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Dictionnaire complémentaire

du guide de l’examen mental

1. Comportement Figure 2
EN BREF

1.1 Apparence générale Tolérance : Réduction progressive des effets d’un médicament

Voir présentation Dépendance : Symptômes de sevrage consécutif à l’arrêt d’un médicament

1.2 Attitude Accoutumance : Prise compulsive du médicament et état de manque

Voir présentation

1.3 Comportement psychomoteur

Maniérisme : On dit qu’il y a « maniérisme » chaque fois que les moyens d’expression
(mimique, comportement et langage) manquent de simplicité et de
naturel. Les gestes, les attitudes, les propos, au lieu d’être précis, directs,
proportionnés et adéquats, subissent des amplifications, des surcharges,
des dénaturations qui les rendent compliqués et souvent discordants. De
plus, ces mouvements sont dits involontaires.

Par exemple, le maniérisme du langage se traduit non seulement par la


recherche du mot et de l’adjectif sensationnel, mais par l’intonation
théâtrale.

Stéréotypie : Répétition persistante et automatique d’une attitude, d’une activité ou


d’une parole. Les stéréotypies se subdivisent :

Stéréotypie d’attitude :

Le sujet se tenant indéfiniment dans des positions très inconfortables,


souvent paradoxales; par accroupissement, station sur la pointe des
pieds, tête renversée, poings crispés ou faisant toujours la même
grimace.

Stéréotypie de gestes ou d’actes :

Gestes souvent incompréhensibles à première vue ou se rapportant à un


acte logique en soi, mais inadéquat aux circonstances du moment; par
exemple, se frotter le genou, se mouche indéfiniment, grincer des dents,
s’épiler la barbe ou les cheveux, se frotter les mains. Dans le cas d’actes :
se lever ou s’asseoir de telle manière, balayer sans arrêt et sans raison,
faire toujours le même trajet.

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Stéréotypie verbale :

Répétition du même mot, du même lambeau de phrase, par la parole ou


par l’écriture.

Échopraxie : Répétition automatique d’actes accomplis devant eux. Par exemple, le


patient imite tous les gestes du médecin.

Catalepsie : Phénomène en vertu duquel les membres ou le corps conservent


passivement n’importe quelle position qui leur est assignée. On peut
aussi parler de flexibilité cireuse dans les cas les plus sévères, mais ceci
est très rare.

Stupeur : Sidération de la personnalité avec suspension de toute activité physique


et psychique. Se caractérise par le faciès figé, le regard morne ne
traduisant aucune réaction intellectuelle ou affective, par une immobilité
complète avec quelquefois négativisme, un silence obstiné, un refus
habituel de toute nourriture, souvent du gâtisme; la communication n’est
plus possible.

Compulsion : Besoin insistant, itératif, envahissant et répudié d’accomplir des actes en


contradiction avec les désirs conscients habituels d’un sujet. Ces gestes
sont répétés à de multiples reprises sous forme de vérifications. Par
exemple, aller vérifier 10 à 15 fois par jour si sa case est bien barrée,
vérifier 10 fois de suite si le poêle est éteint, souffler 15 fois de suite sur
une allumette éteinte.

Tic : Mouvement involontaire spasmodique et intermittent telle une contraction


musculaire.

Persévération
motrice : Répétition machinale d’un mouvement qui a perdu sa signification.

Hyperactivité : Exacerbation de l’énergie vitale, de l’idéation des perceptions, de la


psychomotricité, les activités du malade restant relativement cohérentes,
ordonnées. L’hyperactivité doit être distinguée de l’agitation stérile.
L’hyperactivité est le pendant par excès de l’adynamie psychique.

Agitation motrice : Hyperactivité stérile et désordonnée. Va du pseudo tic nerveux


(balancement du pied, torsion des mains, grattage) à la gesticulation et à
la grande agitation.

Inhibition de
l’énergie : Le patient sent son dynamisme comme entravé. Cette inhibition se
remarque, au cours de l’entretien, à la peine que le malade se donne pour
la surmonter.

