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Université Blida 1

Institut des Sciences Vétérinaires


Microbiologie Générale (2e année) 2020/2021
Dr AKLOUL K.

CHAPITRE 6 Pouvoir pathogène des bactéries

Dans le conflit hôte bactérie, il y a deux adversaires : la bactérie caractérisée par son
pouvoir pathogène et l’hôte caractérisé par sa réceptivité ou son pouvoir de défense ;
la bactérie tend à envahir les tissus tandis que l’organisme de l’hôte grâce à un
système complexe de défense réagit pour éliminer ou détruire la bactérie. La maladie
infectieuse résulte donc de la rupture de l’équilibre en faveur de la bactérie.

1. PRINCIPAUX TYPES DE RELATION HOTE-BACTERIE :


Le microbiote (autrefois microflore) comprend toute la population de
microorganismes qui colonise un lieu ou un organisme particulier tandis que
microbiome fait référence à la constitution génétique du microbiote respectif.
Dans l'organisme, il existe différents microbiotes, au niveau de la peau, de la bouche,
dans les voies respiratoires,… Le microbiote intestinal sain est en grande partie
responsable de la santé globale de l'organisme.

Dans un même élevage, le microbiote peut être très différent d’un individu à un
autre... Et pour un même animal la composition du microbiote évolue aussi en
fonction de l’âge et de l'alimentation.
Lorsque tout va bien, un état d’équilibre se créé au sein du microbiote, et il va
fonctionner en synergie avec son hôte : c'est l'eubiose.
Lorsqu'il y a un déséquilibre qualitatif et/ou quantitatif du microbiote, cela peut
conduire à divers désordres métaboliques et/ou des pathologies : c'est la dysbiose.
Des animaux élevés sans microbiote sont dits axéniques..
Les bactéries peuvent entretenir des associations complexes avec d’autres organismes.
Ces associations peuvent être répertoriées en :
• Saprophytisme : Forme de nutrition permettant à un organisme d’utiliser des
matières organiques en décomposition.

• Commensalisme : Type d’association conduisant deux espèces différentes


d’organismes à vivre ensemble sans que l’une nuise à l’autre.
Ces bactéries commensales peuvent exceptionnellement devenir pathogènes sur
terrain particulier (par exemple en cas d’immunodépression).

• Mutualisme : Mode de relation dans lequel la bactérie et l’hôte profitent tous deux
de leur association, exemple : Des bactéries colonisant le rumen des herbivores
permettent la digestion de la cellulose par ces animaux.

• Pathogénicité ou parasitisme :
La pathogénicité est la capacité d’une bactérie de produire une maladie.

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Le parasitisme est une forme de vie d’un organisme aux dépend d’un autre être
vivant.
Une bactérie pathogène est une bactérie qui est nuisible à son hôte et peut provoquer
chez lui une maladie. On distingue 02 types de bactéries pathogènes :
Bactéries pathogènes spécifiques: Bactéries qui entraînent une maladie
cliniquement définie et physio pathologiquement spécifique. Exemples : Salmonella
typhi et fièvre typhoïde, Mycobacterium tuberculosis et tuberculose.
Bactéries pathogènes opportunistes :
Bactéries peuvent devenir pathogènes lorsque les défenses de l’hôte sont affaiblies
(diabète, immunodépression, cancer, ...), mais ne donnent habituellement pas de
maladie chez le sujet sain. Ces bactéries sont souvent des bactéries commensales
(exemple : Enterocoque, Staphylococcus epidermidis) parfois des bactéries
saprophytes de l’environnement (exemple : Pseudomonas).

*Postulats de Koch
Robert Koch a édité des postulats qui sont des critères destinés à établir la relation de
cause à effet liant un microorganisme et une maladie infectieuse.
Le postulat de Koch dit que :
- Le pathogène en question est impliqué dans chaque cas de maladies et absent des
organismes sains.
- La pathogène est isolé de l’organisme malade, identifié et cultivé in vitro.
- L’isolat provoque la même maladie chez un sujet sain.
- Chez ce 2ème sujet, on peut ré-isolé le même pathogène.

