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Mise au point
V. Mercier a a
Département de radiologie, Centre hospitalier
A. Paisant a,b universitaire d'Angers, 49933 Angers, France
M. Zins c b
Laboratoire HIFIH, EA 3859, UNIV Angers, 49045
C. Aubé a,b Angers, France
c
Service de radiologie, Hôpital Saint-Joseph, 185, rue
Raymond-Losserand, 75014 Paris, France
SUMMARY
Introduction. – Many infectious diseases can affect the colon and rectum. Imaging is not specific
to the germs involved, but there are characteristic signs of certain pathogens that can guide and
help the sampling. The objective of this pictorial review is to give radiologists the keys to
differentiate infectious diseases from other causes of non-infectious colitis and to identify the
specificities of certain infectious agents that should be considered to guide the diagnosis.
Recent findings. – The CT scan is the reference examination for the study of the colon. The main
infectious etiologies that the radiologist can evoke on CT are: tuberculosis, amoebiasis, yersi-
nosis, neutropenic colitis and actinomycosis. In all cases, imaging must be interpreted in
association with the patient's clinical and biological data. The main differential diagnoses to
be considered are inflammatory bowel diseases (IBD), ischemic colitis and portal hypertension Auteur correspondant :
colitis. V. Mercier,
Conclusion. – The CT scan lacks etiological specificity but analysis of the topography, type of Service de radiologie, Centre
lesion and associated signs can suggest a diagnosis and help with biological orientation. hospitalier universitaire d'Angers,
© 2022 Société française de radiologie. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 4, rue Larrey, 49100 Angers,
France.
Adresse e-mail :
victormercier06@gmail.com
https://doi.org/10.1016/j.jidi.2022.05.002
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Imagerie des pathologies infectieuses du côlon et du rectum
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Figure 1. Signes sémiologiques de colite en TDM. a : Signe du halo avec rehaussement uniquement de la muqueuse (flèche),
sous*muqueuse hypodense (*) ; b : signe de la cible avec rehaussement muqueux et séreux (flèches), sous-muqueuse hypodense (*) ; c :
rehaussement épais homogène (flèche) ; d : hyperdensité spontanée de la paroi (flèche) signant l'ischémie hémorragique.
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Tableau I. Tropisme topographique privilégié des différents agents infectieux et leurs principaux diagnostics
différentiels.
Topographie Agents infectieux Diagnostics différentiels
Pan colique Escherichia coli Rectocolite hémorragique
Cytomégalovirus Maladie de Crohn
Clostridium difficile Greffon vs hôte (GVH)
Côlon droit Yersiniose, salmonellose, Campylobacter jejuni, amibiase, tuberculose, Maladie de Crohn
Klebsiella oxytoca, actinomycose, colite neutropénique Colite à éosinophiles
Colite d'hypertension portale
Côlon gauche/sigmoïde Schistosomiase, shigellose, rotavirus, actinomycose Rectocolite hémorragique
Colite ischémique
Rectum Chlamydia trachomatis, Neisseria gonorrhoeae, Herpès simplex virus, MICI
Treponema pallidum Rectite caustique
Rectite radique
Rectite traumatique
Figure 2. Yersiniose chez une patiente de 29 ans. TDM abdominopelvienne au temps portal dans les plans axial (a, b) et coronal (c)
montrant un épaississement pariétal touchant principalement la dernière anse iléale (flèche vide) et plus discrètement le cæcum (flèche
pleine). Noter la présence de volumineuses adénomégalies non nécrotiques dans la graisse adjacente (flèches à entaille).
importants que dans les atteintes dues à Campylobacter jejuni L'incubation est courte, de 6 à 48 heures. La sévérité du
ou Salmonella [8]. La yersiniose peut dans de rares cas tableau clinique dépend de la virulence de l'agent pathogène,
entraîner une hépatite granulomateuse et donner une hépa- du degré d'infestation et de la réponse de l'hôte. Le diagnostic
tomégalie hétérogène. repose sur les coprocultures.
En imagerie, l'atteinte pariétale est également iléocolique. Les
lésions peuvent être continues, segmentaires ou discontinues.
