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Cours Master 1 – Médecine - Maladies infectieuses – Juin 2019

Docteur Eric Arnaud DIENDERE

Mycoses systémiques
Objectifs du cours :
1. Décrire les facteurs favorisants les principales mycoses systémiques
2. Décrire les signes cliniques des candidoses, aspergilloses, histoplasmose, cryptococcose.
3. Décrire les méthodes du diagnostic biologique des candidoses, aspergilloses, histoplasmose,
cryptococcose.
4. Décrire les traitements des principales mycoses systémiques

Introduction
Les principales mycoses systémiques (candidoses, aspergilloses, cryptococcoses,
histoplasmose) sont le plus souvent opportunistes, favorisées par une immunodépression le
plus souvent acquise, iatrogène ou due au VIH.Par ailleurs, l'augmentation du nombre des
patients très immunodéprimés a entraîné l'émergence d'infections à champignons
opportunistes rares : agents de zygomycose, penicilliose, Coccidioïdomycose,
Paracoccidioïdomycose.

Candidoses
I. Généralités
1. Définition
Ce sont des mycoses fréquentes provoquées par des levures du genre Candida, le plus
représenté en pathologie humaine. Ce genre compte 166 espèces. Les candidoses se
présentent sous des aspects symptomatiques polymorphes :
- Les candidoses superficielles, cutanéomuqueuses fréquentes et généralement
bénignes ;
- Les candidoses profondes ou systémiques plus rares mais graves.

2. Intérêt
Epidémiologique : les levures Candida sont souvent responsables d’infections graves,
souvent méconnues, survenant dans un contexte nosocomial.
Diagnostique : il est difficile de distinguer une candidose systémique vraie d’une simple
colonisation.
Pronostique : malgré une meilleure prise en charge des candidémies et candidoses
systémiques, et l’apparition de nouveaux antifongiques, la mortalité reste élevée.

3. Epidémiologie
Fréquences et répartition géographique : les candidoses sont cosmopolites, répandues
sous tous les climats, aussi bien en Europe qu’en zone tropicale.

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Description des agents pathogènes : les candida sont des levures, champignons se
reproduisant par bourgeonnement. L’espèce candida albicans est la plus fréquent chez
l’homme ; d’autres émergent : C. glabra, C. tropicalis, C. krusei, C. guillermondi, C. kefyr…

Facteurs favorisants les candidoses profondes :


- Carences vitaminiques et protéiques
- Tares viscérales : diabète, affection cachectisante, cancer, hémopathies
- Traitements antibiotiques à large spectre (qui détruisent la flore bactérienne en
équilibre avec les levures
- Corticoïdes, antimitotiques, immunosuppresseurs, déficit immunitaire congénital ou
acquis (Sida).

4. Physiopathologie
Les candidoses profondes sont parfois secondaires à une candidose superficielle qui s’étend
par :
- Contiguïté : par exemple : une candidose digestive ou respiratoire à point de départ
buccal ; une candidose urinaire à point de départ génital)
- ou par voie hematogène : les levures traversent la muqueuse, pénètrent dans un
capillaire et sont embolisées à distance.
Le nombre et la fonction des polynucléaires jouent un rôle important dans la prévention et
dans l'évolution favorable des formes systémiques.

II. Diagnostic
TDD : endocardite à candida
1. Clinique :
Les signes cliniques de l’endocardite fongique ne diffèrent pas de ceux des endocardites
bactériennes. Toutefois, les endocardites fongiques ont un mode de présentation
habituellement aigu.
La fièvre est habituelle. L'état général s'altère rapidement. La splénomégaliepeut faire
tardivement partie du tableau. Devant ce tableau defièvre inexpliquée, résistant aux
antibactériens, survenant sur un terrainà risque, l'étiologie fongique doit être évoquée.
Les éléments à rechercher en faveur d'une candidose sont :
- la modification d’un souffle préexistant ou l’apparition d’un nouveau souffle de
régurgitation ;
- des métastases cutanées sous la forme de maculopapules, de nodules érythémateux
dont la biopsie avec culture et histologie affirme l'étiologie;
- une choriorétinite par un fond d'œil systématique, les lésions caractéristiques
(nodules cotonneux blanc-jaunâtre de la rétine) n'entraînant pas toujours de troubles
visuels (scotome, flou visuel) ; l'atteinte oculaire est plus fréquente chez le non
neutropénique ;
- des douleurs musculaires de myosite infectieuse associée.
Dans les cas d'endocardite, la grande taille des végétations est en faveur d'une mycose. Les
embolies artérielles sont alors fréquentes.

