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Prévention des risques biologiques

Chapitre I : Les agents biologiques


Les agents biologiques sont présents chez tous les êtres vivants et dans l’environnement.
Ils sont indispensables à la vie. La plupart sont inoffensifs (neutre) pour l’homme mais certains
peuvent être à l’origine de maladies. Quand leur présence devient-elle dangereuse ? Quels en
sont les dangers ? Comment gérer les risques en milieu professionnel ?
1. Définition
En santé de travail, la notion d’« agents biologiques » est définie réglementairement au
niveau européen comme : les micro-organismes (bactéries, virus, champignons, protozoaires),
y compris les microorganismes génétiquement modifiés, les prions ou agents transmissibles
non conventionnels (ATNC), les endoparasites humains, les cultures cellulaires, susceptibles
de provoquer une infection, une allergie ou une intoxication.
Les cultures cellulaires issues de cellules isolées d’origine humaine ou animale sont incluses
dans cette, d’une part, parce qu’elles sont susceptibles d’être contaminées par des agents
biologiques pathogènes, en particulier des virus (VHB, VHC, VIH…), et d’autre part, parce
que des cellules issues de certaines lignées continues pourraient s’implanter accidentellement
chez un travailleur et entraîner le développement de tumeurs.
Tableau 1 : Les différentes familles d’agents biologiques
Agents Définition Dimensions Exemples
Bactéries Micro-organismes composés En moyenne Bacilles : Mycobacterium
d’une seule cellule. Les bactéries 1 à 10 tuberculosis (agent de la
peuvent être en forme de bâtonnet microns tuberculose), Listeria
(elles sont alors appelées bacilles) monocytogenes (agent
ou de forme ronde (elles sont de la listeriose)
appelées coques). Une coloration Coques : staphylocoque
inventée par M. Gram en 1884 doré, méningocoque,
permet de différencier les streptocoque
bactéries : certaines apparaissent
en violet (elles sont dites Gram
positif), d’autres en rose (Gram
négatif).
Champignons Micro-organismes pouvant être En moyenne Moisissures : Aspergillus
microscopiques composés d’une cellule (les 1 à 100 et Penicillium
(ou mycètes) levures) ou de plusieurs cellules microns Levures : Candida et
(les moisissures). Les spores de Cryptococcus
champignons (ou spores
fongiques) se dispersent
facilement et participent à leur
grande dissémination dans
l’environnement.
Virus Entités ne pouvant se multiplier Autour VIH ou virus de
qu’à l’intérieur d’une cellule de 0,1 l’immunodéficience
vivante spécifique de l’homme, micron humaine (sida), VHB
d’animaux, d’insectes, de plantes ou virus de l’hépatite B,
ou de micro-organismes. VHC ou virus de l’hépatite
C, CMV ou
cytomégalovirus,
virus de la rubéole, virus
des oreillons, virus de
la varicelle (et du zona),
virus de l’herpès…
Endoparasites Micro-organismes vivant à l’intérieur et aux dépens d’un organisme d’une autre
espèce. Les endoparasites humains peuvent être des protozoaires ou des vers
(helminthes).
Protozoaires : constitués d’une 10 microns Toxoplasma gondii (agent
cellule avec noyau, présentant une à 2 cm de la toxoplasmose)
très grande diversité. Plasmodium falciparum
Helminthes : invertébrés au corps 50 microns (agent du paludisme)
allongé, aplati ou cylindrique. à8m Tænias, douves, ascaris
et oxyures
Prions ou Particules protéiques responsables Autour Agent de l’ESB
agents de maladies dégénératives du de 0,01 (maladie de la vache folle)
transmissibles système nerveux central chez micron chez les bovins
non l’homme et les animaux. Agent de la maladie
conventionnels Leur nature exacte n’est pas de Creutzfeldt-Jakob
(ATNC) encore connue. chez l’homme

