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UE6
Infections à herpès virus du sujet immunocompétent
N°164

Objectifs 1 Bases pour comprendre


ƒƒDiagnostiquer un herpès cutané et muqueux,
une varicelle, un zona chez le sujet immuno-
compétent
1. GÉNÉRALITÉS
ƒƒConnaître la conduite à tenir devant un herpès
ƒƒLes virus du groupe Herpès (Herpes simplex virus
cutané et muqueux, une varicelle, un zona et
leurs complications les plus fréquentes (HSV-1, HSV-2), virus varicelle-zona (VZV), cytomé-
galovirus (CMV), virus d’Epstein-Barr (EBV), Human
ƒƒConnaître les risques en cas d’infection chez
Herpes virus (HHV) -6, -7 et -8) sont des virus enve-
la femme enceinte, le nouveau-né, le sujet
loppés, à ADN.
atopique
ƒƒAprès l’infection initiale (primo-infection), une infec-
tion latente persiste à vie au niveau de certaines
populations cellulaires ; cette latence virale est à
Points importants l’origine de possibles réactivations ou récurrences.
ƒƒInfections très fréquentes ƒƒL’infection est contrôlée par l’immunité à médiation
ƒƒTransmission aérienne, salivaire, et par voie cellulaire, ce qui explique la gravité de ces infec-
muqueuse tions chez les patients immunodéprimés cellulaires
ƒƒPrincipales situations en pathologie humaine : (greffés, infection par le VIH au stade sida, traitement
·· HSV-1 et 2 : primo-infection et réactivations immunosuppresseur…).
muqueuses ; méningo-encéphalite ; infection ƒƒParticularités pour HSV et VZV : tropisme neuro-
néonatale si infection génitale maternelle lors cutané, avec latence dans les neurones des gan-
de l’accouchement glions sensitifs et réactivation à expression cutanée
·· VZV : varicelle et zona ; risque de transmis- dans les territoires correspondants, voire réactiva-
sion fœtale si varicelle pendant la grossesse tion encéphalique.
(en particulier dernière semaine de grossesse) ƒƒOn ne dispose de vaccins que pour l’infection par
·· CMV : primo-infection chez l’immunocom- le VZV.
pétent, primo-infection et réactivation chez
l’immunodéprimé, infection fœtale si primo- 2. TRAITEMENTS ANTI-VIRUS DU GROUPE
infection pendant la grossesse HERPÈS (CF. ITEM UE6 N°173)
·· EBV : primo-infection parfois symptomatique :
ƒ ƒLa principale molécule anti-HSV et anti-V Z V
mononucléose infectieuse
est l’aciclovir
ƒƒDiagnostic essentiellement clinique pour HSV ·· L’aciclovir est essentiellement utilisé par voie IV
(hors méningo-encéphalite) et VZV
·· Le valaciclovir est une prodrogue de l’aciclovir,
ƒƒTraitements disponibles : (val)aciclovir (certaines avec l’avantage d’être beaucoup mieux absorbée
infections à HSV, certaines varicelles, certains par voie orale
zonas) ; (val)ganciclovir et foscavir (infections à ·· Action : Inhibition de la réplication virale en s’insé-
CMV de l’immunodéprimé).
rant dans l’ADN à la place d’une base normale
·· Toxicités principales : rénale (tubulopathie par cris-
tallurie) ; encéphalopathie
·· Résistance possible, essentiellement observée
CONSENSUS ET RECOMMANDATIONS lors de traitement prolongé chez l’immunodéprimé
®®Conférence ·· Il existe également un autre antiviral, le penciclovir,
de consensus sur le
qui peut être utilisé sous forme d’une prodrogue
traitement des infections à VZV :
par voie orale, le famciclovir, avec les mêmes indi-
www.infectiologie.com/site/ cations que le valaciclovir.
medias/_documents/consensus/ ·· Indications, Cf. TUE6-164-1
vzv98.pdf ƒƒLe traitement des infections à CMV repose sur le

®®Conférence ganciclovir IV (et sa prodrogue orale le valganci-


de consensus sur le
clovir), et le foscarnet IV.
traitement des infections à HSV :
ƒƒLes antiviraux n’ont pas d’intérêt dans les maladies
www.infectiologie.com/site/medias/ associées à l’EBV du fait de leur physiopathologie.
_documents/consensus/ ƒƒTous les traitements anti-virus du groupe herpes
herpes-2001.pdf permettent de contrôler une primo-infection ou une
réactivation symptomatique ; ils n’empêchent pas
l’établissement ou la poursuite de l’infection latente,
et donc le risque de récidive à l’arrêt (récurrences
herpétiques, zona après une varicelle…)

