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Objectifs :
I. GENERALITES
1. Définition
2. Epidémiologie
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prévalence des FDRCV modifiables et non modifiables, montre que 75% des patients
des patients atteints de PR avaient au moins un FDRCV. En calculant le risque
cardiovasculaire avec le SCORE près de ¾ des patients étaient à faible risque
cardiovasculaire. Un (1) patient (2,5%) était à haut risque cardiovasculaire avec un
SCORE calculé à 6%. Aucun patient n’était à très haut risque cardiovasculaire
La polyarthrite rhumatoïde touche environ 1 % de la population générale avec une
prédilection pour la femme (4 femmes pour un homme).
Elle peut débuter à tout âge avec une prédilection à partir de la 3 ème décennie. La
différence de sexe d’atténue avec l’âge progressivement au-delà de 70 ans.
Une étude réalisée en population au Congo-RDC estime sa prévalence en population à
0,6%.
Sa fréquence hospitalière au Burkina Faso est de 2,2 % des malades vus en
consultation de rhumatologie.
3. Etiopathogénie
La PR n’a pas d’étiologie précise. Il s’agit d’une maladie associant plusieurs facteurs.
a. Facteurs génétiques de la PR
Ils contribuent de l’ordre de 30% dans le déclenchement de la PR. Le facteur génétique le plus
connu est le gène HLA-DRB1 situé sur le chromosome 6 humain (ce gène à lui tout seul
représente 30 % du risque génétique à développer une PR) : certains allèles sont associés de
façon statistiquement significative : DRB1*0401, 0404, 0405, 0408, 0101, 0102, 1001 et
1402.
Les différentes spécificités de DR liés à la PR ont en commun un épitope situé sur la troisième
région hypervariable (HV3) de la chaîne β. Il s’agit de la séquence QRRAA (ou KRRAA ou
RRRAA) correspondant à 5 acides aminés (glutamine, arginine, lysine, alanine, alanine) ;
c’est la séquence de l’épitope partagé clairement associé à la présence de facteurs rhumatoïdes
et d’ACPA (anticorps anti-peptides citrullinés).
Cette séquence serait impliquée dans la présentation des peptides antigéniques par les
molécules HLA de classe II aux lymphocytes TCD4.
b. Facteurs d'environnement
Ils sont de plus en plus connus. Plusieurs agents infectieux joueraient un rôle déclenchant
possible, mais peut-être de façon indirecte ; ce sont les virus (Epstein Barr Virus), les
bactéries (E. coli et Porphyromonas gingivalis) et certaines mycobactéries.
Mais très récemment le tabac a été reconnu comme un des principaux facteurs
d’environnement notamment chez les patients porteurs de l’épitope partagé.
Les parodontopathies dues à Porphyromonas gingivalis ont été également décrits comme
fortement associées à la PR. La cavité buccale serait le site d’initiation de la maladie. En effet,
au Burkina Faso, la prévalence des parodontopathies a été de 83,7 % chez les patients ayant
une PR contre 54,6 % chez les témoins sains avec une différence statistiquement significative.
c. Facteurs hormonaux
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La PR est une maladie à nette prédominance féminine qui entre en rémission pendant la
grossesse faisant évoquer des facteurs hormonaux.
d. Facteurs immunologiques
Sous l’influence de ces facteurs, la coopération entre une cellule présentatrice d’antigène et un
lymphocyte T va provoquer une activation des lymphocytes T et des lymphocytes B qui, à
leur tour, vont sécréter des cytokines activatrices des macrophages.
Ces macrophages vont secréter des cytokines pro-inflammatoires telles que le TNF, IL1, Il6,
des enzymes protéolytiques et des dépôts d’immuns complexes.
Ces différentes substances vont agir sur la synoviale (pannus synovial), sur le cartilage, sur
l’os et les viscères (dépôts des immuns complexes avec réaction inflammatoire).
Certains cas de PR ont été déclenchés par un choc psychologique (décès, séparation, divorce).
En effet, une étude psychologique montre que la personnalité des patients souffrant de PR est
faite d’angoisse et de dépression, conséquence de la maladie douloureuse chronique et
invalidante. La PR et la dépression sont deux maladies qui ont une relation intriquée avec des
influences réciproques. Au Burkina Faso, une étude réalisée notait une dépression chez 54%
des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde contre 17% chez les témoins. D’autres facteurs
comme la vie urbaine par rapport au mode de vie rural, le régime alimentaire ont été
incriminés.
