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1. GENERALITES
1.1. Définition
Les infections à herpès virus sont des affections cosmopolites dues à des virus à ADN, ayant pour
caractéristique commune des phases de latence (primo-infection) et de réactivation (récurrence).
1.2. Intérêt (cf)
Epidémiologique
Virus humain ubiquitaire.
La séroprévalence varie selon les populations et selon différents critères : l’âge, la parité, le
sexe (susceptibilité féminine selon certains auteurs), les facteurs socio-économiques. Sa
prévalence est corrélée aux conditions socioéconomiques. Pour certains virus comme le
Cytomégalovirus, la prévalence est inversement proportionnelle au niveau économique. En
Afrique, la prévalence de l’infection à CMV est de l’ordre de 80 à 100 % avec des disparités.
On observe deux pics d'incidence des infections à CMV :
l'un dans la petite enfance lorsque les enfants découvrent les objets en les mettant
dans leur bouche ;
l'autre à l'adolescence et chez l'adulte jeune lors des premiers rapports sexuels.
Clinique
Certains ont connu un regain d’intérêt avec l’avènement de l’avènement de l’infection à
VIH.
Pronostic
Ils sont sévères chez l’immunodéprimé.
Thérapeutique
Leur prise en charge nécessite des moyens souvent non accessibles dans les pays en voie de
développement.
1.3. Etiopathogénie
Agents pathogènes
À ce jour, 9 Herpès virus ont été identifiés chez l'homme : 8 strictement humains et répartis
en 3 sous-familles selon les homologies de leur ADN et le virus B du singe ou Herpès virus
simiae, accidentellement transmis à l'homme. Ces virus sont enveloppés donc fragile.)
Tableau I : Herpès virus responsable d’infection chez l’homme
a Herpès virus β Herpès virus γ Herpès virus
Virus herpès simplex type 1 Cytomégalovirus Epstein-Barr virus (EBV)
(HSV-1) (CMV)
Virus Herpès simplex type 2 Virus herpès humain type B Virus herpès humain type8
(HSV-2) (HHV-6) (HHV-8)
Virus varicelle zona (VZV) Virus herpès humain type7
(HHV-7)
Dr Ismaël DIALLO
Cours Maladies Infectieuses Master 1_Médecine_OHG_Année_2020
Transmission
L'enveloppe lipidique rend compte de la fragilité des Herpesviridae de leur sensibilité aux
solvants lipidiques, aux détergents, aux désinfectants usuels. Les Herpès virus humains sont
donc transmis par des contacts interhumains intimes, oraux ou sexuels, à l'exception du VZV
à transmission majoritairement par voie respiratoire.
1.4. Physiopathologie
Les Herpesviridae ont plusieurs caractéristiques physiopathologiques communes.
La primo-infection
C’est une Période de réplication virale intense, elle peut être symptomatique ou non. À cette
phase, plusieurs voies de diffusion dans l'organisme sont possibles selon un tropisme propre à
chaque virus :
- propagation le long des troncs nerveux vers les ganglions sensitifs (HSV, VZV) ;
- dissémination par voie hématogène (CMV, EBV) ;
- exceptionnellement migration vers les méninges (méningite) ou l'encéphale (encéphalite).
La latence et la persistance
Après la primo-infection, le plus souvent inapparente, le virus persiste de façon définitive et
latente. L'expression du génome viral est limitée à quelques gènes dits de latence. L'ADN viral
ne se répliquant pas, l'infection latente échappe aux antiviraux qui agissent par inhibition de la
réplication de l'ADN viral. Cette persistance s'effectue dans les ganglions sensitifs des nerfs
crâniens et rachidiens pour HSV-1 et -2 et VZV, dans les monocytes et macrophages pour CMV,
dans les lymphocytes B et certaines cellules épithéliales pour EBV, dans les cellules des glandes
salivaires et les cellules mononucléées du sang pour HHV-6, au niveau des cellules endothéliales
pour HHV-8.
Les récurrences
Elles s'observent avec une fréquence très variable. Elles peuvent être symptomatiques
(récurrences d'herpès, zona) ou asymptomatiques, avec reprise de la réplication et excrétion du
virus. La transmission est possible à partir d'une personne asymptomatique. Ces récurrences sont
plus fréquentes chez les sujets ayant une dépression de l'immunité cellulaire.
