Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Figure 6.2. Malformation artérioveineuse pariétale Figure 6.3. Cavernome frontal droit.
droite.
Chapitre 6. Étiologies des épilepsies 79
Le nombre de cavernomes, leur taille et la Tableau 6.2. Classification des anomalies du développe
présence d’un halo périphérique d’hémosidérine ment cortical, adapté d’après [46, 47].
représentent des facteurs de risque plus contro- 1. Malformations en rapport A. Par diminution de la prolifération
versés [39]. avec une anomalie ou augmentation de l’apoptose
de la prolifération Microcéphalie avec cortex
En cas de pharmacorésistance avérée, l’option ou de l’apoptose normal ou aminci
neurochirurgicale devra être considérée car assor- neuronale et/ou gliale Microlissencéphalie
tie d’un taux de guérison de 75 % [39]. Microcéphalie avec cortex
anormal
B. Par augmentation
●● À noter de la prolifération ou diminution
L’association non fortuite des cavernomes avec de l’apoptose
Mégalencéphalie
un angiome veineux suggère des mécanismes
C. Par prolifération anormale
physiopathologiques communs [44]. Non néoplasique
Sclérose tubéreuse
de Bourneville
Dysplasie corticale
Anomalies avec cellules ballonisées
du développement Hémimégalencéphalie
Néoplasique
cortical Tumeur
dysembryoplasique
neuro-épithéliale
Les anomalies du développement cortical sont une
Gangliogliome
étiologie fréquente d’épilepsie [45]. Clinique Gangliocytome
ment, elles s’associent souvent à des tableaux Malformations A. Lissencéphalie/ spectre
d’épilepsie sévère, pharmacorésistante. Leur clas- par anomalie des hétérotopies en bandes
sification autrefois purement anatomopatholo- de la migration B. Complexe de Cobblestone
gique a beaucoup bénéficié ces dernières années neuronale Syndromes de dystrophie
musculaire congénitale
des progrès de l’imagerie et de la génétique Syndromes sans anomalies
(tableau 6.2). musculaires
Les anomalies du développement cortical peu- C. Hétérotopies
vent être classées en fonction de leur délai de surve- Périventriculaires (nodulaires,
laminaires)
nue par rapport aux étapes clés du développement Subcorticales (autres que
cortical : prolifération et apoptose, migration, les hétérotopies en bandes)
organisation corticale. On distingue ainsi quatre Glioneuronales marginales
classes principales d’anomalies du développement Malformations A. Polymicrogyrie-Schizencéphalie
cortical [46, 47] : par anomalie Syndromes bilatéraux
de l’organisation de polymicrogyrie
• les malformations en rapport avec une anomalie
corticale Schizencéphalie
de la prolifération ou de l’apoptose neuronale Polymicrogyrie avec d’autres
et/ou gliale (figs. 6.4 à 6.8) ; anomalies
• les malformations par anomalie de la migration Polymicrogyrie avec
schizencéphalie
neuronale (figs. 6.9 à 6.11) ;
B. Dysplasie corticale sans cellule
• les malformations par anomalie de l’organisa- ballonisée
tion corticale (figs. 6.12 et 6.13) ; C. Microdysgénésie
• les malformations non classées du développe- Malformations A. Malformations dues à des
ment cortical (fig. 6.14). non classées erreurs innées du métabolisme
De nombreuses formes sont liées à des ano- du développement Anomalies des mitochondries
cortical Anomalies du pyruvate
malies génétiques et on estime à l’heure actuelle Anomalies des peroxisomes
que 30 % des malformations cérébrales focales ou B. Autres anomalies non classées
diffuses seraient liées à des mutations génétiques Dysplasie sublobaire
somatiques [48] (tableau 6.3). Autres
80 Epilepsies de l'enfant, de l'adolescent et de l'adulte
Figure 6.4. Multiples tubers calcifiés dans le cadre d’une sclérose tubéreuse de Bourneville.
Figure 6.5. Dysplasie corticale frontale droite. Figure 6.6. Hémimégalencéphalie droite avec agénésie
du corps calleux.
