Vous êtes sur la page 1sur 8

JOURNÉES FRANÇAISES DE RADIOLOGIE 2007 F O R M A T I O N M É D I C A L E C O N T I N U E N° 27

Cancer de la prostate :
point de vue du clinicien
J IRANI

Épidémiologie Le cancer de prostate représente la deuxième cause de


mortalité par cancer chez l’homme. Une tendance à une
diminution de la mortalité spécifique se dessine depuis les
années 90 dans certains pays.
■ Incidence
C’est le cancer le plus fréquent chez l’homme dans les
pays occidentaux industrialisés [1]. La variation de l’inci- Facteurs de risque reconnus
dence dans le monde est remarquable : les taux en Asie sont
bien inférieurs à ceux des pays occidentaux et en particulier
du cancer prostatique
ceux des États-Unis où les noirs américains détiennent le
record de l’incidence la plus élevée.
L’hypothèse étiologique la plus probable est d’ordre envi- ■ Âge
ronnemental (l’alimentation en particulier) plutôt que géné-
tique (Tableau 1). Le cancer de prostate cliniquement détectable est excep-
tionnel avant 40 ans. Il est découvert le plus souvent après
70 ans. Le cancer de prostate de découverte autopsique a
■ Incidence dans le monde occidental été rapporté dans les 2e et 3e décennies de vie. Sa préva-
lence augmente rapidement avec l’âge :

Il est noté une augmentation régulière de l’incidence. Les ✔ 20 % à 30 % des hommes de plus de 50 ans ;
hypothèses expliquant ce phénomène sont multiples et pro- ✔ 50 % des hommes de plus de 80 ans.
bablement intriquées : augmentation de l’espérance de vie,
facteurs environnementaux, rôle du dépistage par l’anti- La relation entre cancer de prostate cliniquement détec-
gène spécifique de la prostate (PSA). table et cancer de prostate latent n’est pas claire :

Tableau 1 • Variation de l’incidence du cancer de la prostate dans le monde.

Hong-Kong
Japon
Espagne
USA (Japonais)
Grande-Bretagne
France
Danemark
Finlande
Suisse
Norvège
Suède
Canada
USA (blancs)
USA (noirs)
0 250
T aux/100 000 homme s

Service d’Urologie
CHU Poitiers.