Campylobacter jejuni Le côlon gauche et le sigmoïde peuvent également être épais-
Ce germe à Gram négatif agit par invasion directe de la sis, le côlon transverse et rectum sont plus rarement atteints
muqueuse et par production d'une toxine. L'incubation est de [8].
2 à 5 jours. La contamination se fait principalement par voie
alimentaire (ingestion de poulet insuffisamment cuit, de lait cru).
Le tableau clinique est plus bruyant que celui de la yersiniose Entamoeba histolytica (amibiase)
avec une diarrhée plus importante. Le diagnostic est fait sur la Entamoeba histolytica est un protozoaire qui se transmet par la
coproculture ou sur la sérologie [8]. voie orofécale, principalement dans des pays tropicaux où le
En imagerie, l'épaississement pariétal et iléocæcal prédomine parasite est endémique et chez les patients infectés par le
sur le versant colique (à l'inverse de la yersiniose). Un œdème virus de l'immunodéficience humaine (VIH) [9]. Il envahit la
de la valvule iléo-cæcale peut être associé. L'atteinte du côlon muqueuse et la sous-muqueuse colique et crée une apoptose
droit peut se prolonger jusqu'à l'angle droit voire au côlon cellulaire.
transverse. Les patients se présentent généralement avec une histoire de
plusieurs semaines de douleurs abdominales et de diarrhées
sanglantes, avec une maladie préhospitalière rapportée
Salmonella enteritidis d'environ 21 jours. La fièvre n'est pas constante (< 40 %
Ce bacille à Gram négatif est fréquemment dû à des intoxi- des cas).
cations alimentaires. La contamination se fait par ingestion de En imagerie, on distingue la forme aiguë et la forme chronique.
volailles, œufs, produits laitiers et viandes contaminées. Les patients se présentent généralement avec une histoire de
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plusieurs semaines de douleurs abdominales et de diarrhées via le système porte. Ils sont fortement évocateurs du diag-
sanglantes, avec une maladie préhospitalière rapportée nostic s'ils sont synchrones [4]. Attention à ne pas évoquer
d'environ 21 jours. La fièvre n'est pas constante (< 40 % à tort un adénocarcinome colique avec des métastases hépa-
des cas). tiques en cas de présence d'amœbome mimant une pseudo-
À la phase aiguë, l'épaississement de la paroi colique est en masse cæcale.
cible avec atteinte colique principalement à droite mais peut
toucher l'ensemble du côlon.
À la phase chronique, le cæcum peut, même après traite-
ment, prendre une forme conique (la forme de cône du Bacille de Koch (tuberculose)
cæcum peut également être visible dans la tuberculose Le bacille de Koch (BK) ou Mycobacterium tuberculosis est la
intestinale mais il existe très souvent une atteinte de la mycobactérie responsable de la tuberculose. La tuberculose
dernière anse). intestinale peut être la conséquence d'une contamination
L'atteinte subaiguë ou chronique peut entraîner, dans 1,5 à après ingestion de produits laitiers contaminés ou, chez un
8,4 % des cas et principalement dans le cæcum, la formation patient atteint d'une tuberculose pulmonaire, après ingestion
d'amœbomes [9] qui sont des tissus de granulation avec une de sécrétions trachéobronchiques. [5] La dernière anse iléale
fibrose périphérique et une inflammation centrale. En TDM, et le cæcum sont les sites les plus touchés en raison de la
l'amœbome est un épaississement localisé de la paroi pouvant stase du liquide intestinal et de la présence d'un abondant
mimer une tumeur (Fig. 3). tissu lymphoïde [10]. La clinique associe altération de l'état
Les abcès hépatiques sont une complication fréquente consé- général, douleurs abdominales, diarrhées parfois hémorragi-
cutive au franchissement de la muqueuse et à la dissémination ques, masse palpée en fosse iliaque droite dans un cas sur
Figure 3. Amibiase colique chez une patiente de 63 ans. TDM abdominopelvienne au temps portal avec opacification hydrique
(coloscanner) dans les plans axiaux (a, b), coronal oblique (c) et sagittal oblique (d) montrant un important épaississement pariétal irrégulier
du cæcum, pseudo-tumoral, correspondant à un amœbome (flèche pleine) sans atteinte de la dernière anse, un épaississement régulier du
côlon sigmoïde (flèche à entaille) un épanchement périhépatique (*) et des abcès hépatiques synchrones (flèches vides).
