Vous êtes sur la page 1sur 28

Chikungunya

Préparé par Dr DESAUGUSTE Williamson


DCEMI
Objectifs

• Reconnaître cliniquement la pathologie


• Etre capable de faire la différence avec les autres pathologies similaires
• Pouvoir faire une prise en charge adéquate
Plan

• Introduction
• Etiologies
• Vecteur
• Réservoir
• Cycle
• Clinique
• Diagnostic
• Traitement
• Prévention
Généralités

• Le chikungunya (en abrégé, le chik), est une maladie infectieuse tropicale


provoquée par le virus du chikungunya (CHIKV),
un arbovirus du genre Alphavirus, famille des Togaviridae. Elle est transmise par
des moustiques du genre Aedes.
• la traduction de chikungunya en français signifie « maladie qui brise les os » ou
« maladie de l'homme courbé » car elle occasionne de très fortes
douleurs articulaires associées à une raideur, ce qui donne aux patients infectés
une attitude courbée très caractéristique.
Mode de transmission et cycle

• La transmission du virus d'un humain malade à un moustique se fait par le sang


aspiré lors de la piqûre. La contamination d'un homme sain est réalisée par la
salive de moustiques qui ont été infectés quelques jours ou quelques semaines
auparavant. Seuls les moustiques femelles piquent. Plusieurs espèces
de moustiques sont susceptibles de transmettre le chikungunya, mais seules Aedes
aegypti et Aedes albopictus ont été à ce jour identifiées comme vecteurs
épidémiques, à cause de leur adaptation aux zones d'habitat humain .
Mode de transmission et cycle

• Comme chez la majorité des espèces culicidiennes, seule la femelle est


hématophage (c'est-à-dire qu'elle doit se nourrir de sang pour assurer le
développement de ses ovaires et de ses œufs) et donc capable de transmettre le
chikungunya.
• Cette capacité « vectorielle » de la femelle Aedes s’explique par une faculté à
dupliquer le virus (et non pas par la quantité de sang absorbé, bien insuffisante).
Et contrairement aux idées reçues, ce n’est pas en absorbant le sang mais juste
avant, en injectant un peu de salive anticoagulante et anesthésiante dans un
vaisseau sanguin de sa victime, que le moustique infecte l'hôte.
Mode de transmission et cycle

• Un moustique femelle s’infecte en piquant un humain ou un animal contaminé. Le


sang traverse ensuite la frontière stomacale de l’animal. L'Aedes femelle ne sera
alors infectante qu'après plusieurs jours de développement du virus dans son corps
jusqu'à ce qu'il arrive aux glandes salivaires. La femelle devenue infectante le
reste toute sa vie, soit environ un mois. Or, elle pique et pond tous les quatre jours
environ. Sept à huit transmissions du virus par le moustique sont donc possibles
avec contamination d'autant de personnes.
Mode de transmission et cycle

• La transmission directe du virus d'homme à homme n’a jamais été observée. La


transmission est dite indirecte car elle nécessite la présence d'un moustique
vecteur : Stegomyia albopicta ou St. aegypti essentiellement.
Mode de transmission et cycle

• Il existe une transmission in utero du virus de la mère à l'enfant (une quarantaine


de cas ont été décrits en 2005-2006 à La Réunion). Le chikungunya peut alors
induire des lésions neurologiques graves chez le fœtus, pouvant entraîner son
décès in utero au cours du second trimestre (3 cas à La Réunion). Mais le risque
essentiel est constitué par l'accouchement en période virémique, c’est-à-dire
pendant que la future maman est malade du chikungunya. Dans la moitié des cas,
l'enfant est alors contaminé par le virus et fait une encéphalite dans 10 % des cas.
Mode de transmission et cycle

• Le réservoir non-humain est constitué de primates et de petits mammifères


• En Afrique et en Asie, il est principalement représenté par les singes et d’autres
vertébrés. D’autres espèces peuvent être infectées, notamment l’homme. En
période épidémique, le seul réservoir est l’homme.
Mode de transmission et cycle

