Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
L’immunité fait référence aux mécanismes de défense d'un organisme vivant contre des
agents étrangers, notamment infectieux, susceptibles de menacer son bon fonctionnementou
sa survie.L'ensemble des cellules et tissus et des molécules qui concourent à opposer une
résistance aux infections est appelé système immunitaire.
Les organes et tissus lymphoïdes sont disséminés dans l'organisme, les cellules circulentdans
ces organes et entre ces organes par le sang et la lymphe.
Les cellules communiquent entre elles soit par contact direct (notion de récepteur-ligand) soit
à distance par le biais de molécules sécrétées (notion de récepteur-médiateur).
Ces molécules sécrétées, solubles, sont appelées les cytokines. Ce terme générique
regroupe des lymphokines, des monokines, des chimiokines. On parle aussi pour certaines
d’interleukines pour lesquelles il existe une nomenclature internationale.
La réaction coordonnée de ces cellules et molécules porte le nom de réponse immunitaire.
Sur le plan physiologique, le système immunitaire joue un rôle important pour prévenir les
infections, éradiquer les infections déclarées et empêcher la prolifération tumorale.
La réponse immunitaire se déclenche parce que le système immunitaire reçoit des signaux
de « danger », et que certaines cellules sont capables de reconnaître des motifs moléculaires
associés aux pathogènes (Pathogen Associated Molecular Patterns ou PAMPS) tandis que
d'autres reconnaissent spécifiquement des molécules ou antigènes identifiés comme étant
étrangers à notre organisme. On parle d’antigènes du non-soi. À l’inverse, la réponse
immunitaire ne se déclenche pas en présence d’antigènes du soi, et en absence de signal de
danger.L'organisme dispose de deux systèmes de défense:
- l'immunité innée
- l’immunité adaptative.
1.L'immunité innée, encore appelée naturelle ou naïve, première ligne de défense.Elle est
rapide (quelques heures 1 à 12h),identique quelque soit le pathogène.correspond à une
réponse constitutive d'action immédiate, non spécifique de l’agent pathogène, non
adaptative. Elle repose sur une distinction globale du soi et du non-soi. Cette distinction
passe par le fait que les cellules de l'immunité innée expriment un ensemble de récepteurs
(pathogen Recognition Receptors ou PRRs) capables de reconnaitre les PAMPS.
1.1.Les Barrières
a- Les barrières physiques (épithélium) : peau, cils, poils.Dans les bronches et les intestins, on
a une couche épithéliale et du tissu conjonctif.Le mucus qui a un rôle de protection des
épithéliums est localisé dans les poumons, estomac, intestin, utérus,… Il est constitué (~150
µm) de mucines (glycoprotéines), acides aminés, leucocytes
b- Les barrières chimiques : sueur (pH 3 à 6) et suc gastrique (~pH1.Leur mode d’action est
d’empêcher la prolifération
c- Les barrières biologiques (enzymes) :
La «fièvre ».
Les sécrétions enzymatiques : larmes (lysozyme,…), salive (Amylase, Lysozyme), suc
gastrique (pepsine, cathepsine, lipase,…), bile (estérases, phospholipases,…), suc
pancréatique (amylase, peptidases, trypsinogène, chymotrypsinogène, carboxypeptidase,…),
les bactéries commensales (intestin) et les défensines : peptides antimicrobiens, antifongiques
et antiviraux synthétisées par un certain nombre de cellules épithéliales présentes dans
l’intestin.
2.L'immunité adaptative ou acquise est apparue il y a environ 500 millions d'années chez
les premiers vertébrés. Cette réponse est spécifique de l'antigène du fait que les cellules de
l'immunité adaptative, les lymphocytes, portent un seul type de récepteur capable de
reconnaitre un déterminant antigénique (encore appelé épitope). La réponse adaptative est
limitée dans le temps à l'éradication de l'agresseur dont elle garde la mémoire. Elle repose sur
une distinction très fine du non-soi parce qu’au cours de leur fabrication dans les organes
lymphoïdes primaires, la majeure partie des cellules de l'immunité adaptative reconnaissant
des antigènes du soi sont éliminées.