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deux, signes cliniques pulmonaires si le patient présente une d'évoquer le diagnostic car le principal diagnostic différentiel
tuberculose pulmonaire active (20 % des cas). est la maladie de Crohn.
Le diagnostic repose sur la culture positive du bacille ou la
mise en évidence de granulome épithélioïde avec nécrose
caséeuse après prélèvements lors d'une coloscopie.
En imagerie, l'épaississement pariétal est asymétrique et pré- Actinomyces israelii
domine en région iléocæcale avec une infiltration de la graisse, Actinomyces israelii est une bactérie anaérobie à Gram positif
mais peut affecter l'ensemble du tractus gastro-intestinal. La présente de manière saprophyte dans le tube digestif et le
présence de volumineuses adénomégalies nécrotiques satel- tractus génital. Le germe devient pathogène lorsque la barrière
lites ou à distance dans la cavité abdominale doit absolument muqueuse est lésée, favorisé par le port prolongé d'un dis-
faire évoquer le diagnostic (Fig. 4) [10]. Plus rarement, la positif intra-utérin (DIU), une chirurgie abdominopelvienne,
valvule iléocæcale peut être hypertrophiée (signe de Fleish- une perforation digestive ou une diverticulite. Actinomyces
ner) [6]. Enfin, tout comme pour les amibes, des lésions israelii produit des enzymes protéolytiques responsables
nodulaires appelées tuberculomes peuvent mimer un adéno- d'une agressivité de l'infection mimant des lésions pseudo-
carcinome colique [11]. Une tuberculose péritonéale peut être tumorales. La clinique est dominée par des douleurs abdomi-
associée [10]. nales, une altération de l'état général et parfois de masses
À la phase chronique, le cæcum peut apparaître hypotro- abdominales palpées. Le diagnostic repose sur l'examen his-
phique et rétracté en forme en cône, et le côlon transverse tologique de prélèvements biopsiques par identification de
lisse et sténosé [5]. Il est primordial pour le radiologue granules actinomycotiques ou par cultures [8].
Figure 4. Tuberculose iléo-cæcale chez un patient de 58 ans. TDM abdominopelvienne au temps portal avec opacification colique par
produit de contraste dans les plans axial (a) et coronal oblique (b, c) montrant un épaississement pariétal (flèches pleines) touchant le
cæcum et la dernière anse iléale, et des adénomégalies nécrotiques dans la graisse adjacente (flèche vide). d : TDM abdominopelvienne
chez une autre patiente de 43 ans atteinte de tuberculose iléocolique avec adénomégalies nécrotiques (flèche vide).
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Figure 5. Actinomycose colique et péritonéale chez une patiente de 42 ans. TDM abdominopelvienne au temps portal dans les plans axial
(a–c) et sagittal oblique (d). Discret épaississement du bas-fond cæcal et des dernières anses iléales (flèches pleines) associé à une
infiltration rétractile de la graisse mésentérique adjacente (*) et des masses péritonéales (flèches vides).
En imagerie, l'épaississement pariétal est souvent irrégulier, être réservé dans les formes où l'atteinte se limite au cæcum
relativement court. Tous les segments coliques peuvent être (Fig. 6).
atteints mais l'atteinte prédomine en région iléocæcale et L'incidence est de 5,6 % chez les adultes hospitalisés pour
sigmoïde. L'infiltration de la graisse est marquée. Les adéno- hémopathie maligne, chimiothérapie ou anémie aplasique
mégalies sont rares et de petite taille (< 2 cm). L'agressivité de [12].
l'infection entraîne des abcès mais également des trajets La pathogenèse exacte de la colite neutropénique n'est pas
fistuleux et des masses (tissu de granulation, fibrose et complètement comprise. Il semblerait qu'elle soit la consé-
nécrose suppurative) épars dans la cavité abdominale quence d'une altération muqueuse due à la neutropénie et
(Fig. 5), voire rétropéritonéaux avec sténose urétérale, ou d'une prolifération de la flore commensale [4,13]. Les patients
dans la paroi abdominale. Il est important pour le radiologue peuvent présenter des douleurs en fosse iliaque droite, de la
de connaître cette entité afin de ne pas évoquer à tort une fièvre, une diarrhée aqueuse ou sanglante. La coloscopie est
carcinose et de risquer l'errance diagnostique. L'ascite est rarement réalisée en raison de la cytopénie et du risque de
rarement présente. perforation. Il n'existe pas de test de laboratoire spécifique.