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Les autres formes cliniques comportent
- Les candidémies : au moins 1 hémoculture positive, sans ou avec localisation
endocardique à rechercher de manière systématique ;
- Les formes viscérales : candidoses osseuses, méningées, péritonéales ;
- Les formes hépatospléniques ;
- Les formes disséminées : au moins 2 viscères atteints (avec ou sans formes
métastatiques cutanées diffuses) ;
Ces différentes formes sont subdivisées selon la présence ou non de cathéter intraveineux
central et l'existence ou non de neutropénie.
- Les formes du nouveau-né et du nourrisson : l'infection se développe à partir d'un
cathéter intraveineux central ou d'un foyer intestinal initial et s'annonce par une
perte de poids associée à un état fébrile, un état général altéré. La présence d'une
candidose buccale peut orienter le diagnostic. Des localisations articulaires et
cérébroméningées sont fréquentes sur ce terrain.

2. Diagnostic biologique
La confirmation diagnostique d'une candidose systémique est difficile. Le diagnostic repose
sur :
- l’examen direct et la culture des :
o Hémocultures : chez l'agranulocytaire, la positivité est souvent tardive et ne
dépasse pas 50 % des cas. La culture de l'extrémité d'un cathéter peut être
positive.
o Ponctions et biopsies : toute lésion accessible à la ponction ou à la biopsie
avec culture et histologiedoit être prise en considération.
o Prélèvements périphériques : la réalisation des cultures des prélèvements au
niveau de plusieurs sites (bouche, expectoration, selles, urines). La positivité
de la culture d'un lavage alvéolaire est sans valeur diagnostique pour une
pneumonie nosocomiale en réanimation, sauf chez le neutropénique.
- le sérodiagnostic : par la détection simultanée des anticorps antimannanes et du
mannane de Candida, en particulier utile chez le non neutropénique.

III. Traitement
1. Curatif
Buts
- Juguler l’infection
- Rechercher et traiter les complications septiques à distance

Moyens
Au cours des dernières années, des progrès considérables ont été faits dans la prise en charge
des infections fongiques invasives, grâce notamment à l’arsenal thérapeutique disponible. Si
l’amphotéricine B désoxycholate reste le médicament de référence malgré sa toxicité rénale,
l'amphotéricine B liposomiale, les azolés (itraconazole, fluconazole, voriconazole,
posaconazole), la terbinafine par voie orale, puis les echinocandines (caspofungine,
anidulafungine, micafungine) par voie intraveineuse ont modifié les indications

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thérapeutiques des mycoses profondes. La 5-fluorocytosine [5 FC] ou flucytosine ne doit
pas être employé seul, l’association amphotéricine B + 5
FC est synergique.

Indications
- Chez le sujet non neutropénique
Le traitement de la candidémie du patient non neutropénique de première ligne est la
caspofungine intraveineuse ou le fluconazole à la dose de 800 mg (12 mg/kg/j) le premier
jour.
À partir de la date de l'identification de l'espèce fongique, la caspofungine est poursuivie si
l'espèce identifiée est non sensible au fluconazole ou alors ce dernier amorcé à la posologie de
400 mg/j (6 mg/kg/j).
La durée recommandée est de 2 semaines après la négativation des hémocultures en cas de
situation clinique peu sévère, d'absence de traitement récent par un azolé et s'il ne s'agit pas
d'un C. kruseiou d'un C. glabrata.