Les exceptions aux postulats de Koch :


- Les porteurs ne manifestant pas de symptômes (porteurs sains).
- Les pathogènes non cultivables.
- Les agents pathogènes n’étant pas des organismes (virus, prions, etc.).
- Des maladies qui vont causer les mêmes symptômes alors que c’est causé par
plusieurs microorganismes. Ex : la pneumonie qui peut être causée par Streptococcus
pneumoniae mais aussi par Legionnella pneumophila.
- Certains pathogènes peuvent causer plusieurs maladies, ça peut être dû à leur voie
d’entré dans l’organisme ou par d’autres facteurs. Exemple : Streptococcus pyogenes
peut être responsable d’un problème de peau, d’angine mais aussi d’une infection des
reins qui s’appelle la glomérulonéphrite aigüe.
- Pour certains pathogènes, on n’a même pas besoin qu’un pathogène soit présent,
seul l’ingestion d’une toxine par exemple peut être responsable de la maladie. Cas
typique du botulisme.

2. POUVOIR PATHOGENE DES BACTERIES


La capacité d’une bactérie à provoquer une maladie est son pouvoir pathogène.
L’intensité du pouvoir pathogène est la virulence. L’aboutissement de la relation
bactérie-hôte et l’évolution de la maladie dépendent du nombre de bactéries
pathogènes présentes dans l’hôte, de la virulence de cette bactérie, des défenses de
l’hôte et de son degré de résistance.

Pour déclencher une maladie, les bactéries infectieuses doivent d’abord pénétrer dans
l’organisme et adhérer à un tissu. Des facteurs d’adhésion permettent la fixation des
bactéries à une cellule. Le pouvoir invasif est la capacité de la bactérie à se répandre

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et à se multiplier dans les tissus de l’hôte. Les bactéries peuvent produire des
substances lytiques lui permettant de se disséminer dans les tissus.
Certaines bactéries présentent aussi un pouvoir toxinogène qui est la capacité de
produire des toxines, substances chimiques portant préjudice à l’hôte.

2.1. Définitions:
Pouvoir pathogène : Capacité d’un microbe à transmettre la maladie (Notion
qualitative). Toutes les bactéries sont potentiellement pathogènes. Quand un hôte voit
ses défenses immunitaires affectées, même leurs bactéries commensales peuvent
provoquer des troubles. Ce pouvoir pathogène est déterminé par :
- La capacité du germe à proliférer dans l’organisme de l’hôte : c’est son pouvoir
d’invasion.
- La capacité à produire des toxines qui perturbent des fonctions physiologique
essentielles de l’hôte : c’est son pouvoir toxique.

La virulence : définie comme étant le pouvoir de multiplication d’un germe et son


pouvoir d’échapper ou de résister à la phagocytose et donc de causer une infection.
(Notion quantitative)
Cette virulence peut être évaluée soit d’après le pourcentage de sujet développant des
symptômes pathologiques, soit d’après la rapidité de dissémination du germe dans les
tissus de l’organisme, soit d’après la mortalité imputable à l’infection.
La virulence peut être mesurée par la DL50 (dose létale 50) qui correspond à la mort
de 50% des animaux du groupe testé. Un pathogène est très virulent lorsqu’un faible
nombre de bactéries est nécessaire pour tuer 100% des animaux

Cette virulence peut être :


- Atténuée par la conservation prolongée, la chaleur, la dessiccation lente, de
fréquents repiquages sur milieu de culture. Ex : souche bcg : vaccin contre la
tuberculose.
- Exaltée (augmentée): par passage répétés sur un hôte réceptif, sur un animal de
laboratoire. Ex : inoculation du pneumocoque à la souris ; du Mycobacterium
tuberculosis au cobaye. Certaines associations microbiennes exaltent la virulence, ex :
le streptocoque et le bacille diphtérique (le streptocoque ramène et donne le gène tox
au bacille diphtérique qui deviendra virulent)
- Conservée : naturellement, par le phénomène de la sporulation ; ou au laboratoire
par lyophilisation ou dessiccation sous vide à très basse température.

2.2. PHYSIOPATHOLOGIE DES INFECTIONS BACTERIENNES


Pour induire une maladie infectieuse, un agent pathogène doit être transporté vers
l’hôte, adhérer, coloniser et envahir l’hôte, se multiplier ou compléter son cycle
reproductif, échapper aux mécanismes de défenses, posséder la capacité mécanique,
chimique ou moléculaire de nuire à l’hôte.

A. POUVOIR INVASIF (ou virulence) :


Pour un micro-organisme, le pouvoir invasif est l’aptitude à adhérer à un organisme
humain ou animaux réceptif, c’est aussi le pouvoir de multiplication du germe dans
cet organisme. La constitution et le métabolisme de la bactérie définissent en partie le
pouvoir invasif de celle-ci.

