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Cancer de la prostate :
point de vue du clinicien
J IRANI
Il est noté une augmentation régulière de l’incidence. Les ✔ 20 % à 30 % des hommes de plus de 50 ans ;
hypothèses expliquant ce phénomène sont multiples et pro- ✔ 50 % des hommes de plus de 80 ans.
bablement intriquées : augmentation de l’espérance de vie,
facteurs environnementaux, rôle du dépistage par l’anti- La relation entre cancer de prostate cliniquement détec-
gène spécifique de la prostate (PSA). table et cancer de prostate latent n’est pas claire :
Hong-Kong
Japon
Espagne
USA (Japonais)
Grande-Bretagne
France
Danemark
Finlande
Suisse
Norvège
Suède
Canada
USA (blancs)
USA (noirs)
0 250
T aux/100 000 homme s
Service d’Urologie
CHU Poitiers.
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■ La biopsie prostatique
Faite par voie transrectale écho-guidée, prenant 8 à Fig 1 • Classification de Gleason établie en fonction de l’architecture
12 « carottes » habituellement selon une cartographie tissulaire prostatique.
établie, le plus souvent sous anesthésie locale.
Les complications les plus fréquentes sont l’hémorragie
(s’assurer de l’absence de trouble de la coagulation) et ■ Les autres facteurs pronostiques
l’infection (antibioprophylaxie systématique). liés à l’analyse des biopsies
Le pourcentage de carottes biopsiques envahies ; le pour-
Facteurs pronostiques centage de cancer dans les carottes envahies ; l’envahisse-
ment de la capsule ; l’envahissement des gaines nerveuses ;
du cancer prostatique le contingent neuro-endocrine.
Il est donné par le toucher rectal : Elle utilise le stade clinique, le chiffre de PSA et le score
de Gleason : le risque de récidive après traitement local est :
✔ S’il ne retrouve aucun argument en faveur d’un cancer
prostatique : stade T1 : T1c ou T2a et PSA ≤ 10 ng/ml et score de
✔ Faible :
Gleason ≤ 6).
• T1a et T1b : cancer détecté sur l’analyse systématique
des copeaux de résection d’un adénome de prostate ; ✔ Intermédiaire : T2b ou PSA > 10 ng/ml ou score de
Gleason = 7.
• T1c : cancer détecté suite au dosage du PSA.
✔ Élevé : T2c ou PSA > 20 ng/ml ou Gleason score ≥ 8.
✔ S’il retrouve un nodule confiné à la glande : stade T2.
✔ S’il retrouve une tumeur ayant dépassé la glande : La stratification du risque est utile dans la pratique quo-
stade T3 (T4 si fixée aux organes de voisinage). tidienne mais sa performance pronostique est limitée.
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Les résultats de l’IRM sont prometteurs mais son rôle ✔ Si la survie attendue est supérieure à 10 ans :
reste à préciser (antenne endo-rectale ?). • prostatectomie radicale ;
• irradiation (radiothérapie externe, curiethérapie) ;
■ Bilan lymphatique pelvien • autres traitements en évaluation (Ultra-sons focalisés
à haute intensité, cryothérapie) ;
Les performances diagnostiques du scanner et de l’IRM • la surveillance active, nouveau concept en voie d’éva-
sont grevées par la fréquence des micrométastases gan- luation qui vise à diminuer le surtraitement en se basant
glionnaires. Le curage ganglionnaire pratiqué dans les ris- sur les données pronostiques disponibles.
ques intermédiaires ou élevés, garde la meilleure spécificité. ✔ Sila survie attendue est inférieure à 10 ans :
• surveillance et traitement des symptômes : « watchful
■ Bilan osseux waiting » (WW) ;
• hormonothérapie si haut risque ou symptômes.
Scintigraphie osseuse (complétée en cas de doute par un
✔ Comment choisir entre les options thérapeutiques ?
scanner en fenêtre osseuse).
• absence d’études randomisées ;
• décision partagée :
– patient : priorités ; attitude vis-à-vis des effets indési-
rables du traitement ; comorbidités ;
Le traitement [3] – praticien : expérience ; possibilités logistiques.
• Importance d’une information complète et d’un temps
de réflexion.
■ Histoire naturelle du cancer
prostatique localisé P R O S T A T E C T O M I E R A D I C A L E ( P R ) (Fig 2)
Données des cohortes de patients non traités : Elle consiste en une exérèse de la prostate et des vésicules
séminales suivie d’une anastomose entre la vessie et l’urètre
✔ Risque de décès spécifique significatif 10-15 ans après membraneux. Elle peut-être faite à ciel ouvert, par voie lapa-
le diagnostic. roscopique (extra ou transpéritonéale) ou par voie périnéale.
