Vous êtes sur la page 1sur 11

¶ 7-106-A-12

Cancer du pancréas exocrine : clinique,


bilan diagnostique et préthérapeutique
C. Buffet

Le cancer du pancréas représente la cinquième cause de décès par cancer. Plus de 80 % des cancers du
pancréas ne peuvent pas bénéficier d’une chirurgie curatrice au moment du diagnostic. Les facteurs de
risque sont l’âge, le tabac, l’obésité. Le diabète de type 2 est fréquent, diabète nouvellement
diagnostiqué. Cependant, cette association n’a pas d’impact en termes de diagnostic précoce. La
prédisposition génétique inclut le cancer du pancréas familial, certains syndromes associés à un risque
augmenté de cancer du pancréas et la pancréatite héréditaire. L’ictère est souvent révélateur avec
douleurs abdominales, anorexie et amaigrissement. Les thromboses veineuses sont fréquentes dans les
formes évoluées et les accidents thromboemboliques une cause de mort précoce. L’examen
tomodensitométrique multibarrettes et l’échoendoscopie sont les examens pivots pour le diagnostic et le
staging du cancer du pancréas. L’examen tomodensitométrique est essentiel pour le diagnostic, établir le
stade et la résécabilité du cancer du pancréas. L’échoendoscopie est essentielle dans le cas des petites
tumeurs et permet une confirmation histologique par la biopsie échoguidée. La cholangio-
pancréatographie rétrograde endoscopique supplantée par les techniques non invasives pour le
diagnostic a un rôle uniquement thérapeutique palliatif. Un cancer du pancréas potentiellement
résécable doit être non métastasé. L’envahissement artériel est une contre-indication à la résection. En
cas d’envahissement veineux, la résection est possible ; il faut cependant distinguer l’accolement de
l’envahissement endoluminal.
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Pancréas ; Adénocarcinome ; Cancer du pancréas ; Antigène CA 19-9

Plan ■ Introduction
¶ Introduction 1 Nous traitons uniquement les adénocarcinomes du pancréas,
tumeurs les plus fréquentes, excluant les ampullomes, les
¶ Épidémiologie 1
tumeurs endocrines et les cystadénocarcinomes.
¶ Physiopathologie 2
¶ Facteurs de risque 2
Tabac
Facteurs de risque environnementaux autres que le tabac
2
2
■ Épidémiologie
Toxiques 2 Le cancer du pancréas représente la cinquième cause de décès
Obésité 2 par cancer dans les pays occidentaux. Son incidence est de neuf
Diabète 2 à dix cas pour 100 000 habitants. Il représente 8 % des cancers
Prédisposition génétique au cancer 3 digestifs. En France, il y a 4 900 nouveaux cas par an. Il est plus
¶ Pronostic 4 fréquent aux États-Unis, en Europe et en Australie que dans les
¶ Modes de révélation 4 pays asiatiques et africains. Il survient à un âge moyen de
Modes habituels 4 69 ans chez les hommes et de 72 ans chez les femmes. Il est
Autres modes de révélation 4 rare avant 50 ans (8 % des cas). Dans les pays du nord de
l’Europe, l’incidence et le taux de mortalité sont en discrète
¶ Bilan préthérapeutique 5
diminution chez les hommes et stables chez les femmes [1].
Clinique 5
Dans l’Arkansas, des résultats voisins concernant l’évolution de
Biologie 5
la mortalité entre 1969 et 2002 sont observés : diminution chez
Imagerie 5
les sujets jeunes et de moins de 60 ans ainsi que chez les
Stratégie 7
hommes, mais augmentation chez les personnes de plus de
¶ Classification Tumor Nodes Metastases 8 60 ans et chez les femmes [2]. Cependant, même dans les pays
¶ Critères d’opérabilité et de résécabilité 8 nordiques qui ont une longue tradition de registres de cancers,
Contre-indications opératoires 8 l’estimation précise est difficile car la certitude histologique
Bilan de résécabilité 8 n’est pas toujours obtenue, le pancréas étant un organe difficile
Examen histologique de la pièce de résection 8 à biopsier. De plus, au cours des dernières décennies, le nombre
d’autopsies a beaucoup diminué.

Hépatologie 1
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 19/06/2012 par Universite de Strasbourg laure gouneaud (20149)
7-106-A-12 ¶ Cancer du pancréas exocrine : clinique, bilan diagnostique et préthérapeutique

■ Physiopathologie du pancréas après ajustement sur l’âge, l’origine géographique,


