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Syndromes auto-inflammatoires
C. Masson, B. Bouvard, M. Audran

Les maladies ou syndromes auto-inflammatoires comprennent la maladie périodique ou fièvre


méditerranéenne familiale, le mévalonate associated periodic syndrome (MAPS) appelé classiquement
syndrome d’hyperimmunoglobulinémie D (hyper-IgD), le tumor necrosis factor receptor associated
periodic syndrome (TRAPS) et ses syndromes apparentés, et les cryopyrin associated periodic
syndromes (CAPS) incluant l’urticaire au froid familiale, le syndrome de Muckle et Wells et l’entité
neonatal onset multisystem inflammatory disease (NOMID) appelée encore chronic infantile
neurologic cutaneous and articular (CINCA). Le but de cet article est de donner une vision globale de
l’ensemble de ces entités, en insistant davantage sur le TRAPS et ses formes apparentées.
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Maladie auto-inflammatoire ; Maladie périodique ; Syndrome hyper-IgD ; TRAPS ; CAPS ;
Syndrome de Muckle et Wells ; Urticaire au froid familiale ; NOMID ; CINCA

Plan évoquer. Leur place nosologique est au sein des rhumatismes


inflammatoires intermittents [2], mais leur importance justifie
¶ Introduction 1
un article à part. Nous abordons les différents syndromes auto-
inflammatoires en accordant un développement particulier au
¶ Maladie périodique (fièvre méditerranéenne familiale) 1 TRAPS et à ses syndromes apparentés.
¶ MAPS ou syndrome hyper-IgD 2
¶ TRAPS et syndromes apparentés 2
Généralités 2
Description des accès douloureux du TRAPS
Anomalies biologiques du TRAPS
3
4
“ Points forts
Évolution et pronostic 5
Pathogénie du TRAPS 5 Arguments évoquant un syndrome auto-
Traitement des patients souffrant de TRAPS 6 inflammatoire
Élargissement du concept TRAPS 7 • Présence d’un accès fébrile, avec signes associés de
¶ Cryopyrinopathies ou cryopyrin associated periodic syndrome 7 quelques jours, quelques semaines ou quelques mois,
Urticaire au froid familiale 7 accompagnés de manifestations inexpliquées transitoires
Syndrome de Muckle et Wells 7 telles que douleurs abdominales, arthralgies ou arthrites,
NOMID ou CINCA 8 myalgies, éruption, conjonctivite, œdème périorbitaire,
¶ Implication de l’inflammasome dans les cryopyrinopathies 8 orchite, pleurésie, péricardite, adénopathies.
¶ Conclusion 8 • Antécédents personnels de fièvre intermittente
inexpliqués avec un ou plusieurs des signes précédents.
• Antécédent familial semblable horizontal ou vertical.
• Origine ethnique.
■ Introduction [1-4] • Absence de signes biologiques d’auto-immunité.
• Mise en jeu de l’immunité innée.
Les syndromes (ou maladies) auto-inflammatoires réalisent un
vaste groupe d’entités assez rares mais qui donnent une ouver-
ture sur la compréhension de mécanismes physiologiques et
pathologiques impliquant l’immunité innée. Ils comprennent la ■ Maladie périodique (fièvre
maladie périodique ou fièvre méditerranéenne familiale (FMF), méditerranéenne familiale) [5-13]
le syndrome d’hyperimmunoglobulinémie D (hyper-IgD) ou
fièvre périodique avec hyper-IgD, le tumor necrosis factor receptor Elle débute avant l’âge de 20 ans dans 80 % des cas, avant
associated periodic syndrome (TRAPS) et ses syndromes apparentés, 10 ans dans 55 % des cas ; quelques cas peuvent survenir après
les cryopyrinopathies ou cryopyrin associated periodic syndromes 40 ans. Elle survient (mais non exclusivement) chez des Juifs
(CAPS) incluant l’urticaire au froid familiale, le syndrome de séfarades ou ashkénazes, des Arméniens, des Arabes du Moyen-
Muckle et Wells, et l’entité neonatal onset multisystem inflamma- Orient, des Turcs. Mais l’affection est possible chez des sujets
tory disease (NOMID) appelée encore chronic infantile neurologic d’autre origine méditerranéenne ou bien qui ne sont ni d’ori-
cutaneous and articular (CINCA). Des éléments permettent de les gine méditerranéenne, ni juifs.