La TDM est utile pour le diagnostic positif et permet d'éliminer
Colite neutropénique les autres diagnostics différentiels. Elle permet d'apprécier
l'étendue des lésions et de rechercher des complications
Les infections fongiques sont majoritaires dans les colites (perforation, appendicite, abcès et hémorragie, accentuée
neutropéniques. La colite neutropénique affecte très majori- par la cytopénie des patients).
tairement le cæcum et l'iléon terminal. Le terme typhlite doit
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Hypertension portale
La colopathie d'hypertension portale est due à une congestion
veineuse portale chronique qui entraîne une dilatation et une
ectasie des vaisseaux sous-muqueux du côlon. Elle peut
entraîner des saignements chroniques, même en l'absence
de varices, avec une anémie ferriprive. En imagerie, l'épais-
sissement est circonférentiel en halo prédominant au côlon
droit. On retrouve le plus souvent associés les signes d'hépa-
topathie chronique et les autres signes d'hypertension portale
(Fig. 8) [4].
La Fig. 9 résume les différentes atteintes du côlon droit.
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Figure 7. Araneid-limb like sign chez un patient de 50 ans présentant une colite à éosinophiles. TDM abdominopelvienne au temps portal
dans les plans axial oblique (a) et coronal oblique (b) montrant des rehaussements muqueux des plis du côlon droit, associés à un œdème
sous-muqueux créant un aspect en patte d'araignée (flèches).
Figure 8. Colite d'hypertension portale chez une patiente de 46 ans présentant une cirrhose alcoolique. TDM abdominopelvienne au temps
portal dans les plans axial (a) et coronal oblique (b) montrant un épaississement sous-muqueux colique droit (flèches pleines). Noter la
splénomégalie, les voies de dérivations périgastriques (flèche vide) et l'ascite, autres signes d'hypertension portale.
Figure 9. Arbre diagnostique des colites droites en fonction du contexte. DIU : dispositif intra-utérin.
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abdominales, diarrhées et rectorragies, hépatomégalie, ictère traumatisme muqueux et une ischémie [17]. Cliniquement, les
et conséquences d'hypertension portale. patients présentent une douleur assez localisée associée
Après avoir pénétré par voie transcutanée, les larves migrent à une fièvre. La TDM pose le diagnostic, localise et apprécie
par voie circulatoire et atteignent, dans leur forme adulte, la la sévérité selon la classification de Hinchey modifiée (Tableau
veine mésentérique inférieure dont le territoire de drainage est II) [18] [19]. La diverticulite est considérée comme compliquée
le côlon gauche et le sigmoïde. En imagerie, à la phase d'état, à partir du stade Ib.
l'épaississement pariétal du côlon gauche et sigmoïde est En imagerie, il y a une infiltration de la graisse autour du
irrégulier avec des polypes granulomateux et éventuellement diverticule inflammatoire. Ce diverticule pathologique est situé
une fibrose. À la phase chronique, après plusieurs mois voire au centre des anomalies en imagerie, ce qui permet de le
années de contamination, on peut retrouver des calcifications différencier d'une sigmoïdite non diverticulaire. Il est souvent
sous-muqueuses ou sous-séreuses, curvilignes et parallèles associé un épaississement focal de la paroi colique. L'épais-
pariétales du côlon sigmoïde, réalisant un aspect spécifique sissement peut parfois être plus important, notamment en cas
en rail de tramway (tram-track calcifications) [16]. de myochose associée (diverticulite chronique), et prendre un
aspect pseudo-tumoral. On peut également observer un
aspect peigné du mésosigmoïde en raison de l'engorgement
Diverticulite des vaisseaux mésosigmoïdiens.
