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Abcès non parasitaires du foie – diagnostic


et conduite à tenir
S. Rousset, M. Dutertre, M. Faruch-Bilfeld, M. Chalret du Rieu, D. Dubois, P. Delobel,
B. Marchou, G. Martin-Blondel

Les abcès hépatiques à pyogènes représentent une pathologie dont la prévalence a augmenté ces der-
nières années. Les éléments de terrain favorisants sont un âge avancé, le sexe masculin, le diabète,
l’immunodépression, une pathologie des voies biliaires et les néoplasies digestives. Le diagnostic doit
être évoqué devant un faisceau d’arguments cliniques (fièvre et hépatomégalie douloureuse), biologiques
(syndrome inflammatoire) et d’imagerie (image en cocarde). Les bactéries principalement impliquées sont
les entérobactéries, les anaérobies et les streptocoques. On assiste à une émergence de souches de Kleb-
siella pneumoniae hypervirulentes (hypermuqueuses) pouvant être responsables d’abcès hépatiques avec
métastases septiques, notamment de méningites et endophtalmies par voie hématogène. Les abcès hépa-
tiques sont majoritairement plurimicrobiens. Ils peuvent survenir par voie portale, biliaire, hématogène
ou locale. Un bilan endoscopique à la recherche d’une néoplasie digestive doit être proposé devant tout
abcès hépatique. La prise en charge des abcès hépatiques est multidisciplinaire (clinicien, microbiologiste,
radiologue, chirurgien). Le traitement fait appel à l’antibiothérapie par voie systémique, éventuelle-
ment au drainage percutané radiologique, associés à la prise en charge de la porte d’entrée infectieuse
et des comorbidités associées. Le spectre de l’antibiothérapie probabiliste doit couvrir entérobactéries,
streptocoques et bactéries anaérobies, par exemple avec l’association ceftriaxone et métronidazole. Ces
modalités de prise en charge ont permis de réduire les indications de la chirurgie et la mortalité, qui reste
de l’ordre de 10 %.
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Mots-clés : Abcès hépatique ; Klebsiella pneumoniae ; PCR ; Antibiothérapie ; Drainage radiologique percutané

Plan  Introduction
■ Introduction 1 L’infection du parenchyme hépatique amène à la constitution
■ Épidémiologie et facteurs de risque 1 d’un infiltrat inflammatoire, de lésions de nécrose et éventuel-

lement d’une collection de pus qu’est l’abcès hépatique. Les
Diagnostic de l’abcès hépatique 2
principaux agents infectieux en cause sont les bactéries pyogènes.
Arguments cliniques 2
Les abcès parasitaires du foie, notamment amibiens, étiologie pré-
Arguments biologiques 2
pondérante dans les pays en voie de développement, ne sont pas
Arguments iconographiques 2
traités dans ce travail. Cette mise au point s’appuie sur une revue
■ Étiologies 3 de la littérature entre 2010 et 2016.
Selon l’agent pathogène en cause 3
Selon le mécanisme physiopathologique 5
■ Diagnostic différentiel 6  Épidémiologie et facteurs
■ Pronostic 6
■ Traitement 6
de risque
Antibiothérapie 6
Les abcès hépatiques restent une pathologie rare dans
Ponction/drainage radiologique percutané 7
les pays occidentaux, avec une incidence variant de
Chirurgie 8
1,1/100 000 personnes-années au Danemark à 2,3/100 000 per-
Prise en charge de la maladie sous-jacente 9
sonnes au Canada. Elle est qualifiée cependant de pathologie
■ Suivi 9 émergente aux États-Unis, au Japon, en Corée et en Europe [1, 2] .
■ Conclusion 9 En Asie du Sud-Est, surtout à Taïwan, une augmentation de
l’incidence des abcès hépatiques de 10/100 000 en 2000 à

EMC - Hépatologie 1
Volume 11 > n◦ 4 > octobre 2016
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1976(16)66429-X