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La plupart des bactéries utilisent un système de communication, le quorum sensing,
fondé sur la sécrétion et la perception de petites molécules appelées auto-inducteurs
qui leur permettent d’adapter leur comportement en fonction de la taille de la
population. Les bactéries mutualisent ainsi leurs efforts de survie en synchronisant
entre elles la régulation de gènes impliqués notamment dans la virulence, la résistance
aux antimicrobiens ou la formation du biofilm.

Des inhibiteurs chimiques, des anticorps ou encore des enzymes capables d’interférer
avec les auto-inducteurs ont été développés et se sont montrés efficaces pour diminuer
la virulence des bactéries à la fois in vitro et in vivo. Cette stratégie, appelée quorum
quenching, a montré des effets synergiques avec des traitements antibactériens
classiques.

Les biofilms bactériens sont des amas structurés de cellules bactériennes enrobés
d’une matrice polymérique et attachés à une surface. Le biofilm protège les bactéries
et leur permet de survivre dans des conditions environnementales hostiles.
Les bactéries peuvent tout aussi bien adhérer à une surface biotique (cellules de la
muqueuse..) qu’à une surface abiotique (équipement à la ferme, à l’abattoir ou à
l’usine de transformation..)

1. L’adhésion C’est à dire le maintien du contact entre la bactérie et la cellule


muqueuse (de la bouche, du rhinopharynx, de l’intestin grêle,. . .).
Étape obligatoire pour une grande majorité de pathogènes, permettant la colonisation
d'un tégument de l'hôte.
La bactérie doit posséder des structures permettant cette adhérence. L'hôte doit
posséder des récepteurs spécifiques. Les principaux facteurs d’adhésion sont :

a) Pili (fimbriae): A la surface des bactéries existent des récepteurs cellulaires


(glycoprotéines ou glycolipides), souvent spécifiques qui conditionnent la localisation
de l’infection. Exemple : récepteur à entérocyte sur les bactéries intestinales pouvant
entraîner des diarrhées.
b) Adhésines L'adhésine est une molécule spécifique qui reconnait une molécule
d'une autre cellule sur laquelle elle se fixe.
L’adhésion aux cellules épithéliales des muqueuses se fait à l'aide de pili ou
d'adhésines non fimbrillaires. L'adhésine des pili est située au sein de fimbriae.
Dans le cas des adhésines non fimbrillaires, la protéine est située sur la membrane
externe des bactéries (Gram -).

c) Glycocalyx : Responsable de l’adhérence de certaines bactéries à la surface des


muqueuses.

2. Acquisition des nutriments :


Le fer, par exemple, est un nutriment indispensable à quasiment tous les organismes
vivants, pour des besoins aussi primordiaux que la respiration et la synthèse d’ADN.
Les bactéries ont développé diverses stratégies de capture du fer. Il peut s’agir de la
sécrétion de sidérophores solubles, qui captent le fer externe puis assurent son entrée
dans la bactérie par des transporteurs spécifiques

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Un premier mécanisme de défense des organismes supérieurs contre l’invasion
bactérienne est une limitation drastique du fer libre dans le sang et les tissus. Ce
blocage du fer s’effectue majoritairement par sa fixation sur des protéines qui ont
pour lui une forte affinité, la lactoferrine et la transferrine

3. Envahissement tissulaire
Certaines bactéries peuvent élaborer des enzymes engendrant des lésions tissulaires.
Ainsi les bactéries sont disséminées dans l’organisme infecté.

. Les collagénases dégradent le collagène des tissus conjonctifs (chez Clostridium


perfringens par exemple).
. Les coagulases permettent la formation d'un caillot autour du corps bactérien, qui le
protège des cellules du système immunitaire (chez S.aureus par exemple).
. Les hyaluronidases dégradent l'acide hyaluronique, constituant des tissus conjonctifs
(ex : Staphylococcus aureus et Streptococcus pyogenes)
. Les DNases (ou ADNases) dégradent l'ADN des cellules infectées.
. Les kinases (ou fibrinolysines) lysent la fibrine et dissocient le caillot ainsi, des
micro-caillots infectés sont disséminés par voie sanguine et peuvent engendrer une
septicémie.
. Les protéases et l’élastase hydrolysent les protéines et l’élastine.
. La mucinase hydrolyse la mucine contenue dans le mucus

4. Invasion cellulaire
Étape non obligatoire du processus infectieux : Parmi les bactéries invasives, il existe
des bactéries à multiplication extracellulaire et des bactéries à multiplication
intracellulaire. Certaines bactéries mobiles peuvent évoluer au sein du mucus (qui est
la première ligne de défense) et le traverser.