Chapitre 6. Étiologies des épilepsies 81
Tableau 6.3. Gènes impliqués dans des tableaux de malformation du développement cortical avec épilepsie (recense
ment non exhaustif), d’après Wang [49] :
Phénotype Mode de transmission Gènes
Malformations cérébrales focales ou multifocales
1. De la substance grise
Holoprosencéphalie * AD PTCH1
Polymicrogyrie frontopariétale bilatérale AR GPR56
Polymicrogyrie périsylvienne bilatérale ND GPR56
Polymicrogyrie temporo-occipitale bilatérale AR FIG4
Syndrome CK** XR NSDHL
Syndrome mégalencéphalie-polymicrogyrie-polydactylie-hydrocéphalie AD PIK3R2
Polymicrogyrie avec hypoplasie du nerf optique AR TUBA8
Polymicrogyrie périsylvienne avec dyspraxie orofaciale et retard mental ND SRPX2
Polymicrogyrie symétrique ou asymétrique AD TUBB2B
Hétérotopies périventriculaires XD FLNA
Hétérotopies périventriculaires avec microcéphalie AR ARFGEF2
Hétérotopies périventriculaires nodulaires AD ARFGEF2
Hétérotopies laminaires subcorticales (« double cortex ») X DCX
ND PAFAH1B1
Sclérose tubéreuse de Bourneville AD TCS1 TCS2
Complexe dysplasie corticale - autre malformation cérébrale AD KIF2A, KIF5C, TUBB2A, TUBB3, TUBG1
Syndrome de dysplasie corticale-épilepsie focale *** ND CNTNAP2
Malformations corticales occipitales AR LAMC3
Retard mental lié à l’X avec hypoplasie cérébelleuse XR OPHN1
atrophie dentato- pallido-lyusienne (DRPLA) AD ATN1
Calcifications idiopathiques des noyaux gris AD SLC20A2, XPR1
2. De la substance blanche et autres
Leucodystrophie et microcéphalie acquise avec ou sans dystonie AR PLEKHG2
Porencéphalie AD COL4A2
Schizencéphalie ND EMX2
Malformations cérébrales diffuses
Lissencéphalie AD TUBA1A
AR LAMB1, RELN
X ARX, DCX
ND PAFAH1B1
Lissencéphalie avec hypoplasie cérébelleuse AR CDK5
* Holoprosencéphalie = malformation cérébrale complexe due à un défaut de clivage médian du prosencéphale, survenant entre le 18e et le 28e jour de gestation,
touchant le cerveau antérieur (absence de séparation des hémisphères et ventricules) et le visage (dysmorphie faciale).
** CK syndrome = syndrome de déficience intellectuelle liée à l’X avec microcéphalie, malformation corticale et dysmorphie faciale.
*** Syndrome de dysplasie corticale-épilepsie focale = syndrome décrit par Strauss et al. [50] chez des familles Amish comportant : retard psychomoteur modéré
puis régression cognitivo-développementale lors de l’apparition dans l’enfance d’une épilepsie pharmacorésistante, association à des dysplasies focales.
AD = autosomique dominant ; AR = autosomique récessif ; ND = non déterminé ; X D = lié à l’X dominant ; X R = lié à l’X récessif.
84 Epilepsies de l'enfant, de l'adolescent et de l'adulte
Focus
Causes idiopathiques/
Sclérose tubéreuse de Bourneville génétiques
La sclérose tubéreuse de Bourneville (STB) est une
maladie héréditaire autosomique dominante liée à la Il existe pour certaines épilepsies une prédis-
mutation de deux gènes : TSC1 (9q34) et TSC2 (16p13.3) position génétique (épilepsies idiopathiques). Ces
qui codent pour des protéines inhibant indirecte
épilepsies surviennent surtout pendant la petite
ment la voie mTOR (voir chapitre 2) qui contrôle elle-
même la prolifération cellulaire d’où la présence de enfance, l’enfance, l’adolescence et le début de
tumeurs (bénignes) multi-organes. Sa prévalence oscille l’âge adulte. Pour d’autres épilepsies, une origine
entre 1/25 000 et 1/11 300 en Europe. Cliniquement, génétique a pu être déterminée avec certitude.
la STB comporte une atteinte multi-organes touchant à Le démembrement des épilepsies génétiques est
différents degrés : actuellement en plein essor. On distingue schéma-
• le SNC avec présence de tubers corticaux et sous- tiquement les épilepsies à hérédité mendélienne et
corticaux pouvant se calcifier avec le temps et dont les épilepsies à hérédité non mendélienne présu-
certains sont épileptogènes, de nodules sous-épendy- mées polygéniques.
maires et d’astrocytomes sous-épendymaires à cellules
Certains syndromes fréquents d’épilepsie
géantes (SEGA). Ces SEGA n’ont pas de potentiel de
dégénérescence maligne mais leur croissance peut généralisée idiopathique soupçonnés d’être
obstruer de par leur localisation l’écoulement de LCS polygéniques présentent, par ailleurs, des formes
plus rares à transmission mendélienne prouvée :
Chapitre 6. Étiologies des épilepsies 85
Tableau 6.4. Formes monogéniques d’épilepsie (recensement non exhaustif) d’après Wang [49] (pour les épilepsies
myocloniques progressives, se référer au tableau chapitre 5).