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Adynamie
psychique : Manque d’énergie, de dynamisme, d’élan, reconnaissable à la passivité
du malade, à son manque d’initiative, à la pauvreté de l’idéation, des
perceptions et de la psychomotricité.

Indécision : Incapacité pour le sujet de prendre une décision dans des délais
normaux.

Négativisme : Non-exécution des consignes données (négativisme passif) ou exécution


du contraire (négativisme actif).

1.3 Comportement psychomoteur – langage

Logorrhée : Discours incoercible, interminable, souvent digressif et rapide, mais pas


nécessairement précipité.

Mutisme : Conservation d’un silence plus ou moins complet sans qu’il y ait atteinte
neurologique.

Dysarthrie : Trouble de l’articulation.

1.4 Pulsions et comportements antisociaux – face aux gens

Sociabilité
diminuée : Il faudra apprécier dans quelle mesure le contact avec le patient envers
son entourage s’est modifié par rapport à l’état antérieur.

Sociabilité
Augmentée : Augmentation des conduites sociales par comparaison avec l’état
antérieur.

2. Affect

2.1 Affect subjectif

Perplexité : La maladie ne se situe plus par rapport à lui-même, à la situation, à son


entourage, à son avenir, etc. Ce désarroi est ressenti par le malade lui-
même. Il ne sait pas ce qui lui arrive, ce qu’il doit penser, prévoir, faire. Il
n’est pas capable de saisir la situation, par exemple, l’irruption de la
psychose, d’avoir un certain recul et une vue d’ensemble. La perplexité
s’exprime par une mimique d’étonnement bizarre ou d’insécurité
angoissée, parfois par une nervosité ou par une persévération évidente
dans des réactions d’incapacité, des actes exploratoires, des expressions
telles que : « Qu’y a-t-il?, Où suis-je?, Qu’est-il arrivé? Je ne sais pas…
Je ne me reconnais pas… »

Indifférence : L’expression qui désigne chez certains patients l’absence de ton affectif
et de préoccupation à l’égard de l’existence et de conséquences d’une
situation donnée. On emploie le terme de « belle indifférence » lorsque le
patient démontre une absence de préoccupation à l’égard des
conséquences.

Impression de
vide affectif : Le malade se plaint d’une perte de capacité à ressentir des émotions. Les
sentiments sont « atrophiés ». Ex. : « Je me sens mort intérieurement, je
ne peux absolument plus rien ressentir; en moi, tout est vide; je n’arrive
plus à me réjouir ni même à être triste; plus rien ne m’affecte; tout est
figé. »

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Troubles de
l’éprouvé vital : Impression de mal-être physique global; émoussement des sensations
corporelles générales de vitalité et de puissance, des sentiments de
vivacité, de sérénité corporelle et affective qui constituent les sentiments
de base de tout vécu. La plainte peut être localisée. Ex. : « Tout est si
difficile, je suis abattu, ça m’opprime la poitrine et la gorge, cette pression
permanente sur le crâne, cette douleur pénétrante dans le ventre, etc. »

Perte du plaisir : Diminution ou disparition de la capacité d’un vécu agréable, physique ou


psychique; perte de goût au quotidien, perte des intérêts.

Anhédonie : Incapacité d’obtenir ou de ressentir du plaisir lors d’activités procurant


habituellement du plaisir.

Apathie : Perte de l’affectivité se traduisant par de l’indifférence, une absence de


réaction aux stimuli habituels de l’activité psychique, mais incluant
également une inertie physique marquée.

Tristesse : Réaction émotionnelle ou état affectif pénible, sentiment d’affliction.

Morosité : Humeur chagrine, maussade.

Perte d’espoir : Pessimisme de l’humeur qui fait que le malade a perdu espoir dans la
guérison et/ou dans l’avenir. La perte des projets sera notée ici si elle est
liée au pessimisme de l’humeur.

Inquiétude : État d’agitation intérieure, de fébrilité intérieure.

Anxiété : Sentiment d’attente inquiète dont le malade ne peut souvent préciser


l’origine. L’anxiété peut être déduite des expressions et du comportement.

Tension -
irritabilité : État d’attention exacerbée, caractérisé par une explosivité et des
dispositions agressives qui peuvent survenir sur un fond de calme
apparent.

