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COURS DE BIOLOGIE VEGETALE

CHAPITRE 4

LES VIRUS

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1. Définition

Le terme « virus » dérive du latin et signifie « poison ». Cette entité a été signalée pour la
première fois par Adolf Mayer en 1886 sur des plants de tabac. Les virus sont considérés
comme des agents méso-biotiques c'est-à-dire ayant des caractères d’êtres vivants et des
caractères de molécules non vivantes. Les virus ne peuvent être considérés ni comme des
animaux ni comme des végétaux mais peuvent être considérés comme des organismes
vivants parce qu’ils se reproduisent et subissent des variations génétiques . Cependant, en
dehors d’un organisme vivant, le virus cristallise et est incapable de croître.
Les virus sont des édifices moléculaires complexes qui, dans certaines circonstances,
entrent dans le cycle de la vie, tout en étant incapables de croître et de se multiplier de façon
autonome.
Les virus sont des agents de petite taille, invisibles au microscope optique . Leur taille est
inférieure à celle des bactéries et peut être exprimée en mµm alors que celle des bactéries
est de l’ordre de quelques µm.
Un virus ne possède qu’un seul type d’acide nucléique, jamais les 2 (virus à ADN et virus à
ARN).
Les virus sont des parasites intra cellulaires obligatoires possédant une structure spécifique
définie par son type de symétrie : cubique, hélicoïdale ou mixte.

2. Pathogènicité
Le parasitisme des virus provoque des maladies contagieuses ou viroses. Celles-ci
affectent :
- les plantes : exemple la mosaïque du tabac…
- l’homme : la grippe, la fièvre jaune, le VIH, la poliomyélite, les oreillons, la rage etc.
- les animaux : la peste bovine, la fière aphteuse, etc.
- Les bactéries : la lyse bactérienne provoquée par les bactériophages
Les maladies virales sont souvent très difficiles à éradiquer car les antibiotiques sont
inefficaces contre les virus.

3. Aspects de l’infection virale


Les infections virales sont diverses aussi bien par la variété des hôtes atteints que par
l’intensité des symptômes qui peuvent être inapparents, plus ou moins graves et parfois
mortels.
Les modes de contamination sont variés :

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- La plupart des virus des végétaux s’introduisent dans les cellules superficielles
lésées de façon mécanique ou par le pollen déposé sur l’ovaire ;
- Chez les animaux, les virus peuvent pénétrer grâce à un vecteur (Insecte, Nématode,
champignon). Les arbovirus sont par exemple des virus qui ont la particularité d’être
obligatoirement transmis par la piqûre d’arthropodes ;
- Les bactériophages possèdent des mécanismes qui permettent la digestion de la
membrane bactérienne.
La plupart des virus parasites de mammifères peuvent être cultivés in vitro sur des cellules
d’embryons de poulet alors qu’ils sont sans effet sur la poule adulte. Cependant, chez les
plantes atteintes d’affection virale, les méristèmes (parties jeunes) sont en général indemnes
de virus.

4. Structure des virus


Les virus, vue leur taille, ne sont pas observables au microscope photonique mais au
microscope électronique.
4.1. Morphologie
4.1.1. Forme sphérique
Exemple : Virus de la grippe dont la forme est sphérique avec un diamètre variant entre 100
et 150 µm.

Le virus de la grippe encore appelé influenzavirus ou Myxovirus influenzae est un virus ARN simple-
brin de polarité négative de la famille des Orthomyxoviridae. Le virus influenza se transmet par voie
aérienne via des gouttelettes riches en virus provenant de la toux et des éternuements des sujets
infectés.

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4.1.2. Forme en bâtonnets

Exemple : Virus de la mosaïque du tabac.

