Vous êtes sur la page 1sur 12

14-058-A-10

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 14-058-A-10

Lésions traumatiques des tendons


extenseurs de la main
E Masméjean
Y Le Bellec
Résumé. – Relativement fréquentes, les lésions des tendons extenseurs ont la fausse réputation de ne poser
JY Alnot
guère de problèmes par rapport aux lésions des tendons fléchisseurs.
Aux doigts (zones I à IV), les problèmes sont difficiles car les tendons extenseurs forment avec les muscles
interosseux et lombricaux et les ligaments rétinaculaires un appareil complexe dont l’équilibre doit être
respecté.
Aux articulations métacarpophalangiennes et au dos de la main (zones V et VI), la fréquence des lésions
associées ostéoarticulaires et/ou cutanées peut compliquer l’évolution et grever le pronostic final.
Au poignet (zone VII), les difficultés viennent de la rétraction du bout proximal et de la présence de coulisses
ostéofibreuses, facteurs d’adhérences secondaires.
Sur le plan thérapeutique, toute plaie en regard d’un trajet tendineux d’un extenseur à la main et aux doigts
longs doit être explorée chirurgicalement.
En zone paire, diaphysaire, le traitement doit comprendre la prise en charge des lésions associées, notamment
cutanées. Le risque d’adhérences est important entre le tendon lésé et l’os souvent éraillé ou parfois fracturé.
En zone impaire, à la face dorsale d’une articulation, toute plaie d’un tendon extenseur doit faire rechercher
une ouverture articulaire.
La cicatrisation des tendons extenseurs est habituellement facilement obtenue mais la hantise doit être une
raideur séquellaire, le plus souvent en extension.
© 2000 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : plaie tendineuse, rupture tendineuse sous-cutanée, plaie articulaire, suture tendineuse.

Introduction Considérations
anatomophysiologiques
Si la face dorsale de la main et des doigts représente la face sociale Tout oppose les tendons des fléchisseurs des doigts, qui « travail-
de la main, elle représente également la face la plus exposée aux lent » de façon parfaitement indépendante, à l’appareil tendineux
traumatismes. extenseur des doigts longs. Les tendons extenseurs (aux doigts) ne
possèdent ni gaine synoviale, ni poulies de réflexion. À la coupe, le
La finesse de la peau dorsale et la quasi-absence de tissu graisseux fléchisseur, « rond », autorise une suture en cadre alors que
sous-cutané expliquent, lors de ces traumatismes dorsaux, la l’extenseur, le plus souvent « plat », n’autorise qu’une suture en un
fréquence des lésions de l’appareil extenseur. plan [19]. Enfin, l’appareil extenseur doit pouvoir étendre les trois
phalanges dans toutes les positions du poignet et des articulations
Les lésions des tendons extenseurs, le plus souvent bénignes, métacarpophalangiennes (fig 1).
peuvent en revanche être complexes en cas de lésions associées des
EXTENSION DES DOIGTS : ACTION COMBINÉE
téguments et/ou du squelette osseux. Ces lésions sont également
aggravées en cas de lésions étendues et/ou étagées. Les difficiles L’extension des doigts est due à l’action combinée de l’extenseur
commun des doigts, des interosseux, des lombricaux et même, dans
problèmes de reconstruction qui en découlent imposent alors à
une certaine mesure, du fléchisseur profond (par l’insertion
l’opérateur une connaissance parfaite de l’anatomie et de la
proximale qu’il offre aux lombricaux). Tous ces muscles
physiologie de l’appareil extenseur. Quel que soit le type de lésion,
interviennent dans des rapports de synergie-antagonisme variables
c’est en urgence que les conditions sont les plus favorables et la suivant la position de l’articulation métacarpophalangienne et du
réparation chirurgicale des différentes structures lésées, en un temps poignet. Il s’y ajoute l’action purement passive du ligament
si possible, doit être une priorité. Tout défaut dans la prise en charge rétinaculaire [22], qui coordonne l’extension des deux dernières
initiale du traumatisme est à l’origine de séquelles dont le traitement phalanges [21]. L’extenseur commun des doigts n’est l’extenseur
est alors plus difficile et les résultats incertains. véritable que de la première phalange (P1) sur le métacarpien et
n’agit sur P2 et P3 que si les fléchisseurs sont détendus. L’extension
de P3, par l’intermédiaire des deux languettes latérales et de la
Emmanuel Masméjean : Chirurgien-assistant des hôpitaux de Paris, chef de clinique à la Faculté. bandelette terminale, et l’extension de P2 par l’intermédiaire de la
Yves Le Bellec : Chirurgien-Assistant des hôpitaux de Paris, chef de clinique à la Faculté. bandelette médiane, dépendent du degré de tension du tendon et,
Jean-Yves Alnot : Professeur des Universités, praticien hospitalier, chef de service.
Département de chirurgie du membre supérieur et de la main (Pr JY Alnot), hôpital Bichat, 46, rue par conséquent, de la position du poignet, et aussi du degré de
Henri-Huchard, 75877 Paris cedex 18, France. flexion de l’articulation métacarpophalangienne.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Masméjean E, Le Bellec Y et Alnot JY. Lésions traumatiques des tendons extenseurs de la main. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits
réservés), Appareil locomoteur, 14-058-A-10, 2000, 12 p.

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


14-058-A-10 Lésions traumatiques des tendons extenseurs de la main Appareil locomoteur

4 3 2 1

5 3
6 5 7 8 *
C

2 1

2
12

9
11 13
*
D
10 *
B

1 Appareil extenseur des doigts longs et du pouce.


1. Bandelette sagittale ; 2. dossière des interosseux ; 3. bandelette médiane ; 4. tendon terminal ; 5. bandelette latérale ; 6.
ligament rétinaculaire ; 7. lombrical ; 8. interosseux ; 9. long et court extenseur radial du carpe ; 10. long extenseur
du pouce ; 11. court extenseur du pouce ; 12. junctura tendinum ; 13. extenseur commun des doigts.

*
A

Les interosseux sont fléchisseurs de P1 et extenseurs de P2 et P3, côté ulnaire au dos de la tête métacarpienne. Cependant, on retrouve
mais leur action sur les phalanges dépend du degré de flexion de la dans 14 % des cas un extenseur propre dupliqué. Dans 19 % des cas,
métacarpophalangienne et de l’état de tension de l’extenseur des variations anatomiques des deux tendons à la tête
commun des doigts. La contraction des interosseux agit sur la métacarpienne sont notées. Il peut s’agir d’une duplication de
dossière, qui glisse sur P1, et fléchit puissamment l’articulation l’extenseur propre, dont les deux tendons peuvent être de part et
métacarpophalangienne. Les expansions latérales sont alors libres d’autre du tendon commun mais aussi de l’existence d’un tendon
de la contrainte des interosseux et peuvent, par l’action de extenseur propre au niveau radial [17].
l’extenseur commun des doigts, étendre P2 et P3. Il existe un Au cinquième doigt, l’extenseur propre du cinquième doigt
balancement synergique dans l’action d’extension de l’extenseur (extensor digiti minimi), constant, est constitué de deux tendons
commun des doigts et des interosseux sur P2 et P3 [37]. dans 80 % des cas. En revanche, l’extenseur commun du cinquième
Les lombricaux sont fléchisseurs de P1 et extenseurs de P2 et P3. À doigt peut être absent dans 1 à 6 % des cas selon les séries, sans
l’inverse des interosseux, leur action existe quelle que soit la position junctura tendinum [30]. En pratique, quand on décide de prélever
des métacarpophalangiennes. Ils doivent cette efficacité à deux l’extenseur propre, il faut toujours s’assurer de la présence de
dispositions anatomiques. D’une part, ils sont palmaires par rapport l’extenseur commun, ce qui nécessite parfois une dissection étendue
au ligament transverse intermétacarpien et sont donc starters de la jusqu’au métacarpien proximal.
flexion de P1, les interosseux agissant secondairement. D’autre part,
leur insertion distale s’effectue sur les expansions latérales au-
VASCULARISATION TENDINEUSE
dessous du niveau de la dossière ; n’étant pas « bridés » par elle, ils
peuvent retendre le système extenseur de P2 et P3 quel que soit le La vascularisation tendineuse de l’appareil extenseur, riche et
degré de flexion de la métacarpophalangienne. segmentaire, explique le moindre risque d’adhérences après
chirurgie réparatrice, comparé à celui d’apparition après chirurgie
des tendons fléchisseurs.
SYSTÈME TRANSVERSAL DE STABILISATION
Un système transversal de stabilisation (bandelette sagittale)
maintient les tendons extenseurs centrés sur le dos des articulations Classification des lésions
métacarpophalangiennes. Sur le plan pratique, ce système empêche traumatiques des tendons extenseurs
la rétraction du bout tendineux proximal après transsection du
tendon. de la main

CLASSIFICATION TOPOGRAPHIQUE INTERNATIONALE


VARIATIONS ANATOMIQUES
(INTERNATIONAL FEDERATION OF THE SOCIETIES
Si l’appareil extenseur en regard des rayons centraux (troisième et FOR THE SURGERY OF THE HAND OU IFSSH)
quatrième doigts) ne présente pas de variations notables, les Une classification, proposée par Claude Verdan, a été adoptée par la
appareils extenseurs de l’index et du cinquième doigt présentent des Fédération internationale. Les tendons extenseurs des doigts
particularités anatomiques. traversent huit zones topographiques. Verdan a donc classé de distal
À l’index, le schéma classique est l’existence d’un tendon extenseur en proximal les zones d’atteinte de I à VIII (fig 2). On distingue les
commun associé à un tendon extenseur propre de l’index, situé du zones articulaires et les zones non articulaires [34, 35] :

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


Appareil locomoteur Lésions traumatiques des tendons extenseurs de la main 14-058-A-10

2 Classification topographique de Verdan. Adoptée par la


Fédération internationale des sociétés de chirurgie de la main.