II. SIGNES
Nous prendrons pour type de description la polyarthrite rhumatoïde chez la femme de 40-50
ans.
A. Phase de début
Le début est progressif, insidieux : c'est la période des hésitations diagnostiques. C'est surtout
la clinique qui permet l'orientation, la biologie et la radiologie étant souvent sans particularité
à ce stade. Le diagnostic doit cependant être fait à ce stade dans l’objectif d’un traitement plus
efficace afin de réduire la mortalité et de préserver une bonne qualité de vie.
1. Clinique
Douleur et enraidissement matinal des poignets et des doigts constituent les signes
fonctionnels d'appel ;
Une tuméfaction (gonflement en fuseau des interphalangiennes) est notée dès
l'inspection
On note une douleur à la pression et à la mobilisation des doigts qui est limitée.
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Vont orienter vers une polyarthrite rhumatoïde débutante :
L'atteinte des mains et des poignets s'associe souvent à des arthrites des avant-pieds :
métatarsophalangiennes surtout.
c. Examen général
L'état général est en règle conservé : tout au plus note-t-on une fébricule, un
amaigrissement modéré, une asthénie.
L'examen clinique est normal. Il existe parfois des adénopathies superficielles d'aspect
inflammatoire.
2. Biologie
a. Syndrome inflammatoire
b. Facteurs rhumatoïdes
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Cependant, il faut retenir que les facteurs rhumatoïdes peuvent être retrouvés chez des
sujets sains et dans beaucoup d’autres maladies.
Les techniques modernes donnent de meilleurs résultats : néphélométrie laser et
technique ELISA.
Ils sont très intéressants pour le diagnostic précoce des polyarthrites rhumatoïdes. Lorsque ce
dosage est positif (taux supérieur à 10 UI/l), il permet de prédire avec une spécificité
supérieure à 95 % le diagnostic de polyarthrite rhumatoïde. Il est retrouvé dans 5 % des
syndromes de Gougerot-Sjögren et dans 2 % des rhumatismes psoriasiques.
3. Radiographies
Le diagnostic est facile. L’atteinte des poignets et des mains réalise une véritable « carte de
visite » de la PR avec des déformations quasi pathognomoniques.
1. Clinique
a. Les mains
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Au niveau des doigts, on note des déformations :
Au niveau de la main :
Aux signes articulaires peuvent s'associer un amincissement de la peau, une atrophie des
muscles et parfois un érythème vermillon de la paume de la main.
- Grosses articulations des membres : elles ne sont pas épargnées. Leur atteinte garde souvent
un caractère de symétrie. Elle se traduit par un gonflement douloureux spontanément et à la
mobilisation, aboutissant à une limitation de l'amplitude articulaire. Ainsi sont habituellement
touchés: les genoux, les coudes, les épaules. La hanche est rarement atteinte. Les genoux sont
volontiers le siège d'un épanchement comme l'atteste l'existence d'un choc rotulien.
Il convient de faire un bilan précis des atteintes articulaires (amplitude chiffrée des
mouvements, rétractions, attitudes vicieuses, laxité)
- Petites articulations : leur atteinte est beaucoup plus rare (temporo mandibulaire surtout).
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- Rachis :
c. Examen général
Il cherche :
un phénomène de Raynaud.
surtout des nodules cutanés rhumatoïdes, de grande valeur diagnostique : fermes,
indolores, mobiles, de taille variable (quelques millimètres à plusieurs centimètres),
recouverts d'une peau normale, ils siègent électivement dans la région olécrânienne,
les crêtes cubitales ou au voisinage des articulations atteintes. Ces nodules cutanés
semblent rares chez le sujet noir africain (10% des PR au Burkina Faso).
2. Biologie
Selon l'évolutivité de l'atteinte rhumatismale, les signes biologiques d'inflammation sont plus
ou moins accentués: vitesse de sédimentation, hyperalpha-2-globulinémie,
hypergammaglobulinémie, présence de protéine C réactive, hypercomplémentémie.
b. Facteurs rhumatoïdes
Un taux de facteurs rhumatoïdes supérieurs à 10 UI/L par technique ELISA est considéré
généralement comme positif. Ces réactions ne sont pas spécifiques de la maladie rhumatoïde
et un résultat positif doit être interprété en fonction du contexte clinique.
On insiste sur les anti-peptides citrullinés qui sont spécifiques de la polyarthrite rhumatoïde
(98 % de spécificité).
d. Autres anticorps.