Appareil locomoteur 1
14-210-A-20 ¶ Syndromes auto-inflammatoires

Les crises apparaissent de façon brusque, en quelques heures,


éventuellement précédées de prodromes. Les accès fébriles et
abdominaux sont pratiquement constants à un moment de
l’évolution. La température s’élève à 38 ou 39 °C, voire 40 °C
“ Point fort
en quelques heures, avec des frissons et elle se normalise en 12 Fièvre méditerranéenne familiale
à 36 heures, parfois quelques jours. • Accès typique : 2 jours.
Les manifestations articulaires sont révélatrices dans 25 % des • Accès fébriles, douleurs abdominales, douleurs
cas, avec une atteinte préférentielle des genoux, chevilles, thoraciques (pleurésie, péricardite), pseudoérysipèle,
hanches. Les autres articulations peuvent toutefois être atteintes. arthralgies, arthrite, orchite, méningite.
Le nombre total d’articulations atteintes au cours de l’évolution
• Syndrome inflammatoire biologique en crise.
est de trois à six. La monoarthrite est fréquente, l’oligoarthite
• Mutations 16p13.3 gène MEFV codant pour la pyrine ou
possible, la polyarthrite rare. La douleur articulaire est intense,
à début brusque, pseudogoutteuse. Elle augmente à la moindre marénostrine ; transmission horizontale.
mobilisation, avec présence possible d’un gonflement transi- • Inhibiteur du C5a bas (liquide articulaire, péritonéal).
toire, d’une rougeur si l’articulation est superficielle. Mais les • Risque d’amylose ; efficacité préventive de la colchicine.
signes inflammatoires locaux peuvent manquer, contrastant
avec l’intensité de la douleur. Le sommet de la crise est atteint
en 2 à 3 jours, et l’accès articulaire régresse en une semaine
environ (de 3 jours à plusieurs semaines), habituellement sans (origine surtout néerlandaise et française), mais des cas sont
séquelle. La fièvre disparaît avant la sédation des douleurs. rapportés sur d’autres continents. Cette fièvre périodique débute
Certains patients développent une forme chronique, en particu- en règle générale avant l’âge de 10 ans, le plus souvent dès la
lier à la hanche. première année (rarement chez l’adulte).
Les accès avec fièvre supérieure à 39 °C, arthralgies, arthrites,
Les patients lors des accès peuvent se plaindre de myalgies
apparaissent toutes les 4 à 8 semaines. Des douleurs abdomina-
localisées ou diffuses, avec ou non un gonflement des masses
les intenses sont fréquentes, avec souvent une diarrhée, des
musculaires, une contracture des muscles voisins de
nausées, des vomissements. L’examen retrouve des adénopathies
l’articulation.
inguinales, axillaires et surtout cervicales, bilatérales, parfois une
Les patients peuvent développer aussi des accès pleuraux
hépatosplénomégalie, et souvent une éruption maculaire ou
unilatéraux, une péricardite, une éruption douloureuse aux
papulaire.
membres inférieurs, en dessous des genoux, avec une peau
Le début des accès est brutal, mais les signes cliniques
rouge, infiltrée, ressemblant à un érysipèle, et également au
disparaissent progressivement en quelques jours, parfois plu-
tronc, au visage avec des placards cellulodermiques rouge vif ou
sieurs semaines. Les signes articulaires peuvent se traduire par
encore d’autres lésions. Une splénomégalie, une hépatomégalie
une oligoarthrite, souvent symétrique, qui manque lors des
sont possibles (en dehors de l’amylose), ainsi que d’autres
premières crises. Il n’y a pas de périodicité. Les accès périto-
manifestations intermittentes (méningite périodique aseptique ?)
néaux sont rares, et il n’y a pas d’accès pleuraux.
et chez l’homme une orchite.
Biologiquement, une réponse de phase aiguë est volontiers
En crise, la vitesse de sédimentation (VS) augmente à
présente lors des accès. Surtout, le taux d’IgD sérique est
30-40 mm à la première heure, parfois 100 mm, avec une
supérieur à 100 mU/ml ou encore 140 mg/l, sur deux dosages à
réponse de phase aiguë se traduisant par une élévation de la
1 mois d’intervalle. Le taux d’IgA sérique est également souvent
protéine C-réactive (CRP), du fibrinogène (en 1 à 3 jours), de la
augmenté. Il n’y a pas de risque d’amylose.
protéine SAA (en quelques heures, suivie d’un plateau de 2 à
La prédisposition au syndrome hyper-IgD est liée à des
4 jours, puis d’une décroissance rapide en quelques jours).
mutations du gène codant la mévalonate kinase, située sur le
L’hyperleucocytose parfois majeure dure souvent 24 heures. Un
chromosome 12q24. La mévalonate kinase intervient dans le
déficit de l’inhibiteur enzymatique du fragment C5a du système
métabolisme du mévulonate, intermédiaire dans la voie de
du complément est retrouvé dans les liquides péritonéaux et
synthèse du cholestérol (qui est en taux sérique normal ou
synoviaux. L’intervalle libre entre les accès est variable, allant de
légèrement augmenté).
quelques jours, à quelques années. Les patients ayant une
Le dosage de la mévalonate kinase lymphocytaire montre sa
maladie périodique sont à risque de développer une amylose
diminution (qui s’accentue après certains facteurs déclenchants
AA.
comme la fièvre). Ce déficit enzymatique n’est pas aussi
Le gène de la maladie périodique appelé MEFV (lettres issues profond que dans une autre affection touchant cette enzyme,
des termes anglais mediterranean et fever) a été identifié en l’acidurie mévalonique, liée à d’autres mutations du gène de la
1997 par deux équipes indépendantes. Il comprend dix exons, mévalonate kinase. Des études sur de grands nombres de
et code une protéine appelée pyrine ou marénostrine. La patients ayant cliniquement et biologiquement un syndrome
pyrine/marénostrine s’exprime dans les polynucléaires neutro- hyper-IgD montrent que cette anomalie n’est toutefois pas
philes. Différentes mutations portant sur le gène MEFV ont été constante. Il y a par ailleurs des formes paraissant mixtes, avec
mises en évidence et leur recherche est devenue un outil pour des caractéristiques par exemple du TRAPS. L’efficacité des anti-
le diagnostic de la maladie périodique. D’autres gènes intervien- inflammatoires non stéroïdiens et de la corticothérapie est
nent dans l’expression de la maladie, sa gravité ou encore dans inconstante et partielle, de même que celle de la colchicine.
l’association avec une amylose AA. L’efficacité parfois de la corticothérapie pourrait être liée à une
La colchicine, à la posologie quotidienne de 1 mg en une ou action via le NF-KB. L’anakinra est en cours d’étude.
deux prises (parfois 1,5 à 2 mg/j), prévient les accès dans la
majorité des cas et évite la constitution d’une amylose AA. La
corticothérapie pourrait réduire l’évolution de certains accès
lorsqu’elle est utilisée précocement et à forte dose, mais avec un
■ TRAPS et syndromes apparentés
[1, 3, 21-28]
risque de rebond lors des essais de sevrage si elle est utilisée au (Tableau 1)
long cours.

Généralités
■ MAPS ou syndrome hyper-IgD [14-20]
TRAPS dans le monde
Le syndrome hyper-IgD a été décrit en 1984 par Van der Meer Le TRAPS est en fréquence la seconde maladie auto-
et des observations équivalentes faisaient aussi partie du travail inflammatoire après la FMF. Le TRAPS réalise une fièvre hérédi-
de Prieur en 1983. La majorité des patients est décrite en Europe taire intermittente à transmission mendélienne dominante liée

2 Appareil locomoteur
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Tableau 1.

“ Point fort
Argumentation résumée de l’évocation d’un tumor necrosis factor receptor
associated periodic syndrome (TRAPS).
Accès fébriles Poussées épisodiques (non périodiques)
MAPS ou syndrome hyper-IgD de fièvre de durée supérieure ou égale
• Manifestations évocatrices. à 1 semaine (le plus souvent quelques
• Début : prime enfance. semaines, rarement quelques jours
• Facteurs déclenchants : vaccinations, infections ou mois) sans autre cause identifiable
banales. Signes et symptômes Douleurs abdominales récidivantes
• Durée de la fièvre : de 3 à 5 jours. associés aux accès fébriles Myalgies localisées avec possible raideur
• Récidives : toutes les 2 à 12 semaines, diminution avec localisée sévère
le temps. Arthralgies ou arthrites
• Céphalées, douleurs abdominales, arthralgies, arthrites, Éruption érythémateuse, sensible, prenant
éruptions cutanées. le godet (évoquant un érysipèle)
• Ulcères oropharyngés. Œdème périorbitaire
• Adénopathies cervicales. Infiltration érythémateuse conjonctivale
• Pas de traitement réellement efficace. Pleurésie, péricardite
• Hyperleucocytose, monocytose. Chez un homme, orchite
• Élévation des IgD sériques (deux dosages à 1 mois Argument sur l’anamnèse Antécédent personnel de fièvre
d’intervalle). intermittente inexpliquée avec un ou
• Élévation des IgA sériques. plusieurs des signes
• Mutations 12q24 du gène codant la mévalonate kinase. ou symptômes cités ci-dessus
• Activité de la mévalonate kinase : de 1 à 10 % de la Argument héréditaire Antécédent familial semblable vertical
normale. Origine géographique diverse
• Sécrétion accrue d’IL1 bêta par les cellules mutées. Argument thérapeutique Inefficacité en règle générale
• Syndrome inflammatoire en crise. de la colchicine (ou faible réponse)
• Syndrome inflammatoire possible en dehors des crises. Efficacité en moins de 72 heures
• Absence d’auto-immunité : le facteur rhumatoïde, les de la corticothérapie à forte dose
anticorps antinucléaires, les anticorps antipeptides Implications biologiques Recherche d’une amylose
cycliques citrullinés sont absents. Dosage du TNFRSF1A soluble
• Pas de risque d’amylose AA. Analyse orientée génomique et/ou par
polymerase chain reaction pour rechercher
une mutation connue ou nouvelle

