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OBJECTIFS PEDAGOGIQUES
1- Préciser les modes de transmission du VIH et les mesures de prévention de l’infection
à VIH/Sida
2- Exposer les spécificités épidémiologiques de l’infection à VIH/Sida au Maroc
3- Exposer l’histoire naturelle de l’infection à VIH/Sida
4- Exposer les signes cliniques et biologiques et le traitement préventif et curatif des
principales infections opportunistes survenant au cours du Sida
5- Préciser les indications du test VIH
6- Préciser le diagnostic et le suivi biologique de l’infection à VIH
7- Citer des antirétroviraux et exposer leur classification.
INTRODUCTION
Après la première description aux USA d’un cas de Sida en 1981, l’équipe de Luc
Montagnier (Paris) mettait en évidence, en 1983, l’agent causal, le virus de
l’immunodéficience humaine (VIH) qui fait partie de la famille des Rétrovirus. En quelques
années, cette infection s’est révélée être une pandémie touchant des dizaines de millions
de personnes.
PHYSIOPATHOLOGIE
Le VIH se caractérise par un tropisme important pour les lymphocytes T-CD4, pour les
macrophages et pour les cellules gliales du système nerveux central. Il se caractérise
aussi par une longue latence clinique pendant laquelle le virus continue cependant à se
multiplier.
EPIDEMIOLOGIE
1. SITUATION DANS LE MONDE ( Source :ONUSIDA Juillet 2016 )
2.2- Répartition par sexe : 50% des cas notifiés sont de sexe féminin. Ce pourcentage
est de 59% parmi les jeunes de 15-24 ans.
2.3- Répartition par âge : 3% correspondent aux enfants de moins de 15 ans, 11% aux
jeunes de 15-24 ans et 75% à la population entre 25-44 ans.
2.4- Modes de transmission : La modélisation de l’incidence du VIH au Maroc a montré
que 67,4% des nouveaux cas d’infection surviendraient dans les réseaux commerciaux de
sexe (femmes PS, clients), des HSH et des UDI. La transmission entre conjoints stables
(population à faible risque) représente 25% de l’incidence.
2.5- Populations clés pour l’infection à VIH :
La prévalence de l’infection à VIH est plus élevée chez les populations clés les plus
exposées aux risques d’infection du VIH telles que le professionnelles du sexe (2.0%), les
hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (4.5%), les usagers de drogues
injectables (14%) et les migrants (4.5%). Des prévalences élevées ont aussi été
enregistrées parmi certaines populations vulnérables telles que les détenus (0.3-1%) et
les ouvrières saisonnières (0.4-1%).
DEFINITION ET CLASSIFICATION
1. DEFINITION DU SIDA : Le Sida représente une forme tardive compliquée de
l’infection à VIH. Schématiquement, une personne infectée par le VIH sera classée au
stade de Sida s’il existe au moins un des critères suivants : une infection opportuniste, un
cancer associé au Sida (sarcome de Kaposi, lymphome ou cancer invasif du col de l’utérus),
une encéphalopathie à VIH ou une infection respiratoire récidivante.
2. CLASSIFICATION
La classification de l’infection à VIH, actuellement utilisée est une classification en 3
catégories :
- Catégorie A : patients ayant une infection à VIH asymptomatique, une
lymphadénopathie persistante généralisée (PGL) ou une primo-infection symptomatique.
- Catégorie B : patients ayant une angiomatose bacillaire, une candidose oropharyngée,
une candidose vaginale persistante, fréquente ou qui répond mal au traitement, une
dysplasie du col (modérée ou grave), un carcinome cervical in situ, un syndrome
constitutionnel (fièvre à 38,5°C ou diarrhée supérieure à 1 mois), une leucoplasie
chevelue de la langue, un zona récurrent ou envahissant plus d’un dermatome, un purpura
thrombocytopénique idiopathique, une salpingite (en particulier lors de complication par
des abcès tubo-ovariens), une neuropathie périphérique.