L'immunité innée fournit une réponse immédiatement recrutable en attendant que l'immunité
acquise devienne opérationnelle. Elle repose sur des mécanismes humoraux (complément,
cytokines, protéines de la phase aiguë de l'inflammation, ...) et cellulaires (cellules à fonction
phagocytaire ou lytique, telles que les polynucléaires, les cellules tueuses naturelles, ou NK
pour "Natural Killer », macrophages, ..). Son activation constitue la réponse inflammatoire.
L’immunité adaptative, de mise en oeuvre plus lente apparaît plus tardivement et est
spécifique du pathogène. Les cellules de l’immunité adaptative sont les lymphocytes B et
T.Ils sont respectivement responsables de l’immunité humorale et cellulaire. Les lymphocytes
B peuvent reconnaitre les épitopes dans leur forme native alors que les lymphocytes T
reconnaissent les épitopes sous forme de peptides et à condition qu'ils soient présentés par
des molécules du complexe majeur d'histocompatibilité (CMH).
La réponse immunitaire, qui se déroule dans les organes lymphoïdes secondaires, est le
résultat de la première rencontre entre les lymphocytes naïfs et l’antigène. La réponse
secondaire se produit lors d’expositions ultérieures avec le même antigène. Cette réponse est
plus rapide, plus ample et plus durable, donc plus importante et plus efficace pour éliminer
l’antigène. La réponse secondaire résulte de l’activation des lymphocytes mémoires. Ces
cellules qui ont longue durée de vie ont été induites lors de la réponse primaire. La mémoire
permet d’optimiser la capacité du système immunitaire à combattre les infections persistantes
et récurrentes. La mémoire concerne aussi bien les lymphocytes B que les lymphocytes T.
La réponse immunitaire, notamment au cours d'une infection, se déroule en 3 phases :
- une réponse précoce entre 0 et 4 h par l'intermédiaire de l'immunité innée qui aboutit à 99%
à l’élimination des pathogènes
- une réponse intermédiaire entre 4 et 96 h mettant en jeu également la réponse immunitaire
innée permet d'éliminer l'agent infectieux à 99,9%. une réponse plus tardive après 96 h
mettant en jeu l’immunité adaptative. Celle-ci aboutit à l’expansion clonale de cellules B et T
reconnaissant spécifiquement les antigènes de l'agent pathogène. Cela permet l'élimination à
99,99% de l'agent infectieux et surtout à l'éducation du système immunitaire avec génération
de lymphocytes mémoires. Après élimination de l’antigène, la réponse immunitaire décline.
Au cours de la réponse immunitaire, il existe :
- une interaction étroite entre l'immunité innée et adaptative : c’est là qu’intervient notamment
le rôle des cellules présentatrices d’antigène qui permettent de présenter les peptides
antigéniques aux lymphocytes T.
- de nombreuses coopérations cellulaires entre les lymphocytes B et T pour aboutir à une
réponse humorale efficace.
- des coopérations cellulaires entre les lymphocytes T CD4 et CD8 pour aboutir une réponse
cellulaire efficace.
Bien connaître le système immunitaire en situation physiologique permet de mieux
comprendre les dysfonctionnements du système immunitaire et de nombreuses pathologies,
d’utiliser de façon adaptée des armes thérapeutiques curatives et préventives (vaccins par
exemple), de développer les transplantations d'organes et de tissus.
I.Structure et organisation générale du système immunitaire
Le système immunitaire est constitué d’un ensemble complexe d’organes individualisés et de
tissus entre lesquels circulent, de façon constante, des cellules immunocompétentes de
l’immunité innée et de l’immunité adaptative. L’organisation du système immunitaire, en
réseau de communication, lui confère 3 propriétés essentielles :
aiguë..Les plaquettes ne sont pas des éléments nucléés. Elles dérivent des mégacaryocytes qui
se développent dans la moelle osseuse. Elles présentent des similitudes avec les cellules
endothéliales Elles sont proinflammatoires, adhésives et jouent un rôle non seulement dans la
coagulation mais également dans l'immunité innée en recrutant les cellules phagocytaires aux
sites inflammatoires.