- Chez le sujet neutropénique


En cas de neutropénie, le traitement repose sur la caspofungine ou un dérivé lipidique de
l'amphotéricine B.
La flucytosine (5-FC) est associée s'il existe des localisations endocardiques, oculaires,
méningées. La caspofungine ne doit pas être utilisée en cas d'atteinte urinaire en raison de sa
mauvaise diffusion dans ce compartiment.
L'arrêt du traitement est possible 15 jours après la disparition d'une candidémie isolée avec
retrait du cathéter. La durée de traitement varie s'il existe des signes de candidose profonde.
Elle est de 6 mois dans les atteintes osseuses, les endocardites sur valve native et, pour
certains de manière définitive, dans les endocardites sur prothèse.

2. Préventif
- Il s'agit avanttout de la prévention des infections associées aux soins (lavage des mains,
soins de cathéter, contrôle de l'utilisation des antibiotiques et des antifongiques
systémiques...).
- Il n'y a pas d'indication à la chimioprophylaxie primaire ou secondaire des candidoses
oropharyngées chez les sujets infectés par le VIH (le traitement antirétroviral étant efficace).

Cryptococcose
I. Généralités
1. Définition
La cryptococcose est due à une levure encapsulée : Cryptococcus neoformans.

2. Intérêt
Epidémiologique : il s’agit d’une affection fréquente chez le sujet infecté par le VIH,
fortement immunodéprimé.

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Pronostique : il s’agit d’une affection grave. Le contrôle de l'hypertension intracrânienne est
un élément majeur du pronostic.

3. Epidémiologie
Fréquence et répartition géographique : elle est très fréquente dans les pays en
développement et représente la 3ème affection opportuniste cérébroméningée chez les patients
infectés par le VIH. Ce champignon est ubiquitaire, présent dans le sol, en particulier
lorsqu'il est enrichi en fientes d'oiseaux. La levure a un tropisme pour le système nerveux
central.

Facteurs favorisants la maladie :


- Déficit immunitaire par le VIH+++ (CD4 < 50/mm3).
- les affections malignes : hémopathies lymphoïdes,
- les traitements : patients ayant subi une transplantation d'organe (souvent rénale),
corticothérapie au long cours, immunosuppresseurs ;
- maladies extrêmement diverses : pathologies auto-immunes ou rhumatismales
inflammatoires, lymphopénie CD4+ idiopathique, sarcoïdose, diabète
insulinodépendant, insuffisance rénale chronique, cirrhose hépatique, tuberculose).
- Aucun facteur de risque connu n’est retrouvé : il est possible qu'un déficit
immunitaire subtil soit à l'origine de ces infections.

4. Physiopathologie
La porte d'entrée pulmonaire par inhalation est le mode de contamination habituel. Une
porte d'entrée cutanée traumatique est possible, responsable de cryptococcoses cutanées
primitives, y compris chez des sujets immunocompétents. L'une des hypothèses est que les
particules infectantes inhalées se maintiennent dans l'organisme (probablement dans les
macrophages alvéolaires) jusqu'à l'apparition d'un déficit immunitaire qui leur permettrait
de sortir de cette phase dormante, de se multiplier et de disséminer dans tous les organes
après une fongémie.

II. Diagnostic
TDD : méningo-encephalite à cryptocoques
1. Clinique
Il s'agit d'une méningo-encéphalite à début volontiers insidieux, progressif, pouvant mettre
plusieurs semaines ou mois à constituer un tableau clinique avec céphalées, modification de
l'humeur ou du caractère, paralysie d'un nerf crânien, puis syndrome méningé plus franc avec
hypertension intracrânienne.

D’autres formes cliniques existent :


- Atteinte pulmonaire : le plus souvent, la primo-infection pulmonaire est
asymptomatique et guérit spontanément.
- Atteinte cutanée : dans les formes disséminées, les lésions sont acnéiformes,
pustuleuses, papuleuses, nodulaires ou ulcéronécrotiques.
- Atteinte osseuse : il s'agit d'abcès froid pseudo-tuberculeux.