par définition pour son nom à des mutations du récepteur 1A La limitation du diagnostic de TRAPS aux sujets mutation positif ayant
du TNF (le TNFRSF1A). Elle se traduit par des accès fébriles un regroupement défini de signes et symptômes n’est pas souhaitée
actuellement selon Hull et Kastner
douloureux abdominaux, articulaires, musculaires, cutanés,
oculaires. La dénomination ancienne était fièvre hibernienne
familiale, décrite en 1982 dans une famille irlandoécossaise.
L’origine ethnique des premiers patients décrits était l’Europe du TRAPS négatif [4, 23, 25]
Nord, mais la répartition actuelle est ubiquitaire, avec un
chevauchement géographique avec la FMF. En dehors des Chez un nombre important de patients, la symptomatologie
familles avec transmission dominante, où l’histoire est devenue est compatible avec un TRAPS, mais on ne retrouve pas l’une
la destinée (le TRAPS ayant été mis en évidence chez un parent des mutations actuellement attendues. De tels patients font
du propositus ou bien chez au moins un oncle ou une tante), il l’objet d’études nouvelles pour découvrir des mutations plus
existe de nombreux cas de novo, où la destinée commence son rares, ou des mutations sur d’autres gènes liés au TNFRSF1A ou
histoire. Dans la famille irlandoécossaise initiale, où la trans- encore sur d’autres cibles. Les équipes de Mc Dermott et Kastner
mission s’est faite non pas par la lignée paternelle comme écrit ont mis un seul mois pour découvrir la mutation sur le
initialement mais maternelle, le phénomène d’anticipation TNFRSF1A à partir du moment où la maladie était bien identi-
génétique survient, avec une apparition du TRAPS plus préco- fiée et l’implication du site chromosomique 12p13 envisagée,
cement dans les nouvelles générations. alors qu’il avait fallu 5 ans à la même équipe pour découvrir de
façon conjointe avec l’équipe française le gène muté de la
Mutations du TNFRSF1A [29-39] protéine qui fut appelée pyrine/marenostrine dans la FMF. Le
plus vraisemblable est l’implication d’autres gènes dans des
L’analyse de l’acide désoxyribonucléique (ADN) génomique syndromes fébriles familiaux héréditaires ou devenant hérédi-
montre par définition au cours du TRAPS une mutation du gène taires qui ont une traduction clinique semblable au TRAPS et
TNFRSF1A situé sur la bande 3 de la région 1 du bras court du que l’on appelle probablement à tort également TRAPS. Mc
chromosome 12, soit en 12p13. Le TRAPS est la situation où Dermott a proposé pour ces patients la terminologie TRAPS-
l’on a reconnu pour la première fois une mutation naturelle négatif [40], qui est une porte ouverte à la description d’autres
d’un récepteur du TNF. Les mutations après vérification sont maladies auto-inflammatoires.
colligées sur le site internet officiel INFEVERS. L’anomalie
génotypique n’implique pas la maladie. La présence de muta-
tions du TNFRSF1A est compatible avec le statut porteur sain, Description des accès douloureux
ce qui est démontré aussi par le caractère intermittent de du TRAPS [1, 3-5, 41]
l’expression phénotypique chez les patients souffrant de TRAPS.
Des formes de TRAPS à expression clinique fruste sont vraisem- Âge de début
blables sous forme de fièvres récidivantes isolées, myalgies
épisodiques, conjonctivites douloureuses périodiques, péricardi- Il est variable. Les signes et symptômes apparaissent le plus
tes récidivantes multiples. Certaines mutations du TNFRSF1A, souvent avant 20 ans, mais pas en général juste après la
les mutations R92Q et P46L dont la pénétrance est faible, naissance ou dans la prime enfance, sauf exception. Les inter-
pourraient correspondre à un polymorphisme génétique. valles libres entre les crises sont variables. Il n’existe pas en règle