A.Les cellules dendritiques
les cellules dendritiques sont les plus efficaces et elles sont appelées cellules présentatrices
professionnelles. Ce sont les seules capables de stimuler des lymphocytes Tnaïfs.Les cellules
dendritiques représentent une population hétérogène de cellules ayant comme origine des
précurseurs médullaires. Deux grands sous-types sont individualisés, qui diffèrent sur les
plans phénotypique et fonctionnel, les cellules dendritiques myéloïdes (mDC) et les cellules
dendritiques plasmacytoïdes (pDC). Les cellules dendritiques sont spécialisées dans la
capture, le transport, l’apprêtement et la présentation des antigènes aux lymphocytes T. Elles
sont réparties dans tout l’organisme, sont dotées de capacité de migration, et de ce fait
peuvent se déplacer du site de capture des antigènes vers les sites d’interactions cellulaires.
Les cellules dendritiques ont la capacité de déclencher une réponse immunitaire, utile dans la
défense antiinfectieuse ou antitumorale. Les cellules dendritiques sont aussi impliquées dans
des phénomènes de tolérance importants pour empêcher par exemple le développement de
maladies auto-immunes. En effet, une «mauvaise» présentation, c’est-à-dire une présentation
des antigènes par des cellules dendritiques non fonctionnelles, ne déclenche pas de réponse et
induit une tolérance immunitaire envers ces antigènes. Les cellules dendritiques représentent
par ailleurs le lien entre l’immunité innée et l’immunité spécifique adaptative.
1.Origine
Les cellules dendritiques dérivent d’un progéniteur hématopoïétique. Au cours de la
différenciation dans la moelle osseuse, les précurseurs s’orientent soit vers la lignée
monocytaire, soit vers la lignée dendritique. Le progéniteur des cellules dendritiques, appelé
DCP (common-Dendritic Cell Progenitor) génère des cellules dendritiques myéloïdes ou
classiques, et des cellules dendritiques plasmacytoïdes.
2.Sous-types de cellules dendritiques
Les cellules dendritiques myéloïdes, CD11c+CD123low, sont considérées comme les cellules
présentatrices d’antigène professionnelles, capables d’apprêter et de présenter les antigènes,de
secréter de grandes quantités d’interleukine-12 (IL-12). Elles expriment également des
molécules de costimulation. Elles disposent de toutes les caractéristiques nécessaires pour
l’activation des lymphocytes T CD4+ et CD8+.
Les cellules dendritiques plasmacytoïdes, CD11c-CD123high, doivent leur nom à leur
ressemblance morphologique avec des plasmocytes. A l’origine, elles étaient appelées cellules
productrices d’interféron (IFN)» du fait de leur capacité à produire de grandes quantités IFNα
après activation.Dans les tissus de l'organisme où elles résident , les CD immatures exercent
des fonctions de sentinelles permanentes. C'est en devenant matures qu' elles deviennent alors
des cellules présentatrices d'antigène .
Les cellules présentatrices professionnelles de l'antigène ( CPA ) sont les CD myeloides. En
étant capables de stimuler les lymphocytes T naïfs , elles permettent donc d'induire la
réponse immunitaire adaptative.
Face aux virus , ce sont les CD plasmocytoides qui réagissent en sécrétant de très grandes
quantités de molécules aux propriétés antivirales puissantes ( les interférons alpha et bêta ) qui
activent directement les effecteurs de l'immunité innée . Les pCD ainsi activés surtout par les
virus , maturent et deviennent aussi des cellules présentatrices d'antigènes (CPA) .Mais il
semble que leurs capacités de CPA soient plus faibles que celles des CD myéloïdes.
Ces CD plasmcytoides présentent une grande plasticité fonctionnelle et sont impliquées aussi
bien dans les mécanismes de tolérance aux auto-antigènes que dans la défense innée antivirale
mais aussi antibactérienne.
Les différentes étapes de l'intervention des cellules dendritiques myéloïdes
Les CD myeloides capturent les antigènes puis vont devenir matures et migrer vers un
ganglion lymphatique où a lieu la rencontre avec les lymphocytes naïfs qui seront activer.