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15/100 000 personnes-années en 2011 a été rapportée [3] , du fait pleuropneumopathie droite isolée. L’abcès hépatique peut se révé-
notamment de la présence de clones hypervirulents de Klebsiella ler plus rarement par une complication locale inaugurale, comme
pneumoniae endémique dans cette région [4] . une fistulisation cutanée, une rupture à la plèvre ou dans le péri-
Le sexe masculin, un âge supérieur à 50 ans, un faible niveau toine, réalisant dans ce dernier cas un tableau d’abdomen aigu
socioéconomique ainsi que des comorbidités telles que cirrhose, chirurgical.
alcoolisme chronique, diabète sucré, insuffisance rénale termi-
nale, notamment dialysée sur cathéter péritonéal, sont associés
à un risque plus élevé d’abcès hépatique à pyogène [3, 5] . La surve- Arguments biologiques
nue d’un abcès hépatique à pyogène peut révéler une néoplasie
Un syndrome inflammatoire biologique est habituellement pré-
digestive sous-jacente, notamment un carcinome hépatocellu-
sent. Des perturbations des tests biologiques hépatiques sont
laire (CHC), un cholangiocarcinome ou un cancer colorectal,
fréquentes mais d’intensité variable et peuvent manquer : cyto-
d’où la nécessité de rechercher ces néoplasies au décours de
lyse hépatique souvent modérée, prédominant sur les ALAT
la prise en charge de l’abcès en l’absence d’étiologie retrou-
(alanines aminotransférases), cholestase anictérique ou ictérique.
vée [6, 7] . Les gestes interventionnels, comme la radiofréquence
L’hypoalbuminémie, l’abaissement du taux de prothrombine et
hépatique, une chimioembolisation de CHC, une cholangiopan-
l’augmentation de la bilirubine sont des facteurs de mauvais pro-
créatographie rétrograde endoscopique (CPRE) et les chirurgies
nostic. Une élévation de la procalcitoninémie est habituelle, mais
sous-diaphragmatiques, peuvent rarement se compliquer d’abcès
sans valeur pronostique ni d’orientation étiologique, ce qui en
du foie [8] . Une association entre abcès cryptogénique du foie et
limite l’intérêt.
utilisation d’inhibiteurs de la pompe à protons est suggérée par
Concernant les examens de microbiologie, des hémocultures
certains travaux. Le mécanisme invoqué est l’augmentation de
aéroanaérobies doivent systématiquement être réalisées car elles
la charge en bactéries pathogènes dans le tube digestif, notam-
permettent l’identification d’un germe dans la moitié des cas [11] .
ment en souches de K. pneumoniae hypervirulentes, sous l’effet de
Il faut insister sur le remplissage des flacons d’hémocultures
l’achlorhydrie gastrique [9] .
par 10 ml de sang pour optimiser leur sensibilité. La ponction-
Une notion de voyage en zone tropicale, même ancien, doit
aspiration de l’abcès est le plus souvent réalisée en complément
être systématiquement recherchée et faire suspecter une amœbose
des hémocultures à visée microbiologique. Les sensibilité et
hépatique.
spécificité de l’examen direct après coloration de Gram sont res-
pectivement de 90 et 100 % pour les cocci à Gram positif, et de
52 et 94 % pour les bacilles à Gram négatif. La sensibilité de la
 Diagnostic de l’abcès hépatique culture est de 30 % pour les cocci à Gram positif et de 39 % pour
les bacilles à Gram négatif [11] . La concordance entre hémocultures
Le diagnostic repose sur un faisceau d’arguments comportant le et analyse du pus de l’abcès n’est que de 60 %, d’où l’importance
terrain sous-jacent, les signes cliniques, les anomalies biologiques de réaliser si possible ces deux types de prélèvements.
et les résultats des examens d’imagerie. Concernant les examens parasitologiques, une sérologie ami-
bienne est réalisée en cas de contexte évocateur du fait de sa très
bonne sensibilité (supérieure à 90 %). Si l’iconographie est évoca-
Arguments cliniques trice, une sérologie hydatidose doit être demandée avant ponction
de l’abcès, surtout en cas de provenance d’une zone d’endémie.
Le terrain du patient doit être précisé : l’âge, le sexe ; les
En cas de positivité, la ponction de l’abcès est contre-indiquée du
comorbidités, notamment en termes d’immunodépression (dia-
fait d’un risque de réaction anaphylactique et de dissémination
bète, corticothérapie, traitement immunosuppresseur) ; l’usage
péritonéale.
de drogues par voie intraveineuse ; l’existence d’une néoplasie
Les techniques de biologie moléculaire (PCR – polymerase chain
digestive ; la réalisation récente d’une chirurgie abdominale ou
reaction) représentent un apport intéressant à la microbiologie
d’un geste invasif sur les voies biliaires ; l’origine géographique,
standard. La PCR panbactérienne (ADNr [acide désoxyribonu-
la notion de voyages en zone tropicale (risque d’amœbose hépa-
cléique ribosomique] 16S) couplée à un séquençage classique
tique) ; un éventuel contact avec des animaux (chiens, ruminants
est actuellement peu utilisée pour le diagnostic microbiologique
domestiques, etc.).
des abcès hépatiques, et non contributive pour les abcès pluri-
La fièvre est l’élément clinique le plus constant, retrouvée dans
bactériens. Des techniques innovantes pourraient toutefois être
plus de 90 % des cas, classiquement élevée, à 39–39,5 ◦ C, associée
utilisées dans un futur proche en routine. Ainsi, la PCR ADNr 16S
à des frissons et à une altération de l’état général. Une fièvre en
couplée à un séquençage nouvelle génération est une technique
plateau entre 38 et 39 ◦ C avec sueurs nocturnes peut se voir en cas
permettant une identification microbiologique beaucoup plus
de tuberculose, ou sur certains terrains (immunodéprimés, corti-
sensible que l’examen direct et la culture standard (100 % ver-
cothérapie, cirrhose, etc.). L’anamnèse peut retrouver une douleur
sus 45 % dans une étude [12] ), et est aussi sensible pour les abcès
ou une pesanteur abdominale, localisée en hypochondre droit ou
pluribactériens. Elle pourrait ainsi pallier le défaut de pousse de
en région épigastrique, majorée à l’inspiration profonde, irradiant
germes à croissance lente ou difficile, et la décapitation due à une
typiquement « en bretelle » vers l’épaule droite. La douleur de
antibiothérapie préalable ou à de mauvaises conditions de trans-
l’épaule droite peut être isolée. La symptomatologie peut aussi
port d’échantillon, mais elle ne permet toutefois pas d’obtenir un
comporter des nausées, des vomissements, des troubles du tran-
antibiogramme des bactéries identifiées (Tableau 1).
sit, une dyspnée ou une douleur thoracique pouvant témoigner
d’un épanchement pleural droit par contiguïté.
L’examen physique comporte la recherche de signes de sepsis Arguments iconographiques
sévère modifiant la cinétique de la prise en charge. Un choc sep-
tique est présent dans 6 à 19 % des cas, surtout en cas d’infection En échographie, les abcès hépatiques en phase présuppurée se
à germes anaérobies ou chez les personnes âgées [10] . La palpa- présentent sous la forme de nodule ou masse intrahépatique, de
tion abdominale recherche une douleur de l’hypochondre droit petite ou grande taille, unique ou multiples, à centre hypo- ou ané-
majorée à l’ébranlement prudent du foie, une hépatomégalie, chogène hétérogène, aspécifiques. En phase suppurée, une coque
une masse dans l’hypochondre droit ou l’épigastre. Des signes à paroi irrégulière et hétérogène, plus ou moins épaisse, donnant
d’un retentissement local peuvent être constatés : ictère en cas un aspect en cocarde, est visible. Des cloisons et de fins échos
de compression sur les voies biliaires (pouvant mimer un tableau flottants correspondant à des débris nécrotiques peuvent se voir
d’angiocholite) ; tableau de pleuropneumopathie droite ou de à l’intérieur de l’abcès. La réalisation d’une étude Doppler est
syndrome pleural droit en cas d’épanchement associé. utile pour rechercher des thromboses des structures vasculaires
La triade fièvre/masse/douleur à l’ébranlement de l’hypo- adjacentes. L’échographie peut ne pas être contributive en cas de
chondre droit, évocatrice du diagnostic, n’est pas constante et le localisation difficile d’accès comme au niveau du dôme du lobe
tableau peut être dissocié : fièvre nue avec altération de l’état géné- hépatique droit. L’échographie avec produit de contraste pourrait
ral en imposant pour une néoplasie ; douleur de l’épaule droite ; permettre d’augmenter la sensibilité de l’examen [13] .

