Journal d'imagerie diagnostique et interventionnelle 2023;6:51–64

Mise au point

Lésions du compartiment médial de

la cheville chez le sportif
Sport-related injuries of the medial ankle

D. Gicquel a a
Service de Radiologie du Groupement Hospitalier
O. Fantino a,b Sud, Hospices Civils de Lyon, 165, chemin du Grand
N. Stacoffe a Revoyet, 69495 Pierre-Bénite, France
J.-B. Pialat a,c b
Service d'imagerie, Clinique du Parc, 155, boulevard
de Stalingrad, 69006 Lyon, France
c
Faculté de Médecine et Maïeutique Lyon-Sud,
Université Claude Bernard Lyon 1, 165, chemin du
Petit Revoyet, 69921 Oullins, France

Reçu le 18 février 2022 ; accepté le 27 mai 2022

Disponible en ligne sur ScienceDirect le 30 juin 2022

RÉSUMÉ MOTS CLÉS

Introduction. – L'entorse de cheville constitue le traumatisme le plus fréquent au quotidien et Compartiment médial de
dans la pratique sportive. La connaissance de l'anatomie ostéoligamentaire et tendineuse du cheville
compartiment médial de la cheville est indispensable pour bien décrire les lésions en imagerie et Ligament deltoïde
reconnaître les lésions traumatiques potentiellement graves afin de proposer une prise en Lésions ligamentaires
charge adaptée. Anatomie
Données récentes. – Le plan ligamentaire collatéral médial est le plus souvent affecté par Sportif
contrecoup en cas d'entorse latérale. Le complexe ligamentaire est composé d'un plan super-
ficiel et profond dont les structures sont importantes à identifier en échographie et en IRM pour KEYWORDS
faire un diagnostic lésionnel précis, et évoquer un conflit en cas de symptomatologie évocatrice. Medial ankle
Bien que moins fréquentes que les lésions dégénératives, les lésions traumatiques du spring Deltoid ligament
ligament et du tendon tibial postérieur ne doivent pas être méconnues ou confondues avec une Anatomy
entorse collatérale médiale. Enfin, les neuropathies du nerf tibial et de ses branches peuvent Sports injuries
également être impliquées en cas de pathologies traumatiques et microtraumatiques de la région
médiale de la cheville.
Conclusion. – La connaissance de l'anatomie ostéoligamentaire et tendineuse et des méca-
nismes lésionnels associés permet au radiologue d'établir un bilan lésionnel précis et de
reconnaître les lésions traumatiques pour orienter vers une prise en charge adaptée.
© 2022 Société française de radiologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

SUMMARY
Introduction. – Ankle sprains are the most common traumas in everyday life and in sports. The
knowledge of the osteoligamentous and tendinous anatomy of the medial ankle is essential to
describe the lesions and to recognize potentially serious traumatic lesions in order to propose
appropriate treatment.
Recent findings. – The medial collateral ligament complex is most often affected in the event of a
lateral sprain. The ligament complex is composed of superficial and deep components whose Auteur correspondant.
structures are important to identify on ultrasound and MRI in order to make a precise diagnosis of D. Gicquel,
the lesion. Associated impingement syndromes are also presented in this article. Although less 7, rue Saint-Jean, 69005 Lyon,
France.
frequent than degenerative lesions, traumatic lesions of the spring ligament and the tibialis
Adresses e-mail :
posterior tendon must not be confused with a medial collateral sprain. Finally, tibial nerve gicquel.david@outlook.com,
dysfunction can also be involved in cases of traumatic and microtraumatic pathologies of the ofantino69@gmail.com,
medial ankle region. nicolas.stacoffe@chu-lyon.fr,
jean-baptiste.pialat@chu-lyon.fr

https://doi.org/10.1016/j.jidi.2022.05.008
© 2022 Société française de radiologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
51

© 2023 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 09/03/2023 par sfr sfr (473966). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
 Mise au point D. Gicquel et al.

Conclusion. – Awareness of the osteoligamentary and tendinous anatomy and the associated lesional mechanisms allows the
radiologist to establish a precise lesion assessment and to recognize traumatic lesions.
© 2022 Société française de radiologie. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

INTRODUCTION Exploration échographique

L'entorse de cheville constitue le traumatisme le plus fréquent
au quotidien et dans la pratique sportive. Elle intéresse essen-
tiellement le plan collatéral latéral mais le compartiment médial
est également souvent affecté, le plus souvent par contrecoup,
parfois de façon primaire.
Bien que peu fréquentes, les lésions ostéoligamentaires et
tendineuses du compartiment médial de la cheville peuvent
être méconnues voire confondues avec d'autres pathologies.
Leur diagnostic est pourtant fondamental pour permettre une
prise en charge adaptée. L'anatomie du plan ligamentaire
médial est complexe, mais doit être connue pour bien décrire
les lésions en échographie et en IRM.
Elle est réalisée sur un ligament en tension par des coupes
longitudinales dans le grand axe des ligaments. On distingue
schématiquement 3 composantes fonctionnelles et anatomi-
ques, à explorer séparément [4] :
 la composante antérieure constituée des faisceaux tibiona-
viculaire et tibiospring, explorée sur une cheville en flexion
plantaire ;
 la composante intermédiaire, constituée des faisceaux tibio-
calcanéen superficiel et tibiotalien postérieur en profondeur,
explorée sur une cheville en position neutre ;
 la composante postérieure, constituée du faisceau tibiota-
lien profond, explorée sur une cheville en flexion dorsale.