Le virus de la mosaïque du tabac (TMV, sigle pour Tobacco mosaic virus) est un virus à ARN qui infecte les
plantes, en particulier le tabac et les autres membres de la famille des Solanaceae. Ce virus, le premier à avoir été
découvert, est l'espèce-type du genre Tobamovirus, rattaché à la famille des Virgaviridae.
L’étude du virus de la mosaïque du tabac présente un grand intérêt en biologie fondamentale, dans la
compréhension de la biologie des virus, l’étude des interactions hôtes-pathogènes, la biologie cellulaire.
En 1883, Adolf Mayer décrit la maladie et montre qu’elle est transmissible entre les plantes, de façon similaire aux
infections bactériennes. Dimitri Ivanovski montra, entre 1887 et 1892, que la sève des plants de tabac malades
contenait un agent infectieux infiltrable. C’est le chimiste néerlandais Martinus Beijerinck qui approfondit ces
travaux et dénomma le phénomène Contagium vivum fluidum. Rosalind Elsie Franklin en 1953 montra que ce
virus ne possède qu'un brin, elle en détermina aussi l'emplacement.

4.1.3. Forme ovoïde


Exemple : Virus de la variole (famille des Poxviridae, du genre Orthopoxvirus)

Enfant atteint de variole

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4.1.4. Forme particulière

Bactériophage T

Les bactériophages (bactéries, -phagos =manger) sont des virus très spécifiques qui
parasitent et tuent des bactéries.
De nombreux types de phages (virus qui s’attaquent à des bactéries) sont actuellement
connus. Les études fondamentales qui ont été faites sur les parasites du colibacille appelés
Coliphages montrent qu’il existe plusieurs types de phages T1, T2, T3, T4, T5, T6 et T7. Les
bactériophages sont utilisés pour lutter contre certaines maladies bactériennes de plantes.

Tous les phages de la série T possèdent un ADN linéaire bicaténaire et possèdent une
structure avec «tête et queue».

avec «tête et queue».


Exemples de formes de virus

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5. Composition chimique et complexité structurale
Les virus ne possèdent qu’un seul type d’acide nucléique ADN ou ARN. Chez les virus les
plus simples, l’acide nucléique est associé à des protéines. L’acide nucléique constitue le
génome viral qui est différent d’une espèce de virus à une autre. Les protéines constituent
une enveloppe ou capside qui entoure l’acide nucléique pendant sa phase active sauf
pendant la période de réplication. L’ensemble (ADN ou ARN et capside) forme la
nucléocapside.
L’acide nucléique
Les virus à ADN les plus nombreux renferment un ADN à double hélice . Les plus réduits
d’entre eux sont les virus du polyome qui provoquent des tumeurs chez les Vertébrés.
Chez les Virus à ADN qui possèdent un ADN à simple fibre, les plus petits sont les
Bactériophages qui ont un ADN circulaire.
L’ADN circulaire du phage  (bactériophage qui infecte Escherichia coli) comprend 2 fibres
dont les extrémités s’assemblent grâce à l’appariement des bases complémentaires.
Chez les Virus à ARN, l’acide nucléique est généralement composé d’une fibre simple. Dans
de rares cas (certains virus de végétaux comme celui de nanisme du riz) l’ARN possède 2
fibres.
Les protéines
Les virus les plus simples possèdent un seul type de protéines composés de sous unités
identiques entre elles (Virus de la Mosaïque du Tabac). Cependant, de nombreux virus sont
constitués de plusieurs protéines.

Les différentes parties des virus

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6. Propriétés des virus
- Les virus sont détruits par la chaleur : ils sont thermolabiles
- Ils sont précipitables
- Ils sont résistants au froid et à la dessiccation
- Ils sont infiltrables (passent à travers les filtres de porcelaine)

L’enveloppe des virus possède plusieurs propriétés importantes :


- une activité enzymatique liée à la présence de neuraminidase (enzyme lytique) qui
sépare l’acide sialique des muco protéines ;
- l’enveloppe des virus peut provoquer l’hémaglutination et l’hémolyse de l’hôte infecté.