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La sensibilité de la tomodensitométrie (TDM) injectée est supé- artériel, ce rehaussement persistant au temps tardif [14] . L’IRM en
rieure à celle de l’échographie [8] . L’abcès se présente sous la séquence de diffusion peut permettre de distinguer un abcès hépa-
forme d’une image hypodense hétérogène, avasculaire, cloison- tique d’une formation non infectieuse, notamment d’une tumeur
née, mal limitée, avec un rehaussement périphérique en cocarde nécrosée, les abcès hépatiques étant associés à une restriction de
après injection de produit de contraste évocateur du diagnostic diffusion centrale [15] .
d’abcès, mais inconstant. Une pyléphlébite (thrombophlébite sep- Selon le mécanisme physiopathologique suspecté et la docu-
tique) associée doit être recherchée au temps veineux. La présence mentation microbiologique de l’abcès, la recherche d’une porte
d’air au sein de la lésion semble spécifique du diagnostic d’abcès d’entrée buccodentaire par un panoramique dentaire, d’un obs-
hépatique [8] . Ces aspects scanographiques ne sont toutefois pas tacle biliaire par une imagerie des voies biliaires (bili-IRM ou
pathognomoniques et peuvent se voir dans les tumeurs hépa- cholangiographie), d’une atteinte valvulaire cardiaque par une
tiques nécrosées. La TDM thoraco-abdomino-pelvienne injectée échocardiographie, ou d’une lésion digestive par une coloscopie
peut aussi permettre de rechercher une éventuelle porte d’entrée ou une vidéocapsule, est effectuée de façon complémentaire.
(tumeur digestive visible, diverticulose, appendicite, etc.), d’autres
abcès profonds ou un épanchement pleural par contiguïté (Fig. 1).
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) hépatique, rare-  Étiologies
ment nécessaire, montre une image à centre liquidien hypo-
intense en séquence T1 et très hyperintense en séquence T2, Selon l’agent pathogène en cause
entourée d’une paroi hypo-intense T1 et modérément hyperin-
tense T2. La paroi de l’abcès se rehausse précocement au temps Bactéries
L’épidémiologie bactérienne varie selon la situation géogra-
phique. En Europe centrale et occidentale, Escherichia coli et
Tableau 1. Streptococcus spp. sont majoritairement responsables des abcès
Bilan biologique devant un abcès hépatique. hépatiques à pyogènes chez des patients âgés, ayant une anomalie
biliaire ou une néoplasie sous-jacente, et sont associés à un tableau
En première intention
septique volontiers plus grave. En Asie du Sud-Est, les abcès hépa-
Biologie standard : NFS-plaquettes, CRP, bilan hépatique, urée tiques à K. pneumoniae prédominent [16] . Le caractère mono- ou
créatinine, hémostase, albuminémie
plurimicrobien de l’abcès hépatique permet d’orienter le diagnos-
Hémocultures aéroanaérobies, au moins 2 paires au mieux lors de
tic étiologique, les abcès monomicrobiens (60 %) résultant plutôt
ponctions veineuses différentes (10 ml de sang par flacon)
d’une infection d’origine hématogène, alors que les abcès plu-
Sérologie hydatidose si imagerie évocatrice avant toute tentative de
ponction/drainage
rimicrobiens (40 %) sont associés à une cause locale (digestive
Sérologie amœbose si notion de voyage en zone tropicale ou par inoculation). Aucun germe n’est identifié dans 5 à 10 %
Recherche d’un terrain favorisant : électrophorèse des protéines des cas du fait d’un défaut de sensibilité des hémocultures, d’une
sériques, signes de cirrhose, diabète, etc. infection décapitée par une antibiothérapie, d’une dégradation de
l’échantillon par défaut de transport ou de conservation, ou d’un
Sur le liquide de ponction d’abcès hépatique
germe atypique (mycobactérie par exemple) ou de pousse lente.
Bactériologie : examen direct par coloration de Gram, culture sur Les germes des abcès hépatiques bactériens peuvent être divisés
milieux standards et enrichis (avec mise en culture prolongée
en quatre groupes principaux.
éventuelle)
Selon l’orientation Bactéries aérobies à Gram négatif (40 à 60 %)
Mycobactériologie : recherche de BAAR sur examen direct à la Ce groupe comprend les entérobactéries comme E. coli, Proteus
coloration de Ziehl-Nielsen ou à l’auramine, culture sur milieu solide de spp., Klebsiella spp., Pseudomonas spp., Citrobacter spp., mais aussi
Lowenstein-Jensen et liquide les entérobactéries du groupe 3 (Enterobacter spp., Morganella spp.,
Parasitologie : recherche d’antigènes d’Entamoeba histolytica Serratia spp.) présentant un risque intrinsèque d’hyperproduction
Examen mycologique, biologie moléculaire : PCR amœbose, d’une céphalosporinase lors de l’exposition à une céphalospo-
Mycobacterium, ADNr 16S rine. Plus rarement, Haemophilus spp., Yersinia spp., Salmonella
spp. peuvent être impliquées. Les abcès hépatiques à Pseudomo-
Chez l’immunodéprimé
nas aeruginosa sont rares et surviennent surtout dans un contexte
Se discutent : hémocultures sur milieu mycologique ou d’infection liée aux soins ou de comorbidités hépatobiliaires [17] .
mycobactériologique, antigénémie aspergillaire
L’épidémiologie récente est marquée par l’émergence, au niveau
NFS : numération formule sanguine ; CRP : protéine C réactive ; BAAR : bacille mondial, y compris en Europe [18, 19] , de souches hyperviru-
acido-alcoolo-résistant ; PCR : polymerase chain reaction ; ADNr : acide désoxyri- lentes de K. pneumoniae responsables d’infections invasives.
bonucléique ribosomique. Ces souches correspondent à des clones invasifs présentant un

200 mr

A 24
B C
Figure 1. Différents aspects d’abcès hépatiques en imagerie.
A. Coupe échographique hépatique axiale. Deux masses hypoéchogènes hétérogènes avec sédiment hyperéchogène, correspondant à deux abcès hépatiques.
B. Coupe tomodensitométrique. Abcès hépatique nécrotique dans le segment VIII : masse hétérogène contenant de l’air et de la nécrose liquidienne
hypodense, entourée d’une coque se rehaussant après injection de produit de contraste.
C. Coupe tomodensitométrique. Abcès hépatique de foie droit avec hypodensité linéaire de contact, traduisant la présence d’une pyléphlébite sus-hépatique
droite (flèche).

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phénotype d’hypermucoviscosité (principalement de sérotype K1


et appartenant au complexe clonal CC23) [20, 21] . K. pneumoniae est
responsable d’environ 70 % des abcès hépatiques en Asie du Sud-
Est [22] et est désormais le premier agent infectieux impliqué dans
5
les abcès hépatiques aux États-Unis devant E. coli et les strepto-
coques [1, 23] . Ces clones invasifs peuvent toucher des adultes sains 1
sans comorbidité. Ces abcès souvent d’origine cryptogénique [24]
sont associés à un risque de dissémination hématogène dans 10 à
20 % des cas [16] . Celle-ci survient de façon précoce, dans les trois
premiers jours suivant le début du tableau, et se caractérise par des
2
atteintes neuroméningées (endophtalmie ou méningite) [25, 26] .
Bactéries anaérobies (35 à 45 %)
Ces bactéries comme les streptocoques anaérobies, Bacteroides 3
spp., Clostridium spp., Fusobacterium spp., Peptostreptococcus spp.
et autres streptocoques anaérobies mixtes, proviennent de la flore
digestive, gynécologique ou orale. Les abcès hépatiques à anaéro- 6
bies peuvent être secondaires à une infection intra-abdominale, à
une inoculation traumatique, ou être d’origine hématogène dans
le cas des syndromes de Lemierre à Fusobacterium necrophorum.
Ces abcès à germes gazogènes comme Clostridium perfringens sont
associés à un mauvais pronostic [27] .
Bactéries aérobies à Gram positif (10 à 20 %)
Ce groupe comprend Staphylococcus aureus, Enterococcus spp.,
les streptocoques du groupe D (Streptococcus gallolyticus, Strepto- 7
coccus pasteurianus, etc.), les streptocoques non groupables ou
viridans de la flore buccale, les streptocoques du complexe mil-
leri (Streptococcus constellatus, Streptococcus anginosus, Streptococcus
intermedius), Streptococcus pneumoniae, et Listeria monocytogenes.
Les abcès hépatiques à S. aureus méticilline-résistant (SARM) repré- 4
sentent 7 % des cas d’abcès hépatiques sur une série portugaise des
années 2000 [28] et surviennent dans un contexte nosocomial ou
par voie hématogène dans un contexte d’endocardite infectieuse
ou de thrombophlébite septique. Les streptocoques du complexe
milleri ont une propension à former des abcès d’organes (Fig. 2).
Bactéries particulières
Brucelles. L’abcès hépatique à Brucella ou brucellome hépa-
tique est rare (1 à 7 % des brucelloses, environ 60 cas rapportés
dans la littérature), et se voit surtout dans la phase chronique de
Figure 2. Écologie microbienne des portes d’entrée dans les abcès
la maladie [29, 30] . Le diagnostic repose sur un faisceau d’arguments
hépatiques. 1. Voie veineuse centrale : idem peau, Candida spp. : examen
comprenant notamment une profession exposée. Les signes
clinique, échodoppler veineux (thrombose ?) ; 2. localisation secon-
cliniques sont non spécifiques avec une fièvre traînante dite sudo-
daire d’une endocardite infectieuse (streptocoques, staphylocoques,
roalgique, une asthénie avec état de « patraquerie » et des douleurs
entérocoques, etc.) : souffle cardiaque, échocardiographie ; 3. inocu-
abdominales insidieuses. La présence d’une calcification centrale
lation : Clostridium, et contexte postopératoire (Staphylococcus aureus
entourée d’une masse liquidienne est évocatrice d’un brucellome
résistant à la méthicilline, entérobactéries sécrétrices de bêtalactamases
hépatique, mais des abcès multiples de petite taille, hépatosplé-
à spectre étendu, Pseudomonas aeruginosa, Candida spp.) ; 4. peau
niques et non calcifiés, sont également possibles [31] . L’examen
(Staphylococcus aureus, Streptococcus pyogenes) : examen clinique ; 5.
anatomopathologique de ponction-biopsie hépatique peut révé-
buccodentaire (streptocoques non groupables – sanguis, mitis, saliva-
ler des granulomes épithélio-giganto-cellulaires, avec des cellules
rius, etc. ; anaérobies Fusobacterium spp., Peptostreptococcus, Prevotella) :
disposées en palissade autour d’une nécrose caséeuse centrale,
panoramique dentaire ; 6. urodigestif (entérobactéries, entérocoques,
mais qui ne sont pas spécifiques. La sensibilité des hémocultures
streptocoques groupe bovis et milleri ; anaérobies – Bacteroides fra-
et de la culture de pus est faible (entre 10 et 30 %), et la sérolo-
gilis, Clostridium, Peptostreptococcus) : tomodensitométrie, endoscopies
gie permet le plus souvent le diagnostic. La PCR Brucella sur sang,
digestives ; 7. génital féminin (Streptococcus agalactiae, Actimomyces,
liquide de ponction ou biopsie hépatique, est un outil diagnos-
anaérobies – Prevotella, Veillonella) : examen gynécologique (dispositif
tique intéressant en pratique clinique.
intra-utérin ?), échographie.
Actinomycètes. L’actinomycose est une infection chronique
granulomateuse et suppurative rare due à un bacille anaérobie à
Gram positif irrégulier, plus ou moins ramifié et filamenteux, du
genre Actinomyces, dont Actinomyces israeli est l’espèce la plus fré- Le diagnostic repose sur l’examen anatomopathologique d’une
quente. Actinomyces est une bactérie saprophyte des flores buccale, lésion. Des grains de sulfure macroscopiques sont évocateurs.
digestive et vaginale, qui devient pathogène après rupture de la Au microscope, des filaments palissadiques sont visibles au sein
barrière cutanéomuqueuse. Elle forme alors des abcès qui peuvent d’une architecture folliculaire peu vascularisée, siège d’un infiltrat
mimer des processus tumoraux. inflammatoire et d’une intense fibrose. Au plan bactériologique,
L’atteinte hépatique de l’actinomycose est rare (5 % des acti- il est crucial que les prélèvements soient rapidement acheminés
nomycoses). Elle est secondaire à un foyer infectieux abdominal au laboratoire, ensemencés sur milieux de cultures enrichis et
ou pelvien. Il convient de chercher, chez une femme, la pré- incubés en anaérobiose de façon prolongée. L’examen direct peut
sence d’un dispositif intra-utérin ancien. Le tableau est celui retrouver des bactéries filamenteuses ramifiées à Gram positif. La
d’un abcès hépatique d’évolution indolente, sans spécificité cli- pousse en culture est lente, deux à trois semaines, voire plus, avec
nique, biologique, ni radiologique, ce qui rend son diagnostic une sensibilité inférieure à 50 %. La PCR-séquençage du gène de
difficile. L’infection peut s’étendre aux organes voisins, mimant l’ADNr 16S peut être une aide diagnostique [35] .
une infiltration néoplasique [32] . L’actinomycose peut être plu- Coxiella burnetii. La fièvre Q (query fever) est une anthropo-
rifocale, hépatosplénique, ou métastatique d’une actinomycose zoonose due à Coxiella burnetii, une bactérie à développement
pelvienne [33, 34] . intracellulaire obligatoire à Gram négatif qui se multiplie dans le