Exploration IRM
L'IRM de cheville doit bénéficier d'une antenne dédiée, sur
une cheville en position neutre. Le plan sagittal est perpen-
diculaire au plan bimalléolaire. Le plan coronal est parallèle
Ligament collatéral médial au plan bimalléolaire centré sur l'articulation talocrurale. Le
plan axial est perpendiculaire au tibia, dans l'axe du talus.
Anatomie et exploration en imagerie Au moins une séquence en T1 doit être réalisée pour éva-
luer la moelle osseuse et l'os sous-chondral, mais elle per-
Le ligament collatéral médial (ou ligament deltoïde) constitue met aussi notamment en coronal d'évaluer le signal des
un large éventail ligamentaire continu constitué d'un plan ligaments. Des séquences pondérées en T2 doivent être
superficiel et d'un plan profond. Ses différents composants acquises dans les 3 plans de l'espace. Certains radiologues
sont nommés d'après leurs sites d'insertion. Il constitue un préfèrent les séquences en DP (densité de protons) du fait
stabilisateur essentiel des articulations talocrurale, subtalaire une séquence du meilleur contraste entre le cartilage et le
et transverse du tarse (Chopart) [1]. liquide, mais cette séquence est plus sensible aux artefacts
Le plan ligamentaire superficiel assure la stabilité rotatoire. Il
s'insère sur le colliculus antérieur de la malléole médiale, et est
constitué de 3 faisceaux principaux :
 le faisceau tibionaviculaire, d'épaisseur variable, partageant
son insertion distale sur l'os naviculaire avec le tendon tibial
postérieur et le spring ligament ;
 le faisceau tibiospring qui s'insère sur le faisceau supér-
omédial du spring ligament ;
 le faisceau tibiocalcanéen qui s'insère sur le sustentaculum
tali, au contact du tendon tibial postérieur et du rétinaculum
des fléchisseurs en superficie.
À l'état normal, l'insertion antérieure du plan ligamentaire
superficiel se fait sur le périoste de la malléole médiale, lui-
même en continuité avec le rétinaculum des fléchisseurs. Cet
ensemble anatomique formé par le ligament deltoïde super-
ficiel, le périoste et le rétinaculum des fléchisseurs explique
l'association entre les lésions ligamentaires médiales du plan
superficiel et les lésions rétinaculaires [2].
Le plan ligamentaire profond assure la stabilité en éversion de
la cheville. Il prend naissance sur le sillon intercolliculaire et sur
le colliculus postérieur et est constitué de 2 faisceaux :
 le faisceau tibiotalien antérieur ;
 le faisceau tibiotalien postérieur, qui correspond au faisceau Figure 1. Représentation schématique du plan ligamentaire médial
le plus résistant, tendu presque horizontalement entre la (de gauche à droite) : le plan superficiel (en vert clair) composé des
malléole médiale et le talus (Fig. 1). ligaments talonaviculaire, tibiospring qui s'insère sur le faisceau
Le ligament tibiotalien postérieur constitue le faisceau le plus supéromédial du spring ligament (en orange) et tibiocalcanéen; le
résistant, suivi du ligament tibiospring. Les faisceaux tibiocal- plan profond composé des ligaments tibiotalien antérieur et
canéen et tibionaviculaire sont moins résistants [3]. tibiotalien postérieur (en vert foncé).

52

© 2023 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 09/03/2023 par sfr sfr (473966). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
 Lésions du compartiment médial de la cheville chez le sportif
Mise au point

d'angle magique et moins sensible à l'eau. La séquence
T2 Dixon offre une alternative intéressante, combinant une
série avec graisse (in) et une série avec saturation de la
graisse (water). Les séquences 3D sont particulièrement
utiles pour l'analyse ligamentaire. Les séquences avec
graisse, T1 et DP sont très anatomiques.
En IRM, les différents composants du ligament collatéral
médial sont visualisés sur des coupes axiales et coronales.
Les ligaments tibiotalien postérieur et tibiospring sont visua-
lisés de manière constante [5]. Le ligament tibiotalien posté-
rieur présente un aspect strié sur la séquence T1 et DP du fait
de la présence de graisse entre ses fibres. Il correspond au
faisceau le plus épais mesurant en moyenne 8,2 mm d'épais-
seur (6 à 11 mm). Il présente un signal T1 intermédiaire et un
signal T2 variable. Le ligament tibiospring est également
visualisé sur des coupes coronales, mesure en moyenne
2 mm d'épaisseur et présente un signal variable en T1, et
un hyposignal T2 homogène.
Le ligament tibiocalcanéen correspond au faisceau le plus fin,
mesurant en moyenne 1,2 mm d'épaisseur et visualisé chez
88 % des sujets sur des coupes coronales [5]. Il présente un
signal T1 intermédiaire et un hyposignal T2 homogène.
La distinction des ligaments tibionaviculaire et tibiotalien
antérieur est inconstante, visualisés chez 55 % des sujets
[5]. Ils mesurent en moyenne respectivement 1,6 et 2 mm
d'épaisseur et présentent un signal T1 intermédiaire
homogène, et un signal T2 variable. Le ligament tibiona-
viculaire est visualisé sur des coupes axiales ou corona-
les, le ligament tibiotalien antérieur sur des coupes
coronales (Fig. 2).

Figure 2. IRM 3D T1 TSE (turbo spin echo) coupes coronales obliques retrouvant (a) le ligament tibiotalien antérieur en profondeur (tête de
flèche jaune), le ligament tibiospring en superficie (tête de flèche bleue) s'insérant sur le faisceau supéromédial du spring (tête de flèche
violette) ; (b) sur une coupe coronale légèrement oblique, le ligament tibiotalien postérieur en profondeur (tête de flèche verte) avec le
ligament tibiocalcanéen en superficie (tête de flèche rouge), le tendon tibial postérieur (tête de flèche orange) encore plus superficiel
recouvert par le rétinaculum des fléchisseurs (flèche orange) ; (c) le ligament tibiotalien postérieur (tête de flèche verte) présentant des
stries graisseuses en hypersignal T1. d : Coupe échographique du plan ligamentaire intermédiaire retrouvant le ligament tibiocalcanéen
tendu jusqu'au sustentaculum tali, avec en profondeur le ligament tibiotalien postérieur. e : Coupe échographique du plan ligamentaire
postérieur retrouvant le ligament tibiotalien postérieur parsemé de stries graisseuses hyperéchogènes. MAL : malléole médiale ; ST :
sustentaculum tali ; TAL : talus.

53

© 2023 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 09/03/2023 par sfr sfr (473966). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
 Mise au point D. Gicquel et al.

Aspects pathologiques spring ligament ou syndesmose) [3,6]. Si elles peuvent être

Lésions traumatiques aiguës
Les lésions du ligament deltoïde sont rarement isolées (3 à 4 %
des cas) et surviennent le plus souvent dans un contexte de
fractures de cheville (78 % des cas) ou en association à d'au-
tres lésions ligamentaires (complexe ligamentaire latéral,
associées, les lésions du plan superficiel sont plus fréquentes
que celles du plan profond [3]. Il faut autant que possible
essayer de les distinguer.
Les lésions surviennent le plus fréquemment lors d'un trau-
matisme en éversion–rotation latérale en association à des
lésions ligamentaires latérales [7]. Le plan ligamentaire pro-
fond se retrouve écrasé entre la malléole médiale et la joue

Figure 3. Bilan d'entorse. a : Radiographie centrée sur la malléole médiale. Impaction de la malléole médiale contre la joue médiale du
talus, stigmates de traumatisme en inversion. b : Coupe échographique du ligament tibiotalien postérieur. Infiltration hypoéchogène du
ligament avec perte du caractère graisseux des fibres ligamentaires et hypervascularisation en doppler couleur. c et d : IRM coronale T1 et
DP Fat-Sat. Perte de la striation graisseuse en T1, œdème osseux du versant médial du talus et du sustentaculum tali par contrecoup.
MAL : malléole médiale ; TAL : talus.

