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Granulomatose hépatique
T. Carmoi, J. Desramé, P. Rey, F. Klotz

Le granulome hépatique est une lésion histologique traduisant une réaction d’hypersensibilité retardée
liée à un antigène infectieux ou survenant dans un contexte de maladie générale. L’existence d’un
granulome hépatique peut être attendue dans un contexte clinique évocateur, observée sur une ponction-
biopsie hépatique réalisée dans l’enquête d’une cholestase ou d’une hypertension portale inexpliquée, ou
découverte fortuitement. Dans tous les cas, l’enquête s’oriente vers les causes les plus fréquentes :
sarcoïdose et hépatopathies chroniques virales ou auto-immunes en Europe, tuberculose et
schistosomoses sous les tropiques.
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Mots clés : Granulomatose hépatique ; Ponction-biopsie hépatique ; Tuberculose ; Sarcoïdose ;


Schistosomoses

Plan Tableau 1.
Principales causes de granulomatose hépatique (modifié d’après Valla C.
Rev Med Interne 2005;26;S7-8).
¶ Introduction 1
Agents infectieux
¶ Définition 1
Bactéries : brucellose, fièvre Q
¶ Physiopathologie 2
Mycobactéries : tuberculose, BCG, mycobactéries atypiques, lèpre
¶ Circonstances de découverte 2 Virus : virus d’Epstein-Barr, cytomégalovirus, virus de l’hépatite C
¶ Diagnostic positif 3 Levures : candidose, aspergillose
¶ Diagnostic étiologique 3 Parasites :
Chez un patient apyrétique 3 – protozoaires (giardiase, toxoplasmose, leishmanioses)
Chez un patient fébrile 5 – métazoaires (schistosomoses, toxocarose, distomatose hépatique)
Granulomatoses hépatiques n’indiquant pas la réalisation Maladies systémiques
d’une ponction-biopsie hépatique 6 Sarcoïdose
¶ En pratique 7 Cirrhose biliaire primitive
¶ Conclusion 7 Médicaments
Allopurinol, sulfamides, pénicillines, fluoroquinolones, minocyclines,
méthyldopa, quinine, phénylbutazone, hydralazine, fénofibrate
Hémopathies malignes
■ Introduction Lymphomes hodgkiniens et non hodgkiniens
Hépatopathies chroniques
Les granulomatoses hépatiques, de définition histologique, Cirrhose biliaire primitive
ont de nombreuses étiologies. La démarche diagnostique pour Cholangite sclérosante primitive
parvenir à leur identification nécessite de tenir compte du Cirrhose virale C
contexte qui peut constituer une authentique piste. Elle Hépatopathie alcoolique
poursuit deux objectifs : Granulomatoses idiopathiques
• mener l’enquête étiologique en analysant en détail les
données histologiques, en les intégrant dans le contexte BCG : bacille de Calmette et Guérin.
clinique et en recherchant prioritairement les causes les plus
fréquentes de granulomatoses hépatiques parmi la tubercu- trois situations paraissent justifier une PBH à visée diagnosti-
lose, la sarcoïdose, la cirrhose biliaire primitive (CBP) et les que en dernier recours : « la main forcée », une fièvre prolon-
médicaments (Tableau 1) ; gée inexpliquée, et une cholestase avec hypertension portale
• poser à bon escient les indications d’une ponction-biopsie inexpliquée.
hépatique (PBH). Dans le cadre d’hépatopathies diffuses, les
indications de PBH, le plus souvent pronostiques, sont en
pleine mutation depuis l’avènement de techniques non
■ Définition
invasives de détermination du degré de fibrose [1]. L’évalua- Les granulomatoses hépatiques sont des lésions anatomopa-
tion à but diagnostique est plus restreinte [2] et, en l’absence thologiques qui se caractérisent par la présence, dans le paren-
d’autre piste diagnostique plus accessible et moins iatrogène, chyme hépatique, de granulomes constitués d’amas de cellules

Hépatologie 1
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Antigène : Cellule présentatrice d'antigène Lymphocyte T sensibilisé Figure 1. Granulome hépatique : éléments
• infectieux TH1 CD4+ physiopathogéniques. HLA : human leucocyte an-
• médicament tigen ; TNF : tumor necrosis factor ; IL : interleu-
• autre kine ; Ag : antigène.