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phagolysosome de la cellule cible (monocytes-macrophages). Son ces abcès sont les plus fréquents [44] . La pathologie favorisante
réservoir est constitué par les ovins, caprins et bovins. La présence peut être bénigne (complication d’une lithiase biliaire, cholangite
d’abcès hépatiques est possible mais exceptionnelle avec un seul immunologique, ischémique ou postradique, maladie de Caroli,
cas décrit dans la littérature [36] . distomatose, ascaridiose) ou maligne (ampullome, cholangiocar-
Bartonelles. Les bactériémies à Bartonella henselae ou autres cinome, adénocarcinome de la tête du pancréas, métastase ou
espèces (notamment B. quintana) peuvent s’accompagner d’abcès tumeur hépatique comprimant les voies biliaires). Un abcès hépa-
hépatospléniques souvent nodulaires, surtout chez les enfants et tique par voie biliaire peut aussi être secondaire à une procédure
les immunodéprimés, mais aussi chez l’immunocompétent. Une interventionnelle (CPRE, mise en place de prothèse biliaire), ou
endocardite doit être recherchée par échocardiographie car sa survenir dans les suites de chirurgie, notamment duodénopan-
présence conditionne le choix et la durée d’antibiothérapie. Le créatectomie céphalique. Ils sont alors favorisés par une ischémie
diagnostic repose théoriquement sur la culture, qui est difficile et biliaire, par la sténose de l’anastomose biliodigestive ou d’aval, et
non contributive en pratique ; la sérologie Bartonella est le plus par le reflux biliaire dans le montage en oméga [8] .
souvent réalisée, mais avec un risque de réactions croisées avec Ces abcès sont souvent multiples, de petite taille et plurimicro-
Chlamydia et C. burnetii ; une PCR Bartonella ou ADNr 16S peut biens (entérobactéries, anaérobies, streptocoques du groupe D).
être demandée sur sang ou biopsie [37, 38] . La pathologie sous-jacente doit être caractérisée par bili-IRM et/ou
cholangiographie, et peut nécessiter la réalisation d’un drainage
Mycobactéries biliaire externe ou endoscopique [8] . Grâce, entre autres, aux pro-
grès techniques en endoscopie et radiologie interventionnelle, la
La tuberculose hépatique affecte surtout les sujets immunodé-
mortalité des abcès d’origine biliaire a diminué de 80 % avant
primés (virus de l’immunodéficience humaine [VIH], transplantés
1972, à moins de 10 % actuellement [44] .
d’organe, etc.), mais peut aussi concerner les immunocompétents
enfants et adultes de tout âge. Le tuberculome hépatique, isolé
ou multiple, résultant de la confluence de granulomes calcifiés Abcès d’origine portale (20 à 25 %)
et nécrosés, est rarissime (prévalence de 0,34 % des tuberculoses Ces abcès sont fréquemment plurimicrobiens (entérobactéries,
hépatiques). La tuberculose miliaire hépatique, isolée ou associée anaérobies, et streptocoques notamment du complexe milleri).
à une atteinte pulmonaire commune (10–15 % des tuberculoses Secondaires à une bactériémie à point de départ portal, par
pulmonaires) ou extrapulmonaire, survient par dissémination translocation bactérienne digestive à partir d’un foyer infectieux
hématogène artérielle [39] . L’examen direct à la recherche de BAAR ou d’une porte d’entrée intra-abdominale, ils peuvent être la
(bacille acido-alcoolo-résistant) et les cultures sont souvent néga- conséquence indirecte d’une lésion digestive bénigne (polypes,
tives. La biopsie de la bordure de la lésion hépatique montre diverticules compliqués ou non, appendicite, salpingite, maladies
alors des granulomes épithélio-giganto-cellulaires avec nécrose inflammatoires chroniques intestinales [44] ) ou maligne (cancer
caséeuse centrale. La PCR peut être utile au diagnostic [40] . Ce colorectal ou gastrique).
diagnostic doit être évoqué en cas d’abcès hépatique de ponction Anatomiquement, une lésion colique droite se drainant dans la
stérile en bactériologie standard, et ne répondant pas au traite- veine mésentérique supérieure est plutôt associée à un abcès du
ment antibiotique conventionnel et antiamibien. Une infection foie droit, alors que les lésions se drainant dans le territoire mésen-
par une mycobactérie non tuberculeuse peut aussi survenir chez térique inférieur ou splénique sont plutôt associées à un abcès
des sujets immunodéprimés, notamment VIH au stade du sida du foie gauche. Ces abcès peuvent se compliquer de pyléphlé-
(syndrome d’immunodéficience acquise), présentant un tableau bite. En l’absence d’origine déterminée, la recherche de leur cause
d’infection disséminée traînante, avec entre autres des abcès hépa- doit comporter une imagerie abdominale (TDM injectée), un exa-
tiques et spléniques. men gynécologique chez les femmes, et des endoscopies digestives
doivent être proposées à la recherche d’une porte d’entrée occulte
Champignons (polype ou cancer colorectal) [6] .
Les abcès fongiques hépatiques sont extrêmement rares. Ce sont
des abcès multiples ou une miliaire au cours d’une fongémie. Abcès d’origine artérielle (hématogènes) (10 %)
Les champignons impliqués peuvent être des levures (Candida Ils sont secondaires à une bactériémie à partir d’un foyer
surtout, Cryptococcus), des filamenteux (Aspergillus, mucorales infectieux extradigestif (dentaire, oto-rhino-laryngologique, pul-
type mucormycose, Entomophtorales comme la basidiobolomy- monaire, urinaire, gynécologique), d’une endocardite infectieuse
cose), ou des dimorphiques (Histoplasma). Ce sont des affections ou d’une thrombophlébite septique (syndrome de Lemierre pel-
opportunistes, touchant des patients présentant une immu- vien). Ces abcès sont le plus souvent uniques ; ils prennent plus
nodépression sévère, acquise ou congénitale (granulomatose rarement un aspect de miliaire. Les bactéries les plus souvent
septique chronique). Les basidiobolomycoses gastro-intestinales, impliquées sont les streptocoques du complexe milleri.
pathologie actuellement émergente aux États-Unis et au Moyen-
Orient, peuvent également s’accompagner d’abcès hépatiques Abcès par contiguïté (1 à 5 %)
chez l’immunocompétent [41] . Basidiobolus ranarum est un zygo-
mycète de réservoir tellurique et végétal, impliqué dans des Ils surviennent par contiguïté d’un foyer infectieux voisin du
infections des parties molles. La contamination se fait par inges- foie par perforation focale de la capsule de Glisson : cholécystite
tion d’aliments ou d’eau souillée. L’imagerie montre la présence aiguë perforée dans les segments IV et V, ulcère gastroduodénal
de masses hépatiques et coliques, et un épaississement de la paroi perforé, pancréatite aiguë ou abcès du rein droit.
intestinale [42] . Alors que les cultures peuvent être non contribu-
tives, l’analyse anatomopathologique du parenchyme hépatique Abcès d’inoculation (1 à 3 %)
montre des granulomes éosinophiliques caractéristiques entou- Ils peuvent être secondaires à un traumatisme ouvert ou
rant des champignons, et des corps de Splendore-Hoeppli [43] . fermé du foie, ou à un geste de radiologie interventionnelle
(ponction-biopsie hépatique, radiofréquence ou chimioemboli-
Selon le mécanisme physiopathologique sation artérielle de CHC, drainage biliaire externe). Les abcès
hépatiques survenant après radiofréquence ou chimioembolisa-
Le terrain, l’aspect radiologique et l’isolement de bactéries spé- tion artérielle sont rares (incidence entre 0 et 1,4 %) et leur
cifiques peuvent orienter vers le mécanisme physiopathologique diagnostic peut être difficile du fait des modifications de la lésion
en cause, paramètre crucial pour la prise en charge de la maladie hépatique postgeste et du syndrome fébrile « physiologique » post-
causale. chimio-embolisation [45] .