le statut socioéconomique, l’âge à la première grossesse, le
Certaines altérations génétiques du cancer du pancréas sont nombre d’enfants, le tabac, la consommation d’alcool, l’activité
bien caractérisées. Ainsi, la progression vers le cancer invasif se physique, le statut hormonal et le traitement substitutif, est lié
fait à partir de néoplasies pancréatiques épithéliales (en anglais à l’indice de masse corporelle (risque relatif : 1,24 ; intervalle de
pancreatic intraepithelial neoplasia : PanIN). Les lésions les plus confiance [IC] : 1,03-1,48) [10]. De même, le risque de mortalité
précoces (PanIN-1 A et 1 B) sont caractérisées par l’allongement par cancer du pancréas dans cette même cohorte est de
des cellules ductulaires avec une production de mucine en 1,21 (IC : 1,04-1,41). Une étude récente [11] trouve une associa-
abondance puis la survenue d’anomalies nucléaires modérées tion entre l’augmentation de l’indice de masse corporelle et le
(PanIN-2) et plus sévères avec des mitoses anormales caractéri- cancer du pancréas chez les femmes mais pas chez les hommes.
sant le carcinome in situ (PanIN-3) [3]. La proportion de cancers du pancréas attribuables à l’obésité est
Au fur et à mesure que les atypies progressent, la fréquence de 14 %.
des altérations génétiques augmente [4].
L’activation de l’oncogène K-ras est l’anomalie la plus précoce
et la plus fréquemment constatée. Une mutation au niveau du Diabète
codon 12 de l’oncogène K-ras est observée dans 40 % des
Au moment du diagnostic de cancer pancréatique, entre 40 et
lésions prémalignes et est présente dans 90 % des cancers du
60 % des malades ont un diabète. De nombreuses études
pancréas.
Les gènes suppresseurs de tumeur les plus fréquemment épidémiologiques ont décrit une association entre diabète et
concernés sont le gène p 16 (27 à 98 %), le gène p 53 (40 à cancer. Ainsi, une méta-analyse [12] a mis en évidence un risque
75 %) et le gène MADH 4 (55 %). relatif de cancer chez les diabétiques de type 2 multiplié par
Le gène p 53 est muté dans plus de 50 % des adénocarcino- 2 environ par rapport aux non-diabétiques. Une étude prospec-
mes du pancréas. tive cas-témoin de grande ampleur portant sur 808 malades
Par ailleurs, les cellules tumorales développent de multiples atteints d’adénocarcinome du pancréas appariés avec 808 té-
stratégies contre l’apoptose [5]. moins sains a également trouvé que le diabète est un facteur de
risque de cancer pancréatique (risque relatif de 2,6 [1,9-
3,4]) [13]. Cependant, la majorité étant des diabètes de type 2, il
■ Facteurs de risque n’est pas possible d’exclure l’hypothèse que le risque élevé passe
par le biais de l’obésité.
Les facteurs de risque du pancréas sont, soit mal connus, soit Le diabète est probablement plus la conséquence de la
ne rendent compte que d’une faible proportion des cancers du tumeur que sa cause. Si on exclut les cas de diabète diagnosti-
pancréas. Les facteurs de risque indiscutables sont l’âge avancé, qué 1 à 5 ans avant le diagnostic de cancer, on ne trouve plus
une histoire familiale de cancer du pancréas et le tabagisme. de relation entre diabète et cancer. Il existe une forte association
entre un diabète récent et le cancer. La prévalence du diabète en
Tabac cas de cancer est significativement plus élevée (40,2 %) par
rapport à des contrôles (19,2 %) [14]. Mais surtout il s’agit plus
Le tabac est retrouvé dans pratiquement toutes les études souvent d’un diabète nouvellement diagnostiqué, moins de
comme facteur favorisant le cancer du pancréas avec un risque 24 mois avant le diagnostic du cancer (respectivement 52,3 %
relatif de 2,2. Il existe une relation dose-effet et le risque relatif et 23,6 %).
est multiplié par 5 lorsque la consommation de cigarettes est Dans une autre étude rapportée récemment, la majorité des
supérieure à 30/j. Dans les formes sporadiques, le risque diabètes survenant chez des patients atteints de cancers du
augmente également avec le nombre de cigarettes et la durée de pancréas ont été diagnostiqués il y a moins de 2 ans [15].
la consommation [6-8] . Le risque chez les anciens fumeurs
La prévalence du diabète dans le cancer du pancréas est
retombe à celui du risque des non-fumeurs après 15 ans d’arrêt
élevée mais ne peut avoir de rentabilité en termes de dépistage
du tabagisme. Environ 30 % des cancers sont liés au taba-
dans cette population.
gisme [6]. Le sur-risque est particulièrement net dans les formes
héréditaires. Le dépistage du cancer chez des patients diabétiques sans
facteur de risque, c’est-à-dire en cas de diabète tardif, en
l’absence de surpoids ou d’antécédent familial de diabète est-il
Facteurs de risque environnementaux autres coût-efficace ? En fait, avant les premières manifestations du
que le tabac cancer du pancréas, le profil clinique des malades ayant un
cancer du pancréas et un diabète n’est pas différent de celui des
Le cancer du pancréas étant un des cancers les plus péjoratifs,
diabétiques de type 2 [15]. Seuls 1 % des diabétiques nouvelle-
une prévention primaire eut été utile pour diminuer la mortalité
ment diagnostiqués de plus de 50 ans développent un cancer du
liée à ce cancer. Les résultats des études sont décevants. L’effet
pancréas dans les 3 ans [16]. Le dépistage dans cette population
protecteur de la consommation de thé et l’effet néfaste de la
est donc non coût-efficace. Si, parmi les patients ayant un
consommation de café ou d’alcool ont été suggérés par des
diabète d’apparition récente et ayant en plus du diabète des
études anciennes. En fait, l’étude sur une large cohorte de plus
symptômes d’alerte (douleurs abdominales, amaigrissement,
de 100 000 participants [9] n’a montré aucun effet significatif du
thé et du café. L’alcool n’a pas non plus de rôle favorisant dans ictère, élévation de l’antigène CA 19-9), on recherche un cancer
la plupart des études. du pancréas, alors dans ce cas, on diagnostique 5,2 à 13,6 % de
cancers, mais le taux de résécabilité est faible [17, 18].
La physiopathologie du diabète nouvellement diagnostiqué
Toxiques au cours du cancer du pancréas est mal connue. Une des
Certains toxiques industriels ont été incriminés tels les explications pourrait être la destruction de la glande pancréati-
insecticides organochlorés et les hydrocarbures aromatiques que par la tumeur ou la conséquence de la pancréatite chroni-
polycycliques. Ces résultats n’ont été ni infirmés, ni non plus que obstructive souvent associée au cancer. Les résultats de
confirmés. l’étude de Pannala et al. [15] ne sont pas en faveur de cette
hypothèse car la prévalence du diabète chez les malades atteints
de cancer n’est pas modifiée par l’importance de la tumeur ou
Obésité sa localisation. Une autre hypothèse serait que le diabète
L’obésité est un facteur de risque d’un grand nombre de pourrait être la conséquence de produits de sécrétion par la
cancers et du cancer du pancréas en particulier. Ainsi, parmi tumeur. La régression du diabète dans presque 60 % des cas
une cohorte de 1,2 million de femmes âgées entre 50 et 64 ans après chirurgie d’exérèse de la tumeur est en faveur de cette
et suivies pendant plusieurs années, le risque relatif de cancer hypothèse [15].

2 Hépatologie

© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 19/06/2012 par Universite de Strasbourg laure gouneaud (20149)
Cancer du pancréas exocrine : clinique, bilan diagnostique et préthérapeutique ¶ 7-106-A-12

Prédisposition génétique au cancer tous les cas pour certains, une opacification rétrograde du canal
de Wirsung est programmée avec aspiration du liquide pancréa-
Trois situations génétiques prédisposent au risque de cancer tique et recherche des mutations K-ras. Certains y adjoignent le
du pancréas. dosage dans le sérum des marqueurs tumoraux, antigène
carcinoembryonnaire (ACE) et antigène CA 19-9, la recherche
Cancer du pancréas familial [19-21] des mutations BRCA2, et selon le profil des familles, d’autres
Son existence est soupçonnée depuis plusieurs années ; la mutations. Le rythme de répétition des examens varie.
connaissance de son épidémiologie a fait des progrès Si l’échoendoscopie est normale, elle est répétée
récemment [22-24]. Il est défini par la présence d’au moins deux annuellement.
ou trois cas de cancer du pancréas chez les membres de la Si une opacification rétrograde du canal de Wirsung a été
famille au premier ou au second degré. Il n’y a pas de pancréa- faite après un doute à l’échoendoscopie, celle-ci est répétée dans
tite chronique sous-jacente et pas d’autre cancer associé. Dans un délai de 3 à 12 mois.
les études rétrospectives, sa fréquence, parmi tous les cas de D’autres modulent la répétition des examens selon la pré-
cancer du pancréas, varie de 1 à 8 %. Le risque de cancer du sence ou l’absence de la mutation K-ras.
pancréas est augmenté en cas d’antécédent familial par rapport S’il existe des mutations K-ras, l’échoendoscopie et l’opacifi-
à la population générale. Ainsi, le risque relatif de cancer du cation rétrograde du canal de Wirsung sont répétées tous les
pancréas est de 32 lorsque trois membres de la famille au ans.
premier degré sont atteints de cancer du pancréas. Le risque En l’absence de mutations K-ras, ces examens sont répétés
relatif est de 6,4 et de 4,6 lorsque respectivement deux membres tous les 3 ans. Des recommandations consensuelles sont en
ou un membre de la famille au premier degré sont atteints d’un cours d’élaboration.
cancer du pancréas. Une cohorte prospective a trouvé que 16 %
des malades avec un cancer du pancréas avaient au moins un Pancréatite héréditaire
membre de la famille (au premier, deuxième ou troisième degré) Il s’agit d’une affection rare caractérisée par des poussées de
atteint d’un cancer du pancréas et que 4 % avaient deux pancréatite aiguë débutant dans l’enfance. La moitié des
membres de la famille atteints, sans qu’un gène soit identifié. patients développent une pancréatite chronique. Ces patients
Cependant, tout récemment des mutations du gène palladin ont un risque de cancer de 40 %, le cancer pouvant survenir
ont été identifiées [25]. Ce gène code une protéine qui est un 30 ans, voire plus après la pancréatite. À 50 et 75 ans, le risque
composant du réseau d’actine du cytosquelette. Le gène palladin cumulatif de cancer est de 11 et 49 % chez les hommes et de
est surexprimé dans ces cancers en faveur de son rôle en tant 8 et 55 % chez les femmes [30]. La pancréatite héréditaire est due
que proto-oncogène [26]. Il est surexprimé dans les tumeurs et à des mutations au niveau du gène du trypsinogène cationique
dans les tissus adjacents. Cette découverte est importante mais (PRSS1). Environ 25 mutations sont connues à ce jour. Les deux
jusqu’à présent ce gène n’a été mis en évidence que dans une mutations les plus fréquentes, R122H et N29I, rendent compte
seule famille atteinte de cancer pancréatique familial sur de 70 % des cas. L’identification d’une mutation dans une
plusieurs générations et n’a pas été retrouvé dans d’autres cas de famille incite à rechercher des signes en faveur du cancer et à
cancers pancréatiques familiaux. La transmission est autosomale s’abstenir de fumer, le tabac augmentant significativement le
dominante [27]. L’âge auquel survient le cancer est, en principe, risque de cancer. Le cancer survient 20 ans plus tôt chez les
jeune ; mais dans certaines séries, l’âge de survenue des cas de fumeurs que chez les non-fumeurs [31].
cancers familiaux n’est pas spécialement plus précoce que celui
des cas sporadiques. En fait, il existe une anticipation généra- Syndromes associés au cancer du pancréas
tionnelle. Cela signifie que pour la génération la plus récente, La troisième situation qui prédispose au risque de cancer est
l’âge de décès par cancer du pancréas survient à un âge plus un ensemble de plusieurs syndromes associés à un risque
jeune que pour les générations les plus anciennes. Ainsi, dans augmenté de cancer du pancréas [32, 33] :
une vaste étude portant sur 106 familles, l’âge de décès par • au cours du syndrome de Peutz-Jeghers caractérisé par des
cancer du pancréas chez les grands-parents, les parents et les polypes gastro-intestinaux de type hamartome et des lésions
enfants est respectivement de 70, 64 et 49 ans [28] . Cette pigmentées cutanéomuqueuses, le risque relatif de cancer du
anticipation peut être due à des facteurs environnementaux pancréas est de 132 ;
mais la consommation de tabac n’est pas le facteur responsable • au cours du mélanome familial multiple atypique (familial
car les générations les plus récentes fument moins que les atypical multiple mole melanoma), affection au cours de
anciennes. Les résultats de cette étude ont des conséquences laquelle il existe un risque de mélanome malin, le cancer du
pratiques concernant l’âge à partir duquel il faut commencer le pancréas est le second cancer rapporté.
dépistage. La difficulté est d’affirmer le diagnostic de cancer du Le cancer du pancréas s’observe aussi dans certaines familles
pancréas dans la famille. Ainsi, dans la série de McFaul et al. [28], atteintes de cancer du sein avec des mutations de BRCA2. À
la confirmation histologique n’a été obtenue que pour 22 % l’âge de 70 ans, le risque de cancer du pancréas est de 7 % (il
(57 des 264 patients ayant un cancer pancréatique familial). atteint 85 % pour le cancer du sein) (Tableau 1) [34].
Une association familiale existe entre l’augmentation bénigne
des enzymes pancréatiques décrite par Gullo et le cancer du Pancréatite chronique
pancréas [29].
Une consultation d’oncogénétique est souhaitable dans les Il existe un risque de dégénérescence difficile à estimer car le
familles atteintes de cancer pancréatique familial. Le recueil des cancer peut, au moment du diagnostic, simuler une pancréatite
données doit comporter une vérification des faits signalés par chronique. De plus, histologiquement, il existe souvent en
les malades auprès des médecins et obtenir les comptes-rendus amont du cancer des signes histologiques de pancréatite. Malgré
chirurgicaux et anatomopathologiques. Une question non ces réserves, plusieurs études ont estimé le risque de survenue
résolue est la méthode de dépistage ainsi que la fréquence et le d’un cancer chez des malades atteints de pancréatite chronique.
rythme des examens. L’échoendoscopie est probablement Dans une étude portant sur 2 000 patients venant de six pays
l’examen le plus sensible à programmer à partir de 45 ans ou différents, le risque relatif de cancer a été estimé après une
15 ans avant l’âge de survenue chez le cas index à répéter à un surveillance de 5 ans [35]. Dans la plupart des études, le risque
intervalle de 1 à 3 ans. est 4 fois plus élevé que chez les patients n’ayant pas de
Plusieurs centres proposent des programmes de sur- pancréatite chronique [36, 37] . Une autre étude [38] trouve
veillance [21]. Le début du dépistage est réalisé à 40 ans pour également un risque très élevé multiplié par 19.
certains, pour d’autres 5 ou 10 ans avant l’âge de survenue chez
le plus jeune de la famille et pas après 50 ans. Lésions précancéreuses
Les examens de dépistage comportent souvent un examen Les cystadénomes mucineux et les tumeurs intracanalaires
tomodensitométrique associé à une échoendoscopie. Si celle-ci mucineuses et papillaires du pancréas (TIPMP) sont à risque de
est anormale ou s’il existe des symptômes anormaux et dans dégénérer.