Phénotype Mode de transmission Gènes
Début néonatal
Crises pyridoxine-dépendantes AR ALDH7A1
Déficit en pyridoxamine 5’-oxidase AR PNPO
Épilepsie bénigne familiale néonatale AD KCNQ2, KCNQ3
Nourrisson et enfant
Épilepsie myoclonique infantile familiale AR TBC1D24
Épilepsie familiale bénigne du nourrisson AD PRRT2, SCN2A, SN8A,
KCNQ2, KCNQ3
Syndrome d’épilepsie infantile type Amish* AR ST3GAL5
Syndrome d’Ohtahara ou encéphalopathie épileptique infantile AD CACNA1A, GABRA1, GABRB3, KCNQ2,
précoce KCNT1, SCN2A, SCN8A
AR AARS, ARV1, DOCK7, FRRS1L, GUF1, ITPA,
NECAP1, PLCB1, SLC12A5, SLC13A5,
SLC25A12, SLC25A22, ST3GAL3, SZT2,
TBC1D24, WWOX
XD CDKL5
XR ARHGEF9
X ALG13, PCDH19
ND DNM1, EEF1A2, FGF12, GABRB1, GNAO1,
GRIN2B, GRIN2D, HCN1, KCNA2, KCNB1,
SIK1, SLC1A2, SPTAN1, STXBP1, UBA5
Syndrome de Dravet AD SCNA1A, CHD2, GABRA1, GABARG2, STXBP1,
SCN1B, SCN2A, PCDH19.
Épilepsie généralisée avec convulsions fébriles plus (GEFS + ) ** AD GABRD, GABRG2, SCN1A, SCN1B, SCN9A,
STX1B
Syndrome d’épilepsie généralisée - dyskinésie paroxystique *** AD KCNMA1
Épilepsie myoclono-atonique (syndrome de Doose) AD SCNA1, SCNIB, GABrg2, SLC6A1
Épilepsie focale avec troubles du langage avec ou sans retard AD GRIN2A
mental
Épilepsie absence de l’enfant AR GABRG2
ND CACNA1H, GABRA1, GABRB3
De l’adolescence et de l’âge adulte
Épilepsie absence de l’adolescent AD CLCN2, EFHC1
Épilepsie myoclonique juvénile AD CACNB4, CLCN2, GABRD, EFHC1
ND GABRA1
Épilepsie myoclonique bénigne familiale chez l’adulte ou tremble AD ADRA2B
ment myoclonique cortical familial (EMBFA)****
Épilepsie temporale familiale (médiale et avec aura auditive) AD LGI1, DEPDC5, CPA6, GAL
Épilepsie autosomique dominante frontale nocturne (ADNFE) AD CHRNA4, KCNT1, DEPDC5, CHRNA2, cluster
CHRNA3/CHRNA5/CHRNB4
ND CHRNB2
Épilepsie focale à foyer variable AD DEPDC5
* Syndrome d’épilepsie infantile type Amish = maladie neurocutanée (macules cutanées hyper et hypopigmentées, aspect « poivre et sel ») avec épilepsie sévère,
retard intellectuel profond ou régression intellectuelle, mouvements anormaux, cécité progressive [54].
** Épilepsie généralisée avec convulsions fébriles plus (GEFS + ) =syndrome d’épilepsie familiale avec au moins deux membres de la même famille présentant un
fondu enchaîné de convulsions fébriles, parfois tardives, puis afébriles, des crises focales peuvent également se rencontrer chez d’autres membres de la famille
voire des phénotypes plus sévères d’épilepsie avec crises myoclono-astatiques ou de syndrome de Dravet.
*** Syndrome d’épilepsie généralisée - dyskinésie paroxystique = association d’une dyskinésie paroxystique et d’une épilepsie généralisée (généralement des
absences ou des crises généralisées tonicocloniques) présentes chez le même individu ou la même famille.
**** Épilepsie myoclonique bénigne familiale chez l’adulte (EMBFA) = association de tremblements corticaux des membres supérieurs, de secousses myocloniques
et d’éventuelles crises généralisées ou focales avec une évolution non progressive ou très lentement progressive.
AD = autosomique dominant ; AR = autosomique récessif ; ND = non déterminé ; X D = lié à l’X dominant ; X R = lié à l’X récessif.
Chapitre 6. Étiologies des épilepsies 87
Tableau 6.5. Types de mutations génétiques recensées dans l’épilepsie (recensement non exhaustif) d’après
Wang [49].