Rôle de l'immunité cellulaire
L'immunité cellulaire (lymphocytes T) joue un rôle essentiel dans le contrôle de la réplication
virale expliquant la fréquence et la gravité des infections à Herpesviridae chez les patients ayant
une immunodépression cellulaire (transplantation, corticothérapie, VIH).
2. SIGNES
2.1. TDD : la primo-infection à HSV1 de l’enfant immunocompétent : gingivo-
stomatite aigue
2.1.1. Signes cliniques
Incubation : elle est muette et dure 10 à 20 jours.
Début
Signes fonctionnels
- Dysphagie douloureuse empêchant toute alimentation
Signes généraux
- Fièvre
Dr Ismaël DIALLO
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Signes physiques
L’examen retrouve :
- Des vésicules, contenant un liquide clair translucide
- Une muqueuse buccale est rouge congestive œdématiée et hémorragique
Phase d’état :
Signes fonctionnels
- Dysphagie douloureuse
- Hyper sialorrhée
- Refus de s’alimenter
- Vomissements
Signes généraux
- Fièvre à 40°C
- Altération de l’état général
Signes physiques
L’examen retrouve :
- Des érosions arrondies aphtoïdes très douloureuses au niveau de la muqueuse
buccale et des lèvres érosives et/ ou crouteuses.
- Une pharyngite
- Des adénopathies sous angulo-maxillaire et sous mentonnière sensibles et
bilatérales
- Une déshydratation
2.1.2. Signes paracliniques
Examens d’orientations
- NFS : on peut avoir une numération normale ou une leuconeutopénie.
- Un syndrome inflammatoire non spécifique associant : une CRP positive, une
hyperfibrinémie, accélération de la VS et une augmentation des gammaglobulines.
Examens de confirmation
Les examens directs
- Cytodiagnostic de Tzanck qui consiste à réaliser un frottis sur prélèvement des
sécrétions au niveau des lésions coloré au MGG permet de mettre en évidence des
cellules ballonnisantes.
- Culture sur fibroblaste d’embryon humain en 48h on note la formation de cellules
ballonnisantes en foyer.
Indirects
- Détection d‘anticorps spécifiques dans le sérum par ELISA et IFI
2.1.3. Evolution
Éléments de surveillance
- Constantes : T°, pouls, FR, FC,
- Clinique : aspect et la durée de vie des lésions
- Paraclinique : hémogramme, bilan rénal
Modalités évolutives
Sous traitement l’évolution vers la guérison est plus rapide mais le virus reste à l’état
de quiescence dans les ganglions.
Dr Ismaël DIALLO
Cours Maladies Infectieuses Master 1_Médecine_OHG_Année_2020
(mains, poignets, coudes, chevilles et genoux) et d’érosions muqueuses (lèvres, bouche) très
douloureuses. L’évolution se fait par poussées successives souvent fébriles (rarement
subintrantes), parfois à chaque récurrence herpétique (88 % des cas).
La rhinite herpétique
Elle se manifeste par des lésions vésiculo-pustuleuses périnarinaires très douloureuses.
Primo-infection cutanée
C’est la pénétration percutanée du virus à travers une excoriation de la peau. Elle se caractérise
par l’apparition d’un bouquet de vésicules typiques comparable à un herpès récurent. L’évolution
est rapidement favorable
L’herpès du doigt ou panaris herpétique
Il fait suite à un contact des lésions dues à. l’herpès génital ou oral. La succion du pouce ou des
orteils chez le nourrisson. L’incision chirurgicale d’un panaris non purulent est contre indiquée.
L’eczéma herpéticum ou syndrome de Kaposi-Juliusberg
C’est une surinfection cutanée diffuse due aux virus herpétiques sur une poussée de dermatite
ectopique. C’est une primo-infection dans 80% des cas. Elle se manifeste par une fièvre à 39-
40°C, une AEG. Une éruption faite de lésions vésiculeuses ombiliquées groupées puis extensives
sur tout le corps. Des adénopathies et un œdème de la face. D’autres signes peuvent être observés :
des lésions pustuleuses et crouteuses des atteintes oculaires. Des complications graves peuvent
subvenir : méningite, septicémie.
L’herpès génital
C’est la manifestation la plus fréquente de la primo-infection du HSV2.
Chez la femme : vulvo-vaginite fébrile très douloureuse avec parfois écoulements séro-
purulents ou hémorragiques. Des vésicules qui vont se rompre rapidement laissant place aux
érosions génitales très douloureuses. Ces lésions sont situées aux grandes et petites lèvres,
vagin, col et l’utérus.