287
JFR 2007 FORMATION MÉDICALE CONTINUE

✔ Deux entités distinctes ? • cancer prostatique exceptionnel chez les individus


✔ Le cancer latent est-il forcément un précurseur du ayant un taux très faible d’androgènes circulants
cancer clinique ? (exemple des castrats).
Relation controversée entre cancer de prostate et cer-
tains facteurs de croissance :
■ Environnement et génétique
✔ IGF-1 ;
✔ En faveur d’un facteur de risque environnemental :
✔ EGF ;
• variation de l’incidence en fonction de l’origine géogra-
✔ « platelet-derived growth factor ».
phique ;
• augmentation du risque dans les populations issues
d’une région à risque faible ayant émigré vers des
régions à risque élevé. Chimioprévention et cancer
Absence de preuve expérimentale d’une relation entre prostatique
alimentation et cancer de la prostate. Apport des études
épidémiologiques :
Les caractéristiques du cancer prostatique en font un bon
• facteurs de risque : consommation élevée de viande candidat à la chimioprévention :
rouge, graisse animale, laitages ;
• facteurs protecteurs : lycopène (tomates++), carotène, ✔ prévalence élevée ;
sélénium, vitamine E, soja (isoflavones), vitamine D. ✔ latence importante ;
Étude randomisée en cours : influence du sélénium et de ✔ dépistage insuffisant ;
la vitamine E : premiers résultats fin 2007, résultats défini-
✔ morbidité et mortalité significatives.
tifs en 2013.
Quelle population doit être candidate à la chimiopréven-
✔ En faveur d’un facteur de risque génétique :
tion ? Cette question n’est pas encore résolue et dépendra
• plusieurs loci candidats identifiés dans les formes fami- entre autre de l’agent qui serait utilisé.
liales dont le gène HPC-1 qui pourrait être associé à
des formes plus sévères ;
• corrélation entre risque de cancer de prostate et impor- ■ Agents de chimioprévention
tance de la répétition de la séquence CAG du récep- du cancer prostatique
teur aux androgènes (codé sur le chromosome X).
en cours d’évaluation
■ Histoire familiale ✔ Modulateurs de l’activité hormonale (anti-androgènes).
✔ Activateursde la différentiation (Rétinoïdes, Vit D).
Les hommes ayant un parent atteint d’un cancer de pros-
✔ Anti-inflammatoires (AINS, inhibiteurs sélectifs des
tate ont un risque :
COX-2).
✔ multiplié par 2 -3 pour un parent du 1e degré ; ✔ Anti-oxydants (Vit E, Sélénium, lycopènes) :
✔ multiplié par 5 au minimum pour 2 parents ou plus du
1e degré. • Le finastéride, inhibiteur de la 5 alpha réductase, a
entraîné une diminution significative (24,4 %) de l’inci-
Les formes familiales (par opposition aux cas sporadiques) : dence du cancer prostatique dans le bras traité contre
placebo (étude randomisée en double aveugle). Mais
✔5% à 10 % des cancers de prostate globalement ; cette étude a également montré une incidence de can-
✔ 50 % des cas atteignant les hommes de moins de cers de haut grade plus élevée dans le bras finastéride.
55 ans, avec cependant le même degré de gravité que • Le Sélénium et la vitamine E, actuellement en évalua-
les cancers sporadiques. tion (Étude randomisée SELECT). Les premiers résul-
tats sont attendus pour la fin 2007 (analyse définitive
■ Hormones et facteurs de croissance 2013).

Relation controversée entre cancer de prostate et andro-


gènes circulants :
Dépistage du cancer de prostate [2]
✔ Iln’y a pas de preuve d’un impact de la variation du
taux d’androgènes dans les limites de la normale. Objectif : trouver les cancers asymptomatiques, localisés
✔ En faveur de cette relation : à la glande prostatique, c’est-à-dire à un stade potentielle-
• androgènes indispensables au développement du tissu ment curable. Les moyens sont le toucher rectal (TR) et le
prostatique ; dosage de l’antigène spécifique de la prostate (PSA).

288
Cancer de la prostate : point de vue du clinicien
J IRANI

■ Le dosage de l’antigène spécifique ■ Le toucher rectal (TR)


de la prostate (PSA) Inconvénients du TR :
Glycoprotéine ayant une activité protéasique, synthéti- ✔ interprétationsubjective ;
sée par la cellule épithéliale prostatique (normale et cancé- ✔ faux-négatifsaux stades précoces ;
reuse). C’est une composante importante du liquide
✔ proportion importante de stades localement avancés
séminal dont elle empêche la coagulation.
lorsque le TR est manifestement anormal.