Hépatologie 3
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 19/06/2012 par Universite de Strasbourg laure gouneaud (20149)
7-106-A-12 ¶ Cancer du pancréas exocrine : clinique, bilan diagnostique et préthérapeutique

Tableau 1. d’envahissement ganglionnaire, survie à 5 ans respectivement


Syndromes ou maladies associés au cancer du pancréas (d’après [34]).
de 36 et 14 % en l’absence ou en présence de ganglions
Syndrome Défaut génétique
envahis [45]. Sont de pronostic défavorable, outre l’envahisse-
ment ganglionnaire, la positivité des marges de résection, le
Pancréatite héréditaire Gène du trypsinogène cationique caractère indifférencié de la tumeur et une taille supérieure à
Syndrome de Peutz-Jeghers Gène suppresseur de 2 cm [46].
tumeur STK11/LKB1
Mélanome multiple familial Gène suppresseur de tumeur
atypique CDKN2A/p 16 ■ Modes de révélation
Mucoviscidose Gène CFTR : cystic fibrosis
Les cancers du pancréas sont souvent découverts à un stade
transmembrane regulator
évolué. Dans 50 % des cas, ils sont diagnostiqués au stade
Cancer familial de l’ovaire et du BRCA2 et BRCA1
métastatique et dans 35 % à un stade localement avancé.
sein
Cancer colorectal familial non lié Gènes de réparation de l’ADN :
à une polypose MLH1, MSH2, PMS1, PMS2 Modes habituels
Ataxie télangiectasique Gène ATM : ataxia telangiectasia
Dans les cancers de la tête du pancréas
mutated
Syndrome de Li-Fraumeni Gène suppresseur de tumeur p 53 L’ictère cholestatique souvent prurigineux, sans fièvre ni
Polypose adénomateuse familiale Gène APC : adenomatous polyposis
frissons, sans douleurs abdominales de type biliaire est le mode
coli de révélation le plus fréquent. L’ictère peut révéler un cancer de
petite taille, mais le plus souvent le cancer est déjà localement
Cancer pancréatique familial Gène palladin évolué et/ou métastatique.
ADN : acide désoxyribonucléique. Il s’y associe souvent une anorexie avec atteinte de l’état
général.
Le cancer peut aussi se manifester par des vomissements, soit
Tableau 2. révélateurs, soit plus souvent apparaissant lors de l’évolution et
Survie à long terme des cancers du pancréas ayant eu une résection qui sont en rapport avec un envahissement duodénal.
chirurgicale à visée curative. Lorsque le cancer est localisé au niveau du crochet du
Auteurs Nombre Médiane Survie à 5 pancréas, l’ictère révélateur n’est pas constant.
de malades de survie (mois) et 7 ans
Tumeur localisée au corps ou à la queue
Ahmad et al. [39] 116 16 19 et 11 % du pancréas
Cleary et al. [40] 123 14 15 et 4 %
(10 ans)
Il n’y a pas d’ictère et le diagnostic est souvent tardif, encore
[41]
plus tardif qu’en cas de localisation céphalique, lorsque la masse
Winter et al. 1 175 18 18 et 11 %
tumorale est importante ou au stade métastatique.
(10 ans)
[42]
Des douleurs isolées ou associées à l’ictère sont présentes dans
Han et al. 123 15 12 %
80 % des cas. Au début, elles sont liées à l’hyperpression
Ferrone et al. [43] 618 12 et 5 % canalaire en amont de la tumeur puis à l’envahissement
rétropéritonéal nerveux. Elles sont épigastriques à irradiation
dorsale en arrière et à gauche, et classiquement calmées par la
Les cystadénomes mucineux sont des tumeurs kystiques position penchée en avant. Elles sont particulièrement trom-
uniloculaires découvertes le plus souvent fortuitement peuses lorsqu’elles sont uniquement postérieures, simulant une
lorsqu’elles ne sont pas dégénérées. Le risque de dégénérescence origine vertébrale.
est de 50 %. Le diagnostic repose sur la morphologie et le Une poussée de pancréatite aiguë révèle le cancer dans 15 %
dosage des marqueurs tumoraux dans le liquide du kyste des cas.
(élévation de l’ACE et de l’antigène CA 19-9). L’exérèse chirur-
gicale est recommandée. Autres modes de révélation
Les TIPMP sont des tumeurs secrétant du mucus, intéressant
le canal de Wirsung et/ou les canaux accessoires. Elles sont Ils peuvent être :
découvertes souvent fortuitement ou à l’occasion d’une pan- • une phlébite : les thromboses veineuses sont fréquentes au
créatite aiguë. Elles sont bénignes mais sont à risque de dégé- cours du cancer du pancréas, qu’il s’agisse de thromboses
nérer. Le risque est important en cas d’atteinte du canal révélatrices de la maladie ou survenant au cours de l’évolu-
pancréatique principal, plus faible lorsqu’elles atteignent les tion. Dans une série récente [47] , leur prévalence est de
canaux secondaires et sont de petite taille. Lorsque le terrain le 26,7 %, intéressant les membres inférieurs et pouvant être
permet, l’exérèse chirurgicale est recommandée. bilatérales. Le risque de thrombose veineuse est augmenté
lorsque la maladie est métastatique et en cas de syndrome
biologique inflammatoire. Une autre étude [48] trouve des
■ Pronostic résultats voisins ; en cas de maladie métastatique, la fré-
quence de la thrombose veineuse est de 26 % et de 15 % en
Le pronostic est mauvais ; le plus souvent le cancer est cas de cancer localement avancé. La thrombose peut aussi
diagnostiqué au stade de métastases ou à un stade localement intéresser la veine de la chambre implantable utilisée pour la
évolué. Sur l’ensemble des cancers du pancréas, la survie à 5 ans chimiothérapie. Les phlébites peuvent se compliquer d’embo-
est inférieure à 3,5 %. Seuls 15 % des cancers peuvent bénéficier lies pulmonaires dont la prévalence dans la série suscitée [47]
d’une résection à visée curative. Malgré cela, la majorité est de 4,4 %. Au cours de l’évolution, la découverte d’une
des patients meurent dans les 2 ans après la chirurgie. La survie embolie pulmonaire sur un examen tomodensitométrique
à 5 ans des patients réséqués est inférieure à 20 % réalisé pour évaluer l’efficacité de la chimiothérapie n’est pas
(Tableau 2) [39-43]. exceptionnelle. Il importe de confirmer le diagnostic par un
Parmi les patients qui n’ont pas été réséqués, la survie angioscanner thoracique et/ou un échodoppler veineux des
médiane est de 4 mois. Un malade sur quatre meurt 3 mois membres inférieurs. Les événements thromboemboliques ont
après que le diagnostic a été posé [44]. très vraisemblablement un poids important dans les causes de
Après résection à visée curative, les facteurs prédictifs de décès précoces, c’est-à-dire 3 mois après que le diagnostic a
survie sont le stade histologique et l’absence d’envahissement été posé et avant même que la chimiothérapie ait pu être
des marges de résection. Au plan histologique, après résection entreprise [39]. Ainsi, 23,3 % de malades décèdent précoce-
curative, un facteur important de survie prolongée est l’absence ment ; la cause de leur décès est identifiée chez seulement