I
II
III

IV

TI

TII
VI
TIII

TIV

VII

VIII 8
*
A *
B

– les zones impaires correspondent aux zones d’atteintes systématique de toute plaie sur le trajet d’un tendon extenseur ne
tendineuses en regard des articulations. Les lésions en regard de souffre pas d’exception et ceci dans de bonnes conditions d’asepsie,
l’articulation interphalangienne distale, de l’interphalangienne d’anesthésie, de garrot et de grossissement optique.
proximale, de l’articulation métacarpophalangienne et du carpe L’exploration chirurgicale est réalisée en urgence (ou en semi-
correspondent donc respectivement aux zones I-III-V et VII ; urgence dans les 6 premières heures) après parage de la plaie.
– les zones paires correspondent aux atteintes en regard des Néanmoins, un bilan précis clinique des lésions tendineuses et/ou
segments diaphysaires fixes. On définit la zone II au dos de la ostéoarticulaires doit dans tous les cas être préalablement réalisé.
deuxième phalange (P2), la zone IV au dos de la phalange proximale Au moindre doute, un bilan radiographique de face et de profil, ou
(P1) et la zone VI au dos du métacarpe. La zone VIII correspond de trois quarts au niveau de la main, centré sur le rayon considéré,
aux atteintes en amont du poignet, c’est-à-dire à l’avant-bras. doit être réalisé.
Si cette classification initiale de Verdan se termine à la zone VIII, En cas de plaie articulaire, le bilan doit, autant que faire se peut,
d’autres proposent l’addition d’une nouvelle zone correspondant à s’efforcer de préciser l’état cartilagineux après un lavage abondant
la partie musculaire de l’extenseur au tiers moyen et proximal de au sérum physiologique à la seringue avec un petit cathlon.
l’avant-bras. Cette zone est définie comme zone IX [12, 39]. La réparation tendineuse se fait au fil 3/0 ou 4/0 non résorbable le
plus souvent, ou à résorption lente type PDSt pour d’autres. Les
techniques de sutures utilisent isolément ou en association un surjet
CLASSIFICATION DES LÉSIONS DU POUCE ou un ou des points en « X », notamment dans les sections partielles,
Les tendons extenseurs du pouce traversent six zones dont quatre et lorsque la morphologie du tendon l’autorise, comme en zone V,
sont propres au pouce et sont précédées par la lettre T (thumb) : un point en cadre de type Kessler modifié ou un point de Tsuge,
T I-T II-T III-T IV. Deux zones sont communes avec les extenseurs éventuellement associé à un surjet épitendineux dorsal [10]. En cas de
des doigts, les zones VII (poignet) et VIII (avant-bras). plaie longitudinale, la mobilisation peut être reprise rapidement. En
cas de section partielle, notamment de plus de 30 % de la largeur
tendineuse, une orthèse de protection pour 2 à 3 semaines peut être
APPROCHE DIAGNOSTIQUE ET THÉRAPEUTIQUE justifiée. La rééducation postopératoire reste essentielle, une
Du fait même de la complexité de l’appareil extenseur au dos de la immobilisation stricte reste de mise pour les lésions en zones I, II
main et/ou des doigts, un diagnostic lésionnel précis doit être établi et VIII. Toutefois, pour les zones V à VII, des protocoles de
en fonction de la topographie de la lésion. mobilisation passive contrôlée postopératoire sont de plus en plus
Il faut donc d’emblée distinguer les lésions récentes, relevant d’un utilisés [3, 10, 18]. Classiquement, la durée d’immobilisation de 21 jours
traitement en urgence, et les lésions anciennes, dont la prise en doit être respectée. Après ce délai, la rééducation douce peut être
charge ne se fait qu’après un bilan lésionnel et fonctionnel complet. passive et active aidée. L’immobilisation est alors maintenue
Dans chaque contexte, il faut individualiser pour chaque zone les 3 semaines supplémentaires la nuit [35].
lésions par plaie et les ruptures sous-cutanées. À part, les ruptures L’antibioprophylaxie n’est justifiée que dans les cas de retard de
sous-cutanées doivent en effet être individualisées au niveau des prise en charge (délai théoriquement supérieur à 6 heures), de plaie
zones impaires I, III et V. septique (morsure) et/ou d’ouverture articulaire.

ZONE I
Lésion récente des tendons extenseurs Une lésion de l’appareil extenseur en zone I, au niveau du tendon
des doigts longs extenseur terminal, provoque la chute en flexion de la phalange
distale ou déformation en « maillet » (doigt en « maillet » ou mallet
Devant une lésion du dos de la main ou des doigts longs, un examen finger). Elle correspond à une atteinte de la bandelette terminale qui
de l’extension active est insuffisant et l’exploration chirurgicale s’insère sur la phalange distale. On observe une flexion de la

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


14-058-A-10 Lésions traumatiques des tendons extenseurs de la main Appareil locomoteur

3 Les trois types de doigt 4 Attelles pour déforma-


en « maillet ». tion en « maillet ».
A. Type I : rupture A. Attelle de Stack.
complète. B. Attelle dorsale.
B. Type II.
C. Type III.
*
A

*
A
*
B

*
C
*
B
phalange distale sous l’action du fléchisseur commun profond. À
l’examen clinique, elle se caractérise par un déficit d’extension active suffit à mettre les extrémités tendineuses en contact, comme le
de P3 sur P2. montre la réduction des mallet fingers de type II sur les radiographies
¶ Plaie tendineuse de contrôle après réduction du flessum de l’interphalangienne
distale. Le mauvais pronostic du mallet finger est essentiellement lié
Diagnostic à la lenteur de la cicatrisation de l’appareil extenseur à ce niveau
Il s’agit de l’équivalent « ouvert » du doigt en « maillet ». Il faut qui nécessite entre 6 et 8 semaines d’immobilisation stricte. La
systématiquement rechercher une ouverture articulaire, très finesse et la vascularisation du tendon extenseur, de même que le
fréquemment associée. déséquilibre important entre le tonus du fléchisseur profond et celui
de l’extenseur, en sont les explications. La mise en flexion de
Traitement l’interphalangienne proximale, loin d’être néfaste, est utile en
La plaie peut être agrandie latéralement de part et d’autre, à la face déplaçant distalement l’ensemble de l’appareil extenseur au dos de
latérale de P2 d’un côté et à la face latérale de P3 de l’autre côté. l’interphalangienne proximale. Par l’intermédiaire de la bandelette
Après lavage abondant au sérum physiologique, éventuellement de médiane de l’extenseur mise en tension, les bandelettes latérales sont
l’articulation, la suture est le plus souvent réalisée par un surjet, ou détendues. La majorité des auteurs semble néanmoins d’accord sur
par quelques points en « X ». le fait de ne pas immobiliser l’interphalangienne proximale en
Une attelle segmentaire, le plus souvent dorsale pour laisser libre le flexion, mais de simplement la laisser libre.
contact pulpaire et pour éviter l’exclusion du doigt, est mise en place
de façon stricte pour une durée de 8 semaines. Après cette période, • Traitement orthopédique
l’autorééducation suffit le plus souvent à récupérer une fonction Il consiste à immobiliser l’interphalangienne distale par une attelle
normale. segmentaire en légère hyperextension (5°). La difficulté ne consiste
pas dans la réalisation initiale de celle-ci mais dans l’obtention d’un
¶ Rupture sous-cutanée
traitement continu, sans aucune interruption pendant au moins 7 à
Diagnostic 8 semaines. Tout a été vu, décrit et essayé.
La modération des signes fonctionnels explique pourquoi le patient L’attelle industrielle de type Stack a l’inconvénient d’aveugler la
peut attendre plusieurs jours ou même plusieurs semaines avant de pulpe et de nécessiter un stock de matériel important pour disposer
s’inquiéter de la permanence de cette déformation et de l’apparition de toutes les tailles. La garder en continu pendant 7 semaines est
tardive d’une légère tuméfaction douloureuse à la face dorsale de mal supporté par la peau, du fait de macération, et la changer
l’articulation. Nous appelons récentes les ruptures datant de moins régulièrement soi-même n’est pas aisé. L’attelle en aluminium
de 2 semaines. Au-delà de ce délai, elles sont considérées comme rembourrée de mousse, placée le plus souvent en dorsal, doit être
anciennes. préférée. La fixation de l’attelle est assurée par un adhésif élastique
Il faut distinguer, après radiographie centrée du doigt de profil strict sur sa partie proximale et sur sa partie distale (fig 4). Cette fixation
(fig 3) : ne doit pas être compressive. La compliance du patient et son
acceptation du traitement sont des éléments pronostiques essentiels.
– type I : rupture simple du tendon au voisinage de son insertion
distale. La radiographie ne décèle pas d’anomalie. En pratique, le • Traitement chirurgical
bout proximal du tendon recule de 2 à 4 mm vers le col de la
Il ne se justifie actuellement que pour l’ostéosynthèse des types III
deuxième phalange selon que la rupture est complète ou
où la subluxation est impossible à réduire orthopédiquement.
incomplète ;
L’ostéosynthèse par broche, vis ou ancre nécessite une réduction
– type II : arrachement osseux à la base de la phalange distale, anatomique avec ostéosynthèse du fragment et éventuellement
quelquefois minuscule, emporte moins du tiers de la surface brochage articulaire provisoire. Le brochage est en effet souvent la
articulaire. Il est habituellement séparé de son site d’origine par un seule technique à même de réduire la subluxation palmaire.
espace de 2 à 3 mm, du fait du flessum de la phalangette. L’appareil
L’ostéosynthèse du fragment doit respecter l’insertion du tendon
extenseur, dans ce cas, n’est pas rétracté ;
extenseur sur celui-ci et fait appel à différentes techniques. La
– type III : arrachement osseux volumineux, souvent supérieur au reposition anatomique de ce petit fragment n’est jamais facile et les
tiers de la surface articulaire et s’accompagnant d’une subluxation ostéosynthèses volumineuses toujours dangereuses en raison de la
palmaire de l’articulation interphalangienne distale. finesse du revêtement cutané. La solution que nous préconisons est
Traitement de s’appuyer sur un point transosseux, aidés en cela par une mini-
ancre, plutôt que de faire sortir le point en palmaire sur un bouton,
• Principes du traitement ce qui n’est ni agréable, ni bien toléré.
L’hiatus séparant les extrémités tendineuses est essentiellement lié à L’ouverture dorsale de l’interphalangienne distale permet si
la flexion de l’interphalangienne distale. La réduction du flessum nécessaire la mise en place de la broche en va-et-vient ce qui facilite