Fonction Gène muté
Canaux ioniques
Sodiques (Na) SCN1A, SCN1B, SCN2A, SCN8A, SCN9A
Potassiques (K) KCNA2, KCNB1, KCNC1, KCNMA1, KCNQ2, KCNQ3, KCNT1
Cyanure d’hydrogène (HCN) HCN1
Calciques (Ca) CACNA1A, CACNA1H, CACNB4
Chloriques (Cl) CLCN2
Récepteurs
GABAa GABRA1, GABRB1, GABRB3, GABRD, GABRG2
NMDA (glutamate) GRIN2A, GRIN2B, GRIN2D
AMPA (glutamate) FRRS1L
Acétylcholine CHRNA2, CHRNA4, CHRNB2
Adrénaline ADRA2B
Récepteur sensible au calcium CASR
Récepteur d’adhésion GPR98
Enzymes/modulation d’enzymes
Enzymes AARS, ALDH7A1, ALG13, CDKL5, CERS1, CHD2,
CPA6, DNM1, EPM2A, GNAO1, GUF1, ITPA, NHLRC1, PLCB1, PNPO,
PRDM8, SIK1, ST3GAL3, ST3GAL5, UBA5, WWOX
Modulation enzymatique ARHGEF9, CSTB, DOCK7, TBC1D24,
Divers
Transporteurs SLC1A2, SLC12A5, SLC13A5, SLC25A12, SLC25A22, SLC2A1,
SLC6A1
Molécule cellulaire d’adhésion CNTN2, PCDH19
Transduction du signal EFHC1, FGF12
Transport membranaire GOSR2, STX1B, STXBP1
Cytosquelette LMNB2, SPTAN1
Liaison à l’acide nucléique EEF1A2, GUF1
Membrane lysosomiale SCARB2
●● À noter
On distingue ainsi deux grands types d’anticorps :
• à cible intracellulaire :
– anticorps onconeuronaux (anti-Hu, Ri, Yo,
CV2, Ma2, amphiphysine) : perte neuronale irré-
versible médiée par l’action des lymphocytes T
CD8+ cytotoxiques,
– anticorps associés à un cancer sans syndrome
paranéoplasique associé (anti-SOX1, Zic4),
– anticorps non paranéoplasiques (anti-AK5,
GAD) ;
• à cible membranaire : dirigés contre des anti-
gènes de surface ciblant des récepteurs, des
canaux ou des protéines synaptiques ; dysfonction
cellulaire réversible.
Les encéphalites à anticorps à cible membranaire
seront plus accessibles aux traitements immuno-
modulateurs.
Certains tableaux cliniques peuvent s’avérer très
spécifiques comme les encéphalites anti-NMDA
ou anti-LGI1. Outre les crises, ce sont souvent les
Figure 6.15. Séquelles basi-frontales bilatérales signes associés qui seront évocateurs (tableau 6.7)
post-traumatiques.
Focus
Encéphalite anti-NMDA
Le diagnostic doit être évoqué lorsque trois des critères
suivants sont rencontrés [58] :
• 1. début rapide (< 3 mois) d’au moins quatre des six
groupes suivants de symptômes :
– comportement anormal (psychiatrique) ou dys-
fonctionnement cognitif,
– trouble du langage (parole précipitée, réduction de
fluence, mutisme),
– crises,
– mouvements anormaux, dyskinésies, ou posture
anormale ou rigide,
– diminution du niveau de conscience,
– dysfonction autonomique ou hypoventilation cen-
trale ;
Figure 6.16. Aspect d’encéphalite limbique (hypersignal • 2. au moins un des résultats suivants :
avec hypertrophie bi-hippocampique). – EEG anormal (activité lente désorganisée focale
ou diffuse, activité épileptique, ou aspect d’extrême
spécifique. Un bilan exhaustif de recherche de delta brush = patterns EEG transitoires composés
néoplasie sera entrepris mais s’avérera négatif dans d’ondes lentes delta sur lesquelles se superpose une
certains cas. activité rapide) (fig. 6.17),
Les anticorps sont définis par leur cible et – pléïocytose ou bandes oligoclonales dans le LCS (PL) ;
• 3. exclusion motivée d’une autre maladie.
leur lieu de fixation : antigènes intracellulaires,
Chapitre 6. Étiologies des épilepsies 89
Tableau 6.6. Types d’anticorps responsables d’encéphalites auto-immunes (d’après Graus [58]).
Anticorps Tableau clinique prédominant Fréquence des cancers Type de cancers associés
associés
Anticorps dirigés contre des antigènes intracellulaires
HU Encéphalite limbique > 95 % Pulmonaire à petites cellules
MA2 Encéphalite limbique > 95 % Testiculaire
GAD Encéphalite limbique 25 % Thymome
Pulmonaire à petites cellules
Anticorps dirigés contre des récepteurs synaptiques
Récepteurs NMDA Encéphalite Variable selon l’âge et le sexe Tératome ovarien
Récepteurs AMPA Encéphalite limbique 65 % Thymome
Pulmonaire à petites cellules
Récepteurs GABAb Encéphalite limbique 50 % Pulmonaire à petites cellules
Récepteurs GABAa Encéphalite < 5 % Thymome
mGluR5 Encéphalite 70 % Lymphome de Hodgkin
Récepteurs dopaminergiques D2 Encéphalite des noyaux gris 0 %
Anticorps dirigés contre des canaux ioniques ou autres protéines de surface cellulaire
LGi1 Encéphalite limbique 5-10 % Thymome
CASPR2 Syndrome de Morvan 20-50 % Thymome
ou Encéphalite limbique
DPPX Encéphalite < 10 % Lymphome
MOG Encéphalomyélite aiguë 0 %
disséminée
Aquaporine 4 Encéphalite 0 %
GQ1B Rhombencéphalite de Bickersta 0 %
Tableau 6.7. Signes cliniques d’orientation devant un tableau évocateur d’encéphalite auto-immune.