2. Les risques biologiques


On distingue quatre types de risques pouvant résulter d’une exposition à des agents
biologiques : infectieux, immuno-allergiques, toxiniques, cancérogènes.
2.1. Les risques infectieux
Les risques infectieux sont les mieux connus, y compris en milieu professionnel. Les
infections sont dues à la pénétration puis à la multiplication d’un micro-organisme dans le
corps. Exemples de maladies infectieuses : tuberculose, hépatite B, leptospirose
Nous ne sommes pas tous égaux face au risque infectieux. Des facteurs individuels peuvent
intervenir dans le risque de développer une infection après une contamination, en particulier en
cas de baisse de l’immunité, convalescence (guérison) après une infection, traitement par la
cortisone pour une atteinte rhumatismale chronique, traitement après une greffe d’organe… La
grossesse est également une période où les défenses immunitaires sont amoindries.
Les défenses immunitaires peuvent également être stimulées par la vaccination mais le
nombre d’agents infectieux pour lesquels on dispose d’un vaccin est très limité. Par ailleurs, le
champ d’action des vaccinations est très variable. Ainsi, le vaccin contre le tétanos protège
totalement si les rappels sont régulièrement effectués tous les dix ans. En revanche, la
vaccination contre la leptospirose ne protège que contre une variété de leptospires, agents
responsables de la maladie, avec un rappel tous les deux ans.
2.2. Les risques immuno-allergiques
Les allergies ou réactions d’hypersensibilité sont dues à une défense immunitaire trop
importante. Ces réactions sont dues à la présence dans l’organisme d’un allergène pouvant
provenir d’un agent biologique. Le seuil de déclenchement de ces effets est très variable d’un
individu à l’autre, et pour un même individu, ce seuil peut varier au cours du temps. Exemples
d’allergies dues à des agents biologiques : Rhinite, asthme, Pneumopathie d’hypersensibilité
(ou alvéolite allergique extrinsèque)
2.3. Les risques toxiniques
Dans ce contexte de risque biologique, une intoxication est un ensemble de troubles
résultant de l’action exercée sur l’organisme par une ou des toxine(s) issue(s) d’agents
biologiques. En milieu professionnel, on peut être exposé à des mycotoxines ou des
endotoxines. Selon leur nature, ces toxines vont entraîner différentes répercussions sur la santé.
Les mycotoxines (par exemple les aflatoxines) sont produites par des moisissures dans certaines
conditions d’humidité et de température. Leurs effets toxiques par ingestion
2.4. Les risques cancérogènes
Un cancer est une tumeur maligne formée par la multiplication désordonnée de cellules.
Certaines infections, quand elles deviennent chroniques, peuvent parfois provoquer des cancers.
Par exemple, les infections chroniques par les virus des hépatites B et C évoluent parfois vers
un cancer du foie. Certaines mycotoxines (aflatoxines par exemple) peuvent entraîner
directement des cancers.
Par ailleurs, quelques études épidémiologiques suggèrent un excès de cancers dans des
professions où les travailleurs sont en permanence exposés, entre autres nuisances, à de
multiples agents biologiques : élevages d’oiseaux, métiers de la viande, agriculture, etc.
Le classement du CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), établi par des
commissions d’experts internationaux en cancérogenèse n’a pas de caractère réglementaire,
mais il dresse un état des lieux des connaissances sur le caractère cancérogène d’un agent donné.
Le CIRC défi nit cinq catégories :
 Groupe 1 : L’agent est cancérogène pour l’homme.
 Groupe 2 A : L’agent est probablement cancérogène pour l’homme.
 Groupe 2 B : L’agent est peut-être cancérogène pour l’homme.
 Groupe 3 : L’agent est inclassable quant à sa cancérogénicité pour l’homme.
 Groupe 4 : L’agent n’est probablement pas cancérogène pour l’homme.
Tableau 2 : Agents biologiques et toxines classés par le CIRC
Définition du groupe Listes des agents classées dans de groupe
1 Agents cancérogènes •Mélanges naturels d’aflatoxines
• Helicobacter pylori
• Papillomavirus humain des types 16, 18, 31, 33, 35, 39, 45,
51, 52, 56, 58, 59, 66
• Virus de l’immunodéficience humaine de type 1 (infection
par le)
• Virus d’Epstein-Barr
• Virus humain de la leucémie à cellules T, type 1 (HTLV 1)
• Virus de l’hépatite B (infection chronique par le)
• Virus de l’hépatite C (infection chronique par le)
• Opisthorchis viverrini (infestation à)
• Schistosoma haematobium (infestation à)
2A Agents probablement •Clonorchis sinensis (infestation à)
cancérogènes • Herpesvirus humain n° 8 (sarcome de Kaposi)
2B Agents peut être •Aflatoxine M1
cancérogènes • Toxines dérivées du Fusarium moniliforme : fumonisine
B1 et B2,
fusarine C
• Schistosoma japonicum (infestation à)
• Virus de l’immunodéfi cience humaine (VIH) de type 2
(infection par le)
• Papillomavirus humain des types 6, 11
• Papillomavirus humain genre ß (quelques types)
• Ochratoxine A
• Stérigmatocystine
3 Agents inclassable •Extraits de Microcystis (cyanobactérie)
quant à sa • Opisthorchis felineus (infection à)
cancérogénicité • Schistosoma mansoni (infection à)
• Toxines des Fusarium graminearum, F. culmorum et F.
crookwellense :
zéaralénone, déoxynivalénol, nivalénol et fusarénone X
• Toxines du Fusarium sporotrichioides : toxine T-2
• Virus de l’hépatite D
• Virus humain de la leucémie à cellules T, type II

3. Classification des agents biologiques


La réglementation classe les agents biologiques en fonction de leur risque infectieux en
quatre groupes de pathogénicité croissante notés de 1 à 4 (articles R. 4421-3, R. 4421-4 du code
du travail). Ce classement ne prend pas en compte les autres risques biologiques (immuno-
allergiques, toxiniques, cancérogènes).
Les agents biologiques ont été classés selon les critères suivants : la pathogénicité chez
l’homme, le danger pour les travailleurs, les possibilités de propagation dans la collectivité et
l’existence d’une prophylaxie (prévention technique ou médicale) ou d’un traitement L’arrêté
du 18 juillet 1994 modifié liste les agents biologiques des groupes 2, 3 et 4. Il n’existe pas de
liste des agents du groupe 1. Ces agents sont innombrables. Le fait qu’un agent biologique ne
soit pas classé dans les groupes 2, 3 ou 4 ne signifie pas qu’il est classé dans le groupe 1 des
agents non pathogènes pour l’homme. Si l’innocuité de l’agent n’est pas connue de longue date,
seule l’évaluation des risques faite au moyen d’une étude bibliographique ou d’une étude de
pathogénicité peut autoriser à dire qu’il relève d’un classement dans le groupe 1.
Tableau 3 : Présentation simplifiée de la classification réglementaire des agents
biologiques pour le risque infectieux
Groupe Pathogénicité Danger pour Propagation dans Existence d’une prophylaxie
chez l’homme les travailleurs la collectivité et/ou d’un traitement efficace
1 Non - - -
2 Oui Oui Peu probable Oui
3 Oui Oui Possible Oui
4 Oui Oui Risque élevé Non

Les risques immuno-allergiques, toxiniques et cancérogènes ne sont pas pris en compte


par ce classement. Néanmoins, les agents biologiques classés 2 et 3 concernés par les risques
immuno-allergiques et toxiniques sont signalés dans l’arrêté du 18/07/94 modifié par une lettre
A (effets allergisants) ou T (toxines possibles). D’autres agents biologiques peuvent être notés
avec la lettre V signifiant qu’un vaccin efficace était disponible en date de parution des arrêtés
classant les agents biologiques. Ces vaccins peuvent toutefois avoir été abandonnés depuis lors
(comme le vaccin contre la variole), ou être accessibles uniquement à certaines catégories de
personnes ou dans des centres de vaccination spécialisés (par exemple le vaccin contre la fièvre
jaune). Le groupe 4 ne comprend que des virus. Il s’agit des virus responsables de la variole, de
certaines fièvres hémorragiques et du morbilli-virus équin. Ces virus ne se trouvent pas
naturellement en Europe. Mais la possibilité d’une importation d’un animal porteur d’un virus
de fièvre hémorragique doit être envisagée, de même que l’arrivée d’un malade en provenance
d’une zone à risque.
La variole est un cas particulier ; c’est une maladie officiellement éradiquée mais qui pourrait
réapparaître par exemple dans le cadre du bioterrorisme.
Tableau 4 : Exemples d’agents biologiques dans les différents groupes de risque
infectieux
Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 3* Groupe 4
Bactéries Escherichia coli Clostridium Bacillus Escherichia
K12, souche de tetani, anthracis, agent coli souches
sécurité pour des agent du du charbon cytotoxiques (ex.
travaux de génie tétanos Mycobacterium :O157 : H7 ou
génétique tuberculosis, O103…),
agent de la responsables de -
tuberculose gastro-entérites
Virus de la
dengue
Virus Souches Virus de la Virus Hantaan, VIH, virus de Virus de
préparées pour rougeole responsable l’immunodéfi- la variole
la fabrication de de la fièvre cience Virus
vaccins hémorragique humaine, agent Ébola
avec syndrome du SIDA
rénal Virus de la rage
Champignons Saccharomyces Candida Histoplasma
cerevisiae, albicans, capsulatum,
la levure de entraînant entraînant une
boulanger des atteinte
mycoses pulmonaire - -
cutanées,
digestives
ou
génitales