4 Hépatologie

© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 19/06/2012 par Universite de Strasbourg laure gouneaud (20149)
Cancer du pancréas exocrine : clinique, bilan diagnostique et préthérapeutique ¶ 7-106-A-12

2,8 %, la moitié meurent de progression de leur maladie. Sous


cette dénomination se cachent des causes thrombotiques au
niveau des veines mésentériques, porte et des embolies
pulmonaires [39]. Les études autopsiques confirment cette
fréquence élevée d’embolies pulmonaires, dans les cancers du
pancréas en particulier. Ainsi, dans une étude comprenant
441 cancers du pancréas, 42 % ont une embolie pulmonaire,
cause du décès dans 14 % [49] ;
• l’apparition d’un diabète ou l’aggravation d’un diabète ancien
sont fréquentes ;
• une diarrhée avec stéatorrhée par malabsorption liée à une
insuffisance pancréatique exocrine est un mode de révélation
plus rare.

■ Bilan préthérapeutique Figure 1. Examen tomodensitométrique d’un cancer de la tête du


pancréas. On visualise la tumeur sous l’aspect d’une masse hypodense
Clinique (flèche). Le canal de Wirsung est dilaté et il s’y associe une atrophie du
À l’examen clinique, la tumeur pancréatique est rarement corps et de la queue du pancréas.
palpable, surtout lorsque son siège est céphalique. Elle peut être
palpable en cas de tumeur localement évoluée et de siège
caudal. Lorsque la tumeur est céphalique, il existe très souvent Le CA 19-9 n’est pas spécifique des cancers biliopancréati-
un ictère prurigineux, progressivement croissant. À l’examen ques. Il peut être élevé dans d’autres cancers : côlon, estomac,
clinique, on peut palper une grosse vésicule sous l’aspect d’une carcinome hépatocellulaire.
masse piriforme sous-hépatique qui signe l’obstacle de nature Le CA 19-9 n’est pas spécifique de l’origine néoplasique de
tumorale, située sous le confluent hépaticocystique, la cause la l’ictère. Il peut être élevé dans toutes les cholestases. Cependant,
plus fréquente étant le cancer du pancréas. les valeurs sont, en moyenne, moins élevées dans les cholestases
L’examen recherche les métastases les plus fréquentes : non néoplasiques qu’en cas d’ictère néoplasique et la différence
hépatomégalie tumorale, ascite ou nodules péritonéaux témoi- persiste après ajustement sur la bilirubine. Ainsi, la valeur
gnant d’une carcinose péritonéale, ganglion sus-claviculaire moyenne du CA 19-9 est de 100 ± 78 dans les obstructions
gauche de Troisier. bénignes et de 2 126 ± 1 494 dans les obstructions malignes [53].
Chez les diabétiques, il est souvent modérément élevé et
Biologie corrélé à l’élévation de l’hémoglobine glyquée.
En cas de cancer céphalique, il existe un ictère avec élévation Le CA 19-9 n’est pas à proprement parler un marqueur
de la bilirubine à prédominance glucuroconjuguée et de type tumoral puisqu’il peut être trouvé en grande quantité dans
cholestatique avec élévation franche des phosphatases alcalines certains liquides en l’absence de toute tumeur. Ainsi le liquide
et de la gammaglutamyltransférase, l’élévation des transamina- de ponction de faux kystes du pancréas contient du CA 19-9 à
ses étant absente ou modérée. Le temps de Quick et les facteurs des taux très élevés (800-11 600 U/ml).
de la coagulation sont habituellement normaux mais il peut
exister une diminution du temps de Quick contrastant avec un Imagerie [54, 55]
facteur V normal en rapport avec une hypovitaminose K par
Les examens que nous avons à notre disposition sont :
malabsorption des sels biliaires. La normalisation du temps de
l’échographie, l’examen tomodensitométrique, l’imagerie par
Quick après perfusion de vitamine K l’affirme. La correction de
résonance magnétique (IRM), l’échoendoscopie biliopancréati-
cette hypovitaminose K est indispensable avant tout geste
que, la tomographie par émission de positon (TEP scan), la
invasif à visée diagnostique ou thérapeutique. Les enzymes
cholangiopancréatographie par voie endoscopique (CPRE).
pancréatiques sont normales dans la majorité des cas.
L’artériographie cœliomésentérique n’est plus utilisée.
En cas de cancer corporéocaudal, les examens biologiques le
Ces examens ne sont pas tous utilisés chez le même malade.
plus souvent non pathologiques n’ont aucune spécificité.
Ils ont chacun leurs indications propres.
Marqueurs tumoraux [50] Échographie
L’antigène CA 19-9 est un marqueur des tumeurs biliopan-
C’est l’examen de première intention. Elle permet, en cas
créatiques. C’est une glycoprotéine associée à un ganglioside
d’ictère, d’affirmer qu’il s’agit d’une cholestase extrahépatique
située à la surface des membranes cellulaires et apparentée au
en montrant une dilatation de la voie biliaire principale qui
déterminant du groupe Lewis. Les personnes ayant un groupe
vient buter sur une masse hypodense pancréatique visible de
Lewis négatif ne sécrètent pas l’antigène CA 19-9. Il ne peut pas
manière inconstante. Elle n’est pas sensible pour les tumeurs
être dosé chez eux (valeur < 3 UI/l). Ceci concerne 7 à 10 % de
pancréatiques de moins de 15 mm. Elle visualise parfaitement
la population.
les métastases hépatiques.
Il ne peut en aucun cas servir au dépistage du cancer du
pancréas [50]. Ainsi, chez 5 343 sujets asymptomatiques, le CA
19-9 était anormal chez 385 et seulement deux d’entre eux
Examen tomodensitométrique
avaient un cancer du pancréas [51]. Par ailleurs sa sensibilité est C’est un examen essentiel dans le bilan diagnostique des
faible. Il est normal ou peu élevé dans les petites tumeurs. Il cancers du pancréas et est, avec l’échoendoscopie, l’examen de
existe une corrélation entre le taux et l’importance de la référence dans le bilan d’extension. Il visualise le plus souvent
tumeur. Ainsi, si on se réfère à la classification Tumor Nodes la tumeur sous l’aspect d’une masse hypodense ; plus rarement
Metastases (TNM), les valeurs moyennes du CA 19-9 sont le cancer est iso-intense au parenchyme pancréatique normal et
respectivement de 87 (extrêmes : 6-600), 400 (extrêmes : difficile à détecter. La dilatation bicanalaire du canal de Wirsung
3-2 500), 1 200 (extrêmes : 1-24 000) en cas de tumeur et du cholédoque lorsque la tumeur est de siège céphalique est
T1T2N0M0, T3N0M0, et N1 et/ou M1 [52]. Il est souvent élevé très évocatrice du diagnostic (Fig. 1 à 4). En amont de la
dans les cancers non résécables chirurgicalement, mais n’est en tumeur, le pancréas est souvent atrophique. Il peut s’y associer
aucun cas un élément décisionnel, la non-résécabilité étant des images kystiques liées à une pancréatite d’amont. L’examen
établie à partir de critères morphologiques et non biologiques. tomodensitométrique n’est cependant pas suffisamment sensible
Il est corrélé à la taille de la tumeur et a, malgré ces réserves, pour diagnostiquer les tumeurs de moins de 10 mm. Il est
une valeur pronostique. supérieur à l’échoendoscopie pour le bilan des grosses tumeurs