187
UE6 – N°164 Infections à herpès virus du sujet immunocompétent

TUE6-164-1 : Principales indications de l’aciclovir IV, du valaciclovir PO et du famciclovir PO


Patient immunocompétent Patient immunodéprimé
Aciclovir IV HSV : atteintes viscérales graves : méningoencéphalite, herpès HSV : primo-infection et
oculaire sévère (kératite profonde, uvéite ou nécrose rétinienne) ; réactivations
gingivostomatite herpétique sévère

VZV : atteintes viscérales graves : encéphalite, pneumopathie VZV : varicelle, zona


Valaciclovir PO HSV : herpès génital ou cutanéomuqueux (primo-infection Utilisation possible dans
Famciclovir PO et récurrences) ; herpès oculaire non sévère ; prévention des les formes non graves de
récurrences herpétiques génitales ou orofaciales zona et d’infection HSV en
cas d’immunodépression
VZV : zona ophtalmique, zona à risque d’algies post-zostériennes modérée

ƒƒAsymptomatique le plus souvent


Diagnostiquer et traiter une poussée ƒƒLe tableau peut être celui d’une gingivostomatite
2
d’herpès cutané et muqueux aiguë  : ulcérations diffuses de toute la cavité buc-
cale pouvant déborder sur les lèvres et le menton.
Ces infections sont dues aux virus Herpes simplex 1 et Elles peuvent être responsables de dysphagie par-
2 (HSV-1 et HSV-2) fois majeure.
La gingivostomatite s’accompagne d’une fièvre élevée
1. INTRODUCTION à 39°C et d’adénopathies régionales volumineuses.
ƒƒHSV-2 est possiblement en cause chez l’adulte
Transmission/physiopathologie (transmission génito-orale).
ƒƒTransmission par contact direct cutanéomuqueux
Récurrences
(baiser, relation sexuelle, per-partum lors du passage
ƒƒBouquet de vésicules, unilatéral, à la jonction cuta-
de l’enfant dans la filière génitale ; rôle de la salive et
des lésions cutanées), passage transplacentaire, allai- néomuqueuse des lèvres, narines, menton, gencives.
ƒƒClassique «bouton de fièvre» (PUE6-164-1).
tement maternel (très rare).
ƒƒTransmission et expression clinique classiquement
au niveau des muqueuses buccopharyngées (HSV-1) PUE6-164-1 : Herpès labial et chéilite
ou génitales (HSV-2) (l’inverse est possible : infection
buccopharyngée à HSV-2 par exemple).
ƒƒTropisme principalement cutanéomuqueux : réplica-

Photo JJ. Morand - © CMIT - Alinéa Plus


tion intense lors de la primo-infection et effet cytopa-
thogène, provoquant des vésicules inflammatoires.
Dissémination par voie hématogène possible mais
rare (infection systémique virale du nouveau-né).
ƒƒDiffusion dans les axones des neurones des voies
nerveuses sensitives vers leurs sites de latence :
les ganglions sensitifs crâniens (HSV-1), spinaux ou
sacrés (HSV-2).
ƒƒRécurrences : causes multiples : stress, soleil,
fatigue, règles, fièvre, infection, baisse de l’immunité
à médiation cellulaire.
Manifestations ophtalmologiques
Épidémiologie
ƒƒPrimo-infection ou, le plus souvent, récurrence.
ƒƒL’humain est le seul réservoir de virus. ƒƒKératitele plus souvent unilatérale, révélée par : dou-
ƒƒL’infection à HSV-1 survient au cours des premières
leurs, hyperhémie conjonctivale, photophobie, lar-
années de la vie (80 % des enfants, 90 % des moiement, adénopathie prétragienne, parfois quelques
adultes sont séropositifs pour HSV-1). vésicules palpébrales ou conjonctivales.
ƒƒL’infection à HSV-2 est une IST dont la séropréva-
lence est de 15-20 % chez l’adulte en France et de Infections à HSV-2 : essentiellement
90 % dans deux situations : personnes infectées par l’herpès génital
le VIH, prostitution.
Primo-infection génitale
2. DIAGNOSTIQUER UNE POUSSÉE D’HERPÈS ƒƒIncubation de 2 à 7 jours.
CUTANÉOMUQUEUX ƒƒFormes symptomatiques : 1/3 des cas, souvent pro-
Infections à HSV-1 noncées.
ƒƒLésions génitales érythémato-vésiculeuses dou-
Herpès oral loureuses, rapidement ulcérées et recouvertes
Primo-infection d’un exsudat blanchâtre (PUE6-164-2).
ƒƒDans l’enfance (entre 1 et 4 ans en général). ƒƒLocalisations extragénitales possibles : périnée, fesses.