Chapitre II : Démarche de la prévention des risques biologiques


1. Activités exposants aux agents biologiques
Des agents biologiques peuvent être à l’origine de risques professionnels dans de
nombreux secteurs d’activité : métiers de la santé, du traitement de l’eau ou des déchets, en
laboratoires de recherche, métiers au contact d’animaux vivants ou morts…
Les travailleurs peuvent être exposés à des agents biologiques dans deux types de situations :
lors d’une utilisation délibérée de micro-organismes ou lors d’une exposition potentielle.
 Dans les situations d’utilisation délibérée, on connaît l’identité précise des agents
biologiques mis en œuvre, les quantités utilisées, les étapes du procédé où leur présence
est nécessaire.
Ces situations concernent notamment les laboratoires de recherche et de développement, les
industries pharmaceutiques…
 Dans une situation d’exposition potentielle, les agents biologiques ne sont pas introduits
dans le procédé industriel, mais ils l’accompagnent soit du fait de l’activité elle-même
(métiers de la santé, du traitement de l’eau ou des déchets…), soit du fait des
caractéristiques de l’activité : chaleur, humidité et présence de nutriments favorisant
l’installation et le développement d’agents biologiques (papeteries, industrie du
coton…).
1.1. Travaux au contact d’humains ou de produits d’origine humaine
Plus de la moitié des salariés potentiellement exposés à des agents biologiques
appartiennent au secteur santé / action sociale. Ils travaillent en milieu de soins ou en laboratoire
d’analyses médicales ainsi que dans les services d’aide à la personne, l’éducation et les activités
associatives. Le contact avec les malades, la manipulation de liquides biologiques, les contacts
avec le sang concernent non seulement le personnel soignant mais aussi d’autres personnels tels
que les agents de nettoyage, le personnel d’entreprises extérieures intervenant pour la
maintenance (plombier, électricien, etc.) ou pour la réparation d’appareillages complexes, par
exemple au bloc opératoire. Les employés des services funéraires sont exposés à des risques
similaires, en particulier lors de la pratique de soins de conservation.
1.2. Travaux au contact d’animaux ou de leurs produits
Le travail au contact d’animaux d’élevage ou domestiques entraîne souvent des
expositions prolongées. Il s’agit de salariés d’élevage, mais aussi de vétérinaires et de
techniciens agricoles (contrôleurs laitiers, inséminateurs, conducteurs d’engins) et des
animateurs en centre de loisirs. Les métiers de la forêt et de la nature exposent au risque par
contact avec des animaux sauvages. Le travail à l’abattoir de volailles expose par exemple à un
risque d’ornithose. Dans les centres d’équarrissage et pendant la collecte, les risques sont
majorés puisqu’il s’agit d’animaux ou d’abats impropres à la consommation. L’élevage n’est
pas la seule activité agricole exposant à des risques biologiques. Les horticulteurs, maraîchers,
arboriculteurs, viticulteurs, forestiers, entre autres, sont également exposés. Par exemple, la
manipulation des céréales expose à l’inhalation de poussières organiques contenant des micro-
organismes avec des risques infectieux, toxiniques et allergiques.
1.3. Industries et laboratoires agroalimentaires
Le travail dans l’industrie agroalimentaire expose les salariés à des risques variés.
L’emploi des moisissures en charcuterie ou fromagerie peut conduire à des manifestations
allergiques (rhinite, asthme, pneumopathie d’hypersensibilité…).
1.4. Assainissement et maintenance
Les déchets contiennent une flore microbienne riche et variée, ainsi que des moisissures
et toxines diverses. Sont en contact avec des agents biologiques : les éboueurs, les employés de
nettoyage dans tous les secteurs d’activité, les gardiens d’immeuble, les salariés de la
maintenance et de la climatisation…
Plus, sont exposés les travailleurs des entreprises d’assainissement, des stations
d’épuration ou les égoutiers. Là encore, les risques sont certes infectieux, mais aussi toxiniques
et immun allergiques. Dans ces milieux de travail, les salariés sont au contact d’aérosols, d’eaux
contaminées, de boues résiduelles contenant de fortes concentrations d’endotoxines, etc. À la
décomposition des déchets s’ajoute la présence éventuelle de rats, porteurs, entre autres. Toute
blessure dans ces environnements offre une voie d’entrée facile pour les infections.
2. La chaine de transmission
Les agents biologiques se transmettent à l’homme en suivant une chaîne de
transmission, constituée de cinq maillons : le réservoir d’agents biologiques, les portes de sortie
ou les modes d’accès au réservoir, la transmission, les portes d’entrée et l’hôte potentiel.
L’animation suivante explicite la chaîne de transmission qui sert à la fois à l’évaluation des
risques et à la mise en place des mesures de prévention du risque biologique.
Réservoir •Source, lieu d’accumulation et/ou de prolifération
•Vivant ou inanimé
Porte de •Sortie du réservoir
sortie •Accès au réservoir du travailleur
Voie de •Directe (contact avec les agents biologiques sortant de
contamination leur réservoir)
•Indirecte (contact avec des objets souillés par des agents
biologiques)
Porte d’entrée •Respiratoire, digestive, sanguine et cutanéo-muqueuse
•Liée à la voie de contamination
Hôte •Personne contaminée
•Lieu de développement de maladie
Figure 1 : la chaine de transmission
2.1. Le réservoir
Le réservoir est la source, le lieu dans lequel s’accumulent et prolifèrent les agents biologiques.
Le réservoir peut être vivant ou inanimé :
 Vivant, ce peut être tout ou partie d’un être humain (peau, appareil respiratoire, salive,
sang...) ou d’un animal (cuir, laine, cervelle…).
 Inanimé, ce peut être le sol (agent du tétanos…), l’eau (virus de l’hépatite A, amibes,
agent du choléra…) ou un objet contaminé (seringue abandonnée…).
2.2. Les portes de sortie
Les portes de sortie conditionnent le risque d’infection. Il faut que les agents biologiques
puissent sortir du réservoir ou que le travailleur puisse avoir accès à ce réservoir.
2.3. La transmission
En milieu professionnel, la transmission peut se faire par voie aérienne (inhalation), par
contact avec la peau ou les muqueuses, par inoculation (accident, morsure ou piqûre d’insecte)
ou par voie digestive.
Tableau 5 : Mode de transmission et exemples de situations en milieu
professionnel
Modes de transmission Exemples de situations d’exposition
Inhalation  Gouttelettes émises lors de la toux par une personne
atteinte de grippe
 Poussières contaminées par des fientes d’oiseaux
 Aérosols produits par l’utilisation de jets d’eau à haute
pression sur des surfaces contaminées
Contact avec la peau ou  projection d’eau sale dans les yeux
les muqueuses  Manipulation d’objets contaminés
 Port des mains contaminées au visage, aux yeux
Inoculation  Piqûre avec une seringue abandonnée
 Coupure avec un scalpel ou avec un couteau
 Morsure de tique, piqûre de moustiques
Ingestion  En portant les mains ou des objets contaminés à la bouche
 En mangeant ou en fumant avec des mains contaminées