PSA ET CANCER PROSTATIQUE Rarement, la biopsie peut-être indiquée en raison d’un


TR suspect alors que le dosage du PSA est normal.
L’augmentation du PSA sérique peut-être en rapport
avec : ■ Faut-il dépister le cancer
✔ un cancer de la prostate ; de la prostate ?
✔ une hyperplasie bénigne ;
Conditions théoriques générales pour le dépistage d’un
✔ une prostatite ; cancer :
✔ une éjaculation ;
✔ la maladie doit être fréquente, grave et pouvoir être
✔ une manipulation ou un traumatisme de la prostate ;
diagnostiquée à un stade où elle est curable ;
✔ des causes inconnues.
✔ le test de dépistage doit être facilement acceptable et
Entre 4 et 10 ng/ml, une première série de biopsies ne très spécifique.
montre pas de cancer dans 60 à 80 % des cas. Plus le PSA Le cancer prostatique répond-t-il aux critères du dépistage ?
est élevé, plus le risque de cancer prostatique est statisti-
quement élevé. ✔ Ilest fréquent, grave et peut être diagnostiqué à un
stade où il est curable.
SPÉCIFICITÉ DU PSA ✔ Le test de dépistage (PSA) est facilement acceptable
mais insuffisamment spécifique.
La spécificité du PSA entre 4 et 10 ng/ml est limitée. Plu-
Intérêt du dépistage :
sieurs stratégies ont été proposées dans le but d’améliorer
cette spécificité : ✔ Arguments POUR :
• Migration favorable des stades au diagnostic depuis
✔ Abaques d’une normale du PSA en fonction de l’âge.
l’utilisation généralisée du PSA (stade localisé majori-
• Limite : diminution de la sensibilité. taire actuellement).
✔ Cinétique du PSA : une augmentation rapide est en • Détection du cancer par le PSA 5,5 ans en moyenne
faveur d’un cancer. avant son expression clinique.
• Limite : variation physiologique du chiffre de PSA. • Diminution de la mortalité en rapport avec le cancer
✔ Densité du PSA (rapport entre le PSA et le volume prostatique depuis 2000.
prostatique) qui est plus élevée en cas de cancer.
✔ Les arguments CONTRE :
• Limite : l’évaluation peu reproductible du volume pros- • Possible détection de cancer « non significatif » et donc
tatique. surtraitement.
✔ PSA libre : (% de PSA non lié à une protéine) qui est • Spécificité insuffisante du PSA (4 biopsies/5 négatives
plus élevé en l’absence de cancer. pour un PSA entre 4 et 10 ng/ml).
• Limite : pas de consensus sur une valeur seuil. • Biais possible « d’avance au diagnostic » ou « lead-time »
expliquant les arguments favorables cités ci-dessus.
Faut-il abaisser le seuil actuel de la normale du PSA ?
✔ Pour :
• Proportion de faux négatifs du PSA estimée à 15-20 % ■ Quelles recommandations
(si la normale = 4 ng/ml). pour le dépistage ?
• 15 % des cancers à PSA < 4 sont de haut grade.
✔ Contre : Les recommandations divergent selon les pays et les
• Diminution de la sensibilité : sociétés savantes. En France, le dépistage :
✔ augmentation du nombre global de patients biopsiés ; ✔ est recommandé par l’Association Française d’Urolo-
✔ augmentation du nombre de cancers non significatifs gie (AFU) chez les hommes de plus de 50 ans (voir
et du surtraitement potentiel. 45 ans si sujets à risque) par PSA et TR annuels ;

289
JFR 2007 FORMATION MÉDICALE CONTINUE

✔ n’estpas recommandé de façon systématique par la ■ La classification de Gleason


Haute Autorité de Santé (HAS).

Elle prend en compte la désorganisation architecturale


des glandes. Le grade va de 1 (proche de la normale) à 5
Diagnostic de cancer prostatique (désorganisation complète). Le score est l’addition des
2 grades les plus représentés dans le matériel examiné. Ce
score est corrélé avec le pronostic clinique (Fig 1).
■ Le diagnostic est
anatomopathologique Fig 1 •

L’analyse des biopsies prostatiques est faite le plus sou-


vent pour un taux de PSA augmenté et/ou un TR anormal ;
plus rarement, par analyse systématique du matériel de
résection d’un adénome de prostate.
L’échographie n’est pas un outil performant pour le
dépistage du cancer de la prostate. Elle permet surtout une
biopsie performante par écho-guidage.

■ La biopsie prostatique
Faite par voie transrectale écho-guidée, prenant 8 à Fig 1 • Classification de Gleason établie en fonction de l’architecture
12 « carottes » habituellement selon une cartographie tissulaire prostatique.
établie, le plus souvent sous anesthésie locale.
Les complications les plus fréquentes sont l’hémorragie
(s’assurer de l’absence de trouble de la coagulation) et ■ Les autres facteurs pronostiques
l’infection (antibioprophylaxie systématique). liés à l’analyse des biopsies
Le pourcentage de carottes biopsiques envahies ; le pour-
Facteurs pronostiques centage de cancer dans les carottes envahies ; l’envahisse-
ment de la capsule ; l’envahissement des gaines nerveuses ;
du cancer prostatique le contingent neuro-endocrine.