- Catégorie C (Sida) : patients ayant une candidose bronchique, trachéale, pulmonaire ou
oesophagienne, un cancer invasif du col, une coccidioïdomycose extra-pulmonaire, une
cryptosporidiose intestinale d’une durée supérieure à 1 mois, une infection à
cytomégalovirus (autre que foie, rate ou ganglions), une rétinite à CMV (avec perte de la
vision), une encéphalopathie due au VIH, une infection herpétique ( avec ulcères
chroniques d’une durée supérieure à 1 mois, une localisation bronchique, pulmonaire ou
oesophagienne ), une histoplasmose disséminée ou extra-pulmonaire, une isosporidiose
intestinale chronique (d’une durée supérieure à 1 mois), une tuberculose pulmonaire ou
extra-pulmonaire, une infection à Mycobacterium avium ou kansasii disséminée ou extra-
pulmonaire, une pneumonie à Pneumocystis jirovecii, une pneumopathie bactérienne
récurrente, une leuco-encéphalopathie multifocale progressive, une septicémie à
salmonelle non typhi récurrente, une toxoplasmose cérébrale, un syndrome cachectique
dû au VIH, un sarcome de Kaposi, un lymphome de Burkitt, un lymphome immunoblastique,
ou un lymphome cérébral primitif.
2. INDICATIONS
2.1. Infection par le VIH
Les trithérapies, qui associent trois antiviraux, donnent des résultats
spectaculaires et durables. En effet, elles permettent d’abaisser la charge virale
sous le seuil de détection et de restaurer l’immunité de façon soutenue dans le
temps. Ces associations comportent 2 INTI + 1 INNTI ou 2 INTI + 1 IP, rarement
3 INTI.
Des associations à doses fixes sont actuellement commercialisées pour réduire le
nombre de comprimés quotidiens.
Au Maroc, le traitement est indiqué pour toute personne infectée par le VIH
indépendamment du stade clinique et des CD4.
En l’état actuel des connaissances, ce traitement doit être prescrit à vie. En cas
d’arrêt, il y a un risque d’émergence de virus résistants et de remontée rapide de la
charge virale.
2.2. Prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant (PTME)
Lorsqu’une femme séropositive est enceinte, le traitement antirétroviral est indiqué.
La césarienne programmée réalisée dans de bonnes conditions réduit le risque de
contamination du nouveau-né dans les situations de charge virale maternelle élevée. Le
nouveau-né reçoit, dès la naissance, de l’AZT sirop à raison de 2 mg/Kg toutes les 6
heures pendant 6 semaines. L’allaitement maternel est contre -indiqué.
2.3. Prophylaxie post-exposition (Chapitre Accidents d’exposition au sang)
En cas de piqûre, de blessure ou de projection de sang d’un malade infecté par le VIH,
la prise d’antirétroviraux par la personne exposée est recommandée. Il faut
administrer les ARV, au mieux, dans les 4 heures qui suivent l’accident. Cette
prophylaxie est prescrite pour une durée de 4 semaines.
La même chimioprophylaxie est indiquée en cas d’exposition sexuelle accidentelle au
VIH (viol, rupture de préservatif)
3. CONDUITE DU TRAITEMENT ET PRECAUTIONS
Le traitement doit être prescrit par un médecin qui doit s’assurer des capacités
d’observance du patient, ainsi que d’un approvisionnement régulier en ARV. Le patient doit
respecter les horaires des prises médicamenteuses et l’intervalle entre la prise et le
repas.
Le médecin doit donner au malade la liste des médicaments qui sont interdits ou pour
lesquels des précautions particulières doivent être prises .
La surveillance de l’efficacité du traitement se fait par la mesure de la charge virale et la
numération des CD4.
4. AIDE A L’OBSERVANCE PAR L’EDUCATION THERAPEUTIQUE
Le coût élevé des thérapies antirétrovirales, le risque de développement de résistance en
cas de non respect des prescriptions et la nécessité d’un traitement continu et
ininterrompu justifient la mise en œuvre d’un programme d’aide à l’observance. Les
patients apprennent à vivre avec leur infection chronique. Les éducateurs établissent le
planning thérapeutique avec le patient en tenant compte des contraintes de sa vie
quotidienne. Le patient doit être convaincu de l’importance de son traitement et doit être
motivé pour une efficacité optimale.