Appareil locomoteur 3
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générale de périodicité stricte. La crise survient de façon La peau en regard des zones de myalgies est érythémateuse,
spontanée ou après un facteur déclenchant comme un exercice chaude, volontiers (mais inconstamment) sensible, avec un
physique intense, une infection banale, un traumatisme, une œdème prenant le godet. L’éruption cutanée paraît épargner le
intervention chirurgicale, un stress psychologique, les règles. visage. Elle comporte histologiquement un infiltrat périvascu-
laire et interstitiel fait de lymphocytes et de monocytes, en règle
Fièvre générale sans signes de vascularite. Cet aspect ne peut pas être
différencié d’un exanthème viral ou d’une réaction de type
La fièvre, volontiers importante, hectique, est fréquente au maladie sérique. Une vascularite lymphocytaire a été rapportée
cours des accès de TRAPS. Elle peut toutefois ne pas être dans deux cas de myalgies fixes non migratrices et dans une
présente [42], en particulier lors de tous les accès chez un même autre observation, où une augmentation des mastocytes et une
patient. Elle est plus forte dans les accès survenant au cours de margination excessive des polynucléaires neutrophiles ont été
l’adolescence. Dans un cas, elle est apparue après 4 à 5 ans aussi décrites. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) du
d’évolution du TRAPS. Elle est en règle générale associée à segment de membre symptomatique a pu montrer un aspect de
certaines des autres manifestations : signes oculaires, douleurs myosite localisée avec anomalie du signal musculaire et du tissu
abdominales, arthralgies, myalgies, douleurs thoraciques, sous-cutané, ou une fasciite [44].
céphalées, douleurs pharyngées et chez les hommes douleurs
testiculaires. Profil évolutif de l’accès
Signes oculaires L’évolution de l’accès douloureux est caractéristique. Les
myalgies, l’érythème, l’atteinte articulaire progressent vers la
Un œdème périorbitaire volontiers unilatéral, ou une région distale du membre en quelques jours ou semaines chez
conjonctivite douloureuse (« injection conjonctivale ») bilaté- la majorité des patients (symptomatologie migratrice régionale
rale, ou les deux ensemble, sont possibles au cours des accès. évocatrice), avec régression sans séquelles. Les accès fébriles et
douloureux, bien que transitoires, durent en règle générale plus
Signes digestifs d’une semaine, souvent plusieurs semaines (rarement 1 à
2 jours, ou plusieurs mois). La durée des crises est toutefois
Les douleurs abdominales, parfois extrêmement vives, variable au sein de la même famille ou chez un même patient.
s’accompagnent le cas échéant de diarrhée ou de constipation,
de nausées et de vomissements, voire de complications.
Signes fixes
Signes articulaires La présence d’une hernie inguinale chez des hommes jeunes
souffrant de TRAPS a été signalée dans la famille irlando-
Les arthralgies sont présentes pendant les accès chez environ écossaise princeps.
deux tiers des patients. Elles sont mono- ou oligoarticulaires,
touchant les genoux, les épaules, les coudes, les hanches ou
encore les doigts, les poignets, les articulations temporomandi- Anomalies biologiques du TRAPS [4]
bulaires. Les arthrites sont plus rares que les arthralgies et
restent non érosives. Un épanchement synovial, parfois respon- Syndrome inflammatoire
sable d’un flessum transitoire, est possible. Les rachialgies, les
douleurs thoraciques pariétales fébriles du TRAPS, sont Une réponse de phase aiguë est présente en crise, conjuguant
trompeuses. une élévation de la CRP, de la VS et une hyperleucocytose à
polynucléaires neutrophiles. La protéine SAA, rarement dosée
Signes musculaires mais en cause dans l’amylose secondaire du TRAPS, est aug-
mentée en crise. En dehors des accès, certains patients gardent
Les myalgies, fréquentes, touchent un groupe musculaire à la un syndrome inflammatoire avec élévation de la CRP, de la VS,
fois, volontiers au début de la crise à la racine d’un membre de la SAA. Il est rare, en crise, de ne pas avoir une réponse de
supérieur ou inférieur. Elles s’associent souvent à un gonflement phase aiguë. La présence d’une atteinte biologique hépatique ou
du muscle, avec sensibilité et augmentation de la chaleur locale. rénale (ne faisant pas partie des signes du TRAPS) doit faire
Les myalgies concernent parfois la région lombaire. L’atteinte rechercher une amylose secondaire.
musculaire typiquement migre en cours d’accès dans la région
distale du membre. Les myalgies sont parfois responsables de la Absence d’auto-immunité
limitation des mouvements des articulations adjacentes, en
dehors de toute atteinte articulaire. Il n’y a pas de signes d’auto-immunité dans le TRAPS. Les
facteurs rhumatoïdes, les anticorps antinucléaires, les anticorps
Signes thoraciques antipeptides cycliques citrullinés sont absents lors des premières
crises et restent absents. Le taux des Ig sériques, en particulier
Les douleurs thoraciques sont d’origine pleurale (pleurésie celui des IgA, peut être augmenté. Quand il existe une élévation
aseptique) ou pariétale musculaire. Les cas de péricardite sont des IgD, celle-ci reste d’ordinaire en dessous de 100 UI/ml,
rares. Ils soulèvent dans quelques cas la question de l’élargisse- contrairement à ce qui est constaté habituellement dans le
ment du spectre des manifestations liées à des mutations du syndrome hyper-IgD (cf. supra). Certains patients initialement
TNFRSF1A. diagnostiqués comme souffrant d’un syndrome hyper-IgD se
sont révélés en fait affectés d’un TRAPS. La recherche de
Signes hématologiques cryoglobuline est négative.

Des adénopathies, en particulier axillaires, inguinales, Dosage du TNFRSF1A soluble


cervicales, sont possibles. Une splénomégalie n’a pas été
signalée. Le dosage du TNFRSF1A soluble entre les crises est inférieur à
1 ng/ml chez des patients ayant un TRAPS. Pendant un accès
Signes cutanés [43] inflammatoire, les valeurs basses du TNFRSF1A soluble restent
basses ou deviennent transitoirement normales, alors que la
Ils sont assez fréquents. L’éruption se présente sous forme de concentration du TNF est augmentée. La valeur du TNFRSF1A
macules érythémateuses, ou bien réalise une pseudocellulite soluble est analysée en fonction de la réponse de phase aiguë.
douloureuse débutant à la racine des membres et migrant Le dosage du TNFRSF1A est interprété en fonction de la clai-
souvent comme les myalgies vers l’extrémité du membre atteint. rance de la créatinine. Il augmente en cas d’insuffisance rénale,

4 Appareil locomoteur
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liée par exemple à une amylose rénale venant compliquer un autres membres de cette famille, le risque d’amylose étant alors
TRAPS. Les valeurs du TNFRSF1B soluble ne sont pas diminuées augmenté. Le dépistage se fait par le contrôle tous les 6 mois ou
dans les familles avec TRAPS, avec ou sans mutation, ainsi que une fois par an de la protéinurie et de la clairance de la
dans les cas de TRAPS sporadiques. créatinine. Les dépôts d’amylose compliquant le TRAPS pro-
viennent de la protéine SAA et sont visibles sur les coupes
Analyse ADN tissulaires, qui, colorées par le rouge Congo, prennent une
coloration verte en lumière polarisée. Le risque d’amylose AA
L’analyse de l’ADN génomique confirme typiquement la justifie le contrôle des tests d’inflammation sur le long terme, y
présence d’une mutation du gène TNFRSF1A en 12p13, mais compris quand le patient est en période sans manifestation
celle-ci peut manquer (cf. supra). clinique évidente. L’idéal serait sans doute de pouvoir doser
aussi régulièrement la protéine SAA. Le risque d’amylose AA est
lié à l’importance des poussées inflammatoires, mais cela n’est
pas absolu. Une amylose AA peut apparaître sur un rein trans-

“ Point fort
planté si le TRAPS continue à se manifester après une telle
greffe.