7. Les interactions virus / cellule


Du fait de leur parasitisme obligatoire, les virus ne peuvent se multiplier qu'au sein des
cellules vivantes. Cependant, l'infection d'une cellule par un virus ne conduit pas
obligatoirement à la multiplication de ce dernier. Il existe trois types d'interactions virus-
cellule:
 l'interaction productive : Ce mode d'interaction permet une production effective de
nouveaux virus. Deux cas sont possibles :
 Lorsque cette production entraîne la lyse de la cellule, c'est à dire la
mort de la cellule, nous parlons de cycle lytique.
 Si, au contraire, il y a multiplication sans mort de la cellule, le cycle est
dit végétatif.
On parle de cycle végétatif ou d'interaction persistante lors qu’il y a production de virus sans
entrainer la mort de la cellule. Il existe deux types d'interactions persistantes. Soit, toutes les
cellules d'un même tissu sont infectées par un virus et produisent le virus en grande quantité
sans subir de dommage, nous sommes alors en présence d'une infection chronique. Soit
une faible partie des cellules est infectée et produit le virus, nous sommes alors en présence
d'un état de porteur sain.
 l'interaction intégrative : Il y a interaction intégrative lors que le matériel génétique du
virus s'intègre à celui de la cellule hôte. Dans ce cas, l’acide nucléique du virus est
transmis à toute la descendance de la cellule.
 l'interaction abortive: Dans certains cas, l'infection de la cellule par un virus n'aboutit
pas à la production de nouveaux virus, le cycle est abortif. Ce phénomène se produit
lorsque la cellule ne permet pas le développement complet du cycle de multiplication.
La cellule est dite non permissive. Ce type d'interaction a lieu quand le virus infecte
un hôte non naturel.

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8- Reproduction des virus et cycles viraux
Les virus ne peuvent se multiplier qu’au sein de cellules vivantes, par réplication de leur
acide nucléique. C’est l’interaction du génome viral et de la cellule hôte qui aboutit à la
production de nouvelles particules virales. Le cycle viral peut se résumer en 7 étapes.
Toutefois, après pénétration du virus dans la cellule, ces étapes peuvent différer selon la
nature du virus en question et notamment selon qu’il s’agit d’un virus à ADN ou d’un virus à
ARN.
Les cycles peuvent être résumés en 7 étapes successives :
Adsorption du virus au contact de la membrane de la cellule à infecter grâce à des
récepteurs spécifiques
Pénétration dans la cellule
Décapsidation (libération de l'acide nucléique)
Réplication du génome viral
Synthèse de protéines virales
Assemblage et encapsidation des particules virales produites
Libération des virions hors de la cellule-hôte
Ces sept étapes forment trois périodes appelées étapes précoces, étapes de synthèse des
macromolécules et étapes tardives.

Les étapes précoces


- L'attachement ou adsorption,
C’est la première étape précoce. Elle consiste en une interaction entre la surface du virus et
celle de la cellule hôte. Les virus disposent à leur surface des glycoprotéines spécifiques
permettant de se fixer sur les récepteurs de la cellule. Dans un organisme, seuls certains
types de cellules disposent des récepteurs spécifiques d'un virus donné. Ainsi, les poliovirus
n'infectent que les cellules du système nerveux central, l'influenzavirus est spécifique des
cellules de l'épithélium respiratoire et le virus du sida n'infecte que les lymphocytes T et les
macrophages.
- L'étape de pénétration
Elle suit l'étape d'adsorption et correspond à l'entée du virus dans le cytoplasme de la
cellule. Les modalités d’entrée varient d’un virus à l’autre. Les virus non enveloppés
pénètrent généralement dans la cellule par pinocytose: le virus se fixe sur la membrane
cellulaire et pénètre dans la cellule en formant un sac membranaire.

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Modalités d’entrée des virus nus

Modalités d’entrée des virus enveloppés

- La décapsidation
C’est la dernière des étapes précoces. Pour pouvoir libérer le génome viral dans la cellule, il
est nécessaire que la capside soit altérée. Dans la majorité des cas, la décapsidation a lieu
dans le cytoplasme de la cellule car la capside est trop grosse pour passer par les pores
nucléaires et entrer dans le noyau.

Les étapes de synthèse des macromolécules


Ces étapes mettent en œuvre les mécanismes nécessaires à la fabrication de nouveaux
virus: réplication du génome viral et synthèse des molécules protéiques constituant la
capside.
-Réplication du génome viral
La copie du génome se fait à partir du génome viral originel en utilisant les nucléotides du
génome de la cellule infectée.