Abcès d’origine biliaire (40 à 60 %) Abcès cryptogéniques (10 à 20 %)


Secondaires à une obstruction biliaire ou par contiguïté avec Lorsque aucune cause n’est retrouvée, l’abcès est qualifié
un foyer infectieux ou une nécrose ischémique des voies biliaires, de cryptogénique. Une étude retrouvant un lien entre abcès

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Tableau 2. Les complications des abcès hépatiques à pyogènes peuvent être


Diagnostic différentiel des abcès hépatiques. locales avec la rupture de l’abcès dans le péritoine ou dans les
Néoplasies voies biliaires. Les abcès de plus de 6 cm de diamètre, à germes
gazogènes, ou survenant chez les cirrhotiques, sont plus à risque
Carcinome hépatocellulaire, cholangiocarcinome
de rupture [52] . La survenue d’une pleurésie droite est souvent
Métastases hépatiques de cancer du tube digestif, pancréatique, sein,
réactionnelle à la présence d’abcès et n’est pas forcément due à
bronchopulmonaire, mélanome, tumeurs endocrines, etc.
une rupture ou une extension locale de l’infection. Une pylé-
Lésions bénignes hépatiques phlébite peut compliquer l’abcès hépatique et être à l’origine,
Kyste biliaire simple ou compliqué (hémorragie intrakystique, en cas de non-reperméabilisation, d’un cavernome responsable
surinfection), adénome hépatocellulaire, hémangiome bénin, d’hypertension portale. Les veines sus-hépatiques peuvent éga-
hyperplasie nodulaire focale lement être le siège de thromboses et occasionner un syndrome
Maladies inflammatoires de Budd-Chiari. L’anticoagulation curative doit être discutée en
Abcès aseptiques : MICI, maladie de Behçet, dermatose neutrophilique, cas de pyléphlébite, mais elle demeure controversée et de durée
vascularites à ANCA, etc. non codifiée [53–55] . Les abcès volumineux peuvent aussi com-
Granulomatoses : sarcoïdose, DICV, granulomatose éosinophilique, etc. primer les structures de voisinage, voies biliaires (cholestase),
Pseudotumeur inflammatoire : maladie à immunoglobuline G4, etc. tube digestif (tableaux subocclusifs) ou veine cave inférieure.
Le taux de récidive à long terme est faible (2 à 4,4 %), sauf
MICI : maladie inflammatoire chronique de l’intestin ; ANCA : anticorps anticy-
en cas de pathologie hépatobiliaire sous-jacente non prise en
toplasme des polynucléaires neutrophiles ; DICV : déficit immunitaire commun
variable. charge [56] .
Des complications générales sont aussi possibles à type de sepsis
et de choc septique, ou de dissémination hématogène, notam-
« cryptogénique » du foie et cancer colorectal (risque relatif de ment dans les infections invasives à K. pneumoniae.
3,36) rappelle la nécessité d’un bilan endoscopique digestif systé- La mortalité des abcès hépatiques a nettement diminué au cours
matique [7] . des 50 dernières années, passant au Danemark de 40–50 % en 1977
à 10 % en 2002 [57] . À Taïwan, elle est estimée actuellement entre
6 et 11,3 % [3] .
 Diagnostic différentiel
Le diagnostic différentiel d’un abcès hépatique concerne essen-  Traitement
tiellement des tumeurs hépatiques, carcinome hépatocellulaire ou
métastase hépatique, qui peuvent présenter un contenu nécro- Les principes thérapeutiques des abcès hépatiques reposent sur
tique. L’IRM hépatique peut préciser les caractéristiques de la une prise en charge multidisciplinaire médico-radio-chirurgicale,
lésion en cas de doute diagnostique. La distinction entre lésion comportant une antibiothérapie probabiliste secondairement
infectieuse ou néoplasique peut être complexe car les tumeurs adaptée, éventuellement associée à un drainage radiologique
hépatiques peuvent également se surinfecter. ou chirurgical de l’abcès, aux mesures réanimatoires adéquates,
Les abcès aseptiques s’inscrivent dans le cadre nosologique au traitement de la porte d’entrée et à la prise en charge des
des maladies inflammatoires [46] . Parfois multiples, ils peuvent comorbidités associées. Le développement de la radiologie inter-
affecter la rate, les ganglions mésentériques, le poumon, le ventionnelle ces 20 dernières années a amélioré la prise en charge
pancréas, le cerveau et le foie. Les maladies inflammatoires chro- et le pronostic de cette pathologie, et permis de réduire les indi-
niques intestinales (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique) cations de la chirurgie.
sont la première cause d’abcès aseptiques, au cours desquelles
ils peuvent être inauguraux (10 %) ou survenir au cours de
l’évolution (30–40 %) [47] . Les abcès aseptiques peuvent être Antibiothérapie
associés à d’autres affections : maladie de Behçet, dermatose
neutrophilique, polychondrite ou gammapathie monoclonale de L’antibiothérapie d’abord probabiliste doit être débutée en
signification indéterminée [48, 49] . Leur présentation clinique, non urgence, après réalisation des hémocultures, et avant ponction
spécifique, comprend fièvre, douleur abdominale, amaigrisse- ou drainage de l’abcès hépatique, du fait du risque de décharge
ment. Une polynucléose neutrophile est présente dans 70 % des septique lors et au décours du geste.
cas. L’imagerie fait état d’abcès sous la forme de nodules ou masses Les prérequis de cette antibiothérapie sont la nécessité d’une
hypodenses [50] . Le diagnostic repose sur l’examen anatomopa- action bactéricide rapide et d’une bonne diffusion dans le paren-
thologique de ces abcès profonds, en faveur d’une infiltration chyme hépatique et les voies biliaires. L’abcès étant une collection
neutrophilique alors que les examens microbiologiques exhaus- entourée d’une coque épaisse et contenant du pus nécrotique
tifs restent négatifs, sur l’échec de l’antibiothérapie probabiliste épais, il représente une barrière à la diffusion optimale des anti-
et sur l’efficacité de la corticothérapie [46] . biotiques, ce qui justifie une antibiothérapie intraveineuse à des
Les pathologies granulomateuses, notamment la sarcoïdose ou posologies élevées et pour une durée suffisante, mais surtout un
des granulomatoses satellites d’un déficit immunitaire commun geste de drainage de l’abcès. Cette antibiothérapie doit prendre
variable, peuvent mimer des microabcès en cas d’atteinte hépa- en compte le caractère souvent polymicrobien des abcès hépa-
tique [51] (Tableau 2). tiques et être efficace sur les entérobactéries, les streptocoques et
les germes anaérobies, ainsi que sur Entamoeba histolytica en cas
de profil épidémiologique compatible.
Pour ces raisons, l’antibiothérapie probabiliste de première
 Pronostic intention dans les abcès hépatiques communautaires repose sur
l’association d’une céphalosporine de troisième génération (C3 G)
Les abcès hépatiques à pyogènes restent associés à une lourde par voie intraveineuse à un nitro-imidazolé. La céphalosporine
morbimortalité, avec une prise en charge complexe, et pouvant de choix est la ceftriaxone à la posologie de 1 à 2 g une fois