Chez l’homme c’est une éruption vésiculeuse puis érosive hyperalgique sur la verge, le
scrotum la région anale et une atteinte urétrale est possible.
Angines et pharyngites herpétiques
Œsophagites herpétiques
même malade : région génitale externe, face interne des cuisses, les fesses, l’urètre et l’anus. Chez
la femme : plis vulvaire, vagin et le col. Chez l’homme le siège de prédilection est le prépuce, le
sillon balanopréputial, le fourreau et le gland.
Le test consiste à mettre en présence du sérum du malade des hématies de cheval formolées.
L’agglutination se produit en une minute dans la mononucléose infectieuse du fait de
l’existence d’anticorps hétérophiles.
Ce test, s’il est positif, suffit au diagnostic chez le sujet immunocompétent.
En cas de négativité, il doit être complété par le test de Paul-Bunnell-Davidson et la
recherche d’anticorps anti-EBV.
Test de Paul Bunnell Davidsohn (PBD) :
Le PBD recherche la présence d’anticorps hétérophiles anti-globules rouges de mouton
présents dans la MNI
Sérologie spécifique de l’EBV :
- Les anticorps anti-VCA (Viral CapsidAntigen) : ils sont toujours présents lors des
primo-infections. Les IgG anti-VCA sont détectées dès les premières manifestations
cliniques, ce qui rend difficile l’observation d’une séroconversion ou d’une simple
augmentation du titre. Ce sont donc les IgM anti-VCA, présents dès le début de
l’infection, et qui disparaissent en 4 à 12 semaines qui permettent d’affirmer le
caractère récent de l’infection. Les IgM anti-VCA apparaissent dans 100% des
primo-infections aiguës à EBV.
- Les anticorps anti-EA (EarlyAntigen) : ils apparaissent précocement dans seulement
70% des mononucléoses infectieuses et disparaissent en quelques mois Leur
détection a donc peu d’intérêt lors d’une maladie aiguë mais sont présents dans le
lymphome de Burkitt et le cancer naso-pharyngé. La sérologie permet de poser le
diagnostic d’infection à EBV dans 90-95% des cas.
- Les anticorps anti-EBNA (Epstein Barr NuclearAntigen) : ils apparaissent
tardivement après 2 à 3 mois. Ils atteignent un plateau en 3 à 12 mois et persistent
ensuite toute la vie. Ils indiquent une infection ancienne, ou dans le suivi immédiat
d’une primo-infection, le passage à la convalescence. Il est possible d’observer des
séroconversions EBNA tardives après 6 ou même 12 mois chez des sujets pourtant
immunocompétents.
NB : Il faut remarquer qu'on ne détecte pas de particules virales dans le sang des malades.
Virus herpès humain type B (HHV-6)
Responsable de l'exanthème subit du nourrisson ou 6e maladie ou roséole infantile (rare)
Virus herpès humain type7 (HHV-7)
Exanthème subit
Virus herpès humain type 8 (HHV-8)
Maladie de Kaposi
Observé principalement au cours de l'infection par le VIH. Les formes cutanéomuqueuses
sont les plus fréquentes, réalisant des nodules infiltrés, violacés, évoluant en plaques,
débutant volontiers au niveau des extrémités. L'histologie confirme le diagnostic en
montrant une prolifération angiomateuse et fibroblastique.
Maladie de Castleman
Cette maladie est caractérisée par une hypertrophie ganglionnaire avec hyperplasie
lymphoïde angio-folliculaire. Elle peut être limitée à un site ganglionnaire (forme la plus
fréquente) ou être multicentrique. Cette dernière peut s'observer au cours de l'infection à
VIH. Les formes localisées sont asymptomatiques dans plus de la moitié des cas ou
peuvent entraîner des douleurs liées à la prolifération ganglionnaire. Les formes
Dr Ismaël DIALLO
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4. TRAITEMENT
4.1. Traitement curatif
Buts
Réduire la durée d’évolution de la maladie
Eviter ou prévenir les complications
Moyens
5. CONCLUSION
Les infections à HSV1 et HSV2 sont des viroses cosmopolites à transmission interhumaine stricte.
C’est une maladie très fréquente avec possibilité de complications pouvant engager le pronostic
fonctionnel et vital. Le traitement curatif est accessible et les mesures préventives s’avèrent être très
efficaces.