2.4. Les portes d’entrée


Les portes d’entrée sont liées aux différents modes de transmission :
 Voies respiratoires pour la transmission aérienne, muqueuse, peau au cours d’un
contact,
 Voie sanguine lors d’une piqûre ou d’une blessure,
 Voie digestive en portant les mains ou un objet à la bouche.
2.5. L’hôte potentiel
L’hôte potentiel se trouve au bout de la chaîne de transmission. En milieu professionnel, il s’agit
du travailleur, qui pourra être contaminé et pourra développer une maladie si l’exposition est
suffisamment importante et s’il n’est pas protégé.
3. Démarche concrète de prévention des risques biologiques
La prévention des risques consiste à rompre la chaine de transmission en s’appuyant sur
les principes généraux de prévention des risques biologiques. La prévention doit être intégrée
le plus en amont possible, en passant par des mesures d’organisation du travail, d’information
et de formation du personnel y compris les personnels intérimaires et intervenants extérieurs.
La prévention sera d’abord technique et collective. Ces mesures de prévention doivent
également être adaptées à l’activité professionnelle considérée.
Elles doivent être replacées dans la perspective d’une démarche de prévention globale mise en
place dans l’entreprise.
 Limitation du niveau le plus bas possible du nombre de travailleurs ;
 Définition des méthodes de travail et des disséminations d’agents biologiques ;
 Mesure de protection collective ou à défaut mesures de protection individuelle
 Mesures d’hygiène ;
 Procédures et moyens permettant en toute sécurité le cas échéant, après un traitement
approprié, d’effectuer le tri, la collecte, le stockage, le transport et l’élimination des
déchets par les travailleurs.
3.1. Agir sur le réservoir
Les mesures de prévention doivent avant tout porter sur l’origine des risques, donc sur
le réservoir. Citons par exemple les actions suivantes :
 Dépister un malade « réservoir » dans une collectivité et mettre en place rapidement des
mesures d’isolement.
 Empêcher la constitution d’un réservoir par la vaccination des animaux ou par le
dépistage et le traitement en cas de maladie (par exemple les animaux de parcs
zoologiques).
 Détruire un réservoir animal. Cette destruction est parfois imposée par les autorités
sanitaires, comme par exemple l’abattage d’un troupeau en cas de brucellose ou la
destruction d’un élevage de volailles atteintes par l’influenza aviaire.
 Entretien et nettoyage de gaines d’une installation de climatisation pour éviter la
prolifération des agents biologiques
 Pour la plupart des activités à risque, nettoyer pour éviter la prolifération des agents
biologiques.
 Lutter contre la prolifération des insectes et des rongeurs susceptibles de diffuser l’agent
pathogène.
3.2. Agir sur le mode de transmission
Le deuxième niveau d’action concerne la transmission des agents biologiques pathogènes :
 Assainissement de l’air des locaux de travail : cabine de tri de déchets nettoyée lors du
changement d’équipe
 En élevage, isoler les animaux contagieux et limiter l’accès aux seuls professionnels
indispensables.
 Séparer les zones non contaminées (locaux administratifs, salle de restauration…) et les
zones contaminées.
 Appliquer, quand c’est pertinent, le principe de la « marche en avant » : organisation de
la circulation (personnes, animaux, matériel…) du sale vers le propre sans possibilité de
retour en arrière, comme en abattoir ou en restauration.
 Utiliser des conteneurs spécifiques adaptés pour l’élimination des déchets contaminés.
 Améliorer la ventilation et l’assainissement de l’air des locaux de travail et en assurer
les opérations de maintenance préventive, afin de réduire le risque de transmission par
voie aérienne.
 Limiter les projections, par exemple en réduisant l’utilisation de jets d’eau à haute
pression dans un environnement souillé.
 Limiter la mise en suspension des poussières (préférer l’aspiration au balayage à sec…).
3.3. Agir sur portes d’entrée
Quand les mesures de protection collective ne suffisent pas ou ne peuvent pas être mises en
place rapidement (remise en cause de l’organisation du travail, nouvelle conception des locaux
et/ou des matériels…), il est nécessaire d’agir sur les portes d’entrée :
 Fournir les équipements de protection individuelle adaptés aux contextes professionnels
tels que gants, vêtements de protection, lunettes, appareils de protection respiratoire.
 Former le personnel à leur utilisation.
 Veiller à l’utilisation effective de ces équipements, ainsi qu’à leur nettoyage et leur
entretien.
 Mettre à disposition les moyens d’hygiène nécessaires (vestiaires séparés pour les
vêtements de ville et les vêtements de travail, installations sanitaires, moyens de lavage
des mains et du visage…).
 Faire connaître les mesures d’hygiène individuelle (voir encadré).
3.4. Information et formation du personnel
Rappelons tout d’abord que tout employeur est tenu d’informer ses salariés sur les
risques professionnels et leur prévention, et de les former à la sécurité. Quelques aspects
fondamentaux sont à prendre en compte pour l’élaboration d’une information ou d’une
formation du personnel sur la prévention du risque biologique :
 Elle doit être adaptée à la réalité de l’entreprise, aux conditions de travail, aux différents
postes de travail concernés par un tel risque, et tenir compte des agents biologiques
susceptibles d’y être rencontrés.
 Elle doit impliquer le médecin du travail, les chargés de sécurité, les représentants du
comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), et s’il n’existe pas,
les délégués du personnel.
 Elle s’adresse à des groupes exposés à un risque identique.
 La formation doit de plus permettre la participation et l’expression des salariés, pour
une meilleure appropriation du message de prévention.
 Elle informe de façon utile et concrète, en langage simple.
 Elle permet ainsi au salarié d’adhérer pleinement aux mesures de prévention.
 Une formation sera d’autant plus efficace que des actions concrètes de prévention seront
opérationnelles ou sur le point d’être lancées, de façon à accompagner le mieux possible
la mise en place de ces actions.
 La sensibilisation du personnel peut aussi prendre d’autres formes : affichage des
principes de prévention aux postes de travail, campagne d’information organisée au sein
de l’entreprise...
Ces actions doivent être généralisées aux intervenants extérieurs.
3.5. La prévention médicale :
a. La visite d’embauche :
 Le suivi médical des salariés a lieu lors de l’embauche et tout au long de l’activité
professionnelle.
 Lors de la visite d’embauche, le médecin du travail informe le salarié sur les risques
biologiques liés à l’exercice de sa profession et les moyens de prévention permettant
d’éviter une contamination.
 En outre, il donne les informations utiles sur les symptômes pouvant révéler une
contamination et sur la conduite à tenir.
 Cette information doit permettre au salarié d’alerter son médecin traitant sur une
possible origine professionnelle des symptômes pour lesquels il serait amené à
consulter.
 Vaccination des travailleurs avant qu’ils n’accèdent à des postes à risque.
b. La visite périodique :