54

© 2023 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 09/03/2023 par sfr sfr (473966). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
 Lésions du compartiment médial de la cheville chez le sportif
Mise au point

médiale du talus. Ces lésions sont classiquement appelées

« lésions de contrecoup médial » dans un contexte d'entorse
latérale. Il faut rechercher des lésions associées, notamment
osseuses de la malléole médiale et de la joue médiale du talus
La composante rotatoire du mécanisme peut induire des
lésions du ligament deltoïde superficiel (Fig. 3) [8].
Plus rarement, les lésions du ligament deltoïde peuvent sur-
venir dans un contexte de traumatisme en valgus–éversion de
cheville, les forces d'abduction mettent en tension le ligament
qui se distend ou se rompt, ou qui entraîne une fracture de la
malléole médiale. Dans les cas plus sévères, il existe une
fracture associée de la fibula ou une lésion de la syndesmose
tibiofibulaire (Fig. 4) [7].
En IRM, l'étude ligamentaire se fait principalement dans le plan
axial et le plan coronal. Les lésions sont de gravité croissante
en fonction de l'importance du traumatisme, généralement
classées en 3 grades. Le grade 1 correspond à une distension
simple avec infiltration œdémateuse périligamentaire et une
perte de l'aspect fibrillaire strié physiologique. Les lésions plus
sévères correspondent à une rupture partielle (grade 2) ou
complète (grade 3) avec une solution de continuité en hyper-
signal T2 liquidien.
Hintermann a proposé de classer les lésions du ligament
deltoïde superficiel suivant le niveau lésionnel [9] :
 les lésions de type I correspondent à une avulsion ligamen-
taire ou rupture ligamentaire proximale et sont de loin les
plus fréquentes (72 % des cas) ;
 les lésions de type II correspondent aux ruptures « en plein
corps » (10 % des cas) ;
 les lésions de type III correspondent à une avulsion liga-
Figure 4. Bilan d'entorse. IRM coronale DP Fat-Sat retrouvant une
mentaire ou rupture ligamentaire distale (19 % des cas). solution de continuité du plan ligamentaire superficiel (flèches) ainsi
Les lésions du ligament deltoïde superficiel ne sont associées que du ligament tibiotalien postérieur profond « en plein corps »
à des lésions de la composante profonde que dans moins de (tête de flèche), signant un traumatisme violent. Contusion de la
50 % des cas [3,10]. malléole latérale et lésion chondrale focale du coin supérolatéral du
Il faut particulièrement être attentif à la zone d'attache pério- talus avec décollement cartilagineux en lien avec le traumatisme en
stée du ligament deltoïde superficiel, visualisée à la partie éversion.
antéromédiale de la malléole médiale sur les coupes axiales.
Il faut rechercher un œdème périligamentaire en hypersignal
T2 intermédiaire, une discontinuité ligamentaire partielle, voire
complète avec visualisation d'un hypersignal T2 liquidien entre Cicatrisation anormale et conflits
le ligament et la malléole médiale [7].
Lors de la cicatrisation ligamentaire, l'hématome initial tend
Les lésions du ligament deltoïde profond surviennent « en
à s'organiser, et la continuité ligamentaire est souvent restau-
plein corps » [11,12] ou au niveau de son insertion distale
rée pour aboutir à un ligament cicatriciel plus épais [13].
[3]. Les lésions du ligament deltoïde profond sont le plus
Les entorses peuvent être sources de séquelles plus ou moins
souvent de grade 1 ou 2. Le ligament tibiotalien postérieur
importantes avec douleurs résiduelles ou instabilité. Une
ayant un signal T2 physiologique très variable, l'hypersignal
étude a montré que les lésions du ligament deltoïde étaient
T2 dans les lésions de grade 1 est peu spécifique et de faible
présentes chez 72 % des patients atteints d'instabilité chro-
valeur diagnostique. Il faut plutôt s'atteler à rechercher une
nique latérale de cheville [10].
perte du contenu graisseux en T1, notamment sur les coupes
Lors de traumatismes répétés, la cicatrisation peut donner lieu
coronales. Les ruptures complètes du ligament sont moins
à un processus cicatriciel hypertrophique, vascularisé pouvant
fréquentes et dans la majorité des cas associées à des lésions
s'accompagner de calcifications, d'enthésopathies. Ceci peut
de la composante superficielle [10].
être à l'origine d'un conflit provoquant douleurs chroniques,
Il faut également rechercher des lésions associées notamment
remodelage osseux, synovite réactionnelle et chondropathie
du rétinaculum des fléchisseurs étant donné la continuité
secondaire.
anatomique entre le ligament deltoïde superficiel et le rétina-
Bien que le diagnostic de conflit soit clinique, l'échographie
culum, mais aussi du tendon tibial postérieur, des lésions
avec doppler et surtout l'IRM sont parfois utiles pour confirmer
ligamentaires latérales, des lésions de la syndesmose [7].
le diagnostic.
En l'absence de fracture associée, les lésions traumatiques
Les microtraumatismes engendrés par un pied-plat valgus
aiguës du ligament deltoïde bénéficient d'un traitement
peuvent également être à l'origine de lésions chroniques du
conservateur et la reconstruction chirurgicale reste limitée
ligament collatéral médial, associés à des remaniements du
aux cas d'instabilité médiale sévère et aux sportifs de haut
spring ligament.
niveau [9].

55

© 2023 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 09/03/2023 par sfr sfr (473966). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
 Mise au point D. Gicquel et al.

