Vous êtes sur la page 1sur 6

Université Blida 1

Institut des Sciences Vétérinaires


Microbiologie Générale (2e année) 2020/2021
Dr AKLOUL K.

IMMUNOLOGIE LES ANTIGENES

1. Définitions
1.1. Les antigènes
Antigène : Substance qui peut être reconnue de manière spécifique par le système
immunitaire. Les antigènes sont très diversifiés.
On les classes en deux catégories :
Antigènes particulaires: Ce sont les plus gros antigènes, correspondant à des
éléments cellulaires. Il s’agit des micro-organismes, des hématies, des cellules
cancéreuses.
Antigènes solubles : Ce sont des molécules. Il s’agit des protéines, des
polysaccharides, des toxines.

Un antigène est une substance qui doit :


-Etre reconnue par un anticorps ou une cellule du système immunitaire (antigénicité).
Une molécule est antigénique si elle se fixe sur un paratope.
-Induire une réponse immunitaire lorsqu’elle est introduite chez un animal
(immunogénicité). Une molécule est immunogénique quand elle déclenche une
réaction immunitaire.

Ainsi, pour induire une réponse immunitaire, un antigène doit être antigénique et
immunogène. Globalement, tous les immunogènes sont des antigènes, et tous les
haptènes sont des antigènes. La différence réside dans le fait que les haptènes ne
sont pas immunogènes, c'est-à-dire qu'ils peuvent être reconnus par les
immunorécepteurs, mais qu'ils ne peuvent pas induire la formation des
immunorécepteurs solubles que sont les immunoglobulines.
A l'inverse, les immunogènes peuvent initier une réponse immunitaire spécifique.
C'est par exemple le cas des formulations vaccinales.

1.2. Les épitopes


Dans un antigène, seuls certains sites particuliers sont responsables de la réactivité
antigénique. Ces sites sont appelés épitopes ou déterminants antigéniques.
Un antigène peut posséder plusieurs épitopes différents.
Chaque épitope possède une structure complémentaire du site de liaison de la
molécule d'anticorps (paratope).

La structure elle-même de la protéine peut générer deux types d'épitopes:


- des épitopes linéaires (ou séquentiels) correspondant à une séquence d’acides
aminés consécutifs sur la protéine
- des épitopes conformationnels (non séquentiels ou discontinus) correspondant au
rapprochement dans l'espace d’acides aminés localisés à des endroits différents de la
protéine mais dépendant du repliement de celle-ci pour être accessibles.

1
Les lymphocytes B se lient directement aux épitopes conformationnels grâce aux
immunoglobulines de leur membrane. Les lymphocytes T reconnaissent les épitopes
séquentiels présentés par les cellules présentatrices d'antigènes.

Les réactions croisées. L’Anticorps reconnaît une protéine contre laquelle il n’a pas
été formé. Si la protéine A porte les épitopes a, b, c, d, e, les anticorps correspondant
seront anti-a, anti-b, anti-c, …, anti-e. Si la protéine B porte au moins, un même
épitope que la protéine A, il pourra y avoir réaction croisée.
Le même anticorps reconnait une séquence peptidique partagée par deux protéines
très différentes pour le reste de leur structure.
On parle de réaction croisée lorsqu’un anticorps est capable de se combiner avec un
antigène autre que celui qui a stimulé sa production

1.3. Haptène
Substance chimique de faible poids moléculaire qui possède une réactivité
antigénique mais qui n'est pas immunogène. Il peut devenir immunogène si on le
couple à une molécule porteuse de taille importante.

Les haptènes peuvent être des sels de métaux lourds (Ni, Cr …), des substances
végétales, des produits chimiques de synthèse (pesticides).

2
2. Classification des antigènes
2.1. Selon leur nature
Les auto-antigènes :
Ils appartiennent à un individu donné. Ils sont capables d'induire la production
d'anticorps au sein même de l'organisme dont ils sont issus.
Ce sont des antigènes propres à l’hôte et pouvant être considérés comme étrangers.

Les allo-antigènes :
Antigène qui caractérise des groupes d'individus génétiquement différents au sein
d'une même espèce.
Ces antigènes dépendent de protéines codées par des allèles différant d'un individu à
l'autre. Les plus importants pour la transplantation, sont les antigènes du complexe
majeur d'histocompatibilité.

Les antigènes hétérophiles :
Antigènes présents chez des espèces différentes et qui se lient au même anticorps.

Les xéno-antigènes :
Antigènes reconnus comme tels parce qu'ils sont caractéristiques d'espèces
différentes. Ces structures sont à l'origine de l'inefficacité des greffes d'organes
animaux à l'homme. Ils sont par contre largement utilisés pour la production, par des
animaux, d'immunoglobulines utiles en sérothérapie ou à visée diagnostique.

Autoantigènes
Le système immunitaire est parfois tellement désorienté qu'il monte des réponses
immunitaires contre l'organisme auquel il appartient. Dans ce contexte pathologique
de l'auto-immunité, on parle d'autoantigènes

2.2. Selon la nature des réactions immunitaires produites


Pour générer une réponse immunitaire, les antigènes peuvent mettre en jeu ou non
l'ensemble des types lymphocytaires.

Antigènes thymo-dépendants :
Impliquent la participation de lymphocytes T dans la production d’anticorps.
C'est le cas des protéines, dont les peptides épitopiques doivent être isolés et présentés
aux lymphocytes T.

Antigènes thymo-indépendants :
N’implique que la participation des lymphocytes B.
C'est le cas pour des antigènes tels que certains polysaccharides ou polymères
répétitifs ou des antigènes résistant à la dégradation.

