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7
Doigts
PLAN DU CHAPITRE
■■ Les doigts normaux
yy Rappels anatomiques
yy Réalisation pratique
■■ Les doigts pathologiques
yy Pathologie de l'appareil fléchisseur
yy Pathologie de l'appareil extenseur
yy Entorses
yy Lésion des muscles intrinsèques de la main
yy Pathologies articulaires chroniques des doigts
yy Autres pathologies du doigt et de l'ongle
yy Les gestes sous échographie
Échographie musculosquelettique
© 2014, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
166 Échographie musculosquelettique
Tendon fléchisseur
superficiel
A5 Tendon fléchisseur
P3 A1 profond
A4 A3
P2 A2
P1 M
A
Long
vinculum Tendon fléchisseur
Court superficiel
vinculum
Tendon fléchisseur
profond
P3
P2
P1 M
B
Fig. 7.1 Vues latérales de l'appareil extenseur des quatre derniers doigts.
a. Schématisation des poulies digitales annulaires.
b. Les poulies sont réséquées pour faciliter la visualisation des rapports tendineux.
M : métacarpien ; P : phalange.
Doigts 167
Ces tendons pénètrent entourés de leur gaine synoviale dans un tunnel ostéofi-
breux étroit constitué en arrière par la corticale antérieure des phalanges, en avant
et latéralement par une gaine digitale fibreuse.
Cette gaine fibreuse comporte cinq poulies annulaires (A1 à A5) inexten-
sibles qui appliquent les tendons contre les corticales et trois poulies cruci-
formes. Le rôle de ces poulies est d'orienter la force de traction des tendons
fléchisseurs et de transformer leur translation horizontale en mouvement
de rotation des interphalangiennes tout en évitant que ces tendons ne
prennent la corde.
L'anatomie du système fléchisseur du pouce est moins complexe avec un seul
tendon fléchisseur (le long fléchisseur du pouce) qui pénètre dans une gaine
fibreuse plus simple : une poulie A1 au niveau de la tête du premier métacarpien,
une poulie A2 au niveau de la tête de la première phalange et, entre les deux, en
regard de la diaphyse de la phalange proximale, une poulie « oblique » renforcée
par des fibres de l'adducteur du pouce.
La capsule antérieure des articulations des doigts – articulations
métacarpo-phalangienne (MCP), interphalangienne proximale (IPP), interpha-
langienne distale (IPD) – est renforcée par un solide complexe fibrocartilagineux
triangulaire : la plaque palmaire.
Les doigts 2–3–4 possèdent une gaine synoviale digitale propre s'arrê-
tant 15 mm au-dessus de la MCP. Le pouce et le V possèdent une gaine
digito-carpienne.
Anatomie de l'appareil l'extenseur (fig. 7.2)
L'appareil extenseur des doigts longs est également complexe et présente
de nombreuses variations : classiquement, on décrit un tendon extenseur
commun pour les quatre derniers doigts et un extenseur propre supplémen-
taire pour l'index et l'auriculaire. Parmi les variantes, on notera l'existence
fréquente de bandelettes de connexion intertendineuses en regard des
métacarpiens.
En regard des MCP, les tendons extenseurs sont maintenus en place par les ban-
delettes sagittales tendues du tendon extenseur à la plaque palmaire, recouvrant
les ligaments collatéraux des doigts longs et formant ainsi un anneau fibreux cir-
conférentiel autour de la MCP.
L'extenseur se divise au niveau de P1 en trois lames tendineuses : la bandelette
médiane (insertion sur la face dorsale de P2) et les bandelettes latérales se réu-
nissant en un tendon conjoint terminal s'insérant sur la face dorsale de la base
de P3.