HLA II

Ag

Élimination de l' Ag Cytokines: TNF, IL1 et 2, IFN γ Manifestations systémiques


+ lymphocytes T (fièvre)
+ macrophages

Échec

Maturation des macrophages en cellules épithélioïdes

Granulome

bien circonscrits, regroupant des cellules épithélioïdes issues de de la réaction immunitaire. Dans les cas les plus favorables,
la transformation de macrophages et parfois fusionnées en l’antigène est éliminé et la réaction immunitaire s’arrête,
cellules géantes multinucléées, ainsi que des lymphocytes et des comme par exemple au cours de la réaction tuberculinique. Si
leucocytes [3]. Le granulome hépatique est une lésion élémen- l’antigène ne peut être éliminé du fait de sa structure ou de sa
taire retrouvée, selon les séries, sur 2 à 14 % des PBH [4]. persistance (foyer infectieux), la réaction se pérennise, les
De nombreuses causes sont responsables de la formation de macrophages évoluent en cellules épithélioïdes et l’organisation
granulomes hépatiques (Tableau 1). Lorsque le granulome est spatiale des cellules recrutées par la réaction immunitaire
découvert sur une PBH réalisée avec une orientation diagnosti- aboutit à la constitution du granulome.
que précise ou lorsqu’il est associé à des lésions évocatrices (par Dans le foie, la distribution topographique et les modalités
exemple nécrose caséeuse avec présence de mycobactéries, œuf évolutives des granulomes sont variables suivant l’agent
de schistosomes), il ne pose pas de problème diagnostique et sa étiologique. La distribution portale est facilement compréhensi-
présence étaye le diagnostic suspecté par le clinicien. Sa ble pour les schistosomoses du fait d’une embolisation ovulaire
découverte fortuite est fréquente et, dans 15 à 20 % des cas, par voie portale, moins bien élucidée au cours de la sarcoïdose.
aucune étiologie n’est retrouvée malgré une enquête étiologique Elle est plutôt lobulaire au cours de la tuberculose et des
exhaustive. infections bactériennes. Les conséquences tissulaires sont
éminemment variables, et traduisent une compression mécani-
■ Physiopathologie que ou une destruction des voies biliaires et/ou des vaisseaux
directement par les granulomes, un effet cytotoxique des
Le granulome traduit une réaction d’hypersensibilité retardée sécrétions macrophagiques, ou le développement d’une fibrose
de type IV [5]. Ce type réactionnel exclut les « pseudogranulo- plus ou moins extensive, liée au recrutement de fibroblastes
mes » qui ne mettent pas en jeu un mécanisme immunitaire activés par la synthèse de tumor growth factor b (TGF-b). Il peut
spécifique, comme en témoigne l’absence de cellules épithélioï- en résulter une cholestase (CBP) et, plus rarement, une hyper-
des, et correspondent à une simple réaction macrophagique à tension portale secondaire (HTP) au développement d’une
corps étranger observée par exemple avec les huiles minérales, fibrose présinusoïdale (schistosomoses, sarcoïdose). Une
les produits de contraste radiologique, ou au cours des stéatoses authentique cirrhose est plus exceptionnelle et peut s’observer
hépatiques localisées (lipogranulomes) dans les espaces portes au cours de la CBP, de la sarcoïdose ou d’une origine iatrogène
ou autour des veines centrolobulaires [5, 6]. médicamenteuse. Une évolution nécrotique est possible, de type
La formation d’un granulome hépatique répond à une caséeux dans les infections à mycobactéries, et peut aboutir, en
cascade d’événements (Fig. 1) [5]. Le primum movens est l’agent cas de granulomatose profuse, à la constitution de lésions
étiologique présenté sous la forme d’un antigène connu (mala- abcédées parfois pseudotumorales comme au cours de la
die infectieuse) ou inconnu (sarcoïdose, maladie de Crohn). tuberculose (tuberculome) ou de la brucellose (brucellome) [7].
L’antigène capté est apprêté par liaison à des molécules du Les cascades de cytokines mises en jeu au cours de la réaction
système HLA 2 via les cellules présentatrices d’antigènes. Les granulomateuse, notamment le TNF-a et l’IL1, expliquent les
lymphocytes T sensibilisés Th1 (lymphocyte CD4+) reconnais- conséquences générales systémiques, comme la fièvre et le
sent l’antigène et sont à l’origine de sécrétions de cytokines de syndrome inflammatoire biologique.
profil Th1 : interféron gamma (INFc), interleukine (IL) 1 et 2,
tumor necrosis factor a (TNF-a). Le profil immunologique est en
fait modulé par la nature de l’antigène en cause : importante
■ Circonstances de découverte
sécrétion d’IL12 au cours des infections à mycobactéries, profil Deux circonstances de découverte sont en pratique identifia-
plutôt de type Th2 prédominant au cours des infections bles. Le granulome peut être découvert sur une PBH réalisée lors
parasitaires. Les cytokines sont à l’origine du recrutement de du bilan d’une hépatopathie le plus souvent chronique, déjà
cellules variées (macrophages, lymphocytes, leucocytes dont des caractérisée sur le plan étiologique. Dans ces situations, comme
polynucléaires neutrophiles) et à leur activation (activateur des par exemple au cours de l’évaluation d’une infection chronique
fonctions macrophagiques par l’INFc, synthèse d’immunoglobi- virale C, d’une CBP ou d’une stéatohépatite, l’identification
nes E). Le devenir de l’antigène conditionne ensuite l’évolution d’un granulome hépatique ne pose pas ou peu de problèmes.

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Elle s’intègre alors dans la pathologie connue, avec des lésions


le plus souvent limitées, sans incidence pronostique et ne
constituant qu’un épiphénomène lésionnel [8]. Moins aisée à
expliquer mais plus fréquente est la découverte d’un granulome
au cours d’une PBH réalisée à but diagnostique. Le granulome
est ici attendu ou traqué afin d’étayer une éventuelle piste
étiologique au même titre que d’autres aspects lésionnels visant
à caractériser le ou les éléments préférentiellement atteints dans
la glande hépatique (type cellulaire, vaisseaux biliaires, artériels
et veineux, architecture générale). C’est majoritairement le cas
lors de l’exploration d’une cholestase intrahépatique sans
obstacle ou d’anomalies morphologiques patentes des voies
biliaires en imagerie, soit anictériques isolées d’aggravation
progressive, soit ictériques, mais également d’une hépatopathie
chronique avec HTP sans orientation diagnostique et d’une
fièvre prolongée inexpliquée avec perturbations des tests
hépatiques [9].