Méfiance : Disposition, présomption soupçonneuse tantôt anxieuse, tantôt hostile,


basée sur le comportement de l’entourage.

Euphorie : Sentiment excessif de bien-être, de plaisir, de gaieté, d’assurance, de


puissance.

Extase : Fuite dans un état d’âme inhabituel, le plus souvent produit par un
puissant élan, par exemple un vécu érotique ou mystique. La béatitude ou
l’extase implique une sortie de soi enivrante dans laquelle le moi
s’épanoui, s’élève avec une plénitude particulière et ressent une
inspiration active. Extase et ravissement peuvent se manifester avec un
enthousiasme exagéré, par une fougue passionnée et fréquemment peu
naturelle, avec des sensations accrues et une perception de soi
démesurée, comme de l’exaltation.

Surestimation
de soi : Sentiment exagéré de sa puissance et de ses capacités.

Sentiment
d’insuffisance : Sentiment d’incapacité, d’inaptitude, d’incertitude, de maladresse,
d’indécision, de stupidité, de sottise, sentiment d’être laid, disgracieux,
etc. La confiance dans ses propres capacités a disparu.

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Sentiment
de culpabilité : Le malade se sent responsable d’un acte, d’une pensée ou d’un désir qui
lui semblent condamnables en référence à une instance temporelle ou
religieuse.

Sentiment
de ruine : Le malade a le sentiment qu’il n’a pas les moyens de lutter pour sa vie

2.2 Affect objectif

Ambivalence
affective : Disposition mentale anormale permettant à un sujet, devant une situation
donnée, de manifester dans le même temps des sentiments
diamétralement opposés; amour et haine, crainte et désir, culpabilité et
justification, orgueil et dépréciation de soi; il en résulte des propos et des
attitudes franchement contradictoires. Chez l’adulte, l’ambivalence
suppose un relâchement de l’unité et de la continuité du moi, une
dissociation de la personnalité, telle que constatée dans la schizophrénie.

Discordance
affective : Les émotions du patient ne concordent pas avec le contenu de son vécu
actuel. C’est un affect inapproprié impliquant une dissociation idéo-
affective. Ceci implique donc une dysharmonie, une inadéquation entre
l’idée, l’attitude et la teneur affective exprimée dans un même moment.
C’est donc à un sourire, à un pli du sourcil, à un regard, au ton d’une
phrase qu’on la décèlera, quant on constatera qu’ils sont détachés du
contenu idéique ou émotionnel qu’ils accompagnent. Ex. : Un
schizophrène évoque la tristesse qu’il ressent après le décès récent de sa
mère et en rit… Une personne sourit et rit en vous racontant que les
démons la persécutent.

Labilité thymique
(affect labile) : Augmentation de la mobilité affective par laquelle les affects ont le plus
souvent une très courte durée et changent de sens dès leurs premières
manifestations. Ex. : Un vieil homme est tout en larmes puis, après un
court moment, réagit à une farce par un rire incontrôlable. Une jeune
femme que vous observez est amicale, heureuse et très sociable lorsque
vous la voyez; l’instant d’après, elle est fâchée et boudeuse sans raison.

Puérilisme : Gaieté niaise donnant l’apparence de l’indénuité, de l’imbécillité, de la


sottise, de l’immaturité, de l’absurdité.

Monotonie ou indifférence
affective :
Diminution de la capacité de modulation affective. Pour l’affect concerné,
noter la modulation; affect restreint, affect émoussé ou affect plat. Ex. : le
malade reste dans une humeur ou un état affectif déterminé, indépendant
de la situation extérieure, par exemple dans une hostilité irritée, un refus
méfiant, un engourdissement.

Hyperémotivité : Émergence soudaine et excessive d’affects qui ne peuvent être maîtrisés.