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- Formes disséminées : tous les organes peuvent-être atteint : ganglions, rate, foie,
moelle osseuse, prostate

2. Paraclinique
- Examen direct au microscope du liquide de ponction lombaire permet de faire le
diagnostic en montrant un liquide clair à formule mixte ou lymphocytaire avec
hyperprotéinorachie ± hypoglycorachie, la présence, après coloration à l’encre de
Chine, de spores de cryptocoques.
- Culture : C. neoformans ne fait pas partie de la flore commensale de l'homme et
l'isolement de C. neoformans correspond donc toujours à une situation pathologique
à l'exception de très rares cas de colonisation asymptomatique des voies respiratoires
chez des sujets ayant des affections respiratoires chroniques.
- Détection de l'antigène capsulaire polysaccharidique : par la technique
d’agglutination de particules de latex sensibilisées avec des anticorps spécifiques, ou
plus rarement par Elisa. Ces tests ont, en général, une excellente spécificité et
sensibilité (supérieures à 95 %).

III. Traitement
La cryptococcose avec atteinte méningée doit être traitée par une association
d'amphotéricine B (0,7 à 1 mg/kg/j) dès le 1er jour du traitement et de flucytosine (5-FC)
(100 mg/kg/j) pendant en règle au moins 14 jours si l'évolution est bonne. Un relais par du
fluconazole peut alors être fait à la dose d'au moins 800 mg/j sur 2 mois puis 200 mg/j en
prophylaxie secondaire tant que l'immunodépression persiste.
Des ponctions lombaires soustractives(+++) doivent être réalisées en cas hyperpression du
LCR, ce qui améliore nettement le pronostic de la maladie ;

Aspergilloses
I. Généralités
1. Définition
Le terme aspergillose regroupe les manifestations liées soit à l'allergie, à la colonisation ou à
l'invasion tissulaire par Aspergillus, champignon ubiquitaire. Ce sont des infections
essentiellement opportunistes à manifestations surtout pulmonaires.

2. Intérêt
Epidémiologique : Les aspergilloses sont au deuxième rang des infections mycotiques chez
le patient immunodéprimé notamment chez le patients d’hématologie et de réanimation.
Pronostique : le pronostic est sévère surtout pour les atteintes invasives multiviscérales
avec une mortalité élevée malgré les traitements.

3. Epidémiologie
Fréquence et répartition géographique : La prévalence de la maladie reste mal estimée
dans les études surtout en Afrique. Les Aspergillus sont des champignons ubiquitaires

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Description de l’agent pathogène : les aspergillus sont des champignons filamenteux
appartenant à la famille des Aspergillus et à la classe des Ascomycètes. Ce sont des
champignons imparfaits dont le mode de reproduction et de propagation s’effectue par des
spores ou conidies. Aspergillus fumigatus est en cause dans 80 % des cas, A. flavus dans 10 %
et A. niger, nidulans et terrus se partagent les 10 % restants.

Réservoir : Les Aspergillus sont préférentiellement retrouvés dans les denrées alimentaires
(fruits, légumes, pain) et dans la poussière de maison dans les endroits peu accessibles au
nettoyage, les climatiseurs, les humidificateurs, les solutions liquides, les vêtements. Les
périodes de travaux dans les établissements hospitaliers sont à très haut risque de
contamination aspergillaire.

Facteurs favorisants la maladie :


- l'existence de lésions bronchiques ou pulmonaires (cavités détergées, bronchectasies,
emphysème)
- les déficits immunitaires(neutropénie profonde et prolongée, corticothérapie).

4. Physiopathologie
Le champignon peut être responsable d'un simple parasitisme dans une cavité préformée
(aspergillome) ; les éventuelles hémoptysies surviennent à partir de la vascularisation
artérielle bronchique.
Les infections invasives concernent surtout les patients agranulocytaires et sous
corticothérapie à forte dose. Le tropisme vasculaire des Aspergillus est responsable de
thrombose avec foyer d'infarcissement hémorragique et de nécrose et dissémination.
Les aspergilloses bronchopulmonaires allergiques témoignent d'une hypersensibilité aux
antigènes avec un tableau d'asthme allergique.

