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Syndromes auto-inflammatoires
C. Masson, B. Bouvard, M. Audran
Mots clés : Maladie auto-inflammatoire ; Maladie périodique ; Syndrome hyper-IgD ; TRAPS ; CAPS ;
Syndrome de Muckle et Wells ; Urticaire au froid familiale ; NOMID ; CINCA
Appareil locomoteur 1
14-210-A-20 ¶ Syndromes auto-inflammatoires
Généralités
■ MAPS ou syndrome hyper-IgD [14-20]
TRAPS dans le monde
Le syndrome hyper-IgD a été décrit en 1984 par Van der Meer Le TRAPS est en fréquence la seconde maladie auto-
et des observations équivalentes faisaient aussi partie du travail inflammatoire après la FMF. Le TRAPS réalise une fièvre hérédi-
de Prieur en 1983. La majorité des patients est décrite en Europe taire intermittente à transmission mendélienne dominante liée
2 Appareil locomoteur
Syndromes auto-inflammatoires ¶ 14-210-A-20
Tableau 1.
“ Point fort
Argumentation résumée de l’évocation d’un tumor necrosis factor receptor
associated periodic syndrome (TRAPS).
Accès fébriles Poussées épisodiques (non périodiques)
MAPS ou syndrome hyper-IgD de fièvre de durée supérieure ou égale
• Manifestations évocatrices. à 1 semaine (le plus souvent quelques
• Début : prime enfance. semaines, rarement quelques jours
• Facteurs déclenchants : vaccinations, infections ou mois) sans autre cause identifiable
banales. Signes et symptômes Douleurs abdominales récidivantes
• Durée de la fièvre : de 3 à 5 jours. associés aux accès fébriles Myalgies localisées avec possible raideur
• Récidives : toutes les 2 à 12 semaines, diminution avec localisée sévère
le temps. Arthralgies ou arthrites
• Céphalées, douleurs abdominales, arthralgies, arthrites, Éruption érythémateuse, sensible, prenant
éruptions cutanées. le godet (évoquant un érysipèle)
• Ulcères oropharyngés. Œdème périorbitaire
• Adénopathies cervicales. Infiltration érythémateuse conjonctivale
• Pas de traitement réellement efficace. Pleurésie, péricardite
• Hyperleucocytose, monocytose. Chez un homme, orchite
• Élévation des IgD sériques (deux dosages à 1 mois Argument sur l’anamnèse Antécédent personnel de fièvre
d’intervalle). intermittente inexpliquée avec un ou
• Élévation des IgA sériques. plusieurs des signes
• Mutations 12q24 du gène codant la mévalonate kinase. ou symptômes cités ci-dessus
• Activité de la mévalonate kinase : de 1 à 10 % de la Argument héréditaire Antécédent familial semblable vertical
normale. Origine géographique diverse
• Sécrétion accrue d’IL1 bêta par les cellules mutées. Argument thérapeutique Inefficacité en règle générale
• Syndrome inflammatoire en crise. de la colchicine (ou faible réponse)
• Syndrome inflammatoire possible en dehors des crises. Efficacité en moins de 72 heures
• Absence d’auto-immunité : le facteur rhumatoïde, les de la corticothérapie à forte dose
anticorps antinucléaires, les anticorps antipeptides Implications biologiques Recherche d’une amylose
cycliques citrullinés sont absents. Dosage du TNFRSF1A soluble
• Pas de risque d’amylose AA. Analyse orientée génomique et/ou par
polymerase chain reaction pour rechercher
une mutation connue ou nouvelle
par définition pour son nom à des mutations du récepteur 1A La limitation du diagnostic de TRAPS aux sujets mutation positif ayant
du TNF (le TNFRSF1A). Elle se traduit par des accès fébriles un regroupement défini de signes et symptômes n’est pas souhaitée
actuellement selon Hull et Kastner
douloureux abdominaux, articulaires, musculaires, cutanés,
oculaires. La dénomination ancienne était fièvre hibernienne
familiale, décrite en 1982 dans une famille irlandoécossaise.