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3. La pensée :

3.1 Forme (concrète ou abstraite)

Autisme : Polarisation de toute la vie mentale d’un sujet sur son monde intérieur et
perte de contact avec le monde extérieur. Le malade vit dans le monde
familier de ses désirs, de ses angoisses, de sa sensibilité et de son
imagination; ce sont, pour lui, les seules réalités. Le monde extérieur n’est
qu’une apparence ou tout au moins un monde sans échange possible
avec le sien propre. Cette attitude rend le malade absolument
impénétrable et son comportement incompréhensible. L’autisme est un
des éléments fondamentaux de la structure schizophrénique.

3.2 Vitesse

Sous-pression : Langage forcé, ininterrompu qui a pour but d’influencer l’interlocuteur.

Pensée ralentie : On entend par là un cours de la pensée traînant et laborieux qui


correspond à un retard du flux idéique. On le reconnaît principalement à
la viscosité et à l’engourdissement du discours et des réponses du
patient. Fréquemment, la pensée ralentie est également ressentie par le
patient.

Pensée accélérée : La vitesse de la pensée et du langage est plus grande.

3.3 Processus

Pensée inhibée : Le malade ressent sa pensée comme globalement freinée, irrégulière ou


hésitante, comme si elle se heurtait à des résistances. Cette difficulté à
l’égard du début, du contenu de la pensée et de son but ne peut être
surmontée même si le malade s’y efforce. L’inhibition de la pensée, ici
ressentie par le malade, peut aussi être observée par l’interrogateur.

Pensée barrée : Suspension brusque, sans raison apparente, du cours de la pensée. Le


patient s’interrompt au milieu d’une phrase, se tait et reprend ensuite son
discours, le cas échéant sur un autre thème. Ces blocages se déroulent
en pleine conscience et ne doivent pas être confondus avec la
suspension du cours de la pensée qui survient lors d’une absence.

Pensée appauvrie : Réduction du contenu idéique, appauvrissement.

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Pensée digressive : On dit qu’un discours est circonstanciel lorsque d’une part l’exposé
comporte de très nombreux détails souvent inutiles et que finalement, le
but fixé est atteint. Par exemple, si on pose la question suivante : « À
quelle heure es-tu arrivé ce matin? », le patient commencera par vous
dire tout ce qu’il a fait le matin, les « toasts » qui ont brûlé, l’auto qui ne
partait pas, etc., pour finalement, après 15 minutes, vous dire qu’il est
arrivé cinq minutes en retard. Par analogie, c’est partir de Sherbrooke,
passer par Ottawa pour se rendre à Québec.

Pensée discordante ou incohérente (associations lâches) :

La pensée et le langage n’ont plus de cohérence logique. Ils


apparaissent disloqués, fragmentés. Il est, de ce fait, difficile de suivre
cette pensée et de la comprendre. Les idées passent sans relation
associative apparente d’un thème à l’autre (à distinguer de la fuite des
idées). Dans les formes légères, la construction de la phrase peut rester
intacte. Dans les formes sévères, elle est bouleversée jusqu’à
l’utilisation incompréhensible de mots, voire d’assemblage de syllabes.
Les autres indices fréquents de discordance sont : la contamination
(fusion de faits hétérogènes), la condensation (contraction de plusieurs
idées, non absolument contradictoires, en ne seule), la substitution
(déplacement de thèmes familiers vers n’importe quelle pensée), la
pensée lacunaire et la pensée elliptique ou tangentielle.

Persévération
verbale : Répétition involontaire incoercible et persistante d’activités verbales.
Peut être secondaire à des ruminations.

Fuite des idées : Passage précipité d’une idée à une autre sans en compléter
l’expression verbale. Les idées semblent associées par leur continuité,
elles sont fragmentaires et déterminées par des associations reliées aux
stimuli de la situation et de l’environnement. Ceci implique que les
associations sont souvent identifiables et même amusantes, quoique
très forcées. Le fil de la pensée demeure toutefois tangentiel.

Mutisme : Conservation d’un silence plus ou moins complet sans qu’il y ait atteinte
neurologique. En effet, le mot mutisme doit être réservé au cas où le
sujet, conservant l’intégrité organique des centres du langage et de ses
organes d’expression, garde le silence soit volontairement, soit sous
l’influence d’une disposition mentale anormale. Dans le cas d’atteinte
neurologique ou organique, on emploiera le terme d’aphasie.