■ Le PSA ■ La cinétique du PSA


en préthérapeutique
Notions statistiques : le cancer a d’autant plus de chance
d’être confiné à la glande prostatique – et d’être donc poten- Le pronostic est mauvais si l’augmentation est supérieure
tiellement curable – que le PSA est faible (<10 ng/ml) ; le à 2 points dans l’année précédant le diagnostic.
risque de dissémination loco-régionale et métastatique est
d’autant plus élevé que le chiffre de PSA est élevé.
■ Stratification pronostique
■ Le stade clinique de d’Amico

Il est donné par le toucher rectal : Elle utilise le stade clinique, le chiffre de PSA et le score
de Gleason : le risque de récidive après traitement local est :
✔ S’il ne retrouve aucun argument en faveur d’un cancer
prostatique : stade T1 : T1c ou T2a et PSA ≤ 10 ng/ml et score de
✔ Faible :
Gleason ≤ 6).
• T1a et T1b : cancer détecté sur l’analyse systématique
des copeaux de résection d’un adénome de prostate ; ✔ Intermédiaire : T2b ou PSA > 10 ng/ml ou score de
Gleason = 7.
• T1c : cancer détecté suite au dosage du PSA.
✔ Élevé : T2c ou PSA > 20 ng/ml ou Gleason score ≥ 8.
✔ S’il retrouve un nodule confiné à la glande : stade T2.
✔ S’il retrouve une tumeur ayant dépassé la glande : La stratification du risque est utile dans la pratique quo-
stade T3 (T4 si fixée aux organes de voisinage). tidienne mais sa performance pronostique est limitée.

290
Cancer de la prostate : point de vue du clinicien
J IRANI

✔ Facteurs pronostiques de décès spécifique :


Bilan d’extension
• score de Gleason ≥ 7 ;
• âge < 74 ans au diagnostic.
Il ne doit pas être systématique. Généralement il est
demandé si :
PSA > 10 ng/ml ; Gleason > 6 et lors de symptômes ■ Traitement du cancer localisé
cliniques.
de prostate
■ Bilan local OPTIONS THÉRAPEUTIQUES

Les résultats de l’IRM sont prometteurs mais son rôle ✔ Si la survie attendue est supérieure à 10 ans :
reste à préciser (antenne endo-rectale ?). • prostatectomie radicale ;
• irradiation (radiothérapie externe, curiethérapie) ;
■ Bilan lymphatique pelvien • autres traitements en évaluation (Ultra-sons focalisés
à haute intensité, cryothérapie) ;
Les performances diagnostiques du scanner et de l’IRM • la surveillance active, nouveau concept en voie d’éva-
sont grevées par la fréquence des micrométastases gan- luation qui vise à diminuer le surtraitement en se basant
glionnaires. Le curage ganglionnaire pratiqué dans les ris- sur les données pronostiques disponibles.
ques intermédiaires ou élevés, garde la meilleure spécificité. ✔ Sila survie attendue est inférieure à 10 ans :
• surveillance et traitement des symptômes : « watchful
■ Bilan osseux waiting » (WW) ;
• hormonothérapie si haut risque ou symptômes.
Scintigraphie osseuse (complétée en cas de doute par un
✔ Comment choisir entre les options thérapeutiques ?
scanner en fenêtre osseuse).
• absence d’études randomisées ;
• décision partagée :
– patient : priorités ; attitude vis-à-vis des effets indési-
rables du traitement ; comorbidités ;
Le traitement [3] – praticien : expérience ; possibilités logistiques.
• Importance d’une information complète et d’un temps
de réflexion.
■ Histoire naturelle du cancer
prostatique localisé P R O S T A T E C T O M I E R A D I C A L E ( P R ) (Fig 2)

Données des cohortes de patients non traités : Elle consiste en une exérèse de la prostate et des vésicules
séminales suivie d’une anastomose entre la vessie et l’urètre
✔ Risque de décès spécifique significatif 10-15 ans après membraneux. Elle peut-être faite à ciel ouvert, par voie lapa-
le diagnostic. roscopique (extra ou transpéritonéale) ou par voie périnéale.