L’origine ethnique des premiers patients décrits était l’Europe du TRAPS négatif [4, 23, 25]
Nord, mais la répartition actuelle est ubiquitaire, avec un
chevauchement géographique avec la FMF. En dehors des Chez un nombre important de patients, la symptomatologie
familles avec transmission dominante, où l’histoire est devenue est compatible avec un TRAPS, mais on ne retrouve pas l’une
la destinée (le TRAPS ayant été mis en évidence chez un parent des mutations actuellement attendues. De tels patients font
du propositus ou bien chez au moins un oncle ou une tante), il l’objet d’études nouvelles pour découvrir des mutations plus
existe de nombreux cas de novo, où la destinée commence son rares, ou des mutations sur d’autres gènes liés au TNFRSF1A ou
histoire. Dans la famille irlandoécossaise initiale, où la trans- encore sur d’autres cibles. Les équipes de Mc Dermott et Kastner
mission s’est faite non pas par la lignée paternelle comme écrit ont mis un seul mois pour découvrir la mutation sur le
initialement mais maternelle, le phénomène d’anticipation TNFRSF1A à partir du moment où la maladie était bien identi-
génétique survient, avec une apparition du TRAPS plus préco- fiée et l’implication du site chromosomique 12p13 envisagée,
cement dans les nouvelles générations. alors qu’il avait fallu 5 ans à la même équipe pour découvrir de
façon conjointe avec l’équipe française le gène muté de la
Mutations du TNFRSF1A [29-39] protéine qui fut appelée pyrine/marenostrine dans la FMF. Le
plus vraisemblable est l’implication d’autres gènes dans des
L’analyse de l’acide désoxyribonucléique (ADN) génomique syndromes fébriles familiaux héréditaires ou devenant hérédi-
montre par définition au cours du TRAPS une mutation du gène taires qui ont une traduction clinique semblable au TRAPS et
TNFRSF1A situé sur la bande 3 de la région 1 du bras court du que l’on appelle probablement à tort également TRAPS. Mc
chromosome 12, soit en 12p13. Le TRAPS est la situation où Dermott a proposé pour ces patients la terminologie TRAPS-
l’on a reconnu pour la première fois une mutation naturelle négatif [40], qui est une porte ouverte à la description d’autres
d’un récepteur du TNF. Les mutations après vérification sont maladies auto-inflammatoires.
colligées sur le site internet officiel INFEVERS. L’anomalie
génotypique n’implique pas la maladie. La présence de muta-
tions du TNFRSF1A est compatible avec le statut porteur sain, Description des accès douloureux
ce qui est démontré aussi par le caractère intermittent de du TRAPS [1, 3-5, 41]
l’expression phénotypique chez les patients souffrant de TRAPS.
Des formes de TRAPS à expression clinique fruste sont vraisem- Âge de début
blables sous forme de fièvres récidivantes isolées, myalgies
épisodiques, conjonctivites douloureuses périodiques, péricardi- Il est variable. Les signes et symptômes apparaissent le plus
tes récidivantes multiples. Certaines mutations du TNFRSF1A, souvent avant 20 ans, mais pas en général juste après la
les mutations R92Q et P46L dont la pénétrance est faible, naissance ou dans la prime enfance, sauf exception. Les inter-
pourraient correspondre à un polymorphisme génétique. valles libres entre les crises sont variables. Il n’existe pas en règle
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générale de périodicité stricte. La crise survient de façon La peau en regard des zones de myalgies est érythémateuse,
spontanée ou après un facteur déclenchant comme un exercice chaude, volontiers (mais inconstamment) sensible, avec un
physique intense, une infection banale, un traumatisme, une œdème prenant le godet. L’éruption cutanée paraît épargner le
intervention chirurgicale, un stress psychologique, les règles. visage. Elle comporte histologiquement un infiltrat périvascu-
laire et interstitiel fait de lymphocytes et de monocytes, en règle
Fièvre générale sans signes de vascularite. Cet aspect ne peut pas être
différencié d’un exanthème viral ou d’une réaction de type
La fièvre, volontiers importante, hectique, est fréquente au maladie sérique. Une vascularite lymphocytaire a été rapportée
cours des accès de TRAPS. Elle peut toutefois ne pas être dans deux cas de myalgies fixes non migratrices et dans une
présente [42], en particulier lors de tous les accès chez un même autre observation, où une augmentation des mastocytes et une
patient. Elle est plus forte dans les accès survenant au cours de margination excessive des polynucléaires neutrophiles ont été
l’adolescence. Dans un cas, elle est apparue après 4 à 5 ans aussi décrites. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) du
d’évolution du TRAPS. Elle est en règle générale associée à segment de membre symptomatique a pu montrer un aspect de
certaines des autres manifestations : signes oculaires, douleurs myosite localisée avec anomalie du signal musculaire et du tissu
abdominales, arthralgies, myalgies, douleurs thoraciques, sous-cutané, ou une fasciite [44].
