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UniversitéBlida 1

Institut des Sciences Vétérinaires


Microbiologie Générale - Virologie (2e année) 2020 / 2021
Dr AKLOUL K.

PHYSIOPATHOLOGIE DES INFECTIONS VIRALES

Lors d’une infection virale, le virus se multiplie tandis que l'organisme résiste.
Cette situation conflictuelle génère chez l'hôte des réactions, des lésions et des
dysfonctionnements cellulaires responsables de la maladie.
L'analyse physiopathologique de ces états implique la connaissance de l'agent
infectieux avec ses effets pathogènes et de l'hôte avec ses réactions. La pathogenèse
virale décrit les processus par lesquels un virus induit une maladie.

A - L'agent infectieux : le virus


Les virus s'introduisent dans l'organisme, s'y disséminent, s'y multiplient et s'en
échappent.

1. Notion de réservoir de virus


Parasites cellulaires obligatoires, les virus ne peuvent provenir que d'un organisme
vivant : homme ou animal. Certains, particulièrement résistants (entérovirus, Virus de
l’hépatite A) persistent dans l'environnement qui peut donc être contaminant tandis
que d'autres plus fragiles se propagent d'un organisme àun autre directement (virus de
la grippe) ou par l'intermédiaire d'un vecteur, souvent un insecte piqueur (arbovirus).

2. Portes d'entrée
La pénétration des virus dans l’organisme peut être directe lorsque le virus traverse
par ses propres moyens les barrières entre le milieu extérieur et le milieu intérieur.
Elle est indirecte lorsque le virus utilise un vecteur pour pénétrer dans l’organisme.
Les moustiques sont ainsi susceptibles de transmettre par leur piqûre de très
nombreux virus (arbovirus, flavivirus). Les virus pénètrent dans l'organisme par

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différentes voies et tantôt restent sur place, occasionnant des infections localisées
(grippe, coryza, verrues), ou tantôt se propagent à distance, donnant lieu à des
infections généralisées (rougeole, poliomyélite).

Les principales portes d'entrée sont respiratoire (grippe), digestive (poliomyélite,


pestivirus de la diarrhée virale bovine), oculaire (Herpès simplex virus,
adénovirus) ;la peau représente en surface une couche de kératinocytes morts, de sorte
qu'une peau saine constitue une barrière mécanique contre la plupart des virus, qui
peuvent néanmoins pénétrer par voie cutanée en cas d’abrasions ou de lésions (ex :
virus de la variole, papillomavirus humain), de piqûres d’insectes (ex : arbovirus,
flavivirus : virus de la fièvre jaune, West Nile), de morsure d’animal (ex : rage).

Au niveau de l'œil (conjonctive), de l'arbre respiratoire, du tube digestif, du tractus


génito-urinaire, les muqueuses présentent en surface des cellules vivantes. Elles
constituent une barrière beaucoup moins efficace que la peau en dépit de plusieurs
éléments associés tels que la sécrétion de mucus, les pH extrêmes (tube digestif,
vagin), les enzymes protéolytiques (larmes, tube digestif), une structure protectrice de
la surface luminale (bordure en brosse), un tapis muco-cilliaire (arbre bronchique), la
réponse immune locale (Immunoglobulines A sécrétoires).
Certains virus sont capables de traverser la barrière foeto-placentaire et de provoquer
des infections fœtales in utero (parvovirus, virus de la rubéole, cytomégalovirus).

Suite à l'invasion respiratoire (voie d’entrée la plus importante), de nombreux virus


restent localisés (par exemple, les rhinovirus, les adénovirus et les virus grippaux des
mammifères) tandis que d'autres deviennent systémiques (exemple, les virus de la
fièvre aphteuse, le virus de la maladie de Carré, le virus de la peste bovine, le virus du
choléra du porc et le virus de la maladie de Newcastle («pseudo-peste aviaire ») ou le
virus de la rougeole chez l’homme).