 Recueillir des informations sur les conditions d’exposition du salarié, en fonction de
l’examen clinique.
 Prescrire si nécessaire des examens complémentaires.
 Renouveler l’information du salarié sur son exposition professionnelle (notamment à
des agents biologiques) et sur les mesures de prévention collectives et individuelles
adaptées à son poste de travail,
 Rappeler les règles d’hygiène individuelle participant à cette prévention,
 Faire le point sur les vaccinations.
c. La visite spontanée :
 Devant tout accident du travail : (blessure par des objets souillés, projection de produits
biologiques), demander un bilan en fonction du risque encouru, instaurer un traitement
antibiotique, sérothérapie et vaccinothérapie.
 Agir de la même manière en cas de syndrome infectieux à la recherche d’une éventuelle
contamination lors du contact avec des malades.
4. La physiologie et physiopathologie
C’est la science qui étudie le rôle, le fonctionnement et l'organisation mécanique, physique et
biochimique des organismes vivants et de leurs composants (organes, tissus, cellules et
organites cellulaires). Elle étudie également les interactions entre un organisme vivant et son
environnement. La physiologie regroupe des processus qu'elle étudie en grandes fonctions qui
sont : Les fonctions de nutrition, La fonction de reproduction et Les fonctions de relation : la
locomotion et les fonctions sensorielles.
La physiopathologie est la discipline biologique qui traite des dérèglements de la
physiologie, c’est-à-dire les dérèglements du mode de fonctionnement normal des éléments
constitutifs du corps humain, d'un animal ou d'un végétal. La physiopathologie envisage à la
fois les mécanismes physiques, cellulaires ou biochimiques qui conduisent à l'apparition d'une
maladie et les conséquences de celle-ci. À ce titre, l'étude physiopathologique d'une maladie
permet non seulement de mieux en comprendre les signes cliniques et biologiques, mais aussi
d'envisager les mécanismes par lesquels un traitement pourrait rétablir les fonctions normales
de l'organe ou tissu atteint. On oppose ainsi deux modes de traitement :
 Les traitements symptomatiques : ils visent à diminuer ou supprimer un signe gênant
d'une maladie sans s'attaquer à sa cause ou à son mécanisme (par exemple, utilisation
d'antipyrétiques - médicaments luttant contre la fièvre - devant un tableau infectieux) ;
 Les traitements physiopathologiques ou étiologiques visant à lutter contre les causes ou
mécanismes de la maladie (antibiotiques dans l'exemple précédent).
La physiopathologie est étroitement liée à l'anatomo-pathologie, la biochimie cellulaire et
l'immunologie. Son étude en médecine a pris réellement son essor au XIX° siècle sous
l'impulsion de médecins comme Claude Bernard.
Chapitre III : La gestion des risques
La gestion du risque, ou management du risque, est la discipline qui s'attache à identifier
et à traiter méthodologiquement les risques relatifs aux activités d'une organisation, quelles que
soient la nature ou l'origine de ces risques. À ce titre, il s'agit d'une composante de la stratégie
qui vise à réduire la probabilité d'échec ou d'incertitude de tous les facteurs pouvant affecter
l'organisme.
1. Moyens techniques
1.1. Les confinements (Protection des expérimentateurs et de l’environnement)
Fixant les mesures techniques de prévention, notamment de confinement, à mettre en œuvre
dans les laboratoires de recherche, d’enseignement, d’analyses, d’anatomie et cytologie
pathologiques, les salles d’autopsie et les établissements industriels et agricoles où les
travailleurs sont susceptibles d’être exposés à des agents biologiques pathogènes. Il en existe 4
de confinement correspondent à chacun des groupes de risques :
 Groupe 1 Laboratoire L1/C1* Animalerie A1
 Groupe 2 Laboratoire L2/C2* Animalerie A2
 Groupe 3 Laboratoire L3/C3* Animalerie A3
 Groupe 4** Laboratoire L4/C4* Animalerie A4
Tableau 6 : Description des laboratoires
Niveau de Equipements
Locaux Bonnes pratiques
confinement spécifiques
Local isolé par une porte et des fenêtres
Autoclaves dans le Vêtements de protection, paillasse
L1 fermées. Paillasses, murs et sols lisses et
bâtiment propre et rangée
facilement lavables
Accès règlementé pour les personnels Poste de sécurité Vêtements de protection (blouse, gants,
autorisés, fermeture hermétique pour microbiologique lunettes), boîtes type tirelire incassable,
L2 fumigation (facultatif), lavabos à (PSM). matériel jetable, inactivation du
commandes non manuelles, autoclaves Centrifugeuses matériel contaminé (eau de javel à
dans le bâtiment. sécurisés 12°Chl, alcool à 70°) et des déchets.
Les mêmes dispositions qu’en L2 ainsi
que sas, filtration de l’air entrant et PSM de type II
Les mêmes dispositions qu’en L2 ainsi
L3 sortant, oculus, interphone (facultatif), Autoclave à
que sur bottes +sur blouses
pression négative avec système d’alarme, double entrée
groupe électrogène, douche (facultatif).
Les mêmes dispositions qu’en L3 ainsi
que système de ventilation secourue et Les mêmes dispositions qu’en L3 ainsi
L4 PSM de type III
interphone obligatoire, double sas, que scaphandre
douche obligatoire
Remarque : * Pour la manipulation des OGM, on parle de confinement C.
** Groupe non représenté au CNRS et non traité dans ce document.
La mise en œuvre des niveaux de confinement (arrêté du 16 juillet 2007) fait appel à la
Conception du laboratoire, aux Aménagements internes et Bonnes pratiques de laboratoire.
1.2. Les postes de sécurité microbiologique (PSM) :
Choix et utilisation Parmi les différents types d’enceintes utilisées dans nos laboratoires, seuls
les PSM sont classés pour la protection du manipulateur contre les risques biologiques. Utilisés
dans les conditions requises, ils assurent la protection de l’opérateur et de l’environnement
contre les dangers liés aux aérosols dans la manipulation de substances biologiquement actives,
infectées ou dangereuses.
Caractéristiques des PSM de type II
Les PSM de type II doivent être conformes à la norme EN 12469. De surcroît, en France,
ils peuvent répondre aux exigences du règlement de la marque NF, certifiées par le LNE. En
conséquence, sur ces équipements, le marquage « CE » est obligatoire et la certification NF est
recommandée. Leur plan de travail est soit plein, soit perforé. Le choix est fait en fonction de
la nature des manipulations à réaliser. Un plan de travail perforé offre une meilleure garantie
pour les échantillons manipulés, par contre le plan de travail plein offre une meilleure stabilité
et évite le passage de contaminants au niveau du bac de rétention. Un PSM, conçu et normalisé
avec un type de plan de travail, ne peut en aucun cas être modifié avec l’autre modèle. Il est
recommandé que la largeur des plans de travail soit comprise entre 0,90 m et 1,20 m pour
n’autoriser le travail que d’un seul manipulateur à la fois. Les raccords de gaz et l’emploi des
becs Bunsen dans l’enceinte des PSM sont à proscrire, car le cône de chaleur de la flamme
provoque des turbulences et endommage le filtre HEPA placé au-dessus. Le niveau sonore doit
être le plus bas possible (au maximum de 65 dB(A) selon la norme). Le niveau d’éclairement
du plan de travail doit être au minimum de 400 lux.