Conflit antéromédial séquellaire ou de la synoviale sous-jacente. Les radiographies

Le mécanisme de survenue n'est encore pas élucidé. Le conflit
antéromédial serait la conséquence d'un épaississement du
ligament tibiotalien antérieur ou d'une formation synoviale
hypertrophique à la partie antérieure de ce ligament sur-
venu(e) dans les suites de traumatismes répétés [6,14]. Les
douleurs sont réveillées à la dorsiflexion du pied. L'IRM peut
montrer un épaississement du ligament tibiotalien antérieur,
une anomalie tissulaire cicatricielle fibreuse à la partie anté-
rieure de la malléole médiale en hyposignal T2 ou de signal
T2 intermédiaire contrastant avec le liquide synovial adjacent
en hypersignal T2 liquidien [7], ou encore des anomalies
ostéochondrales du talus [6]. L'injection de produit de
contraste n'est pas réalisée en 1re intention mais elle peut
compléter l'examen pour mieux mettre en évidence des rema-
niements inflammatoires résiduels du ligament hypertrophique
et la TDM peuvent montrer un ostéophyte dans le récessus
antéromédial qui peut être méconnu en IRM [14]. L'arthro-IRM
(ou à défaut l'arthro-TDM) peut également aider au diagnostic
en mettant en évidence un comblement tissulaire irrégulier
dans le récessus antéromédial à la partie antérieure du liga-
ment tibiotalien antérieur (Fig. 5) [15].
Conflit postéromédial
Il survient dans les suites d'un traumatisme en inversion. Ce
type de conflit intéresse spécifiquement le ligament tibiotalien
profond qui, comprimé entre la joue du talus et la malléole
médiale, s'hypertrophie et développe une réaction fibreuse.
Une fois que les douleurs liées aux lésions ligamentaires
latérales ont disparu, les patients se plaignent de douleurs
postéromédiales en lien avec le ligament épaissi [6,16]. L'IRM

Figure 5. Patient de 29 ans aux antécédents d'entorses multiples au foot datant de plusieurs années. Douleurs antéromédiales à la pratique
du sport, reproduites à la palpation. IRM sagittale T1 TSE (a) et coronale DP Fat-Sat (b). Arrachement osseux ancien corticalisé, avec
persistance d'un œdème du spongieux de la malléole médiale à sa partie antérieure (tête de flèche). IRM T1 Fat-Sat après injection de
gadolinium en coupes coronale (c) et axiale (d) retrouvant une prise de contraste capsulosynoviale et ligamentaire des fibres antérieures du
ligament collatéral médial au voisinage de l'arrachement osseux (flèches) témoignant du processus cicatriciel fibrosant.

56

© 2023 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 09/03/2023 par sfr sfr (473966). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
 Lésions du compartiment médial de la cheville chez le sportif
Mise au point

est l'imagerie de choix pour à la fois identifier les anomalies
ligamentaires postéromédiales, les lésions ligamentaires laté-
rales et ne pas méconnaître une lésion ostéochondrale [14].
L'IRM objective un comblement fibreux du plan ligamentaire
profond qui perd son aspect strié de graisse en T1. Il peut
exister des anomalies œdémateuses en hypersignal T2 de l'os
adjacent. L'injection intraveineuse de gadolinium n'est réalisée
que si les lésions de synovite sont difficiles à mettre en évi-
dence sur les séquences T1 et T2. L'échographie recherche
une infiltration hypoéchogène du plan ligamentaire profond qui
perd son aspect strié de graisse hyperéchogène, avec hyper-
hémie en doppler au sein du plan ligamentaire. La bonne
résolution spatiale de l'échographie permet de mettre en évi-
dence des avulsions ligamentaires, des calcifications ou ossi-
fications intraligamentaires qui peuvent être méconnues en
IRM (Fig. 6).
Spring ligament
Le spring ligament ou ligament calcanéonaviculaire plantaire
est tendu du sustentaculum tali à l'os naviculaire. Il constitue le
principal stabilisateur médial de l'articulation transverse du
tarse et de l'arche médiale de la cheville avec le ligament
collatéral médial. Il forme un hamac et lutte contre le dépla-
cement inférieur et médial de la tête du talus.
Anatomiquement, il peut être divisé en 3 faisceaux principaux
[17] (Fig. 7) :
 le faisceau supéromédial, correspondant au faisceau le plus
long et le plus résistant mesurant en moyenne 3,2 mm
d'épaisseur (entre 2 et 5 mm). Il est tendu entre le susten-
taculum tali et la berge supéromédiale de l'os naviculaire. Il
est croisé en superficie par le tendon tibial postérieur dont il
est séparé par une interface de tissu conjonctif. Il est rejoint
par le haut par le ligament tibiospring. Il s'articule avec la tête
du talus grâce à un fibrocartilage ;
 le faisceau médioplantaire oblique, plus fin (2,8 mm d'épais-
seur en moyenne), qui naît en avant de la facette articulaire
moyenne du calcanéus, tendu de façon oblique en haut et
en avant jusqu'à la tubérosité de l'os naviculaire ;
 le faisceau inféroplantaire horizontal, qui naît du calcanéus
en avant du faisceau médioplantaire oblique, tendu jusqu'au
versant postéromédial de l'os naviculaire. Il correspond au
faisceau le plus court et le plus épais (en moyenne 4 mm
d'épaisseur).
Le faisceau supéromédial est à la fois le faisceau le plus
important sur le plan fonctionnel et le plus souvent impliqué
en pathologie. Il est accessible à une réparation chirurgicale.
Les faisceaux plantaires sont localisés en profondeur et sont
peu accessibles chirurgicalement [7].
Exploration échographique et IRM
En échographie, le faisceau supéromédial est bien exploré sur
une coupe longitudinale parallèle au tendon tibial postérieur
distal en profondeur du tendon tibial postérieur. Le plan infé-
rieur est beaucoup plus difficile à explorer en raison de son
caractère profond [4].
En IRM, le faisceau supéromédial est visible de façon cons-
tante en coupes axiales ou coronales. Il présente un signal
T1 intermédiaire et un hyposignal T2 [17]. Il peut être difficile
à distinguer du tendon tibial postérieur en distalité en raison de
leur insertion commune sur l'os naviculaire [18]. Le faisceau
médioplantaire oblique est visualisé sur des coupes axiales
obliques (ou axiales avec pied en discrète flexion plantaire) et
présente un aspect strié en T1 et T2 du fait de la présence de
graisse au sein de ses fibres. Il est bien dissociable du fais-
ceau inféroplantaire horizontal dont il est séparé par de la
graisse. Le faisceau inféroplantaire horizontal est exploré
sur des coupes coronales et apparaît en signal
T1 intermédiaire et présente un signal T2 variable. Certains
auteurs recommandent le plan sagittal pour explorer ce fais-
ceau ligamentaire, en faisant toutefois attention à ne pas le
confondre avec le ligament bifurqué situé latéralement à celui-
ci [18].

