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FACULTE DE MEDECINE IBN EL JAZZAR DE SOUSSE

Année universitaire 2020-2021

Troisième année Médecine (DCEM1)

BRUCELLOSE

Enseignants :
Pr Amel Omezzine-Letaïef
Pr Wissem Hachfi
Pr Ag Foued Bellazreg
Dr Nadia Ben Lasfar
Dr Maha Abid
Dr Sana Rouis

Objectifs :
1- évoquer le diagnostic de brucellose à partir des données épidémio-cliniques et biologiques
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2- énumérer les examens complémentaires de confirmation de la brucellose pour chaque stade de


l’infection
3- reconnaître les principales focalisations de la brucellose
4- planifier la prise en charge curative d’une brucellose
5- citer les principales mesures préventives de la brucellose

Pré requis :
Thème 33 :
- cours de Microbiologie : «Brucella»
- cours de Maladies Infectieuses : « les Antibiotiques»

Plan :
Pré-test
I- Introduction
II- Bactériologie
III- Epidémiologie
IV- Physiopathologie
V- Clinique
VI- Diagnostic bactériologique
VII- Traitement
Post-test

Pré-test
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1- La brucellose:
A- est due à une bactérie intracellulaire
B- est une infection endémique en Tunisie
C- est une infection strictement humaine
D- est une maladie à déclaration obligatoire
E- est une maladie professionnelle

2- Les deux modes de contamination les plus fréquents par la brucellose sont :
A- allaitement
B- cutané
C- digestif
D- materno fœtal
E- respiratoire

3- La focalisation la plus fréquente de la brucellose est :


A- cardiaque
B- digestive
C- génito-urinaire
D- neurologique
E- ostéo articulaire

4- Les localisations ostéo articulaires les plus fréquentes de la brucellose sont :


A- cheville
B- hanche
C- genou
D- rachis
E- sacro iliaques

5- L’antibiothérapie de première intention de la brucellose aigue septicémique comporte :


A- amoxicilline-acide clavulanique
B- ciprofloxacine
C- doxycycline
D- vancomycine
E- rifampicine

6- La durée de l’antibiothérapie d’une brucellose aigue septicémique est :


A- 2 semaines
B- 3 semaines
C- 4 semaines
D- 5 semaines
E- 6 semaines

I- Introduction
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La brucellose est une infection commune à l’homme et certains animaux / bétail (anthropozoonose)
due à des bactéries du genre Brucella. C’est une maladie professionnelle à déclaration obligatoire,
endémique dans notre pays et pose un problème de santé publique.

II- Bactériologie
Brucella est un coccobacille à Gram négatif qui pousse lentement (1 à 2 semaines) sur milieux de
culture spéciaux (Castaneda). L’espèce le plus fréquemment responsable de brucellose humaine est
B. melitensis.

III- Epidémiologie :
1- Maladie animale :
Brucella atteint essentiellement les ruminants (ovins, caprins, bovins) et donne une affection
génitale abortive. Les animaux malades excrètent les brucelles dans les produits d’avortement, le
placenta, les urines, le lait.
2- Contamination humaine :
- cutanéo-muqueuse (directe) : la plus fréquente, le plus souvent cutanée (excoriations) parfois
conjonctivale, rarement respiratoire par inhalation de poussières infectées. intéresse les sujets
manipulant les produits d’avortement et de mise-bas, le sol et le fumier contaminé.
- digestive (indirecte) : consommation de lait cru ou caillé, fromage frais…
- autres (très rares) :
. au laboratoire : lors des manipulations de cultures de brucelles
. inter humaine : materno-fœtale, allaitement
3- Fréquence de la brucellose humaine en Tunisie :
la brucellose est endémique surtout dans les régions du centre-ouest, du nord-ouest et du sud.

