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Cours les urgences hypertensives
I. Définitions:
L’hypertension artérielle est une maladie fréquente, la plus fréquente des
maladies chroniques. L’urgence hypertensive est beaucoup plus rare .
L’hypertension artérielle est définie selon l’OMS par une PAS>140 mmHg et/ou
une PAD >90 mmHg. En effet, les auteurs américains en 2018 avaient été très
provocateurs en modifiant la définition de l’hypertension artérielle (pression
artérielle > 130/80 mmHg). Les Européens n’ont pas modifié la définition de
l’HTA, qui reste définie comme une PAS> 140 et/ou PAD>90 mmHg.
Le seuil de diagnostic d’une hypertension artérielle chez le diabétique PAS ≥
130 mm Hg et/ou PAD ≥ 80 mm Hg.
On parle de poussée ou de crise hypertensive «Hypertensive crisis» lorsque la
pression est supérieure à 180/110 mmHg sans atteinte d’organes cibles. Le
terme «pic hypertensif» n’est plus adapté. Les signes peuvent être absents ou
mineurs (céphalée peu intense, acouphènes, vertiges, épistaxis). 70% des cas
appartiennent à cette catégorie. Elle peut être traitée en ambulatoire par un
antihypertenseur oral avec un suivi par le médecin traitant dans les 48 heures.
Les urgences hypertensives «hypertensive emergency» sont définit par une
PAS>180 et/ou une PAD>110 mmHg associée à une atteinte viscérale d’un
organe cible (cerveau, cœur, reins, rétine) et nécessitant une prise en charge
thérapeutique immédiate. L’éclampsie, la pré-éclampsie chez la femme
enceinte entrent aussi dans ce cadre.
Les urgences hypertensives peuvent mettre en jeu le pronostic vital à court
terme. Elles nécessitent donc un contrôle rapide de la tension artérielle par un
traitement parentéral et un traitement spécifique de l’organe atteint.
Ainsi les chiffres tensionnels ne sont pas suffisants pour définir une attitude
thérapeutique. Le contexte clinique joue un rôle majeur dans l’urgence de la
prise en charge. A titre d’exemple, il y a beaucoup plus de raison de traiter
rapidement et par voie parentérale un homme de 40ans se présentant aux
urgences avec une rétinopathie hypertensive stade IV et des chiffres
tensionnels de 160/110mmhg qu’une dame de 70ans parfaitement
asymptomatique et ayant des chiffres tensionnels de 210/110mmhg.
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Dans tous les cas ces chiffres tensionnels élevés inquiètent aussi bien le patient
que son médecin l’incitant à consulter aux urgences et peuvent être à l’origine
de conduites parfois inappropriées.
II. Épidémiologie:
D’après des études européennes et américaines la véritable urgence
hypertensive ne représente que 2% des consultants hypertendus, 40% de
patients avaient une poussée simple sans atteinte d’un organe cible.
Chez les patients admis en soins intensifs pour une urgence hypertensive, la
mortalité était significativement plus élevée (4,6%) que chez les patients
hypertendus non urgents (0,8%).
III. Physiopathologie:
Elle est mal connue, on incrimine une augmentation des résistances
périphériques d’origine hormonale. Une élévation importante de la pression
artérielle occasionne des lésions endothéliales et une necrose fibrinoide des
parois artériolaires. Les lésions vasculaires vont induire une hyperactivité
plaquettaire formant des micro-thrombi avec des lésions concomitantes
induites des cytokines pro-inflammatoires.
En raison de la défaillance du système d’autorégulation et l’augmentation de la
perméabilité endothéliale, il existe une augmentation de la perméabilité de la
barrière hémato-encéphalique. L’extravasation plasmatique entraine l’œdème
cérébral vasogénique et des micro-hémorragies qui peuvent être à l’origine de
l’encéphalopathie hypertensive.
La dysfonction diastolique ventriculaire gauche est souvent liéeà la jonction des
deux mécanismes: la diminution de la distensibilité de ventricule gauche et
l’allongement du temps de relaxation qui altère le remplissage qui peut être a
l’origine de l’OAP hypertensif.
Le syndrome coronarien aigue peut être conséquence de plusieurs mécanismes
tel que la dissection de l’aorte étendue aux coronaires ou bien un défaut de
vascularisation myocardique liée à l’élévation des pressions diastolique ou bien
à une rupture de la plaque d’athérome notamment a l’effort.
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2. L’examen clinique :
Doit être bien réalisé pour rechercher des signes de retentissement viscéral
de l’HTA. Sera axé surtout sur l’examen cardiovasculaire. La prise de la
pression artérielle est obligatoire dans l’évaluation initiale de tous malades
consultant aux urgences, elle figure parmi les items des échèlles de triage.
L’élévation de la pression artérielle est considérée comme un signe de
gravité.