Crises Autres signes cliniques
Anti-LGI1 Temporales Troubles mnésiques +++
Crises dystoniques brachiofaciales Troubles comportementaux +++
Anti-CASPR2 Focales ou généralisées Troubles mnésiques
Troubles comportementaux
Neuromyotomie (Morvan)
Anti-NMDA Extratemporales +++ Troubles comportementaux +++ et mnésiques +++
Temporales + Mouvements anormaux choréo-athétosiques
Dysautonomie
Anti-GABAb Temporales Troubles mnésiques
Troubles comportementaux
Anti-AMPA Temporales Troubles mnésiques +++
Troubles comportementaux +++
Anti-GAD Temporales Troubles mnésiques
Troubles comportementaux
90 Epilepsies de l'enfant, de l'adolescent et de l'adulte
Figure 6.17. Aspect EEG « d’extrême delta brush » dans une encéphalite anti-NMDA
D’après Dalmau [59] qui a rapporté une série Le pronostic est parfois réservé :
de 100 patients avec encéphalite anti-NMADA, • 75 % de récupération ou séquelles légères/25 %
les cinq éléments clés devant faire évoquer le de déficits sévères ou décès dans la série initiale
diagnostic sont : de Dalmau [59] ;
• 12–24 % de risque de rechute/mortalité de 7 %
• des prodromes non-spécifiques : céphalées,
à 24 mois dans d’autres séries.
fébricule, maladie virale (respiratoire ou gastro-
intestinale) dans les semaines ayant précédé ;
• un tableau psychiatrique : agitation, bizarrerie, Focus
comportement désinhibé, illusions et hallucina-
tions auditives et visuelles ; Encéphalite anti-LGI1 [61]
• des troubles cognitifs : mémoire à court terme • Début par des crises dystoniques brachiofaciales très
+++, difficultés de concentration, ralentisse- évocatrices (60 % des cas) [62].
ment de la parole ; • Constitution dans un second temps d’un tableau
• des troubles moteurs : classique d’encéphalite limbique.
– crises d’épilepsie, • Troubles de la mémoire rapidement progressifs.
– mouvements anormaux : dyskinésies orofa- • Possible hyponatrémie associée (60 % des cas).
• Hypersignal temporal médial à l’IRM.
ciales +++, choréo-athétose ;
• Excellente réponse au traitement immunomodulateur.
• une dysautonomie : instabilité dysautonomique, • Rareté des néoplasies associées.
hypoventilation, dysrythmie cardiaque. • Bon pronostic si diagnostic et traitement précoces.
●● À noter
Dans les encéphalites anti-NMDA, on retrouve une
néoplasie associée [60] :
• dans 90 % des cas chez les femmes (tératome
Alcool
ovarien principalement) ;
• dans seulement 22 et 27 % des cas chez les Plus que l’ingestion aiguë ou chronique d’alcool,
hommes et les enfants (tératome testiculaire ou c’est surtout le sevrage qui est incriminé dans la
ovarien, cancer pulmonaire à petites cellules). survenue de crises d’épilepsie : 30 % des sevrages
Chapitre 6. Étiologies des épilepsies 91
alcooliques s’accompagnent de crises d’épilep- Les tumeurs cérébrales les plus à risque de crises
sie [63], voire d’états de mal épileptique [64] sont les tumeurs primitives à développement lent
(voir chapitre 3). (gliomes de grade 2), les mélanomes, les tumeurs
Même lorsque l’alcoolisme est guéri, des anté- hémorragiques et les métastases multiples.
cédents de sevrages répétés rendent compte de
l’autonomisation d’un foyer épileptique évoluant ●● À noter
pour son propre compte [65]. Les plus fortes incidences de crises (60-75 %)
sont observées chez les patients avec gliome de
●● À noter bas grade et une localisation corticale superficielle
L’alcool a différents effets sur le fonctionnement ou insulaire [71].