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


Appareil locomoteur Lésions traumatiques des tendons extenseurs de la main 14-058-A-10

le positionnement de celle-ci dans l’interphalangienne distale. La (autoplasties locales, cross-finger), assurent une trophicité suffisante
broche peut être placée longitudinalement ou obliquement. Laisser pour permettre une cicatrisation tendineuse de qualité en
la broche longitudinale extériorisée sous l’ongle expose au risque minimisant le risque d’adhérences.
théorique de complications infectieuses, notamment d’arthrite de Lorsqu’il existe une perte de substance tendineuse, celle-ci doit aussi
l’interphalangienne distale secondaire. être réparée en urgence dans le même temps opératoire. Plusieurs
techniques ont été proposées. La réalisation d’une greffe tendineuse
ZONE II
à l’aide du rétinaculum dorsal [19] a notre préférence mais d’autres
techniques sont possibles dont le dédoublement longitudinal de
Il existe le même déficit clinique d’extension de P3 sur P2 que dans l’appareil extenseur [1] ou le retournement d’un lambeau de
la section en zone I. Les problèmes cutanés sont ici particulièrement l’appareil extenseur [15, 33].
fréquents. La couverture cutanée de la réparation tendineuse peut
nécessiter la réalisation d’un lambeau afin de ne pas laisser le tendon ¶ Rupture sous-cutanée
exposé, surtout si le péritendon est initialement lésé. Comme au
niveau de toute zone diaphysaire, le risque d’adhérences est Diagnostic
important entre le tendon lésé et l’os souvent éraillé ou parfois
fracturé. Une grosse articulation interphalangienne proximale douloureuse
après un traumatisme impose un examen précis et rigoureux. Un
examen radiographique de face et de profil, centré sur
ZONE III l’interphalangienne proximale et éventuellement de trois quarts, est
Une lésion en zone III se traduit par un déficit actif d’extension de systématique pour ne pas méconnaître une fracture, une luxation ou
P2 sur P1. Il s’agit en règle d’une lésion isolée de la bandelette une fracture-luxation. La radiographie peut montrer, mais rarement,
médiane, ou d’une lésion associée de la bandelette médiane avec de petits fragments dorsaux de la base de P2, témoins de l’avulsion
une bandelette latérale [13, 25]. Dans les sections simples, le diagnostic osseuse de l’insertion tendineuse de la bandelette moyenne, sans ou
peut passer inaperçu, soit du fait de sections incomplètes et qui avec luxation palmaire de l’interphalangienne proximale. Ailleurs,
peuvent se compléter ultérieurement, soit du fait de compensation la radiographie est normale.
par les bandelettes latérales qui peuvent initialement compenser le Sur le plan clinique, l’examen est souvent difficile du fait de la
déficit d’extension. douleur. À l’inspection, il existe le plus souvent un flessum
antalgique. La palpation s’efforce de localiser la topographie dorsale
¶ Plaie tendineuse de la douleur. La stabilité latérale et antéropostérieure doit être testée
activement et passivement. La recherche d’une mobilité
Diagnostic antéropostérieure teste la plaque palmaire en hyperextension et la
L’atteinte de l’articulation interphalangienne proximale est fréquente bandelette médiane en subluxation palmaire. Le test de mobilité
et doit être recherchée de façon systématique. En cas de doute sur active consiste à demander une flexion-extension au patient.
une éventuelle effraction capsulaire, une arthrotomie de principe L’examen clinique de cette interphalangienne proximale
doit être réalisée afin de procéder au lavage de l’articulation. douloureuse est facilité par la réalisation d’une anesthésie locale, par
bloc des deux nerfs collatéraux.
Traitement En pratique, une extension active complète traduit l’intégrité de la
bandelette médiane et le flessum est purement antalgique. Une
Tous les éléments lésés doivent être réparés anatomiquement. La
extension possible mais incomplète peut être réévaluée à 48 heures
recherche d’une plaie articulaire doit être systématique afin de
pour s’assurer qu’elle est complète. Il s’agit alors d’une simple
prévenir toute complication infectieuse par un lavage abondant de
distension tendineuse, improprement dénommée « entorse
l’articulation et l’ablation de tout corps étranger. L’appareil extenseur
bénigne ». Un flessum non réductible activement évoque une lésion
est examiné sur toute la hauteur de la plaie en contrôlant, par des
grave de la bandelette médiane de l’extenseur.
mouvements de flexion-extension, l’absence de plaie proximale ou
distale. Tout ou partie de l’appareil extenseur peut être lésé et il est Au total, le diagnostic est posé devant une ecchymose dorsale
possible de distinguer plusieurs situations. évocatrice. La stabilité latérale est satisfaisante. Il existe un flessum
Lorsque la bandelette moyenne est sectionnée isolément, celle-ci doit douloureux avec une extension active incomplète, même sous
être suturée au fil fin non résorbable. En postopératoire, la réparation anesthésie locale.
est protégée par une attelle segmentaire le plus souvent dorsale qui
maintient l’interphalangienne proximale en extension pendant 3 à Traitement
4 semaines. Cette attelle doit respecter les mobilités de la La lésion bénigne est traitée par une immobilisation segmentaire la
métacarpophalangienne et de l’interphalangienne distale qui doivent nuit pendant 15 jours puis par syndactylie pendant 2 semaines
être mobilisées pour permettre une cicatrisation dans de bonnes supplémentaires. En cas de lésion grave, un traitement orthopédique
conditions physiologiques avec un glissement harmonieux de est alors nécessaire pour ne pas risquer de laisser s’installer une
l’appareil extenseur. boutonnière, de traitement plus difficile et aléatoire.
Lorsque les bandelettes latérales sont aussi lésées, l’exploration Le traitement de la rupture fermée de la bandelette médiane est
chirurgicale doit individualiser chaque structure pour les réparer orthopédique. Il est réalisé par une attelle segmentaire immobilisant
une à une. L’attelle segmentaire postopératoire doit certes l’interphalangienne proximale en extension pour 3 semaines avec
immobiliser l’interphalangienne proximale en extension mais aussi mobilisation immédiate des articulations métacarpophalangienne et
l’interphalangienne distale puisque les deux bandelettes latérales ont interphalangienne distale suivie d’un appareillage dynamique
aussi été réparées. d’extension pour encore 3 à 4 semaines avec mobilisation de
Enfin, lorsque, exceptionnellement, le ligament triangulaire est aussi l’interphalangienne proximale. Les articulations métacarpo-
atteint, les bandelettes latérales peuvent se luxer en palmaire. Elles phalangienne et surtout interphalangienne distale doivent être
doivent alors être redorsalisées et maintenues à leur place mobilisées passivement et activement pendant les 6 semaines du
physiologique en reconstituant le ligament triangulaire. traitement pour maintenir en position anatomique les bandelettes
L’immobilisation est aussi de 3 à 4 semaines avec l’inter- latérales et permettre une cicatrisation de la bandelette moyenne en
phalangienne proximale et l’interphalangienne distale en extension. place et en longueur anatomique.
Lorsqu’il existe une perte de substance cutanée, celle-ci doit être Lorsqu’il existe une avulsion ou une fracture, une tentative de
traitée en urgence dans le même temps opératoire. Seuls les réduction orthopédique par attelle segmentaire maintenant
lambeaux de couverture, prélevés habituellement au voisinage l’interphalangienne proximale en extension est licite, et le traitement

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


14-058-A-10 Lésions traumatiques des tendons extenseurs de la main Appareil locomoteur

*
A
5 Plaie récente en zone V au dos de l’articulation métacarpophalangienne du IIIe
rayon.
A. Vue préopératoire.
B. L’exploration met en évidence une section complète du tendon extenseur avec
plaie articulaire.
C. Aspect de la suture. *
B