Hépatologie 5
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 19/06/2012 par Universite de Strasbourg laure gouneaud (20149)
7-106-A-12 ¶ Cancer du pancréas exocrine : clinique, bilan diagnostique et préthérapeutique

Figure 2. Cancer de la tête du pancréas. Examen tomodensito-


métrique.

Figure 4. Cancer du pancréas (astérisque) avec envahissement vascu-


laire (veine mésentérique supérieure, flèches) (A, B).

Échoendoscopie biliopancréatique
Elle est très performante pour le bilan des tumeurs de moins
de 3 cm de diamètre et est supérieure à l’examen tomodensito-
métrique alors que c’est l’inverse pour les grosses tumeurs. Sa
Figure 3. Cancer du pancréas sans envahissement vasculaire (flèches) précision diagnostique est élevée pour l’envahissement artériel
(A, B). et surtout veineux. Elle détecte mieux l’envahissement de la
veine porte que l’examen tomodensitométrique, mais un peu
moins bien l’atteinte de la veine mésentérique supérieure. Deux
signes cardinaux traduisent l’envahissement vasculaire, l’occlu-
(plus de 2-3 cm). L’envahissement artériel et veineux est
diagnostiqué avec une sensibilité et une spécificité respective- sion des vaisseaux avec la présence de voies de dérivation et le
ment de 80 à 91 % et de 89 à 100 % [56] . Il diagnostique bourgeon endoluminal. La perte de l’interface entre la tumeur
également l’hypertension portale segmentaire en mettant en et le vaisseau pouvant traduire l’inflammation est peu spécifique
évidence une circulation collatérale périgastrique ou péripan- de l’envahissement tumoral. Elle est supérieure à l’examen
créatique. Le diagnostic d’envahissement ganglionnaire reste tomodensitométrique pour l’envahissement ganglionnaire, bien
médiocre, inférieur à celui de l’échoendoscopie. Globalement, que le diagnostic entre ganglions inflammatoires et tumoraux
l’examen tomodensitométrique est excellent pour diagnostiquer reste difficile. Sa sensibilité est élevée pour le diagnostic de
l’envahissement artériel, moins bon pour l’envahissement carcinose péritonéale. Elle pourrait avoir un rôle après traite-
veineux et médiocre pour l’envahissement ganglionnaire. ment néoadjuvant pour apprécier la résécabilité avant d’envisa-
L’examen a une excellente sensibilité pour diagnostiquer les ger une intervention à visée curative. Enfin, elle permet une
métastases hépatiques, couplé dans le même temps avec un biopsie échoguidée. Elle a remplacé, dans cette indication, la
examen tomodensitométrique du thorax à la recherche de ponction-biopsie réalisée par voie transcutanée sous examen
métastases pulmonaires, mais est moins sensible que l’échoen- tomodensitométrique. La rentabilité de la biopsie guidée sous
doscopie pour le diagnostic de carcinose péritonéale. échoendoscopie à l’aiguille fine s’est améliorée de façon
importante ces dernières années, 40 % de diagnostics positifs
entre 1996 et 2000 et 95 % entre 2000 et 2005 [57]. Dans la
Imagerie par résonance magnétique plupart des études, la sensibilité varie de 64 à 94 %. Certaines
Elle ne fait pas partie du bilan diagnostique, d’extension et équipes adjoignent la recherche de la mutation K-ras dont la
d’opérabilité des malades atteints de cancer du pancréas. Elle est sensibilité est de 67 % et la spécificité de 88 % [58] ; cependant,
réservée aux patients ayant une contre-indication à l’examen un nombre non négligeable de biopsies de malades atteints de
tomodensitométrique. La bili-IRM et la wirsungo-IRM donnent pancréatite chronique sont mutées pour K-ras. Le risque
cependant une excellente visualisation de la voie biliaire d’essaimage tumoral sur le trajet de ponction et les complica-
principale et du canal de Wirsung et visualise la dilatation tions sont faibles.
bicanalaire très évocatrice du diagnostic. Cependant, dans le cas Les cas de diagnostic difficile sont les cancers sur pancréatite
du cancer du pancréas, l’indication d’une cartographie précise chronique, les cancers infiltrant la glande pancréatique et les
est limitée. De plus, la comparaison des examens répétés chez épisodes récents de pancréatite aiguë. Mais dans ce dernier cas,
les malades soumis à une chimiothérapie est moins aisée il est souhaitable de réaliser l’échoendoscopie à distance de
qu’avec l’examen tomodensitométrique. l’épisode de pancréatite aiguë.

6 Hépatologie

© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 19/06/2012 par Universite de Strasbourg laure gouneaud (20149)
Cancer du pancréas exocrine : clinique, bilan diagnostique et préthérapeutique ¶ 7-106-A-12

Figure 6. Opacification rétrograde de la voie biliaire principale. Opaci-


fication de la voie biliaire principale présentant une sténose serrée étendue
sur plusieurs centimètres avec dilatation du cholédoque sus-jacent.

Figure 5. Opacification rétrograde de la voie biliaire principale. On


visualise la sténose bicanalaire au niveau du canal de Wirsung et du
cholédoque. Le cholédoque sus-jacent à la tumeur est très dilaté.
Suspicion
de cancer du pancréas

Tomographie par émission de positons


Examen
Elle visualise les tumeurs de plus de 10 mm de diamètre. Sa
tomodensitométrique
sensibilité pour le diagnostic varie selon les études ; elle est
discrètement supérieure à l’examen tomodensitométrique dans
certaines études [59] , l’examen tomodensitométrique lui est
supérieur dans le bilan d’extension. Bien que le TEP scan
Doute Non
visualise les métastases situées dans tous les territoires, il ne fait Résécable sur la résécabilité résécable
pas partie du bilan du cancer du pancréas. Il est surtout utilisé
en cas de suspicion de récidive après exérèse chirurgicale de la
tumeur et pourrait, chez des patients sélectionnés, être utilisé Échoendoscopie ± Endoscopie
pour faire le diagnostic différentiel entre cancer et pancréatite Cœlioscopie ponction-biopsie interventionnelle
chronique.