Fig 2 •

A B C
Fig 2 • Étapes de la prostatectomie radicale. Exérèse de la prostate et des vésicules séminales (A, B) puis anastomose vésico-urétrale (C).

291
JFR 2007 FORMATION MÉDICALE CONTINUE

✔ Iln’y a pas de comparaison randomisée entre les voies EFFETS INDÉSIRABLES DU TRAITEMENT
d’abord. À B U T C U R A T I F [4]
✔ Les objectifs souhaités de cette chirurgie sont :
La fréquence et la sévérité sont variables selon les
• oncologiques : obtention de marges négatives ;
centres. Elles dépendent de différents facteurs :
• fonctionnels : obtention à terme d’une continence satis-
faisante ; préservation si possible des nerfs érecteurs. ✔ sélections des patients et type de recrutement ;
✔ expérience de l’opérateur ;
✔ Avantages :
✔ recueil des symptômes post-thérapeutiques qui peut
• diagnostic anatomopathologique précis ;
être :
• indication de choix en cas de trouble mictionnel pré-
thérapeutique ; • insuffisant dans le temps (exemple complications à
• possibilité de radiothérapie adjuvante, bien tolérée distance de l’irradiation) ;
dans l’ensemble. • biaisé (avis subjectifs, questionnaires non validés).

✔ Inconvénients : Effets indésirables de la PR


• intervention sous anesthésie générale avec hospita- Incontinence urinaire post-opératoire à 1 an : 1 % à 35 %
lisation ; – selon la définition de l’incontinence – et dysfonction érec-
• effets indésirables marqués dans les premières semaines. tile postopératoire fréquente : 20 à 80 % selon les séries.
Traitements oraux ou par injection intra-caverneuse si le
RADIOTHÉRAPIE EXTERNE patient le souhaite.

Irradiation de la prostate par une source externe. Les Effets indésirables de l’irradiation
progrès de la technique permettent une augmentation des ✔ La radiothérapie externe : souvent bien tolérée.
doses d’irradiation > 70 Gy ainsi qu’une diminution des
• Dysfonction érectile : survient dans environ 40 %
complications. Diffusion des techniques « conformationnelles »
des cas en post-radiothérapie. L’incidence continue
et « d’escalade de dose ».
à augmenter dans les mois et années qui suivent
✔ Avantages : l’irradiation.
• absence d’hospitalisation ; • Troubles mictionnels : syndrome irritatif vésical essen-
tiellement.
• traitement indolore.
• Atteinte rectale : troubles du transit, rectorragies.
✔ Inconvénients :
✔ La curiethérapie :
• astreignant : 7-8 semaines de traitement (jours
ouvrés) ; • Recul et données moins fournies que pour la radiothé-
rapie externe et la PR.
• problème du rattrapage en cas d’échec (morbidité de
la PR post-irradiation). • Les résultats actuels montrent un profil de toxicité
immédiate acceptable.
LA CURIETHÉRAPIE (OU BRACHYTHÉRAPIE)
■ Traitement du cancer de prostate
Cette technique consiste en la mise en place sous anes-
thésie générale d’une centaine de grains radioactifs, qui res- avancé
teront en place au sein de la prostate de façon définitive et
y délivreront une forte dose. Cette implantation est faite HORMONOTHÉRAPIE
sous contrôle d’une sonde d’échographie endorectale per-
mettant de vérifier à chaque instant la position exacte des ✔ Le principe consiste à empêcher les androgènes
grains au sein de la prostate. d’agir sur les récepteurs aux androgènes des cellules
prostatiques.
✔ Avantages :
✔ Les modalités peuvent être :
• hospitalisation courte ;
• L’effondrement des taux de testostérone circulante :
• reprise rapide de l’activité.
– la castration chirurgicale : rarement acceptée par les
✔ Inconvénients : patients dans les pays « riches » ;
• indication actuellement limitée aux risques faibles ; – la castration chimique : par les analogues de la LH-RH.
• devenir à > 10-15 ans donc chez le sujet jeune ? • Le blocage des récepteurs cellulaires à la testostérone :
• problème du rattrapage en cas d’échec (morbidité de – les antiandrogènes stéroïdiens ;
la PR post-irradiation). – les antiandrogènes périphériques non stéroïdiens.