Les bandelettes latérales vont recevoir des petites expansions tendineuses des
muscles lombricaux et interosseux intervenant dans l'extension des interphalan-
giennes. D'autres expansions fibreuses de ces muscles vont constituer la dossière
168 Échographie musculosquelettique
Dossière
des interosseux
Bandelette médiane Bandelette latérale
du tendon extenseur du tendon extenseur Tendon extenseur
Ligament
rétinaculaire
dorsal
Tendon
conjoint
terminal Ligament Bandelette
rétinaculaire sagittale Muscle
Ligament transverse
rétinaculaire interosseux
Muscle
A oblique
lombrical
Muscle
lombrical
Dossière Muscle
des interosseux interosseux
Bandelette latérale
du tendon extenseur
Tendon
conjoint
terminal
Bandelette médiane
Tendon extenseur
du tendon extenseur Bandelette
B sagittale
Fig. 7.2 Vues latérale (a) et dorsale (b) de l'appareil extenseur d'un doigt long.
des interosseux, ou aponévrose dorsale des doigts, qui recouvre les composantes
du tendon extenseur et joue un rôle important dans la flexion des MCP.
Au niveau des doigts, les extenseurs ne présentent pas de gaine (celle-ci s'arrêtant
au poignet).
Aponévrose
Aponévrosedudu
muscle
muscleadducteur
adducte
du
dupouce
pouce
Tendon long
extenseur
du pouce
Muscle
LCU adducteur
du pouce
A B
te
te
te BS BS
BS
L
C L
L L
C
V C IV C
pp
pp
tf
tf
A
B
Fig. 7.8 Bandelettes sagittales.
a. Schéma des bandelettes sagittales en coupe axiale transverse au niveau des 4e (IV) et
5e (V) rayons. En regard des MCP, les tendons extenseurs sont maintenus en place par
les bandelettes sagittales (BS) tendues du tendon extenseur (te) à la plaque palmaire
(pp), recouvrant les ligaments collatéraux des doigts longs (LC), et formant ainsi un
anneau fibreux circonférentiel autour de la MCP.
b. Coupe transverse dorsale d'un tendon extenseur en regard de la tête d'un métacarpien.
On vérifie par cette coupe (réalisée main en extension et éventuellement poing serré)
l'intégrité des bandes sagittales (flèches) et le centrage du tendon extenseur (te).
Coupes coronales
Elles permettent d'analyser les ligaments collatéraux.
L'examen est difficile mais possible pour les ligaments des MCP (le plan sera plutôt
coronal oblique par voie dorsale, l'accès à ces ligaments étant gêné par les doigts adje-
cents, sauf pour le ligament collatéral radial du 2e et ulnaire du 5e doigt pour lesquels
un plan coronal strict est réalisable).
Les collatéraux des IPP qui sont fréquemment le siège d'entorses sont eux faciles
à analyser.
174 Échographie musculosquelettique
A B
F
C D
F
F
Les gaines tendineuses ne sont quasiment pas visibles à l'état normal, elles le
deviennent dès qu'elles sont pathologiques.
L'échographie peut retrouver soit un épanchement liquidien péritendineux (ané-
chogène), soit un épaississement global de la gaine synoviale (hypoéchogène)
avec éventuelle hyperhémie en mode Doppler.
L'échographie recherche également une tendinopathie sous-jacente des fléchis-
seurs (tendon épaissi, hétérogène) et, suivant le contexte, un corps étranger.
B
Fig. 7.11 Jersey finger type II de la classification de Leddy et Packer, récent, survenu
par mécanisme indirect, il y a 2 jours chez un rugbyman.
a. Défect distal du tendon fléchisseur profond (**) en coupe sagittale, le moignon (FP)
est rétracté au niveau de l'IPP, on note un aspect de « trop belle poulie A4 » (têtes de
flèche).
b. Au niveau de la MCP, le tendon fléchisseur profond (FP) et le fléchisseur superficiel
(FS) sont de morphologie normale confirmant ainsi une lésion de type II de Leddy et
Packer (long vinculum du fléchisseur profond intact).
M : métacarpien.
