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L’hypertension artérielle (HTA) correspond à une hyperpression du sang sur la paroi des artères.

Elle
est la plus fréquente des affections cardiovasculaires, touchant environ 20% de la population. Son
incidence augmente avec l’âge et touche 90% des personnes âgées de 85 ans. Le point sur cette
maladie, son diagnostic et ses traitements.

Sommaire

Qu’est-ce que l’hypertension artérielle ?

Les signes de l’hypertension artérielle

L’évolution de l’hypertension artérielle

Causes et facteurs de risque de l’hypertension artérielle

Hypertension artérielle : examens et analyses complémentaires

Le traitement de l’hypertension artérielle

Comment adapter le traitement ?

L’hypertension artérielle maligne, une forme de complication

Qu’est-ce que l’hypertension artérielle ?

L’hypertension artérielle (HTA) est l'élévation permanente des chiffres de la pression artérielle (dite
tension artérielle ou TA) au dessus de 14/9. Idéalement, elle est de 12/8. C'est une maladie
fréquente qui augmente avec l'âge, avec une composante héréditaire. Avant d'affirmer une
hypertension artérielle chez un patient, le médecin doit se donner un délai et s'assurer de la
permanence des chiffres tensionnels en surveillant régulièrement le patient (la tension artérielle
varie au cours de la journée) et en lui prenant la tension avec un manomètre à mercure, au repos en
position couchée, au moins deux fois en 15 jours. On parle d'hypertension artérielle permanente
lorsque la TA est tout le temps élevée. Le chiffre de la valeur minimale est important car il traduit
directement la souplesse et la résistance des parois artérielles.

Les signes de l’hypertension artérielle

En général, l’hypertension artérielle ne donne aucun symptôme susceptible d’alerter le patient. C’est
fréquemment une découverte d’examen médical effectué à titre de routine. Parfois, cependant,
certains signes font suspecter une hypertension artérielle :

Des maux de tête le matin sur le sommet ou derrière la tête ;

Des étourdissements ;

Des troubles visuels : mouches volantes, brouillard devant les yeux…

Une fatigue ;

Des saignements de nez ;

Des hémorragies conjonctivales ;

Des crampes musculaires ;


Une pollakiurie (envie fréquente d’uriner) ;

Une dyspnée (gêne respiratoire traduisant une insuffisance ventriculaire gauche).

Lorsque le médecin a découvert une hypertension artérielle, il la contrôle à plusieurs reprises dans
des conditions différentes : repos, effort, debout, couché, bras droit puis bras gauche… Il s’assure
ainsi de sa permanence. La généralisation des appareils de mesure de la pression artérielle pour
grand public permet au patient de surveiller sa pression artérielle dans les conditions de sa vie
quotidienne.

L’hypertension artérielle labile

Les appareils de mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA) permettent la prise en continu
de la pression artérielle. En effet, il peut s’agir, surtout chez le sujet jeune, d’une hypertension
artérielle labile, c’est-à-dire alternant avec des périodes de pression artérielle normale. Cette
affection est bénigne à court terme et très bien tolérée. Il n’y a aucune complication viscérale. Une
surveillance est néanmoins nécessaire car cette affection peut évoluer vers l’hypertension artérielle
permanente. La cause de cette affection est inconnue mais les sujets émotifs sont plus fréquemment
touchés.

L’évolution de l’hypertension artérielle

Parfois, l’hypertension artérielle est reconnue lors d’un accident révélateur.

Accident neurologique

Accident ischémique transitoire ;

Accident vasculaire cérébral (ramollissement cérébral, hémorragie cérébrale, méningée ou cérébro-


méningée, hématome intra-cérébral, œdème cérébro-méningé).

Accident sensoriel

Hémorragie labyrinthique (vertige vrai) ;

Hémorragies oculaires ;

Paralysies des nerfs oculomoteurs.

Accident cardiaque

Œdème pulmonaire (OAP) ;

Infarctus du myocarde.

Accident rénal

Hématurie (présence de sang dans les urines) ;

Insuffisance rénale.

La complication de l’athérosclérose
Hormis ces accidents aigus, l’augmentation de la pression artérielle altère au fil du temps la paroi des
vaisseaux qui n’est pas prévue pour subir de tels régimes de pression. Parmi les effets nocifs, il y a
l’accélération du processus d’athérosclérose.

Les organes qui souffrent le plus souvent sont :

Le système nerveux central : risque d’hémorragies et de thromboses cérébrales ;

La rétine : rétinopathie hypertensive ;

Le cœur : surcharge ventriculaire gauche, athérosclérose coronarienne ;

Le rein : néphroangiosclérose ;

Le pénis : troubles de l’érection ;

C’est pour éviter ces complications qu’il faut absolument traiter une hypertension artérielle, même si
elle ne provoque aucun symptôme chez le patient.