292
Cancer de la prostate : point de vue du clinicien
J IRANI

✔ Les effets secondaires ✔ Options thérapeutiques validées :


• Dans la castration, ils sont en rapport avec la chute de • Prostatectomie totale (possibilité de préservation des
la testostéronémie : bandelettes vasculo-nerveuses).
– bouffées de chaleur ; • Curiethérapie.
– perte de libido, impuissance ; • Radiothérapie externe.
– augmentation de la masse graisseuse et diminution de • « WW » ou surveillance simple (si espérance de vie
la masse musculaire ; < 10 ans).
✔ Résultats généralement excellents. Des études non
– diminution de la densité osseuse et augmentation du
risque de fracture ; randomisées suggèrent une équivalence de résultats
entre les options thérapeutiques.
– possibles troubles cognitifs.
✔ Les rôles de la surveillance active et des Ultrasons foca-
• Alors que les antiandrogènes périphériques vont être lisés à haute intensité sont en cours d’évaluation.
responsables essentiellement de gynécomasties (bica-
lutamide) et de diarrhées (flutamide).
PATIENTS À RISQUE INTERMÉDIAIRE
✔ L’échappement hormonal (hormono-résistance)
Risque plus élevé de gros volume tumoral, de micromé-
Il survient après un délai variable à partir de l’initiation du
tastases
traitement hormonal (médiane 18 mois).
L’augmentation du PSA est le signe le plus précoce pré- ✔ Options thérapeutiques :
cédant parfois de plusieurs années les signes cliniques. • prostatectomie totale. Nécessité dans près de 50 % d’un
Le traitement hormonal de 2e ligne permet parfois de traitement complémentaire (réascension du PSA) ;
diminuer à nouveau le PSA ; avec une médiane d’efficacité • radiothérapie externe associée possiblement à une
de 4 mois. hormonothérapie ;
• en évaluation, l’association radiothérapie externe -
✔ Traitement hormonal précoce ou tardif ?
curiethérapie
La réponse n’est pas tranchée. Les avantages du
traitement : PATIENTS À HAUT RISQUE
• tardif : éviter le plus longtemps possible les effets indé-
sirables de l’hormonothérapie ; Risque maximum de franchissement capsulaire, de micro-
métastases. Le traitement local seul est rarement suffisant.
• précoce : la littérature apporte certains arguments pour
un bénéfice sur la survie. ✔ Options thérapeutiques :
• association radiothérapie externe – hormonothérapie ;
CHIMIOTHÉRAPIE • prostatectomie totale suivie selon le contexte d’une
radiothérapie externe et/ou d’une hormonothérapie.
Malgré une réponse initiale favorable au traitement ✔ Le rôle de la chimiothérapie adjuvante au traitement
hormonal, l’évolution vers une hormonorésistance en 18- local est en cours d’évaluation.
24 mois est inéluctable. Au stade d’hormonorésistance, les
options thérapeutiques sont peu nombreuses et la survie
médiane de 12-16 mois. ■ Traitement du cancer cliniquement
Historiquement, la chimiothérapie dans le cancer de
prostate n’avait pas démontré d’efficacité. Des recherches
localement avancé :
récentes ont permis d’identifier des agents de chimiothéra- Stades T3-T4, M0
pie ainsi que des associations qui ont montré une efficacité
sur le plan de la qualité de vie (mitoxantrone et taxanes) et ✔ Association radiothérapie-hormonothérapie supérieure
de la survie (taxanes) chez les patients hormonorésistants. à la radiothérapie seule (études randomisées).
En évaluation, la chimiothérapie en traitement néo- • Durée et timing de l’hormonothérapie ?
adjuvant ou adjuvant dans les tumeurs à haut risque et lors • Intérêt d’autres traitements adjuvants type chimio-
de récidive biochimique après traitement local. thérapie ?
✔ Rôle de la PR associée à un traitement adjuvant ?
■ Sélection du traitement selon ✔ Hormonothérapie isolée chez le sujet âgé.
le risque de récidive
PATIENTS À FAIBLE RISQUE
■ Traitement du cancer métastatique
Probabilité importante que la tumeur soit limitée à la Le traitement de référence de 1e intention reste l’hormo-
glande prostatique. nothérapie.

