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LA BRUCELLOSE

OBJECTIFS PEDAGOGIQUES
1-Exposer les arguments épidémiologiques, cliniques et paracliniques en faveur d’une
brucellose et son traitement.
2-Citer les localisations secondaires des brucelloses et leurs méthodes de diagnostic.
3-Identifier les sujets soumis au risque de brucellose et indiquer les mesures prophylactiques
appropriées.
4-Identifier et commenter les indications, la posologie et les effets secondaires des
antibiotiques utilisés dans la brucellose.

INTRODUCTION

C’est une anthropozoonose bactérienne transmise à l’homme par le bétail et caractérisée par
son polymorphisme clinique. Elle porte plusieurs dénominations : mélitococcie, fièvre
méditerranéenne, fièvre ondulante de Malte.
EPIDEMIOLOGIE

Agent causal
Le genre Brucella comprend 6 espèces dont trois sont pathogènes pour l’homme :
Brucella melitensis, Brucella abortus bovis et Brucella suis. Ce sont des cocco-bacilles à
Gram négatif, intracellulaires facultatifs, aérobies, non sporulés, pouvant survivre longtemps
dans la nature.
Réservoir de la bactérie
Il est exclusivement animal. Les ruminants domestiques (bovins, ovins, caprins) et les porcins
occupent la 1ère place.
Contamination humaine
Elle est directe ou indirecte.
Les produits d’avortement, les placentas, les secrétions génitales, les litières et les cultures
bactériennes sont les sources de contamination chez les sujets professionnellement exposés
(éleveurs, vétérinaires, employés des abattoirs, bouchers, bactériologistes, techniciens de
laboratoires..)
Les contaminations non professionnelles sont habituellement indirectes en particulier
alimentaire (lait non pasteurisé et produits transformés à base de lait cru et abats
insuffisamment)

PHYSIOPATHOLOGIE

1. PENETRATION ET MIGRATION LOCO-REGIONALE

Après pénétration cutanéomuqueuse, les germes gagnent le premier relais ganglionnaire où ils
se multiplient. Cette phase correspond à la période d’incubation.
2. PHASE DE DISSEMINATION SEPTICEMIQUE
A partir du premier relais ganglionnaire et par voie lymphatique, est réalisée une
dissémination septicémique qui aboutie à la colonisation du système réticulo-endothélial (foie,
rate, ganglions lymphatiques), de la moelle osseuse et des organes génitaux.

3. LOCALISATIONS SECONDAIRES
A partir de la circulation sanguine, le germe peut atteindre divers tissus (os et système
nerveux), constituant des foyers secondaires. La persistance intra-cellulaire de la bactérie
détermine une réaction granulomateuse lymphohistyocytaire à l’origine de foyers éventuels
ultérieurs. L’immunité humorale apparait après 10 ou 15 jours d’évolution et l’immunité
cellulaire se constitue lentement.

4. BRUCELLOSE CHRONIQUE

Il ne s’agit pas d’une maladie infectieuse au sens propre du terme, mais d’un état
d’hypersensibilité retardée, comparable à celui observé dans la tuberculose.

CLINIQUE

1. BRUCELLOSE AIGUE

1.1. Début
Après une incubation silencieuse de 8 à 15 jours, le début est en général progressif, marqué
par une asthénie et des courbatures.
1.2. Période d’état
Elle est marquée par une fièvre, des sueurs et des douleurs ( fièvre ondulante sudoroalgique).
 La fièvre : Elle est typiquement ondulante. Le pouls n’est pas dissocié.
La fièvre a deux caractères essentiels : c’est une fièvre prolongée avec un état général
conservé (asthénie mais amaigrissement discret).
 Les sueurs : elles sont abondantes, parfois profuses. Elles prédominent la nuit.
 Le syndrome algique : les douleurs sont musculaires, osseuses ou articulaires. Elles
sont fugaces et mobiles.
 L’examen clinique : retrouve de façon inconstante des adénopathies surtout cervicales
et axillaires, une splénomégalie et une hépatomégalie.
Dès ce stade, il faut rechercher une localisation viscérale, en particulier une orchite, une
épididymite ou une sacro-iliite.
1.3. Evolution
L’évolution sous traitement est le plus souvent favorable. Cependant, la convalescence peut
être traînante et une rechute à distance est toujours possible. En l’absence de traitement, la
guérison est possible avec cependant un risque élevé de rechute et de localisations
secondaires.
2. BRUCELLOSES FOCALISEES

Elles peuvent compliquer une forme aiguë ou au contraire paraître primitives et révéler la
brucellose lorsque la phase septicémique n’a pas été diagnostiquée.

2.1. Localisations ostéo-articulaires


Elles sont parmi les plus fréquentes. Elles peuvent être précoces, monoarthrite ou polyarthrite
aiguë fébrile, de résolution spontanée. Elles peuvent au contraire être tardives d’allure
subaiguë, touchant avec prédilection le rachis lombaire.
La sacro-iliite uni ou bilatérale se manifeste par une douleur locale parfois accompagnée
d’une sciatalgie et par un élargissement de l’interligne articulaire sur la radiographie du
bassin. L’évolution se fait lentement vers la guérison.
Les spondylites sont fréquentes et atteignent surtout le rachis lombaire.
Autres localisations : arthrite de hanche, ostéo-arthrite du genou
2.2. Localisations neurologiques
Il s’agit d’une méningite à liquide claire, de méningo-encéphalite et de méningo-
myéloradiculite au contact d’un foyer osseux vertébral.
2.3. Localisations génitales : Il s’agit d’une orchiépididymite aiguë.
2.4. Autres localisations : Pleurale (Pleurésie séro-fibrineuse), pulmonaire (pneumopathie),
hépatique (hépatomégalie, syndrome rétentionnel biologique), endocardiques,
hématopoïétique (pancytopénie), ophtalmiques (uvéite).