Figure 6. Bilan de douleurs résiduelles à 3 mois d'un traumatisme en rotation interne et varus forcé suite à un tacle au foot. a : IRM
coronale DP Fat-Sat en coupe coronale. Persistance d'un hypersignal œdémateux des fibres du ligament tibiotalien postérieur ; le ligament
tibiocalcanéen paraît anormalement épais. IRM T1 Fat-Sat après injection de gadolinium en coupes coronale (b) et axiale (c) : nette prise
de contraste après injection centrée sur le ligament tibiotalien postérieur profond et le ligament tibiocalcanéen (flèches), traduisant le tissu
fibreux cicatriciel ligamentaire.

57

© 2023 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 09/03/2023 par sfr sfr (473966). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
 Mise au point D. Gicquel et al.

Figure 7. a : Coupe échographique axiale oblique dans le grand axe du spring ligament. Le spring ligament apparaît hyperéchogène
fibrillaire. Le tendon tibial postérieur est coupé obliquement en superficie. b et c : IRM axiale DP Fat-Sat. Le faisceau supéromédial est bien
individualisé en profondeur du tendon tibial postérieur (b). Les faisceaux inférieurs sont séparés par un plan graisseux, bien explorés ici en
coupes axiales avec pied en légère flexion plantaire (c). d : IRM sagittale DP Fat-Sat individualisant mieux les faisceaux inférieurs. CALC :
calcanéus ; NAV : naviculaire ; TP : tibial postérieur.

Lésions traumatiques aiguës du spring ligament

Elles sont assez rares, survenant lors d'un traumatisme de
haute énergie en valgus forcé (réception de saut notamment)
(Fig. 8). Les lésions dégénératives chroniques du spring liga-
ment décompensées par l'activité sportive sont plus fréquen-
tes, souvent associées à celles du tendon tibial postérieur
avec évolution vers un pied plat valgus.
Les radiographies de profil en charge peuvent montrer une
subluxation dorsale de l'os naviculaire par rapport à la tête du
talus [19,20].
En échographie, une laxité ligamentaire doit être évoquée
devant une augmentation de son épaisseur supérieure Figure 8. Bilan d'entorse. Coupe échographique centrée sur le
à 5,5 mm, une perte de son aspect fibrillaire et une augmenta- spring ligament : mise en évidence une rupture complète du spring
tion de la vascularisation intra et périligamentaire (Fig. 9) [21]. ligament avec un tendon tibial postérieur (intègre) qui se retrouve
En IRM, la laxité ou rupture du faisceau supéromédial est directement en contact avec la tête du talus. TP : tibial postérieur.
évoquée devant une augmentation de signal T2 (signe le plus
sensible présent dans 100 % des cas), la présence d'une
anomalie de calibre du ligament (épaississement ligamentaire
proximal > 5 mm dans 86 % des cas, amincissement distal
fréquemment retrouvée (92 % des cas) en cas d'atteinte du
< 2 mm dans 36 % des cas). De façon moins fréquente, il peut
spring ligament [23].
exister une interruption (79 % des cas) ou un aspect détendu
du ligament (« en vague » dans 64 % des cas). Il faut recher-
cher des lésions associées notamment du tendon tibial pos- Tunnel tarsien
térieur, du ligament collatéral médial [22]. Une autre étude plus
récente est en accord avec ces données, confirmant que Anatomie
l'épaississement ligamentaire proximal supérieur à 5 mm du Le tunnel tarsien est un tunnel ostéofibreux situé en arrière et
faisceau supéromédial est l'anomalie IRM la plus en dessous de la malléole médiale, entre le tendon long

58

© 2023 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 09/03/2023 par sfr sfr (473966). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
 Lésions du compartiment médial de la cheville chez le sportif
Mise au point

Figure 9. Bilan échographique et IRM à 1 semaine d'une entorse chez un patient d'une trentaine d'années gymnaste. a : Coupes
échographiques jointives retrouvant un aspect épaissi du spring ligament, désorganisé et hypoéchogène en échographie. Doute sur un
arrachement osseux de son insertion distale naviculaire. IRM T1 TSE en coupe axiale (b) et IRM DP Fat-Sat en coupe axiale (c) retrouvant
un net épaississement du faisceau supéromédial (flèches) avec rupture corticale au niveau de son enthèse distale (tête de flèche).

fléchisseur de l'hallux en profondeur et les vaisseaux tibiaux
en avant. Il est fermé en superficie par le rétinaculum des
fléchisseurs, et limité en profondeur par le plancher osseux
constitué du talus et du calcanéus.
Il peut être divisé anatomiquement en deux étages, séparés
par le muscle abducteur de l'hallux [24] :
 tunnel tarsien proximal rétromalléolaire médial, contenant
les tendons fléchisseurs et le paquet vasculonerveux tibial.
Le nerf tibial donne ici le plus souvent une branche : le nerf
calcanéen médial ;
 tunnel tarsien distal sous-malléolaire et plantaire médial,
entre le muscle abducteur de l'hallux en superficie et le
muscle carré plantaire en profondeur. Il contient les deux
branches de division terminales du nerf tibial : le nerf plan-
taire médial, le nerf plantaire latéral, ainsi que le nerf calca-
néen latéral.
Nerf calcanéen médial
C'est un nerf de petit calibre, sujet à de nombreuses variations
anatomiques. Il naît le plus souvent du nerf tibial, juste en
amont ou dans le tunnel tarsien proximal. C'est un nerf pure-
ment sensitif, innervant la peau du versant postéromédial du
talon.