3. Diffusion chez l'hôte


Pour se déplacer dans l’organisme, les virus peuvent éventuellement circuler
librement dans le sang: c’est la virémie, souvent transitoire. Plus souvent, ils utilisent
des voies détournées, moins exposées au système immunitaire: les virus des hépatites
utilisent les lymphocytes et les monocytes comme vecteurs, le virus de la rage se
déplace le long des axones pour remonter vers le système nerveux central.

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Cette phase de dissémination se traduit cliniquement par l'apparition des symptômes
généraux correspondants àla "phase d'invasion" de la maladie.

Trois cas de figures sont possibles après le franchissement de la porte d'entrée:


- Absence de propagation. Un premier mécanisme de défense est le passage en
apoptose des cellules en début de cycle viral: par leur suicide avant la phase
d'assemblage et de libération de nouvelles particules virales, les cellules infectées
mais sacrifiées à temps ne propageront pas l'infection; Aucun signe clinique n’est
observé alors que le virus s’est multiplié, elles sont très fréquentes et de grande
importance en épidémiologie : sources de dissémination importantes.

- Infection locale. La réplication virale àlieu uniquement àproximitédu site d'entrée


(rotavirus, papillomavirus). Incubation courte de 1 à3 jours (affections respiratoires et
gastro-intestinale). La multiplication virale et l’atteinte cellulaire sont localisée au
niveau de la porte d’entrée, exemples : Rhume (Rhinovirus), Grippe ( Myxovirus).

Les virus peuvent être localisés dans les épithéliums :

Ils peuvent être localisés dans d'autres tissus :


Virus neurotropes
o RHABDOVIRIDAE : Rage dans différentes espèces ;
o HERPESVIRIDAE : Maladie d’Aujeszky chez les carnivores ;
Virus hépatotropes
o HEPADNAVIRIDAE : Virus de l’hépatite du Canard de Pékin ;
o ADENOVIRIDAE : Hépatite de Rubarth du chien ;
Virus àtropisme lymphoïde
o HERPESVIRIDAE : Cytomégalovirus dans différentes espèces ;
o RETROVIRIDAE : Virus de la Leucose Bovine, de la Leucose Féline.

- Infection systémique. Poursuite de la réplication virale àdistance du site d'entrée


(CMV, herpès simplex, VIH, flaviviridae). Incubation longue 10 à 14 jours. Le
cheminement du virus de la porte d’entrée à la cellule cible se fait en plusieurs étapes.

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Virus réalisant une amplification par les cellules sanguines

-Diffusion locale dans les surfaces épithéliales


Certains virus (Rhinovirus, Rotavirus…) restent confinés aux cellules épithéliales.
L’infection des ganglions lymphatiques peut avoir lieu, mais l'atteinte de tissus plus
profonds ne se produit pas, du fait de la sensibilitédu virus àla température (cas du
Rhinovirus) ou de l'absence de permissivitédes cellules.

-Diffusion sub-épithéliale et lymphatique


Après avoir franchi la barrière des cellules épithéliales, les virus sont immédiatement
exposés aux cellules phagocytaires et au système lymphatique. Les macrophages
tissulaires phagocytent puis détruisent les particules virales. Certains virus sont
cependant capables de se multiplier dans les macrophages, échappant ainsi au cycle
de destruction dans ces cellules. Ils gagnent alors les ganglions lymphatiques. Si, àce
niveau, ils ne sont pas contrés par les cellules immunitaires et infectent monocytes ou
lymphocytes, ils gagnent le compartiment sanguin.