II. Diagnostic
1. Clinique
- Atteintes pulmonaires
On distingue trois présentations cliniques : l’aspergillome, l’aspergillose pulmonaire
invasive, les aspergilloses immuno-allergiques.
o Aspergillome
Il résulte de la colonisation d’une cavité préformée (le plus souvent secondaire à une
tuberculose ou unesarcoïdose) par Aspergillus. Les signes sont dominés par une toux,
expectoration, fièvrerésistant aux antibiotiques, asthénie et amaigrissement On observe à la
radiographie thoracique une image dite en grelot : envahissement de toute la cavité en
laissant un espace clair au niveau du sommet.

o Aspergillose pulmonaire invasive :


Il s’agit de la maladie la plus grave et la plus redoutée liée aux Aspergillus. Outre les signes
cliniques de pneumopathie fébrile, l’examen clinique peut retrouver toux,

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dyspnée, hypoxie, hémoptysies et douleurs thoraciques.Le diagnostic doit être évoqué chez
tout patient immunodéprimé devant une fièvre résistante depuisplus de 48 heures à une
antibiothérapie à large spectre.
Le diagnostic est fait par la recherche de Aspergillus dans le LBA ou par le scanner
thoracique. Le scanner thoracique permet l’observation précoce d’un infiltrat pulmonaire
associé au « signe du halo » (qui correspond au liseré hémorragique entourant le foyer rond
d'infarctus) et plus tardivement, le « signe du croissant gazeux » (excavation traduisant une
nécrose centrale au sein d’une aire de condensation).
Le bilan d’extension doit fairerechercher des localisations cérébrales, sinusiennes,
hépatiques, rénales, cardiaques et cutanées.
Elle est de très mauvaispronostic.

o Aspergilloses immuno-allergiques
Le champignon filamenteux se comporte ici comme tout autre allergène et peut entraîner
quatre tableaux principaux :l’aspergillose bronchopulmonaire allergique, l’asthme
aspergillaire, l’alvéolite allergique extrinsèque, la sinusite fongique allergique. Le diagnostic
de l’aspergillose broncho-pulmonaire allergique repose sur l’association d’une dyspnée
fébrileavec infiltrats pulmonaires et de signes biologiques de réaction d’hypersensibilité
immédiate(hyperéosinophilie sanguine, augmentation des IgE totales).

- Atteintes extrapulmonaires
Compte tenu de son caractère invasif, l’infection aspergillaire peut s’étendre à d’autres
organes :
o atteintes sinusiennes : douleurs locales, œdème facial, exophtalmie.
o atteintes cutanées : sous l'aspect de pustules avec une évolution possible vers
la nécrose.
o atteintes du système nerveux central : abcès cérébraux.
o atteintes osseuses notamment des vertèbres, côtes, parois des sinus.
o ulcérations digestives oesogastriques ou intestinales sont possibles, ainsi que
des atteintes hépatospléniques et péritonéales.
o atteinte rénale survient dans 10 % des cas.
o atteintes péricardiques pouvant se manifester par des tamponnades.

2. Paraclinique
La confirmation diagnostique est difficile.
- Les hémocultures sont négatives, même dans les formes généralisées.
- La biopsie pulmonaire qui pourrait apporter la preuve est souvent
contreindiquéepar le terrain.La présence à'Aspergillus dans un prélèvement distal
bronchique, dansun LBA (lavage broncho-alvéolaire), voire dans l'expectoration, a
unetrès grande valeur diagnostique, bien que non formelle chez un
sujetneutropénique porteur d'une pneumopathie nodulaire inexpliquée. Surd'autres
terrains, la présence d'Aspergillus dans l'expectoration est leplus souvent synonyme
de colonisation.