• Diverses espèces de moustiques, telles que Aedes (Diceromyia) furcifer, Aedes


(Diceromyia) taylori, Aedes africanus, Aedes luteocephalus(en), Aedes
(Stegomyia) albopictus et Aedes (Stegomyia) aegypti sont les vecteurs du virus du
chikungunya.
Symptomatologie

• Le chikungunya est une arbovirose classée algo-éruptive avec un syndrome


similaire à celui de la dengue, classiquement décrite comme bénigne, d’évolution
aiguë ou sub-aiguë.
• Après une incubation de 4 à 7 jours en moyenne (mais qui pourrait être comprise
entre 1 et 12 jours, selon la littérature5), apparaît brutalement une fièvre élevée
accompagnée d’arthralgies qui peuvent être intenses touchant principalement les
extrémités des membres (poignets, chevilles, phalanges), mais également le rachis
et qui peuvent confiner le patient en position couchée paralytique pendant
plusieurs heures.
Symptomatologie

• L'atteinte articulaire est, en général, bilatérale, atteignant plusieurs cibles : doigts,


poignets, coudes, orteils, genoux… Les douleurs sont fréquemment décrites
comme atroces et « poussant au suicide ». Surviennent également
des myalgies (douleurs musculaires), des céphalées et une éruption maculo-
papuleuse dans plus de la moitié des cas. Des hémorragies bénignes à type de
gingivorragies sont observées, surtout chez les enfants. Enfin, il existe des
infections asymptomatiques et l’immunité acquise paraît précoce et durable.
Symptomatologie

• L’évolution clinique est variable. Elle peut être rapidement favorable, le malade
répondant bien au traitement symptomatique, mais la maladie peut aussi évoluer
vers une phase chronique marquée par des arthralgies persistantes, incapacitantes,
erratiques, symétriques ou non, causes de dépression. Une phase matinale de
dérouillage parfois longue (une demi-heure à une heure) est parfois nécessaire
avant le démarrage des activités. D’autres signes sont décrits à La
Réunion : agueusie, sensation de vives brûlures de la plante des pieds, gênant la
marche…
Symptomatologie

• Pendant la convalescence qui peut durer plusieurs semaines, le


malade est en proie à une asthénie importante et souvent à des
arthropathies (atteinte des articulations) douloureuses et
invalidantes. Si la maladie est réputée bénigne et très souvent
inapparente, ont été notées à La Réunion des formes plus graves non
décrites dans la littérature médicale.
• Les enfants ne présentent que rarement ces douleurs articulaires.
Chez eux le chikungunya se traduit comme une simple grippe.
Symptomatologie

• L'éruption est présente essentiellement sur le torse, les jambes et la face, de type
maculo-papulaire (ressemblant à celle de la rougeole) mais d'autres formes sont
possibles.
• Des syndromes digestifs sont présents dans près de la moitié des cas : douleurs
abdominales, diarrhée…
• Environ 10 % des cas sont asymptomatiques (ne présentant aucun signe et
découverts uniquement sur des arguments biologiques)
Diagnostic différentiel

• Les premiers symptômes peuvent faire penser à une crise de paludisme ou


de grippe, ou de leptospirose, ou à une septicémie, une méningite, etc. Le
chikungunya est une maladie qui présente des similitudes avec la dengue :
douleurs musculaires et articulaires, forte fièvre, maux de tête, éruption sur la
peau…
Biologie

• La virémie, c’est-à-dire la période de présence du virus dans le sang et donc de


transmission possible, s’étale pendant cette période pendant laquelle le génome
viral peut être mis en évidence dans l'organisme par RT-PCR. Les anticorps
immunoglobulines M (IgM) apparaissent vers le 5e jour de la maladie et persistent
plusieurs mois. Les IgM sont assez peu spécifiques et des faux positifs sont dus à
des mécanismes de stimulation polyclonale par d'autres maladies infectieuses.
Biologie

• Puis, apparaissent les IgG à partir du 15e jour, qui durant plusieurs années, voire
décennies, sont spécifiques du chikungunya (anticorps dirigés contre les protéines
de la membrane du virus) et protecteurs. L’immunité est donc estimée acquise à
vie, ce qui signifie en l'état actuel des connaissances qu'une personne ayant eu le
chikungunya ne peut être atteinte une deuxième fois.
Prévention