Cholangiopancréatographie rétrograde Non


endoscopique (CPRE) Résécable Résécable
résécable
Elle n’est pas utilisée à but diagnostique mais thérapeutique.
Avant la pose d’une prothèse biliaire, elle visualise la sténose
Endoscopie
bicanalaire avec la dilatation des deux canaux biliaire et Résection Résection
interventionnelle
pancréatique en amont de la tumeur avec un stop complet
au niveau de la voie biliaire au-dessus de la tête du pancréas
Figure 7. Arbre décisionnel. Diagnostic et stade du cancer du pancréas.
(Fig. 5, 6).

Stratégie (Fig. 7)
Lorsque le cancer est situé au niveau du corps ou de la queue
En pratique, le bilan morphologique repose sur un examen du pancréas, la preuve histologique est obtenue par une biopsie
tomodensitométrique thoraco-abdomino-pelvien. En l’absence faite sous échographie ou sous examen tomodensitométrique.
de métastases et d’envahissement artériel patent chez un patient Lorsqu’il y a indication à réaliser une cholangiopancréatogra-
opérable, l’exérèse chirurgicale est proposée après une échoen- phie rétrograde endoscopique, la preuve du cancer peut être
doscopie. En cas de contre-indication à une chirurgie d’exérèse, apportée par une cytologie positive recueillie par brossage.
avant de débuter une chimiothérapie associée ou non à une Lorsque le patient est opérable, il n’est pas nécessaire d’obtenir
radiothérapie, il faut une preuve histologique de l’adénocarci- une certitude histologique en préopératoire, sauf si on envisage
nome. La certitude histologique est obtenue par la méthode la d’inclure le patient dans un essai thérapeutique néoadjuvant
plus simple : biopsie échoguidée des métastases hépatiques ou préopératoire.
en cas de cancer de la tête du pancréas localement évolué non Dans la majorité des cas, la confirmation histologique est
métastasé, biopsie de la tumeur pancréatique sous échoendos- apportée sur la pièce d’exérèse de la tumeur ou en cas de
copie, qui a supplanté dans cette localisation la biopsie sous carcinose péritonéale découverte en peropératoire sur les
examen tomodensitométrique. biopsies des nodules.

Hépatologie 7
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 19/06/2012 par Universite de Strasbourg laure gouneaud (20149)
7-106-A-12 ¶ Cancer du pancréas exocrine : clinique, bilan diagnostique et préthérapeutique

■ Classification Tumor Nodes Bilan de résécabilité [62]


Metastases Locorégional
Au plan topographique, les tumeurs sont localisées au niveau Une infiltration postérieure (lame rétroportale, advendice
de la tête (70 % des cas), du corps (20 %) et de la queue (10 %). aortique) qu’il est parfois possible de suspecter cliniquement
• Tumeur : lorsque les douleurs sont strictement dorsales ou abdominales
C Tis : cancer in situ ; avec des irradiations dorsales ne permet pas une exérèse
C T1 : tumeur limitée au pancréas de < 2 cm de diamètre ; curative.
C T2 : tumeur limitée au pancréas de > 2 cm de diamètre ;
C T3 : tumeur étendue à l’un des organes suivants : duodé- Vaisseaux [63]
num, voie biliaire principale, tissu péripancréatique, mais Artères
sans envahir le tronc cœliaque ni l’artère mésentérique
supérieure ; Sont des contre-indications à une chirurgie curatrice une
C T4 : tumeur étendue à l’un des organes suivants : estomac, sténose ou une invasion circonférentielle des artères cœliaque,
hépatique ou mésentérique supérieure. L’invasion de l’artère
rate, côlon, gros vaisseaux adjacents (tronc cœliaque, artère
gastroduodénale n’est pas une contre-indication absolue à la
ou veine mésentérique supérieure et artère hépatique
résection de la tumeur.
commune).
Lorsque la tumeur est de siège corporéocaudale, l’artère
• Adénopathies (N) :
splénique peut être envahie par la tumeur. Cet envahissement
C N0 : pas de métastases ganglionnaires ;
artériel n’est pas une contre-indication formelle à la chirurgie
C N1 : envahissement des ganglions régionaux (N1a : un seul d’exérèse.
ganglion et N1b : plusieurs ganglions).
• Métastases : Veines
C M0 : absence de métastases viscérales ; Suggèrent la non-résécabilité de la tumeur un envahissement
C M1 : présence de métastases à distance. de la veine mésentérique supérieure ou de la veine porte sur
La classification TNM permet de distinguer les stades sui- plus de 2 cm de manière circonférentielle, un thrombus intra-
vants : veineux ou une invasion du mésocôlon transverse.
• stade 0 : Tis, N0, M0 ; En revanche, lorsque l’envahissement est moins important et
• stade I : T1 ou T2, N0, M0 (IA : T1, N0, M0 et IB : T2, N0, lorsqu’il n’existe pas de circulation collatérale, la chirurgie est
M0) ; possible avec reconstitution veineuse.
• stade II : T3, N0, M0 (II A : T3, N0, M0 et II B : T 1-3, N1, Dans les cas de cancer du pancréas ayant une résécabilité
M0) ; limite, celle-ci doit être réévaluée après traitement néoadjuvant.
• stade III : T4, tout N, M0 ;
• stade IV : M1 quels que soient T et N. Ganglions
En réalité la classification TNM est beaucoup moins utilisée
pour les cancers du pancréas que pour d’autres tumeurs car elle L’envahissement des ganglions à distance de la tumeur
n’est pas très bien adaptée. Ainsi, elle ne distingue pas l’enva- (cœliaque, mésentérique supérieur, hépatique) est une contre-
hissement ganglionnaire péripancréatique et à distance dont le indication à l’exérèse chirurgicale. La résection est possible
pronostic est différent. Si la taille de la tumeur est un critère lorsque les ganglions envahis sont dans le champ de résection
pronostique important – on parle de petite tumeur lorsque son de la tumeur. La difficulté est d’ordre sémiologique : distinguer
diamètre est inférieur à 3 cm (ou 2 cm) –, son évaluation est avec certitude des ganglions inflammatoires et tumoraux.
souvent difficile. Il est possible que, dans un avenir proche, la biopsie sous
En pratique clinique on distingue les cancers résécables, les échoendoscopie des ganglions considérés comme des métasta-
cancers localement avancés non résécables et les cancers au ses, c’est-à-dire situés à distance du champ de résection de la
stade de métastases. tumeur, devienne plus systématique permettant d’affiner les
indications thérapeutiques.

■ Critères d’opérabilité Cœlioscopie


Lorsqu’une intervention à visée curative est décidée, le
et de résécabilité chirurgien peut faire précéder la laparotomie par une cœliosco-
pie, qui permet de déceler les métastases difficiles à visualiser
Contre-indications opératoires par les autres examens d’imagerie et en particulier les petits
nodules de carcinose péritonéale. Cet examen a l’avantage
Elles sont de deux ordres :
d’éviter une laparotomie inutile. Il établit de manière supplé-
• la présence de métastases viscérales (hépatiques, péritonéales mentaire le diagnostic de non-résécabilité dans 10 % à 13 % des
ou pulmonaires), compte tenu de la durée de survie qui est
cas.
de 3 à 6 mois, contre-indique la chirurgie [60] ;
• une tumeur dont on prévoit la non-résécabilité est également
une contre-indication à la chirurgie étant donné l’alternative Examen histologique de la pièce
possible au traitement chirurgical de dérivation biliaire et/ou de résection
digestive qu’est la pose de prothèses biliaire et/ou duodénale
en cas de nécessité. Le compte-rendu anatomopathologique doit être standardisé.
Une prévision de mortalité élevée du fait de comorbidités et Le nombre de ganglions examinés doit être ≥ 10. L’étude des
un âge physiologique avancé sont des contre-indications à la marges de résection est essentielle. Lorsque les marges de
chirurgie. Le bon sens prime. Pour les malades correctement résection ne sont pas envahies, la résection est classée R0, et
sélectionnés, la mortalité n’est pas différente chez les malades R1 lorsqu’elles sont envahies. Les marges étudiées sont les
de moins et de plus de 70 ans. En revanche, chez les malades marges cholédociennes, gastriques et la tranche de section
non sélectionnés, la mortalité est très supérieure après 70 ans pancréatique. Si celle-ci est envahie à l’examen anatomopatho-
(16,6 %) par comparaison à un âge inférieur à 60 ans logique extemporané, il faut recouper afin d’étendre la pancréa-
(6,1 %) [61]. tectomie jusqu’à ce que la marge soit non envahie.