Figure 2 : Enceinte PSM type II


Tableau 7 : Bonnes pratiques aux laboratoires
Bonne pratique aux laboratoires Les équipements de protection individuelle (EPI)
 Entretien et contrôle régulier des matériels Chaussures différentes des chaussures de ville
 Préférer le matériel à usage unique  Port obligatoire de la blouse
 Port des EPI  Masque filtrant si nécessaire (voie de contamination
 Minimisation des aérosols aérienne)
 Conteneurs adaptés pour les déchets  Lunettes ou visière si risque de projection
 Inactivation des déchets et effluents  Gants (selon la classe de risque)
 Mise en place d’une lutte contre les  Charlotte en L3
insectes et rongeurs  Visage : écran facial (projection, UV…)

2. Moyens organisationnels
2.1. Mesures spécifiques pour les niveaux de confinement 2 et 3
 Entretien des locaux
 Le ménage doit être effectué par les utilisateurs du local confiné.
 Toute intervention de personnel extérieur à l’unité doit être réalisée en dehors des
périodes d’activité et après désinfection des locaux et/ ou du matériel.
 Le responsable du laboratoire doit s’assurer que ce personnel a été informé des risques
et connaît les locaux.
2.2. Maintenance des équipements et des matériels
Il est conseillé de mettre en place des contrats annuels de maintenance pour tous les
équipements : installations de traitement d’air, de climatisation, postes de sécurité
microbiologique. Ces contrats préciseront notamment les consignes d’intervention et d’accès
aux installations ainsi que les délais d’intervention pour les dépannages. Les visites
réglementaires éventuelles doivent être exécutées par un organisme agréé. Il est vivement
recommandé d’avoir en stock un double des pièces détachées nécessaires au bon
fonctionnement du laboratoire, de manière à pouvoir intervenir sans délai en cas de panne.
Tableau 8 Les différentes étapes nécessaires à la chaîne de stérilisation
Étapes Objectifs Exemples de modalités d’exécution
Pré- Protection du personnel Utilisation d’un détergent bactéricide
désinfection Facilité du nettoyage
Protection de l’environnement de travail
Nettoyage Élimination des salissures et des souillures Machine à laver, ultrasons
Désinfection Élimination momentanée des micro- Utilisation de bactéricides, virucides
organismes en les tuant ou en les inactivant fongicides (eau javel, l’alcool 70°)
Stérilisation Obtenir un état stérile Autoclavage à 121°C pendant 20 min
Tableau 9 : Pré-désinfection/Nettoyage/ Désinfection Antisepsie /Stérilisation
Pré- Opération au résultat momentané permettant d’éliminer, de tuer ou d’inhiber les
désinfection microorganismes indésirables, en fonction des objectifs fixés. C’est le premier
traitement à effectuer sur le matériel et les objets souillés dans le but de diminuer
la population de microorganismes et de faciliter le nettoyage ultérieur
Nettoyage Élimination des salissures et des souillures dans le but de présenter un état de
propreté des surfaces ou des objets, contrôlable à l’œil nu.
Désinfection Opération au résultat momentané permettant d’éliminer ou de tuer les micro-
organismes et/ ou d’inactiver les virus indésirables portés par des milieux inertes
contaminés, en fonction des objectifs fixés. Le résultat de cette opération est limité
aux micro-organismes et/ou virus présents au moment de l’opération. Le
désinfectant peut être actif sur une ou plusieurs catégories de micro-organismes :
bactéries (bactéricide), virus (virucide) et champignons (fongicide). À chaque type
de matériel ou substrat correspond une méthode adaptée de désinfection. L’activité
antimicrobienne dépend de la concentration du produit, la température
d’utilisation, la durée de contact, et du pH.
Antisepsie Opération au résultat momentané permettant au niveau des tissus vivants, dans la
limite de leur tolérance, d’éliminer ou de tuer les microorganismes et/ou
d’inactiver les virus, en fonction des objectifs fixés
Stérilisation Mise en œuvre d’un ensemble de méthodes et de moyens visant à éliminer tous les
microorganismes vivants de quelque nature que ce soit, portés par un objet
parfaitement nettoyé. Elle s’applique à des objets dont le conditionnement est tel
qu’il maintient l’état stérile.
Désinfection Pour atteindre des surfaces inaccessibles par les autres moyens de désinfection
aérienne Lors d’un arrêt pour maintenance ou contrôle
Pour effectuer une réparation
Suite à une dissémination accidentelle
Désinfectants utilisés Aldéhydes Acides peracétique (APA) (H2O2)