TRAPS : manifestations évocatrices


Pathogénie du TRAPS [4, 40, 47-49]
• Famille princeps : irlandoécossaise.
• Origine désormais ubiquitaire. Défaut de clivage du TNFRSF1A membranaire
• Gène TNFRSF1A.
• Mutations 12p13 sur des domaines CRD1, CRD2, Si le TNFRSF1A plasmatique est volontiers diminué (environ
parfois CRD3 extracellulaires portant sur des cystéines, la de moitié) chez les patients ayant un TRAPS, il peut exister en
thréonine. revanche sur la membrane cellulaire des leucocytes porteurs de
la mutation un plus grand nombre de récepteurs TNFRSF1A.
• Mutations R92Q ou P46L : polymorphisme ou
Ceci paraît dû à un défaut de libération ou clivage (shedding) du
mutation.
TNFRSF1A membranaire tant de façon basale qu’en réponse à
• Transmission autosomique dominante, verticale. une stimulation donnée. Une mutation à proximité ou sur les
• Cas de novo. ponts disulfures qui conditionnent la structure dans l’espace du
• Âge de début variable : avant 20 ans. domaine extracellulaire du TNFRSF1A rend plus difficile le
• Fièvre durant plus de 1 semaine. clivage par une protéinase. Le défaut de clivage du
• Arthralgies, arthrites. TNFRSF1 membranaire est spécifique du TNFRSF1A. Il n’est pas
• Douleur abdominale. retrouvé avec le TNFRSF1B.
• Douleurs thoraciques. Le clivage du TNFRSF1A dépend de l’interaction de la partie
• Œdème périorbitaire, conjonctivite. extracellulaire du TNFRSF1A avec une protéine membranaire
• Myalgies sévères, localisées. appelée aminopeptidase regulator of TNFRSF1A shedding (ARTS-1)
• Pseudocellulite suivant les myalgies. dont la mutation pourrait rendre cause de certains TRAPS sans
• Chez l’homme, douleurs testiculaires. mutations du gène TNFRSF1A. Kriegel et al. [48] ont montré dans
une famille ayant la mutation I199N que la substitution de
• Syndrome inflammatoire en crise, possible en dehors
l’isoleucine (acide aminé essentiel dans le site de clivage du
des crises.
TNFRSF1A) par l’asparagine entraînait la création de deux
• Absence d’auto-immunité : le facteur rhumatoïde, les liaisons hydrogène nouvelles, ce qui pourrait suffire à expliquer
anticorps antinucléaires, les anticorps antipeptides le défaut de libération du TNFRSF1A. Le défaut de clivage du
cycliques citrullinés sont absents. TNFRS1A membranaire a comme conséquence une absence de
• Dosage TNFRSF1A soluble (diminué). rétrocontrôle de l’action du TNF systémique et, du même coup,
l’emballement auto-inflammatoire, lequel est d’autant plus net
qu’il y a déjà une diminution du TNFRS1A circulant. Cette
dysrégulation du rétrocontrôle de l’action du TNF après sa
Évolution et pronostic liaison avec le TNFRS1A demanderait du temps pour se déve-
lopper, ce qui expliquerait que le TRAPS ne se manifeste pas en
Caractéristiques des accès règle générale dans la toute première enfance. Le défaut de
clivage du TNFRS1A membranaire est prouvé pour certaines
Le nombre, l’intensité, la diversité et la durée des crises sont mutations (T50M, C88R ou encore H22Y, C33Y, C52F, P45L,
variables d’un sujet à l’autre, au sein d’une même famille, et F112I, T50K) mais pas avec les mutations T37I, deltaD42, C52R,
chez un même sujet d’une crise à l’autre. Les intervalles libres N65I et dans un cas sporadique avec mutation R92Q, et parfois
d’accès varient de quelques semaines à quelques mois ou sans mutation encore identifiée.
plusieurs années, pendant lesquelles le patient peut oublier sa Huggins et al. [47] apportent un élément de discussion
maladie. Tout se passe comme si la présence du TNFRSF1A muté pathogénique supplémentaire en mettant en évidence une
était compatible avec l’absence de signes cliniques et qu’il fallait différence du niveau de clivage du TNFRSF1A membranaire
un facteur déclenchant pour provoquer les accès caractéristiques selon le type cellulaire étudié au cours du TRAPS avec mutation
intermittents. Les crises chez des patients avançant en âge C33Y : les leucocytes C33Y ne semblent pas concernés par le
peuvent être moins souvent fébriles. Dans quelques observa- défaut de clivage du TNFRSF1A membranaire, contrairement
tions, les crises se succèdent alors que les signes et symptômes aux fibroblastes C33Y d’origine dermique.
de la crise précédente n’ont pas encore disparu. Il n’y a plus Le défaut de clivage du TNFRSF1A membranaire est incons-
d’intervalle libre, le TRAPS prenant alors les traits d’une maladie tant dans le TRAPS et a été signalé, ce qui a des conséquences
à expression phénotypique chronique. pour sa spécificité, dans un cas de syndrome hyper-IgD.

Amylose AA [4, 45, 46] Autres mécanismes pathogéniques


L’amylose AA, en particulier rénale, hépatique, splénique, Certaines mutations pourraient affecter l’internalisation du
complique de 14 à 25 % des cas de TRAPS. Elle menace le TNFRSF1A dans le cytoplasme (laquelle se produit après liaison
pronostic vital. Elle semble varier selon les anomalies génétiques avec le TNF), ce qui entraînerait un signal plus prolongé du TNF
présentes dans les familles. La constatation d’un cas d’amylose et un risque d’emballement de la réponse auto-inflammatoire.
dans une famille implique une surveillance plus grande des La modification de la conformation du récepteur TNFRSF1A