■ Diagnostic positif Figure 2. Cirrhose biliaire primitive : réaction granulomateuse épithé-


lioïde dans un espace porte, centrée sur un canal biliaire interlobulaire en
Le diagnostic d’une granulomatose ne peut être qu’anatomo-
voie de destruction. Des cellules inflammatoires sont présentes en péri-
pathologique. Il repose donc toujours sur la réalisation d’une
phérie. Hémalun-éosine-safran (HES), agrandissement initial × 200 (col-
PBH, dont l’indication doit être argumentée et dont la réalisa-
lection du professeur Brigitte Le Bail, laboratoire d’anatomopathologie,
tion doit répondre aux critères de qualité d’une exploration à
hôpital Pellegrin, CHU Bordeaux).
visée médicale, récemment édictés par des recommandations
pour la pratique clinique [10]. Les conditions de recueil, d’ache-
minement et de traitement du prélèvement biopsique hépatique d’une toxicomanie intraveineuse. La présence de granulomes
méritent une grande attention. Une coopération étroite et pourrait être un facteur de bonne réponse au traitement [11].
personnalisée entre le clinicien et l’anatomopathologiste doit
être instaurée en amont de la réalisation de la PBH. Cette Hépatopathies auto-immunes
collaboration va bien au-delà d’une simple demande de rensei- L’orientation diagnostique en cas de CBP repose générale-
gnement clinique. Elle concerne : l’organisation de la prise en ment sur l’existence d’un prurit, d’une cholestase chronique et
charge du prélèvement, son conditionnement (formol, congéla- la présence d’anticorps antimitochondries de type M2 à un taux
tion pour immunomarquage), la réalisation de coupes multiples supérieur à 1/80e avec une excellente sensibilité et spécificité
pour traquer le granulome, la réalisation de colorations spéciales (respectivement 95 et 97 %) [12] . Les granulomes sont peu
chez un patient fébrile (Ziehl-Nielssen, Gomori-Grocott), un nombreux au contact des voies biliaires lésées. L’aspect typique
examen en lumière polarisée, la mise en culture. La qualité du est celui d’une cholangite destructrice lymphocytaire non
résultat dépendra autant de la réalisation du geste que de suppurée avec une infiltration de l’épithélium biliaire par des
l’exploitation ultérieure du prélèvement au laboratoire. lymphocytes T d’aspect irrégulier et des cellules épithéliales
(Fig. 2). Au sein de l’espace porte coexistent des lymphocytes T,
des polynucléaires éosinophiles, des nodules lymphoïdes, parfois
■ Diagnostic étiologique un granulome épithélioïde. Le diagnostic de cholangite destruc-
trice granulomateuse est retenu lorsque le canal biliaire lésé est
Quelle que soit la situation, que ce soit un granulome de entouré d’un granulome épithélioïde et amène, dans cette
découverte fortuite ou orientée, la démarche étiologique est localisation, à évoquer en diagnostic différentiel une sarcoïdose
guidée par les données de l’interrogatoire (prise médicamen- ou une hépatite médicamenteuse.
teuse, voyages sous les tropiques, facteurs de risque de l’infec- Dans les cholangites sclérosantes [5], les granulomes, présents
tion par le virus de l’immunodéficience humaine [VIH], traite- dans 7 % des cas, ne sont pas centrés par un canal biliaire et
ment immunosuppresseur, prurit d’aggravation progressive, sont disséminés dans le parenchyme. Une réaction à corps
notion d’infections suppurées récidivantes...), de l’examen étranger est évoquée (fuite biliaire). Il s’agit d’une atteinte des
clinique (troubles du transit, lésions de grattage, érythème voies biliaires de gros calibre, avec cholestase extrahépatique,
noueux, circulation veineuse collatérale...), du bilan paraclini- sans anticorps antimitochondries. Le diagnostic de première
que (hyperéosinophilie sur l’hémogramme, notion d’une intention repose sur la cholangio-imagerie par résonance
sérologie positive pour le virus de l’hépatite C [VHC], imagerie). magnétique (IRM), moins iatrogène que le cathétérisme rétro-
Les étiologies étant multiples (Tableau 1), la démarche privilégie grade des voies biliaires. Il peut exister des anticorps anticyto-
dans la mesure du possible une orientation graduée par la plasme des polynucléaires de type p (pANCA), en proportion
clinique. La discussion étiologique s’oriente en fonction de cependant variable (sensibilité 26 à 85 % selon les séries), qui
l’existence ou non d’un contexte fébrile, amenant à distinguer ne sont cependant pas spécifiques puisqu’ils sont observés dans
en pratique trois situations : les cas où la PBH est indiquée dans certaines formes d’hépatites auto-immunes [13] mais aussi au
un contexte apyrétique ou dans une ambiance fébrile (ces deux cours des colites inflammatoires [14]. La cholangite sclérosante
situations étant à moduler le cas échéant par une immunodé- primitive étant l’hépatopathie la plus spécifiquement associée à
pression sous-jacente) et les cas où la PBH non habituellement la rectocolite ulcérohémorragique, cette association doit être
requise est tout de même réalisée. recherchée de principe.

Le granulome est la lésion prédominante


Chez un patient apyrétique
La glande hépatique est atteinte au cours de la sarcoïdose
Le granulome est un épiphénomène systémique dans deux tiers des cas (Fig. 3) [5]. Cette localisation
est le plus souvent asymptomatique, ne se manifestant que par
Infection chronique à virus de l’hépatite C
une cholestase anictérique. HTP et cirrhose ne sont observées
Les granulomes sont peu fréquents (moins de 10 % des que dans 1 % des cas des séries de sarcoïdose. Cependant, la
patients), intraportaux ou intralobulaires, avec ou sans cellules prévalence de l’HTP au cours de la sarcoïdose serait de 30 à
épithélioïdes. En l’absence de cellules épithélioïdes, il convient 45 % chez les patients symptomatiques [15]. L’inflammation et
d’évoquer un pseudogranulome au talc en lumière polarisée lors la compression des veinules portes par les granulomes sont à

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Figure 3. Sarcoïdose : volumineux granulome épithélioïde et giganto-


cellulaire (cellules de Langhans) non nécrosant, cerclé de lymphocytes et
situé dans un espace porte. Hémalun-éosine-safran (HES), agrandisse-
ment initial × 100 (collection du professeur Brigitte Le Bail, laboratoire
d’anatomopathologie, hôpital Pellegrin, CHU Bordeaux).