-Diffusion sanguine
Voie la plus efficace et la plus rapide de dissémination virale. Les virus circulent soit
libres dans le plasma (ex :Piconaviridae), soit en association avec des cellules
sanguines (monocytes, lymphocytes, plaquettes) à "l’abri" des agents antiviraux (ex ;-
Rétrovirus, Herpèsviridae).
La diffusion du virus dans le corps par la voie sanguine entraîne une virémie (La
virémie définit la présence de virus dans le sang). La virémie est maintenue par la
réplication dans d’autres organes qui ont été infectés.
Certains virus, de par leur mode de transmission (piqûre d'arthropodes, transfusion
sanguine, injection médicale ou non) peuvent avoir d'emblée accès au compartiment
vasculaire oùils pourront diffuser.
-Diffusion par voie nerveuse
Certains virus dits neurotropes utilisent la voie des nerfs périphériques pour atteindre
les ganglions sensitifs (HSV, VZV) ou le système nerveux central (virus de la rage).
La circulation par voie nerveuse est indépendante de l'influx nerveux et peut être
rétrograde (de la périphérie vers le centre) ou antérograde. Elle dépend du flux axonal.
Le virus peut se répliquer ou non au niveau des corps cellulaires des neurones, et
utilise la voie transynaptique pour passer d'une cellule àl'autre.

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4. Tropisme viral
Les organes-cibles des virus seront ceux oùils pourront se répliquer et y exercer leur
pouvoir pathogène (lyse, oncogenèse). Le virus choisit son organe cible en fonction
de l'adéquation des récepteurs dont il dispose àsa surface et des anti-récepteurs types
des cellules qu'il infecte.
Le tropisme viral se définit comme l'aptitude que manifeste un virus à infecter une
cellule, un tissu ou un organe. Le tropisme viral sera déterminépar:
- la présence de récepteurs spécifiques àla surface des cellules-cibles;
- l'existence des conditions nécessaires à la complétude du cycle réplicatif du virus
(facteurs cellulaires spécifiques);
- un environnement physico chimique adéquat (température, pH, enzymes
protéolytiques, …)

Exemple : pH et température sont les principaux déterminants du tropisme des


Rhinovirus: étant sensibles à la température et au pH acide, ils sont incapables
d’infecter d’autres tissus que ceux du tractus respiratoire supérieur.

L’atteinte de l’organe-cible
Les voies sanguine, lymphatique et nerveuse vont permettre l’acheminement des virus
vers l’organe-cible.
La virulence caractérise le degré de pouvoir pathogène d'un virus. Celui-ci sera
déterminé par des facteurs viraux (virus déficients à caractère peu pathogène), la
compétence de l'hôte (réponse immune, état nutritionnel, âge, sexe, …), le site
d'entrée du virus et la taille de l'inoculum.

5. Transmission des infections virales (excrétion virale)


Les virus quittant un organisme risquent de contaminer d'autres individus ou
l'environnement. L'excrétion de virus par l'organisme infecté constitue la dernière
étape du cheminement des virus dans l’organisme. Les objectifs sont la contamination
d’autres sujets pour le maintien de la survie des virus dans la population (maintien de
la chaîne épidémiologique). Le sujet infectédoit éliminer du virus.
Différents territoires de l’organisme peuvent être porteurs de virus et donc à l’origine
de transmissions virales :

-Transmission horizontale par la salive, sécrétions respiratoires (toux, eténuements),


selles, urines, lait, sang, sécrétions génitales et sperme, ……

-Transmission verticale (contamination materno-foetale).

Trois types majeurs de transmission sont connus : les virus qui se maintiennent dans
une seule espèce, avec transmission directe, ceux qui peuvent croiser la barrière
d’espèce et ceux qui infectent par l’entremise d’un vecteur.

B - L'organisme infecté
Les cellules, les tissus ou les organes de l'hôte infecté par un virus subissent des
dommages d'importance et de retentissement variables.

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a) Réactions des cellules
Les cellules sont altérées dans leur structure et leur fonctionnement (effets
cytopathogènes ECP). La multiplication des virus y occasionne des lésions parfois
perceptibles en microscopie optique.

 inclusions intranucléaires arrondies refoulant la chromatine en périphérie


(herpesviridae)
 grandes inclusions nucléaires et cytoplasmiques (CMV)
 inclusions cytoplasmiques déformant le noyau en "croissant" (entérovirus)
 inclusions nucléaires entourées d'amas protéiques donnant 'l'image en
"marguerite" (adénovirus)
 formation de syncitia pour les paramyxovirus

