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Lors d’une infection virale, le virus se multiplie tandis que l'organisme résiste.
Cette situation conflictuelle génère chez l'hôte des réactions, des lésions et des
dysfonctionnements cellulaires responsables de la maladie.
L'analyse physiopathologique de ces états implique la connaissance de l'agent
infectieux avec ses effets pathogènes et de l'hôte avec ses réactions. La pathogenèse
virale décrit les processus par lesquels un virus induit une maladie.
2. Portes d'entrée
La pénétration des virus dans l’organisme peut être directe lorsque le virus traverse
par ses propres moyens les barrières entre le milieu extérieur et le milieu intérieur.
Elle est indirecte lorsque le virus utilise un vecteur pour pénétrer dans l’organisme.
Les moustiques sont ainsi susceptibles de transmettre par leur piqûre de très
nombreux virus (arbovirus, flavivirus). Les virus pénètrent dans l'organisme par
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différentes voies et tantôt restent sur place, occasionnant des infections localisées
(grippe, coryza, verrues), ou tantôt se propagent à distance, donnant lieu à des
infections généralisées (rougeole, poliomyélite).
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Cette phase de dissémination se traduit cliniquement par l'apparition des symptômes
généraux correspondants àla "phase d'invasion" de la maladie.
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Virus réalisant une amplification par les cellules sanguines
-Diffusion sanguine
Voie la plus efficace et la plus rapide de dissémination virale. Les virus circulent soit
libres dans le plasma (ex :Piconaviridae), soit en association avec des cellules
sanguines (monocytes, lymphocytes, plaquettes) à "l’abri" des agents antiviraux (ex ;-
Rétrovirus, Herpèsviridae).
La diffusion du virus dans le corps par la voie sanguine entraîne une virémie (La
virémie définit la présence de virus dans le sang). La virémie est maintenue par la
réplication dans d’autres organes qui ont été infectés.
Certains virus, de par leur mode de transmission (piqûre d'arthropodes, transfusion
sanguine, injection médicale ou non) peuvent avoir d'emblée accès au compartiment
vasculaire oùils pourront diffuser.
-Diffusion par voie nerveuse
Certains virus dits neurotropes utilisent la voie des nerfs périphériques pour atteindre
les ganglions sensitifs (HSV, VZV) ou le système nerveux central (virus de la rage).
La circulation par voie nerveuse est indépendante de l'influx nerveux et peut être
rétrograde (de la périphérie vers le centre) ou antérograde. Elle dépend du flux axonal.
Le virus peut se répliquer ou non au niveau des corps cellulaires des neurones, et
utilise la voie transynaptique pour passer d'une cellule àl'autre.
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4. Tropisme viral
Les organes-cibles des virus seront ceux oùils pourront se répliquer et y exercer leur
pouvoir pathogène (lyse, oncogenèse). Le virus choisit son organe cible en fonction
de l'adéquation des récepteurs dont il dispose àsa surface et des anti-récepteurs types
des cellules qu'il infecte.
Le tropisme viral se définit comme l'aptitude que manifeste un virus à infecter une
cellule, un tissu ou un organe. Le tropisme viral sera déterminépar:
- la présence de récepteurs spécifiques àla surface des cellules-cibles;
- l'existence des conditions nécessaires à la complétude du cycle réplicatif du virus
(facteurs cellulaires spécifiques);
- un environnement physico chimique adéquat (température, pH, enzymes
protéolytiques, …)
L’atteinte de l’organe-cible
Les voies sanguine, lymphatique et nerveuse vont permettre l’acheminement des virus
vers l’organe-cible.
La virulence caractérise le degré de pouvoir pathogène d'un virus. Celui-ci sera
déterminé par des facteurs viraux (virus déficients à caractère peu pathogène), la
compétence de l'hôte (réponse immune, état nutritionnel, âge, sexe, …), le site
d'entrée du virus et la taille de l'inoculum.
Trois types majeurs de transmission sont connus : les virus qui se maintiennent dans
une seule espèce, avec transmission directe, ceux qui peuvent croiser la barrière
d’espèce et ceux qui infectent par l’entremise d’un vecteur.
B - L'organisme infecté
Les cellules, les tissus ou les organes de l'hôte infecté par un virus subissent des
dommages d'importance et de retentissement variables.
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a) Réactions des cellules
Les cellules sont altérées dans leur structure et leur fonctionnement (effets
cytopathogènes ECP). La multiplication des virus y occasionne des lésions parfois
perceptibles en microscopie optique.
La présence, dans les cellules, de ces altérations décrites sous des noms divers (corps
de Negri pour le virus rabique, corps de Guarnieri pour le virus de la vaccine) ont
longtemps constitué un élément diagnostique d'importance avant que l'utilisation
d'anticorps monoclonaux marqués au fluorochrome ne donne des résultats plus
spécifiques. Certains virus ne provoquent pas d'effets cytopathogènes décelables
(virus rubéoleux).