s’émailler de complications locales ou systémiques. par jour par voie intraveineuse, plutôt que le céfotaxime du fait
L’âge ainsi que l’existence de comorbidités (diabète, cirrhose, d’une plus haute excrétion biliaire. Le nitro-imidazolé le plus fré-
etc.), l’association à un sepsis sévère (a fortiori un choc septique) quemment utilisé est le métronidazole à raison de 500 mg trois
ou à des localisations secondaires (notamment ophtalmiques), la fois par jour, par voie intraveineuse ou orale si possible du fait
rupture de l’abcès et la présence de lésions multiples ou d’un abcès d’une biodisponibilité optimale. Cette antibiothérapie n’est pas
multicloisonné représentent des facteurs de gravité. Les abcès à efficace sur les entérocoques naturellement résistants aux C3 G. Un
bactéries anaérobies, notamment à C. perfringens, et de manière aminoside peut être initialement associé en cas de sepsis sévère,
controversée à K. pneumoniae [24] , sont associés à une mortalité sous forme d’une injection d’amikacine en dose unique jour-
supérieure, de même qu’un abcès d’origine biliaire. nalière à raison de 15–30 mg/kg. En cas d’allergie avérée aux

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Abcès non parasitaires du foie – diagnostic et conduite à tenir  7-015-C-15

bêtalactamines, l’alternative aux C3 G pourrait être une fluoro- Tableau 3.


quinolone (ofloxacine ou ciprofloxacine) sauf en cas d’utilisation Antibiothérapie probabiliste des abcès hépatiques pyogéniques.
dans les six derniers mois, ou l’aztréonam. Céphalosporine de troisième génération (C3 G)
L’antibiothérapie doit être adaptée au contexte et à l’écologie injectable + métronidazole
bactérienne locale en cas d’infection nosocomiale, en utilisant
Puis exemples de traitement anti-infectieux de première intention
une bêtalactamine de large spectre efficace sur P. aeruginosa
selon le micro-organisme
comme pipéracilline-tazobactam ou un carbapénème, voire un
glycopeptide si un staphylocoque doré méticilline-résistant est Entérobactéries type C3 G ceftriaxone i.v.
Escherichia coli ou Klebsiella
suspecté.
pneumoniae
L’antibiothérapie est secondairement adaptée à la documen-
tation microbiologique, tout en prenant en compte le caractère Entérobactéries du groupe 3 C4 G céfépime i.v.
habituellement polymicrobien des abcès hépatiques et la difficulté (Enterobacter, Serratia,
de mise en évidence des germes anaérobies. Morganella, etc.)
La durée totale de traitement varie selon l’évolution entre Pseudomonas aeruginosa Pipéracilline-tazobactam ou
quatre et six semaines ; six semaines est habituellement la durée ceftazidime i.v., en bithérapie
retenue. La durée du métronidazole est limitée à trois semaines, initiale avec ciprofloxacine ou
suffisante pour traiter les éventuels germes anaérobies présents, le tobramycine
métronidazole pouvant être associé à une toxicité neurologique Streptocoques oraux, Amoxicilline ou C3 G i.v.
périphérique lorsqu’il est utilisé pour des durées plus prolongées. groupe D, complexe milleri
La durée initiale du traitement par voie parentérale n’est pas bien Entérocoques Amoxicilline i.v.
codifiée (1 à 2 semaines en pratique), dépendant d’antibiotiques Staphylococcus aureus SAMS : pénicilline M i.v.
de relais ayant une bonne biodisponibilité par voie orale. SARM : glycopeptide i.v.
Concernant les agents pathogènes plus spécifiques, les traite-
ments sont les suivants. i.v. : intraveineux.
Le traitement d’un brucellome hépatique repose sur
l’association doxycycline 200 mg/j et rifampicine 900 à 1200 mg/j
per os, pour une durée comprise entre six semaines et plusieurs La technique de drainage percutané repose sur la méthode de
mois (en moyenne 2 mois de traitement). Seldinger. Elle se fait après désinfection cutanée et respect des
Le traitement d’une actinomycose comporte obligatoirement mesures d’asepsie, sous anesthésie locale. Le geste est simple, guidé
une antibiothérapie à forte dose et prolongée afin d’éviter les par échographie ou plus rarement scanner. Un diagnostic éventuel
rechutes. La molécule de choix est la pénicilline G 10 à 20 MUI de kyste hydatique doit être écarté préalablement au geste. Après
en perfusions quatre à six fois par jour par voie intraveineuse pen- ponction de l’abcès, un cathéter double voie avec extrémité en
dant deux à six semaines, puis relayée par l’amoxicilline pour une queue de cochon est laissé en place pour permettre le drainage à
durée de six à 12 mois. Les autres molécules utilisables sont la la peau. Des prélèvements sont réalisés pendant le geste. La mise
doxycycline, la clindamycine ou les macrolides. en place d’un traitement antibiotique peut être précédée par une
Les modalités du traitement antibiotique des bartonelloses ponction à l’aiguille fine à visée bactériologique ; en revanche, le
hépatospléniques isolées de l’immunocompétent restent empi- drainage au cathéter doit être réalisé sous couverture antibiotique
riques ; se discute l’utilisation d’une ou plusieurs molécules parmi du fait du risque de décharge bactériémique au moment du geste.
les macrolides, les tétracyclines, les quinolones, la rifampicine, les La surveillance portera sur le volume de liquide ramené par le
aminosides. drain de façon quotidienne et une évaluation par imagerie (écho-
La durée du traitement médical antituberculeux (basé sur 2 mois graphie en général, de fréquence non codifiée) de la régression du
de quadrithérapie RHZE [rifampicine, isoniazide, pyrazinamide, volume des abcès. Le drainage est arrêté lorsqu’il ne ramène plus
éthambutol], puis sur une bithérapie RH) n’est pas consensuelle ; de pus depuis plus de 48 heures et lorsque l’abcès s’est collabé sur
elle est de six mois au minimum et peut aller jusqu’à neuf mois l’imagerie de suivi.
pour certains auteurs (Tableau 3). Une simple ponction-aspiration à l’aiguille de 18 G sans drai-
nage peut aussi être réalisée. Cependant, le drainage radiologique
percutané est associé à une efficacité supérieure à celle de la
Ponction/drainage radiologique percutané ponction à l’aiguille [58] . Les aspirations multiples et répétées à
l’aiguille sont plus efficaces qu’une aspiration unique, et pour-
Un traitement antibiotique exclusif peut s’envisager en cas raient être équivalentes au drainage percutané au cathéter, avec
d’abcès multiples de petite taille (< 3 cm de diamètre), non acces- un gain potentiel en termes de simplicité du geste, de confort du
sibles à un geste de drainage. Toutefois, en cas d’abcès hépatique patient, de coût et d’effets indésirables [59, 60] . Le taux de succès de
de diamètre supérieur à 5 cm ou multiloculaire, d’abcès hyperal- la ponction-aspiration varie entre 85 à 100 % et est en partie lié
gique, ou de sepsis non contrôlé sous antibiothérapie seule, un au nombre réalisé. En cas d’échec de trois ponctions-aspirations, il
drainage radiologique percutané doit être envisagé. faut considérer qu’il s’agit d’un échec et effectuer un drainage [61] .