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-Synthèse des protéines.
Dans le cas d'un virus à ARN de polarité positive, l'ARN se comporte comme un ARN
messager et peut donc être lu directement par le ribosome.
Dans les autres cas, le processus se déroule en plusieurs étapes. La première étape
consiste à fabriquer l'ARN messager. Ce dernier est une copie du génome viral. La
transcription (copie du génome viral), se déroule dans le noyau de la cellule. Elle s'effectue
en présence d'un enzyme spécifique appelé ARN polymérase et des nucléotides
nécessaires à la synthèse de l'ARN.
L'ARN messager est envoyé dans le cytoplasme de la cellule où les ribosomes vont lire les
informations qu'il contient et les transcrire en synthétisant les protéines correspondantes.

Les étapes tardives


Une fois les nouveaux composants viraux synthétisés, la troisième période du cycle productif
commence. Elle consiste en l'assemblage des composants viraux aboutissant à la
constitution de nouveaux virus.
-Assemblage des constituants viraux
 Dans le cas des virus non enveloppés, la capside se forme soit au sein du
cytoplasme cellulaire soit directement dans le noyau. Au cours de l'assemblage des
capsomères, la molécule d'acide nucléique du futur virus est enveloppée dans la capside.
 Dans le cas des virus enveloppés, il existe d'autres étapes que l'assemblage acide
nucléique/ capside. En effet, ces virus n'acquièrent leur caractère infectieux qu'une fois qu'ils
ont constitué l'enveloppe portant les glycoprotéines nécessaires à la fixation sur les
récepteurs cellulaires. La plupart des virus enveloppés acquièrent leur enveloppe à partir de
la membrane plasmique de la cellule hôte. Les glycoprotéines, formées lors des phases de
synthèses macromoléculaires, s'insèrent dans la membrane plasmique en déplaçant les
protéines membranaires de la cellule hôte.
Modalités de sortie des virus enveloppés

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-Libération des virions
Les virus sont libérés dans le milieu extérieur souvent par lyse cellulaire c'est-à-dire par la
mort de la cellule hôte.

Localisation de certaines étapes dans la cellule eucaryote

8.1. Exemple de reproduction: cas du bactériophage (Interaction phage- Bactérie)


Exemple de bactérie infecté par les bactériophages : Escherichia coli, également appelée
colibacille, est une bactérie intestinale très commune chez l'être humain. Elle compose
environ 80 % de notre flore intestinale aérobie. C'est un coliforme fécal généralement
commensal. Cependant, certaines souches d’E. coli peuvent être pathogènes, entraînant alors
des gastro-entérites…

Trois cas se présentent dans les rapports phages et bactéries.


- Un phage virulent attaque une bactérie sensible. Il s’ensuit la production de
nouveaux phages susceptibles de parasiter d’autres cellules après la lyse et la
désorganisation de la bactérie : c’est l’infection lytique.

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- Des phages tempérés et des bactéries lysogènes coexistent. Les phages existent à
l’état latent et peuvent devenir virulents dans diverses circonstances (choc inducteur).
L’acide nucléique viral est intégré dans celui de la cellule hôte : c’est l’infection
lysogène.
- Enfin, si l’hôte est une bactérie résistante, le phage reste inactif et ne peut se
multiplier. La colonie bactérienne est immunisée contre ses effets.

Réplication des bactériophages


La réplication des bactériophages comporte :

La phase d’adsorption
Le phage se fixe sur la bactérie par l’extrémité de sa queue sur des récepteurs spécifiques,
situés dans la membrane bactérienne. Les couches superficielles de la membrane
renferment une lipoprotéine qui retient les phages T2 et T6 et un lipopolysaccharide capable
de fixer les phages T3, T4 et T7. Au début, l’adsorption des phages sur les bactéries est
réversible mais devient rapidement irréversible dès l’altération de l’enveloppe bactérienne
par le lysozyme.