3.Recrutement des cellules dendritiques
Les cellules dendritiques sont très nombreuses dans tous les tissus en contact avec le milieu
extérieur dans lesquels elles forment un réseau de cellules sentinelles, notamment au sein
desépithéliums muqueux (bouche, oesophage, poumon, vagin, utérus, vessie…) et dans la
peau. En cas de signal de danger, elles peuvent atteindre rapidement toute zone
inflammatoire. Le recrutement des cellules dendritiques est dépendant des chimiokines qui
sont produites sur le site inflammatoire par les cellules de la réponse innée ou les cellules de
l’épithélium. Ceci peut conduire à une augmentation de 5 à 10 fois du nombre de cellules
dendritiques présentes dans un site donné. Les cellules dendritiques immatures expriment un
répertoire de récepteurs de chimiokines qui leur permet de répondre à des chimiokines
inflammatoires.
Les principales cytokines et chimiokines chimio-attractives pour les cellules dendritiques sont
le GM-CSF (Granulocyte-Macrophage Colony Stimulating Factor) et le MIP-3
(Macrophage Inflammatory Protein-3α), ou CCL20. Ces deux facteurs sont produits par les
tissus inflammatoires (surtout les épithéliums).
De plus, les cellules dendritiques expriment une variété de récepteurs pour des stimuli
chimiotactiques autres que les chimiokines, tels que les signaux de “danger tissulaire”. Ces
stimuli sont produits rapidement (quelques minutes) au site inflammatoire et représentent le
signal précoce permettant le recrutement des cellules dendritiques ou de leurs précurseurs. Il
s’agit de molécules lipidiques bioactives, de composants dérivés des bactéries comme les
peptides formylés, des composants du complément comme la fraction C5a, de substances
antimicrobiennes comme les défensines. Des signaux sont également délivrés par des cellules
engagées dans la voie de mort cellulaire, comme les protéines de choc thermique (HSP Heat
Shock Protein), libérées par les cellules nécrotiques, les nucléotides intracellulaires ou l’acide
urique.
4.Reconnaissance et capture de l’antigène
Les cellules dendritiques sentinelles sont dispersées dans la majorité des tissus et se trouvent
dans un état immature
la première étape est la capture de l'antigène qui est possible grâce aux récepteurs
de l'immunité innée ( TLR) . La CD internalise ensuite l'antigène , puis , grâce à son
équipement enzymatique, le fragmente en petits peptides immunogènes ( on parle de
"processing" de l'antigène ) qu'elle charge sur des molécules du CMH de classe II.
la deuxième étape est la maturation des CD . Elles perdent alors leurs récepteurs de
cytokines inflammatoires qui les maintenaient dans un tissu et elles acquièrent de nouveaux
récepteurs leur permettant de répondre à l'attraction émise par les cellules lymphatiques.
Les CD perdent alors leur fonction d'endocytose . Elles expriment alors toute une série de
molécules de co-stimulation.
Cette maturation s'accompagne de modifications morphologiques (apparition de dendrites ) et
phénotypiques ( expression de différents récepteurs de chimiokines comme CCR7 qui permet
leur migration vers les zones lymphoïdes et expression aussi de molécules de co-stimulation)
la troisième étape est la migration de leur lieu de surveillance vers les organes
lymphoïdes secondaires où elles vont rencontrer les lymphocytes T.
Les cellules dendritiques (CD myéloïdes ou mCD et CD plasmocytoïdes ou pCD ), une fois
matures , peuvent aussi stimuler les lymphocytes NK qui voient alors leurs capacités
cytolytiques accrues. Elles peuvent aussi interagir avec les lymphocytes B . la maturation est
associée à la diminution d’expression des récepteurs de chimiokines inflammatoires et à
l’expression de novo de CCR7. Ce récepteur reconnaît deux chimiokines, CCL19 et CCL21,
qui sont sécrétées dans les zones riches en lymphocytes T des organes lymphoïdes
secondaires. Les cellules dendritiques quittent ainsi les tissus inflammatoires et entrent dans la
circulation lymphatique qui les conduit vers les ganglions lymphatiques de drainage. CCR7
est le récepteur principal qui oriente la mobilisation des cellules dendritiques vers les
compartiments riches en lymphocytes T des ganglions.
Les cellules dendritiques sont donc à l'interface entre l'immunité innée et l'immunité
adaptative:
Par leur TLR ( Toll Like Récepteur ) de cellules de l'immunité innée , elles capturent les
antigènes puis par leur capacité à être des cellules présentatrices d'antigène ( CPA ) elles
déclenchent la réponse adaptative