épaisse que le tendon lui-même (gaine synoviale distendue, liquide, sang, tissu
cicatriciel, débris) ;
■ les manœuvres dynamiques permettent une meilleure visualisation de la plage
de rupture en démontrant un « asynchronisme » des mouvements des moignons
tendineux ; ainsi, on note une absence ou une nette diminution de mobilisation
du moignon tendineux proximal lors des manœuvres de flexion passive et une
mobilisation de ce moignon lors des manœuvres de flexion active sans transmis-
sion du mouvement à la zone de rupture ;
■ un cône d'ombre postérieur peut être observé en arrière de la rupture
(désorganisation des fibres lésées responsable d'une réfraction du faisceau
ultrasonore) ;
Doigts 177
I I
I I II
III
IV
I
II I V
I
II II
III III VI
IV
VII
A V B
Fig. 7.13 Classification topographique des lésions des tendons fléchisseurs (a)
et extenseurs (b) des doigts selon la Fédération internationale des sociétés de
chirurgie de la main.
■ la rupture partielle se caractérise par une perte focale de continuité des fibres
tendineuses (fig. 7.14), sans altération des manœuvres dynamiques.
La difficulté du diagnostic échographique est majorée si la lésion tendineuse
est examinée à distance du traumatisme. Un phénomène de fibrose est pos-
sible avec une adhérence du tendon rompu au tendon adjacent, à sa gaine
D
Fig. 7.15 Les principaux types de Jersey finger d'après la classification de Leddy et
Packer (les structures pathologiques sont figurées en rouge).
a. Type I, le tendon fléchisseur profond est rétracté au niveau de la paume de la main
suite à la désinsertion distale de ce tendon et à la rupture de son court et de son long
vinculum.
b. Type II, le fléchisseur profond est rétracté au niveau de l'IPP ou de P1, le long
vinculum étant respecté.
c. Type III, arrachement osseux de l'insertion distale du fléchisseur profond qui reste
bloqué en distalité sous la poulie A5.
d. Type IV de Smith consistant en l'association d'une avulsion distale du tendon long
fléchisseur et d'une fracture articulaire de la base de P3 ; le fragment osseux n'est pas
solidaire du tendon avulsé.
Doigts 181
Doigt à ressaut
C'est le blocage, ou le ressaut, d'un doigt lors des mouvements de flexion–
extension lié le plus souvent à l'inadéquation entre le diamètre des tendons
fléchisseurs et celui de la poulie A1.
Cette pathologie est fréquente (2,6 % de la population sera touchée dans sa vie,
et 10 % des diabétiques), avec un pic principal au cours des 5e et 6e décades, et un
pic dans l'enfance.
Les localisations les plus fréquentes sont : le pouce (33 %), l'annulaire (27 %) et le
majeur.
Les signes échographiques suivants sont classiquement retrouvés (série de
Guerini) (fig. 7.16) :
■ épaississement de la poulie A1 (100 %) régulier ou nodulaire, avec encoche
sur les tendons fléchisseurs sous-jacents. L'épaisseur moyenne de la poulie A1 est
alors de 1,8 mm pour une normale de 0,5 mm ;
■ hypervascularisation de la poulie A1 (91 %) ;
■ ténosynovite (55 %) ;
■ tendinose (48 %) avec épaississement et aspect hétérogène des tendons flé-
chisseurs en aval de la poulie A1 pour les doigts longs, et épaississement du long
fléchisseur en amont de cette poulie pour le pouce ;
■ fissure intratendineuse (6 % des cas).