La présence, dans les cellules, de ces altérations décrites sous des noms divers (corps
de Negri pour le virus rabique, corps de Guarnieri pour le virus de la vaccine) ont
longtemps constitué un élément diagnostique d'importance avant que l'utilisation
d'anticorps monoclonaux marqués au fluorochrome ne donne des résultats plus
spécifiques. Certains virus ne provoquent pas d'effets cytopathogènes décelables
(virus rubéoleux).

b) Réactions des tissus


Il n'y a pas de relations entre l'importance des effets cytopathogènes (ECP) et la
gravité des manifestations pathologiques qui dépendent surtout de la localisation
tissulaire de l'infection. Ainsi, le virus poliomyélitique pénètre dans l'organisme par
voie digestive, infecte les cellules du revêtement intestinal avec un effet lytique
important compensé par l’intense capacité de régénération des entérocytes qui permet
une reconstitution très rapide de la muqueuse et une élimination des cellules lésées et
des virus. La plupart des infections par le virus poliomyélitique sont donc
cliniquement inapparentes et ce n'est que dans les rares cas où les virus se propagent
par voie lymphatique et sanguine jusqu'aux tissus nerveux que la maladie se déclare.

Le virus de la rage n'occasionne que peu de lésions cellulaires alors que la maladie
dont il est l'agent responsable est toujours mortelle. Les rotavirus se multiplient dans
les cellules de 1'intestin grêle sans y créer de lésions mais en altérant gravement le
fonctionnement au point de provoquer diarrhée et vomissements.

c) Réactions de l'organisme
Comme dans tous les cas d'intrusion étrangère, l'organisme oppose des réactions de
défense contre les infections virales.

 barrière cutanéo-muqueuse
La peau ou le revêtement muqueux, pourvu qu'ils soient intacts, constituent un
obstacle mécanique àl'entrée des virus dans les tissus. Le mucus empêche la fixation
des virus, aidé par le mouvement des cils vibratiles; les sels biliaires et l’acidité
gastrique détruisent l’enveloppe des virus.

 défense non spécifique


L’immunité naturelle est innée, non spécifique, préexistant à l’infection, ne
nécessitant pas d’immunisation préalable. Ainsi, elle intervient dans les heures, voire
les minutes suivant l’infection. Elle met en jeu de nombreux acteurs (cytokines,

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cellules sentinelles, cellules NK) aux actions diverses : action proprement antivirale,
mais aussi potentialisation mutuelle de ces éléments de défense naturelle, et
préparation de la ligne de défense suivante constituée par l’immunité acquise
(spécifique).

- Interférons
Les interférons (IFN) sont des glycoprotéines de faible poids moléculaire sécrétés par
les cellules soumises àl'infection virale qui bloquent la multiplication des virus dans
les

cytokine produite par les lymphocytes T activés au cours de la réaction immunitaire.

Les IFN de type I agissent sur le cycle de réplication virale : ils se fixent sur la
membrane cellulaire et induisent dans la cellule la synthèse de protéines antivirales
qui bloquent la traduction des ARN messagers en protéines virales. L'effet protecteur
de l'IFN concerne tous les virus mais est limitéaux cellules de l'espèce qui l'a produit.
L'action de l'IFN constitue un moyen de défense naturelle efficace et rapide contre
l'infection virale.

-Facteurs de restrictions : Protéines antivirales naturelles limitant la multiplication


virale. Elles inhibent directement ou indirectement certaines étapes de la
multiplication virale, elles sont parfois constitutionnellement produites ou inductibles
par l’Interféron, certaines sont assez spécifiques de virus particuliers et d’autres ont
un large spectre. Elles sont invariantes au sein d’un même individu.
Il existe deux grands mécanismes d’action : diminution de l’infectiosité des particules
virales, ou diminution de la susceptibilité des cellules cibles à l’action du virus

- Macrophages
Les macrophages phagocytent et détruisent 'les particules virales par l'action des
enzymes lysosomiales. Cet effet est stimulé par les cytokines, Interleukine2 (IL2),
IFN ou Tumor Necrosis Factor (TNF) produites lors de la réaction immunitaire
induite par l'infection. Ces macrophages activés produisent de I'IFN qui protège les
cellules environnantes.