*
C

chirurgical n’est indiqué que si le fragment osseux reste déplacé ou L’atteinte articulaire doit être systématiquement évoquée et
s’il persiste une subluxation palmaire de l’interphalangienne recherchée (fig 5). Par ailleurs, il faut bien individualiser les lésions
proximale. La réparation de l’appareil extenseur est assurée par une qui intéressent seulement le tendon et celles qui atteignent aussi les
synthèse de la base de la phalange si le fragment est suffisamment bandelettes sagittales et/ou les junctura tendinii. Chaque élément
volumineux, sinon par réinsertion transosseuse de la bandelette devant être réparé pour rétablir l’anatomie.
médiane. Cette réparation est protégée par un brochage temporaire Le traumatisme complexe avec fracture ouverte de l’articulation
de 4 semaines en extension de l’interphalangienne proximale. La métacarpophalangienne est bien sûr plus difficile. En cas de fracture
broche est retirée à la quatrième semaine et une orthèse dynamique articulaire, la restauration des interlignes articulaires doit être
en extension autorisant la flexion-extension est adjointe pour rétablir minutieuse pour prévenir une arthrose post-traumatique. La
la fonction. réparation de l’appareil tendineux est essentielle car il conditionne
Ces traumatismes, même bénins, ont souvent une évolution longue. la fonction digitale. Par ailleurs, si une prothèse articulaire
La rééducation peut être prolongée pour récupérer une mobilité métacarpophalangienne doit être implantée à distance du fait d’une
articulaire complète, notamment en extension. Il importe de prévenir arthrose métacarpophalangienne post-traumatique invalidante, le
le patient que son articulation reste volumineuse pour une période résultat est directement dépendant de la fonction de l’appareil
d’au moins 6 mois. extenseur.

ZONE IV ¶ Morsure ou équivalent (coup de poing dans les dents)


En zone IV, l’anatomie en forme de gouttière de l’appareil extenseur Ce mécanisme, souvent réfuté par le patient, doit être
explique que les lésions tendineuses soient souvent incomplètes. Le systématiquement évoqué devant toute lésion punctiforme ou
traitement ne comporte pas de spécificités. lacérée au dos des articulations métacarpophalangiennes. Une
radiographie centrée sur l’articulation doit être systématiquement
ZONE V réalisée pour ne pas méconnaître une encoche ou une fracture ainsi
En cas de lésion récente en zone V, le déficit d’extension de P1 du que pour rechercher la présence d’un corps étranger. Ces lésions
segment considéré doit être recherché. Sur le plan anatomique, le sont toujours graves avec un risque élevé d’arthrite. L’incidence des
tendon présente un épaississement considérable, mais l’atteinte de complications septiques est en relation directe avec la contamination
l’articulation métacarpophalangienne est fréquente et toujours souvent plurimicrobienne par des germes virulents et avec le délai
péjorative. Il faut distinguer les plaies tendineuses puis, à part, les écoulé entre l’accident et la prise en charge. Il faut donc distinguer
morsures après coup de poing dans la mâchoire et les ruptures sous- deux situations différentes : soit le patient est vu précocement et la
cutanées d’une bandelette sagittale. plaie après parage et lavage est traitée comme une plaie aseptique,
soit le patient consulte à distance du traumatisme avec une plaie
¶ Plaie tendineuse inflammatoire et suintante. Il s’agit alors d’une arthrite septique. La
La lésion simple des tendons extenseurs au dos des articulations plaie, après parage, doit être agrandie pour permettre l’inspection
métacarpophalangiennes en zone V est particulièrement fréquente. de l’articulation et la réalisation de prélèvements bactériologiques

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


Appareil locomoteur Lésions traumatiques des tendons extenseurs de la main 14-058-A-10

qui sont mis en culture. Le parage doit être extensif et complété par de flexion-extension l’absence de plaie proximale ou distale. Les
une irrigation abondante. Il doit aussi intéresser le tendon lorsque suites opératoires sont essentielles pour restaurer la fonction et les
celui-ci est infecté et nécrotique. La plaie n’est refermée que sur des nouvelles orientations de la rééducation visent à mobiliser les
tissus sains et une antibiothérapie active sur les germes tendons au plus vite pour diminuer les adhérences tout en évitant
intracellulaires, ultérieurement adaptée aux résultats des des ruptures itératives ou des cals d’allongement.
prélèvements, doit être prescrite. La main est immobilisée dans une
attelle palmaire. La mobilisation par attelle dynamique d’extension ¶ Lésion complexe
n’est débutée qu’une fois que tous les phénomènes infectieux sont La lésion complexe du dos de la main est habituelle après
contrôlés, après 3 semaines. écrasement avec fractures multiples et délabrement des tissus
cutanés et tendineux. Les éléments palmaires, c’est-à-dire les artères
¶ Rupture sous-cutanée de la bandelette sagittale et les nerfs, sont dans la majorité des cas respectés. Le programme
Le centrage de l’appareil extenseur au sommet des articulations thérapeutique initial doit être ambitieux avec une chirurgie
métacarpophalangiennes est assuré par les bandelettes sagittales. La reconstructrice du squelette et de tous les tissus lésés dans le même
rupture d’une de ces bandelettes est à l’origine d’une luxation du temps opératoire.
tendon extenseur. Si la luxation dans les vallées intermétacarpiennes Le premier temps opératoire consiste à faire un bilan lésionnel précis
du tendon extenseur est une lésion fréquente et bien connue dans la après un parage étendu à tous les tissus écrasés ou dévitalisés. Le
polyarthrite rhumatoïde, cette lésion est exceptionnelle en deuxième temps opératoire est celui de la restauration du squelette
traumatologie et le plus fréquemment méconnue. Dans la majorité en veillant à respecter les arches longitudinales et transversales
des cas, il s’agit d’un traumatisme fermé du majeur dominant avec métacarpiennes. Lorsqu’il existe une perte de substance osseuse sur
une flexion ou une extension forcée du doigt à l’origine d’une plusieurs métacarpes, la restitution de l’armature peut être réalisée
rupture des fibres sagittales radiales et d’une luxation ulnaire dans à l’aide d’un greffon iliaque taillé sur mesure et fixé au carpe et/ou
la vallée intermétacarpienne du tendon extenseur [23]. au(x) métacarpe(s) adjacent(s) par des broches.
Le troisième temps opératoire est celui de la réparation de l’appareil
Diagnostic
extenseur. Les pertes de substance tendineuse doivent être greffées.
Le caractère exceptionnel de cette lésion explique sa fréquente Une suture latérolatérale d’un tendon interrompu à un tendon voisin
méconnaissance initiale. L’impotence fonctionnelle douloureuse ne peut être réalisée que si un seul doigt est atteint. Par ailleurs, le
post-traumatique d’une grosse métacarpophalangienne sans lésion capital initial de six tendons extenseurs (quatre communs et deux
radiographique doit faire évoquer le diagnostic. Un examen clinique propres) est le plus souvent suffisant pour recréer, à partir de ceux
attentif peut permettre de visualiser la luxation, ulnaire le plus qui sont indemnes, un appareil extenseur à chacun des quatre
souvent, douloureuse du tendon extenseur lors de la flexion. segments digitaux longs.
L’extension active est souvent limitée et il faut faire la part entre une Le dernier temps opératoire doit restaurer le revêtement cutané.
limitation du fait des phénomènes douloureux communs à tout Lorsqu’il existe une perte de substance cutanée, seuls les lambeaux
traumatisme et une limitation du fait de la luxation dans la vallée de couverture assurent une trophicité suffisante pour permettre une
intermétacarpienne du tendon. L’examen clinique peut être répété cicatrisation dans les meilleures conditions. Enfin, l’hémostase doit
après quelques jours d’immobilisation en extension, le temps que être rigoureuse après avoir lâché le garrot pour minimiser le risque
les phénomènes inflammatoires rétrocèdent, pour affiner le d’hématome, source d’adhérences.
diagnostic et adapter le traitement. L’immobilisation postopératoire est confiée à une attelle palmaire
Traitement avec le poignet en légère extension, les métacarpophalangiennes en
rectitude tandis que les articulations interphalangiennes sont laissées
Lorsque le diagnostic a pu être fait en urgence ou à quelques jours libres. La rééducation active des interphalangiennes est immédiate
du traumatisme, le traitement peut être orthopédique. pour mobiliser l’appareil extenseur et minimiser le risque
L’immobilisation est stricte en extension de la métacarpo- d’adhérences de celui-ci au dos du squelette reconstruit.
phalangienne pendant 3 à 4 semaines tandis que les
interphalangiennes sont laissées libres et mobiles. Après cette
ZONE VII
période d’immobilisation, la rééducation est réalisée hors attelle
mais celle-ci doit encore être gardée la nuit et entre les séances La lésion de l’appareil extenseur implique une plaie du rétinaculum
pendant encore 3 à 4 semaines. des extenseurs. Une section du long extenseur du pouce peut être
associée aux sections des extenseurs des doigts longs à ce niveau.
Lorsque le diagnostic n’a pu être fait en urgence mais à distance du
traumatisme, au-delà de 15 jours, le traitement est chirurgical avec
réparation directe des lésions puis immobilisation de la Lésion ancienne des tendons
métacarpophalangienne en extension pour 3 à 4 semaines avant la
rééducation. Dans la majorité des cas, cette lésion rare est méconnue
extenseurs des doigts longs
et ce n’est qu’au stade séquellaire qu’elle est diagnostiquée.
ZONE I