Néologisme : Se dit d’un mot nouveau ou d’une combinaison de plusieurs mots


fabriqués par le sujet afin d’exprimer une idée très complexe se
rapportant à ses conflits. Fréquents dans la schizophrénie, les
néologismes n’ont de sens que pour le sujet qui les construit.

Écholalie : Répétition automatique de phrases ou de mots prononcés en la


présence du patient.

Verbigérations : Dévidage automatique de mots sans suite, de lambeaux de phrases ou


de phrases entières, mais mal enchaînées. Il s’y ajoute, dans certains
cas, des altérations de la structure syntaxique, des déformations
syllabiques de mots, des néologismes qui rendent le verbiage
incompréhensible. On obtient alors une salade de mots.

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3.4 Contenu – idées délirantes

Pressentiment
délirant : Sentiment confus, anidéique, que le monde ambiant et/ou le sujet
changent sans pouvoir donner une signification précise à ce changement,
qui paraît immotivé, irrationnel. La conviction subjective de la réalité du
vécu délirant est accompagnée le plus souvent d’un sentiment de
malaise, de transformation de soi ou du monde ambiant, de perplexité,
d’inquiétude, d’anxiété, d’effroi, de menace, de méfiance. Ex. : « Il y a
quelque chose dans l’air, il va m’arriver quelque chose. » Plus rarement,
le pressentiment délirant entraîne un sentiment d’exaltation, d’impunité.

Interprétation
délirante primaire : Attribution immédiate d’une signification erronée à une perception
normale. Ex. : « Ce trait dans le ciel, c’est un signe de Dieu. » (En réalité,
il s’agit de la traînée d’un condensateur d’avion à réaction).

Intuition délirante : Prise de conscience soudaine, sans support perceptif, d’un sentiment,
d’une idée ou d’un fait, entraînant une conviction immédiate. Ex. : « Je le
sais, je le sens, je l’ai soudain compris. »

Systématisation
du délire : Élaboration d’un système délirant de logique interne grâce au travail du
délire, fait de rapprochements, de déductions, d’enchaînements, de
preuves, etc.

Les idées délirantes les plus communes se regroupent selon différents thèmes. Les plus
communs sont :

Délire de grandeur : Survalorisation délirante de soi. Le malade surpasse tout le monde en


talents, en richesse, en force. Il est prodigieusement doué de puissance,
maître du monde, ou encore il se prend pur un envoyé de Dieu, sinon
Dieu lui-même.

Délire de préjudice : Le malade se sent la cible de l’animosité d’autrui, l’objet de menace, de


persécution. Il est lésé, espionné, incompris. Anciennement, on
employait le terme de délire paranoïde au lieu de délire de préjudice. De
nos jours, de façon courante, l’adjectif paranoïde s’emploie pour
désigner simplement toute idée délirante.

Délire d’influence
(de contrôle) : Le malade se plaint que ses idées, ses représentations sont imposées,
influencées, induites de l’extérieur. Ce ne sont pas seulement les
pensées du malade sur lesquelles on agit, mais sur ses sentiments, sur
ses aspirations, sa volonté, ses paroles, ses actes. Il est important de
noter à l’examen s’il s’agit ici de pensées imposées de l’extérieur ou de
vol de la pensée, de divination de la pensée, de pensées imposées ou
d’autres sentiments d’influence. Ce type de pensée peut également être
décrit dans les troubles de perception avec atteinte du Moi.

Délire de jalousie : Conviction délirante d’être trompé par son conjoint, son partenaire. À
noter que le délire de jalousie, fondé sur le préjudice, bénéficie d’une
définition propre en raison de sa fréquence et de son importance,
surtout dans la pathologique alcoolique.