59

© 2023 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 09/03/2023 par sfr sfr (473966). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
 Mise au point
Nerf plantaire médial
Il chemine entre le muscle abducteur de l'hallux et la face
médiale du calcanéus, puis dans la région plantaire à la face
superficielle du tendon fléchisseur des orteils entre les
muscles abducteur de l'hallux et court fléchisseur des
orteils.
Nerf plantaire latéral
Il se dirige latéralement et chemine entre les muscles court
fléchisseur des orteils et carré plantaire. Il donne une branche
de division, le nerf calcanéen inférieur chargé de l'innervation
du muscle abducteur du 5e orteil et du périoste de la grosse
tubérosité calcanéenne, dont l'atteinte se nomme la neuropa-
thie de Baxter.
Exploration échographique et IRM
L'examen échographique du tunnel tarsien se fait par un
balayage axial avec analyse du nerf tibial, puis du plantaire
médial et du plantaire latéral. Le doppler permet de repérer le
pédicule vasculaire accompagnant le nerf. Le nerf calcanéen
médial est d'exploration plus difficile.
L'échopalpation est particulièrement utile afin de rechercher
un signe de Tinel échographique, reproduisant la symptoma-
tologie et aidant à localiser la pathologie.
L'échographie peut objectiver la neuropathie se traduisant par
un épaississement du nerf. Elle est en revanche moins sen-
sible pour détecter les atteintes musculaires neurogènes dans
le cadre de la dénervation. Elle permet aussi de rechercher un
élément compressif. Les étiologies sont multiples (cf. infra). Il
est fondamental de prévoir un temps d'exploration debout pour
démasquer des dilatations veineuses ou des compressions
d'origine osseuse en charge [25].
L'IRM profite du contraste naturel entre la graisse et le
nerf sur la séquence T1. Les séquences T2 Fat-Sat
( fat saturation) avec TE (temps d'écho) tardif permettent
de rechercher des signes de neuropathie et des signes de
dénervation des muscles. Le principal inconvénient de l'IRM
est sa résolution spatiale inférieure à celle de l'échographie,
pouvant rendre le diagnostic de simples neuropathies diffi-
cile (Fig. 10).
Aspects pathologiques
Le syndrome du tunnel tarsien correspond à une compression
ou un étirement du nerf tibial ou de l'une de ses branches lors
de leur trajet dans le tunnel tarsien.
Le diagnostic est avant tout clinique, et peut être confirmé en
électrophysiologie. Le patient présente des douleurs à type de
brûlures, de paresthésies, voire d'hypoesthésies intéressant le
talon, la plante du pied et pouvant irradier jusqu'aux orteils. Un
signe de Tinel est parfois retrouvé à la percussion ou à la
palpation du nerf tibial et de ses branches de division. Un
trouble de la sensibilité doit être attentivement recherché. Le
déficit moteur est rare.
La neuropathie est objectivée par une augmentation de la
surface axiale du nerf tibial. La mesure la plus intéressante
est le ratio entre la surface à l'endroit où le nerf est le plus
épaissi et une zone normale de référence située 10 cm au-
dessus du tunnel [26].
On recherche une étiologie compressive, retrouvée dans 60 à
80 % des cas dont les causes peuvent être multiples :
60
© 2023 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 09/03/2023 par sfr sfr (473966). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
D. Gicquel et al.
 origine traumatique : séquellaire d'une fracture, d'une
entorse, parfois iatrogène suite à un geste chirurgical avec
lésion du nerf ou processus fibrosant compressif ;
 origine musculaire : secondaire à l'hypertrophie d'un muscle
(long fléchisseur de l'hallux, soléaire) ou liée à la présence
d'un muscle accessoire (muscle long fléchisseur accessoire
des orteils ou de l'hallux, soléaire accessoire, etc.) (Fig. 11) ;
 étiologies osseuses (synostose talocalcanéenne, hypertro-
phie du sustentaculum tali, etc.), articulaires (arthrose, syno-
vites, etc.) ;
 troubles statiques, notamment pied plat valgus, avec un
talus venant contre le nerf en position debout ;
 étiologies vasculaires (dilatation des veines, anévrisme arté-
riel ou veineux, thrombose, malformations, etc.).
Le siège de la douleur neuropathique et des troubles sensitifs
ainsi que les structures musculaires présentant des signes de
dénervation permettent de déterminer le ou les nerfs en cause.
DIAGNOSTICS DIFFÉRENTIELS
Pathologies traumatiques aiguës du tendon tibial
postérieur
Comme pour les lésions du spring ligament, les lésions du
tendon tibial postérieur sont essentiellement des décompen-
sations d'un tendon dégénératif sur pied plat valgus. Les
lésions traumatiques sont plus rares et surviennent chez le
sujet jeune et sur tendon sain [27].
La rupture aiguë du tendon tibial postérieur peut survenir de
façon isolée ou dans un contexte de fracture de cheville,
notamment lors des traumatismes en inversion–rotation laté-
rale. Elle ne doit pas être méconnue et prise à tort pour une
entorse collatérale médiale, puisque si elle est méconnue
l'évolution se fera vers un pied plat valgus. L'échographie et
l'IRM objectivent la rupture avec un aspect de gaine tendi-
neuse vide, et permettent d'évaluer la rétraction tendineuse.
Les radiographies simples peuvent montrer un arrachement
de la tubérosité de l'os naviculaire.
La luxation aiguë du tendon tibial postérieur survient lors de
microtraumatismes répétés ou lors d'un traumatisme violent
en flexion dorsale avec inversion forcée du pied. La lésion
princeps à rechercher est un décollement corticopériosté de la
malléole médiale signant l'avulsion rétinaculaire avec luxation
antérieure dynamique ou permanente du tendon tibial posté-
rieur. La TDM est utile pour identifier l'arrachement corticopé-
riosté millimétrique. L'échographie et l'IRM montrent un
rétinaculum des fléchisseurs déchiré voire absent (Fig. 12).
Cas particulier de la souffrance naviculaire sur os
naviculaire accessoire
L'os naviculaire accessoire de type 2 correspond un défaut de
fusion d'un noyau d'ossification secondaire. Cet os de forme
triangulaire est situé à la face postéromédiale de la tubérosité
de l'os naviculaire et s'articule avec l'os naviculaire adjacent
par un fibrocartilage de 1 à 2 mm. Cette synchondrose autorise
une micromobilité entre l'os naviculaire et l'os naviculaire
accessoire ; c'est sur cet ensemble que s'insère distalement
le tendon tibial postérieur. Cette micromobilité peut être dou-
loureuse responsable d'une symptomatologie clinique ; c'est
ce que l'on appelle le syndrome de l'os naviculaire accessoire
[28].
 Lésions du compartiment médial de la cheville chez le sportif
Mise au point

Figure 10. Exploration IRM et échographique du nerf tibial et de ses branches de division. a-e : IRM T1 TSE en coupes axiales étagées. F-
h : Coupes échographiques étagées avec exploration du tunnel tarsien proximal et distal. ABD I : abducteur de l'hallux ; CP : carré
plantaire ; LFI : long fléchisseur de l'hallux ; LFO : long fléchisseur des orteils ; NCM : nerf calcanéen médial ; NPL : nerf plantaire latéral ;
NPM : nerf plantaire médial ; TP : tibial postérieur.