Voici une autre série de signes qui peuvent être retrouvés :
■ dark tendon sign de Gruber (fig. 7.17) : l'hypertrophie de la poulie A1 entraîne
une déformation focale du tendon en déviant discrètement ses fibres ; celles-ci
n'étant plus parallèles à la sonde, il en résulte par anisotropie une perte focale de
l'aspect fibrillaire du tendon remplacé par une zone « sombre » qui ne se mobilise
pas avec le tendon ;
■ pour les doigts longs, la tendinose hypertrophique porte principalement sur
les languettes latérales du fléchisseur superficiel (fig. 7.18) qui vont venir direc-
tement « buter » contre la poulie A1 en flexion. L'augmentation de surface de ces
languettes est alors bien montrée en coupe axiale ;
■ dans de rares cas, cette hypertrophie tendineuse est au premier plan sans
épaississement de la poulie A1 ;
■ il est parfois possible de montrer directement de façon dynamique le ressaut
en échographie (coupes sagittales) mais, dans la majeure partie des cas, la sonde
par son volume empêche d'obtenir un degré de flexion suffisant du doigt pour
qu'il ne survienne ;
■ toutefois, on peut assez souvent visualiser la phase qui se déroule juste avant le
ressaut, avec un asynchronisme lors de la flexion du fléchisseur profond et des
languettes du fléchisseur superficiel ; ainsi le fléchisseur profond coulisse nor-
malement en profondeur, alors que les languettes du fléchisseur superficiel sont
ralenties par leur frottement avec la poulie A1.
182 Échographie musculosquelettique
A B
D E
A B
C
Fig. 7.17 Pouce gauche à ressaut.
a. Coupe axiale sur la poulie A1 (flèches) du pouce sain.
b. Coupe axiale du côté pathologique montrant un épaississement hypoéchogène
nodulaire majeur de la poulie A1 (flèches).
c. Coupe sagittale retrouvant l'hypertrophie de la poulie A1 (flèches), une déformation
(encoche) du tendon sous-jacent, une zone « sombre » intratendineuse ne se
mobilisant pas avec le tendon, liée à un artéfact d'anisotropie ou dark tendon sign
de Gruber (têtes de flèche), une hypertrophie tendineuse en amont de la poulie A1
(double flèche) et, enfin, une ténosynovite (**).
Enfin, l'échographie est très performante pour préciser la cause exacte d'un res-
saut « secondaire » :
■ cicatrisation hypertrophique ou rétraction tendineuse secondaire à une plaie ;
■ ténosynovite dans le cadre d'un rhumatisme inflammatoire ;
■ tophi dans le cadre d'une goutte, dépôts amyloïdes…
184 Échographie musculosquelettique
A C
B D
Fig. 7.18 3 doigt à ressaut, la tendinose hypertrophique des languettes
e
A B
C D E
Fig. 7.19 Rupture complète d'une poulie A2 chez un grimpeur.
a, b. Coupes échographiques sagittales sur P1 au repos (a) et en flexion contrariée
(b), la plupart des signes de rupture sont retrouvés : un épaississement et un aspect
hypoéchogène de la poulie lésée (têtes de flèche), un épanchement de la gaine des
fléchisseurs observé à la phase aiguë prédominant en arrière des tendons fléchisseurs
(**), un écart anormal entre les tendons fléchisseurs et la corticale antérieure de P1
(doubles flèches) ; cet écart est majoré par les manœuvres de flexion contrariée.
c, d. Coupes axiales comparatives : sur la coupe (c) correspondant au doigt
pathologique, on note aisément le diastasis « fléchisseurs–corticale » et
l'épanchement de la gaine prédominant en arrière des fléchisseurs.
e. Position arquée du grimpeur favorisant la rupture des poulies (*).
■ épaississement et aspect hypoéchogène de la poulie lésée (comparativement
au côté controlatéral) ;
■ épanchement de la gaine des fléchisseurs observé à la phase aiguë de topogra-
phie particulière, en arrière des tendons fléchisseurs ;
■ hypersignal Doppler de la gaine des fléchisseurs ;
■ écart anormal entre les tendons fléchisseurs et la corticale antérieure de la
phalange en regard de la poulie lésée (écart normal entre 0,5 et 1 mm) ; les ten-
dons « prennent la corde ». Cet écart est majoré par les manœuvres de flexion
contrariée ;
■ incarcération (fig. 7.20) de la poulie lésée sous les tendons fléchisseurs (struc-
ture hyperéchogène dans l'épanchement entre les tendons fléchisseurs et la corti-
cale antérieure de la phalange).
Le caractère complet de la rupture est signé par un écart de plus de 1 mm entre
le tendon et la corticale en regard de la poulie lésée.