L’injection de l’ADN
L’ADN enfermé dans la tête du virus est injecté dans le cytoplasme bactérien à travers la
queue du phage. À partir de ce moment deux voies sont possibles :

- L’infection lysogène
L’ADN du virus est incorporé dans le chromosome de la Bactérie. C’est à ce moment que le
virus est à proprement parlé appelé phage. Les phages capables d’exister sous cette forme
sont appelés phages tempérés (interaction intégrative). Les phages tempérés ne détruisent
pas les cellules hôtes tant que le matériel chromatique du virus n’est pas libéré du
chromosome de l’hôte.
– L’infection lytique
L’élaboration des phages ou infection lytique commence par une phase végétative encore
appelée phase d’éclipse ou de latence pendant laquelle le bactériophage semble avoir
disparu. Dès le début, le fonctionnement de la cellule bactérienne se trouve modifié.
Dans les 2 ou 3 minutes qui suivent l’attaque par un phage T2, l’appareil nucléaire de la
bactérie est désorganisé en plusieurs amas chromatiques se dispersant vers la périphérie de
la cellule. La plus grande partie de l’ADN bactérien est scindée en substances de faible
poids moléculaire qui serviront à reconstituer des polynucléotides phagiques. C’est une

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désoxyribonucléase synthétisée rapidement sous l’influence de l’ADN viral qui dégrade
l’ADN bactérien.
Pendant les 10 premières minutes qui suivent l’infection, se constitue une réserve de
précurseurs d’ADN phagique.
La synthèse des protéines virales s’effectue à partir des acides aminés que la bactérie
continue à prélever du milieu extérieur.
Au terme du processus, on assiste à une dégradation de la membrane bactérienne . La
bactérie se désorganise et éclate, libérant de nouveaux phages.

La reproduction du Virus est donc déclenchée par son seul acide nucléique. Celui-ci se
duplique dans la bactérie, en utilisant à son profit les mécanismes de synthèse de l’hôte. Il
provoque l’élaboration de protéines virales à partir de l’information qu’il apporte mais en
faisant fonctionner les appareils métaboliques bactériens. La coordination qui s’établit donne
l’exemple d’un parasitisme profondément intégré, poussé à l’échelle moléculaire.

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NB : Il existerait des agents infectieux encore plus petits que les virus appelés viroïdes et capables de
se répliquer de façon autonome grâce à leur équipement en acides nucléiques fait d’ARN.

Cas des adénovirus


Les adénovirus sont des virus à ADN qui s’attaquent à des cellules eucaryotes
-L’adsorption se fait sur un site de reconnaissance membranaire.
-La pénétration se fait par pinocytose. La particule virale arrive dans le cytoplasme où a lieu
la décapsidation puis il y a migration de l’ADN du virus vers le noyau.
-Dans le noyau, ont lieu des synthèses précoces c’est à dire des transcriptions et traductions
pour des enzymes de réplication et des synthèses tardives c’est à dire synthèses d’ARNm.
-Les protéines de la capside sont synthétisées dans le cytoplasme.
- il y a ensuite maturation des particules virales.
- En fin, on a une lyse cellulaire et une libération des nouveaux virus.

Cas des rétrovirus (exemple du VIH)


Ce sont des virus à ARN qui s’attaquent à des cellules eucaryotes.
- Il y a plusieurs adsorptions suivies de pénétration par pinocytose.
- Décapsidation de l’ARN et synthèse d’ADN dans le cytoplasme grâce à la transcriptase-
inverse (présente dans le rétrovirus). La transcriptase-inverse est une enzyme qui permet la
synthèse d’ADN à partir d’ARN.

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On a alors une synthèse d’ADN double brin.

Dans le noyau, une enzyme intégrase, va intégrer le génome viral au génome cellulaire. La
différence avec le phage est qu’il y a toujours intégration du génome viral au génome
cellulaire. Il y a réplication et transcription d’ADN viral pour fabriquer de l’ARNm et l’ARN de
support génétique.
Dans le cytoplasme, il y a synthèse d’intégrases, de transcriptases-inverses…
La libération des nouveaux virus se fait par bourgeonnement. Quand il n’y a pas d’activité
virale, on dit que le virus est éteint.