Droite

A B C
Figure 3. Drainage radiologique percutané d’abcès hépatique.
A. Repérage échographique chez un patient en décubitus dorsal.
B. Contrôle avec opacification de l’abcès sous scopie après mise en place du drain (flèche).
C. Drain déclive en place après le geste.

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Le drainage percutané peut toutefois échouer à drainer les abcès Chirurgie


de localisation difficile (profonds ou du dôme hépatique), ainsi
que les abcès multiloculaires ou cloisonnés. La taille du cathé- La prise en charge chirurgicale est indiquée dans deux situa-
ter est par ailleurs limitée et ne permet pas d’évacuer du pus tions : le traitement de l’abcès en lui-même, et celui de la porte
épais et des débris nécrotiques. La réalisation d’irrigations ou la d’entrée ou de la maladie causale. La place de la chirurgie dans
mise en place de cathéter de plus gros diamètre peut se discuter la prise en charge des abcès hépatiques est devenue exception-
avant un recours chirurgical [8] . En cas d’abcès dont la localisation nelle. Les traitements percutané et chirurgical sont d’efficacité
contre-indique l’abord percutané (par exemple sous-capsulaire), similaire ; cependant, les traitements percutanés sont moins coû-
un drainage par voie interne sous échoendoscopie digestive, teux et s’accompagnent d’une moindre morbidité [64] . La chirurgie
avec mise en place de stent métallique expansible s’abouchant garde toutefois des indications :
à l’estomac, peut être considéré [62, 63] . • dans les pays n’ayant pas d’accès aux techniques de radiologie
Les principales complications du drainage percutané sont interventionnelle ;
l’hématome sous-capsulaire du foie, la décharge septique au • en deuxième intention en cas d’échec du drainage percutané
moment du geste, la rupture d’abcès, le risque de lésion des voies associée à une antibiothérapie bien conduite, notamment pour
biliaires avec cholépéritoine (risque limité par le guidage radio- les abcès hépatiques de diamètre supérieur à 5 cm, et/ou multi-
logique), la contamination pleurale ou péritonéale accidentelle loculaires ou très cloisonnés ;
(Fig. 3). • en première intention :

Figure 4. Arbre décisionnel. Conduite à tenir en cas de


Suspicion d’abcès hépatique suspicion d’abcès hépatique. TDM TAP : tomodensitométrie
thoraco-abdomino-pelvienne ; IRM : imagerie par résonance
magnétique ; MTEV : maladie thrombo-embolique veineuse.

I. Étape diagnostique

Diagnostic positif : Diagnostic différentiel : Diagnostic causal :


- clinique : triade - néoplasies, kyste - microbiologique :
- biologie : inflammation, hydatique +++ hémocultures, ponction
bilan hépatique - clinique, marqueurs d’abcès hépatique,
- imagerie (échographie, tumoraux, sérologie sérologie amibiase
TDM++) : nodule, masse, hydatidose, IRM ? - porte d’entrée et
cocarde physiopathologie :
clinique, TDM TAP,
endoscopies digestives

Diagnostic de gravité : Diagnostic d’extension :


- sepsis sévère ? - pyléphlébite ?
- comorbidités ? - autres localisations
- facteurs ± score secondaires ?
pronostique

II. Étape thérapeutique

Traitement médical dans tous les cas : traitement anti-infectieux systémique


probabiliste secondairement adapté par ceftriaxone et métronidazole, prévention de
la maladie thrombo-embolique veineuse, réanimation d’un état septique grave,
traitement antalgique, éviter les anti-inflammatoires, prise en charge nutritionnelle,
etc.
Drainage radiologique percutané d’abcès : si abcès > 5 cm, hyperalgique,
multiloculaire, ou en échec de l’antibiothérapie seule
Chirurgie : si échec du drainage radiologique, ou en même temps que le traitement
de la porte d'entrée (urgent ou différé)

Efficacité et tolérance du traitement


III. Suivi Clinique, biologie, ± imagerie

Persistance de fièvre :
Échec de traitement d’abcès
- mauvais choix antibiotique : antibiothérapie ciblant le mauvais germe, résistance à
l’antibiotique, problème de pharmacocinétique
- nécessité de geste ? (drainage radiologique, chirurgical) => réévaluer l’imagerie
Persistance de la porte d’entrée, pyléphlébite ou localisations secondaires non
traitées
Autres causes de fièvre : MTEV, immuno-allergie aux antibiotiques, infection
nosocomiale (veinite sur cathéter, pneumopathie, infection urinaire ?), néoplasie,
maladie inflammatoire, etc.