293
JFR 2007 FORMATION MÉDICALE CONTINUE

■ « Rising PSA » ou augmentation Modalités thérapeutiques :

du PSA après un traitement ✔ analgésiques en respectant la pyramide de l’OMS ;


à but curatif ✔ radiothérapie externe quand la douleur est localisée :
90 % d’efficacité en 2 semaines ;
L’efficacité de la radiothérapie externe complémentaire ✔ irradiationmétabolique dans les cas de sites doulou-
à la prostatectomie totale a été établie chez des patients reux multiples : injection IV de produit radioactif type
sélectionnés quant à la survie sans progression. Nous strontium-89 ou samarium-153.
n’avons pas de preuve actuellement de son impact sur la
Une étude randomisée a montré une diminution des
survie globale. Les facteurs de succès sont les indicateurs
« évènements osseux » dans le bras traité par acide zolédro-
de récidive locale (et non à distance), essentiellement :
nique, un bisphosphonate, comparé au bras placebo.
✔ PSA < 1ng/ml au moment de la radiothérapie ;
✔ ascension tardive du PSA (>1 an). AUTRES COMPLICATIONS
Après radiothérapie externe, la décision d’un traitement Elles sont traitées au cas par cas selon le contexte, l’état
hormonal précoce ou tardif est toujours controversée. La général et le souhait du patient et de sa famille.
prostatectomie de rattrapage dans ces cas est grevée d’un
risque majeur de complications. ✔ troublesmictionnels, hématuries : lavages, résection
pour confort ;
✔ insuffisancerénale obstructive : dérivation par néph-
■ Traitement palliatif du cancer rostomie ou sonde urétérale) ;
de prostate évolué ✔ anémie : transfusion, facteurs de croissance ;
✔ paraplégie par épidurite métastatique : chirurgie, radio-
DOULEURS OSSEUSES thérapie, corticoïdes ;
✔ lymphœdème ;
Le cancer prostatique diffuse essentiellement vers l’os.
Les douleurs osseuses sont les complications les plus ✔ obstruction rectale ;
fréquentes du cancer prostatique métastatique. ✔ fractures pathologiques.

Références
1. Comité de Cancérologie de l’Association Française d’Urologie : Princi- 3. Comité de Cancérologie de l’Association Française d’Urologie :
pes et spécificités de la chirurgie oncologique en urologie. Prog Urol Recommandations 2004 en Onco-Urologie. Prog Urol 2004;14:913-
2005 ;15:1103-51 56
2. Comité de Cancérologie de l’Association Française d’Urologie : Préven- 4. Comité de Cancérologie de l’Association Française d’Urologie : Préven-
tion et dépistage des cancers urologiques. Prog Urol 2003;13:1261-78 tion tertiaire en Onco-Urologie. Prog Urol 2006;16:l715-66

294

Vous aimerez peut-être aussi