Appareil locomoteur 5
14-210-A-20 ¶ Syndromes auto-inflammatoires

pourrait également induire certains TRAPS, en affectant la de son efficacité au fil du temps ou doit être prescrite plus
fixation du ligand et/ou l’homotrimérisation du récepteur fréquemment. Par ailleurs, bien qu’efficace lors des accès, elle
nécessaire à la fixation du trimère de TNF alpha. n’en prévient pas la survenue.
Une autre hypothèse a trait à la perturbation des mécanismes
d’apoptose. Il a en effet été constaté dans un TRAPS une Étanercept
diminution de l’apoptose des cellules inflammatoires chez un
patient porteur de la mutation C43S de la protéine TNFRSF1A, L’hypothèse pathogénique d’un trouble de la libération
souffrant depuis l’âge de 18 mois d’un TRAPS caractérisé par des membranaire du TNFRSF1A a conduit à proposer un blocage de
accès récidivants durant 1 à 2 semaines, comportant de la l’action du TNF. L’étanercept, protéine de fusion comportant
fièvre, une pharyngite, une arthrite et des myalgies associées à deux copies du récepteur p75 (ce n’est pas le récepteur p55) du
un rash cutané migrant. Les travaux ex vivo ont révélé que chez TNF alpha combinées au fragment constant de l’Ig1 humaine,
ce patient le clivage du TNFRSF1A membranaire n’était pas est utilisé pour le traitement du TRAPS. La dose employée est de
diminué. En revanche, les travaux ont démontré une diminu- 25 mg d’étanercept en injection sous-cutanée deux fois par
tion de l’apoptose induite par le TNF des fibroblastes mutés semaine, mais la posologie pourrait être dans l’idéal adaptée
C43S provenant de biopsies de peau normale de ce patient selon le degré d’atteinte et la pharmacocinétique de l’étanercept
prélevée en période asymptomatique et des cellules mononu- chez le sujet traité. Le traitement par étanercept permet une
cléées mutées C43S du sang périphérique, et sur les polynu- atténuation des effets du TNF en se liant au TNF soluble et
cléaires neutrophiles. Le maintien de la production de cytokines membranaire. Galon et al. ont noté une amélioration clinique
pro-inflammatoires interleukines (IL) 6 et 8, et la survie et biologique chez sept patients sur neuf [29]. Hull et al. ont
cellulaire plus longue des cellules de l’inflammation pourraient retrouvé une efficacité dans 66 % des cas, avec une diminution
expliquer le phénotype pathologique TRAPS chez certains du nombre des poussées [27] . Drewe et al. ont constaté la
patients. Cette hypothèse serait compatible avec l’observation possibilité de réduire la corticothérapie et une amélioration du
que les mutations dans le TRAPS concernent le gène TNFRSF1A syndrome inflammatoire chez cinq patients [50]. Lamprecht et
et non le TNFRSF1B (qui n’a pas de domaine de mort). Elle al. ont signalé l’obtention d’une rémission et la diminution de
pourrait également rendre compte de l’efficacité seulement la corticothérapie chez deux patients [51] . Simon et al. ont
partielle des anti-TNF dans le TRAPS, le blocage du TNF alpha indiqué avoir obtenu une amélioration prolongée après trois ou
n’empêchant pas les cellules de l’inflammation de rester plus quatre injections successives d’étanercept [4]. Dans l’étude de
résistantes à l’apoptose. Drewe et al., l’étanercept n’a pas en revanche permis d’éviter la
survenue des accès [50] . Dans un cas espagnol isolé avec la
mutation G36E sur l’exon 3 de novo, l’étanercept a été efficace
sur les symptômes des accès, mais il n’a pas permis de norma-
liser la réponse inflammatoire en dehors des poussées, y

“ Point fort
compris en association avec de la colchicine [52].
L’étanercept est donc intéressant chez certains patients
souffrant de TRAPS, soit pour remplacer la corticothérapie, soit
TRAPS : mécanismes pathogéniques pour réduire les doses de corticoïdes pour contrôler les accès,
• Défaut de clivage du TNFRSF1A membranaire. mais son action bénéfique n’est pas constante. L’infliximab, qui
• Diminution de l’apoptose induite par le TNF alpha des a un autre mécanisme d’action, a été rarement utilisé dans le
cellules porteuses de la mutation. TRAPS, et n’a pas paru efficace pour en prévenir ou atténuer les
accès. Dans une famille danoise ayant la mutation C98Y, l’un
• Arsenal thérapeutique :
des très jeunes enfants a été traité par deux perfusions d’inflixi-
C colchicine inefficace, anti-inflammatoires non
mab sans efficacité ; en revanche, l’étanercept, donné à la
stéroïdiens (AINS) inefficaces ; posologie de 0,5 mg/kg par voie sous-cutanée, a permis de
C corticothérapie efficace ; contrôler en 3 jours l’accès, une rémission ayant été obtenue
C étanercept : souvent efficace. pendant les 7 semaines suivantes grâce à la poursuite de deux
• Complications : accès plus rapprochés ; complications injections hebdomadaires d’étanercept. Un essai de prévention
iatrogènes. avec une injection toutes les 4 semaines s’est avéré inopérant.
• Amylose AA : un dixième à un quart des patients. Les auteurs précisent que le TRAPS de ce très jeune patient
(2 ans) a ensuite pu être assez bien contrôlé par la pratique de
deux injections d’étanercept lors de la survenue d’un nouvel
accès.
Drewe et al. ont constaté une régression d’un syndrome
Traitement des patients souffrant néphrotique et une stabilisation de l’amylose AA secondaire à
un TRAPS sous étanercept [53]. Dans un autre travail, l’arrêt de
de TRAPS [4, 5, 50-55] l’étanercept a coïncidé avec une progression vers l’insuffisance
rénale. Drewe et al. ont noté comme Kallinich et al. la stabili-
Colchicine. Anti-inflammatoires non stéroïdiens sation d’une amylose AA après greffe de rein [39, 54]. Le traite-
ment par étanercept n’est toutefois pas constamment efficace
La colchicine, sauf rares exceptions, est inefficace et ne sur la prévention de l’amylose : Hull et al. ont en effet diagnos-
prévient pas les accès ; par ailleurs, son action sur la prévention tiqué un syndrome néphrotique au bout de 2 ans de traitement
d’une amylose AA n’est pas démontrée dans le TRAPS. Les AINS par étanercept [4].
n’ont de même qu’une efficacité très partielle sur les symptômes
et signes du TRAPS.
IL1-RA [55]
Corticoïdes L’IL1-RA (anakinra), efficace dans les CAPS et la maladie de
Still, a été rarement utilisé dans le TRAPS. Chez une patiente
Les corticoïdes sont efficaces, mais à une dose orale supé- hollandaise de 19 ans porteuse de la mutation C43Y souffrant
rieure à 20 mg/j (souvent en traitement d’attaque à 1 mg/kg/j). depuis l’âge de 1 an de poussées avec fièvre, malaise général,
Ils sont donnés de préférence dès le tout début de la crise et douleurs abdominales, myalgies, lésions cutanées douloureuses
pour une période limitée. Leur action est rapide. Ils diminuent érythémateuses, syndrome inflammatoire biologique, la predni-
en général la sévérité et la durée des accès inflammatoires, sone n’était efficace qu’à une dose d’au moins 30 mg/j. Diffé-
lesquels peuvent durer plusieurs semaines et dans certains cas rents AINS, le méthotrexate, la ciclosporine avaient été
devenir subintrants. La corticothérapie perd parfois une partie inefficaces et le sirolimus mal toléré. Un essai d’étanercept

6 Appareil locomoteur
Syndromes auto-inflammatoires ¶ 14-210-A-20

s’était avéré transitoirement efficace cliniquement, mais n’avait Tableau 2.