Certaines bactéries possèdent des constituants, ou élaborent des substances, leur


permettant d’échapper à la phagocytose (capsules, enzymes)

B. TOXINOGENESE : Pouvoir que possède la bactérie d’élaborer des toxines.


Le pouvoir pathogène peut être quantifié par plusieurs paramètres, notamment la Dose
Létale 50 (DL50) : c’est la plus petite quantité de toxine qui, introduite chez les
animaux entraine la mort de 50 % des animaux inoculés de ce groupe après un temps
défini.

a) Mode d'action des toxines


Les toxines exercent leurs effets à distance du foyer initial, parfois en l’absence de la
bactérie productrice. On distingue plusieurs types de toxines :

a1. Toxines A-B


Toxines à deux composants, la sous-unité B est responsable de l'interaction avec les
cellules de l'hôte et la sous-unité A contient l'activité enzymatique (toxique). Cette
activité varie d'une toxine à l'autre et peut être une activité ADP ribosylante (toxine
cholérique, toxine diphtérique) ou une activité protéolytique (toxine tétanique ou
toxine botulinique).

a2. Toxines formant des pores


Une famille de toxines est responsable de la formation de pores conduisant à la lyse

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cellulaire. A titre d'exemple, il s'agit de l'hémolysine d'Escherichia coli, de la
listériolysine (hémolysine) de Listeria monocytogenes.

a3. Enzymes hydrolytiques


Beaucoup de bactéries pathogènes produisent des protéases, DNAses, collagénases
qui vont participer à la formation des lésions au siège de la multiplication bactérienne.

b) Pouvoir antigénique des toxines


Les toxines protéiques ont un pouvoir toxique très élevé. Elles provoquent l'apparition
d'anticorps dans l'organisme: les antitoxines. Elles peuvent être transformées en
anatoxines par un traitement au formol, et une incubation à 40°C (Méthode de
Ramon). Ces anatoxines sont utilisées pour fabriquer des vaccins;

c) Toxines bactériennes
Substances biochimiques particulières, élaborées par un micro-organisme.
Une toxine (à très faible dose) exerce, dans l’organisme, des effets toxiques
importants et une action immunogène.

Une intoxination est une infection due à des germes exerçant un pouvoir toxique.
Elle est provoquée par l'ingestion de la toxine, sans qu'il y ait besoin de la présence du
germe.
Une toxi-infection est liée à la diffusion d'une toxine produite par des micro-
organismes se développant dans l'organisme.

c1. Exotoxines: Secrétées pendant la croissance microbienne dans le milieu extérieur.


Ce sont des toxines de nature protéique et fortement antigéniques c’est-à-dire
capables d’entraîner la formation d’anticorps spécifiques à haut titre.

Transformables en anatoxine par action du formol : L’anatoxine est la toxine


détoxifiée (on lui a supprimé son pouvoir toxique) mais qui a gardé son pouvoir
antigénique intact, utilisée comme vaccin.

L'exotoxine est pathogène et très immunogène pour des doses plus faibles (de l'ordre
du µg/L) qu'une endotoxine (de l'ordre du mg/L).

Produites par des bactéries Gram + principalement, et libérées spontanément par


exocytose.

Pouvoir toxique très élevé, les symptômes des maladies dues à ces exotoxines sont
caractéristiques pour chaque maladie.

Toxines thermolabiles, elles sont inactivées entre 60 et 80°C.

On peut les classer en fonction de leur cible :


- Toxines neurotropes: Toxine tétanique (paralysies spastiques) ou toxine
botulinique ou botulique (paralysies flasques).
- Toxines dermotropes Toxine érythrogène, produite par le Streptococcus pyogènes
et responsable de la scarlatine.
- Entérotoxines: bacille du choléra, colibacille (E.coli), Staphylocoque doré,
certaines souches de bacille pyocyanique,...

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- Toxines pantropes: Donnent des atteintes variées et multiples. Exemple : bacille
diphtérique, toxine diphtérique.

c2) Endotoxines:
Les endotoxines sont des toxines situées dans la membrane externe de certaines
bactéries Gram négatif, de nature lipopolysaccharidique (LPS) et thermostables et qui
ne pourront pas donner d’anatoxines.
Elles ne sont libérées que lors de la lyse de ces bactéries, et peuvent occasionner une
réponse inflammatoire générale démesurée, pouvant entraîner la mort. Si l'endotoxine
parvient à atteindre la circulation sanguine on parle d'une septicémie qui peut
entraîner un choc septique. L’action toxique est due au lipide A.

Leur pouvoir toxique est faible, les symptômes des maladies dues aux endotoxines
sont les diarrhées, fébrilité et vomissements.

Faiblement immunogènes.

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