Les diverticules sont des protubérances de la muqueuse et de Les différentes complications de la diverticulite sont la perfora-
la sous-muqueuse à travers la musculeuse de la paroi intes- tion, l'abcès, la pyléphlébite, l'occlusion intestinale, le saigne-
tinale (faux diverticule) ou une hernie de l'ensemble de la paroi ment du diverticule ou la fistule (la plus fréquente étant la
intestinale (vrai diverticule). L'hypothèse communément fistule colovésicale) (Fig. 10) [20]. Une coloscopie après un
admise est que la diverticulite aiguë se produit lorsqu'un premier épisode de diverticulite est recommandée selon l'HAS
diverticule est obstrué, ce qui entraîne une stase fécale, un (Haute autorité de santé) à 6 semaines lorsque celle-ci est
Figure 10. Diverticulite sigmoïdienne Hinchey Ib chez un patient de 69 ans. TDM abdominopelvienne au temps portal dans les plans
coronal (a) et axial (b) montrant une infiltration de la graisse périsigmoïdienne (flèches vides) sur un côlon diverticulaire, associée à un
abcès inter-sigmoïdo-vésical (flèches pleines) et la présence de gaz intravésical (*) signant la fistule colovésicale.
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Figure 11. Colite ischémique. TDM abdominopelvienne au temps portal dans les plans axial (a) et coronal (b) montrant une colite
ischémique sous la forme humide avec signe de la cible du côlon gauche (flèche vide) et infiltration de la graisse péricolique (flèche pleine)
chez un patient de 38 ans consommateur de cocaïne.
compliquée ou lorsque l'aspect en TDM est évocateur d'une une pneumatose pariétale/aéromésentérie peut apparaître et
lésion sous-jacente [21]. un mégacôlon toxique se développer (Fig. 12).
Même si la plupart des colites ischémiques sont dues à une
hypoperfusion, l'analyse des vaisseaux mésentériques reste
Diagnostics différentiels non infectieux
importante [23] afin de repérer des sténoses ou occlusions
artérielles. Il est donc important de toujours réaliser une acqui-
Rectocolite hémorragique (RCH) sition artérielle abdominopelvienne en cas de suspicion de
Seuls le côlon et le rectum sont touchés dans la rectocolite colite ischémique.
hémorragique, le plus fréquemment de façon diffuse ou uni-
quement à gauche, très rarement seulement à droite [5].
L'épaississement pariétal dans la RCH est symétrique continu,
non transmural, limité à la muqueuse et à la sous-muqueuse. Métaplasie graisseuse (involution graisseuse)
De ce fait, la perforation et le développement d'abcès et de
fistule sont absents dans la RCH. Elle prédomine sur le côlon gauche et mime le signe de la cible
(Fig. 13). C'est une involution graisseuse non pathologique de
la sous-muqueuse qui apparaît épaissie et de densité grais-
Colite ischémique seuse réalisant le signe du halo graisseux ou fat halo sign.
Elle survient principalement chez des patients âgés avec Dans le cadre de la métaplasie graisseuse, l'épaississement
facteur de risque cardiovasculaire. Plus rarement, elle peut n'est pas important, il n'y a pas d'infiltration de la graisse,
survenir chez des patients plus jeunes dans des contextes de d'adénomégalie, de dilatation colique et surtout pas de signe
consommation d'AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) clinique [24]. Elle serait liée à l'obésité et au syndrome
ou de cocaïne, ou d'effort physique intense et prolongé. métabolique.
L'hypoperfusion est de loin la cause principale, suivie de Le signe du halo graisseux peut être visible dans le cadre des
l'occlusion vasculaire. Le côlon gauche et le sigmoïde sont colites liées aux MICI ainsi que dans la maladie du greffon
le plus souvent atteints par cette hypoperfusion en raison de contre l'hôte.
leurs points de faiblesse vasculaire situés entre deux réseaux La Fig. 14 résume les différentes atteintes du côlon gauche et
artériels : l'angle colique gauche (point de Griffith, arcade de du côlon sigmoïde.
Riolan et de Drummond), jonction entre les territoires de
l'artère mésentérique supérieure et de l'artère mésentérique
inférieure, la charnière rectosigmoïdienne (point de Sudeck,
arcade bordante inconstante), jonction entre les territoires de
l'artère mésentérique inférieure et l'artère hypogastrique [22].