pas permis de réduire la dose de prednisone et n’avait pas eu Cryopyrine associated periodic syndrome (CAPS) : trois affections
d’effet sur les paramètres de l’inflammation. La présence de représentent le spectre d’une même maladie, de gravité ascendante.
poussées devenues continues sur 1 an, avec sur 22 mesures une Urticaire au froid familiale Urticaire quelques heures après une
CRP à 117 mg/l en moyenne (extrêmes : 70-157), une hyperleu- (familial cold exposition au froid
cocytose à 20,9 × 10 9 /l (extrêmes : 14,9-23,6) a conduit à autoinflammatory syndrome) Accès douloureux, fébriles, avec
recourir à l’anakinra avec une efficacité clinique et biologique frissons, arthralgies, arthrites
spectaculaire, permettant une réduction de la posologie de
Conjonctivite, possibles macules,
prednisone à 10 mg/j. Une telle observation fait toutefois se pétéchies, plaques érythémateuses
poser la question du diagnostic : s’agissait-t-il réellement d’un
Mutation : gène CIAS1 chromosome 1
TRAPS ou d’une maladie de Still chez une patiente ayant la
(1q44)
mutation du TNFSR1A C43Y ?
Transmission autosomique
dominante
Élargissement du concept TRAPS [4, 8, 25, 34, 37, Risque d’amylose
56-59] Efficacité de l’IL1-RA
Syndrome de Muckle-Wells Urticaire
Fréquence des mutations R92Q et P46L Accès douloureux, fébriles, avec
du TNFSR1A arthralgies, arthrites
Surdité de perception neurosensorielle
La prévalence non négligeable des mutations R92Q et P46L
progressive
du TNFSR1A dans les populations contrôles soulève une problé-
Syndrome inflammatoire biologique
matique. La mutation R92Q de la protéine TNFSR1A est une
ancienne mutation. Sa prévalence selon les populations varierait Mutation : gène CIAS1 chromosome 1
entre 1 et 2,5 %. Selon Trost et al. [57], la mutation P46L est (1q44)
retrouvée chez des sujets asymptomatiques de façon non rare : Transmission autosomique
un sur 170 Nord-Européens asymptomatiques, trois sur dominante
156 Afro-Américains asymptomatiques, un sur 69 contrôles Risque d’amylose AA, en particulier
arabes asymptomatiques. Elle serait de 2,9 % dans la région du rénale
Maghreb selon Dode et al. [25], avec possibilité d’un gradient Efficacité de l’IL1-RA
nord-sud entre le Maghreb et l’Afrique sub-saharienne, ce qui va NOMID/CINCA Éruption ressemblant à une urticaire
de pair avec l’acceptation d’un polymorphisme génétique qui Atteinte musculosquelettique :
est défini à partir d’une prévalence d’au moins 1 % dans la contractures, ostéopénie,
. population générale. hypertrophie épiphysaire
La littérature récente abonde dans des phénotypes liés à la Atteinte du système nerveux central :
mutation R92Q du TNFSR1A [20, 25, 50, 51, 58, 59]. Ces données méningite aseptique, surdité, œdème
. figurent sur la version électronique de cet article, de même que papillaire, hydrocéphalie
celles concernant les phénotypes liés à la mutation P46L du Syndrome inflammatoire biologique
TNFSR1A [25, 32, 57, 59, 60].
Mutations de novo : gène CIAS1
chromosome 1 (1q44)
Amylose AA, en particulier rénale
Efficacité de l’IL1-RA
“ Point fort NOMID : neonatal onset multisystem inflammatory disease ; CINCA : chronic
infantile neurologic cutaneous and articular (décrit par Prieur).
Mutations : gène CIAS1 du chromosome 1 codant pour la cryopyrine (appelée
TRAPS : manifestations atypiques aussi NALP3 ou PYPAF1) (site 1q44).
• Myocardite. Pathogénie commune : rôle-clé de l’inflammasome et de l’interleukine 1.
• Sacro-iliite.
• Panniculites récidivantes.
• Signes neurologiques : vertiges, paresthésies, troubles
enfance. Elle se traduit par une urticaire survenant quelques
de la mémoire, « sclérose en plaques ».
heures après une exposition au froid, et d’autres manifestations :
• Question de l’extension du spectre des signes associés
articulations gonflées, douloureuses, frissons, fièvre, conjoncti-
aux mutations du TNF R92Q, P46L. vite, évoluant par accès, avec un risque d’amylose. Le gène
• Fièvres récidivantes, conjonctivites récidivantes, impliqué (CIAS1) est situé sur le chromosome 1, en 1q44. La
péricardites récidivantes. protéine correspondante a des régions homologues à celle de la
• Conséquences des mutations du TNF au cours d’autres pyrine/marénostrine, et est appelée cryopyrine. Des observations
affections systémiques. assez proches sont décrites, par exemple un cas dans une famille
du nord de l’Inde avec début précoce, fièvre intermittente,
durant plus de 1 semaine, urticaire, œdème périorbitaire,
arthralgies modérées à sévères, réponse de phase aiguë impor-
■ Cryopyrinopathies ou cryopyrin tante en crise, risque d’amylose AA, réponse à la colchicine et
site chromosomique impliqué dans la région 1q44.
associated periodic syndrome [61-70]

Les cryopyrinopathies ou CAPS regroupent les trois syndro- Syndrome de Muckle et Wells
mes suivants de gravité ascendante : urticaire au froid familiale,
syndrome de Muckle et Wells, NOMID/CINCA (Tableau 2). Il a été décrit en 1962 dans une famille anglaise. Il comporte
une urticaire, une surdité neurosensorielle progressive, des
Urticaire au froid familiale arthralgies ou arthrites intermittentes, un risque d’amylose, en
particulier rénale. L’anomalie génétique porte aussi sur le site
C’est une affection à transmission autosomique dominante chromosomique 1q44 (gène CIAS1). Les anti-inflammatoires
décrite pour la première fois en 1940. Elle débute dans la petite n’ont pas une efficacité spectaculaire.