8 Hépatologie

© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 19/06/2012 par Universite de Strasbourg laure gouneaud (20149)
Cancer du pancréas exocrine : clinique, bilan diagnostique et préthérapeutique ¶ 7-106-A-12

L’envahissement de la marge pancréatique postérieure à laquelle [21] Jorgensen MT, Mortensen MB, Gerdes AM, Schaffalitzky de
s’ajoutent les marges vasculaires rétroveineuse et rétroartérielle Muckadell OB. Familial pancreatic cancer. Scand J Gastroenterol
doit également être précisé car il s’agit d’un facteur pronostique 2008;43:387-97.
indépendant de survie et de récidive. [22] Grocock CJ, Vitone LJ, Neoptolemos JP, Raraty MG, Greenhalf W.
Familial pancreatic cancer: a review and latest advances. Adv Med Sci
2007;52:37-49.
Remerciements : Dr A.-S. Rangheard pour les clichés des examens [23] Evans JP, Burke W, Chen R, Bennett RL, Schmidt RA, Dellinger EP,
tomodensitométriques, le Pr G. Pelletier, le Dr I. Boytchev et le Dr J. Fritsch et al. Familial pancreatic adenocarcinoma: association with diabetes
pour les clichés de cathétérisme papillaire endoscopique. and early molecular diagnosis. J Med Genet 1995;32:330-5.
.

[24] Brentnall TA, Bronner MP, Byrd DR, Haggitt RC, Kimmey MB. Early
■ Références diagnosis and treatment of pancreatic dysplasia in patients with a family
history of pancreatic cancer. Ann Intern Med 1999;131:247-55.
[1] Nagenthiraja K, Ewertz M, Engholm G, Storm HH. Incidence and [25] Pogue-Geile KL, Chen R, Bronner MP, Crnogorac-Jurcevic T,
mortality of pancreatic cancer in the Nordic countries (1971-2000). Moyes KW, Dowen S, et al. Palladin mutation causes familial
Acta Oncol 2007;46:1064-9. pancreatic cancer and suggests a new cancer mechanism. PLoS Med
[2] Zhang J, Dhakal I, Ning B, Kesteloot H. Patterns and trends of 2006;3:e516.
pancreatic cancer mortality rates inArkansas, 1969-2002: a comparison [26] Gilgenkrantz S. Cancer familial du pancréas et gène palladin. Un
with the US population. Eur J Cancer Prev 2008;17:18-27. nouveau regard sur le processus cancéreux. Med Sci (Paris) 2007;23:
[3] Hruban RH, Takaori K, Klimstra DS, Adsay NV, Albores-Saavedra J, 232-4.
Biankin AV, et al. An illustrated consensus on the classification of [27] Eberle MA, Pfützer R, Pogue-Geile KL, Bronner MP, Crispin D,
pancreatic intraepithelial neoplasia and intraductal papillary mucinous Kimmey MB, et al. A new susceptibility locus for autosomal dominant
neoplasms. Am J Surg Pathol 2004;28:977-87. pancreatic cancer maps to chromosome 4q32-34. Am J Hum Genet
[4] Hruban RH, Goggins M, Parsons J, Kern SE. Progression model for 2002;70:1044-8.
pancreatic cancer. Clin Cancer Res 2000;6:2969-72. [28] McFaul CD, Greenhalf W, Earl J, Howes N, Neoptolemos JP,
[5] Schneider G, Siveke JT, Schmid RM. Pancreatic cancer: basic and Kress R, et al. Anticipation in familial pancreatic cancer. Gut 2006;55:
clinical aspects. Gastroenterology 2005;128:1606-25. 252-8.
[6] Fuchs CS, Colditz GA, Stampfer MJ, Giovannucci EL, Hunter DJ, [29] Gullo L, Migliori M, Fusaroli P, Caletti G. Familial association of
Rimm EB, et al. A prospective study of cigarette smoking and the risk benign pancreatic hyperenzymaemia and pancreatic cancer. Gut 2007;
of pancreatic cancer. Arch Intern Med 1996;156:2255-60. 56:1323-4.
[7] Harnack LJ, Anderson KE, Zheng W, Folsom AR, Sellers TA, [30] Rebours V, Boutron-Ruault MC, Schnee M, Ferec C, Maire F,
Kushi LH. Smoking, alcohol, coffee and tea intake and incidence of Hammel P, et al. Risk of pancreatic adenocarcinoma in patients with
cancer of the exocrine pancreas: the Iowa Women’s health Study. hereditary pancreatitis: a national exhaustive series. Am J Gastroenterol
Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 1997;6:1081-6. 2008;103:111-9.
[8] Nilsen TI, Vatten LJ.Aprospective study of lifestyle factors and the risk [31] Lowenfels AB, Maisonneuve P, Whitcomb DC, Lerch MM,
of pancreatic cancer in Nord-Trondelag, Norway. Cancer Causes DiMagno EP. Cigarette smoking as a factor for pancreatic cancer in
Control 2000;11:645-52. patients with hereditary pancreatitis. JAMA 2001;286:169-70.
[9] Luo J, Inoue M, Iwasaki M, Sasazuki S, Otani T, Ye W, et al. for the [32] Greer JB, Whitcomb DC. Role of BRCA1 and BRCA2 mutations in
JPHC study group. Green tea and coffee intake and risk of pancreatic pancreatic cancer. Gut 2007;56:601-5.
cancer in a large-scale, population-based cohort study in Japan. Eur [33] Brand RE, Lerch MM, Rubinstein WS, Neoptolemos JP,
J Cancer Prev 2007;16:542-8. Whitcomb DC, Hruban RH, et al. Advances in counselling and sur-
[10] Reeves GK, Pirie K, Beral V, Green J, Spencer E, Bull D. Cancer inci- veillance of patients at risk for pancreatic cancer. Gut 2007;56:
dence and mortality in relation to body mass index in the million women 1460-9.
study: cohort study. BMJ 2007;335:1134. [34] Lochan R, Daly AK, Reeves HL, Charnley RM. Genetic susceptibility
[11] Renehan AG, Tyson M, Egger M, Heller RF, Zwahlen M. Body-mass in pancreatic ductal adenocarcinoma. Br J Surg 2008;95:22-32.
index and incidence of cancer: a systematic review and meta-analysis [35] Lowenfels AB, Maisonneuve P, Cavallini G, Ammann RW,
of prospective observational studies. Lancet 2008;371:569-78. Lankisch PG, Andersen JR, et al. Pancreatitis and the risk of pancreatic
[12] Huxley R, Ansary-Moghaddam A, Berrington de González A, Barzi F, cancer. International Pancreatitis Study Group. N Engl J Med 1993;
Woodward M. Type II diabetes and pancreatic cancer: a meta-analysis 328:1433-7.
of 36 studies. Br J Cancer 2005;92:2076-83.
[36] Bansal P, Sonnenberg A. Pancreatitis is a risk factor for pancreatic
[13] Hassan MM, Bondy ML, Wolff RA, Abbruzzese JL, Vauthey JN,
cancer. Gastroenterology 1995;109:247-51.
Pisters PW, et al. Risk factors for pancreatic cancer: case-control study.
[37] Karlson BM, Ekbom A, Josefsson S, McLaughlin JK, Fraumeni Jr. JF,
Am J Gastroenterol 2007;102:2696-707.
Nyrén O. The risk of pancreatic cancer following pancreatitis: an asso-
[14] Chari ST, Leibson CL, Rabe KG, Timmons LJ, Ransom J, de
ciation due to confounding? The risk of pancreatic cancer following
Andrade M, et al. Pancreatic cancer-associated diabetes mellitus:
pancreatitis: an association due to confounding? Gastroenterology
prevalence and temporal association with diagnosis of cancer.
Gastroenterology 2008;134:95-101. 1997;113:587-92.
[15] Pannala R, Leirness JB, Bamlet WR, Basu A, Petersen GM, Chari ST. [38] Malka D, Hammel P, Maire F, Rufat P, Madeira I, Pessione F, et al. Risk
Prevalence and clinical profile of pancreatic cancer-associated diabetes of pancreatic adenocarcinoma in chronic pancreatitis. Gut 2002;51:
mellitus. Gastroenterology 2008;134:981-7. 849-52.
[16] Chari ST, Leibson CL, Rabe KG, Ransom J, de Andrade M, [39] Ahmad NA, Lewis JD, Ginsberg GG, Haller DG, Morris JB,
Petersen GM. Probability of pancreatic cancer following diabetes: a Williams NN, et al. Long-term survival after pancreatic resection for
population-based study. Gastroenterology 2005;129:504-11. pancreatic adenocarcinoma. Am J Gastroenterol 2001;96:2609-15.
[17] Ogawa Y, Tanaka M, Inoue K, Yamaguchi K, Chijiiwa K, Mizumoto K, [40] Cleary SP, Gryfe R, Guindi M, Greig P, Smith L, Mackenzie R, et al.
et al. A prospective pancreatographic study of the prevalence of Prognostic factors in resected pancreatic adenocarcinoma: analysis of
pancreatic carcinoma in patients with diabetes mellitus. Cancer 2002; actual 5-year survivors. J Am Coll Surg 2004;198:722-31.
94:2344-9. [41] Winter JM, Cameron JL, Campbell KA, Arnold MA, Chang DC,
[18] Damiano J, Bordier L, Le Berre JP, Margery J, Dupuy O, Mayaudon H, Coleman J, et al. 1423 pancreaticoduodenectomies for pancreatic
et al. Should pancreas imaging be recommanded in patients over cancer: a single-institution experience. J Gastrointest Surg 2006;10:
50 years when diabetes is discovered because of acute symptoms? 1199-210.
Diabetes Metab 2004;30:203-7. [42] Han SS, Jang JY, Kim SW, Kim WH, Lee KU, Park YH. Analysis of
[19] Del Chiaro M, Zerbi A, Falconi M, Bertacca L, Polese M, Sartori N, long-term survivors after surgical resection for pancreatic cancer.
et al. Cancer risk among the relatives of patients with pancreatic ductal Pancreas 2006;32:271-5.
adenocarcinoma. Pancreatol 2007;7:459-69. [43] Ferrone CR, Brennan MF, Gonen M, Coit DG, Fong Y, Chung S, et al.
[20] Pezzilli R. Familial pancreatic cancer: what’s new. JOP 2007;8: Pancreatic adenocarcinoma: the actual 5-year survivors. J Gastrointest
806-7. Surg 2008;12:701-6.