186 Échographie musculosquelettique
D'après les travaux de Klauser, on observe au repos (et en flexion contrariée), sur
les coupes sagittales et axiales, un diastasis tendon–corticale :
■ > 2,1 mm au repos (4 mm en flexion contrariée) en cas de rupture d'A2 ;
■ > 2,3 mm (> 5,6 mm) en cas de rupture combinée d'A2 et A3 ;
■ > 1,1 mm (> 2,5 mm) en cas de rupture d'A4.
Il convient bien sûr de confronter les données de l'échographie aux données de
la clinique. En effet, en dehors du contexte traumatique, les poulies peuvent être
distendues dans les pathologies chroniques des gaines (ténosynovites inflamma-
toires), l'épanchement est alors préférentiellement situé en avant des tendons
fléchisseurs.
Enfin, abordons pour conclure cette partie quelques notions de prise en charge.
Chez les grimpeurs de haut niveau, notamment en cas de lésion associée des
poulies A2 et A3, un traitement réparateur peut être proposé (reconstruction des
poulies avec un morceau de long palmaire ou de rétinaculum des extenseurs).
L'incarcération d'une poulie décrite par certains auteurs orientera également plu-
tôt vers une prise en charge chirurgicale.
Doigts 187
A B
C D
E F
Fig. 7.21 Rupture du tendon conjoint distal de l'extenseur : doigt en maillet.
a. Vue clinique d'un doigt en maillet récent.
b. Évolution péjorative (plus fréquente chez les « hyperlaxes ») vers un doigt en « col
de cygne ».
c. Coupe sagittale sur l'IPD d'un doigt en maillet très récent : rupture tendineuse
distale de l'extenseur avec défect anéchogène (**), le fragment proximal rétracté
est nettement épaissi (double flèche), hypoéchogène et ne se mobilise pas lors des
manœuvres passives de P3.
d. Doigt en maillet « osseux » avec un petit arrachement osseux dorsal de la base de P3
(flèche), se mobilisant lors des manœuvres dynamiques, et un tendon conjoint distal
qui reste fin et fibrillaire (têtes de flèche).
e, f. Aspect de doigts en maillet en subaigu (1 mois) avec une cicatrisation discrètement
hypertrophique (e : double flèche) et une cicatrisation franchement hypertrophique
(d : double flèche) et « trop » longue entraînant un déficit d'extension de 30°.
188 Échographie musculosquelettique
Elle est secondaire à une flexion forcée (volley-ball, handball, etc.), à des micro-
traumatismes ou à une section par objet tranchant.
L'IPD est en flexion au repos avec incapacité de réaliser une extension active
complète.
L'échographie peut montrer à la phase aiguë une rupture distale du tendon
conjoint ou une avulsion osseuse de son insertion. Le moignon tendineux plus ou
moins rétracté est alors souvent épaissi, hypoéchogène et ne se mobilise pas lors
des manœuvres passives de P3.
Rapidement après cette phase aiguë, on observera un tendon « cicatriciel » plus
épais que le tendon normal mais également plus long avec pour corollaire un
défaut d'extension (un allongement de 1 mm entraîne une perte d'extension
de 25°).
L'absence de traitement orthopédique adapté du doigt en maillet (fig. 7.22a) favo-
rise le développement d'une déformation en col de cygne (fig. 7.22b) par hyperex-
tension secondaire de l'IPP.
A B
C D
E F
A B
C D
Fig. 7.24 Stade de pré-boxer's knuckle.
a, b. Infiltration hypoéchogène (**) et épaississement de la graisse située en arrière
du tendon extenseur (te) du III en coupe axiale (a) et en coupe sagittale (b) ; les
bandelettes sagittales sont parfaitement visibles (flèches).
c, d. À un stade plus avancé, l'infiltration hypoéchogène devient circonférentielle (**)
réalisant un aspect de néo-bursite ou de « pseudo-ténosynovite » ; en mode Doppler
(d), l'hyperhémie est très franche. Le tendon (te) est toujours bien centré.