188
Infections à herpès virus du sujet immunocompétent UE6 – N°164

ƒƒPlus rarement : fièvre, malaise général, adénopa- ·· associé à aciclovir IV si kératite profonde, uvéite ou
thies inguinales bilatérales sensibles, dysurie, rétention nécrose rétinienne.
d’urines, réaction méningée (pléiocytose du LCS), radi- ƒƒLa kératite herpétique est une contre-indication
culomyélite. absolue à la corticothérapie (risque d’aggravation
ƒƒLa cicatrisation peut prendre plusieurs semaines. pouvant aller jusqu’à la perforation de cornée) et aux
ƒƒHSV-1 est parfois en cause (15 à 30 % des cas). anesthésiques locaux (risque de masquer une évo-
lution défavorable).
PUE6-164-2 : Primo-infection herpétique vulvaire
sévère avec multiples bouquets de vésicules à Savoir traiter un herpès génital
différent stades d’évolution (vésicules, pustules, ƒƒValaciclovir 10 jours ou famciclovir 5 jours si primo-
érosions, et croûtes) dans la région périnéale infection ; valaciclovir ou famciclovir 5 jours si récur-
rence.
ƒƒCe traitement ne prévient pas les récidives.

Photo E. Caumes - © CMIT - Alinéa Plus


Traitement préventif
ƒƒPar valaciclovir ou famciclovir quotidien au long
cours (durée 6-12 mois).
ƒƒIndiqué si plus de 6 récurrences annuelles d’herpès
génital ou orofacial.
ƒƒTraitement purement suspensif : réduit voire sup-
prime les poussées d’herpès pendant la durée du
traitement, mais ne permet pas l’éradication du virus
(risque de récidives à l’arrêt).
Récurrences
Phase prodromique
· · Douleurs, brûlures, prurit, picotements, durant
quelques heures.
Diagnostiquer et traiter une
3 varicelle et en connaître les
Phase lésionnelle
complications
·· Moins intense que la primo-infection
·· Vésicules localisées le plus souvent au site de la
primo-infection.
·· Guérison : 7-10 jours. 1. INTRODUCTION
·· Fréquence des porteurs asymptomatiques mais ƒƒLa varicelle est la primo-infection par le Virus
contagieux. Varicelle-Zona (VZV).
ƒƒMaladie très contagieuse. La transmission est
Examens complémentaires (rarement aérienne voire par contact, de 1 à 2  jours avant le
indiqués) début de l’éruption à 5 à 7 jours après (fin de la conta-
ƒƒLorsque le tableau est atypique, recherche directe gion lorsque toutes les lésions cutanées sont à la
d’ADN viral par PCR sur prélèvement du contenu de phase croûteuse).
vésicules récentes ƒƒ90 % des cas de varicelle surviennent chez l’enfant
ƒƒSérologie : à partir de 2 prélèvements à 10-15 jours d’in- entre 1 et 14 ans.
tervalle, peut parfois documenter une primo-infection. ƒƒMaladie plus grave chez l’adulte, et encore plus grave
chez l’immunodéprimé et (classiquement) chez la
3. SAVOIR TRAITER femme enceinte.
ƒƒUn vaccin vivant atténué est disponible (Cf. item UE6-
Savoir traiter une gingivostomatite aiguë 143).
ƒƒÉvolution spontanément favorable en une quinzaine
de jours ; possibilité d’utiliser le valaciclovir en cas de 2. DIAGNOSTIQUER UNE VARICELLE
tableau marqué.
ƒƒMaintenir (en particulier chez les enfants) une réhy- Forme habituelle
dratation régulière par voie orale ; bains de bouche, ƒƒIncubation moyenne : 14 jours.
aliments froids semi-liquides. ƒƒInvasion : fébricule (38°C), malaise général.
ƒƒDans les formes empêchant l’ingestion de liquides, ƒƒPhase d’état caractérisée par l’éruption
hospitalisation pour réhydratation IV et aciclovir par ·· Type : maculo-papules inconstantes puis vésicules
voie parentérale. disséminées, très prurigineuses ; érosion et pseudo-
ombilication, apparition de croûtes brunâtres à J4,
Savoir traiter une manifestation et cicatrisation à J10 (PUE6-164-3 et -4)
ophtalmologique ·· Évolution : en plusieurs poussées successives
ƒƒL’herpès oculaire (dont une kératite) nécessite une ·· Topographie : cuir chevelu, face, thorax. Respecte
prise en charge spécialisée par un ophtalmologue : paumes des mains et plantes des pieds
·· aciclovir pommade ophtalmique 5 fois par jour ·· Énanthème buccal avec lésions érosives associées
pendant 5 à 10 jours ·· Fièvre modérée, aux alentours de 38°C