ZONE VI ¶ Diagnostic
Le déficit clinique est la perte de l’extension active de P1 sur le Cette lésion correspond au doigt en « maillet ». Le déficit initial est
métacarpien. En pratique, dans les sections simples, le déficit peut le même que dans les lésions fraîches. La chute de la phalangette
être masqué par l’action des bandelettes anastomotiques ou junctura (P3) entraîne une déformation permanente, parfois gênante et
tendinum. toujours disgracieuse. Il est alors essentiel, en fonction de
Dans les lésions des tendons extenseurs au dos de la main, il faut l’ancienneté de la lésion, d’évaluer la réductibilité du doigt en
distinguer deux situations distinctes, d’une part la lésion simple de « maillet ». Une radiographie centrée sur le segment considéré, de
traumatologie courante avec lésion partielle ou complète d’un ou de face et de profil, doit être réalisée. Dans le type I, il existe un cal
plusieurs tendons et d’autre part la lésion complexe qui intéresse tendineux trop long de mauvaise qualité. Dans le type II, on trouve
non seulement l’appareil tendineux mais aussi le squelette avec le plus souvent une continuité fibreuse entre le fragment osseux et
délabrement cutané. P3.
¶ Lésion simple ¶ Traitement
Tous les tendons lésés sont réparés. L’appareil extenseur est examiné La résection-suture en zone saine, préconisée par certains, n’est pas
sur toute la hauteur de la plaie en contrôlant par des mouvements recommandable du fait de la mauvaise qualité tendineuse

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


14-058-A-10 Lésions traumatiques des tendons extenseurs de la main Appareil locomoteur

doigt débute progressivement. Graner fixe l’articulation


6 Ténodermodèse de
interphalangienne distale en légère extension pendant 45 jours par
Brooks-Iselin.
une broche [2].

Ténotomie de la bandelette médiane de l’extenseur


Elle consiste à favoriser le recul global de l’appareil extenseur en
sectionnant ou allongeant en « chevron » la bandelette médiane de
l’extenseur au niveau de la base de P2 [7]. Cette technique ne
s’adresse qu’aux déformations anciennes associant un « col de
*
A cygne » modéré sur des articulations souples.

Arthrodèse de l’interphalangienne distale


Elle est indiquée dans les lésions anciennes irréductibles et souvent
détruites. C’est la solution ultime en cas de type III négligé ou
compliqué. Sa réalisation technique n’a rien de spécifique.

ZONE II
La bandelette terminale recule au dos de P2, entraînant un recul
équivalent des bandelettes latérales. On n’observe ce phénomène en
pratique que chez les patients hyperlaxes et/ou chez les patients
présentant naturellement une ébauche de déformation en « col de
cygne » (fig 7). Le faisceau oblique du ligament rétinaculaire est ainsi
détendu par l’effet de recul de l’ensemble du système extenseur. Il
*
B se crée progressivement un déséquilibre des forces d’extension sur
la face dorsale de l’articulation interphalangienne proximale. Ces
bandelettes latérales provoquent une mise en tension de la
séquellaire. Dans le type I, la greffe tendineuse expose à tous les bandelette médiane qui a tendance à provoquer une hyperextension
ennuis cutanés et infectieux et ne doit pas être préconisée. Trois de P2 sur P1. Tout se passe comme si la bandelette médiane était
types d’intervention peuvent être proposés. « trop courte ». Cette déformation associant sur un doigt long une
hyperextension de P2 sur P1 et un déficit d’extension de P3 sur P2
Ténodermodèse (Brooks-Iselin) est la déformation du doigt en « col de cygne », ou swan neck
deformity des Anglo-Saxons [8]. L’évaluation de cette lésion ancienne
Indiquée dans le type I ou II, la ténodermodèse consiste à tailler une
doit également être complétée par l’appréciation de la souplesse des
résection cunéiforme cutanéofibreuse aux dépens de la face dorsale
articulations interphalangiennes.
de la région interphalangienne distale et à suturer ensuite bord à
bord, par des points totaux, la brèche ainsi créée [19, 20]. La tranche de Sur le plan thérapeutique, outre la rééducation, la simple ténotomie
peau à réséquer est comprise entre deux incisions qu’il faut de la bandelette médiane peut être un geste efficace.
soigneusement dessiner sur le dos de l’interphalangienne distale : la
première est tracée dans le pli proximal et la seconde dans le pli
ZONE III
moyen dorsal de l’interphalangienne distale, préalablement répérés
sur le doigt étendu. Il faut, avec le tranchant du bistouri, couper ¶ Physiopathologie de la déformation
hardiment vers la profondeur jusqu’au contact du plan osseux en
en « boutonnière »
veillant à ce que les deux incisions, séparées au départ de 3 ou 4 mm
en moyenne, se rejoignent sur le côté du doigt à leurs extrémités et En cas de lésion ancienne de la bandelette médiane (section ou
aussi en profondeur, formant un quartier qui emporte la peau, le rupture), une déformation dite en « boutonnière », lésion difficile à
tissu sous-cutané, le cal tendineux et un fin liseré de capsule traiter, peut apparaître secondairement.
articulaire (fig 6). Les deux bandelettes latérales ont tendance à se déplacer vers la
La suture est faite de monofil synthétique en cinq ou six points face palmaire par distension progressive du ligament triangulaire
simples, chargeant la peau et le tissu fibreux en passant au contact pour se situer en avant de l’axe de mobilité de l’articulation. Par
du plan ostéoarticulaire, puis serrés sans excès. En fin d’intervention, ailleurs, les bandelettes latérales luxées transmettent la tension des
la troisième phalange doit se maintenir dans l’alignement de la muscles intrinsèques directement vers l’articulation
deuxième. Une attelle est mise aussitôt en place le plus souvent sur interphalangienne distale qui se place en hyperextension. La
la face dorsale des deux dernières phalanges en légère rétraction du faisceau rétinaculaire transverse pérennise la luxation
hyperextension. Les fils sont enlevés au 30e jour. Le patient doit palmaire des bandelettes, et donc le flessum de l’interphalangienne
garder son attelle sans discontinuer pendant 6 semaines. Après ce proximale. La rétraction du faisceau rétinaculaire oblique pérennise
temps, l’attelle est portée la nuit tandis que la mobilisation active du l’hyperextension de l’interphalangienne distale. Il s’agit d’une

7 Lésion ancienne de l’appareil extenseur en zone II


de l’index (chez un patient hyperlaxe).
A. Vue préopératoire en flexion avec déficit d’enroulement
de l’index du fait d’adhérences au dos de P2.
B. Extension complète avec aspect en « col de cygne » dé-
butant.

*
A *
B

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


Appareil locomoteur Lésions traumatiques des tendons extenseurs de la main 14-058-A-10