l’origine d’une HTP présinusoïdale avec hépatosplénomégalie,


varices œsophagiennes et plus rarement ascite. Une HTP par
bloc sinusoïdal est également possible, en rapport avec une
fibrose extensive ou une cirrhose. Le patient de race noire entre
20 et 50 ans est préférentiellement atteint avec souvent une
diffusion oculopulmonaire extensive concomitante. Dans les
sarcoïdoses aiguës (syndrome de Löfgren ou d’Heerfordt), un Figure 4.
ictère, témoignant d’une atteinte hépatique massive, peut être A. Schistosomose : granulome à cellules épithélioïdes et à cellules géantes
exceptionnellement observé [16]. Une cholestase d’aggravation à corps étrangers, organisé autour d’un œuf de schistosome dans un
progressive au-devant de la scène est la situation qui pose en espace porte. Noter l’évolution fibrosante, la richesse en polynucléaires
pratique un problème diagnostique. Il faut alors rechercher éosinophiles de l’infiltrat inflammatoire en périphérie du granulome, le
d’autres atteintes de diffusion de la maladie, car cette forme est pigment malarique dans les sinusoïdes. Hémalun-éosine-safran (HES),
cliniquement et histologiquement proche de la CBP. Les agrandissement initial × 100 (collection professeur Brigitte Le Bail, labo-
granulomes sont habituellement très nombreux. La sarcoïdose ratoire d’anatomopathologie, hôpital Pellegrin, CHU Bordeaux).
peut rarement (22 cas décrits) révéler ou s’associer à un déficit B. Schistosomose : carotte de ponction-biopsie hépatique et granulome
immunitaire commun variable [17]. Une hypogammaglobuliné- bilharzien. Faible grossissement (collection du professeur Francis Klotz).
mie amène à suspecter cette association lésionnelle rare où
l’atteinte granulomateuse hépatique histologique peut aller
jusqu’à 50 à 60 % des cas [18]. cholestase est le plus souvent anictérique et isolée. L’échogra-
La tuberculose peut se manifester par une altération de l’état phie et le scanner hépatiques peuvent être normaux ou montrer
général non fébrile associée à une cholestase. Cette présentation des lésions nodulaires.
apyrétique ne présente pas de spécificité histologique Une granulomatose hépatique peut être aussi associée à une
hépatique [19]. maladie de Crohn sans être cependant au-devant de la scène.
Parmi les nombreux médicaments responsables de granulo- L’étiologie de la granulomatose hépatique n’est ici pas univoque
matoses hépatiques, les plus fréquents sont la quinine, l’allopu- et amène à évoquer, outre une simple localisation hépatique de
rinol, les sulfamides, la phénylbutazone, l’a-méthyldopa, et la maladie de Crohn, une cholangite sclérosante primitive
l’hydralazine [5] . Deux situations sont à distinguer. Soit les associée ou une origine iatrogène médicamenteuse (sulfasa-
granulomes ne constituent le plus souvent qu’un épiphéno- lazine).
mène lésionnel au cours d’une hépatite médicamenteuse, Dans certains cas difficiles et en pratique rares, le diagnostic
cytolytique (a-méthyldopa) ou mixte, cytolytique et cholestati- différentiel entre sarcoïdose, CBP, tuberculose, maladie de
que (allopurinol), soit il s’agit d’une hépatite granulomateuse Hodgkin, maladie de Crohn, maladie de Whipple) peut être
pure, entité rare, où les granulomes prédominent et sont révélés difficile et nécessite de confronter les critères diagnostiques [5].
par une cholestase anictérique avec un taux d’aminotransférases Les schistosomoses sont incontestablement l’étiologie la plus
normal ou modérément élevé. Une hyperéosinophilie est fréquente des granulomatoses hépatiques dans le monde mais
évocatrice. leur diagnostic ne repose pas en première intention sur la PBH.
Des granulomes hépatiques sont observés dans environ 10 % Toutes les espèces inféodées à l’homme peuvent induire des
des lymphomes [20]. Au cours de la maladie de Hodgkin, la granulomes hépatiques (Fig. 4). Le granulome bilharzien est un
fréquence de l’envahissement hépatique, de 5 à 14 % au modèle de granulomatose hépatique. Le type de description est
moment du diagnostic, augmente avec l’ancienneté de la la schistosomose hépatodigestive à Schistosoma mansoni [21, 22]. À
maladie et classe automatiquement l’hémopathie au stade IV. la phase d’état, le granulome est formé par l’embolisation des
Une cholestase ne signe cependant pas forcément un envahis- œufs dans les veinules portes. Les lésions évoluent ensuite vers
sement spécifique et peut traduire un syndrome paranéoplasi- la fibrose portale. Cliniquement, on retrouve une hépatomégalie
que, régressant avec le traitement de la maladie. L’indication de avec HTP présinusoïdale inexpliquée. Le diagnostic doit cepen-
PBH est à discuter au cours du bilan préthérapeutique et est dant être fait avant la PBH sur des arguments épidémiologiques,
retenue si son résultat peut modifier l’attitude thérapeutique. Au échographiques, endoscopiques (biopsies rectales) et sérologi-
cours des lymphomes non hodgkiniens, l’infiltration hépatique ques. Les sérologies font appel à la recherche d’anticorps par
spécifique est notée dans 15 % des cas au moment du diagnos- immunofluorescence indirecte (IFI), enzyme linked immunosorbent
tic, plus fréquemment dans les lymphomes de bas grade. La assay (Elisa), ou immunoélectrophorèse (IEP) en privilégiant la

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La brucellose hépatique s’accompagne d’une granulomatose


dans 50 % des cas, le plus souvent asymptomatique [7]. La
survenue d’un brucellome est exceptionnelle et se rencontre à
la phase chronique de la maladie ou dans les suites d’une
brucellose insuffisamment ou non traitée [25]. La présentation
clinique, où la fièvre peut être absente, et radiologique, est
identique à celle d’un tuberculome, avec présence de calcifica-
tions plus profuses en imagerie. Il convient de rechercher un
contexte évocateur : professions exposées, consommation de
fromages au lait non pasteurisé, antécédent d’épisode fébrile
prolongé inexpliqué. Le diagnostic repose sur la sérologie
(technique de Wright, fixation du complément, IFI). L’examen
histologique, montre des foyers de nécrose caséeuse, le plus
souvent entourés de granulomes sans cellules géantes [26].