-Lymphocytes NK (natural killer).


Elles ont une activité antivirale directe : elles reconnaissent les cellules infectées
comme étant anormales et les lysent (comme elles lysent les cellules cancéreuses).

-Système du Complément.
En coopération avec des anticorps naturels, à spécificité large, il lyse les cellules
infectées.

-Fièvre Au fur et à mesure que la température augmente, la multiplication virale


diminue (la plupart des virus ne se multiplient pas ou mal à40°C).

 défenses spécifiques
Les virus portent des déterminants antigéniques qui leur sont propres. Les organismes
infectés leur opposent des réactions immunitaires spécifiques.

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- les anticorps (produits par les lymphocytes B (dont ils sont les récepteurs de surface)
et excrétés sous forme circulante (dans le sang et les liquides biologiques) par les
plasmocytes).
Les antigènes de surface des virus, ceux du péplos (enveloppe) pour les virus
enveloppés ou ceux de la capside pour les virus nus suscitent la formation d'anticorps
antiviraux neutralisants qui, en se fixant sur le virus, empêchent leur attachement aux
cellules et par conséquent leur pénétration mais sont sans effet sur les virus en
situation intracellulaire.

Les anticorps dirigés contre les néo-antigènes viraux exprimés à la surface des
cellules détruisent ces cellules grâce à l'action lytique du complément ou par l'effet
cytotoxique "anticorps dépendant" (ADCC) des lymphocytes Natural Killer.

- Lymphocytes T
L’évolution des maladies virales est plus sévère en cas de déficit immunitaire
atteignant les lymphocytes T.

L'antigène viral est expriméàla surface des cellules infectées qui deviennent la cible
des lymphocytes cytotoxiques (CD8) sensibilisés àcet antigène. Cet effet cytotoxique
ne se manifeste qu'à1 'égard des cibles cellulaires exprimant, outre l'antigène viral,
les mêmes antigènes HLA que les lymphocytes effecteurs ; c'est le phénomène de
restriction HLA décrit par Zinckernagel.

Les cellules K ont également un rôle cytotoxique sur les cellules porteuses d'antigènes
viraux sensibilisées par un anticorps spécifiques antiviral (cytotoxicitéADCC).

Ces lymphocytes sensibilisés par les antigènes viraux produisent des lymphokines et
de
cytoxiciténon spécifique àl'égard des virus, augmentent leur production d'interféron
ifiques de défense antivirale.
C. Échappement des virus aux défenses immunitaires
1 Camouflage
- La modification des épitopes de neutralisation ou de cytolyse par les lymphocytes
T, cela par mutations. S’y prêtent particulièrement les virus à ARN, comme les virus
de la grippe car l’ARN polymérase ARN-dépendante qui réplique le génome n’a pas
de mécanisme de lecture et de correction des erreurs, d’où la facilité des mutations.

- L’infection latente. C’est le cas, notamment, des Herpesviridae, des polyomavirus,


des papillomavirus, du virus de l’hépatite B, des rétrovirus. Après la primo-infection,
le génome viral persiste dans la cellule avec, dans certains cas, intégration dans le
génome cellulaire, mais il ne s’exprime pas, ou n’exprime qu’une partie de son
information génétique. Ainsi, il ne produit pas d’antigène et échappe donc aux
défenses immunitaires ; de même, il ne se multiplie pas et échappe donc aux
antiviraux qui sont essentiellement des inhibiteurs de la multiplication virale. Donc, le
virus en phase de latence «survit en faisant le mort », et il est difficile ou impossible
de le déloger.

- L’autophagie est une réponse cellulaire àdivers stress auxquels une cellule
eucaryote peut être soumise. Elle permet de circonscrire un volume cytoplasmique par

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une vésicule àdouble membrane en vue de la dégradation de son contenu. Ce contenu
peut comprendre des pathogènes dont la cellule veut se débarrasser.
Certains virus prennent appui sur l’autophagie dans le but d’optimiser leur potentiel
de multiplication.