déformation plus ou moins d’autoaggravation [24]. Tout se passe


comme si la tête de P1 faisait « hernie » entre les bandelettes latérales 8 Déformation en « bou-
tonnière » du troisième
qui forment une véritable boutonnière. doigt.
La boutonnière se définit comme une déformation associant une A. Vue initiale.
flexion permanente de l’interphalangienne proximale et, au stade B. Attelle type avec
ultime, une hyperextension de l’interphalangienne distale. La flexion lame d’extension du
progressive de l’articulation interphalangienne proximale est induite rayon atteint.
par le déséquilibre tendineux, l’ensemble des forces de flexion et
d’extension s’associant pour fléchir la phalange intermédiaire.
*
A
Au stade ultime de l’évolution, la boutonnière est fixée avec :
– une interposition d’un cal conjonctif entre les berges de la rupture
de la bandelette moyenne ;
– une luxation palmaire des bandelettes latérales et une distension
du ligament triangulaire ;
– une rétraction du système rétinaculaire (faisceau transverse et
oblique).
Les articulations interphalangienne proximale et interphalangienne *
B
distale vont alors s’enraidir à leur tour puisqu’elles sont privées de
tout mouvement. chirurgicale est licite. Elle doit permettre de restituer l’anatomie
fonctionnelle en rééquilibrant les forces de l’appareil extenseur. Seul
¶ Diagnostic et classification un programme de reconstruction anatomique de l’appareil extenseur
L’examen clinique retrouve un déficit de 15 à 20° d’extension active peut permettre de restituer une extension efficace du doigt.
de l’interphalangienne proximale. Il existe par ailleurs une L’intervention recommandée doit donc recréer l’anatomie et se
diminution de la force d’extension contre-résistance, ainsi qu’une décompose en plusieurs étapes essentielles [5] : dissection des
diminution de la flexion passive de l’interphalangienne distale bandelettes latérales luxées en palmaire pour les libérer et les
quand l’interphalangienne proximale est maintenue en rectitude. dorsaliser, après avoir si nécessaire sectionné le faisceau transverse
Dans ce cas encore, une évaluation des mobilités active et passive du ligament rétinaculaire ; contrôle de la mobilité interphalangienne
des articulations interphalangiennes est indispensable. Elle permet proximale en réalisant, en cas de flessum modéré (5-10°), une
de distinguer trois types lésionnels : la déformation débutante, la libération à la spatule du cul-de-sac articulaire antérieur pour
boutonnière installée, réductible passivement et enfin la boutonnière obtenir l’extension complète ; fixation de l’interphalangienne
fixée avec rétraction du faisceau oblique du ligament rétinaculaire proximale en extension à l’aide d’une fine broche oblique ; et, après
et raideur articulaire. résection du cal d’allongement sur 2 à 3 mm, réfection de la
bandelette médiane par suture fine et sans tension (fig 9) puis
Le programme de réduction et d’assouplissement doit être essayé
contrôle de la mobilité de l’interphalangienne distale et section
pendant un délai de 2 mois au minimum avant de distinguer les
éventuelle du faisceau oblique rétinaculaire, si l’hyperextension
boutonnières réductibles car souples ou assouplies des boutonnières
persiste.
anciennes, enraidies et irréductibles. Devant toute boutonnière
initialement fixée, un programme d’assouplissement doit également En postopératoire, une attelle segmentaire complète la stabilisation
être instauré (fig 8). La rééducation doit viser à récupérer le de l’interphalangienne proximale. Les articulations
maximum d’extension de l’interphalangienne proximale à l’aide métacarpophalangienne et interphalangienne distale libres sont
d’une orthèse dynamique d’extension. La bague d’extension de ces immédiatement mobilisées activement et passivement. L’ablation de
orthèses doit prendre appui sur la deuxième phalange pour réduire la broche est réalisée à la quatrième semaine et l’attelle segmentaire
le flessum de l’interphalangienne proximale avec un contre-appui remplacée par une orthèse dynamique d’extension.
sur la première phalange pour éviter l’hyperextension de la Il faut mentionner d’autres techniques envisageables pour combler
métacarpophalangienne. L’interphalangienne distale doit être libre la perte de substance tendineuse de la bandelette moyenne : par
et sa flexion active possible. lambeau capsulaire en comblant ainsi la brèche [32] ; par suture des
ligaments rétinaculaires au dos de l’interphalangienne proximale ;
¶ Traitement de la boutonnière souple ou assouplie par l’utilisation d’une des bandelettes latérales pour reconstituer la
bandelette médiane [26] ; ou par section des deux bandelettes latérales
Lorsque la rééducation a permis de réduire, le plus souvent rabattues sur la ligne médiane et fixées à la base de P2. Enfin,
partiellement, la déformation, la gêne esthétique et fonctionnelle doit plusieurs procédés de greffes tendineuses de la bandelette moyenne
être appréciée en sachant que les besoins varient en fonction de ont été décrits [16].
chaque rayon digital et qu’un flessum de l’index n’a pas le même
retentissement qu’un flessum de l’auriculaire. Lorsque le patient est ¶ Traitement de la boutonnière enraidie et irréductible
satisfait du résultat et ne ressent aucune gêne, aucun traitement Lorsque la gêne fonctionnelle est invalidante, une intervention
adjuvant chirurgical n’est alors utile. Dans le cas contraire, une fois chirurgicale est nécessaire. Il faut distinguer la boutonnière sans et
que la rééducation a atteint son efficacité maximale, une intervention avec destruction articulaire radiologique.

9 Lésion de la bandelette médiane.


A. Principe de la déformation en « bouton-
nière ».
B, C. Principes du traitement chirurgical.

*
A

*
B *
C

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


14-058-A-10 Lésions traumatiques des tendons extenseurs de la main Appareil locomoteur

pulpe-paume n’est plus possible, mais il faut toujours également


1 2 10 Ténotomies de l’exten-
évaluer le déficit d’extension de la métacarpophalangienne qui est
seur pour déformation en
« boutonnière ». 1. Selon le plus souvent associé. Un bilan radiographique standard centré
Fowler (distale) ; 2. selon sur le rayon intéressé doit dans tous les cas compléter le bilan
Dolphin (proximale). préopératoire [6].

Traitement
L’intervention, lorsqu’elle est indiquée, ne doit pas être pratiquée
trop précocement. Un délai minimal de 5 à 6 mois est alors
recommandé.
Sans destruction radiographique, si le flessum est peu gênant (< 30°,
doigt ulnaire) et qu’il n’y a pas de flexion de l’interphalangienne En cas d’appareil tendineux continu, dans les cas simples avec
distale, une simple ténotomie de l’extenseur est possible (fig 10) [11]. mobilité complète des articulations interphalangiennes, une simple
En revanche, si le flessum est gênant (> 30°, doigt radial), la ténolyse peut permettre d’obtenir une mobilité complète, sans geste
réparation tendineuse ne peut se faire qu’après restitution d’une sur les éléments capsuloligamentaires. Dans les cas complexes, avec
mobilité passive normale, ce qui impose une arthrolyse préalable. rétraction capsuloligamentaire, une arthrolyse dorsale avec
Cet « assouplissement chirurgical » par arthrolyse peut être réalisé capsulotomie est alors indiquée. Nous recommandons un abord
dans un premier temps et complété par une rééducation pour longitudinal dorsal dans les vallées intermétacarpiennes. Le principe
récupérer l’extension, la réparation de l’appareil extenseur ayant lieu de l’arthrolyse est la résection du triangle rectangle constitué d’un
alors seulement dans un deuxième temps. Cette réparation bord vertical postérieur représenté par le bord antérieur de la
tendineuse doit être complète (bandelette médiane, bandelettes bandelette sagittale, un bord supérieur horizontal constitué par le
latérales, ligament triangulaire) et suivie d’une rééducation longue tendon extenseur, et une hypoténuse constituée par le bord
et intense. postérieur de la dossière des interosseux [4, 31].
Avec lésion articulaire importante, l’abstention thérapeutique est une En cas d’interruption de la continuité tendineuse, il est
possibilité si la gêne fonctionnelle est modérée et compatible avec habituellement possible de réaliser une suture secondaire. Dans les
une activité normale. Si le déficit est trop important ou gênant autres cas, on peut proposer des transferts tendineux.
fonctionnellement, l’arthroplastie en silicone de Swanson (malgré les Dans tous les cas, une rééducation postopératoire immédiate doit
résultats décevants de la chirurgie prothétique lorsque l’appareil être poursuivie pendant une longue période, associée au port
extenseur est déficient) ou la simple ténotomie distale sont deux intermittent d’attelles en extension et en flexion.
possibilités. Ces deux interventions ne permettent pas de restituer
une extension de l’interphalangienne proximale mais permettent un ¶ Luxation latérale des tendons extenseurs
résultat utile habituel de 30 à 70°. Enfin, l’arthrodèse de Les lésions habituelles sont des ruptures radiales longitudinales ou
l’interphalangienne proximale n’est pas recommandable car très obliques de la bandelette sagittale et des fibres obliques de la
invalidante. dossière, avec un déplacement ulnaire significatif du tendon
extenseur au niveau de l’articulation métacarpophalangienne [38].
ZONE IV Au stade séquellaire, les fibres sagittales ulnaires se sont rétractées.
L’extension digitale complète est souvent difficile et le doigt est
Elles posent rarement de problèmes diagnostiques. Il s’agit de
incliné latéralement en ulnaire. Seul un traitement chirurgical peut
lésions avec section de l’ensemble de l’appareil extenseur, sur toute
permettre de recentraliser l’appareil extenseur au dos de la
sa largeur, avec déficit persistant d’extension de P2 sur P1. Toutes
métacarpophalangienne. Les différentes techniques chirurgicales
les techniques de chirurgie secondaire des tendons extenseurs
proposées visent toutes à reconstituer une sangle latérale pour
peuvent être utiles.
maintenir le tendon en position centrée alors que la sangle médiale
rétractée est libérée, sectionnée ou fragilisée. Parmi les différentes
ZONE V techniques, certains ont proposé d’utiliser la junctura tendina
comme néodossière [40]. D’autres proposent une plastie de la sangle
Le pronostic dépend de l’atteinte articulaire. Le déficit d’extension
latérale radiale à partir d’une bandelette tendineuse prélevée aux
de P1 sur le métacarpe se complique alors d’une raideur
dépens du tendon extenseur lui-même [28, 29] . La bandelette
métacarpophalangienne en extension. L’appréciation de la souplesse
tendineuse est alors prélevée avec un pédicule distal. Elle cravate le
de l’ensemble de la chaîne digitale est alors essentielle avant toute
ligament collatéral radial ou bien le ligament intermétacarpien [14], le
décision thérapeutique. Un bilan radiographique est là aussi
tendon lombrical [27], avant d’être refixée à elle-même sur le tendon
indispensable au bilan global.
extenseur. Cette néosangle doit être suffisamment longue pour ne
À côté des plaies tendineuses, les ruptures sous-cutanées des pas entraver la course de l’appareil extenseur et ne pas limiter la
bandelettes sagittales sont, en pratique, exceptionnelles. Néanmoins, flexion. Dans tous les cas, le réglage de la suture en tension doit être
leur existence anatomopathologique doit être connue. réalisé à 50° de flexion qui est la position d’immobilisation pour
5 semaines [9].
¶ Plaie tendineuse
Les plaies au dos de l’articulation métacarpophalangienne sont ZONE VI
grandes pourvoyeuses de raideur articulaire séquellaire. Dans la
majorité des cas, c’est une prise en charge kinésithérapique absente, Les lésions anciennes en zone VI ne posent que peu de problèmes
précaire et/ou inadaptée qui est la véritable cause de cette raideur. diagnostiques. Il s’agit le plus souvent de séquelles d’adhérences,
Le pronostic dépend alors de l’articulation, plus que véritablement après un traitement chirurgical et/ou une rééducation inadaptés,
de l’appareil extenseur proprement dit. avec une limitation mixte à l’extension de P1 sur le métacarpe, mais
aussi à l’enroulement de la chaîne digitale.
Diagnostic
¶ Lésion simple
Il s’agit d’une raideur extra-articulaire en extension dans presque
tous les cas. Il faut distinguer en pratique les limitations de mobilité Le problème ne concerne alors que l’appareil extenseur.
dues à la douleur. Le bilan apprécie les mobilités active et passive
Diagnostic
de la chaîne digitale, notamment aux articulations
interphalangiennes, mais aussi l’état cutanéotendineux. Le contact Trois tableaux cliniques existent.