Fig 2 •
A B C
Fig 2 • Étapes de la prostatectomie radicale. Exérèse de la prostate et des vésicules séminales (A, B) puis anastomose vésico-urétrale (C).
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✔ Iln’y a pas de comparaison randomisée entre les voies EFFETS INDÉSIRABLES DU TRAITEMENT
d’abord. À B U T C U R A T I F [4]
✔ Les objectifs souhaités de cette chirurgie sont :
La fréquence et la sévérité sont variables selon les
• oncologiques : obtention de marges négatives ;
centres. Elles dépendent de différents facteurs :
• fonctionnels : obtention à terme d’une continence satis-
faisante ; préservation si possible des nerfs érecteurs. ✔ sélections des patients et type de recrutement ;
✔ expérience de l’opérateur ;
✔ Avantages :
✔ recueil des symptômes post-thérapeutiques qui peut
• diagnostic anatomopathologique précis ;
être :
• indication de choix en cas de trouble mictionnel pré-
thérapeutique ; • insuffisant dans le temps (exemple complications à
• possibilité de radiothérapie adjuvante, bien tolérée distance de l’irradiation) ;
dans l’ensemble. • biaisé (avis subjectifs, questionnaires non validés).
Irradiation de la prostate par une source externe. Les Effets indésirables de l’irradiation
progrès de la technique permettent une augmentation des ✔ La radiothérapie externe : souvent bien tolérée.
doses d’irradiation > 70 Gy ainsi qu’une diminution des
• Dysfonction érectile : survient dans environ 40 %
complications. Diffusion des techniques « conformationnelles »
des cas en post-radiothérapie. L’incidence continue
et « d’escalade de dose ».
à augmenter dans les mois et années qui suivent
✔ Avantages : l’irradiation.
• absence d’hospitalisation ; • Troubles mictionnels : syndrome irritatif vésical essen-
tiellement.
• traitement indolore.
• Atteinte rectale : troubles du transit, rectorragies.
✔ Inconvénients :
✔ La curiethérapie :
• astreignant : 7-8 semaines de traitement (jours
ouvrés) ; • Recul et données moins fournies que pour la radiothé-
rapie externe et la PR.
• problème du rattrapage en cas d’échec (morbidité de
la PR post-irradiation). • Les résultats actuels montrent un profil de toxicité
immédiate acceptable.
LA CURIETHÉRAPIE (OU BRACHYTHÉRAPIE)
■ Traitement du cancer de prostate
Cette technique consiste en la mise en place sous anes-
thésie générale d’une centaine de grains radioactifs, qui res- avancé
teront en place au sein de la prostate de façon définitive et
y délivreront une forte dose. Cette implantation est faite HORMONOTHÉRAPIE
sous contrôle d’une sonde d’échographie endorectale per-
mettant de vérifier à chaque instant la position exacte des ✔ Le principe consiste à empêcher les androgènes
grains au sein de la prostate. d’agir sur les récepteurs aux androgènes des cellules
prostatiques.
✔ Avantages :
✔ Les modalités peuvent être :
• hospitalisation courte ;
• L’effondrement des taux de testostérone circulante :
• reprise rapide de l’activité.
– la castration chirurgicale : rarement acceptée par les
✔ Inconvénients : patients dans les pays « riches » ;
• indication actuellement limitée aux risques faibles ; – la castration chimique : par les analogues de la LH-RH.
• devenir à > 10-15 ans donc chez le sujet jeune ? • Le blocage des récepteurs cellulaires à la testostérone :
• problème du rattrapage en cas d’échec (morbidité de – les antiandrogènes stéroïdiens ;
la PR post-irradiation). – les antiandrogènes périphériques non stéroïdiens.
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Références
1. Comité de Cancérologie de l’Association Française d’Urologie : Princi- 3. Comité de Cancérologie de l’Association Française d’Urologie :
pes et spécificités de la chirurgie oncologique en urologie. Prog Urol Recommandations 2004 en Onco-Urologie. Prog Urol 2004;14:913-
2005 ;15:1103-51 56
2. Comité de Cancérologie de l’Association Française d’Urologie : Préven- 4. Comité de Cancérologie de l’Association Française d’Urologie : Préven-
tion et dépistage des cancers urologiques. Prog Urol 2003;13:1261-78 tion tertiaire en Onco-Urologie. Prog Urol 2006;16:l715-66
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