2.3. Gestion des déchets biologique


La gestion des déchets biologiques implique le respect des mêmes conditions de
manipulation et de confinement que la mise en œuvre des agents biologiques qui les ont générés.
D’après le Code de la santé publique, les déchets biologiques issus des activités de recherche
sont assimilés aux déchets d’activités de soins. Ils sont dits Déchets d’Activités de Soins à
Risques Infectieux et assimilés (DASRI). Ils présentent un risque infectieux, du fait qu’ils
contiennent des micro-organismes viables ou leurs toxines, dont on sait, qu’en raison de leur
nature, de leur quantité ou de leur métabolisme, ils causent des maladies chez l’homme ou chez
d’autres organismes vivants. Ils relèvent de l’une des catégories suivantes même en l’absence
de risque infectieux :
 Matériels et matériaux piquants ou coupants destinés à l’abandon, qu’ils aient été ou
non en contact avec un produit biologique ;
 Produits sanguins ;
 Déchets anatomiques humains, correspondant à des fragments humains non aisément
identifiables.
Les traitements et filières d’élimination sont différents selon la nature des déchets. Le temps
autorisé de stockage entre leur production et leur élimination prend en compte la quantité de
déchets produits. La durée entre la production effective de DASRI et leur incinération ou leur
prétraitement par désinfection est de :
 72 heures : quantité > 100 kg/semaine
 7 jours : 15 kg/mois < quantité ≤ 100 kg/semaine
 1 mois : 5 kg/mois < quantité ≤ 15 kg/mois
 3 mois : quantité ≤ 5 kg/mois et/ou s’il s’agit de DASRI perforants.

Figure 3 : Sachets et récipients de déchets biologiques


Tableau 10 : Élimination des déchets biologiques
Les Obligations Les interdictions La Classification par les numéros ONU
Les obligations en matière d’emballage Interdiction de UN 2814 : Matière infectieuse pour l’homme
Les obligations d’étiquetage transport dans un UN 2900 : Matière infectieuse pour animaux
Les obligations en matière de moyen de transport UN 3245 : Micro-organismes génétiquement
documentation transport en commun (Arrêté modifiés non pathogènes
Les responsabilités respectives du TMD 29.05.2009 UN 3291 : Déchet d’hôpital non spécifié,
transporteur & du chargeur. Annexe 1. Chapitre déchet biomédical ou déchet médical
Le Conseiller sécurité [obligatoire pour 3.1.). Les envois réglementé [selon le cas]
toute unité effectuant des envois – ou postaux sont aussi UN 3373 : Echantillon de diagnostic.
réceptions – de produits dangereux] interdits Catégorie B

3. Moyens humains
3.1. Formation à la sécurité et information des travailleurs
Une formation doit être dispensée avant que les travailleurs n’exercent une activité impliquant
un contact avec les agents biologiques. Cette formation à la sécurité concerne :
 Les risques pour la santé et les prescriptions en matière d’hygiène ;
 Les précautions à prendre pour éviter l’exposition (bonnes pratiques de laboratoire,
protections collectives…) et pour prévenir les incidents et les accidents (cahier de
laboratoire, procédures de travail, consignes…) ;
 Le port et l’utilisation des équipements et des vêtements de protection individuelle ;
 Les modalités de tri, de collecte, de stockage, de transport et d’élimination des déchets ;
 La conduite à tenir en cas d’accident.
La formation à la sécurité doit être répétée régulièrement et adaptée à l’évolution des risques.
De plus, des formations spécifiques à certains postes de travail sont obligatoires (conduite
d’autoclaves, expérimentation animale…). Enfin, une attention particulière est portée au
personnel de laverie qui doit être informé des risques biologiques auxquels il est susceptible
d’être exposé.
3.2. Prévention médicale
L’exposition au risque biologique relève de la surveillance médicale particulière, c’est-
à-dire d’une visite médicale à la prise de poste et, par la suite, d’un suivi annuel. Le suivi
médical repose à la fois sur l’évaluation des risques (dans nos établissements, par le biais d’une
fiche individuelle des risques et conditions de travail), et par l’examen clinique. La consultation
médicale permet en particulier d’interroger la personne sur un terrain allergique, des maladies
cutanées ou respiratoires, des traitements immunosuppresseurs, une grossesse en cours…etc.
À la lumière de l’examen médical et de l’évaluation du risque, le médecin de prévention se
prononce sur la compatibilité entre l’état de santé de l’agent et son poste de travail. Le cas
échéant, il pourra proposer des aménagements de poste ou établir des restrictions. Dans le cas
où un vaccin existe pour un agent pathogène donné, toute personne refusant cette vaccination
peut se voir interdire la manipulation de l’agent biologique concerné.
Il existe actuellement dans le régime général de la Sécurité sociale, 21 tableaux de maladies
professionnelles relatifs au risque infectieux, deux tableaux pour le risque immuno-allergique
et un tableau pour le risque toxinique. Chaque tableau comporte en particulier la maladie ou les
symptômes en relation avec l’agent biologique ainsi qu’une liste indicative ou limitative des
travaux susceptibles d’en être à l’origine. Dans la fonction publique, la reconnaissance d’une
maladie professionnelle se base en grande partie sur ces informations. La liste de ces maladies
professionnelles est présentée dans le tableau 11.
Tableau 11 : Maladies professionnels
Risque infectieux
7 Tétanos professionnel
18 Charbon
19 Spirochétoses (leptospirose, maladie de Lyme)
24 Brucellose
28 Ankylostomose
40 Tuberculose et autres infections à mycobactéries
45 Hépatites A, B, C, D et E
46 Mycoses cutanées
53 Rickettsioses et fièvre Q
54 Poliomyélite
55 Infections dues aux amibes
56 Rage
68 Tularémie
76 Maladies dues à des agents infectieux contractés en
milieu d’hospitalisation et d’hospitalisation à domicile
77 Périonyxis et onyxis
80 Kératoconjonctivites virales
86 Pasteurelloses
87 Ornithose-psittacose
88 Rouget du porc
92 Infections à Streptococcus suis
96 Infections à hantavirus
Risque immuno -allergique
66 Rhinites et asthmes
66 bis Pneumopathies d’hypersensibilité
Risque toxinique
90 Affections respiratoires consécutives à l’inhalation de
poussières textiles végétales