On distingue deux formes : une forme aiguë, réversible, que ATTEINTE PAN COLIQUE
l'on appelle humide (wet), et une forme sèche (dry), tardive et
gangréneuse [22]. Dans la forme humide, le côlon est épaissi Causes infectieuses
selon le signe du halo ou de la cible, la graisse mésentérique Les germes touchant de façon préférentielle l'ensemble du
est infiltrée avec parfois de l'épanchement (Fig. 11). Dans la côlon sont Escherichia coli, Clostridium difficile et le cytomé-
forme sèche, la paroi colique ne se rehausse pas et reste fine, galovirus (CMV).
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Figure 12. Mégacôlon toxique chez un patient de 50 ans consécutif à une colite ischémique de forme sèche. TDM abdominopelvienne au
temps portal dans les plans axial (a, b) coronal (c) et sagittal (d) montrant une distension colique majeure associée à une perte des
haustrations (flèches).
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Figure 13. Métaplasie graisseuse du côlon gauche chez une patiente de 61 ans. TDM abdominopelvienne au temps portal montrant
l'épaississement hypodense de la sous-muqueuse colique gauche (d'unité Hounsfield négative) (flèches) sans signe associé (dilatation,
infiltration de la graisse adjacente ou adénomégalie) signant l'involution graisseuse de la paroi colique, non pathologique.
Figure 14. Arbre diagnostique des atteintes coliques gauches et sigmoïdes en fonction du contexte. RCH : rectocolite hémorragique.
Clostridium difficile positif repose sur la mise en évidence des toxines dans les
selles.
Ce germe de type bacille Gram positif prolifère dans un côlon En imagerie, l'atteinte est pan colique avec un épaississement
avec un microbiote altéré (antibiothérapie à large spectre, pariétal important (supracentimétrique) et un signe de l'accor-
MICI, laxatifs, etc.) et produit deux toxines endommageant déon (Fig. 15) (signe néanmoins non spécifique [26]). Le signe
l'épithélium et stimulant la réponse inflammatoire. La nécrose de l'accordéon est dû à l'intense rehaussement muqueux des
de la muqueuse entraîne la formation de pseudo-membranes, haustrations coliques associé à l'important œdème sous-
d'où le terme de colite pseudo-membraneuse [25]. Le tableau muqueux. L'infiltration de la graisse péricolique est discrète
clinique est sévère avec une diarrhée profuse, d'importantes et contraste avec l'épaississement important de la paroi
douleurs abdominales et une fièvre élevée [4]. Le diagnostic colique [25]. L'épanchement est fréquent [25].
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Figure 15. Colite pseudo-membraneuse à Clostridium difficile. TDM abdominopelvienne au temps portal dans le plan axial montrant un
important œdème sous muqueux du côlon transverse avec rehaussement de la muqueuse réalisant un signe de l'accordéon chez un
patient de 56 ans.
Figure 16. Greffon vs hôte (GVH) digestif chez une patiente de 56 ans à 5 mois d'une allogreffe. TDM abdominopelvienne au temps portal
dans les plans axial (a) et coronal (b) montrant un épaississement en halo pan colique (flèches pleines) ainsi qu'une iléite (flèches vides).
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Figure 17. Arbre diagnostique des atteintes pan coliques en fonction du contexte. CMV : cytomégalovirus ; GVH : graft versus host ; SHU :
syndrome hémolytique et urémique.
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Figure 18. Rectite syphilitique chez un patient de 47 ans associé à une hépatite syphilitique avec importante perturbation du bilan
hépatique. TDM abdominopelvienne au temps portal dans les plans axial (a) sagittal (b) et coronal (c) montrant un épaississement rectal
(flèches pleines) associé à des ganglions inflammatoires du mésorectum et rétropéritonéaux (flèches vides). Noter l'hépatosplénomégalie.
d : IRM hépatique T1 FS (fat saturation) artériel montrant des prises de contraste artérielles linéaire en faveur d'une inflammation
péribiliaire en lien avec l'hépatite syphilitique.
Figure 19. Rectite radique chez un patient de 82 ans avec antécédent de radiothérapie pour tumeur de prostate. TDM abdominopelvienne
au temps portal dans les plans axial (a, c) et sagittal (b) montrant un épaississement circonférentiel du rectum et du côlon sigmoïde
(flèches pleines) ainsi que de la vessie (flèches vides) dans le champ d'irradiation en faveur d'une atteinte radique.
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Mise au point V. Mercier et al.
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