céphalées, douleurs pharyngées et chez les hommes douleurs
testiculaires. Profil évolutif de l’accès
Signes oculaires L’évolution de l’accès douloureux est caractéristique. Les
myalgies, l’érythème, l’atteinte articulaire progressent vers la
Un œdème périorbitaire volontiers unilatéral, ou une région distale du membre en quelques jours ou semaines chez
conjonctivite douloureuse (« injection conjonctivale ») bilaté- la majorité des patients (symptomatologie migratrice régionale
rale, ou les deux ensemble, sont possibles au cours des accès. évocatrice), avec régression sans séquelles. Les accès fébriles et
douloureux, bien que transitoires, durent en règle générale plus
Signes digestifs d’une semaine, souvent plusieurs semaines (rarement 1 à
2 jours, ou plusieurs mois). La durée des crises est toutefois
Les douleurs abdominales, parfois extrêmement vives, variable au sein de la même famille ou chez un même patient.
s’accompagnent le cas échéant de diarrhée ou de constipation,
de nausées et de vomissements, voire de complications.
Signes fixes
Signes articulaires La présence d’une hernie inguinale chez des hommes jeunes
souffrant de TRAPS a été signalée dans la famille irlando-
Les arthralgies sont présentes pendant les accès chez environ écossaise princeps.
deux tiers des patients. Elles sont mono- ou oligoarticulaires,
touchant les genoux, les épaules, les coudes, les hanches ou
encore les doigts, les poignets, les articulations temporomandi- Anomalies biologiques du TRAPS [4]
bulaires. Les arthrites sont plus rares que les arthralgies et
restent non érosives. Un épanchement synovial, parfois respon- Syndrome inflammatoire
sable d’un flessum transitoire, est possible. Les rachialgies, les
douleurs thoraciques pariétales fébriles du TRAPS, sont Une réponse de phase aiguë est présente en crise, conjuguant
trompeuses. une élévation de la CRP, de la VS et une hyperleucocytose à
polynucléaires neutrophiles. La protéine SAA, rarement dosée
Signes musculaires mais en cause dans l’amylose secondaire du TRAPS, est aug-
mentée en crise. En dehors des accès, certains patients gardent
Les myalgies, fréquentes, touchent un groupe musculaire à la un syndrome inflammatoire avec élévation de la CRP, de la VS,
fois, volontiers au début de la crise à la racine d’un membre de la SAA. Il est rare, en crise, de ne pas avoir une réponse de
supérieur ou inférieur. Elles s’associent souvent à un gonflement phase aiguë. La présence d’une atteinte biologique hépatique ou
du muscle, avec sensibilité et augmentation de la chaleur locale. rénale (ne faisant pas partie des signes du TRAPS) doit faire
Les myalgies concernent parfois la région lombaire. L’atteinte rechercher une amylose secondaire.
musculaire typiquement migre en cours d’accès dans la région
distale du membre. Les myalgies sont parfois responsables de la Absence d’auto-immunité
limitation des mouvements des articulations adjacentes, en
dehors de toute atteinte articulaire. Il n’y a pas de signes d’auto-immunité dans le TRAPS. Les
facteurs rhumatoïdes, les anticorps antinucléaires, les anticorps
Signes thoraciques antipeptides cycliques citrullinés sont absents lors des premières
crises et restent absents. Le taux des Ig sériques, en particulier
Les douleurs thoraciques sont d’origine pleurale (pleurésie celui des IgA, peut être augmenté. Quand il existe une élévation
aseptique) ou pariétale musculaire. Les cas de péricardite sont des IgD, celle-ci reste d’ordinaire en dessous de 100 UI/ml,
rares. Ils soulèvent dans quelques cas la question de l’élargisse- contrairement à ce qui est constaté habituellement dans le
ment du spectre des manifestations liées à des mutations du syndrome hyper-IgD (cf. supra). Certains patients initialement
TNFRSF1A. diagnostiqués comme souffrant d’un syndrome hyper-IgD se
sont révélés en fait affectés d’un TRAPS. La recherche de
Signes hématologiques cryoglobuline est négative.