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- La recherche de l'antigène soluble galactomannane dans le sérumest très
spécifique chez l'adulte. Des faux positifs sont cependantnotés à partir de
l'alimentation ou de l'utilisation de pénicillines semisynthétiques.
- Le test ELISA est plus sensible que le test au latex et doit êtrerecontrôlé en cas de
positivité. La positivitéde l'antigène galactomannane dans le LBA est également un
argument diagnostiqueen particulier chez le patient non neutropénique.
- Les techniquesde PCR sur sérum ont volontiers une bonne sensibilité et une bonne
spécificité chez les patients neutropéniques, mais restent non standardisées etdonc le
plus souvent non disponibles en pratique clinique quotidienne.
- La preuve diagnostique peut venir de la culture d'un site stérile et del'examen
histologique d'une biopsie montrant la présence de filamentsseptés.

III. Traitement
1. Curatif
Le traitement curatif des aspergilloses invasives de 1re intention reposesur le voriconazole
intraveineux avec dose de charge le 1er jour puis relaisoral après quelques jours.
L'amphotéricine B liposomale représente une alternativeen cas d'insuffisance rénale. Le
traitement doit être prolongé tant que l'immunodépression persiste.

2. Préventif
La prévention de l'aspergillose nosocomiale consiste à éviter les contaminations aériennes
(liées aux travaux). Une chimioprophylaxie par posaconazole est maintenant recommandée
chez les patients d'hématologie les plus à risque.

Histoplasmoses
I. Généralités
1. Définition
Elle est due à un champignon dimorphiqueHistoplasmacapsulatum qui possède deux variétés
infectantes pour l’homme : H. capsulatum var. capsulatum et H. capsulatum var. duboisii.

2. Intérêt
Epidémiologique : Il s’agit d’une mycose très fréquente dans plusieurs parties du monde.
Elle connait un regain d’interet avec l’infection à VIH, les traitements tels que les
corticoïdes, les immunosuppresseurs, les chimiothérapies qui sont responsables d’une
immunodépression.

Diagnostique : elle est sous-diagnostiquée en Afrique.

Pronostique : la mortalité reste élevée ;

3. Epidémiologie

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Fréquence et répartition géographique : l’histoplasmose est présente partout dans le
monde sauf en Antarctique. Il existe une nette prédominance masculine de l’infection. La
variété duboisii, cause de l’histoplasmose dite africaine, a été seulement détectée en Afrique
et à Madagascar et sa prévalence est probablement sous-estimée.

Mode de transmission : aérienne par inhalation des spores pour H. capsulatum. Il n’y a pas
de transmission interhumaine. Le mode de transmission de H. duboisii est inconnu.

Réservoir : présent dans le sol riche en fientes d'oiseaux ou en guano de chauves-souris


(grottes).

Facteurs de risque :
- Pour H. capsulatum var capsulatum
o patients immunodéprimés infectés par le VIH,
o patients transplantés d’organe,
o patient sous corticoïdes ou sous anti-TNFα
o Patients traités par des immunosuppresseurs.
- Pour H. capsulatum var duboisii:
o Survient en majorité chez l’immunocompétent qui a séjourné longtemps en
zone d’endémie
o peut se développer chez des patients atteints par le VIH avec des CD4+ <
200/mm3.

4. Physiopathologie
La principale porte d’entrée de l’infection est respiratoire (rarement cutanée ou digestive) par
inhalation demicroconidies qui pénètrent jusqu’aux alvéoles pulmonaires. Les conidies sont
ensuite phagocytées parles macrophages alvéolaires où elles se changent en levures. Elles se
disséminent ensuite via le système réticuloendothélial. De nombreuses cytokines pro-
inflammatoires sont sécrétées en réponse à l’infection comme le TNF-α, l’INF-γ (primo-
infection et infection secondaire) et l’IL-12 (primo-infection). D’autres cytokinescomme l’IL-
17, l’IL-23 et l’IL-10 régulent cette réponse inflammatoire