D'autres anticorps sont plus rarement rencontrés: anticorps antinucléaires (25 p. 100 des
polyarthrites rhumatoïdes) surtout, en général à un taux faible posant parfois des problèmes de
diagnostic différentiel.
3. Radiographie
a. Signes radiographiques
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Ils associent:
Aux mains, les interlignes carpiens se pincent précocement, des géodes apparaissent,
aboutissant tardivement à une véritable fusion des os du carpe ("carpite" rhumatoïde).
S'y associe une atteinte des métacarpophalangiennes et, plus tardivement, une atteinte
des interphalangiennes distales.
Aux pieds, signalons la précocité des érosions de la tête du 5ème métatarsien (++++).
A la hanche, le pincement global de l'interligne (coxite rhumatoïde) aboutit parfois à
une protrusion acétabulaire.
En C1C2, une distance entre l'arc antérieur de l'Atlas et le bord antérieur de
l'ondotoïde dépassant 5 mm (cliché de profil en flexion active) traduit une luxation
C1-C2.
4. Ponction articulaire
L'examen du liquide synovial apporte de précieux renseignements. La ponction sera faite avec
des précautions d'asepsie rigoureuse.
5. Biopsie de synoviale
Lorsqu'elle est pratiquée, elle peut montrer plusieurs modifications dont le groupement permet
d'évoquer le diagnostic :
C. Formes cliniques
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1. Formes de début
a. Symptomatiques
- Selon l'intensité :
début aigu (5 à 15 p. 100 des cas) du fait de la brusquerie des signes et l'intensité des
phénomènes inflammatoires pouvant simuler un rhumatisme articulaire aigu
début arthralgique simple, sans gonflement ni enraidissement
début à type de rhumatisme palindromique
début extraarticulaire.
2. Formes anatomiques
a. Destructrices
b. Non destructrices
Elle est rare (20 p. 100 des cas). Souvent atypique dans son début (monoarticulaire). L'atteinte
de la hanche y serait plus fréquente.
b. Femme enceinte
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Au cours de la grossesse, la polyarthrite entre souvent en rémission spontanée. La rechute
survient après l'accouchement.
c. Ictère
d. En cas d'hémiplégie
La polyarthrite rhumatoïde avec facteurs rhumatoïdes IgM peut survenir chez l'enfant de
moins de 15 ans, souvent aux alentours de la puberté, et volontiers chez la fille.
Mais l'enfant fait habituellement une maladie différente de celle de l'adulte parce que
séronégative.
4. Formes viscérales
a. Manifestations hématologiques
éosinophilie : elle doit faire rechercher une intolérance médicamenteuse ; ailleurs elle
témoigne d'une forte évolutivité ;
leuconeutropénie: exceptionnelle, elle constitue avec la splénomégalie et la
polyarthrite un des trois éléments du syndrome de Felty.
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b. Syndrome sec
c. Manifestations nerveuses
d. Manifestations cutanées
e. Manifestations oculaires
f. Manifestations pleuropulmonaires
g. Manifestations cardiovasculaires
h. Amylose
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La biopsie rénale, rectale, gingivale, ou de glande salivaire accessoire, avec les
colorations spécifiques permet son diagnostic.
III. DIAGNOSTIC
A. Diagnostic positif
Cependant des critères ont été développés (critères de l’American Collegue of Rheumatology
de 1987) pour sélectionner des groupes homogènes de malades lors des essais thérapeutiques
multicentriques. À l’échelon individuel, ils sont une aide pour le clinicien mais manquent de
performance.
Quatre (4) critères positifs sur 7 permettent de poser le diagnostic d’une polyarthrite
rhumatoïde.
Depuis 2010, de nouveaux critères ont été établis et validés. Ces critères semblent plus
spécifiques et plus sensibles.
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B. Diagnostic différentiel
Le diagnostic de la polyarthrite rhumatoïde se pose différemment selon le tableau clinique
réalisé.
Le problème se pose rarement en pratique chez l'adulte jeune; on recherche une infection
streptococcique récente, une atteinte cardiaque associée, et on s'aide, non pas d'un
prélèvement de gorge, négatif à ce stade, mais du dosage des antistreptolysines ou des
antistreptodornases.
Intérêt du dosage des transaminases, de l'antigène HBs et des IgM anti-HBc; la polyarthrite
guérit avec l'apparition de l'ictère.
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c. Autre polyarthrite virale
a. Tuberculose
a. Connectivite
Il s’agit surtout du lupus érythémateux systémique au cours duquel peut survenir une
polyarthrite.
c. Rhumatisme psoriasique
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d. Manifestations périphériques d’une spondylarthrite ankylosante(SPA).