cérébral selon son mode d’ingestion [63] :
• alcoolisation aiguë : renforce la fixation du Paradoxalement, même si l’épilepsie impacte
glutamate sur les récepteurs NMDA et potentialise négativement la qualité de vie et peut accélérer
le système GABAergique. De fait, aurait plutôt un la détérioration neurocognitive des patients, elle
effet protecteur sur la survenue de crises, hors apparaît comme un facteur de bon pronostic avec
désordres électrolytiques ou contusions associés ; allongement de la survie chez les patients souffrant
• alcoolisation chronique : inhibition tonique des de gliome de haut grade (figs. 6.18 et 6.19) [72].
récepteurs NMDA avec risque d’effet d’excitation
rebond lors du sevrage, augmentation des taux
sanguins de neurotransmetteurs excitateurs (glu-
tamate, aspartate, homocystéine) ;
Maladie d’Alzheimer –
• sevrage : effet pro-épileptogène maximal via causes neurodégénératives
différents mécanismes ; effet délétère sur le som-
meil, effet rebond d’activation du système gluta- Maladie d’Alzheimer
matergique, déplétions répétées en GABA créant
un foyer épileptique autonome, augmentation des Sur un plan épidémiologique, il apparaît claire-
taux d’homocystéine. ment que le risque de crises d’épilepsie est accru
chez le patient avec maladie d’Alzheimer versus
le sujet âgé contrôle non dément. Les chiffres de
Causes tumorales
L’épilepsie est une manifestation fréquente des
tumeurs cérébrales. Dans la majorité des cas, les
crises sont inaugurales et vont amener à la décou-
verte de la lésion cérébrale mais des crises plus
tardives dans l’évolution de la maladie peuvent
également se rencontrer. Selon les études, la fré-
quence des crises précoces symptomatiques d’une
tumeur cérébrale varie entre 20 et 80 % [66-69].
La fréquence des crises tardives est plus faible, de
l’ordre de 15 % dans la plupart des études. On
estime globalement que, chez les patients souf-
frant d’une tumeur cérébrale sans épilepsie, le
risque de développer des crises comitiales oscille
entre 20 et 45 % selon les séries. Le type de
tumeur cérébrale [70] et sa localisation vont bien
entendu être des facteurs déterminant du risque
de développer une épilepsie (précoce ou tardive).
Une localisation corticale est en soi un facteur
de risque d’épilepsie, qui plus est s’il s’agit d’une
localisation frontale, insulaire ou temporale [71]. Figure 6.18. Glioblastome du carrefour gauche
92 Epilepsies de l'enfant, de l'adolescent et de l'adulte
causes of epilepsy. Cambridge University Press; 2011. [41] Robinson JR, Awad IA, Magdinec M, Paranandi L.
p. 528–36. Factors predisposing to clinical disability in patients
[28] Goh KJ, Tan CT, Chew NK, Tan PS, Kamarulzaman with cavernous malformations of the brain. Neuro-
A, Sarji SA, et al. Clinical features of Nipah virus surgery 1993;32:730–5.
encephalitis among pig farmers in Malaysia. N Eng J [42] Kim DS, Park YG, Choi JU, Chung SS, Lee KC. An
Med 2000;342:1229–35. analysis of the natural history of cavernous malforma-
[29] Roivainen R, Haapaniemi E, Putaala J, Kaste M, tions. Surg Neurol 1997;48:9–17.
Tatlisumak T. Young adult ischaemic stroke related [43] Casazza M, Broggi G, Franzini A, Avanzini G,
acute symptomatic and late seizures: risk factors. Eur Spreafico R, Bracchi M, Valentini MC. Supratentorial
J Neurol 2013;20:1247–55. cavernous angiomas and epileptic seizures: preope-
[30] Zhang C, Wang X, Wang Y, Zhang JG, Hu W, Ge rative course and postoperative outcome. Neurosur-
M, et al. Risk factors for post-stroke seizures: a gery 1996;39:26–32.
systematic review and meta-analysis. Epilepsy Res [44] Rammos SK, Maina R, Lanzino G. Developmental
2014;108:1806–16. venous anomalies: current concepts and implications
[31] Assis TM, Bacellar A, Costa G, Nascimento OJ. for management. Neurosurgery 2009;65:20–30.
Mortality predictors of epilepsy and epileptic sei- [45] Raymond AA, Fish DR, Sisodiya SM, Alsanjari N,
zures among hospitalized elderly. Arq Neuropsiquiatr Stevens JM. Abnormalities of gyration, heterotopias,
2015;73:510–5. tuberous sclerosis, focal cortical dysplasia, microdys-
[32] Bladin CF, Alexandrov AV, Bellavance A, Bornstein genesis, dysembryoplastic neuroepithelial tumour
N, Chambers B, Cote R, et al. Seizures after stroke: and dysgenesis of the archicortex in epilepsy: clini-
a prospective multicenter study. Arch Neurol 2000; cal, EEG and neuroimaging features in 100 adult
57:1617–22. patients. Brain 1995;118:629–60.