Le virus de la rage n'occasionne que peu de lésions cellulaires alors que la maladie
dont il est l'agent responsable est toujours mortelle. Les rotavirus se multiplient dans
les cellules de 1'intestin grêle sans y créer de lésions mais en altérant gravement le
fonctionnement au point de provoquer diarrhée et vomissements.
c) Réactions de l'organisme
Comme dans tous les cas d'intrusion étrangère, l'organisme oppose des réactions de
défense contre les infections virales.
barrière cutanéo-muqueuse
La peau ou le revêtement muqueux, pourvu qu'ils soient intacts, constituent un
obstacle mécanique àl'entrée des virus dans les tissus. Le mucus empêche la fixation
des virus, aidé par le mouvement des cils vibratiles; les sels biliaires et l’acidité
gastrique détruisent l’enveloppe des virus.
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cellules sentinelles, cellules NK) aux actions diverses : action proprement antivirale,
mais aussi potentialisation mutuelle de ces éléments de défense naturelle, et
préparation de la ligne de défense suivante constituée par l’immunité acquise
(spécifique).
- Interférons
Les interférons (IFN) sont des glycoprotéines de faible poids moléculaire sécrétés par
les cellules soumises àl'infection virale qui bloquent la multiplication des virus dans
les
Les IFN de type I agissent sur le cycle de réplication virale : ils se fixent sur la
membrane cellulaire et induisent dans la cellule la synthèse de protéines antivirales
qui bloquent la traduction des ARN messagers en protéines virales. L'effet protecteur
de l'IFN concerne tous les virus mais est limitéaux cellules de l'espèce qui l'a produit.
L'action de l'IFN constitue un moyen de défense naturelle efficace et rapide contre
l'infection virale.
- Macrophages
Les macrophages phagocytent et détruisent 'les particules virales par l'action des
enzymes lysosomiales. Cet effet est stimulé par les cytokines, Interleukine2 (IL2),
IFN ou Tumor Necrosis Factor (TNF) produites lors de la réaction immunitaire
induite par l'infection. Ces macrophages activés produisent de I'IFN qui protège les
cellules environnantes.
-Système du Complément.
En coopération avec des anticorps naturels, à spécificité large, il lyse les cellules
infectées.
défenses spécifiques
Les virus portent des déterminants antigéniques qui leur sont propres. Les organismes
infectés leur opposent des réactions immunitaires spécifiques.
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- les anticorps (produits par les lymphocytes B (dont ils sont les récepteurs de surface)
et excrétés sous forme circulante (dans le sang et les liquides biologiques) par les
plasmocytes).
Les antigènes de surface des virus, ceux du péplos (enveloppe) pour les virus
enveloppés ou ceux de la capside pour les virus nus suscitent la formation d'anticorps
antiviraux neutralisants qui, en se fixant sur le virus, empêchent leur attachement aux
cellules et par conséquent leur pénétration mais sont sans effet sur les virus en
situation intracellulaire.
Les anticorps dirigés contre les néo-antigènes viraux exprimés à la surface des
cellules détruisent ces cellules grâce à l'action lytique du complément ou par l'effet
cytotoxique "anticorps dépendant" (ADCC) des lymphocytes Natural Killer.
- Lymphocytes T
L’évolution des maladies virales est plus sévère en cas de déficit immunitaire
atteignant les lymphocytes T.
L'antigène viral est expriméàla surface des cellules infectées qui deviennent la cible
des lymphocytes cytotoxiques (CD8) sensibilisés àcet antigène. Cet effet cytotoxique
ne se manifeste qu'à1 'égard des cibles cellulaires exprimant, outre l'antigène viral,
les mêmes antigènes HLA que les lymphocytes effecteurs ; c'est le phénomène de
restriction HLA décrit par Zinckernagel.
Les cellules K ont également un rôle cytotoxique sur les cellules porteuses d'antigènes
viraux sensibilisées par un anticorps spécifiques antiviral (cytotoxicitéADCC).
Ces lymphocytes sensibilisés par les antigènes viraux produisent des lymphokines et
de
cytoxiciténon spécifique àl'égard des virus, augmentent leur production d'interféron
ifiques de défense antivirale.
C. Échappement des virus aux défenses immunitaires
1 Camouflage
- La modification des épitopes de neutralisation ou de cytolyse par les lymphocytes
T, cela par mutations. S’y prêtent particulièrement les virus à ARN, comme les virus
de la grippe car l’ARN polymérase ARN-dépendante qui réplique le génome n’a pas
de mécanisme de lecture et de correction des erreurs, d’où la facilité des mutations.