Hépatologie 9
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 19/06/2012 par Universite de Strasbourg laure gouneaud (20149)
7-106-A-12 ¶ Cancer du pancréas exocrine : clinique, bilan diagnostique et préthérapeutique

[44] Sgouros J, Maraveyas A. Excess premature (3-month) mortality in [54] Tamm EP, Bhosale PR, Lee JH. Pancreatic ductal adenocarcinoma:
advanced pancreatic cancer could be related to fatal vascular ultrasound, computed tomography, and magnetic resonance imaging
thromboembolic events. A hypothesis based on a systematic review of features. Semin Ultrasound CT MR 2007;28:330-8.
phase III chemotherapy studies in advanced pancreatic cancer. Acta [55] Katz MH, Savides TJ, Moossa AR, Bouvet M. An evidence-based
Oncol 2008;47:337-46. approach to the diagnosis and staging of pancreatic cancer. Pancreatol
[45] Yeo CJ, Cameron JL, Lillemoe KD, Sitzmann JV, Hruban RH, 2005;5:576-90.
Goodman SN, et al. Pancreaticoduodenectomy for cancer of the head of [56] Zins M. Adénocarcinome du pancréas, bilan d’extension. In: Traité de
the pancreas: 201 patients. Ann Surg 1995;221:721-31. pancréatologie clinique. Paris: Médecine-Sciences Flammarion; 2005.
[46] Neoptolemos JP, Stocken DD, Friess H, Bassi C, Dunn JA, Hickey H, p. 168-77.
et al. A randomized trial of chemoradiotherapy and chemotherapy after [57] Ho JM, Darcy SJ, Eysselein VE, Venegas R, French SW, Stabile BE.
resection of pancreatic cancer. N Engl J Med 2004;350:1200-10. Evolution of fine needle aspiration cytology in the acute diagnosis of
[47] Mitry E, Taleb-Fayad R, Deschamps A, Mansencal N, Lepère C, pancreatic neoplasms. Am Surg 2007;73:941-4.
Declety G, et al. Risk of venous thrombosis in patients with pancreatic [58] Brugge WR. Optimizing methods for the diagnosis of pancreatic
adenocarcinoma. Gastroenterol Clin Biol 2007;31:1139-42. cancer. J Clin Gastroenterol 2007;41:869-70.
[48] Khorana AA, Fine RL. Pancreatic cancer and thromboembolic disease.
[59] Wakabayashi H, Nishiyama Y, Otani T, Sano T, Yachida S, Okano K,
Lancet Oncol 2004;5:655-63.
et al. Role of 18F-fluorodeoxyglucose positron emission tomography
[49] Ogren M, Bergqvist D, Wåhlander K, Eriksson H, Sternby NH.
imaging in surgery for pancreatic cancer. World J Gastroenterol 2008;
Trousseau’s syndrome - what is the evidence? A population-based
autopsy study. Thromb Haemost 2006;95:541-5. 14:64-9.
[50] Lévy P. Adenocarcinoma of the pancreas: are CA 19-9 assays useful? [60] Société nationale française de gastroentérologie. Cancer du pancréas
Presse Med 2008;37:88-94. exocrine : recommandations. Thésaurus – cancérologie. http:
[51] Chang CY, Huang SP, Chiu HM, Lee YC, Chen MF, Lin JT. Low //www.snfge.org.
efficacy of serum levels of CA 19-9 in prediction of malignant diseases [61] Lieberman MD, Kilburn H, Lindsey M, Brennan MF. Relation of
in asymptomatic population in Taiwan. Hepatogastroenterology 2006; perioperative deaths to hospital volume among patients indergoing
53:1-4. pancreatic resection for malignancy. Ann Surg 1995;222:638-45.
[52] Malesci A, Tommasini MA, Bonato C, Bocchia P, Bersani M, Zerbi A, [62] Barthet M, Moutardier V, Marciano S. Adenocarcinomas of the
et al. Determination of CA 19-9 antigen in serum and pancreatic juice pancreas: how best to evaluate resectability? Gastroenterol Clin Biol
for differential diagnosis of pancreatic adenocarcinoma from chronic 2007;31:216-21.
pancreatitis. Gastroenterology 1987;92:60-7. [63] Lall CG, Howard TJ, Skandarajah A, DeWitt JM, Aisen AM,
[53] Benamouzig R, Buffet C, Fourre C, Ink O, Moati F, Etienne JP. Serum Sandrasegaran K. New concepts in staging and treatment of locally
levels of carbohydrate antigenic determinant (CA 19.9) in obstructive advanced pancreatic head cancer. AJR Am J Roentgenol
jaundice. Dig Dis Sci 1989;34:1640-2. 2007;189:1044-50.

C. Buffet (catherine.buffet@bct.aphp.fr).
Hôpital de Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc, 94270 Kremlin-Bicêtre, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Buffet C. Cancer du pancréas exocrine : clinique, bilan diagnostique et préthérapeutique. EMC (Elsevier
Masson SAS, Paris), Hépatologie, 7-106-A-12, 2009.

Disponibles sur www.em-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos / Documents Information Informations Auto-
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations

10 Hépatologie

© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 19/06/2012 par Universite de Strasbourg laure gouneaud (20149)
Cet article comporte également le contenu multimédia suivant, accessible en ligne sur em-consulte.com et
em-premium.com :

1 autoévaluation
Cliquez ici

© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 19/06/2012 par Universite de Strasbourg laure gouneaud (20149)

Vous aimerez peut-être aussi