IV- Physiopathologie :
1- pénétration et migration locorégionale :
Après pénétration par voie cutanée ou digestive, les brucelles migrent par voie lymphatique
jusqu’au premier relais ganglionnaire où elles se multiplient. C’est la phase d’incubation (1 à 2
semaines), silencieuse.
2- dissémination septicémique :
La primo-invasion brucellienne est due à une dissémination septicémique du germe à partir du
ganglion initial. Le germe va alors envahir tous les tissus riches en cellules réticulo-endothéliales
(ganglions, foie, rate, os ...) où vont se constituer d’emblée des foyers bactériens intracellulaires
entourés d’une réaction inflammatoire histiocytaire.
Au cours de cette phase, surviennent les manifestations cliniques aiguës et générales de la
brucellose. Les hémocultures sont habituellement positives. C’est à partir de la 2 ème semaine que la
formation d’anticorps spécifiques va s’opposer au développement de l’infection.
Cette phase septicémique peut évoluer vers la guérison (spontanée) ou être suivie d’une
focalisation. Le passage à la chronicité est très rare.
3- guérison :
La guérison est habituelle dans la majorité des cas même en l’absence d’un traitement et ceci grâce
à la mise en jeu du système immunitaire. Comme les brucelles sont des bactéries à croissance
intracellulaire facultative, il y aura intervention de l’immunité cellulaire avec induction des cellules
T spécifiques permettant de protéger l’hôte contre les réinfections. Une réaction humorale est aussi
constamment observée aboutissant à la formation d’IgG ainsi que des IgA spécifiques.
Toutefois, le germe peut persister dans l’organisme et se réactiver à n’importe quel moment surtout
au cours d’une immunodépression réalisant ainsi des rechutes.
4- focalisation : correspond à des métastases septiques par voie hématogène
5- chronicité.

V- Clinique
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90% des contaminations sont asymptomatiques. Les manifestations cliniques de la brucellose sont
polymorphes et peu spécifiques surtout au début de la maladie.
A- forme aigue septicémique : TDD : fièvre ondulante sudoro-algique
* début souvent progressif : fièvre, asthénie
* phase d’état :
- fièvre : souvent prolongée (plusieurs semaines), ondulante (entrecoupée de quelques jours
d’apyrexie spontanée), bien tolérée. Le caractère ondulant, fortement évocateur, est rarement
observé en pratique courant car il n’est pas constant et vu l’utilisation fréquente d’antipyrétiques.
. sueurs : profuses, nocturnes ayant une odeur fétide dite de «paille mouillée»
. douleurs : arthralgies, myalgies
- examen clinique : note rarement :
. splénomégalie, hépatomégalie, adénopathies superficielles
. sacroiliite
. orchite unilatérale
* Il faut noter que tous ces signes peuvent manquer et se pose alors le diagnostic d’une fièvre
prolongée isolée avec retentissement général minime.

B- Evolution : guérison, focalisation ou passage à la chronicité.


1. Brucellose focalisée : caractérisée par la présence d’une focalisation pouvant apparaître au cours
ou au décours de la phase aigue septicémique. L’évolution est souvent progressive sur quelques
semaines voire quelques mois.
a- focalisations ostéo-articulaires : les plus fréquentes des focalisations brucelliennes.
- spondylodiscite : localisation la plus commune. Tous les étages surtout lombaire peuvent être
touchés : rachialgies inflammatoires avec parfois douleurs radiculaires ou des signes neurologiques
(paraparésie/paraplégie, monoparésie…) en rapport avec une compression médullaire ou
radiculaire. Radiologiquement les signes apparaissent quelques semaines après le début des
symptômes : ostéolyse du corps vertébral, pincement discal. l’IRM est le meilleur examen
d’imagerie suivi de la TDM.
- sacroiliite : souvent unilatérale : douleur locale avec ou sans irradiation sciatique, s’intensifiant à
la marche avec à l’examen une douleur à l’écartement des sacro-iliaques.
- arthrites périphériques : rares. la hanche et les genoux sont les plus touchés, souvent associées à
une sacroiliite ou à une spondylodiscite.
b- neurobrucellose :
a- méningite : lymphocytaire hypoglycorachique hyperprotéinorachique, isolée ou associée à :
b-encéphalite : troubles du comportement, dysarthrie, convulsions, paralysie des paires crâniennes…
c- myélite, radiculite : paraplégie ; monoplégie, névralgies…
c- autres focalisations :
- hépatite : fréquente au cours de la phase aiguë et évolue vers la guérison.
- orchiépididymite : souvent unilatérale, non suppurée pas et n’évolue pas vers l’atrophie.
- endocardite : grave, caractérisée par de grosses végétations.

2- Brucellose chronique : exceptionnelle en pratique courante. peut survenir en l’absence de tout


épisode antérieur ou être précédée d’une brucellose aiguë. son expression est double :
a. afocale : symptomatologie générale subjective / état de patraquerie (asthénie physique, psychique
et sexuelle), sueurs et polyalgies à l’effort
b. focale (brucellomes) : foyers quiescents ou peu évolutifs osseux, neuroméningés ou viscéraux
(hépatiques, spléniques, rénaux) découverts souvent fortuitement devant une symptomatologie
générale subjective.