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liée par exemple à une amylose rénale venant compliquer un autres membres de cette famille, le risque d’amylose étant alors
TRAPS. Les valeurs du TNFRSF1B soluble ne sont pas diminuées augmenté. Le dépistage se fait par le contrôle tous les 6 mois ou
dans les familles avec TRAPS, avec ou sans mutation, ainsi que une fois par an de la protéinurie et de la clairance de la
dans les cas de TRAPS sporadiques. créatinine. Les dépôts d’amylose compliquant le TRAPS pro-
viennent de la protéine SAA et sont visibles sur les coupes
Analyse ADN tissulaires, qui, colorées par le rouge Congo, prennent une
coloration verte en lumière polarisée. Le risque d’amylose AA
L’analyse de l’ADN génomique confirme typiquement la justifie le contrôle des tests d’inflammation sur le long terme, y
présence d’une mutation du gène TNFRSF1A en 12p13, mais compris quand le patient est en période sans manifestation
celle-ci peut manquer (cf. supra). clinique évidente. L’idéal serait sans doute de pouvoir doser
aussi régulièrement la protéine SAA. Le risque d’amylose AA est
lié à l’importance des poussées inflammatoires, mais cela n’est
pas absolu. Une amylose AA peut apparaître sur un rein trans-
“ Point fort
planté si le TRAPS continue à se manifester après une telle
greffe.
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pourrait également induire certains TRAPS, en affectant la de son efficacité au fil du temps ou doit être prescrite plus
fixation du ligand et/ou l’homotrimérisation du récepteur fréquemment. Par ailleurs, bien qu’efficace lors des accès, elle
nécessaire à la fixation du trimère de TNF alpha. n’en prévient pas la survenue.
Une autre hypothèse a trait à la perturbation des mécanismes
d’apoptose. Il a en effet été constaté dans un TRAPS une Étanercept
diminution de l’apoptose des cellules inflammatoires chez un
patient porteur de la mutation C43S de la protéine TNFRSF1A, L’hypothèse pathogénique d’un trouble de la libération
souffrant depuis l’âge de 18 mois d’un TRAPS caractérisé par des membranaire du TNFRSF1A a conduit à proposer un blocage de
accès récidivants durant 1 à 2 semaines, comportant de la l’action du TNF. L’étanercept, protéine de fusion comportant
fièvre, une pharyngite, une arthrite et des myalgies associées à deux copies du récepteur p75 (ce n’est pas le récepteur p55) du
un rash cutané migrant. Les travaux ex vivo ont révélé que chez TNF alpha combinées au fragment constant de l’Ig1 humaine,
ce patient le clivage du TNFRSF1A membranaire n’était pas est utilisé pour le traitement du TRAPS. La dose employée est de
diminué. En revanche, les travaux ont démontré une diminu- 25 mg d’étanercept en injection sous-cutanée deux fois par
tion de l’apoptose induite par le TNF des fibroblastes mutés semaine, mais la posologie pourrait être dans l’idéal adaptée
C43S provenant de biopsies de peau normale de ce patient selon le degré d’atteinte et la pharmacocinétique de l’étanercept
prélevée en période asymptomatique et des cellules mononu- chez le sujet traité. Le traitement par étanercept permet une
cléées mutées C43S du sang périphérique, et sur les polynu- atténuation des effets du TNF en se liant au TNF soluble et
cléaires neutrophiles. Le maintien de la production de cytokines membranaire. Galon et al. ont noté une amélioration clinique
pro-inflammatoires interleukines (IL) 6 et 8, et la survie et biologique chez sept patients sur neuf [29]. Hull et al. ont
cellulaire plus longue des cellules de l’inflammation pourraient retrouvé une efficacité dans 66 % des cas, avec une diminution
expliquer le phénotype pathologique TRAPS chez certains du nombre des poussées [27] . Drewe et al. ont constaté la