En présence d’une immunodépression


Chez le patient infecté par le VIH, la PBH est souvent
rapidement indiquée en cas de cholestase fébrile, du fait de la
multiplicité des étiologies possibles, y compris médicamenteu-
Figure 5. Tuberculose et infection au virus de l’immunodéficience
ses, de la mauvaise rentabilité habituelle des examens sérologi-
humaine (VIH) : granulomes irréguliers et confluents, à centre nécrotique
ques et des implications thérapeutiques chez ces sujets souvent
caséeux, cerclé par des cellules épithélioïdes et de rares cellules géantes,
polymédicamentés.
associé à un infiltrat inflammatoire mononucléé. Hémalun-éosine-safran
Les étiologies tumorales sont dominées par des lymphomes
(HES), agrandissement initial × 100 (collection du professeur Brigitte Le
agressifs du foie à grandes cellules, plus exceptionnellement, un
Bail, laboratoire d’anatomopathologie, hôpital Pellegrin, CHU Bordeaux).
lymphome de type Burkitt pouvant se présenter sous la forme
d’un ictère fébrile avec hépatomégalie hétérogène en
combinaison de deux techniques, et d’antigène circulant. Elles échographie.
se positivent 3 à 6 semaines après la phase d’invasion. L’éventail Mais qu’il s’agisse d’un patient infecté par le VIH ou bénéfi-
des lésions échographiques est large et va d’une HTP avec ciant d’un traitement immunosuppresseur, il convient avant
dilatation du tronc porte et épaississement des parois vasculaires tout de rechercher une tuberculose ou une infection à myco-
à des aspects quasi pathognomoniques d’épaississement en bactéries atypiques (Mycobacterium avium intracellulare, Mycobac-
« rail » des parois des vaisseaux portes hépatiques. Si des signes terium kansasii, Mycobacterium fortuitum, Mycobacterium
de cirrhose sont associés, il convient de rechercher une patho- scrofulaceum, Mycobacterium mucogenicum) [19]. Une cholangite
logie associée, en particulier sous les tropiques, une co-infection parasitaire à microsporidies ou cryptosporidies est également
par les virus des hépatites B et C. une éventualité fréquente, surtout en cas de profond déficit
immunitaire (lymphocytes CD4 < 100/mm3). Cliniquement, il
Chez un patient fébrile existe des douleurs abdominales, une diarrhée et une fièvre. La
Il s’agit dans cette situation habituellement d’une fièvre cholestase est importante avec une cytolyse généralement
prolongée inexpliquée, qui amène à pratiquer une PBH après associée. L’évolution peut se faire vers une véritable angiocho-
avoir épuisé les ressources du bilan non invasif. Le contexte lite ou une cholécystite aiguë. L’échographie et l’échoendosco-
d’immunodépression amène à évoquer des étiologies opportu- pie montrent une dilatation des voies biliaires, un
nistes mais également tumorales. épaississement de la paroi vésiculaire et de la voie biliaire
principale. L’examen de référence est la cholangiographie
En l’absence d’immunodépression rétrograde de la papille par voie endoscopique qui permet un
La tuberculose prédomine largement dans ce contexte et bilan lésionnel complet, la réalisation de prélèvements par
représente environ 30 % des hépatites granulomateuses d’ori- aspiration de bile et de biopsies. Compte tenu des risques de cet
gine infectieuse en France (Fig. 5) [19]. Une atteinte péritonéale examen, une recherche des parasites dans les selles et un
peut être associée avec une ascite. La PBH ne se conçoit que s’il traitement d’épreuve, bien que peu efficace, sont envisageables
n’existe pas d’atteinte extrahépatique évocatrice et accessible. La en première intention.
rentabilité de ce geste doit en effet être tempérée par l’identifi- Le diagnostic d’une cryptosporidiose privilégie la recherche
cation d’une nécrose caséeuse dans uniquement 10 % des cas, d’oocystes dans les selles après concentration et coloration de
la détection par examen direct avec coloration de Ziehl dans Ziehl-Nielsen. Les parasites peuvent aussi être détectés sur des
50 % des cas et le résultat également tardif des cultures biopsi- biopsies de muqueuse intestinale après coloration à l’héma-
ques. La biologie moléculaire avec l’utilisation de matériel toxilline. Le diagnostic d’une microsporidiose repose sur la mise
génomique par polymerase chain reaction (PCR) est utile dans des en évidence des spores dans les selles. Cette recherche est très
mains entraînées. Chez les patients paucibacillaires, sa sensibi- difficile compte tenu de leur très petite taille (1 à 5 µm selon
lité varie selon les séries de 66 à 75 %, la spécificité est estimée les espèces) et nécessite des colorations par composés fluores-
à 97 %, et la valeur prédictive positive à 47 % [23]. La négativité cents ou méthode trichrome. Les microsporidies peuvent être
de ces méthodes n’exclut donc pas le diagnostic. Avant d’effec- mises en évidence sur des biopsies digestives. Dans ces deux
tuer une PBH, il faut ainsi rechercher un terrain favorisant, une parasitoses, la guérison ne va souvent de pair qu’avec la
altération de l’état général, une atteinte pulmonaire (infiltrat, restauration immunitaire, les antibiotiques ainsi que les antipa-
caverne mais surtout une miliaire), une atteinte séreuse ou rasitaires étant souvent peu efficaces.
digestive. La PBH se discute moins en cas de forme hématopoïé- D’autres étiologies bactériennes et parasitaires sont possi-
tique associant fièvre, hépatosplénomégalie et cytopénie. On bles [19, 27]. Une atteinte hépatique est observée au cours de la
rapproche de ces manifestations les formes cholestatiques lèpre dans 50 % des cas sur des séries autopsiques. La PBH
fébriles au décours d’une vaccination ou d’une BCG-thérapie conforte la preuve bactériologique de la maladie. Dans la forme
pour cancer de vessie [19], exceptionnellement associé à un tuberculoïde, le granulome peut être impossible à distinguer de
syndrome d’activation macrophagique [24]. Si les granulomes celui d’une tuberculose ou d’une sarcoïdose.
sont profus et convergents, le tableau peut évoluer à bas bruit La listériose, dans les formes septicémiques du patient
vers un abcès hépatique, réalisant une tuberculose pseudotumo- immunodéprimé, réalise une hépatite mixte avec des microab-
rale, « macronodulaire » ou tuberculome, se présentant en cès et un granulome à infiltrat polymorphe. L’atteinte hépatique
échographie sous l’aspect d’une formation hypoéchogène et lors de la leishmaniose viscérale provoque un granulome
hétérogène, de taille variable. intralobulaire à histiocytes avec anneau de fibrine, parfois