3.4. Mesures de prévention liées à la médecine du travail


Tous les travailleurs exposés ou susceptibles d’être exposés aux risques biologiques
bénéficient d’une surveillance médicale lorsque l’évaluation des risques les a mis en évidence,
quelle que soit la nature du risque, que l’agent soit classé ou non ; le médecin du travail peut
recommander certaines vaccinations aux travailleurs non immunisés lorsqu’un risque
biologique existe et que les techniques de protection collectives et individuelles ne suffisent
pas. A noter que les femmes enceintes doivent faire l'objet d'une information particulière sur
les risques liés à leur état. Autant que possible, l'affectation à un poste sans risque est
recommandée. De même, le personnel des entreprises extérieures doit bénéficier d'une
formation ou information spécifique. Le risque biologique, souvent difficile à détecter et
inconnu des salariés des entreprises extérieures, doit être répertorié et pris en compte dans le
plan de prévention. La prise en compte des risques biologiques sur les lieux de travail n’est
donc pas évidente à appréhender.
4. Objectives de la règlementation et des normes de prévention
 La protection des travailleurs
 La protection de l’environnement
 La protection de la santé publique
 La sûreté biologique
 L’éthique
 Le bien-être animal
4.1. Protection des travailleurs
 Décret 94–352 du 4/03/1994 (code du travail) : Exposition des travailleurs aux risques
biologiques
 Arrêtés de 18/07/1994 et du 30/06/1998 : Liste des agents biologiques pathogènes (pour
l’homme)
 Directive européenne 2000/54/CE du 18/09/2000 : Protection des travailleurs
 Code du travail (articles R. 4421-1 à R. 4427-5) : Définitions et classement des agents
biologiques, prévention, formation, information et surveillance médicale.
 Circulaire du 20/04/1998 de la Direction Générale de la Santé : Prévention de la
transmission d’agents infectieux par le sang lors de soins
 Loi 91–73 du 18/01/1991 : Obligation de vacciner contre l’hépatite B (personnel
soignant)
 Note d’information DGS/DH/DRT 81 du 25/09/1995 : Conduite à tenir en cas
d’exposition accidentelle au sang
 Circulaire du 14/03/2001 de la DGS : Précautions à observer en vue de réduire les
risques de transmission d’agents transmissibles non conventionnels
 Arrêté du 10/07/2013 : Prévention des risques liés au contact avec objets perforants et
Protection des travailleurs et de l’environnement
 Arrêté du 16/07/2007 : Mesures de confinements (laboratoires L2, L3 et L4)
4.2. Réglementation OGM
 Décret 97–1048 du 6/11/1997 : Protection de l’environnement
 Arrêté du 14 octobre 2011 : Élimination des déchets d’activités de soins à risques
infectieux et assimilés (DASRI) et Modalités d'entreposage et contrôle des filières
d'élimination des DASRI et des pièces anatomique
4.3. Réglementation pour le transport des produits biologiques (ADR, IATA…)
Organismes Génétiquement Modifiés
 Décret 93–774 du 27/03/93 (modifié 08/01/1998 et 19/03/2007) : Liste des techniques
de modification génétique et critères de classement des OGM
 Circulaire du 04/1996 : Utilisation des OGM
 Directive européenne 2009/41 relative à l’utilisation confinée d’OGM
 Décret 2011-1177 du 23/09/2011 : Utilisation confinée d’organismes génétiquement
modifiés
 Arrêté du 28 mars 2012
 Dossier technique pour utilisation confinés d’OGM
 Manuel du Haut Conseil des Biotechnologies pour l’utilisation confinée d’OGM
 Décret 93–774 du 27/03/93 (modifié 08/01/1998 et 19/03/2007) : Liste des techniques
de modification génétique et critères de classement des OGM
 Circulaire du 04/1996 : Utilisation des OGM
 Directive européenne 2009/41 relative à l’utilisation confinée d’OGM
 Décret 2011-1177 du 23/09/2011 : Utilisation confinée d’organismes génétiquement
modifiés
 Arrêté du 28 mars 2012 : Dossier technique pour utilisation confinés d’OGM
 Décret 2010-736 du 30/06/10 relatif aux micro-organismes et toxines
 Arrêtés du 30 juin 2010 les renseignements devant figurer sur l’autorisation les mentions
devant figurer sur l’état annuel des stocks les renseignements devant figurer dans le
registre ou les enregistrements, notamment mes modalités et les informations qu’ils
contiennent
 Décision du 20 octobre 2010 fixant le contenu du dossier technique
 Arrêté du 17 mars 2011 relatifs aux compétences et qualifications du titulaire et des
personnes qu’il habilite
Arrêté du 30 avril 2012 fixant la liste des micro-organismes et toxines prévues à l’article
L.5139-1 du code de la santé publique
Arrêté du 13 janvier 2013 relatif aux règles de bonnes pratiques tendant à garantir la sécurité et
la sûreté biologiques mentionnées à l'article R. 5139-18 du code de la santé publique (modifié
par l’arrêté du 11 juin 2013)

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