8. CLASSIFICATION DES VIRUS


La taxonomie est la science qui permet de classer rationnellement les organismes vivants
en groupes d'affinité ou taxons. Pour les virus, l'arbre de description est:
Ordre: suffixe en virales; Famille: suffixe en viridae; Sous-famille: suffixe en virinae;
Genre: suffixe en virus
Les virus sont classés en fonction de différents critères, comme leur géométrie, la présence
ou non d'enveloppe, l'identité de leurs hôtes potentiels, leur mode de transmission et par le
type de maladies qu’ils génèrent.
Les virus ont d'abord été classés :

Selon leur mode de transmission


 -virus transmis par les voies respiratoires,
 -virus transmis par le tractus digestif (les virus entériques),
 -virus transmis par les arthropodes : les arbovirus (contraction de arthropod borne
virus).

Classification selon l'organisme parasité

 Virus de procaryotes
Il existe deux catégories de virus de procaryotes selon le type d’hôte qu’ils parasitent. La
première catégorie regroupe ceux qui infectent les bactéries et sont appelés bactériophages.
La deuxième catégorie regroupe ceux qui infectent les acariens.

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 Virus des végétaux
Les virus des plantes sont appelés phytovirus. La majorité a un génome composé d’ARN.
Les virus de végétaux peuvent être disséminés par le vent ou par des vecteurs comme les
insectes et les nématodes, parfois par les graines et le pollen. Les virus peuvent aussi
contaminer la plante par l’intermédiaire d’une blessure ou d’une greffe.

 Virus d’insectes
Les virus d’insectes sont appelés baculovirus. Ils infectent principalement les lépidoptères.
La larve de l’insecte s’infecte en ingérant de la nourriture. À partir du tube digestif, l’infection
peut se transmettre aux autres tissus.
L'utilisation de virus pathogènes d'invertébrés dans la lutte contre les insectes ravageurs des
cultures et des forêts pourrait être l'un des moyens pour limiter ou remplacer les insecticides
chimiques.
Par ailleurs, certains virus de végétaux sont transmis par des invertébrés mais ne se
multiplient pas chez ces vecteurs.

 Virus de champignons
Les champignons filamenteux comme Penicillium ou le champignon de Paris Agaricus
bisporus peuvent également être infectés par des virus. Ce qui peut entraîner des problèmes
lors de la production.

Virus chez les animaux


Les virus ont d’abord été soupçonnés chez les animaux. Dès 1881, Pasteur a montré que
l’agent infectieux responsable de la rage est invisible au microscope et qu’il est impossible
de l’isoler sur des milieux de culture artificiels.
Certains virus affectent plusieurs hôtes animaux (la rage infecte l’homme, le renard, chien,
chat…)
Plusieurs pandémies d’origine virale connues, touchent d’abord les animaux et peuvent
ensuite affecter l’homme: la maladie des vaches folles, la grippe aviaire, la grippe porcine…
Les virus chez l’homme
Le rhume, la grippe, la varicelle, la rougeole sont des exemples de maladies humaines
virales relativement courantes. Des maladies plus sévères comme la variole, la grippe
aviaire et le SIDA sont aussi causées par des virus. Le virus Ebola est également un virus
qui provoque des fièvres hémorragiques très souvent mortelles.
La capacité d’un virus à entraîner une maladie est décrite en termes de virulence.

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Classification des virus selon leur morphologie et leur génome
Basée sur l'ensemble des données biochimiques et morphologiques, la classification
proposée en 1962 par Lwoff, a été adoptée par la plupart des scientifiques.
Dans l'ordre décroissant des critères, on a successivement :

3 - LA SYMETRIE
1 - LE GENOME 2 - L'ENVELOPPE
DE LA CAPSIDE
1° - la nature du matériel - symétrie hélicoïdale
génétique (H)
- virus nus (N)
- ADN
- ARN
2° - la structure de
l'acide nucléique - symétrie icosaédrale
- monocaténaire (I)
- bicaténaire
3° - la forme de l'acide
nucléique
- virus enveloppés (E)
- linéaire - symétrie inconnue
- circulaire (?)
- non segmenté
- segmenté

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Virus à symétrie hélicoïdale

Virus à symétrie icosaédrique

A partir de cette classification, nous pouvons distinguer plusieurs groupes de virus.