[33] Zuurbier SM, Coutinho JM. Cerebral Venous [46] Barkovich AJ, Kuzniecky RI, Jackson GD, Guerrini
Thrombosis. Adv Exp Med Biol 2017;906:183–93. R, Dobyns WB. Classification system for malforma-
[34] Stam J. Thrombosis of the cerebral veins and sinuses. tions of cortical development: update 2001. Neuro-
N Engl J Med 2005;352(17):1791–8. logy 2001;57(12):2168–78.
[35] Ding D, Starke RM, Quigg M, Yen CP, Przybylowski [47] Barkovich AJ, Guerrini R, Kuzniecky RI, Jackson
CJ, Dodson BK, Sheehan JP. Cerebral Arteriovenous GD, Dobyns WB. A developmental and genetic clas-
Malformations and Epilepsy. Part 1: Predictors of sification for malformations of cortical development:
Seizure Presentation. World Neurosurg 2015;84(3): update 2012. Brain 2012;135(Pt 5):1348–69.
645–52. [48] Kuzniecky R. Epilepsy and malformations of cortical
[36] Schramm J. Seizures associated with cerebral development: new developments. Curr Opin Neurol
arteriovenous malformations. Handb Clin Neurol 2015;28(2):151–7.
2017;143:31–40. [49] Wang J, Lin ZJ, Liu L, Xu HQ, Shi YW, Yi YH,
[37] Garcin B, Houdart E, Porcher R, Manchon E, Saint- He N, Liao WP. Epilepsy-associated genes. Seizure
Maurice JP, Bresson D, Stapf C. Epileptic seizures at 2017;44:11–20.
initial presentation in patients with brain arteriove- [50] Strauss KA, Puffenberger EG, Huentelman MJ, Gott-
nous malformation. Neurology 2012;78:626–31. lieb S, Dobrin SE, Parod JM, et al. Recessive sympto-
[38] Morgenstern LB, Hemphill JC 3rd, Anderson C, matic focal epilepsy and mutant contactin-associated
Becker K, Broderick JP, Connolly ES Jr, et al. Guide- protein-like 2. New Eng J Med 2006;354:1370–7.
lines for the management of spontaneous intracerebral [51] Taylor DC, Falconer MA, Bruton CJ, Corsellis JA.
hemorrhage: a guideline for healthcare professionals Focal dysplasia of the cerebral cortex in epilepsy. J
from the American Heart Association/American Neurol Neurosurg Psychiatry 1971;34(4):369–87.
Stroke Association. Stroke 2010;41:2108–29. [52] Crino PB. Focal Cortical Dysplasia. Semin Neurol
[39] Rosenow F, Alonso-Vanegas MA, Baumgartner C, 2015;35(3):201–8.
Blümcke I, Carreño M, Gizewski ER, Surgical Task [53] Baulac S, Ishida S, Marsan E, et al. Familialfocale-
Force, Commission on Therapeutic Strategies of the pilepsywithfocal cortical dysplasia due to DEPDC5
ILAE. et al. Cavernoma-related epilepsy: review and mutations. Ann Neurol 2015;77(4):675–83.
recommendations for management--report of the [54] Wang H, Wang A, Wang D, Bright A, Sency V,
Surgical Task Force of the ILAE Commission on The- Zhou A, Xin B. Early growth and development
rapeutic Strategies. Epilepsia 2013;54(12):2025–35. impairments in patients with ganglioside GM3 syn-
[40] Josephson C, Leach J, Duncan R, Roberts R, Coun- thase deficiency. Clin Genet 2016;89(5):625–9.
sell C, Salman R. Seizure risk from cavernous or [55] Annegers JF, Hauser WA, Coan SP, et al. A popu-
arteriovenous malformations prospectives popula- lation-based study of seizures after traumatic brain
tion-based study. Neurology 2011;76:1548–54. injuries. N Engl J Med 1998;38:20–4.
Chapitre 6. Étiologies des épilepsies 95
[56] Xu T, Yu X, Ou S, Liu X, Yuan J, Huang H, Yang [69] Hildebrand J, Lecaille C, Perennes J, et al. Epileptic
J, He L, Chen Y. Risk factors for posttraumatic epi- seizures during follow-up of patients treated for
lepsy: A systematic review and meta-analysis. Epilepsy primary brain tumors. Neurology 2005;65:212–5.
Behav 2017;67:1–6. [70] Moots PL, Maciunas RJ, Eisert DR, et al. The
[57] Frey LC. Epidemiology of posttraumatic epilepsy: a course of seizure disorders in patients with malignant
critical review. Epilepsia 2003;44(s10):11–7. gliomas. Arch Neurol 1995;52:717–24.