2. Sabotage
Le sabotage des mécanismes de défense de l’hôte peut être brutal comme dans le cas
de l’HIV détruisant les lymphocytes T CD4+. Il repose également sur la production
de protéines virales altérant ou bloquant les différents mécanismes de défense. C’est
le fait des plus gros virus donc des gros virus à ADN (poxvirus, adénovirus,
herpèsvirus) qui sont suffisamment riches en gènes pour,en consacrer àla production
de protéines virales capables de remanier la cellule : il s’agit en particulier de
protéines capables d’antagoniser les interférons et autres cytokines antivirales ou le
complément, de perturber la présentation des antigènes viraux, de détruire ou bloquer
l’expression du CMH-I, d’inhiber l’apoptose, etc.

D. Lutte conte les infections virales


1. Mesures préventives :
Immunisation active réalisée par l'injection d'un vaccin, c'est-à-dire d'une suspension
de l’agent pathogène ou d'une fraction de pathogène, capable de provoquer chez le
sujet vaccinéune réponse immunitaire le prémunissant contre la maladie : la réaction
immunitaire primaire permet une mise en mémoire de l'antigène présentépour qu'à
l'avenir, lors d'une contamination vraie, l'immunitéacquise puisse s'activer de façon
plus rapide.

On peut classer les vaccins en deux grandes familles : ceux qui contiennent des agents
infectieux et ceux qui n'en contiennent pas. Les premiers sont les vaccins historiques,
celui de Pasteur et celui de Jenner. Ils sont eux-mêmes divisés en deux catégories : les
vivants atténués, qui contiennent le pathogène entier mais affaibli par un traitement

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chimique ou physique ; et les inactivés, qui contiennent une version du pathogène
incapable de se multiplier.
Les vaccins sans aucun agent infectieux sont apparus avec le développement du génie
génétique et de la biologie moléculaire. Ils se basent sur l'injection d'une protéine,
d'une toxine ou d'une particule pseudo-virale créée de toute pièce.

1.1. Différents types de vaccins


1.1.1. Vaccins vivants
Composés de souches d'agents infectieux atténuées ayant perdu tout ou partie de leur
virulence par adaptation àune espèce animale nouvelle ou àla culture de cellules. Il
s'agit de mutants avirulents ou peu virulents, qu'on a sélectionnés àforce de passage
en série chez le nouvel hôte (lapin, œufs embryonnés) ou en culture de cellules mais
qui ont conservéla propriétéde se multiplier chez l'hôte naturel et donc d'y induire
une réponse immunitaire de longue durée.
1.1.2. Vaccins tués ou inactivés
Constitués d'agents infectieux dont on a supprimétoute virulence par inactivation
chimique (formol, propiolactone) ou physique (rayonnements ou chaleur). Les micro-
organismes inactivés ne sont plus capables de se multiplier, mais leurs protéines
constitutives ont conservéleur pouvoir immunogène intact : inoculées àl'animal ou à
l'Homme, elles provoquent une réponse immunitaire. Afin d'augmenter l'efficacitédes
vaccins inactivés, on leur ajoute des adjuvants de l'immunité, notamment de l'alun ou
de l'hydroxyde d'alumine.

1.1.3. Vaccins sous-unités


Vaccins contenant les antigènes spécifiques de l'agent infectieux après extraction et
modification ou fabrication de novo. On distingue :

-vaccins constitués d'anatoxines : vaccins uniquement àpartir de ces toxines en


les inactivant chimiquement ou par la chaleur. Le tétanos ou la diphtérie sont deux
exemples de maladies dont les symptômes sont dus àdes toxines et contre lesquelles
on produit des vaccins de cette façon. (*vaccins antibactériens)

-vaccins constitués d'antigènes capsulaires (polysaccharides) (*vaccins


antibactériens)

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-vaccins recombinants : obtenus par génie génétique. Le gène codant un antigène
donnépeut être introduit dans une bactérie, une levure ou une cellule animale, qui
vont servir d' «usines biologiques »pour la synthèse de l'antigène. Ces antigènes «
recombinants »sont purifiés et peuvent servir de base àdes vaccins moléculaires
aussi appelés vaccins sous-unités. Il ne s'agit plus d'utiliser des germes entiers pour la
vaccination, mais uniquement les molécules antigéniques des micro-organismes.