patients. Cette hypothèse serait compatible avec l’observation possibilité de réduire la corticothérapie et une amélioration du
que les mutations dans le TRAPS concernent le gène TNFRSF1A syndrome inflammatoire chez cinq patients [50]. Lamprecht et
et non le TNFRSF1B (qui n’a pas de domaine de mort). Elle al. ont signalé l’obtention d’une rémission et la diminution de
pourrait également rendre compte de l’efficacité seulement la corticothérapie chez deux patients [51] . Simon et al. ont
partielle des anti-TNF dans le TRAPS, le blocage du TNF alpha indiqué avoir obtenu une amélioration prolongée après trois ou
n’empêchant pas les cellules de l’inflammation de rester plus quatre injections successives d’étanercept [4]. Dans l’étude de
résistantes à l’apoptose. Drewe et al., l’étanercept n’a pas en revanche permis d’éviter la
survenue des accès [50] . Dans un cas espagnol isolé avec la
mutation G36E sur l’exon 3 de novo, l’étanercept a été efficace
sur les symptômes des accès, mais il n’a pas permis de norma-
liser la réponse inflammatoire en dehors des poussées, y
“ Point fort
compris en association avec de la colchicine [52].
L’étanercept est donc intéressant chez certains patients
souffrant de TRAPS, soit pour remplacer la corticothérapie, soit
TRAPS : mécanismes pathogéniques pour réduire les doses de corticoïdes pour contrôler les accès,
• Défaut de clivage du TNFRSF1A membranaire. mais son action bénéfique n’est pas constante. L’infliximab, qui
• Diminution de l’apoptose induite par le TNF alpha des a un autre mécanisme d’action, a été rarement utilisé dans le
cellules porteuses de la mutation. TRAPS, et n’a pas paru efficace pour en prévenir ou atténuer les
accès. Dans une famille danoise ayant la mutation C98Y, l’un
• Arsenal thérapeutique :
des très jeunes enfants a été traité par deux perfusions d’inflixi-
C colchicine inefficace, anti-inflammatoires non
mab sans efficacité ; en revanche, l’étanercept, donné à la
stéroïdiens (AINS) inefficaces ; posologie de 0,5 mg/kg par voie sous-cutanée, a permis de
C corticothérapie efficace ; contrôler en 3 jours l’accès, une rémission ayant été obtenue
C étanercept : souvent efficace. pendant les 7 semaines suivantes grâce à la poursuite de deux
• Complications : accès plus rapprochés ; complications injections hebdomadaires d’étanercept. Un essai de prévention
iatrogènes. avec une injection toutes les 4 semaines s’est avéré inopérant.
• Amylose AA : un dixième à un quart des patients. Les auteurs précisent que le TRAPS de ce très jeune patient
(2 ans) a ensuite pu être assez bien contrôlé par la pratique de
deux injections d’étanercept lors de la survenue d’un nouvel
accès.
Drewe et al. ont constaté une régression d’un syndrome
Traitement des patients souffrant néphrotique et une stabilisation de l’amylose AA secondaire à
un TRAPS sous étanercept [53]. Dans un autre travail, l’arrêt de
de TRAPS [4, 5, 50-55] l’étanercept a coïncidé avec une progression vers l’insuffisance
rénale. Drewe et al. ont noté comme Kallinich et al. la stabili-
Colchicine. Anti-inflammatoires non stéroïdiens sation d’une amylose AA après greffe de rein [39, 54]. Le traite-
ment par étanercept n’est toutefois pas constamment efficace
La colchicine, sauf rares exceptions, est inefficace et ne sur la prévention de l’amylose : Hull et al. ont en effet diagnos-
prévient pas les accès ; par ailleurs, son action sur la prévention tiqué un syndrome néphrotique au bout de 2 ans de traitement
d’une amylose AA n’est pas démontrée dans le TRAPS. Les AINS par étanercept [4].
n’ont de même qu’une efficacité très partielle sur les symptômes
et signes du TRAPS.