10

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


Appareil locomoteur Lésions traumatiques des tendons extenseurs de la main 14-058-A-10

Précocement, le patient peut consulter pour un déficit complet de extra-articulaire de l’articulation métacarpophalangienne. La reprise
l’extension active de l’articulation métacarpophalangienne, témoin doit alors s’efforcer d’offrir un plancher satisfaisant au tendon
d’une rupture tendineuse secondaire. extenseur, éventuellement par régularisation d’un possible cal
Il peut s’agir d’adhérences tendineuses, source de déficit de mobilité. osseux, source de conflit (spicules). Elle doit surtout redonner la
L’extension de l’articulation métacarpophalangienne peut alors être souplesse articulaire à l’ensemble de la chaîne digitale et c’est
incomplète mais dans tous les cas c’est le frein dorsal qui empêche l’indication d’une arthrolyse de l’articulation métacarpo-
l’enroulement complet du segment digital. phalangienne.
Enfin, la cicatrisation tendineuse a de toute évidence été obtenue
mais il existe un déficit de mobilité en extension et/ou en flexion. Il • Délabrement cutanéograisseux
peut alors s’agir d’un cal tendineux trop long, dans ce cas l’extension En cas de couverture cutanéograisseuse inadaptée, il faut alors
est inefficace dans les amplitudes extrêmes. À l’inverse, une suture envisager une restitution de la fonction en deux temps.
sous tension peut aboutir à un cal trop court, dans ce cas, le déficit Le premier temps consiste toujours à redonner une atmosphère
apparaît dans les amplitudes de flexion maximale du segment favorable au plan de glissement et un lambeau cutanéograisseux
considéré. peut être indiqué (lambeau interosseux postérieur par exemple). Si
un transfert tendineux doit être proposé secondairement, on peut,
Traitement dans le même temps que la réalisation du lambeau, mettre en place
Un lâchage de suture nécessite toujours une reprise chirurgicale, le une tige en silicone afin de faciliter le plan de glissement du
plus souvent pour réparation secondaire. Dans un délai précoce transfert.
jusqu’à 2 mois après la chirurgie initiale, une suture secondaire peut Le deuxième temps consiste, après cicatrisation cutanée, à réaliser le
être envisagée. Les sutures secondaires sont en effet longtemps geste tendineux approprié pour redonner une fonction satisfaisante.
possibles, surtout lorsque la section est distale, les junctura
tendinum empêchant la rétraction du bout proximal. Après un délai • Perte de substance tendineuse
tardif, une suture latérolatérale au tendon adjacent peut être
proposée. La greffe tendineuse est indiquée, quant à elle, en cas de Le problème est particulièrement complexe en cas de perte de
lésions anciennes multiples. substance tendineuse et plusieurs possibilités thérapeutiques
s’offrent au chirurgien de la main.
En cas de suspicion d’adhérences tendineuses, une période de
rééducation, avec le port intermittent d’orthèses d’extension et Dans les cas relativement simples, la ténorraphie est une alternative
d’enroulement, doit dans tous les cas être tentée dans les 6 premiers efficace et simple. Ailleurs, le transfert tendineux est la technique de
mois après la réparation initiale. Ensuite, l’existence d’adhérences choix. Le transfert doit être adapté à chaque situation. Lorsque les
est l’indication d’une ténolyse de l’appareil extenseur. Celle-ci doit tendons de l’index sont respectés, on peut proposer le transfert de
toujours être relayée par une rééducation postopératoire immédiate l’extenseur propre de l’index.
et prolongée, notamment en flexion des doigts.
L’existence d’un cal tendineux de longueur inappropriée nécessite ZONE VII
un réajustement de la longueur du tendon afin de rééquilibrer la
Le problème des lésions anciennes en zone VII est l’existence de
chaîne digitale. S’il s’agit d’un cal trop long, un accourcissement
canaux ostéofibreux dans lesquels coulissent les tendons. Le
tendineux avec nouvelle suture est indiqué. S’il s’agit d’un cal trop
rétinaculum des extenseurs et les cloisons intertendineuses sont
court, on peut proposer un allongement tendineux.
deux obstacles majeurs à la course normale des extenseurs.
Les suites postopératoires sont dépendantes de la continuité de
La chirurgie secondaire par suture directe des tendons est le plus
l’appareil extenseur. En cas de reprise sur un appareil extenseur
souvent vouée à l’échec, malgré l’excision partielle du ligament et
continu (ténolyse, allongement tendineux), la rééducation est
l’effondrement de quelques cloisons pour agrandir l’espace de
débutée immédiatement après le geste chirurgical, complétée si
glissement, car la rétraction proximale des tendons est
nécessaire par le port intermittent d’orthèse d’extension et
importante [36]. L’extrémité proximale du tendon « file » en effet dans
d’enroulement. Dans les cas de reprise avec nouvelle suture
l’avant-bras.
tendineuse (suture secondaire, greffe tendineuse), une attelle,
poignet et articulations métacarpophalangiennes en extension, est Sur le plan chirurgical, outre l’excision partielle du ligament et
mise en place, en prenant soin de laisser libres les articulations l’effondrement de cloisons, il est indiqué de réaliser, soit des
interphalangiennes. Cette attelle est à garder pour une période de anastomoses tendineuses latérolatérales avec les extenseurs voisins
3 semaines, puis une rééducation passive et active est débutée. Le sains, soit des greffes tendineuses dont les anastomoses sont à
port de l’attelle est alors recommandé la nuit pendant 3 semaines distance du ligament rétinaculaire dorsal. Dans certains cas, on peut
supplémentaires. proposer des transferts tendineux.
Dans les cas extrêmes de perte de substance étendue de la totalité
¶ Lésion complexe de l’appareil extenseur, le tableau clinique peut alors être identique
à celui d’une paralysie radiale basse. Les transferts de réanimation
Diagnostic de l’extension des doigts et du pouce peuvent avoir là une place
ultime. Certains recommandent l’utilisation du tendon du
Elle est en règle le fait d’écrasement de la main avec lésions
fléchisseur ulnaire du carpe, détourné en sous-cutané, autour du col
ostéoarticulaires et délabrement des tissus tendineux et cutanés. Le
de l’ulna, pour être suturé aux moignons des extenseurs communs
pronostic est alors dépendant du type de lésion tendineuse, mais
des doigts longs et éventuellement au long extenseur du pouce [8].
aussi bien sûr de la qualité du lit tendineux, osseux et/ou
Dans les cas où le moignon tendineux se trouve plus distal, il est
cutanéograisseux.
possible d’utiliser le tendon du fléchisseur superficiel du quatrième
Traitement doigt, qui a l’avantage d’offrir plus de longueur, distalement, pour
la reconstruction.
Sur le plan tendineux, si les principes du schéma thérapeutique
proposé dans les reprises après lésion simple peuvent être respectés,
d’autres gestes complémentaires doivent souvent être envisagés. Lésion du long extenseur du pouce
• Lésion ostéoarticulaire associée La fonction principale du long extenseur du pouce est la
En cas de lésion ostéoarticulaire associée, la hantise doit être la rétropulsion. Il doit être testé paume de la main sur un plan dur et
survenue d’adhérences au dos du métacarpe et/ou d’une raideur permet la rétropulsion ou extension de l’articulation

11

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


14-058-A-10 Lésions traumatiques des tendons extenseurs de la main Appareil locomoteur

trapézométacarpienne et métacarpophalangienne. L’extension de la L’extrémité proximale peut être rétractée et peut être retrouvée au
deuxième phalange est, quant à elle, assurée par les expansions des besoin au-dessus du rétinaculum des extenseurs.
thénariens, elle n’est donc que peu ou pas perturbée par une lésion
proximale.
Après réparation, toute immobilisation doit être réalisée en légère RUPTURE SOUS-CUTANÉE DU LONG EXTENSEUR
extension du poignet et en rétropulsion de la colonne du pouce. DU POUCE