Délire de culpabilité : Le malade s’imagine avoir enfreint les commandements de Dieu


ou d’une instance morale supérieure ou il est convaincu d’avoir manqué
aux lois, d’avoir trompé la confiance de quelqu’un, etc. Il peut s’agir

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d’une conviction sans fondement, mais aussi d’exagération délirante, de
transgression, de manquement réel. Quelle que soit la prémisse, le
malade se sent irrémédiablement dégradé, mauvais, damné, rejeté,
impardonnable. Par exemple, culpabilité due à une prétendue
négligence (ne pas s’être occupé assez de ses enfants, ne pas avoir été
chercher le médecin à temps, etc.); auto-accusation consécutive à une
interruption de grossesse, à une déviation sexuelle, à de l’onanisme
(masturbation), etc.

Délire de référence
(idées de référence) : Le malade réfère à soi ses perceptions et ses intuitions délirantes,
convaincu que des évènements fortuits le concerne. C’est donc une
idée délirante de relation vis-à-vis soi, mais suite à un stimulus externe
(ceci est très important). Par exemple, les retards des passants veulent
faire comprendre quelque chose au malade; si les gens parlent à voix
basse, c’est parce qu’ils parlent de lui; si untel a mis un œillet rouge et
conduit une voiture rouge, c’est sûrement pour prévenir le patient qu’il
court un danger; cela n’est certainement pas fortuit.
Délire
hypocondriaque : Conviction inébranlable d’être menacé dans sa santé, d’être atteint
d’une maladie incurable, d’une infirmité. Ce délire peut prendre la forme
d’une nosophobie : cancer, syphilis, sclérose en plaques, paralysie
générale, atrophie cérébrale, folie, etc. Il peut aussi prendre la forme de
cénesthésies. Ex. : le mélancolique se plaignant d’être constipé depuis
des semaines (niant la réalité de ses selles); le schizophrène décrivant
comment « Mon cerveau s’atrophie, devient une mer de pus. », « Après
chaque repas, mes entrailles brûlent à petit feu. », « Chaque nuit, mes
poumons se dessèchent. »

3.4 Contenu – idées non délirantes

Idées prévalentes
non délirantes : Idées fixes chargées d’affect, dont le patient ne reconnaît pas le
caractère parasite. Généralement durable parce qu’intégrée à la
personnalité, l’idée prévalente est agissante, elle détermine le
comportement du sujet.

Hypocondrie non
délirante : Relation anormalement anxieuse au corps propre, caractérisée par
l’exacerbation des sensations cénesthésiques et par la crainte
immotivée de souffrir d’une maladie grave. L’hypocondrie devient
délirante lorsque la crainte se transforme en conviction; les formes de
passage de l’hypocondrie non délirante à l’hypocondrie délirante sont
fréquentes.

Ruminations : Action de réfléchir sans fin à un fait précis. Idées fixes que le patient
reconnaît comme gênantes, mais non comme étrangères à ses
préoccupations du moment.

Obsessions : Idées fixes associées à un ressentiment pénible en raison de leurs


caractères parasite, répété et incoercible. Le patient a conscience de
n’être plus maître de ses pensées. À noter qu’on doit bien distinguer
entre les obsessions, les idées délirantes, les ruminations et les
pensées imposées. On inclut toutefois l’obsession – impulsion (ou
phobie d’impulsion), c’est-à-dire l’obsession d’un acte impulsif que le
sujet pourrait commettre malgré lui, par exemple se défenestrer,
étrangler son enfant ou proférer des obscénités (coprolalie).

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Phobies : Peurs incoercibles et irraisonnées envers un être, un objet ou une
situation précise (même inoffensive) entraînant une réaction
d’évitement. Par exemple, dans l’agoraphobie, crainte pathologique des
espaces ouverts. Zoophobie : crainte d’un animal, même inoffensif.
Mysophobie : peur morbide de la saleté, des microbes et de la
contamination.

3.5 Trouble de perception : sans trouble du moi

Illusion : Perception réelle déformée d’un être, d’un objet ou d’une autre donnée
sensorielle. Les illusions ne sont pas nécessairement pathologiques.

Hallucination : Perception sensorielle fausse, sans objet extérieur, d’origine émotive ou


chimique (drogue, alcool, toxine, etc.), qui peut s’associer à n’importe
lequel des cinq sens. L’on a ainsi des hallucinations dites visuelles,
auditives, olfactives, gustatives, cénesthésiques, des hallucinations de la
sensibilité générale, enfin des hallucinations multisensorielles.