IL1-RA [55]
Corticoïdes L’IL1-RA (anakinra), efficace dans les CAPS et la maladie de
Still, a été rarement utilisé dans le TRAPS. Chez une patiente
Les corticoïdes sont efficaces, mais à une dose orale supé- hollandaise de 19 ans porteuse de la mutation C43Y souffrant
rieure à 20 mg/j (souvent en traitement d’attaque à 1 mg/kg/j). depuis l’âge de 1 an de poussées avec fièvre, malaise général,
Ils sont donnés de préférence dès le tout début de la crise et douleurs abdominales, myalgies, lésions cutanées douloureuses
pour une période limitée. Leur action est rapide. Ils diminuent érythémateuses, syndrome inflammatoire biologique, la predni-
en général la sévérité et la durée des accès inflammatoires, sone n’était efficace qu’à une dose d’au moins 30 mg/j. Diffé-
lesquels peuvent durer plusieurs semaines et dans certains cas rents AINS, le méthotrexate, la ciclosporine avaient été
devenir subintrants. La corticothérapie perd parfois une partie inefficaces et le sirolimus mal toléré. Un essai d’étanercept
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Les cryopyrinopathies ou CAPS regroupent les trois syndro- Syndrome de Muckle et Wells
mes suivants de gravité ascendante : urticaire au froid familiale,
syndrome de Muckle et Wells, NOMID/CINCA (Tableau 2). Il a été décrit en 1962 dans une famille anglaise. Il comporte
une urticaire, une surdité neurosensorielle progressive, des
Urticaire au froid familiale arthralgies ou arthrites intermittentes, un risque d’amylose, en
particulier rénale. L’anomalie génétique porte aussi sur le site
C’est une affection à transmission autosomique dominante chromosomique 1q44 (gène CIAS1). Les anti-inflammatoires
décrite pour la première fois en 1940. Elle débute dans la petite n’ont pas une efficacité spectaculaire.
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NOMID ou CINCA
Il touche les enfants jeunes. La mutation actuellement est
toujours de novo compte tenu du pronostic grave de cette
“ Point fort
affection. Mais l’anakinra a une efficacité spectaculaire, comme Inflammasome
pour les deux autres CAPS. Une association de mutations • Complexe cytoplasmique fait de trois composants :
TRAPS, CAPS dans la même famille a été rapportée [71]. C les protéines NALP1 ou NALP2/3 (produit du gène
CIAS1) ;
C la protéine ASC : apoptosis associated speck-like
■ Implication de l’inflammasome protein with a CARD (CARD : caspase recrutement
dans les cryopyrinopathies [72-74] domain) ;
C les caspases 1 et 5 (cysteine aspartate protease).
Les syndromes auto-inflammatoires CAPS ou cryopyrinopa- • Rôle : activation pro-IL1 bêta en IL1 in situ et activation
thies ont une symptomatologie inflammatoire intermittente et IL18.
font intervenir l’immunité innée par le biais de l’IL1 bêta et • Structure NALP : domaine pyrine (PYD) ; NACHT ; NAD
l’inflammasome NALP/ASC/caspase-1. (NACHT-Associated Domain), LRR (leucin rich repeats).
L’inflammasome, de description récente, offre en effet une • Mise en jeu : assez proche de celle des toll-like
voie de compréhension des manifestations intermittentes au
récepteurs.
cours des cryopyrinopathies. Le complexe moléculaire inflam-
masome réalise l’assemblage d’un récepteur intracellulaire
appelé NALP avec un adaptateur ASC aboutissant au recrute-
ment et à l’activation de la caspase 1 (par dimérisation). Cette en cause dans les syndromes auto-inflammatoires, sont en cours
caspase-1 (ou interleukin-1 converting enzyme) protéolyse le d’étude. Ils seront également riches d’enseignement à la fois
précurseur pro-IL1 bêta pour donner l’IL1bêta, cytokine pro- pour l’expression phénotypique de nombreuses maladies
inflammatoire. Ce rôle de la caspase 1 est prouvé dans le inflammatoires, et pour la compréhension des mécanismes de
modèle de souris déficientes en caspase 1, qui se révèlent l’immunité innée et de la réponse inflammatoire.
incapables de produire de l’IL1 bêta mature. Les caspases de .
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Masson C., Bouvard B., Audran M. Syndromes auto-inflammatoires. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Appareil locomoteur, 14-210-A-20, 2008.
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