La prise de la pression artérielle doit répondre aux exigences suivantes:
- Patient au repos pendant au moins 5 minutes
- Deux valeurs sont prise espacées d’une minute en considérant le
chiffre le plus élevé
-
- La pression artérielle doit être mesurée aux deux bras
Une auscultation cardiaque et pulmonaire à la recherche de crépitants.
Un examen neurologique doit être fait pour éliminer des signes d’AVC
notamment s’il ya des signes d’appel neurologiques.
3. Les examens complémentaires :
Sont généralement nécessaires pour évaluer le degrés de retentissement
sur les organes cibles/
Un ECG
Un Fond d’oeil
Une Radiothorax
Dosage des BNP devant des signes d’insuffisance cardiaque à
l’examen clinique ou à la radiothorax
Un dosage des troponines et de la fonction rénale et proteinurie
Un scanner cérebral si signes de souffrance neurologique
Une TDM thoracique en urgence si doute sur une dissection de l’aorte
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L’encéphalopathie hypertensive
L’encéphalopathie hypertensiveest un syndrome aigu caractérisé par une
augmentation sévère de la pression artérielle associée à l’apparition rapide de
signes de souffrance neurologique.
Le tableau clinique s’installe sur quelques heures ou quelques jours. Il associe
des signes d’hypertension intra crânienne (céphalées avec nausées et
vomissements) des crises d’épilepsie, des troubles visuels, une confusion, une
somnolence et parfois une altération profonde de l’état de conscience.
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Le traitement doit être plus prudent chez les patients âgés ou s’il existe une
HTA préexistante, cas dans lesquels une réduction agressive de la PA
comporte un risque de détérioration neurologique et d’infarctus cérébral.
Différents traitements peuvent être utilisés (voir tableau) :nitroprussiate de
sodium (Nitriate®), nicardipine (Loxen®), labétalol (Trandate™). Lorsque la
pression artérielle est normalisée, un traitement oral est pris en relais
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Dissection de l’aorte
Elle se manifeste par un clivage au sein de média entre l’intima et l’adventice
créant à partir de la porte d’entrée intimale un faux chenal, Il se développe
transversalement.
Son extension longitudinale est fonction de la porte d’entrée (plus elle est
proximale plus elle sera de développement rapide), de l’ancienneté des
lésions et surtout de la pression artérielle.
La clinique comprend une douleur thoracique aigue, intense, pulsatile et
migratrice. Il peut s’y associer une asymétrie des pouls et ou de la pression
artérielle, parfois on peut avoir une ischémie de membre à bascule, une oligo-
anurie ou des douleurs abdominales.
Le diagnostic est confirmé par une angio-scanner thoracique.
La prise en charges’effectue en soins intensifs, tous les anti-hypertenseurs
peuvent être utilisés pour diminuer immédiatement la pression artérielleen
particulier les β bloquants et les inhibiteurs calcique tel que le Nicardipineavec
un objectif tensionnel: TAS <120 mm Hg. La douleur doit être traitée par des
morphiniques.
La dissection aortique atteignant l’aorte ascendante est d’indication
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E. Pré-éclampsie et Éclampsie
C’est une cause majeure de mortalité maternelle dans les pays en voie de
développement. Elle se définit comme étant une HTA gravidique (PA
systolique> ou égale à 140 mm Hg ou une PA diastolique>ou égaleà 90 mm
Hg survenant après 20 semaines et régressant dans les 42 jours) avec
protéinurie > 0.3 g/24h.
Les critères de sévérité sont :
Une HTA > 160/110 mm Hg
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Une éclampsie est une crise convulsive survenant chez la femme enceinte
c’est une urgence materno-fœtale.
Un traitement anti-hypertenseur est recommandé au-delà d’un seuil de
140/90 mm Hg. Cependant, l’apparition d’une protéinurie ou d’une atteinte
d’organe cible justifie l’instauration d’un traitement avant le seuil de
140/90mmHg quel que soit le terme de la grossesse.
Une PA systolique >ou égale à 170mmHg ou une PA diastolique > ou égale à
110mmHg justifient d’une hospitalisation en urgence. La réduction en
urgence de la PA peut être obtenue avec un traitement par les inhibiteurs
calciques le plus indiqué est la nicardipine. Les anti-hypertenseurs centraux
et les Bêta bloquants peuvent aussi être utilisés.
Les IEC et les ARA 2 sont contre indiqués lors de la grossesse. Les diurétiques
ne sont utilisés qu’en cas d’oligurie.
Le sulfate de magnésium intra-veineux est utilisé dans la prévention et le
traitement des convulsions.
VI. Conclusion :
Les urgences hypertensives sont des situations graves. Devant tout patient se
présentant aux urgences avec des chiffres tensionnelles élevés il faut chercher
à éliminer une souffrance vitale définissant une urgence hypertensive. Dans ces
cas c’est la souffrance viscérale, et non les chiffres de la pression artérielle, qu’il
s’agit de traiter en urgence.
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