VI- Diagnostic bactériologique :


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1- diagnostic direct : isolement de la bactérie.


a. hémocultures : sur milieu diphasique (Castaneda), positives surtout au cours de la phase
septicémique, rarement pendant la phase de focalisation (se positivent lentement, en 1 à 2 semaines)
b. autres prélèvements : ponction biopsie discovertébrale, LCR…
2- sérologie :
a. sérologie de Wright : permet le diagnostic de brucellose dans la quasi-totalité des cas.
- méthode de référence, sensible, spécifique et simple (résultat en 24 heures), met en évidence des
IgM. se positive à partir du 15ème jour d’évolution (seuil de positivité 1/80). le titre augmente ensuite
puis diminue jusqu’à la négativité ou à titre très faible qui peut persister jusqu’à 1 an.
b. card-test  (test au rose bengale) : méthode sensible, spécifique, et simple : une goutte d’antigène 
de brucelles tuées colorées au rose bengale est mélangée avec une goutte de sérum du patient. La
lecture est immédiate à l’œil nu : on apprécie la présence éventuelle d’une agglutination dont
l’intensité est appréciée en nombre de croix (+ à ++++). Cette réaction mettant en évidence des IgG
se positive un peu plus tardivement que la sérologie de Wright et le demeure plus longtemps.
→ utilisation pratique des différents tests :
* phase septicémique : le diagnostic est fait par les hémocultures pendant les 2 premières semaines
et par la sérologie (Wright + card-test) au-delà.
* phase de focalisation : les hémocultures sont souvent négatives et le diagnostic est sérologique.
3. examens non spécifiques :
- NFS : leuconeutropénie ou leucocytose normale, thrombopénie, anémie (modérées).

VII- Traitement :
A- Curatif :
Les antibiotiques ne doivent être prescrits que dans les formes évolutives (forme aiguë septicémique
et forme focalisée), ils sont inefficaces donc non indiquées les brucelloses chroniques.
1. brucellose aiguë :
- traitement de référence : doxycycline + rifampicine pendant 6 semaines
b. brucellose focalisée :
b.1 ostéo-articulaire : doxycycline + rifampicine x 3 à 6 mois ; immobilisation
b.2 neuro-méningée : doxycycline + rifampicine (+ ceftriaxone le premier mois) x 6 à 12 mois
b.3 cardiaque : doxycycline + rifampicine + cotrimoxazole ( gentamicine x 2 à 3 semaines) x 3 à 6 mois
remplacement valvulaire souvent nécessaire 
B- Préventif :
étant donné que l’infestation animale précède l’infestation humaine. La prophylaxie vétérinaire est
la principale étape de défense contre la brucellose humaine.
1. prophylaxie animale :
- abattage des animaux atteints de brucellose
- vaccination systématique des jeunes animaux
2. prophylaxie humaine :
- mesures générale d’hygiène :
. éviter la consommation du lait et dérivés frais, pasteurisation du lait / ébullition domestique
. désinfection des mains après chaque contact suspect, protection vestimentaire
- vaccination des sujets à haut risque : bergers, vétérinaires, personnel de laboratoire…
- déclaration : obligatoire.
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Post-test

1- La brucellose:
A- est due à une bactérie intracellulaire
B- est une infection endémique en Tunisie
C- est une infection strictement humaine
D- est une maladie à déclaration obligatoire
E- est une maladie professionnelle

2- Les deux modes de contamination les plus fréquents par la brucellose sont :
A- allaitement
B- cutané
C- digestif
D- materno fœtal
E- respiratoire

3- La focalisation la plus fréquente de la brucellose est :


A- cardiaque
B- digestive
C- génito-urinaire
D- neurologique
E- ostéo articulaire

4- Les localisations ostéo articulaires les plus fréquentes de la brucellose sont :


A- cheville
B- hanche
C- genou
D- rachis
E- sacro iliaques

5- L’antibiothérapie de première intention de la brucellose aigue septicémique comporte :


A- amoxicilline-acide clavulanique
B- ciprofloxacine
C- doxycycline
D- vancomycine
E- rifampicine

6- La durée de l’antibiothérapie d’une brucellose aigue septicémique est :


A- 2 semaines
B- 3 semaines
C- 4 semaines
D- 5 semaines
E- 6 semaines
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Réponses au pré-test / post-test

1- A, B, D, E
2- B, C
3- E
4- D, E
5- C, E
6- E

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