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7-041-G-10 ¶ Granulomatose hépatique

Tableau 2.
Étiologies des granulomes à anneau de fibrine (modifié d’après Geraint
JD, Scheuer PJ. Granulomatoses hépatiques. In : Hépatologie clinique. 2e
ed., Paris: Flammarion Médecine-Sciences; 2002. p. 1099-108).
Infections
Fièvre Q, staphylocoques
Cytomégalovirus, Epstein-Barr, virus des hépatites A et C
Leishmaniose, toxoplasmose
Maladies générales
Artérite à cellules géantes
Lupus érythémateux disséminé
Maladie de Hodgkin
Médicaments
Hypersensibilité à l’allopurinol

Dans la maladie de Whipple, le tableau est plus polymor-


Figure 6. Fièvre Q : granulome à anneau fibrineux (fibrin ring granu- phe [29]. La granulomatose hépatique est ici associée à une
loma) et à centre lipidique. Hémalun-éosine-safran (HES), agrandissement granulomatose diffuse du tube digestif. Elle doit être évoquée
initial × 400 (collection du professeur Brigitte Le Bail, laboratoire d’anato- chez un patient présentant une polyarthrite et une stéatorrhée.
mopathologie, hôpital Pellegrin, CHU Bordeaux). L’identification de l’organisme causal, Tropheryma whipplei peut
être détecté par PCR sur les biopsies digestives.
Lors d’infections à Yersinia enterocolitica, il existe typiquement
des douleurs abdominales et une diarrhée en rapport avec une
centré sur une vacuole. La localisation hépatique de la pneumo- iléite terminale associée à une lymphadénite mésentérique [19].
cystose est la localisation extrapulmonaire la plus fréquente, Le diagnostic est difficile, les coprocultures ne sont positives que
non prévenue par les aérosols de pentamidine. La toxoplasmose dans 10 % des cas. Les sérologies peuvent être une aide au
peut s’accompagner d’une granulomatose hépatique au cours diagnostic (agglutination, IFI). Le diagnostic de certitude repose
d’une primo-infection chez le sujet infecté par le VIH ou chez sur la réalisation de biopsies digestives avec une recherche de la
le transplanté, et plus rarement au cours d’une réactivation à la bactérie par technique PCR. Au cours de l’hémochromatose, une
faveur d’une dépression immunitaire profonde. Mention doit forme hépatique peut être isolément observée.
être faite de la possibilité d’une hépatite granulomateuse induite La maladie des griffes du chat, liée à Bartonella henselae [30],
par une giardiase au cours du déficit immunitaire commun peut s’accompagner d’une diffusion systémique dans 1 à 2 %
variable. des cas [31]. Deux types de lésions hépatiques sont observés : une
Les infections mycotiques, telles que les candidoses, les granulomatose nécrosante chez l’immunocompétent ou
histoplasmoses disséminées le plus souvent à Histoplasma l’immunodéprimé et des lésions de péliose chez l’immunodé-
capsulatum capsulatum (Amérique), les cryptococcoses et les primé, essentiellement au stade du syndrome d’immunodéfi-
aspergilloses sont plus rarement en cause. cience acquise (sida) [32].
Dans la syphilis secondaire, l’atteinte hépatique est rare
(0,05 %) et associe une éruption palmoplantaire, une hépato-
Granulomatoses hépatiques n’indiquant pas mégalie, des adénopathies cervicales et épitrochléennes, un
la réalisation d’une ponction-biopsie syndrome inflammatoire, une cholestase anictérique. La
PBH montre une hépatite avec nécrose centrolobulaire et
hépatique infiltrat inflammatoire portal et périportal [33]. La coloration
Un certain nombre d’étiologies, notamment infectieuses, sont argentaffine révèle le tréponème. Le diagnostic est en pratique
associées à une hépatite granulomateuse mais leur diagnostic ne sérologique (treponema pallidum hemagglutination-venereal disease
requiert pas, en première intention, d’analyse histologique research laboratory [TPHA-VDRL]).
hépatique, d’autant que les lésions histologiques ne sont ici que L’infection à cytomégalovirus est la plus fréquente des
suggestives. Il s’agit en pratique de situation où la PBH est étiologies virales de granulomatose hépatique [34]. Il s’agit d’une
hépatite cholestatique fébrile associée à un syndrome mononu-
réalisée précocement dans le cadre d’une fièvre prolongée
cléosique retardé au cours d’une primo-infection ou d’une
inexpliquée, avant les résultats des examens sérologiques ou
réactivation chez un immunodéprimé. La PBH, comme dans la
avant de prendre la décision de l’arrêt d’un traitement.
fièvre Q, peut montrer un « fibrin ring granuloma » associé à des
inclusions (cellules de Küpffer, hépatocytes, cellules biliaires), un
Infections infiltrat sinusoïdal et une inflammation périveinulaire sus-
Au cours de la fièvre Q, due à Coxiella burnetti, il est rapporté hépatique. Le diagnostic repose sur la détection d’une virémie
un granulome très évocateur, désigné sous le terme de « fibrin ou d’une virurie, ainsi que sur l’ascension des taux d’IgM et
d’IgG. Lors d’une infection aiguë par le virus d’Epstein-Barr, il
ring granuloma » (Fig. 6), qui n’est cependant pas spécifique de
peut exister une hépatite cytolytique peu sévère. Le diagnostic
la fièvre Q et peut être observé dans d’autres circonstances
suspecté par la positivité du MNI test est confirmé par le dosage
(Tableau 2). Il s’agit d’un granulome épithélioïde le plus souvent
des IgM antiviral capside antigen/Epstein-Barr nuclear antigen
intralobulaire, centré par une vacuole et entouré d’un anneau (VCA/EBNA).
de fibrine, associé à une hépatite à prédominance lobulaire [28]. Quelques parasitoses peuvent être concernées. L’atteinte
La cytolyse est modérée, prédomine sur les aspartates amino- hépatique du syndrome de larva migrans viscérale due à
transférases (ASAT), et est associée à une cholestase anictérique. Toxocara canis associe hépatalgie, toux et dyspnée. La radiogra-
Le diagnostic est sérologique, par la détection des antigènes de phie thoracique montre des infiltrats labiles et la biologie une
phase I et II en IFI. hyperéosinophilie avec une cholestase anictérique. Fasciola
Nous ne ferons que citer la brucellose, développée précédem- hepatica peut entraîner une atteinte hépatique parenchymateuse
ment, se manifestant par la classique fièvre ondulante sudoroal- lors de la migration transcapsulaire des douvules. L’échogra-
gique avec cytolyse et cholestase modérée à la phase d’invasion phie montre des zones hypoéchogènes mal limitées. Le dia-
et dont le diagnostic repose sur les hémocultures et les sérolo- gnostic est porté sur des arguments épidémiologiques et
gies. sérologiques.