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UE6 – N°164 Infections à herpès virus du sujet immunocompétent

·· Micropolyadénopathies (cervicales), rare splé- ƒƒMise en évidence directe du virus


nomégalie. ·· Détection par PCR : moyen principalement utilisé
ƒƒÉvolution spontanée favorable en 10-15 jours. ·· Culture virale : ancien examen de référence non
réalisé en pratique sauf indication très spécialisée
PUE6-164-3 : Varicelle de l’enfant : Lésion ·· Immunofluorescence : rarement utilisée
ombiliquée en son centre ·· Sur un écouvillonnage du contenu vésiculaire ; lors de
complications, sur des liquides biologiques appro-
priés
ƒƒSérologie : détermination du statut sérologique chez

Photo Y. Hansmann - © CMIT - Alinéa Plus


une personne à risque de varicelle grave exposée à
la varicelle ou bien chez une personne susceptible
d’être vaccinée.

Diagnostic différentiel
ƒƒPrurigo strophulus (réaction aux piqûres d’insectes
de literie ou du milieu extérieur), zona généralisé
(immunodéprimé), infections à poxvirus

3. TRAITER UNE VARICELLE


Traitement symptomatique, traitement local
PUE6-164-4 : Lésion vésiculeuse rétro-auriculaire : ƒƒAspirine et AINS contre-indiqués chez l’enfant (risque
localisation typique débutante de la varicelle de syndrome de Reye).
ƒƒAntihistaminiques sédatifs : hydroxyzine, dexo-
chlorphéniramine.
ƒƒOngles propres et coupés courts.
ƒƒDouches ou bains quotidiens avec savon doux.
Photo Y. Hansmann - © CMIT - Alinéa Plus

ƒƒChlorhexidine en solution aqueuse en cas de


surinfection.
ƒƒAntibiotiques en topique : inutiles ; autres topiques
(anesthésiques, talc, crèmes diverses) contre-indi-
qués  : risquent de masquer (voire de provoquer)
une surinfection.

Antibiothérapie
Uniquement en cas de surinfection cutanée avérée, par
voie générale (Cf. item UE6-152).

Complications Traitement antiviral


ƒƒComplications cutanées Réservé aux formes graves et/ou compliquées :
·· Surinfection cutanée bactérienne : surtout à Sta- ƒƒVaricelle de forme grave par son extension ou ses
phylococcus aureus et Streptococcus pyogenes. localisations, comme la forme respiratoire de l’adulte
Fréquente chez l’enfant du fait du grattage, favo- par exemple
risée par l’absence de soins locaux et les anti- ƒƒVaricelle de l’immunodéprimé
inflammatoires non stéroïdens. ƒƒAciclovir IV pendant 10 jours.
ƒƒAutres complications : formes viscérales et/ou cuta-
nées graves Traitement préventif
·· Terrains favorisants (mais non indispensables)  : Éviter contact avec les femmes enceintes non immunes
immunodépression de type cellulaire (leucémie, et avec les immunodéprimés.
lymphome, corticothérapie…), adulte, femme
enceinte, nouveau-né L’éviction scolaire
·· Atteinte cutanée sévère : éruption profuse, nécro- Elle n’est plus recommandée, quoique certains textes
tique et hémorragique règlementaires stipulent que «la fréquentation scolaire
·· Atteinte respiratoire : pneumonie interstitielle. à la phase aigüe de la maladie n’est pas souhaitable»
·· Atteinte neurologique : convulsions, ataxie cérébel-
leuse (rare 1/4 000, guérit spontanément en une
Vaccination par virus vivant atténué
quinzaine de jours), plus rarement polyradiculoné- ƒƒTest de grossesse avant l’administration chez la
vrite, myélite, méningite, encéphalite, rétinite. femme en âge de procréer, et contraception efficace
·· Purpura thrombopénique aigu d’évolution bénigne. un mois après chaque injection
ƒƒIndications de la vaccination :
Diagnostic : avant tout clinique ·· Pas de recommandation de vaccination généralisée
chez l’enfant (la circulation de la maladie infantile,
Biologique généralement bénigne, est suffisante pour assurer
ƒƒInutile dans les formes typiques de varicelle une immunité de la population à l’âge adulte).