La maladie rhumatoïde est une affection chronique dont la progression est le plus
souvent régulière, sans rémission: l'inflammation gagne toutes les jointures,
aboutissant à une impotence douloureuse plus ou moins importante.
Parfois l'évolution se fait par poussées successives, sans facteur déclenchant, laissant
des séquelles fonctionnelles croissantes.
Rarement la polyarthrite s'éteint totalement.
Les causes de rémission spontanée sont la grossesse, l'ictère, l'hémiplégie.
B. Pronostic
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V. PRINCIPES DU TRAITEMENT
- La prise en charge d'une polyarthrite rhumatoïde repose sur deux types de traitements
généraux habituellement utilisés en association :
A. Traitements généraux
1. Anti inflammatoires
b. Corticoïdes
Les corticostéroïdes sont très efficaces sur les manifestations inflammatoires générales et
articulaires mais exposent à long terme à des effets secondaires graves :
diabète
HTA
ostéoporose, myopathie
infection, tuberculose
troubles psychiques
ulcère digestif (pour certains).
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2. Traitements de fond
a. Méthotrexate
Il est le gold standard. Il s'utilise per os à la posologie initiale de 15 mg un jour par semaine.
Cette posologie peut être mensuellement augmentée, jusqu'à 25 à 30 mg en cas d'effet
incomplet, voire utilisée par voie IM avant d'en abandonner l'usage. Avant traitement, on
demandera des transaminases et une radiographie pulmonaire. On surveillera les
transaminases 2 fois par mois au début, puis mensuellement ainsi que la numération formule
sanguine. Une adjonction d'acide folique (dose pour dose) diminuerait la toxicité notamment
digestive et hépatique. Une contraception efficace est indispensable (risque tératogène).
b. Antimalariques
c. Sulfasalazine (Salazopyrine®).
Elle s'utilise per os à la dose de 2 à 3 g/jour (4 à 6 cp). Elle expose à des intolérances
digestives (nausées), hépatiques (hépatite cytolytique), hématologique (agranulocytose,
thrombopénie) à dépister par une surveillance mensuelle. Son emploi sera précédé d'une
recherche d'un déficit en G6PD qui la contre-indiquerait.
d. Leflunomide (Arava®) s'utilise par voie orale, à la dose initiale de 100 mg/j les trois
premiers jours, puis 20 mg/jour tous les jours. Son efficacité est comparable à celle du
méthotrexate. Les effets secondaires principaux sont la cytolyse hépatique (précoce), l'HTA,
parfois une alopécie et un amaigrissement important. La surveillance impose de doser SGOT
et SGPT tous les 15 jours. Une contraception efficace est indispensable.
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Deux nouveaux anti-TNF viennent d’être mis sur le marché : ce sont : Golimumab
(Simponi ®) et Certolizumab (Cimzia®) également utilisé en sous cutané.
Anti-IL1 : on dispose de l'inhibiteur naturel ou IL1-Ra (Kineret®) 100 mg sous
cutanés tous les jours.
Ces drogues ciblées ont un effet suspensif spectaculaire mais prédisposent aux infections
notamment tuberculeuses pour les anticorps monoclonaux anti-TNFalpha.
B. Traitement locaux
Grâce aux dérivés modernes d'action prolongée, ils permettent souvent de réduire une
inflammation localisée résistant aux traitements généraux.
2. Physiothérapie
b. Auto-rééducation
c. Ergothérapie
3. Mesures orthopédiques
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Elles sont source d'enraidissement. Elles ont été en partie supplantées par les synoviorthèses.
Les indications se limitent au poignet et parfois aux métacarpophalangiennes.
b. Ténosynovectomies
Elles voient au contraire leurs indications se confirmer pour éviter les accidents de rupture
tendineuse
Elle fait appel aux interventions de réalignement avec un bon effet fonctionnel et antalgique.
La résection de la tête cubitale permet d'éviter les ruptures tendineuses. Elle est actuellement
supplantée par les interventions de réaxation stabilisation du poignet.
Elles permettent de rendre leur autonomie à des malades parvenus à un stade d'invalidité
majeure
Conclusion
La polyarthrite rhumatoïde est une affection polymorphe caractérisée par sa tendance érosive
et destructive au niveau articulaire. Le méthotrexate reste le traitement de référence. Les
biothérapies ont révolutionné la prise en charge des malades souffrant de cette affection au
risque souvent d’infections notamment tuberculeuses.
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