intracytoplasmiques
limités par une membrane. Ils ont été découvert en 1965 par un belge Christian de Duve (UCL, Prix
Nobel de Médecine, 1974 avec Albert Claude et Georges Palade). Bien que ressemblant a des
lysosomes, les peroxysomes ne sont pas formés dans l’appareil de Golgi mais par auto-réplication. Ils
ont un diamètre de 0.2 – 1 µm et sont le plus abondant dans le foie. Ils permettent le catabolisme des
acides gras et la détoxification de substances telles que le peroxyde d’hydrogène grâce a des catalases.
49
La cellule de Ito. Les cellules de Ito sont appelées cellules étoilées ou stellaires de
par leur aspect morphologique. Elles se localisent dans les espaces de Disse où leur
rôle physiologique se limite à stocker la Vitamine A sous forme estérifiée. Il n’est pas
étonnant de retrouver dès lors des gouttelettes lipidiques dans leur cytoplasme.
En réponse aux cytokines relarguées par les cellules de Kupffer, les cellules de Ito se
transforment en cellules productrices de matrice extracellulaire : elles vont sécréter dans les
espaces de Disse et les espaces péri-portaux des fibres de collagène type I, de laminine, des
protéoglycans, aboutissant à une fibrose hépatique typique d’une cirrhose. En même temps,
elles se changent en un phénotype proche du myofibroblaste comprimant la lumière
sinusoïdal et augmentant la résistance vasculaire intrahépatique. La rigidification et la
compression sinusoïdales sont à l’origine de la résistance vasculaire intrahépatique et de
l’hypertension portale observés au cours de la cirrhose.
Le
métabolisme de l’éthanol :
Le foie gras est une application alimentaire de la propriété des hépatocytes à stocker les
triglycérides. Le foie gras est en réalité un foie « malade » atteint de stéatose (infiltration
graisseuse). Au cours des gavages successifs chez le canard ou l’oie, les hépatocytes métabolisent
la nourriture et se chargent en énergie, d’abord sous forme de réserves de glycogène puis sous
forme de gouttelettes lipidiques.
50
Une deuxième voie de métabolisation de l’éthanol passe par le système microsomal
d’oxydation de l’éthanol (MEOS – microsomal ethanol oxidative system) utilisant le
cytochrome P450 isoforme 2E1 comme enzyme oxydative. Cette voie est plus lente
mais non saturable. Au niveau du réticulum endoplasmique lisse, l’éthanol est
également dégradé en acétaldéhyde sous l’action du CYP2E1, mais en générant des
radicaux libres oxygénés. Ces radicaux libres endommagent les protéines
intracellulaires et les membranes, ce qui altère les fonctions hépatocytaires.
Près de 50% des Asiatiques présentent un variant génique (polymorphisme génétique) au niveau
du gène ALDH ce qui entraîne un déficit de l’enzyme ou une enzyme moins active. En cas
d’alcoolisation, les individus porteurs du variant sont incapables de métaboliser l’acétaldéhyde en
acétate et vont donc montrer rapidement des signes d'intolérance.
Le métabolisme de la bile :
Les transporteurs mdr sont fortement exprimés par les cellules cancéreuses qui les utilisent pour
« pomper » les médicaments hors de la cellule. Ceci est un de leurs moyens pour résister aux
chimiothérapies anticancéreuses.
Le métabolisme de la bilirubine :
51
La bilirubine est un produit du catabolisme de l’hème et provient pour sa majeure
fraction de la dégradation intrasplénique des G.R. La bilirubine est libérée par les
macrophages spléniques où elle se lie à l’albumine et est transportée vers le foie par la
circulation portale. Les hépatocytes captent les complexes bilirubine-albumine et
détachent la bilirubine de sa protéine transport. A l’intérieur du cytoplasme
hépatocytaire, la bilirubine se complexe à la ligandine qui l’amène dans le réticulum
endoplasmique lisse. La bilirubine est alors glucurono-conjuguée grâce à la
glucuronyl-transférase ; elle sera excrétée vers le système canalaire biliaire au travers
du transporteur MOAT.
Notions cliniques :
La bilirubine libre est la bilirubine non complexée, donc ni liée à l’albumine ni
glucurono-conjuguée. La bilirubine est liposoluble et toxique en grande quantité. Elle
peut pénétrer le cerveau au travers de la barrière hémato-encéphalique (liposolubilité)
et provoquer des lésions neurologiques irréversibles. Une augmentation du taux
plasmatique de bilirubine libre témoigne d’une production excessive de bilirubine par
exemple dans le cas d’anémie hémolytique.
52
5.11.2.7 Les voies biliaires
D’un point de vue histologique, les voies biliaires intrahépatiques sont tapissées d’un
épithélium cubo-cylindrique simple. Cet épithélium est inclus et soutenu par le tissu
conjonctif dense de l’espace porte. Le calibre des canaux biliaires augmente au fur et
mesure que l’on se rapproche du hile.
38
L’épithélium et le chorion forme une première tunique appelée « muqueuse ». Les quelques cellules
musculaires lisses forment une deuxième tunique appelée « musculeuse ». Le tout est enveloppé d’une
troisième tunique conjonctive appelée « séreuse ». Cette organisation est plus flagrante au niveau de la
dilatation des voies biliaires : la vésicule biliaire.
53
5.11.3 Vésicule biliaire
5.11.3.1 Fonctions
La vésicule biliaire peut être vue comme un renflement sacculaire des voies
biliaires extrahépatiques. La paroi de la vésicule biliaire est relativement proche
histologiquement de la paroi digestive si ce n’est l’absence de musculaire muqueuse
et de sous-muqueuse. La paroi est ainsi constituée de 3 tuniques :
La bile définitive est un liquide biologique épais jaune-verdâtre alcalin (pH compris entre 7,6 et
8,62) qui favorise la solubilisation des lipides. La vésicule biliaire sécrète 20 à 50 ml de bile par
jour dans le duodénum. La bile contient des sels biliaires, de la bilirubine (glucurono-conjuguée)
et des électrolytes. Les sels biliaires permettent l’émulsification des graisses sous forme de
micelles permettant l’accès à la lipase pancréatique. La bile assure l’élimination de l'excès de
cholestérol et l'excrétion de déchets métaboliques comme la bilirubine. Elle assure une fonction
de détoxication : les hépatocytes dégradent certains médicaments, l'alcool, des drogues, dont les
dérivés se retrouveront, via la bile, dans les fèces.
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