En échographie, la synchondrose présente un aspect hétéro-
gène de façon constante, et il est parfois possible de repro-
duire la micromobilité de la synchondrose en exerçant un
mouvement d'éversion du pied. Il peut exister des signes de
tendinopathie du tendon tibial postérieur. L'IRM montre des
modifications œdémateuses de part et d'autre des berges de
la synchondrose. La TDM est parfois utile en contexte trau-
matique pour différencier un os naviculaire accessoire dont les
berges seront corticalisées, d'une fracture avulsion.
Fractures de fatigue
Elles surviennent lorsque l'os normal est soumis à une hyper-
sollicitation mécanique. Tous les os de la cheville et du pied
peuvent être concernés. Le tibia correspond à la localisation la
plus fréquente avec trois types décrits : la fracture longitudinale
du tiers inférieur du tibia, la fracture de la malléole médiale à la
jonction entre le pilon tibial et la malléole, et la fracture trans-
verse de la métaphyse tibiale [29].
Les radiographies sont initialement normales, et permettent de
faire le diagnostic secondairement sur l'apparition de d'appo-
sitions périostées, d'un cal fracturaire ou de condensations du
spongieux (suivant la localisation du trait de fracture). L'IRM et
la scintigraphie osseuse permettent d'en faire le diagnostic
précoce [30]. La scintigraphie osseuse retrouve une hyper-
fixation précoce intense et focale, mais est moins spécifique
que l'IRM. L'IRM met en évidence une bande intramédullaire

61

© 2023 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 09/03/2023 par sfr sfr (473966). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
 Mise au point D. Gicquel et al.

Figure 11. Jeune fille de 15 ans pratiquant le basket et se plaignant d'une tuméfaction douloureuse rétromalléolaire interne avec douleurs
irradiant dans les orteils, essentiellement lors de la pratique sportive. a : IRM séquence DP Fat-Sat coupe axiale. b : Séquence T1 TSE
coupe sagittale. Présence d'un muscle accessoire en avant du tendon calcanéen s'insérant sur la tubérosité calcanéenne, correspondant
à un muscle soléaire accessoire. Une exérèse chirurgicale a été pratiquée en raison du caractère invalidant.

Figure 12. Antécédent d'entorse latérale il y a quelques mois avec douleurs malléolaires internes persistantes depuis. a, b : Coupes
échographiques centrées sur le tendon tibial postérieur et le rétinaculum des fléchisseurs qui apparaît épaissi (flèches) par rapport au côté
controlatéral, avec nette hyperhémie en doppler couleur. c : Correspondance en IRM séquence T2 en coupe axiale. Il peut exister au
maximum une luxation antérieure du tendon tibial postérieur avec arrachement du rétinaculum. d, e : Patient différent, TDM en coupes
axiale avec reconstruction 3D. Arrachement cortico-périosté signant l'avulsion du rétinaculum des fléchisseurs (tête de flèche) avec luxation
du tendon tibial postérieur en avant de la malléole médiale (flèches).