Appareil locomoteur 7
14-210-A-20 ¶ Syndromes auto-inflammatoires

NOMID ou CINCA
Il touche les enfants jeunes. La mutation actuellement est
toujours de novo compte tenu du pronostic grave de cette
“ Point fort
affection. Mais l’anakinra a une efficacité spectaculaire, comme Inflammasome
pour les deux autres CAPS. Une association de mutations • Complexe cytoplasmique fait de trois composants :
TRAPS, CAPS dans la même famille a été rapportée [71]. C les protéines NALP1 ou NALP2/3 (produit du gène
CIAS1) ;
C la protéine ASC : apoptosis associated speck-like
■ Implication de l’inflammasome protein with a CARD (CARD : caspase recrutement
dans les cryopyrinopathies [72-74] domain) ;
C les caspases 1 et 5 (cysteine aspartate protease).
Les syndromes auto-inflammatoires CAPS ou cryopyrinopa- • Rôle : activation pro-IL1 bêta en IL1 in situ et activation
thies ont une symptomatologie inflammatoire intermittente et IL18.
font intervenir l’immunité innée par le biais de l’IL1 bêta et • Structure NALP : domaine pyrine (PYD) ; NACHT ; NAD
l’inflammasome NALP/ASC/caspase-1. (NACHT-Associated Domain), LRR (leucin rich repeats).
L’inflammasome, de description récente, offre en effet une • Mise en jeu : assez proche de celle des toll-like
voie de compréhension des manifestations intermittentes au
récepteurs.
cours des cryopyrinopathies. Le complexe moléculaire inflam-
masome réalise l’assemblage d’un récepteur intracellulaire
appelé NALP avec un adaptateur ASC aboutissant au recrute-
ment et à l’activation de la caspase 1 (par dimérisation). Cette en cause dans les syndromes auto-inflammatoires, sont en cours
caspase-1 (ou interleukin-1 converting enzyme) protéolyse le d’étude. Ils seront également riches d’enseignement à la fois
précurseur pro-IL1 bêta pour donner l’IL1bêta, cytokine pro- pour l’expression phénotypique de nombreuses maladies
inflammatoire. Ce rôle de la caspase 1 est prouvé dans le inflammatoires, et pour la compréhension des mécanismes de
modèle de souris déficientes en caspase 1, qui se révèlent l’immunité innée et de la réponse inflammatoire.
incapables de produire de l’IL1 bêta mature. Les caspases de .

façon générale sont des protéases à cystéine jouant un rôle dans


l’activation des cytokines et la régulation de l’apoptose. Le ■ Références
récepteur intracellulaire NALP fait partie des récepteurs aux [1] Kastner DL, Aksentijevich I. Intermittent and periodic arthritis syndro-
pathogènes nod-like receptors (NLR). Les NALP 1,2 et 3 interagis- mes. In: Koopman WJ, Moreland LW, editors. Arthritis and allied
sent avec ASC par leurs domaines pyrine. L’inflammasome conditions. Philadelphia: Lippincott-Williams and Wilkins; 2005.
NALP3 (et 2) recrute une deuxième caspase 1 par un deuxième p. 1411-61.
adaptateur appelé Cardinal. NALP3 est classiquement activé par [2] Masson C. Rhumatismes intermittents. EMC (Elsevier Masson SAS,
des parois bactériennes ou des bactéries, ou des signaux tels que Paris), Appareil locomoteur, 14-210-A-10, 2007.
l’adénosine triphosphate par le biais du récepteur P2X7 ou de [3] Masson C, Simon V, Hoppé E, Insalaco P, Cissé I, Audran M. Tumor
certaines toxines. necrosis factor receptor-associated periodic syndrome (TRAPS):
Or, un lien entre l’inflammasome et les cryopyrinopathies est definition, semiology, prognosis, pathogenesis, treatment, and place
apparu en constatant les identités moléculaires entre NALP3 et relative to other periodic joint diseases. Joint Bone Spine 2004;71:
cryopyrine ; cette dernière produit du gène CIAS1 impliqué dans 284-90.
les trois cryopyrinopathies ou CAPS (FCAPS, syndrome de [4] Masson C, Amoura Z, Berthelot JM. Pathologies associées aux muta-
Muckle-Wells, CINCA/NOMID). Il n’est probablement pas sans tions du gène du récepteur de type 1 du TNF: syndromes TRAPS
pertinence de constater que l’inflammasome intervient aussi (Tumor necrosis factor-Receptor-Associated Periodic Syndrome). In:
dans le déclenchement des manifestations articulaires pendant Guillevin L, Piette JF, Meyer O, Sibilia J, editors. Maladies
systémiques. Paris: Flammarion; 2007.
longtemps intermittentes des arthropathies microcristallines.
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L’accès goutteux met en jeu l’inflammasome composé de
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NALP3 en présence de dépôts de cristaux d’urate de sodium. Il [6] Sarrauste de Menthiere C, Terriere S, Pugnere D, Ruiz M, Demaille J,
s’ensuit une induction de l’activation de la caspase-1 et du Touitou I. INFEVERS: the registry for FMF and hereditary
même coup la maturation de l’IL1 bêta (et aussi de l’IL18), inflammatory disorders mutations. Nucleic Acids Res 2003;31:282-5.
provoquant et expliquant la réponse inflammatoire. Dans ce [7] Touitou I, Lesage S, McDermott M, Cuisset L, Hoffman H, Dode C,
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inhibe la production d’IL1 bêta. En revanche, les macrophages syndromes. Hum Mutat 2004;24:194-8.
des souris déficientes en un élément de l’inflammasome [8] Federici L, Rittore-Domingo C, Kone-Paut I, Jorgensen C, Rodiere M,
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périodique (fièvre méditerranéenne) est identifié. Rev Rhum Mal
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familles décrites pour les différentes pathologies sont exception-
[11] Vinceneux P, Pouchot J, Méry JP. Maladie périodique (fièvre méditer-
nelles, que ce soient pour des mutations anciennes ou nouvel- ranéenne familiale). In: Kahn MF, Peltier AP, Meyer O, Piette JC,
les. Mais les différents syndromes auto-inflammatoires décrits editors. Maladies et syndromes systémiques. Paris: Médecine-Sciences
sont une opportunité pour comprendre des mécanismes inflam- Flammarion; 2000. p. 1137-268.
matoires fondamentaux faisant intervenir l’immunité innée. Un [12] Korkmaz C, Ozdogan H, Kasapcopur O, Yazici H. Acute phase
exemple démonstratif est la découverte des liens entre la response in familial Mediterranean fever. Ann Rheum Dis 2002;61:
cryopyrine et l’inflammasome, et du même coup les liens entre 79-81.
ces éléments et une affection assez fréquente, banale, comme la [13] Lidar M, Kedem R, Levartovsky D, Langevitz P, Livneh A. Arthritis as
goutte à expression pendant longtemps également intermit- the sole episodic manifestations of familial Mediterranean fever.
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8 Appareil locomoteur
Syndromes auto-inflammatoires ¶ 14-210-A-20

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C. Masson, Praticien hospitalier (ChMasson@chu-angers.fr).


B. Bouvard, Praticien contractuel.
M. Audran, Professeur, chef du service de rhumatologie, coordonnateur du pôle ostéoarticulaire.
Service de rhumatologie, pôle ostéoarticulaire, Centre hospitalier universitaire, 49933 Angers cedex 9, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Masson C., Bouvard B., Audran M. Syndromes auto-inflammatoires. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Appareil locomoteur, 14-210-A-20, 2008.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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