Hallucinations
visuelles : Les hallucinations visuelles vont d’hallucinations élémentaires (de types
phosphènes) à de véritables scènes, à des visions élaborées (onirisme).

Hallucinations
acoustico-verbales : Hallucinations les plus fréquentes. Elles consistent en voix s’adressant
au patient ou à une tierce personne.

Hallucinations
auditives : Hallucinations acoustiques mais non verbales; sons de cloches, coups de
sifflet, coups de marteaux, etc.

Hallucinations
cénesthésiques : Hallucinations de la sphère corporelle (tactiles, algiques, zoopathiques,
somatognosiques, motrices, etc.). Le malade se plaint d’être irradié,
électrocuté ou victime d’attouchements sexuels. On peut noter également
une impression de vide intérieur avec absence de certains organes.

Hallucinations olfactives et gustatives :

Généralement associées entre elles ou successives.

Hallucinations
hypnagogiques : Surviennent au moment de s’endormir. Ne sont pas considérées comme
pathologiques.

Hallucinations
hypnopompiques : Surviennent au moment de se réveiller.

Hallucinations
affectives : Dont le contenu est ou bien grandiose ou autodépréciant ou implique les
sensations communes aux syndromes dépressifs comme la honte, la
culpabilité.

Hallucinations
non-affectives : Dont le contenu n’est pas relié à la dépression ou à l’exaltation. Ex. : un
individu entend deux personnes discuter d’un vol futur dans une
brasserie.

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Pseudo-
hallucination : Perception sans objet dont l’irréalité est rapidement reconnue par le
malade. Ordinairement d’origine physiologique, les pseudo-hallucinations
sont fréquentes dans les états de conscience dégradés, dans les états
fébriles ou dans des situations à forte charge émotionnelle ou anxieuse
(extase).

Étrangeté : Le monde environnant apparaît déformé, étranger, fantastique, irréel


(déréalisation). Parfois, le sentiment d’étrangeté porte sur l’altération du
vécu temporal. Contrairement à ce qui se passe dans le pressentiment
délirant, le patient ne rapporte pas à soi l’altération du réel environnant. Il
ne lui donne pas une signification qui le concerne.

4. Fonctions cognitives :

4.1 Sensorium – troubles de la conscience

Baisse de vigilance : Abaissement quantitatif de la vigilance, allant de


l’obnubilation (léger), à la somnolence (moyen), à la
torpeur (fort) et au pré-coma (très fort). Ces niveaux sont
considérés plus loin.

Altération (morcellement)
de la conscience : Trouble continu ou intermittent, caractérisé par la perte
d’acuité de l’appréhension du monde extérieur et/ou
intérieur, au cours duquel peuvent survenir des
hallucinations, des fausses reconnaissances, de
l’onirisme, des intuitions délirantes.

Rétrécissement de la conscience : Rétraction du champ de conscience (par exemple, par


fixation sur une expérience intérieure vécue), avec
diminution de la réactivité aux stimuli externes, mais
cohésion relative de la pensée.

Élargissement de la conscience : Sentiment d’augmentation de l’acuité d’appréhension du


monde extérieur et/ou intérieur, de l’étendue de l’acuité,
de sa profondeur, de son intensité. Ex. : médication,
intoxication par hallucinogènes, psychose
(schizophrénique débutante ou manie).

4.1 Sensorium – niveau de conscience

Le niveau de conscience est l’évaluation de l’état de vigilance à divers degrés; trouble de


l’activité, de l’attention, de la perception sensorielle, de la facilité à communiquer, à réagir
aux stimuli de l’environnement; trouble d’orientation dans la pensée, le comportement et
enfin trouble de l’état d’éveil. On retient 6 niveaux de conscience. Lorsqu’un patient présente
une atteinte au niveau de conscience, il ne passe pas nécessairement ou graduellement par
les 6 niveaux. Ainsi, il peut passer immédiatement de la confusion au coma ou encore de
l’état de conscience normal à un niveau comateux profond.