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Abcès non parasitaires du foie – diagnostic et conduite à tenir  7-015-C-15

◦ en cas de sepsis grave et d’abcès non accessibles à un drainage


percutané,
◦ en présence d’un abcès rompu en péritoine libre ou
fistulisé,
“ Points essentiels
◦ pour le traitement d’un foyer causal urgent (appendicite ou
Abcès hépatiques non parasitaires
sigmoïdite perforée, etc.) permettant dans ce cas le traitement
• Facteurs de risque : sexe masculin, âge > 50 ans, comor-
synchrone de l’abcès.
Le geste chirurgical peut être un drainage simple, associé à une bidités (diabète, alcoolisme chronique, cirrhose, etc.),
nécrosectomie, ou comporter une hépatectomie atypique, voire néoplasies digestives, gestes interventionnels hépatiques
segmentaire plus ou moins élargie. ou chirurgie digestive.
Le diamètre des drains doit être conséquent afin d’en évi- • Diagnostic :
ter les problèmes d’obstruction rencontrés avec les drains ◦ clinique : triade fièvre/masse/douleur à l’ébranlement
radiologiques de petit diamètre. Le type dépend des équipes du foie, attention ces signes sont parfois isolés ;
chirurgicales, il est aspiratif. Les systèmes de drainage à ◦ biologie : syndrome inflammatoire, perturbation du
double/triple courant peuvent être utilisés pour permettre des bilan hépatique ;
irrigations.
◦ radiologie : nodule ou masse hépatique, image en
La voie d’abord cœlioscopique mini-invasive est privilégiée
mais dépend de la localisation de l’abcès, de la balistique de drai- cocarde après injection de produit de contraste.
nage, de la nécessité de résection hépatique, de l’état général du • Agents impliqués (hémocultures, ponction d’abcès à
patient et de l’association d’autres gestes opératoires [65, 66] . Le l’aiguille ou drainage) :
guidage échographique peut être réalisé en cœlioscopie ou par ◦ bactéries : entérobactéries+++ (40–60 %) dont
laparotomie. K. pneumoniae hypervirulente ; anaérobies (40 %) ;
La nécessité d’une chirurgie de sauvetage en cas d’échec Cocci à Gram positif (10–20 %) ;
du drainage percutané s’accompagne d’une mortalité élevée ◦ champignons, mycobactéries.
du fait de complications septiques postopératoires et du ter- • Mécanismes physiopathologiques :
rain débilité sur lequel survient l’abcès, notamment en cas de ◦ voie biliaire (40–60 %) > portale (20 %) > héma-
néoplasie [67] .
togène (10 %) > causes locales et d’inoculation
(1–5 %) ;
◦ bilan endoscopique digestif (cancer ?), les abcès
Prise en charge de la maladie sous-jacente cryptogéniques (10–20 %) restant un diagnostic
d’élimination.
Le traitement de la maladie causale peut se faire de façon • Diagnostic différentiel : abcès parasitaires, aseptiques,
différée et élective dans la grande majorité des cas, en dehors tumeurs bénignes et malignes.
de la sphère biliaire et de l’appendicite, rare dans ce contexte • Pronostic :
aujourd’hui. Il peut être radiologique (par exemple, drainage
◦ lié aux comorbidités, état septique, retard diagnos-
biliaire par voie percutanée en cas d’obstruction biliaire) ; chirur-
gical (par exemple, résection d’une fistule de maladie de Crohn) ; tique et thérapeutique ;
endoscopique, notamment CPRE pour les pathologies biliaires. ◦ complications : rupture d’abcès, compression locale,
Chez l’immunodéprimé, une levée de l’immunosuppression doit pyléphlébite, pleurésie droite, métastases septiques,
être considérée. L’équilibre glycémique chez le diabétique doit être sepsis ;
optimisé. ◦ mortalité ≈ 10 %.
• Traitement :
◦ antibiothérapie probabiliste, selon point d’appel et
écologie bactérienne locale, par C3 G par voie intra-
 Suivi veineuse et nitro-imidazolé par voie intraveineuse ou
per os pour les abcès hépatiques communautaires ;
Le suivi doit être celui de l’efficacité et de la tolérance des traite- antibiothérapie secondairement adaptée ;
ments, et de l’absence de survenue de complications de l’abcès. Un ◦ drainage radiologique percutané, si abcès > 5 cm,
premier repère d’efficacité concerne le retour à l’apyrexie, norma- multiloculaire, hyperalgique, ou résistant à
lement attendue en cas d’abcès à pyogène dans les 48–72 heures l’antibiothérapie ;
suivant le début de l’antibiothérapie et/ou du drainage. La dimi- ◦ chirurgie si échec du drainage percutané ou pour le
nution des douleurs abdominales est également rapide sous
traitement de la porte d’entrée ;
traitement efficace. La diminution de taille de la masse est en
revanche plus lente (persistance de remaniements cicatriciels ◦ prise en charge des comorbidités ;
hépatiques). ◦ prise en charge de la porte d’entrée : bilan d’extension
La cinétique de CRP (protéine C réactive) est un moyen (TDM TAP au minimum) ;
simple de suivi biologique d’efficacité du traitement. Pour ◦ suivi surtout clinique (fièvre, douleur), biologique
les abcès de mécanisme hématogène, il faut s’assurer de la (cinétique de CRP, stérilisation des hémocultures).
stérilisation des hémocultures. La persistance d’un processus
bactériémique signe la persistance de la porte d’entrée, d’une loca-
lisation secondaire, ou un échec du traitement local de l’abcès
hépatique.
Concernant l’imagerie, la persistance d’image cicatricielle
est habituelle pendant plusieurs mois et n’est pas un signe Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en
d’échec. relation avec cet article.

 Références
 Conclusion
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S. Rousset.
Service des maladies infectieuses et tropicales, CHU Purpan, place du Docteur-Baylac, TSA 40031, 31059 Toulouse cedex, France.
M. Dutertre.
Service des maladies infectieuses et tropicales, CHU Purpan, place du Docteur-Baylac, TSA 40031, 31059 Toulouse cedex, France.
Université Paul-Sabatier Toulouse-III, 118, route de Narbonne, 31062 Toulouse, France.
M. Faruch-Bilfeld.
Service de radiologie, CHU Purpan, place du Docteur-Baylac, 31059 Toulouse cedex, France.
M. Chalret du Rieu.
Service de chirurgie générale et digestive, CHU Purpan, place du Docteur-Baylac, 31059 Toulouse cedex, France.
D. Dubois.
Laboratoire de bactériologie, Institut fédératif de biologie, CHU Purpan, place du Docteur-Baylac, 31059 Toulouse cedex, France.
Université Paul-Sabatier Toulouse-III, 118, route de Narbonne, 31062 Toulouse, France.
P. Delobel.
Service des maladies infectieuses et tropicales, CHU Purpan, place du Docteur-Baylac, TSA 40031, 31059 Toulouse cedex, France.
Université Paul-Sabatier Toulouse-III, 118, route de Narbonne, 31062 Toulouse, France.
Inserm U1043, CNRS UMR 5282, Centre de physiopathologie Toulouse-Purpan, France.
B. Marchou (marchou.b@chu-toulouse.fr).
Service des maladies infectieuses et tropicales, CHU Purpan, place du Docteur-Baylac, TSA 40031, 31059 Toulouse cedex, France.
Université Paul-Sabatier Toulouse-III, 118, route de Narbonne, 31062 Toulouse, France.
G. Martin-Blondel.
Service des maladies infectieuses et tropicales, CHU Purpan, place du Docteur-Baylac, TSA 40031, 31059 Toulouse cedex, France.
Université Paul-Sabatier Toulouse-III, 118, route de Narbonne, 31062 Toulouse, France.
Inserm U1043, CNRS UMR 5282, Centre de physiopathologie Toulouse-Purpan, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Rousset S, Dutertre M, Faruch-Bilfeld M, Chalret du Rieu M, Dubois D, Delobel P, et al. Abcès non
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