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Granulomatose hépatique ¶ 7-041-G-10

■ Références
.

Atteinte liée aux médicaments


L’hépatotoxicité médicamenteuse peut s’accompagner de
[1] Leroy V, Hilleret MN. Évaluation de la fibrose hépatique. Hépato
manifestations immunoallergiques (fièvre, hyperéosinophilie).
Gastro 2005;12:251-9.
L’hépatite granulomateuse à l’allopurinol est le type de descrip-
tion et réalise une étiologie classique de fièvre au long cours, [2] Cadranel JF, Castera L, Cales P. La ponction biopsie du foie dans le
avec présence de granulomes centrés sur une vacuole lipidique diagnostic et la prise en charge des maladies chroniques du foie. Mor-
entourée d’un anneau de fibrine. D’autres molécules peuvent ceaux choisis de la conférence EASL. Gastroenterol Clin Biol 2006;
être impliquées comme les fluoroquinolones, la minocycline et 30:121-3.
le fénofibrate. [3] Denk H, Scheuer PJ, Baptista A, Bianchi L, Callea F, De Groote J, et al.
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Histopathology 1994;25:209-18.
■ En pratique [4] McCluccage WG, Sloan J. Hepatic granulomas in Northern Ireland: a
thirteen years review. Histopathology 1994;25:219-28.
Trois situations sont individualisables : [5] Geraint James D, Scheuer PJ. Granulomatoses hépatiques. In:
• granulomes avec lésion spécifique permettant de poser le Hépatologie clinique. Paris: Flammarion Médecine-Sciences; 2002.
diagnostic, comme au cours des schistosomoses, de la tuber- p. 1099-108.
culose avec nécrose caséeuse et présence de bacille de Koch, [6] Valla DC. Granulomatoses hépatiques. Rev Med Interne 2005;26:
de la CBP ou de la sarcoïdose ; S7-S8.
• granulomes non spécifiques mais avec un contexte clinique [7] Halimi C, Bringard N. La brucellose hépatique. Hépato Gastro 1998;
évocateur permettant de poser le diagnostic comme au cours 5:353-6.
de l’infection par le VHC, ou d’une tuberculose devant [8] Sheuer P, Ashrafzadeh P, Sherlock S. The pathology of hepatitis C.
l’association d’une fièvre avec altération de l’état général et de Hepatology 1992;15:571-6.
signes extrahépatiques avec identification d’une nécrose [9] Henrion J, Shapira M, Derue G. schmitz A, Heller F.R. Fièvre ou syn-
caséeuse isolée sans bacille de Koch identifié ; drome inflammatoire inexpliqués, intérêt diagnostique de la ponction
• granulomes non spécifiques et sans contexte clinique initia- biopsie hépatique. Presse Med 1991;20:461-4.
lement évocateur. Il faut alors reprendre avec rigueur [10] Nousbaum JB, Cadranel JF, Bonnemaison G, Bourlière M, Chiche L,
l’enquête et penser aux étiologies avant tout les plus fréquen- Chor H, et al. Recommandations pour la pratique clinique de la ponc-
tes, dominées par la sarcoïdose, et à celles qui ont une tion biopsie hépatique. Gastroenterol Clin Biol 2002;26:848-78.
implication thérapeutique. [11] Harada K, Minato H, Hiramatsu K, Nakanuma Y. Epitheloid cell
Malgré tout, l’enquête étiologique rigoureuse peut être granulomas in chronic hepatitis C: immunohistochemical character and
négative dans 15 à 20 % des cas [35]. Si aucun diagnostic n’est histological marker of favourable response to interferon- therapy.
retenu, il faut discuter une maladie granulomateuse de Histopathology 1998;33:216-21.
l’enfant dans le cadre d’un déficit lié à l’X, se manifestant
[12] Poupon R. Cirrhose biliaire primitive. Encycl Méd Chir (Elsevier SAS,
habituellement dès l’enfance par des infections à répétition,
Paris), Hépatologie, 7-015-A-60, 2000 : 6p.
surtout chez les garçons ou une granulomatose dite idiopathi-
[13] Mulder AH, Horst G, Haagsma EB, Limburg PC, Kleibeuker JH,
que. Un traitement d’épreuve par anti-inflammatoires non
Kallenberg CG. Prevalence and characterization of neutrophil
stéroïdiens ou corticoïdes peut être alors envisagé [5].
cytoplasmic antibodies in autoimmune liver diseases. Hepatology
1993;17:411-7.
■ Conclusion [14] Duerr RH, Targan SR, Landers CJ, Larusso NF, Lindsay KL,
Wiesner RH, et al. Neutrophil cytoplasmic antibodies: a link between
Le granulome hépatique est le stigmate d’une agression primary sclerosing cholangitis and ulcerative colitis? Gastroenterology
infectieuse, toxique ou auto-immune. L’entité anatomopatholo- 1991;100:1385-91.