192 Échographie musculosquelettique
A B
C D
Fig. 7.25 Boxer's knuckle du III.
a. Cliniquement la tuméfaction des parties molles rend difficile la visualisation du
tendon extenseur (flèche).
b. « Néo-bursite » (**) hypoéchogène entourant une bandelette sagittale radiale
(flèches) interrompue (tête de flèche).
c. La flexion de la MCP ou la pression de la sonde permettent de démasquer la
luxation ulnaire du tendon (te).
d. L'hyperhémie Doppler est franche au sein de la « néo-bursite » péritendineuse.
te : tendon extenseur.
Doigts 193
A B
C D
Fig. 7.26 Boxer's knuckle du V.
a. Coupe axiale du doigt lésé, la bandelette sagittale située entre les deux tendons
extenseurs (te) est rompue remplacée par une infiltration hypoéchogène donnant un
aspect de « néo-bursite » (**), les deux tendons sont anormalement écartés.
b. Coupe comparative avec le petit doigt controlatéral, montrant le rapport normal
entre les deux tendons extenseurs du V (lignes en pointillé).
c. IRM correspondante en séquence T1.
d. Vue clinique montrant l'épaississement des parties molles dorsales du V (flèche).
194 Échographie musculosquelettique
Entorses
Entorse de la métacarpo-phalangienne du pouce
La stabilité du pouce dépend en grande partie du ligament collatéral ulnaire
(LCU) de l'articulation MCP. Ce ligament peut être lésé au décours d'une entorse
en abduction forcée.
L'échographie permet de démembrer quatre types de lésions du LCU reprises par
la classification d'Ebrahim (fig. 7.27) :
A B C D E
Fig. 7.27 Classification des entorses du ligament collatéral ulnaire du pouce (LCU)
selon Ebrahim, en coupe longitudinale coronale.
a. Aspect normal du LCU (orange) et de l'aponévrose de l'adducteur (gris clair).
b. Simple épaississement du LCU. c. Rupture partielle du LCU. d. Rupture complète du
LCU. e. Lésion de Stener.
Fig. 7.29 Rupture du ligament collatéral ulnaire du pouce (LCU) sans effet Stener.
Coupe longitudinale de deux désinsertions distales du LCU (double flèche), avec
épaississement et rétraction en boule de ce dernier.
L'aponévrose de l'adducteur reste en position normale (têtes de flèche). Cette position
normale est particulièrement bien montrée par les manœuvres passives de flexion–
extension de l'interphalangienne qui ont pour effet de faire glisser l'aponévrose de
façon harmonieuse sur le LCU. À noter l'épaississement de cette aponévrose dans le
premier cas.
IV V
te
di
bs
A B
C D
Fig. 7.31 Blocage en abduction du V après une entorse, par effet Stener-like.
a. Présentation clinique : déficit passif et actif d'adduction du V suite à une entorse en
abduction.
b. Schéma lésionnel simplifié en vue dorsale : rupture en « boule » d'un ligament
collatéral (flèche) et incarcération de ce dernier entre la bandelette sagittale (bs) et
la dossière des interosseux (di) réalisant un effet « Stener-like » ; « te » figure le tendon
extenseur.
c. Échographie en coupe longitudinale « coronale oblique » mettant en évidence un
ligament collatéral (lc) rompu en « boule » et une image linéaire proximale (flèches)
pouvant correspondre à la bandelette sagittale incarcérée.
d. Vue opératoire d'un autre patient où le fragment ligamentaire rompu est visible
directement en sous-cutané en aval d'une bandelette sagittale lésée.
Source : figure 7.31d due à la courtoisie du Dr G. Meyer.
198 Échographie musculosquelettique
LCD
A LCP B
C D
Fig. 7.32 MCP bloquée en flexion par une incarcération du faisceau palmaire du
ligament collatéral radial du IV au niveau d'un ostéophyte.
a. Schéma de l'incarcération du faisceau palmaire du ligament collatéral (LCP) en
avant d'un ostéophyte, le faisceau dorsal (LCD) restant en position normale.
b. Radiographie démontrant la présence d'ostéophytes (flèches).
c, d. Sur les coupes échographiques sagittale (c) et axiale (d), il est difficile d'affirmer
l'incarcération suspectée, mais les ostéophytes sont bien visibles et les tendons ont pu
être innocentés.