1. Confusion
(désorientation) : Situation de soi par rapport au temps, au lieu et aux personnes.
On donnera plusieurs exemples lors de l’étude sur les syndromes
organiques. Le terme confusion implique une désorientation dans
une ou plusieurs de ces trois sphères : temps, lieu ou personne.

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2. Obnubilation de
la conscience : Restriction de la conscience caractérisée par la somnolence,
l’apathie, un désordre psychomoteur. Le patient peut être à demi
endormi, mais s’éveille facilement.

3. Delirium : Trouble des processus de l’idéation et de la perception avec


désorientation et obnubilation de la conscience. On note la
présence de peurs, d’illusions, d’idées délirantes et
d’hallucinations caractérisées par une prédominance du monde
intérieur imaginaire. À noter un désordre psychomoteur avec
mouvements accélérés ou désorganisés.

4. Stupeur : Patient très endormi, mais s’éveille à l’aide de profonds stimuli.


Réflexes neurologiques entièrement conservés.

5. Pré-coma : Quelques réflexes tendineux disparus, mais réflexes centraux


conservés.

6. Coma : Aucune réaction à tous les stimuli; le patient ne s’éveille pas.


Diminution importante ou absence de tous les réflexes
neurologiques.

État crépusculaire
(twillight state) : Type de niveau de conscience particulier caractérisé par une
diminution de l’étendue du champ de la conscience et du degré
de réaction aux stimuli de l’environnement. On note une baisse de
l’attention, une pensée confuse et souvent la présence d’illusions
et/ou d’hallucinations. L’activité psychomotrice peut être normale,
augmentée ou diminuée. On note souvent une amnésie lacunaire
temporaire. Par exemple, le patient n’est pas en harmonie
complète avec sa personnalité habituelle, en continuité logique
avec son mode de vie antérieur qui a précédé l’accident. Parfois,
il apparaît franchement anormal (actes bizarres ou incongrus,
fugues, réactions d’agitation, crimes, délits). À noter que cet état
est assez rare et que peu de crimes peuvent être imputables à cet
état.

4.1 Sensorium – troubles de l’orientation

Désorientation
dans le temps : Le patient ne se situe plus dans les repères temporels usuels
(heure, jour, date, saison, année). Par convention, on ne parle
pas de troubles de l’orientation quant à un malade dysmnésique
ne peut donner sa biographie avec des repères temporels
cohérents.

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Désorientation
Dans l’espace : Le patient ne sait pas où il se trouve.

Désorientation
à la situation : Incapacité pour le malade d’appréhender la situation dans
laquelle il se trouve. Par exemple, la situation d’entretien (Ex. :
fausse reconnaissance de la situation par un délirant).

Désorientation relative
à la personne : Englobe la méconnaissance du nom et des données
biographiques personnelles. Exemple de désorientation sévère :
un homme âgé sait encore son nom, mais se voit comme un
garçon qui, sur l’ordre de sa grand-mère, va faire le courses de
l’autre côté de la rue.

Fausses
reconnaissances : Troubles divers de l’identification d’autrui.

4.2 Capacités mentales – troubles de l’attention et de la mémoire

Trouble de
l’appréhension : Incapacité d’établir des relations immédiates et cohérentes entre
les perceptions.

Trouble de
la concentration : Incapacité d’ajuster, de rassembler et de mettre en ordre les
données du réel. Difficulté « de s’en tenir au fait » et d’appliquer
de façon suivie son attention à une occupation définie ou à un
objet déterminé.

Trouble de
la mémorisation : Réduction ou abolition de la capacité de fixer des impressions
nouvelles. On peut les mettre en évidence en demandant au
malade de répéter des chiffres, des phrases, des noms ou de
reconnaître des objets. La capacité de fixation (encodage) est liée
au mode de perception et au matériel utilisé. Elle dépend
également de la charge affective de l’objet mémorisé. On devra
donc utiliser, si possible, du matériel neutre.

Trouble de
l’évocation : Trouble de la capacité d’évoquer des souvenirs. Diminution ou
suppression de la capacité de garder présentes à l’esprit, des
impressions ou des reconnaissances remontant à plus de dix
minutes, pouvant aller jusqu’à l’amnésie.

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