• Lutte anti-vectorielle à Tamatave (Madagascar) en 2006, lors de l’épidémie de


chikungunya (photo : B-A Gaüzère).
• La protection individuelle s'appuie sur le port de vêtements longs et clairs et
l'usage de lotions répulsives tôt le matin et en fin de journée, mais celles-ci ont
une durée d'efficacité limitée (4 à 8 heures selon les produits), la moustiquaire
imprégnée de répulsifs, la pose de grillages sur les ouvertures des maisons.
Prévention

• En raison de la très forte virémie pendant la maladie (jusqu'à 10 12 copies de virus


par millilitre de sang chez le malade pendant la première semaine de la maladie),
il faut également insister sur la nécessité d'isoler les malades (confinement à
domicile, répulsifs…), afin de limiter la propagation de la maladie via les
moustiques. En effet, en période épidémique, c'est l'homme malade qui constitue
le réservoir principal de virus et qui contribue donc au développement ultérieur de
l'épidémie.
Prévention

• Outre la lutte individuelle contre les piqûres de moustique, la seule


véritable prévention à ce jour consiste donc à combattre la
reproduction et la prolifération des moustiques par élimination des
gîtes larvaires d'eau stagnante par exemple les vases des cimetières,
les bâches des piscines, les récipients abandonnés, les gouttières, les
pneus entreposés à l'extérieur, les déchets. Aedes albopictus,
moustique vecteur du chikungunya est très lié aux activités humaines.
Prévention

• Le chikungunya fait partie de la liste des maladies à déclaration obligatoire en


France métropolitaine, aux Antilles, dans le Pacifique français, et à la Réunion
depuis le 19 décembre 2008. Il ne suffit pas de se protéger soi-même, il faut aussi
penser à la communauté. Il existe pour ce faire un dispositif de surveillance à
l'INVS et un site dédié au signalement des moustiques tigres observés en
métropole
Prévention

• Aucun vaccin n’est actuellement commercialisé. Un vaccin expérimental a été


développé par le United States Army Medical Research Institute of Infectious
Diseases (en). La souche vaccinale (souche thaïlandaise datant de 1962 atténuée
par passages successifs sur cellule Vero de singes), a été cédée par l'Institut de
recherche de l'armée des États-Unis à l'INSERM, mais n’a pu être requalifiée en
raison de l’impossibilité de satisfaire aux exigences actuelles en matière de
produits sanitaires en France et a donc été abandonnée.
Traitement

• Il n’existe pas de traitement anti-viral spécifique et le traitement reste donc


purement symptomatique.
• Ex vivo, la chloroquine (Nivaquine) s'est montrée efficace sur le virus mais pas in
vivo chez l'être humain lors des essais cliniques menés à La Réunion en fin
d’épidémie de 2006 en population générale. Le traitement à la chloroquine sur
l'humain a montré un effet paradoxal en augmentant l’infection au virus du
chikungunya. La chloroquine s’est également montrée inefficace sur le modèle
animal (Macaca fascicularis) testé au CEA.
Traitement

• Le traitement reste donc uniquement symptomatique : antalgiques non salicylés,


dont le paracétamol puis les anti-inflammatoires non stéroïdiens dans le respect
des contre-indications (enfant de moins de trois mois, grossesse), corticoïdes à
doses rapidement dégressives dans les formes chroniques invalidantes, avec
parfois rebond en deçà d’un certain seuil. Les formes rhumatismales chroniques
invalidantes répondent au traitement par méthotrexate ou aux anti-TNF alpha.
Traitement

• Traitement en milieu de réanimation pour les formes les plus graves : ventilation
mécanique, épuration extra-rénale, amines pressives.
• La ribavirine est un médicament anti-viral et semble réduire l'importance ou la
durée des manifestations de l'infection. L'interféron-alpha possède une activité
antivirale in vitro mais n'a pas été testé chez l'être humain.
Références

• Merck Manual
• MSD manual

Vous aimerez peut-être aussi