Doigts 199
A B
Fig. 7.34 Rupture de la plaque palmaire.
a. Rupture proximale de la plaque palmaire au décours d'un accident d'équitation
(doigt coincé dans le harnais) : épanchement proximal (flèche), désorganisation
aspect hypoéchogène des deux tiers distaux (**).
b. Coupe comparative controlatérale montrant l'aspect fibrillaire hyperéchogène d'une
plaque palmaire normale (têtes de flèche), en arrière des tendons fléchisseurs (F).
200 Échographie musculosquelettique
A
Fig. 7.35 Déchirure des muscles lombricaux.
a. Les prises asymétriques telle les « mono-doigts » en escalade sont une circonstance
classique de survenue de ce type de lésions.
Doigts 201
B D
E G
Fig. 7.35 Suite.
b, c, d. Ces séquences IRM en DP Fat Sat démontrent de façon incontestable une
déchirure des 3e et 4e lombricaux : hypersignal diffus des corps musculaires des 3e et 4e
lombricaux (coupe coronale b), épanchement de la gaine des fléchisseurs adjacents,
et discrète infiltration « hématique » des parties molles adjacentes (coupes axiales
transverses c, d).
e, f, g. Muscle lombrical lésé en échographie ; les signes échographiques sont souvent
ténus et doivent être confrontés à la clinique : épaississement du corps musculaire
(double flèche en pointillé) du lombical lésé à confronter aux lombicaux adjacents ou
controlatéraux ; modification de l'échogénicité du muscle ; sensibilité au passage de
la sonde ; épanchement de la gaine des fléchisseurs adjacents (flèches) ; intégrité des
tendons fléchisseurs et des poulies.
202 Échographie musculosquelettique
Doigt et psoriasis
Comme dans la polyarthrite rhumatoïde (PR), l'échographie peut mettre en évi-
dence des signes de synovite et de ténosynovite. Elle retrouve parfois également
des signes plus spécifiques de rhumatisme psoriasique : enthésophytes en zone
d'insertion capsulaire ou tendineuse, appositions périostées des corticales phalan-
giennes, et épaississement inflammatoire en Doppler des parties molles du doigt
(« pseudo-ténosynovite » de Fournié).
L'atteinte en « rayon » et l'atteinte de l'IPD sont spécifiques de cette affection.
Doigt et arthrose
L'échographie est peu utile dans cette indication ; elle peut être demandée par le
clinicien pour un bilan de tuméfaction des interphalangiennes et montrer :
■ les ostéophytes responsables des nodosités d'Heberden (IPD) et de Bouchard
(IPP) ;
■ une atteinte des ligaments collatéraux (épaississement, rupture), un épaissis-
sement du tendon extenseur, des érosions marginales en zone d'insertion des
ligaments, une synovite, des kystes mucoïdes.
Doigts 203
Kystes mucoïdes
C'est un motif fréquent de consultation, l'échographie montre de façon aisée la nature
liquidienne de ces tuméfactions (anéchogènes et renforcement postérieur des échos).
Aux doigts, deux types de localisations sont fréquents.
Kystes des poulies (fig. 7.38)
Il existe une nette prédominance féminine (2,6/1). La face palmaire du majeur et
celle de l'annulaire en regard des poulies A1 et A2 constituent les localisations
préférentielles de ces kystes.
Ils peuvent être symptomatiques, et leur taille fluctue dans le temps.
En échographie, ils restent immobiles par rapport aux tendons fléchisseurs lors
des manœuvres dynamiques.