Le trajet du long extenseur du pouce au poignet est caractérisé par


ZONES TI ET TII un angle de réflexion autour du tubercule de Lister et croise celui
des extenseurs radiaux. Son amplitude de glissement est de 58 mm
Au dos de l’articulation interphalangienne et au dos de P1, la
et en cas de rupture, son extrémité proximale se rétracte de façon
situation est identique à celle des autres doigts et implique les
importante, sous le rétinaculum des extenseurs.
mêmes indications et les mêmes techniques de réparation.
La rupture sous-cutanée est une complication classique après
fracture métaphysaire inférieure du radius. Deux mécanismes
ZONE TIII
peuvent coexister, un mécanisme vasculaire et un mécanisme
Le problème est un peu différent de celui des autres doigts car le traumatique direct. Le mécanisme vasculaire, possible après fracture
système d’extension du pouce est complexe. Il existe non seulement du poignet traitée orthopédiquement, est dû à la constitution d’un
un long et un court extenseur mais également des expansions hématome dans la gaine du tendon qui engendre une rupture
dorsales du court abducteur et de l’adducteur, qui peuvent suppléer, ischémique au niveau du tubercule de Lister. Plus rare, le mécanisme
dans une certaine mesure, à l’extension de la phalange distale direct peut être expliqué par un déplacement important et/ou par
lorsque le long extenseur est sectionné. Les plaies dans cette zone une agression chirurgicale par une broche trop courte.
ne concernent donc le plus souvent qu’une partie de cette large lame
tendineuse et la rétraction est habituellement faible avec une Le diagnostic est le plus souvent fait à l’ablation de l’immobilisation,
réparation facile. après la sixième semaine.
Le traitement de la rupture repose sur le même principe que la
ZONES TIV ET VII réparation d’une plaie ancienne. La réparation directe est impossible
Au niveau du premier métacarpien, de la tabatière anatomique et du fait de la rétraction du moignon proximal. Deux solutions
du poignet, les tendons forment deux groupes qui sont souvent lésés peuvent alors être préconisées :
de façon isolée. Il faut rechercher une atteinte de l’artère radiale et
– la greffe tendineuse avec suture en Pulvertaft au-dessous et au-
des branches sensitives du nerf radial.
dessus du rétinaculum, à la jonction musculotendineuse ;
Si la section du court extenseur peut passer inaperçue lorsque le
long extenseur est intact, la section du long abducteur est en règle – le transfert tendineux de l’extenseur propre de l’index est la
facilement reconnue car il s’agit d’un muscle puissant. technique de choix ; le résultat est très satisfaisant et fiable.

Références
[1] Aiache A, Barsky AJ, Weiner DL. Prevention of boutonniere [14] Elson RA. Dislocation of the extensor tendons of the hand. [26] Matev I. Transposition of the lateral slips of the aponeurosis
deformity. Plast Reconstr Surg 1970 ; 46 : 164-167 Report of a case. J Bone Joint Surg Br 1967 ; 49 : 324-326 in treatment of long standing boutonnière deformity of the
[2] Albertoni WM. Procédé de Brooks-Graner. In : Tubiana R finger. Br J Plast Surg 1964 ; 17 : 281-286
[15] Foucher G, Debry R, Merle M, Dury M. Le traitement des
éd. Traité de chirurgie de la main. Paris : Masson, 1986 : pertes de substances dorsales au niveau de l’articulation [27] McCoy FJ, Winsky AJ. Lumbrical loop operation for luxation
tome III : 121-125 interphalangienne proximale des doigts. Ann Chir Plast of the extensor tendons of the hand. J Plast Reconstr Surg
[3] Allieu Y, Asencio G, Gomis R, Teissier J, Rouzaud J. Suture Esthét 1986 ; 31 : 129-136 1969 ; 44 : 142-146
des tendons extenseurs de la main avec mobilisation assis- [28] Michon J. Lésions de l’appareil extenseur dans la région
[16] Fowler SB. Extensor apparatus of the digits. J Bone Joint
tée. À propos de 120 cas. Rev Chir Orthop 1984 ; 70 (suppl métacarpo-phalangienne. Ann Chir Plast 1962 ; 7 : 209-253
SurgBr 1949 ; 31 : 477
II) : 68-73 [29] Michon J. Les déséquilibres de l’appareil extenseur dans la
[4] Alnot JY. Arthrolyse des articulations métacarpophalan- [17] Gonzales MH, Weinzweig N, Kay T, Grindel S. Anatomy of région métacarpo-phalangienne. Ann Chir 1971 ; 25 :
giennes des doigts longs dans les raideurs post- the extensor tendons of the index finger. J Hand Surg Am 981-986
traumatiques en extension. Ann Chir Main 1982 ; 1 : 1996 ; 21 : 988-991
[30] Rupnik J, Leclercq C. Les tendons extenseurs du cinquième
358-360 [18] Guinard D, Lantuejoul JP, Gérard P, Moutet F. Mobilisation doigt : anatomie et classification. La Main 1997 ; 2 : 3-9
[5] Alnot JY, Dunand JL. Le syndrome de la boutonnière post- précoce protégée par l’appareil de Levam après réparation [31] Saffar P. Treatment of metacarpophalangeal joint stiffness.
traumatique par lésions de l’appareil extenseur au dos de primaire des tendons extenseurs à la main. Ann Chir Main In : Copeland SA, Gschwend N, Landi A, Saffar P eds. Joint
l’interphalangienne proximale. Rev Chir Orthop1988 ; 74 1993 ; 12 : 342-351 stiffness of the upper limb. London : Martin Dunitz, 1997 :
(suppl 2) : 53-56 [19] Iselin F. Lésions traumatiques de l’appareil extenseur. In : 243-246
[6] Alnot JY, Masmejean E. Causes of post-traumatic metacar- Cahier d’enseignement de la SOFCOT n°42, Conférences [32] Salvi M. Technique for the boutonnière deformity. The
pophalangeal joint stiffness. In : Copeland SA, Gschwend d’enseignement. Paris : Expansion scientifique française, Hand 1969 ; 1 : 96-97
N, Landi A, Saffar P eds. Joint stiffness of the upper limb. 1992 : 61-72 [33] Snow JW. Use of retrograde tendon flap in repairing a
London : Martin Dunitz, 1997 : 231-236 severed extensor tendon in the PIP area. Plast Reconstr Surg
[20] Iselin F, Godoy J, Levame J. A simplified technique for treat-
[7] Bowers WH, Hurst LC. Chronic mallet finger: the use of the ing mallet fingers: tenodermodesis. J Hand Surg 1977 ; 2 : 1973 ; 51 : 555-558
Fowler’s central slip release. J Hand Surg 1978 ; 3 : 373-376 118-121 [34] Tubiana R. Les lésions des tendons extenseurs. In : Tubiana
[8] Burton RI. Extensor tendons - Late reconstruction, In : R éd. Traité de chirurgie de la main. Paris : Masson, 1986 ;
[21] Kapandji IA. Physiologie articulaire, membre supérieur.
Green DP ed. Operative hand surgery. New York : Churchill tome III : 99-100
Tome I. Paris : Maloine, 1980 : 208-211
Livingstone, 1993 : 1955-1988 [35] Tubiana R. Plaies des tendons de la main. Encycl Méd Chir
[9] Chaise F, Baillet P. Luxation habituelle de l’appareil exten- [22] Landsmeer JM. The anatomy of the dorsal aponeurosis of (Éditions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris),
seur en regard de la métacarpo-phalangienne des doigts. the human finger and its functional significants. Anat Rec Techniques Chirurgicales-Orthopédie-Traumatologie,
Ann Chir Main 1983 ; 2 : 186-188 1949 ; 31 : 104 44-395, 1986 : 1-24
[10] Chammas M. Lésions traumatiques récentes de l’appareil [23] LeViet D, Ebelin M, Loy S. Luxation traumatique de l’appa- [36] Vaienti L, Merle M. Chirurgie secondaire de l’appareil
extenseur digital au poignet et à la main. In : Cahier d’ensei- reil extenseur au dos de l’articulation métacarpo- extenseur des doigts. In : Merle M, Dautel G éd. La main
gnement de la Société française de chirurgie de la main. phalangienne de l’auriculaire. Ann Chir Main 1991 ; 10 : traumatique. Chirurgie secondaire : le poignet traumati-
Paris : Expansion scientifique française, 1999 : 33-51 273-279 que. Paris : Masson, 1995 : 93-113
[11] Dolphin JA. The extensor tenotomy for chronic bouton- [24] Mansat M. Ruptures tendineuses de la main et traumato- [37] Valentin P. Physiologie de l’extension des doigts. In :
nière deformity of the finger. J Bone Joint Surg Am 1965 ; 47 : logie sportive. In : Cahier d’enseignement de la Société Tubiana R éd. Traité de chirurgie de la main. Paris : Masson,
161-164 française de chirurgie de la main. Paris : Expansion scienti- 1980 ; tome 1 : 411-420
[12] Doyle JR. Extensor tendons. Acute injuries. In : Green DP fique française, 1989 : 1-8 [38] Watson HK, Weinzweig J, Guidera PM. Sagittal band recon-
ed. Operative hand surgery. New York : Churchill Livings- struction. J Hand Surg Am 1997 ; 22 : 452-456
[25] Maréchal E. Traumatismes fermés récents de l’articulation
tone, 1993 : 1925-1954 interphalangienne proximale des doigts longs. In : Comtet [39] Wehbé MA. Anatomy of the extensor mechanism of the
[13] Dray GJ, Eaton RG. Dislocations and ligament injuries in the JJ éd. Traumatismes ostéo-articulaires fermés des doigts, hand and wrist. Hand Clin 1995 ; 11 : 361-366
digits. In : Green DP ed. Operative hand surgery. New York : Cahiers d’enseignement de la SOFCOT n° 47. Paris : Expan- [40] Wheeldon FT. Recurrent dislocation of extensor tendons in
Churchill Livingstone, 1993 : 767-798 sion scientifique française, 1994 : 71-76 the hand. J Bone Joint Surg Br 1954 ; 34 : 612-617

12

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”

Vous aimerez peut-être aussi