* Antigènes vaccinaux
La capacité des microorganismes à induire des réponses immunitaires spécifiques a
été mise à profit depuis les travaux d’Edward Jenner et de Louis Pasteur pour générer
des vaccins. L'idée est de conduire le système immunitaire à montrer une réponse
spécifique en l'absence de pathologie, de manière à éviter cette dernière si l'individu
vacciné vient à être au contact du pathogène. Les antigènes utilisés doivent cependant
induire une réponse qui sera efficace en cas de contagion.

3
3. Critères d’immunogénicité
3.1. Taille
D'une manière générale, les molécules (ou les structures) les plus grosses sont mieux
identifiées par les cellules chargées d'informer le système immunitaire de la présence
d'éléments à considérer comme du "non soi" que les petites molécules telles que les
haptènes. Plus la masse est élevée, plus un antigène est immunogène.

3.2. Nature chimique


Les composés inorganiques ne stimulent pas les lymphocytes.
Pour les composés organiques :
Les protéines sont les immunogènes les plus puissants.
Les polyosides sont faiblement immunogènes.
Les lipides et les acides nucléiques ne sont pas immunogènes.

3.3. Eléments étrangers ou reconnus comme tels


Dans la majorité des cas, le système immunitaire est capable d'émettre des signaux de
danger en présence d'éléments exogènes potentiellement délétères.
En général, plus la substance est étrangère par rapport au soi, plus son pouvoir
immunogène est élevé.

3.4. Structures complexes


Plus une molécule est composée d’éléments différents, plus elle est immunogène.

3.5. Des molécules dégradables


Il est important pour un bon immunogène de pouvoir être dégradé dans les cellules de
l'immunité innée qui l'identifient. En effet, ces cellules isolent de l’antigène entier les
épitopes capables de stimuler le système immunitaire. C'est probablement une des
raisons de la supériorité des antigènes protéiques à présenter des propriétés
immunogènes.

3.6. Forme physique


Les antigènes particulaires sont bien supérieurs aux antigènes solubles pour induire
des réponses immunitaires.. C'est aussi un élément important à prendre en
considération pour vacciner contre des haptènes ou pour comprendre
l'immunogénicité de certains haptènes qui se fixent à des éléments figurés du sang.
Par exemple, la pénicilline n’engendre la production d’anticorps que lorsqu’elle se
fixe sur des hématies, ce qui peut par la suite conduire à des phénomènes d’hémolyse
immunologique.

3.7. Dose
Lorsqu'on cherche à générer une réponse immunitaire, par exemple dans un contexte
de vaccination, il est important de considérer la dose d'immunogène à administrer. En
effet, de fortes doses entraînent une anergie/sidération du système immunitaire et on
obtient donc un effet inverse à celui attendu.
Par contre, l'utilisation répétée de petites doses, sous forme de ce qu'on appelle des
rappels induit un renforcement des réponses par la génération de cellules mémoire et
la maturation d'affinité de la réponse humorale.

4
3.8. Voies d’administration
Dans la nature, les antigènes entrent le plus souvent en contact avec le système
immunitaire par voie muqueuse.
La plus efficace est la voie parentérale, car c'est celle qui permet le contact le plus
rapide entre l'antigène et cellules de l'immunité.

3.9. Adjuvants
Les adjuvants, administrés en même temps que l’antigène, sont des composants qui
augmentent l’immunogénicité de l’antigène.
Ils sont fréquemment utilisés pour exalter la réponse immunitaire d’un antigène
faiblement immunogène ou lorsque celui-ci est disponible seulement en petites
quantités.
Ils agissent en formant des dépôts à partir desquels l’antigène est progressivement
libéré. Ils stimulent ainsi une réponse inflammatoire locale qui attire les phagocytes et
les lymphocytes. Ainsi, le contact de l’antigène avec les cellules compétentes est ainsi
prolongé.

3.10. Immunorécepteurs
Les cellules du système immunitaire disposent, le plus souvent à leur surface, de
structures moléculaires leur permettant de reconnaître les antigènes. Ces structures de
reconnaissance de motifs moléculaires propres aux pathogènes sont appelées PRR
pour Pattern Recognition Receptor.
Ils se fixent à des domaines moléculaires présents sur les agents pathogènes eux-
mêmes appelés PAMPs (Pathogen Associated Molecular Pattern) ou parfois DAMPs
(Danger Associated Molecular Pattern) (molécules libérées par les cellules infectées
et malades).
Les mieux connus sont les récepteurs Toll-like ou TLR (Toll Like Receptors.
On peut citer également les CLRs (C-type Lectin Receptors) et les NLRs (NOD-Like
Receptors). Ces récepteurs sont notamment présents sur les monocytes, les
macrophages, les cellules dendritiques et les polynucléaires.

Sur les lymphocytes, les immunorécepteurs sont à l'inverse extrêmement spécifiques


d'un épitope précis. Ils sont tous identiques à la surface d'une cellule donnée.
Sur les lymphocytes B, une immunoglobuline de membrane, identique aux anticorps
que ce lymphocyte pourra produire après avoir été activé, constitue le récepteur B
pour l'antigène ou BCR (B-Cell Receptor).
Sur les lymphocytes T, on trouve le TCR (T-Cell Receptor), plus petit, et ne
présentant pas d'équivalent soluble. Le TCR ne reconnaît que les épitopes peptidiques
présentés par les molécules du complexe majeur d'histocompatibilité.

5
.

Vous aimerez peut-être aussi