204 Échographie musculosquelettique
A B
C D
Fig. 7.39 Kyste péri-articulaire.
a, b. Coupe sagittale dorsale (a) et transverse dorsale (b) sur l'IPD du majeur. Kyste (*)
anéchogène au contact de la matrice unguéale, à la face dorsale de P3 sur laquelle il
réalise un scalloping (têtes de flèche). Remaniements dégénératifs de l'IPD suspectés
en échographie et confirmés sur les clichés radiographiques.
c. Vue clinique montrant les répercussions du kyste sur la croissance de l'ongle.
d. IRM correspondante en T2 Fat Sat ; ce franc hypersignal T2 et l'absence de prise de
contraste sur les séquences injectées confirment la nature liquidienne de la lésion.
Doigts 205
Maladie de Dupuytren
Il s'agit d'une fibrose rétractile de l'aponévrose palmaire, des fascias palmaires et
digitaux.
Elle est plus fréquente chez l'homme après 50 ans et peut être associée aux autres
fibromatoses (maladies de Ledderhose et de La Peyronie).
Elle se caractérise par l'apparition de nodules sous-cutanés de la paume de la
main durs et indolores, de cordes sous-cutanées, d'invaginations cutanées. Elle
peut évoluer à terme vers une rétraction progressive des doigts en regard (4e et 5e
doigts le plus souvent).
L'échographie (fig. 7.40) montre des nodules hypoéchogènes, bien limités, centrés
sur l'aponévrose palmaire, ne s'allumant pas en Doppler.
B C
Fig. 7.40 Maladie de Dupuytren de la paume de la main.
a, b. Coupes transversales palmaire (a) et sagittale (b) de la paume de la main en
regard du 3e rayon. L'échographie montre un nodule hypoéchogène (têtes de flèche),
bien limité, centré sur l'aponévrose palmaire, non vascularisé en Doppler. Ce nodule
fibreux refoule discrètement les tendons fléchisseurs (F) mais n'adhère pas à ces
derniers lors des manœuvres dynamiques.
c. L'examen clinique est souvent caractéristique : nodule sous-cutané palmaire dur,
indolore, invaginations cutanées.
206 Échographie musculosquelettique
A B
C D
Fig. 7.41 Flexion irréductible du V par une corde fibreuse (maladie de Dupuytren).
a. Aspect clinique.
b. Coupe IRM axiale transverse en pondération T1 retrouvant une corde fibreuse sous-
cutanée (pointillés) dont le signal est proche de celui des tendons fléchisseurs (flèche).
c, d. Sur ces coupes échographiques sagittales oblique (c) et axiale (d), la corde
(pointillés) apparaît fibrillaire, mais de façon un peu moins homogène et moins
marquée que les tendons fléchisseurs adjacents (flèches).
Doigts 207
A B
C D
E F
Fig. 7.43 Tumeur glomique du 4e doigt.
a, b, c. Petite formation tissulaire arrondie hypoéchogène (têtes de flèche) de 4 mm
de diamètre située au bord radial de la face dorsale de la base de P3 au contact de la
matrice unguéale, responsable d'un discret scalloping osseux sur la phalange (flèche
creuse) ; cette lésion est très vascularisée en Doppler (c).
d. Coupe IRM sagittale, séquence vasculaire dynamique, montrant un rehaussement
franc de la tumeur glomique au temps artériel.
e. Vue clinique.
f. Vue opératoire, tumeur glomique reséquée (tête de flèche).
B
Fig. 7.44 Infiltration d'un doigt en ressaut sous échographie.
a. L'aiguille de calibre 25 G est placée sous contrôle échographique (après repérage
selon la technique du gel pad) au contact de la partie distale de la poulie A1
hypertrophique (flèches). L'objectif est d'injecter le produit anesthésiant puis le
corticoïde retard (demi-ampoule d'Altim®), en périphérie de la poulie (**) et dans la
gaine du tendon (flèches en pointillé).
b. Simulation montrant la position de l'aiguille et de la sonde au moment de
l'infiltration ; il va de soit que ce geste doit normalement être réalisé dans des
conditions stériles (désinfection, gants, protège-sonde stérile, gel stérile…).