[58] Graus F, Titulaer MJ, Balu R, Benseler S, Bien [71] Englot DJ, Chang EF, Vecht CJ. Epilepsy and brain
CG, Cellucci T, et al. A clinical approach to diag- tumors. Handb Clin Neurol 2016;134:267–85.
nosis of autoimmune encephalitis. Lancet Neurol [72] Lote K, Stenwig AE, Skullerud K, et al. Prevalence
2016;15(4):391–404. and prognostic significance of epilepsy in patients
[59] Dalmau J, Gleichman AJ, Hughes EG, Rossi JE, with gliomas. Eur J Cancer 1998;34:98–102.
Peng X, Lai M, et al. Anti-NMDA-receptor ence- [73] Nicastro N, Assal F, Seeck M. From here to epi-
phalitis: case series and analysis of the effects of lepsy: the risk of seizure in patients with Alzheimer’s
antibodies. Lancet Neurol 2008;7(12):1091–8. disease. Epileptic Disord 2016;18(1):1–12.
[60] Honnorat J, Viaccoz A. New concepts in paraneo- [74] Vossel KA, Ranasinghe KG, Beagle AJ, Mizuiri D,
plastic neurological syndromes. Rev Neurol (Paris) Honma SM, Dowling AF, et al. Incidence and impact
2011;167(10):729–36. of subclinical epileptiform activity in Alzheimer’s
[61] Lai M, Huijbers MGM, Lancaster E, et al. Inves- disease. Ann Neurol 2016;80(6):858–70.
tigation of LGI1 as the antigen in limbic encephalitis [75] Cabrejo L, Guyant-Marechal L, Laquerriere A, et al.
previously attributed to potassium channels: A case Phenotype associated with APP duplication in five
series. Lancet Neurol 2010;9:776–85. families. Brain 2006;129:2966–76.
[62] Irani SR, Michell AW, Lang B, Pettingill P, Waters [76] Vossel KA, Tartaglia MC, Nygaard HB, Zeman
P, Johnson MR, et al. Faciobrachial dystonic seizures AZ, Miller BL. Epileptic activity in Alzheimer’s
precede Lgi1 antibody limbic encephalitis. Ann Neu- disease: causes and clinical relevance. Lancet Neurol
rol 2011;69(5):892–900. 2017;16(4):311–22.
[63] Leach JP, Mohanraj R, Borland W. Alcohol and [77] Cretin B, Philippi N, Bousiges O, Dibitonto L, Sellal
drugs in epilepsy: pathophysiology, presentation, pos- F, Martin-Hunyadi C, Blanc F. Do we know how to
sibilities, and prevention. Epilepsia 2012;53(Suppl diagnose epilepsy early in Alzheimer’s disease? Rev
4):48–57. Neurol (Paris) 2017;173(6):374–80.
[64] Alldredge BK, Lowenstein DH. Status epilepticus [78] Hoyt CT, Domingo-Fernández D, Balzer N, Güldenp-
related to alcohol abuse. Epilepsia 1993;34:1033–7. fennig A, Hofmann-Apitius M. A systematic approach
[65] Hillbom M, Pieninkeroinen I, Leone M. Seizures in for identifying shared mechanisms in epilepsy and its
alcoholdependent patients: epidemiology, pathophy- comorbidities. Database (Oxford) 2018;2018.
siology and management. CNS Drugs 2003;17:1013– [79] Aller-Alvarez JS, Menéndez-González M, Ribacoba-
30. Montero R, Salvado M, Vega V, Suárez-Moro R,
[66] Hwang SL, Lieu AS, Kuo TH, Lin CL, Chang CZ, et al. Myoclonic epilepsy in Down syndrome and
Huang TY, Howng SL. Preoperative and postope- Alzheimer disease. Neurologia 2017;32(2):69–73.
rative seizures in patients with astrocytic tumours: [80] Beagle AJ, Darwish SM, Ranasinghe KG, La AL,
analysis of incidence and influencing factors. J Clin Karageorgiou E, Vossel KA. Relative incidence of sei-
Neurosci 2001;8(5):426–9. zures and myoclonus in alzheimer’s disease, dementia
[67] Pace A, Bove L, Innocenti P, Pietrangeli A, Carapella with lewybodies, and frontotemporal dementia. J
CM, Oppido P, et al. Epilepsy and gliomas: incidence Alzheimers Dis 2017;60(1):211–23.
and treatment in 119 patients. J Exp Clin Cancer Res [81] Cretin B, Philippi N, Dibitonto L, Blanc F. Epi-
1998;17(4):479–82. lepsy at the prodromal stages of neurodegenera-
[68] Cascino GD. Epilepsy and brain tumors: implications tive diseases. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil
for treatment. Epilepsia 1990;31(Suppl 3):S37–44. 2017;15(1):75–82. 1.