62

© 2023 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 09/03/2023 par sfr sfr (473966). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
 Lésions du compartiment médial de la cheville chez le sportif
en hyposignal T1 et T2 perpendiculaire à la corticale entourée
d'un œdème médullaire adjacent étendu au périoste et aux
tissus mous. L'échographie peut être utilisée pour dépister les
fractures de fatigue corticale, montrant une infiltration inflam-
matoire focalisée, parfois centrée par un petit hématome pério-
sté ou parfois pas une petite interruption focale de la corticale
osseuse.
CONCLUSION
Une bonne connaissance de l'anatomie et des mécanismes
lésionnels est indispensable au radiologue pour établir un bilan
lésionnel précis et ne pas méconnaître des lésions traumati-
ques potentiellement graves si passées inaperçues. En
confrontant l'imagerie à l'anamnèse et à l'examen clinique,
le radiologue occupe une place centrale pour caractériser
les anomalies et orienter vers une prise en charge adaptée,
et peut ainsi éviter la survenue de complications ultérieures.
PROTECTION DES DROITS DES SUJETS
HUMAINS ET ANIMAUX
Les auteurs déclarent que les travaux décrits n'ont pas
impliqué d'expérimentations sur les patients, sujets ou
animaux.
CONSENTEMENT ÉCLAIRÉ ET CONFIDENTIALITÉ
DES DONNÉES
Les auteurs déclarent que l'article ne contient aucune donnée
personnelle pouvant identifier le patient ou le sujet.
Financement
Cette étude n'a reçu aucun financement spécifique d'une agence
publique, commerciale ou à but non lucratif.
Déclaration de liens d'intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.
RÉFÉRENCES
[1] Manaster B, Crim J. Imaging anatomy, musculoskeletal, 2nd ed,
Philadelphia, Pa: Elsevier; 2016;918–45.
[2] Crim J, Longenecker L. MRI and Surgical Findings in Deltoid
Ligament Tears. American Journal of Roentgenology 2015;204
(1):W63–9. http://dx.doi.org/10.2214/ajr.13.11702.
[3] Jeong M, Choi Y, Kim Y, Kim J, Young K, Jung Y. Deltoid
ligament in acute ankle injury: MR imaging analysis. Skeletal
Radiology 2014;43(5):655–63. http://dx.doi.org/10.1007/s00256-
014-1842-5.
[4] Mercy G, Guillin R, Jacob D, Lapègue F, Moser T. La cheville.
GEL-CONTACT Revue de la SIMS 2016;14–21 [online. Available
at: <http://www.sims-asso.org/uploads/pdfs/gelcontact/20/1.pdf>
Accessed 6 January 2022].
[5] Mengiardi B, Pfirrmann C, Vienne P, Hodler J, Zanetti M. Medial
Collateral Ligament Complex of the Ankle: MR Appearance in
© 2023 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 09/03/2023 par sfr sfr (473966). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Mise au point
Asymptomatic Subjects. Radiology 2007;242(3):817–24. http://
dx.doi.org/10.1148/radiol.2423060055.
[6] Ribbans W, Garde A. Tibialis Posterior Tendon and Deltoid and
Spring Ligament Injuries in the Elite Athlete. Foot and Ankle
Clinics 2013;18(2):255–91. http://dx.doi.org/10.1016/j.
fcl.2013.02.006.
[7] Crim J. Medial-sided Ankle Pain. Magnetic Resonance Imaging
Clinics of North America 2017;25(1):63–77. http://dx.doi.org/
10.1016/j.mric.2016.08.003.
[8] Van den Bekerom M, Mutsaerts E, van Dijk C. Evaluation of the
integrity of the deltoid ligament in supination external rotation
ankle fractures: a systematic review of the literature. Archives
of Orthopaedic and Trauma Surgery 2008;129(2):227–35. http://
dx.doi.org/10.1007/s00402-008-0768-6.
[9] Hintermann B, Knupp M, Pagenstert G. Deltoid Ligament
Injuries: Diagnosis and Managemen. Foot and Ankle Clinics
2006;11(3):625–37. http://dx.doi.org/10.1016/j.
fcl.2006.08.001.
[10] Crim J, Beals T, Nickisch F, Schannen A, Saltzman C. Deltoid
Ligament Abnormalities in Chronic Lateral Ankle Instability. Foot &
Ankle International 2011;32(9):873–8. http://dx.doi.org/10.3113/
fai.2011.0873.
[11] Crim J, Longenecker L. MRI and Surgical Findings in Deltoid
Ligament Tears. American Journal of Roentgenology 2015;204:
W63–9. http://dx.doi.org/10.2214/ajr.13.11702.
[12] Mengiardi B, Pinto C, Zanetti M. Medial Collateral Ligament
Complex of the Ankle: MR Imaging Anatomy and Findings in
Medial Instability. Seminars in Musculoskeletal Radiology
2016;20(01):091–103. http://dx.doi.org/10.1055/s-0036-
1580617.
[13] Sans N, Blum A, Borne J, Bouziane T, Brasseur J, Chiavassa-
Gandois H, et al. Imagerie du sport. London: Elsevier; 2012;273–
318.
[14] Pesquer L, Guillo S, Meyer P, Hauger O. US in ankle impinge-
ment syndrome. Journal of Ultrasound 2013;17(2):89–97. http://
dx.doi.org/10.1007/s40477-013-0054-5.
[15] Robinson P, White L, Salonen D, Ogilvie-Harris D. Anteromedial
Impingement of the Ankle. American Journal of Roentgenology
2002;178(3):601–4. http://dx.doi.org/10.2214/ajr.178.3.1780601.
[16] Russo A, Zappia M, Reginelli A, Carfora M, D'Agosto G, La
Porta M, et al. Ankle impingement: a review of multimodality
imaging approach. Musculoskeletal Surgery 2013;97:161–8.
http://dx.doi.org/10.1007/s12306-013-0286-8.
[17] Mengiardi B, Zanetti M, Schöttle P, Vienne P, Bode B, Hodler J,
et al. Spring Ligament Complex: MR Imaging–Anatomic Correla-
tion and Findings in Asymptomatic Subjects. Radiology 2005;237
(1):242–9. http://dx.doi.org/10.1148/radiol.2371041065.
[18] Rule J, Yao L, Seeger L. Spring ligament of the ankle: normal MR
anatomy. American Journal of Roentgenology 1993;161(6):1241–
4. http://dx.doi.org/10.2214/ajr.161.6.8249733.
[19] Borton D, Saxby T. Tear of the plantar calcaneonavicular (spring)
ligament causing flatfoot. The Journal of Bone and Joint Surgery
British volume 1997;79–B:641–3. http://dx.doi.org/10.1302/0301-
620x.79b4.0790641.
[20] Chen J, Allen A. MR diagnosis of traumatic tear of the spring
ligament in a pole vaulter. Skeletal Radiology 1997;26(5):310–2.
http://dx.doi.org/10.1007/s002560050242.
[21] Tryfonidis M, Jackson W, Mansour R, Cooke P, Teh J, Ostlere
S, et al. Acquired adult flat foot due to isolated plantar calcaneo-
navicular (spring) ligament insufficiency with a normal tibialis
posterior tendon. Foot and Ankle Surgery 2008;14(2):89–95.
http://dx.doi.org/10.1016/j.fas.2007.11.005.
63
 Mise au point
[22] Toye L, Helms C, Hoffman B, Easley M, Nunley J. MRI of Spring
Ligament Tears. American Journal of Roentgenology 2005;184
(5):1475–80. http://dx.doi.org/10.2214/ajr.184.5.01841475. [27]
[23] Williams G, Widnall J, Evans P, Platt S. MRI features most often
associated with surgically proven tears of the spring ligament
complex. Skeletal Radiology 2013;42(7):969–73. http://dx.doi.
org/10.1007/s00256-013-1618-3. [28]
[24] Lhoste-Trouilloud A, Guillin R, Demondion X, Bianchi S, Cintas
P, Cohen M, et al. Le nerf périphérique. Montpellier: Sauramps
médical; 2015;399–431.
[25] Fantino O, Coillard J, Borne J, Bordet B. Échographie du tunnel [29]
tarsien: aspect normal et pathologique. Journal de Radiologie
2011;92:1072–80. http://dx.doi.org/10.1016/j.jradio.2011.03.026. [30]
[26] Fantino O, Bouysset M, Pialat J. Can the axial cross-sectional
area of the tibial nerve be used to diagnose tarsal tunnel syn-
drome? An ultrasonography study. Orthopaedics &
64
© 2023 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 09/03/2023 par sfr sfr (473966). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
D. Gicquel et al.
Traumatology: Surgery & Research 2021;107:102630. http://dx.
doi.org/10.1016/j.otsr.2020.02.021.
Gluck G, Heckman D, Parekh S. Tendon Disorders of the Foot
and Ankle, Part 3. The American Journal of Sports Medicine
2010;38(10):2133–44. http://dx.doi.org/10.1177/
0363546509359492.
Jegal H, Park Y, Kim J, Choo H, Seo Y, Lee K. Accessory
Navicular Syndrome in Athlete vs. General Population. Foot &
Ankle International 2016;37(8):862–7. http://dx.doi.org/10.1177/
1071100716644791.
Drapé J, Guerini H. Imagerie du pied et de la cheville. Paris:
Elsevier; 2010 [pp.174-177 et pp.245-255].
Spitz D, Newberg A. Imaging of stress fractures in the athlete.
Radiologic Clinics of North America 2002;40(2):313–31. http://dx.
doi.org/10.1016/S0033-8389(02)00010-6.