II. Diagnostic
1. Clinique
Les deux variétés se distinguent cliniquement

Histoplasmose à H. capsulatum ou histoplasmose américaine


L’incubation est de 14 jours en médiane (7-21 j). L’infection est asymptomatique ou peu
symptomatique dans≥ 90 % des cas, ne nécessitant aucun traitement.Quandl’infection est
symptomatique, trois formes la caractérisent :
- Histoplasmose pulmonaire aiguë : se manifeste par des signes d’infection respiratoire
basse fébriles non spécifiques : toux, fièvre, frissons, dyspnée, douleurs thoraciques.
L’examen clinique est pauvre. La résolution est spontanée en < 10 jours.

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- Histoplasmose pulmonaire cavitaire chronique : atteint plus souvent les hommes >
50 ans et survient sur des pathologies pulmonaires chroniques, notamment
l’emphysème. Elle se manifeste par une aggravation de dyspnée, de la fièvre, de la
toux, uneperte de poids, des sueurs nocturnes, des douleurs thoraciques voire des
hémoptysies.
- Histoplasmose disséminée : survient principalement chez les patients
immunodéprimés avecatteinte polyviscérale et rarement chez les immunocompétents.

Histoplasmose à H. duboisii
Le poumon semble moins touché que dans l'histoplasmose à H. capsulatum. Les malades se
présentent avec une ou plusieurs des 3 principales localisations de la maladie :
- Cutanée : sous la forme de papules ou de nodules avec une ombilication centrale assez
caractéristique,
- Osseuse : atteinte pseudo-tuberculeuse avec ostéolyse
- Ganglionnaire : adénopathies périphériques indolores, fermes et volumineuses.

2. Paraclinique
Le champignon peut être cultivé à partir d'expectoration, de pus, d'hémoculture, de frottis
d'ulcération, de ponction de moelle osseuse, de biopsie de peau ou d'organe profond.
L'examen direct des produits pathologiques peut montrer les levures caractéristiques :
petites, ovales de 3-4 pm dans les histiocytes (H. c.) ou grandes de 15-20 pm, en forme de
citron dans des cellules géantes (H. d.). La détection d’anticorps est la technique de référence
pour le diagnostic sérologique d’histoplasmose. Sa spécificité est proche de 95-99 %.

III. Traitement
Le traitement d'attaque des formes disséminées est l'amphotéricine B liposomale en
perfusion. L'itraconazole est également très efficace. Le traitement Itraconazole dure 2 mois
à 6 mois à raison de 200 à 400 mg/j.

Autres mycoses profondes


I. Coccidioïdomycose
C’est une mycose due à Coccidioidesimmitis ou posadasii. Le risque est plus élevé en cas de
déficit de l'immunité cellulaire et chez les patients âgés. On note des formes respiratoires
(sous forme d’un syndrome grippal) ou extra-respiratoires (cutanée, méningée, ostéo-
articulaire).Le diagnostic se fait par la mise en culture des prélèvements, la recherche de
l’antigène spécifique.

II. Paracoccidioïdomycose
Paracoccidioidesbrasiliensis est l'agent responsable. La forme chronique associe une atteinte
pulmonaire à une atteinte cutanéomuqueuse.

III. Zygomycoses
Les zygomycoses, synonyme de mucormycoses sont dues àdes champignons filamenteux.

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Ils provoquent des infections angio-invasives chez les patients diabétiques et les patients
neutropéniques, les transplantés d'organes et lespatients dialyses.

IV. Penicilliose
Due à Talaromycesmarneffei (anciennement Penicillium)
Epidemiologie : Zones endémiques: Asie du Sud Est. Infection invasive généralement sur
terrain VIH avec < 50 CD4+/mm3.
Diagnostic : Elle se manifeste par une anémie, une organique variable (cutanée, méningée,
digestive, hépatique…). Culture de moelle osseuse, biopsie cutanée, hémocultures souvent
positives.
Traitement: Amphotéricine B ± flucytosine et Itraconazole.

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