3. BRUCELLOSE CHRONIQUE

Il succède en général à une brucellose aiguë ou à plusieurs rechutes. Elle se caractérise avant
tout par un état d’asthénie physique, psychique et sexuelle, des troubles du caractère pouvant
aller jusqu’à un état de mélancolie, par des manifestations objectives inconstantes :
hydarthrose récidivante, iridocyclite à rechute, érythème noueux, fébricule à 38°. L’évolution
est parfois désespérante, non influencée par l’antibiothérapie.

4. AUTRES FORMES CLINIQUES

4.1. Les formes malignes


Elles associent une endocardite, une atteinte hépatique, un syndrome hémorragique. Elles sont
exceptionnelles.
4.2. Formes selon l’âge
La brucellose est une affection de l’adulte jeune, atteignant plus souvent les sujets de sexe
masculin. Chez l’enfant, la maladie est rare et souvent fruste.
4.3. Formes selon le germe
 Brucella melitensis et Brucella suis sont les plus virulents et la primo-infection est en
général bruyante.
 Les formes inapparentes et écourtées sont le fait plutôt de Brucella abortus.
DIAGNOSTIC

1. DIAGNOSTIC POSITIF

Il repose essentiellement sur l’interrogatoire qui recherche des arguments épidémiologiques :


profession exposée, contact avec des animaux infectés, absorption de laitage, de fromage
frais.
1.1. L’hémogramme
Il est habituellement normal avec parfois une leucopénie modérée avec neutropénie.
1.2. Les examens bactériologiques
Les hémocultures doivent être faites avant tout traitement, sur milieux spéciaux (enrichi de
CO2).Elles permettent souvent d’isoler le germe à la phase aiguë septicémique. Dans les
formes focalisées ou vues tardivement la recherche du germe peut se faire par culture d’un
prélèvement biopsique (notamment dans les localisations osseuses).
1.3. La sérologie
 Sérodiagnostic de Wright : est la méthode de référence ; elle met en évidence des
anticorps agglutinants. Ils apparaissent vers le 10ème jour et persistent plusieurs mois
après la guérison. Le titre est significatif lorsqu’il est supérieur à 1/80 ou 100 UI.
L’ascension du titre des anticorps à deux examens successifs est un critère encore plus
sûr d’une infection récente.
 Epreuve de l’antigène tamponné (Rose Bengale) : test simple et rapide
d’agglutination
 Techniques de dosage d’Anticorps : contre-immunoélectrophorèse (CIE),
immunofluorescence indirecte (IFI), Immunochromatographie.
 Biologie moléculaire : PCR à partir de divers produits biologiques (sang, prélèvement
de foyers secondaires)
1.4. L’intradermo-réaction à la mélitine
Ou mieux le test brucellique PS à usage humain (laboratoire Mérieux) est une réaction
d’hypersensibilité retardée. Elle devient positive 2 à 6 semaines après le début de la primo-
infection.

2. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL

2.1. Au stade de fièvre prolongée


On est amené à discuter une maladie de Hodgkin, une endocardite d’Osler, une tuberculose ou
une collagénose.
2.2. En présence d’une localisation osseuse
Il faut éliminer une tuberculose ou une autre atteinte ostéo-articulaire bactérienne
(Staphylocoque, Entérobactérie).

TRAITEMENT

1. MOYENS THERAPEUTIQUE

1.1 Antibiotiques
 Les cyclines : Doxycycline : 200 mg par jour
 La rifampicine : 15 à 20 mg/kg/j.
 Les aminosides : streptomycine, gentamicine, nétromycine ou tobramycine
 Le cotrimoxazole et les fluoroquinolones : sont des traitements alternatifs si contre-
indication des molécules de référence.
1.2. Corticothérapie : Réservée à certaines formes malignes exclusivement.

2. LES INDICATIONS

2.1. Brucellose aiguë


 Bi- Antibiothérapie pendant une durée de 6 à 8 semaines :
• Doxycycline (200mg/jour) associée à la rifampicine (15mg/kg/j) durant 6
semaines.
• Doxycycline durant 6 semaines avec streptomycine (1g/j) pendant 15 à 21 jours
ou un autre aminoside pendant 8 jours
 L’efficacité est jugée sur l’apyrexie qui est obtenue en quelques jours et la disparition
des symptômes en 8 jours.
 Cas particuliers :
Femmes enceintes et nourrissons : Rifampicine.
Enfant de moins de 7 ans : cotrimoxazole (triméthoprime : 5mg/Kg) + gentamicine
2.2. Brucelloses focalisées : Bi-antibiothérapie pendant plus de 3 mois
2.3. Brucellose chronique : L’antibiothérapie n’a pas d’indication

PROPHYLAXIE

 Vaccination du bétail et abatage des animaux malades.


 Hygiène et pasteurisation du lait
 Vaccination humaine réservée aux professions exposées (monde agricole, vétérinaires,
bouchers, employés d’abattoirs…)

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