-vaccins àARN messager : se basent sur l'injection d'un ARNm synthétique.


Celui-ci comprend la séquence de la protéine d'intérêt, ainsi que d'autres protéines
non-structurales qui faciliteront sa traduction par la machinerie cellulaire.
De nombreux types cellulaires sont capables d'internaliser ces ARN qui sont ensuite
traduits en protéine. Ce processus imite ce qu'il se passe dans une infection naturelle,
la cellule «infectée »par les antigènes issus de l'ARNm les présente via son CMH
aux cellules de l'immunité. Les vaccins àARN messager stimulent la réponse
immunitaire cellulaire (lymphocytes T CD4+ et CD8+), et la réponse immunitaire
humorale (activation des lymphocytes B et production d'anticorps spécifiques de
l'antigène).
L'ARNm peut aussi déclencher l’immunité innée. Les cellules dendritiques, les
monocytes et les lymphocytes B expriment fortement le TLR 7, un système de
reconnaissance intracellulaire non-spécifique des pathogènes (système PAMPs-PRR)
spécifiques de l'ARN simple-brin.

Pour améliorer la stabilitéde ces ARNm, ils sont encapsulés dans des bulles
lipidiques (liposomes). Cela permet de les protéger des ribonucléases présentes dans
les tissus et le sang, et d'améliorer leur pénétration dans les cellules.

Avantages
-Production àgrande échelle et àfaible coût.
-Chaque dose vaccinale est extrêmement pure et ne contient que l'ARN d'intérêt
encapsulédans sa bulle lipidique et rien d'autre. Ils sont donc sûrs.
-Adjuvants ne semblent pas nécessaires pour obtenir une réponse satisfaisante
-ARNm ont une demi-vie très faible et sont facilement dégradés. Ils n'interagissent
pas avec le génome, leur prise en charge par la machinerie cellulaire a exclusivement
lieu dans le cytoplasme contrairement àun autre type de vaccin en développement, les
vaccins àADN.

Inconvénients surtout liés àun manque de recul scientifique sur son utilisation.
-Vaccination àARN messager active les réponses immunitaires adaptative et innée.
La forte production des interférons augmenterait aussi l'activitédes ribonucléases.
Les ARN messagers vaccinaux qui perdent leur bulle lipidique ou ne sont pas
encapsulés auraient donc plus de chance d'être détruits avant d'entrer dans les cellules.
-Fragilitédes ARN messager. Il doit être conservéà- 80°C
.
2. Mesures thérapeutiques
La chimiothérapie antivirale connaît un développement lent et difficile, conséquence
de 3 propriétés intrinsèques liées aux virus : le parasitisme intracellulaire strict, leur
incapacité à s’autorépliquer et leur diversité (virus à ADN et à ARN).
Chaque étape du cycle (pénétration, réplication, assemblage et libération des virions)
est une cible potentielle. Actuellement, 6 des 8 étapes du cycle de réplication d’un
virus sont ciblées.

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L'action des antiviraux repose sur deux grands principes pharmacologiques : soit
l’immunomodulation via l’administration de cytokines recombinantes (IFN-α2a et
IFN-α2b), soit l’inhibition de la réplication virale en bloquant une ou plusieurs étapes
du cycle de réplication viral.

Les virus, àla différence des bactéries, n’ont pas de voies métaboliques propres: ils
utilisent la machinerie enzymatique cellulaire. Il est donc quasi-impossible d’agir sur
la multiplication des virus sans modifier le métabolisme cellulaire, et la plupart des
agents antiviraux sont très toxiques.

Représentation schématique du mode d'action des antiviraux inhibant le cycle viral.

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