gique de granulomatose hépatique peut être rattachée à une [15] Valla D, Pessegueiro-Miranada H, Degott C, Lebrec D, Rueff B,
étiologie en combinant une analyse histopathologique détaillée Benhamou JP. Hepatic sarcoidosis with portal hypertension. A report of
du prélèvement hépatique avec une analyse pertinente du seven cases with a review of the literature. Q J Med 1987;63:
contexte clinique et paraclinique qui permet de cerner de 531-44.
manière inconstante l’origine de cette réaction tissulaire [16] Blich M, Edoute Y. Clinical manifestations of sarcoid liver disease.
immunitaire très particulière. J Gastroenterol Hepatol 2004;19:732-7.
[17] Mechanic LJ, Dikman S, Cunnigham-Rundles C. Granulomatous
disease in common variable immunodeficiency. Ann Intern Med 1997;
> Remerciements : à madame le Professeur Brigitte Le Bail, laboratoire 127:613-7.
d’anatomopathologie de l’hôpital Pellegrin, CHU de Bordeaux pour [18] Fasano MB, Sullivan KE, Sarpong SB, Wood RA, Jones SM, Johns CJ,
l’iconographie.
et al. Sarcoidosis and common variable immunodeficiency. Report of 8
cases and review of the literature. Medicine 1996;75:251-61.
[19] Garcia V. Les hépatites granulomateuses d’origine infectieuses. Lettre
Hépato-gastroentérol 2002;3:124-7.
“ Points forts [20] Brugera M. Perturbations hépatiques secondaires aux hémopathies. In:
Hépatologie clinique. Paris: Flammarion Médecine-Sciences; 2002.
p. 1709-11.
Le granulome hépatique est retrouvé sur 2 à 14 % des PBH
[21] Klotz F, Chevalier B, Debonne JM. Bilharziose hépatique
mais la pathologie causale reste inconnue dans 15 à 20 %
(Schistosomiase hépatique). Encycl Méd Chir (Elsevier SAS, Paris),
des cas après une enquête étiologique approfondie. Hépatologie, 7-030-A-10, 2002 : 16p.
La démarche diagnostique doit intégrer le granulome [22] Algayres JP, Daly JP, Laverdant C. Formes aiguës de primo-invasion
dans un contexte épidémiologique, clinique, et bilharzienne. Rev Prat 1993;43:440-3.
paraclinique. La coopération étroite entre le clinicien et [23] Hillemann D, Galle J, Vollmer E, Richter E. Real-time PCR assay for
l’anatomopathologiste est la clé de la réussite de l’enquête improved detection of Mycobacterium tuberculosis complex in
étiologique. paraffin-embedded tissues. Diagn Microbiol Infect Dis 2006;54:
Les schistosomoses représentent la cause la plus fréquente 121-6.
dans le monde. En Europe, la sarcoïdose, la tuberculose, la [24] Thevenot T, Di Martino V, Lagrange A, Petrella T, Faucher JF, Fontan J,
cirrhose biliaire primitive et une origine médicamenteuse et al. Granulomatous hepatitis and hemophagocytic syndrome after
prédominent. Calmette-Guerin bladder instillation. Gastroenterol Clin Biol 2006;30:
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7-041-G-10 ¶ Granulomatose hépatique

[25] Halimi C, Bringard N, Boyer N, Vilgrain V, Panis Y, Degott C, et al. [31] Margileth AM, Wear DJ, English CK. Systemic cat-scratch disease:
Brucellome hépatique : deux nouveaux cas et revue de la littérature. report of 23 patients with prolonged or recurrent severe bacterial infec-
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[26] Bruguera M, Cervantes F. Hepatic granuloma in brucellosis. Ann Intern [32] Liston TE, Koehler JE. Granulomatous hepatitis and necrotizing
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adults. Two cases. Gastroenterol Clin Biol 2003;27:225-9. years experience. J Clin Pathol 2003;56:850-3.

T. Carmoi, Spécialiste des hôpitaux des Armées (t.carmoi@wanadoo.fr).


Service de médecine interne, Hôpital principal, BP 3006, Dakar, Sénégal.
J. Desramé, Spécialiste des hôpitaux des armées.
Clinique médicale, hôpital du Val de Grâce, BP 1, 00446 Armées, France.
P. Rey, Professeur agrégé du Val de Grâce, chef du service des maladies digestives.
Hôpital d’instruction des Armées Legouest, BP 10, 57998 Metz Armées, France.
F. Klotz, Professeur agrégé du Val de Grâce, directeur de l’Hôpital principal.
Service de médecine interne, Hôpital principal, BP 3006, Dakar, Sénégal.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Carmoi T., Desramé J., Rey P., Klotz F. Granulomatose hépatique. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Hépatologie, 7-041-G-10, 2007.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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