Causes et facteurs de risque de l’hypertension artérielle

Dans 95 % des cas, la cause de l’hypertension artérielle reste inconnue : elle est dite « essentielle »
ou idiopathique. Dans ce cas, le traitement aura pour objectif de traiter le ou les symptômes, à savoir
faire baisser la tension. Toutefois, le médecin peut découvrir une cause dont le traitement pourra
guérir l’hypertension artérielle.

Les causes rénales

On sépare les maladies rénales non curables chirurgicalement de celles qui sont éventuellement
curables par la chirurgie.

Parmi les causes rénales non chirurgicales d’hypertension artérielle :

Les glomérulonéphrites : protéinurie, hématurie, syndrome néphrotique ;

La glomérulopathie diabétique ;

Les néphrites interstitielles métaboliques : goutte, hypercalcémie (hyperparathyroïdie) ;

La maladie polykystique des reins (polykystose rénale)…

Parmi les causes rénales éventuellement curables chirurgicalement :

Les pyélonéphrites chroniques (séquelles d’infections urinaires chroniques et répétées) ;

La tuberculose rénale ;
La sténose de l’artère rénale qui pourra être traitée par angioplastie (gonflement d’un ballonnet dans
l’artère rétrécie).

Les maladies des glandes surrénales

On trouve parmi elles le syndrome de Cushing, le syndrome de Conn (hyperaldostéronisme primaire)


et le phéochromocytome.

Certains toxiques dont l’abus de réglisse

La glycyrrhizine de la réglisse est transformée dans l’organisme en acide dont la structure chimique
est proche de celle de l’aldostérone. Les symptômes simulent un syndrome de Conn. L’arrêt de la
réglisse normalise la TA.

D’autres produits sont parfois responsables : banane, coco, vanille, phénacétine, anti-inflammatoires
non stéroïdiens, ciclosporine, vasoconstricteurs nasaux utilisés pour une rhinite chronique ou une
migraine, contraception par œstrogènes de synthèse, corticothérapie prolongée…

Les facteurs de risque

Il existe également des facteurs favorisant l’hypertension artérielle :

Un régime trop salé ;

L’alcoolisme ;

Le tabagisme ;

Les contraceptifs oraux ;

La grossesse (toxémie gravidique) ;

Les chocs émotifs et répétés ;

Certains médicaments ;

L’obésité ;

Le manque d’exercice physique.

Hypertension artérielle : examens et analyses complémentaires

En cas d’hypertension artérielle permanente, le bilan effectué par le médecin est double. Il permet
d’apprécier le retentissement de l’HTA sur l’organisme, et de découvrir une cause éventuelle.

Bilan cardiaque

Recherche de douleurs angineuses et de dyspnée d’effort ;

ECG et radiographie thoracique ;


L’échographie cardiaque, fondamentale pour juger de l’importance de l’hypertrophie du ventricule
gauche qui est un facteur pronostique.

Bilan neuro-sensoriel

Recherche de céphalées (maux de tête), de sensation de doigt mort ou de mouches volantes ;

Recherche d’épisodes transitoires d’amaurose (perte brutale et brève de la vue) ;

Examen du fond d’œil.

Bilan rénal

Dosage de la créatinine sanguine au minimum. Selon les résultats du fond d’œil et le chiffre de la
pression artérielle, on classe l’hypertension artérielle en quatre stades :

Stade I : artères brillantes au fond d’œil et hypertension artérielle bénigne ou récente ;

Stade II : signe du croisement au fond d’œil, hypertension artérielle de sévérité moyenne et
généralement ancienne ;

Stade III : présence d’exsudats et d’hémorragies sur la rétine et hypertension artérielle sévère
imposant des mesures d’urgence ;

Stade IV : œdème papillaire et hypertension artérielle maligne imposant l’hospitalisation en milieu
spécialisé.

Le traitement de l’hypertension artérielle

Les mesures diététiques

Les mesures hygiéno-diététiques sont très importantes, et sont même les seules prescrites en cas
d’hypertension artérielle faible ou limite : régime peu salé, amaigrissement en cas d’obésité, arrêt de
l’alcool et du tabac, activité physique régulière, relaxation…

Le régime peu salé

Une alimentation sans sel est insipide et ne peut pas être poursuivie longtemps, elle est donc
rarement conseillée. En revanche, une alimentation trop salée empêche le traitement de l’HTA. Il
faut donc limiter les apports en sel, sans les supprimer totalement.

Quelques conseils pratiques sont utiles :

Ne pas saler l’eau de cuisson des aliments ou ne pas rajouter de sel dans les aliments ;

Ne pas manger des aliments trop salés ;

Éviter les conserves industrielles qui contiennent toutes du sel et préférer les produits frais ou
surgelés ;
Préférer l’huile et le beurre à la margarine qui est plus riche en sel ;

Éviter certaines eaux minérales (Vichy, Saint-Yorre, Vals, Badoit…) ;

Réduire la consommation de café, de tabac et de réglisse ;

Se méfier de certains médicaments contenant du sel (comprimés effervescents, pastilles contre la


toux, sirops, poudres pour la digestion etc…).