Virus à ADN
Groupe I - Virus à ADN à double hélice (bicaténaire)
 Capside icosaédrique à symétrie cubique:
Virus nus. Exemple, les virus de la famille des Papovaviridae à laquelle appartient le
Polyomavirus;
Virus enveloppés - Exemple, les virus de la famille des Hepadnaviridae à laquelle appartient
le virus de l'hépatite B;

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 Capside à symétrie complexe:
Virus enveloppés- ce sont, par exemple, les virus de la famille des Poxviridae à laquelle
appartient le virus de la variole.

Groupe II - Virus à ADN à simple hélice (monocaténaire)


 Capside icosaédrique à symétrie cubique:
Virus nus - ce sont, par exemple, les virus de la famille des Parvoviridae à laquelle appartient
le parvovirus canin.

Virus à ARN
Groupe III - Virus à ARN à double hélice (bicaténaire)

 Capside icosaédrique à symétrie cubique:


Virus nus - ce sont les virus de la famille des Reoviridae à laquelle appartient le virus de
l'épizootie hémorragique
Virus enveloppés- ce sont les virus de la famille des Cystoviridae à laquelle appartiennent
les Cystovirus.

Groupe IV - Virus à ARN à simple hélice (monocaténaire) de polarité positive


 Capside icosaédrique à symétrie cubique
Virus nus – Exemple: les virus de la famille des Picornaviridae à laquelle appartiennent le
virus de l'hépatite A.
Virus enveloppés – Exemple: les virus de la famille des Togaviridae à laquelle appartiennent
le virus du chikungunya et de la rubéole et des Flaviviridae à laquelle appartiennent les virus
de la fièvre jaune et de l'hépatite C

 Capside tubulaire à symétrie hélicoïdale


Virus nus - ce sont les virus de la famille des Potyviridae. Les virus de cette famille infectent
des plantes.
Virus enveloppés- ce sont les virus de la famille des Coronaviridae à laquelle appartient le
coronavirus.

Groupe V - Virus à ARN à simple hélice (monocaténaire) de polarité négative


 Capside icosaédrique à symétrie hélicoïdale
Virus enveloppés- ce sont les virus de la famille des Filoviridae à laquelle appartient le virus
Ebola, des Rhabdoviridae à laquelle appartient le virus de la rage, des Paramyxoviridae à

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laquelle appartiennent les virus des oreillons et de la rougeole et des Orthomyxoviridae à
laquelle appartient le virus de la grippe -

Prévention et traitement
Les virus utilisent la machinerie cellulaire de l’hôte pour se reproduire à l’intérieur même de
la cellule, il est donc difficile de les éliminer sans tuer la cellule hôte. Des médicaments
antiviraux permettent cependant de perturber la réplication du virus.
Une autre approche est la vaccination qui permet de résister à l’infection.
Les antibiotiques sont cependant sans effet sur les virus.

Lutte contre les virus chez les plantes


Parmi les moyens spécifiques aux maladies virales figure la prémunition. Cette méthode
consiste à inoculer une souche virale produisant des symptômes atténués, afin de protéger
les plantes contre une infection ultérieure par des souches sévères du même virus.

Les antirétroviraux
Les antirétroviraux (ARV) sont une classe de médicaments utilisés pour le traitement des
infections liées aux rétrovirus.
Les molécules antirétrovirales sont dirigées contre :
- les enzymes ou d’autres molécules spécifiques du virus, comme la transcriptase
inverse (inhibiteurs de la transcriptase inverse),
- les protéases (inhibiteurs des protéases) procédant à la création des nouveaux
virions,
- ou pour les médicaments les plus récents, les mécanismes de fusion virale avec la
cellule saine (Inhibiteurs de fusion) ou ceux réalisant la liaison préalable avec cette
dernière (Inhibiteurs d'entrée).

Utilisation des virus comme matériel de recherche


Les virus présentent en général un matériel génétique simplifié et aident à la compréhension
des mécanismes moléculaires de la génétique comme la réplication de l’ADN, la
transcription, les modifications post-transcriptionnelles de l’ARN, la traduction, le transport
des protéines et l’immunologie.
Les virus peuvent de plus être utilisés comme vecteurs pour introduire un gène dans une
cellule. Ainsi certains virus sont utilisés en thérapie génique comme vecteur, pour soigner
diverses maladies. D’autres virus sont capables de détruire spécifiquement des cellules
cancéreuses.

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