190
Infections à herpès virus du sujet immunocompétent UE6 – N°164

·· rattrapage chez l’adolescent ou la femme en âge PUE6-164-5 : Zona facial


de procréer non immunisé(e)
·· les enfants candidats à une greffe d’organe solide
·· personnes (sans antécédent de varicelle et avec
sérologie négative) au contact de sujets à risque
(immunodéprimés)

Photo P. Brouqui - © CMIT - Alinéa Plus


·· professionnels de santé non immunisés
·· professionnels non immunisés au contact de la
petite enfance ou exerçant dans des services à
risque de varicelle grave
·· adultes de plus de 18 ans non immunisés exposés
à un cas de varicelle (si contage < 72 heures).

Administration d’immunoglobulines spécifiques :


·· Elles visent à protéger les femmes enceintes non
immunes et les personnes immunodéprimées en
contact avec un cas de varicelle de préférence dans
les 96 heures et dans un délai maximal de 10 jours Évolution
après l’exposition. Il existe aussi des indications
ƒƒSur 2 à 3 semaines, souvent par poussées suc-
spécifiques aux prématurés et aux nouveau-nés.
cessives. Les douleurs post-zostériennes, souvent
intenses, peuvent persister plusieurs mois

Les formes topographiques


Diagnostiquer et traiter un zona
4 Zona intercostal, cervical, abdominal, lombo-
dans ses différentes localisations
abdominal, sacré
Zona céphalique : plus rare, volontiers très
1. INTRODUCTION douloureux
ƒƒExpression clinique de la réactivation du VZV, atteint Zona ophtalmique (dermatome de la
20 % de la population. 1ère branche (V1) du nerf trijumeau)
ƒƒNette prédominance au-delà de 50 ans ; témoin d’une ƒƒPlus fréquent chez les sujets âgés. L’éruption peut
baisse de l’immunité liée à l’âge, voire dans certains siéger dans l’une des trois branches du nerf ophtal-
cas d’une réelle immunodépression cellulaire. mique :
ƒƒGravité : liée ·· frontale : partie médiane de la paupière supérieure,
·· aux douleurs post-zostériennes (DPZ) front et cuir chevelu jusqu’au vertex
·· à certaines localisations (zona ophtalmique) ·· lacrymale : partie externe des paupières (→ larmoie-
·· aux formes de l’immunodéprimé. ment abondant)
ƒƒVaccin disponible (Cf. infra)
·· nasale
·· externe : racine et dos du nez, angle interne de
2. DIAGNOSTIQUER UN ZONA l’œil
Caractéristiques générales de l’éruption ·· interne : lobule du nez et muqueuse pituitaire
(entraînant douleurs locales et rhinorrhée).
Phase prodromique ƒƒComplications oculaires fréquentes, notamment si
ƒƒDouleurs précèdant l’éruption atteinte de la branche nasale externe du trijumeau
ƒƒParesthésies à type de brûlures et troubles objectifs (sensibilité cornéenne) : risque de kératite ; dépis-
de la sensibilité dans le territoire concerné. tage systématique par un examen ophtalmique
(kératite et iridocyclite apparaissent souvent deux à
Phase d’état trois semaines après la fin de l’éruption zostérienne).
ƒƒÉruption caractéristique (PUE6-164-5) ƒƒLes paralysies oculomotrices sont fréquentes, géné-
·· Éléments d’abord érythémateux roses vifs, puis ralement régressives.
vésiculeux groupés en «bouquet», lésions érosives ƒƒDPZ fréquentes et intenses.
à J5, croûteuses à J7, puis cicatrices dépigmen- ƒƒSéquelles possibles : perte anatomique de l’œil,
tées rosées puis blanchâtres très souvent indélé- atteinte définitive de la vision.
biles vers J10
·· Topographie : essentiellement sur le torse (en hémi- Zona du ganglion géniculé
ceinture), parfois au visage ou sur un membre ƒƒLa douleur et l’éruption sont auriculaires et siègent
·· Distribution : généralement unilatérale, monomé- dans la zone de Ramsay-Hunt (tympan, conduit
tamérique (limitée au territoire d’une racine ner- auditif externe et conque du pavillon de l’oreille).
veuse). Néanmoins, l’éruption peut déborder sur un ƒƒElle s’accompagne d’une paralysie faciale périphé-
ou plusieurs métamères contigus, sans dépasser rique, d’une éruption des 2/3 antérieurs de l’hémi-
(ou rarement) la ligne médiane. langue homolatérale. Des troubles cochléo-vestibu-
ƒƒFébricule laires sont parfois associés.