Par contre, tous les épices et condiments (sauf le sel) sont autorisés : jus de citron, persil, ciboulette,
cresson, poivre, ail, oignon, thym, cerfeuil, estragon, cumin, curry, paprika, etc..

L’hygiène de vie

Les conseils d’hygiène de vie sont primordiaux. Bien souvent, une hygiène de vie correcte et un
régime alimentaire adapté suffisent. En cas de tension artérielle bien contrôlée, l’activité
professionnelle peut être conservée ainsi que les activités sportives raisonnables et régulières (sans
compétition), en privilégiant les sports d’endurance et la relaxation : marche, bicyclette, natation.
Quelques conseils doivent être suivis :

Éviter les efforts physiques importants ou brutaux ;

En cas d’accès d’hypertension artérielle : repos absolu ;

Éviter les soucis et contrariétés (des sédatifs sont parfois utiles) ;

Éviter l’exposition prolongée au soleil sans protection ;

Éviter les baignades si la température de l’eau est inférieure à 20°C ;

Éviter les séjours en altitude à plus de 1500-2000 mètres (le voyage en avion pressurisé est autorisé) ;

Pour les femmes, arrêter la pilule et la remplacer par un autre moyen contraceptif (préservatif,
stérilet).

Le traitement a pour but de normaliser la pression artérielle afin de prévenir les complications
survenant à long terme. Par conséquent, dans la plupart des cas, ce traitement doit être suivi à vie.
L’hypertension est certainement la maladie pour laquelle il existe le plus de médicaments. Il est
possible de classer les antihypertenseurs par famille :

Alpha 1 bloquants ;

Anti-hypertenseurs centraux ;

Bêta-bloquants ;

Inhibiteurs calciques ;

Diurétiques thiazidiques ;

Diurétiques hyperkaliémiants ;

Inhibiteurs de l’enzyme de conversion ;

Inhibiteurs de l’angiotensine 2 ;


Les associations.

Comment adapter le traitement ?

Actuellement, lorsqu’un traitement médical est indiqué, on commence par un seul anti-hypertenseur
à doses faibles. Ensuite, et à moins que des effets secondaires surviennent, la dose est augmentée
progressivement jusqu’à l’obtention d’une tension artérielle normale. En cas d’effets secondaires
trop gênants ou d’inefficacité, le traitement peut être modifié, ou un anti-hypertenseur d’une autre
classe ajouté. Il peut parfois se révéler nécessaire d’associer trois ou quatre médicaments avant
d’aboutir à une pression normale !

Certains médecins préconisent cependant de commencer d’emblée le traitement par des


associations fixes (dans un seul comprimé) de deux médicaments à doses faibles : on diminuerait
ainsi les effets secondaires en augmentant l’efficacité de chacun pris séparément.

La surveillance régulière du traitement est indispensable :

Prise de la tension artérielle tous les mois jusqu’à l’obtention d’une pression artérielle stable
inférieure à 14/9 ;

Fond d’œil tous les 6 mois ;

Ionogramme sanguin ;

Électrocardiogramme.

Le patient ne doit jamais arrêter les médicaments prescrits par le médecin ni diminuer les doses de
son propre chef. Les symptômes anormaux (mal à la tête, saignement de nez, essoufflement,
douleurs dans la poitrine) doivent être signalés au médecin traitant. En cas d’opération chirurgicale,
l’anesthésiste doit être prévenu du traitement anti-hypertenseur.

Pour les femmes, la contraception locale est préférable à la pilule. En cas de grossesse, le surveillance
médicale doit être stricte.

Hypertension artérielle et grossesse

Lors de la grossesse, la prise de la pression artérielle fait partie de la surveillance médicale. En effet,
une hypertension artérielle chez une femme enceinte peut révéler :

Une toxémie gravidique ;

L’aggravation d’une hypertension artérielle préalable ;

Une hypertension artérielle gravidique récidivante.

L’hypertension artérielle maligne, une forme de complication


C’est une hypertension artérielle sévère avec œdème papillaire visible au fond de l’œil. Elle peut
survenir n’importe quand chez un hypertendu mais surtout chez l’homme jeune. Un choc affectif est
parfois une cause déclenchante.

Sans traitement, les complications sont graves :

Rénales (néphroangiosclérose (néphropathie résultant d’une hypertension ancienne) et insuffisance


rénale) ;

Cérébrales : hémorragie cérébro-méningée ;

Cardiaques : œdème aigu du poumon.

Un traitement d’urgence s’impose avant le transfert en milieu spécialisé.

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