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L
a fièvre est un symptôme commun en pédiatrie. Lorsqu’elle doit amener à rechercher un déficit immunitaire notamment une
se répète, le champ étiologique est vaste, allant des infec- neutropénie cyclique. D’autres pathologies inflammatoires ou
tions récidivantes communautaires aux pathologies auto- auto-immunes, une fièvre simulée ou une fièvre médicamenteuse
inflammatoires. dont la prise est intermittente seront aussi envisagées.
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Archives de Pédiatrie 2010;17:604-606
Démarche pratique devant une fièvre récurrente chez l’enfant : du symptôme à l’étiologie
les formes multifactorielles : Maladie de Behçet, maladie de Crohn. mutation dans le gène MEFV (FMF). En l’absence d’ascendance
D’autres ont une composante génétique probable non identifiée : méditerranéenne, la FMF est exceptionnelle. La démarche (fig. 1)
maladie de Still, PFAPA (Periodic Fever Aphtous Stomatis Pharyngitis doit s’efforcer de recueillir des informations précises sur la
Adenitis). D’autres enfants atteints d’une réelle fièvre auto-inflam- nature des crises. Très peu de tests fonctionnels sont disponibles.
matoire pour laquelle la génétique est non contributive n’entrent L’augmentation des immunoglobulines D (IgD) sériques faisait
dans aucun cadre syndromique connu. La plus anciennement partie du diagnostic du syndrome hyper IgD devenu depuis MKD.
connue est la FMF, la plus fréquente et la plus bénigne est de loin Plus spécifique est le dosage de l’acidurie mévalonique réalisé en
le PFAPA, syndrome décrit en 1987 par Marshall. La prévalence est période fébrile qui, si elle est élevée, sera complété de l’activité
encore difficile à estimer. Les éléments d’orientation étiologiques mévalonate kinase dans les lymphocytes. En dehors du MKD, le
s’articulent principalement autour des antécédents familiaux diagnostic spécifique repose sur la recherche de mutations dans
et ethniques, des caractéristiques de la fièvre (début précoce ou le gène responsable de la maladie. Dans d’autres circonstances
non, durée, tolérance) et des signes cliniques associés qui varient notamment dans le PFAPA, le diagnostic repose sur des critères
d’une entité à l’autre et peuvent revêtir une spécificité étiologique cliniques discutés.
(manifestations cutanées, abdominales, ostéo-articulaires et mus-
culaires, séreuses, ganglionnaires, neurologiques etc.). Les crises les 5. Conclusion
plus courtes sont vues dans l’urticaire au froid familial (quelques
heures), les plus longues dans le TRAPS (> 1 semaine). L’âge de début La démarche diagnostique devant une fièvre récurrente est
des symptômes est un élément important. Dès la naissance, c’est complexe. Devant ce symptôme recouvrant de nombreuses
un critère majeur du CINCA (syndrome chronique, infantile, neuro- étiologies, notre démarche doit rester avant tout clinique. Notre
logique, cutané et articulaire). Dans les 2 autres CAPS et le MKD, les rôle est de dépister les fièvres récurrentes héréditaires, sans pour
accès fébriles se manifestent en général dès la première année de autant tomber dans l’excès d’explorations anarchiques, chères
vie. C’est dans le TRAPS que le début est le plus tardif. La périodicité et invasives. La meilleure compréhension des maladies auto-
est une des caractéristiques du PFAPA. Parfois la fièvre est modeste inflammatoires permettra probablement d’améliorer nos outils
ou occultée par une symptomatologie plus invalidante. Le diagnos- diagnostiques.
tic de certitude repose sur des critères cliniques parfois, mais les
arguments les plus spécifiques sont les tests génétiques lorsqu’ils Références
existent. Leur demande doit être réfléchie et ordonnée par la
démarche clinique préalable. En cas d’origine méditerranéenne Les références complètes peuvent être obtenues sur demande
et en présence d’une « vraie » fièvre récurrente et d’au moins 4 à auprès de l’auteur.
6 épisodes de fièvres inexpliquées, il est licite de rechercher une
Tableau I
Caractéristiques générales des principales maladies auto-inflammatoires
Transmission AR AD AR AD AD AR AD ?
Début Enfance 3-20 ans < 1 an Variable enfance 1re enfance < 4 ans < 5 ans
Adolescence selon le
phénotype
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P. Pillet et al. Archives de Pédiatrie 2010;17:604-606
Normale
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