191
UE6 – N°164 Infections à herpès virus du sujet immunocompétent

Zona bucco-pharyngé ·· prévenir les complications oculaires dans le zona


ƒƒUlcérations pseudo-membraneuses avec vésicules ophtalmique
unilatérales. ƒƒModalités : valaciclovir ou famciclovir per os pendant
7 jours.
Les complications ƒƒTraitement précoce impératif (dans les 72 heures
après le début de l’éruption).
Douleurs post-zostériennes (DPZ) : principale
complication neurologique 4. PRÉVENIR UN ZONA : VACCINATION
ƒƒDéfinition : douleurs persistant après la cicatrisation ƒƒBut : éviter une réactivation liée à la diminution de
ou plus d’un mois après la survenue d’un zona. l’immunité anti-VZV chez le sujet âgé.
ƒƒFacteurs de risque : âge > 50 ans, localisations cépha- ƒƒVaccin vivant atténué (même souche que le vaccin
liques, douleurs intenses à la phase aiguë. anti-varicelle, mais le vaccin anti-zona est plus dosé).
ƒƒDisparaissent habituellement en 6 mois, mais ƒ ƒVaccination recommandée en France entre 65 et
peuvent être définitives et très invalidantes. 74 ans (avis du HCSP d’octobre 2014).

Autres complications neurologiques


(exceptionnelles)
ƒƒAtteinte motrice dans le territoire du zona. Préciser les complications chez
ƒƒMyélite et encéphalite, parfois en l’absence d’érup-
tion cutanée.
5 la femme enceinte, le nouveau-né
et l’atopique
Surinfections bactériennes
Provoquées par le grattage.
1. INFECTION PAR HSV-1 ET HSV-2
Diagnostic
Introduction
ƒƒDiagnostic essentiellement clinique.
ƒƒPour le nouveau-né : l’herpès néonatal concerne
ƒƒLe recours aux examens complémentaires est excep-
1 à 3 nouveau-nés pour 100 000 naissances, soit
tionnellement indiqué, en cas d’’éruption atypique
environ 20  cas annuels en France. Le virus HSV-2
(prélèvement vésiculaire : PCR VZV ou examen en est principalement en cause. Il survient générale-
immunofluorescence). ment à l’occasion d’une primo-infection d’herpès
génital chez la femme en fin de grossesse.
3. TRAITER UN ZONA ·· Gravité : mortalité très élevée et séquelles très
lourdes en cas de survie.
Traitement symptomatique
·· Transmission le plus souvent par contact direct lors
Traitement local du passage dans la filière génitale.
·· Une contamination post-natale est par ailleurs pos-
ƒƒDouches ou bains quotidiens à l’eau tiède et savon
sible.
doux.
ƒƒPour la femme enceinte :
ƒƒChlorhexidine en solution aqueuse en cas de surin-
·· Risque (rare) de primo-infection grave dans le der-
fection.
nier trimestre de la grossesse : dissémination par
ƒƒAutres topiques inutiles (antibiotiques locaux) ou
voie hématogène (risque d’hépatite fulminante)
contre-indiqués (crème, anesthésiques…) : peuvent ·· Risque principal : maladie chez le nouveau-né.
masquer voire favoriser une surinfection bactérienne ·· Risque de transmission variable selon la situation :
Prise en charge de la douleur ·· Infection cliniquement patente, surtout si elle
survient lors du dernier mois : risque majeur de
Adaptation des traitements au mieux à l’aide d’une
transmission à l’enfant, évalué à 75 % en cas de
échelle visuelle analogique.
primo-infection et à 5 % en cas de récurrence.
ƒƒLes corticoïdes sont inutiles (et contre-indiqués à la
·· Infection asymptomatique, latente : la présence
phase aiguë : risquent de favoriser l’extension de l’in- d’une excrétion génitale asymptomatique d’HSV-2
fection). peut survenir avec une fréquence de 3 à 16 % au
ƒƒPhase aiguë : antalgiques. cours de la grossesse ; risque plus faible de trans-
ƒƒLes DPZ doivent faire l’objet d’une prise en charge mission.
spécialisée.
Complications de la maladie herpétique chez
Antibiothérapie le nouveau-né (Cf. item UE2-26)
ƒƒUniquement en cas de surinfection cutanée avérée.
Contamination anténatale
ƒƒPar voie générale (Cf. item UE6-152).
La transmission s’effectue très rarement par voie trans-
Traitement antiviral du sujet placentaire.
immunocompétent Contamination périnatale ou néonatale :
ƒƒIl peut avoir 2 buts : la plus fréquente
·· prévenir les DPZ : traitement indiqué si âge > 50 ans, ƒƒForme disséminée, polyviscérale
douleurs intenses à la phase aiguë, zona étendu ·· Le risque de décès est de plus de 50 %.