- L’autophagie est une réponse cellulaire àdivers stress auxquels une cellule
eucaryote peut être soumise. Elle permet de circonscrire un volume cytoplasmique par
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une vésicule àdouble membrane en vue de la dégradation de son contenu. Ce contenu
peut comprendre des pathogènes dont la cellule veut se débarrasser.
Certains virus prennent appui sur l’autophagie dans le but d’optimiser leur potentiel
de multiplication.
2. Sabotage
Le sabotage des mécanismes de défense de l’hôte peut être brutal comme dans le cas
de l’HIV détruisant les lymphocytes T CD4+. Il repose également sur la production
de protéines virales altérant ou bloquant les différents mécanismes de défense. C’est
le fait des plus gros virus donc des gros virus à ADN (poxvirus, adénovirus,
herpèsvirus) qui sont suffisamment riches en gènes pour,en consacrer àla production
de protéines virales capables de remanier la cellule : il s’agit en particulier de
protéines capables d’antagoniser les interférons et autres cytokines antivirales ou le
complément, de perturber la présentation des antigènes viraux, de détruire ou bloquer
l’expression du CMH-I, d’inhiber l’apoptose, etc.
On peut classer les vaccins en deux grandes familles : ceux qui contiennent des agents
infectieux et ceux qui n'en contiennent pas. Les premiers sont les vaccins historiques,
celui de Pasteur et celui de Jenner. Ils sont eux-mêmes divisés en deux catégories : les
vivants atténués, qui contiennent le pathogène entier mais affaibli par un traitement
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chimique ou physique ; et les inactivés, qui contiennent une version du pathogène
incapable de se multiplier.
Les vaccins sans aucun agent infectieux sont apparus avec le développement du génie
génétique et de la biologie moléculaire. Ils se basent sur l'injection d'une protéine,
d'une toxine ou d'une particule pseudo-virale créée de toute pièce.
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-vaccins recombinants : obtenus par génie génétique. Le gène codant un antigène
donnépeut être introduit dans une bactérie, une levure ou une cellule animale, qui
vont servir d' «usines biologiques »pour la synthèse de l'antigène. Ces antigènes «
recombinants »sont purifiés et peuvent servir de base àdes vaccins moléculaires
aussi appelés vaccins sous-unités. Il ne s'agit plus d'utiliser des germes entiers pour la
vaccination, mais uniquement les molécules antigéniques des micro-organismes.
Pour améliorer la stabilitéde ces ARNm, ils sont encapsulés dans des bulles
lipidiques (liposomes). Cela permet de les protéger des ribonucléases présentes dans
les tissus et le sang, et d'améliorer leur pénétration dans les cellules.
Avantages
-Production àgrande échelle et àfaible coût.
-Chaque dose vaccinale est extrêmement pure et ne contient que l'ARN d'intérêt
encapsulédans sa bulle lipidique et rien d'autre. Ils sont donc sûrs.
-Adjuvants ne semblent pas nécessaires pour obtenir une réponse satisfaisante
-ARNm ont une demi-vie très faible et sont facilement dégradés. Ils n'interagissent
pas avec le génome, leur prise en charge par la machinerie cellulaire a exclusivement
lieu dans le cytoplasme contrairement àun autre type de vaccin en développement, les
vaccins àADN.
Inconvénients surtout liés àun manque de recul scientifique sur son utilisation.
-Vaccination àARN messager active les réponses immunitaires adaptative et innée.
La forte production des interférons augmenterait aussi l'activitédes ribonucléases.
Les ARN messagers vaccinaux qui perdent leur bulle lipidique ou ne sont pas
encapsulés auraient donc plus de chance d'être détruits avant d'entrer dans les cellules.
-Fragilitédes ARN messager. Il doit être conservéà- 80°C
.
2. Mesures thérapeutiques
La chimiothérapie antivirale connaît un développement lent et difficile, conséquence
de 3 propriétés intrinsèques liées aux virus : le parasitisme intracellulaire strict, leur
incapacité à s’autorépliquer et leur diversité (virus à ADN et à ARN).
Chaque étape du cycle (pénétration, réplication, assemblage et libération des virions)
est une cible potentielle. Actuellement, 6 des 8 étapes du cycle de réplication d’un
virus sont ciblées.
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L'action des antiviraux repose sur deux grands principes pharmacologiques : soit
l’immunomodulation via l’administration de cytokines recombinantes (IFN-α2a et
IFN-α2b), soit l’inhibition de la réplication virale en bloquant une ou plusieurs étapes
du cycle de réplication viral.
Les virus, àla différence des bactéries, n’ont pas de voies métaboliques propres: ils
utilisent la machinerie enzymatique cellulaire. Il est donc quasi-impossible d’agir sur
la multiplication des virus sans modifier le métabolisme cellulaire, et la plupart des
agents antiviraux sont très toxiques.
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