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Infections à herpès virus du sujet immunocompétent UE6 – N°164

ƒƒMéningo-encéphalite isolée Pour en savoir plus


·· Séquelles lourdes dans 50 % des cas. -
Avis de la Commission de Transparence sur l’utilisation du
ƒƒForme cutanéomuqueuse valaciclovir : www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/
pdf/ct-4685_zelitrex.pdf
·· Le diagnostic précoce et le traitement antiviral per-
mettent une guérison dans 90 % des cas.

Contamination postnatale
ƒƒHSV-1 est habituellement en cause : liée à une récur-
rence maternelle (orale ou mammaire), de l’entou-
rage ou à une transmission nosocomiale.
ƒƒResponsable de 5 à 10 % des herpès néonataux.

Prévention
ƒƒTraitement maternel en cas de primo-infection géni-
tale survenant pendant la grossesse
ƒƒCésarienne en cas de lésions génitales en fin de
grossesse (primo-infection ou récurrence)
·· La césarienne n’a pas d’intérêt en cas de rupture
de la poche des eaux supérieure à 6 heures.

Complications de la maladie herpétique chez


l’atopique
La survenue d’une infection par HSV-1 ou -2 chez un
sujet porteur d’un eczéma expose à une complication
grave appelée pustulose varioliforme de Kaposi-Julius-
berg :
ƒƒPlus fréquente chez l’enfant dans les 3 premières
années.
ƒƒLocalisations les plus fréquentes : tête, cou, partie
supérieure du tronc.
ƒƒLe tableau clinique associe :
·· fièvre, malaise, adénopathies
·· éruption faite de lésions vésiculeuses, pustuleuses,
croûteuses, ombiliquées, initialement regroupées.
ƒƒMortalité en l’absence de traitement liée à une surin-
fection bactérienne et aux atteintes viscérales virales.
ƒƒTraitement par aciclovir IV ± antibiothérapie dirigée
contre S. pyogenes et S. aureus.

2. INFECTION PAR LE VIRUS VARICELLE-ZONA


ƒƒLa survenue d’une varicelle chez la femme enceinte
expose à un risque de forme grave chez la mère, et
(selon le terme) de transmission congénitale ou péri-
natale (Cf. item UE2-26).
ƒƒLes immunodéprimés sont à risque de forme grave
de varicelle ou de zona (Cf. «formes graves»)

Risque pour la femme enceinte


ƒƒRisque de forme viscérale en cas de varicelle (mais
non en cas de zona)

Risque pour l’enfant in utero et à la


naissance
ƒƒVaricelle congénitale (exceptionnelle) :
·· risque lorsque la varicelle survient avant la
20ème semaine d’aménorrhée.
ƒƒVaricelle néonatale
·· risque maximal si éruption varicelleuse chez la
mère dans les 5 jours précédant ou les 2 jours sui-
vant l’accouchement
·· grave, avec une mortalité qui peut atteindre 30 %.

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