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UNIVERSITE DE YAOUNDE I

FMSB
M1

LES DIARRHEES AIGUES

Pr Kowo Mathurin
FMSB
I. DÉFINITIONS
II. ÉPIDÉMIOLOGIE
III PHYSIOPATHOLOGIE
IV. DEMARCHE DIAGNOSTIQUE
V. TRAITEMENT
CONCLUSION
OBJECTIFS:
1. Définir la diarrhée aigue
2. Connaître la physiopathologie de la diarrhée aigue
3. Diagnostiquer une diarrhée aiguë chez l’adulte.
4. Argumenter les principales hypothèses diagnostiques
et justifier les examens complémentaires pertinents
devant une diarrhée aiguë chez l’adulte.
I. DÉFINITIONS
La diarrhée est définie par l’émission de selles trop

fréquentes, trop abondantes, de consistance anormale

(liquides ou très molles), et de poids supérieur à 300

g/j.

En pratique clinique, on parle de diarrhée, selon

l’OMS, lorsqu’il y a au moins trois selles très molles à

liquides par jour.


I. DÉFINITIONS

 Une diarrhée est dite aiguë lorsqu’elle évolue depuis

moins de 2 semaines.

 Le plus souvent, la diarrhée aiguë est de début

soudain et précédée d’un transit normal.

Elle est alors le plus souvent de nature

infectieuse, dure généralement moins d’une

semaine et ne récidive pas à court terme.


I. DÉFINITIONS

 Le syndrome dysentérique:

 est défini par des évacuations glaireuses et sanglantes

pouvant être dissociées des matières fécales (évacuations

afécales).

 Association habituelle d’épreintes et de ténesme.

 Lorsqu’il comporte des évacuations afécales, le syndrome

dysentérique témoigne d’une lésion organique colique distale.

 Dans les autres cas, il témoigne d’une iléite ou d’une colite

sous-jacente.
II. ÉPIDÉMIOLOGIE

Dans les pays en développement, la fréquence est élevée, la cause

est le plus souvent d’origine infectieuse.

 Dans les pays développés, on recense environ un épisode digestif

aigu (vomissements et/ou diarrhée) par an et par habitant.

 La plupart sont brèves et durent moins de 24 heures.

 Elles sont de cause alimentaire , correspondent plus souvent:

 à des intoxications brèves par des toxines bactériennes

 ou des incidents digestifs divers (indigestions, vraies et

fausses allergies, etc.).


III. MECANISME PHYSIOPAYHOLOGIQUE DES DIARRHEES AIGUES

 Il existe deux mécanismes physiopathologiques correspondant à deux


tableaux cliniques distincts :

On distingue :
 Des diarrhées aiguës par lésion de la muqueuse iléo-
colique par invasion et/ou par production d’une cytotoxine.
 sont liées:
 à la pénétration des microorganismes dans les
cellules de l’épithélium intestinal superficiel ou
profond
 ou à la production d’une cytotoxine.
III. MECANISME PHYSIOPATHOLOGIQUE DES DIARRHEES AIGUES

 Les germes responsables dits « entéro-invasifs » colonisent


électivement l’iléon distal et le colon.
 Cette invasion est responsable d’un syndrome
dysentérique qui associe : selles glaireuses, faux besoins,
épreintes (contractions douloureuses du colon terminal),
ténesme (contractions douloureuses du sphincter anal
précédant ou suivant chaque évacuation anormale)
 Les diarrhées aiguës par production d’une entéro toxine ou

adhésion entérocytaire.

 Elles sont liées à la production d’une entéro toxine qui stimule

l’adényl cyclase membranaire et provoque une sécrétion d’eau et

d’électrolytes principalement au niveau de l’épithélium de l’intestin

grêle sans entraîner de lésions muqueuses.

 La diarrhée est de type hydro électrolytique associant de selles

liquides et abondantes.

 L’évolution spontanée est le plus souvent favorable, mais des

complications à type de déshydratation peuvent survenir.


IV. DEMARCHE DIAGNOSTIQUE

A/ INTERROGATOIRE:

Est le temps principal de l’examen.

 doit préciser:

1/ le mode de début de la diarrhée : le début soudain de la

diarrhée sur fond de transit normal élimine les exacerbations de

diarrhées chroniques fluctuantes, souvent de nature fonctionnelle

2/ le contexte épidémique et en particulier l’existence d’autres

cas dans l’entourage

3/ les éventuels comportements alimentaires à risque


4/ la notion de voyage récent

5/ toutes les prises médicamenteuses au

moment de l’examen et dans les 2 mois précédents

(ATB +++). Une diarrhée survenant pendant un

traitement antibiotique et dans les 2 mois après son

arrêt est par définition une « diarrhée des

antibiotiques », de prise en charge diagnostique et

thérapeutique spécifique),
6/les caractéristiques des selles

 caractère abondant cholériforme

 la présence ou non d’un syndrome dysentérique ;

7/ les terrains à risque

 les situations d’immunodépression avérée (VIH

avec moins de 200 lymphocytes CD4/mm3

 chimiothérapie anti-cancéreuse

 déficit immunitaire congénital

les valvulopathies à risque d’endocardite


8/ les signes associés :
Digestifs (douleurs abdominales,
vomissement )
Extra-digestifs
 fièvre
 signes articulaires (arthralgie,
arthrite…).
signes cutanés (urticaires…).
Signes occulaires (uvéite….).
B/L’EXAMEN PHYSIQUE cherche:

1/des signes de gravité de la diarrhée:


 syndrome septicémique (fièvre supérieure à 39 °C ou
hypothermie, frissons) avec au maximum un tableau de
choc septique
2/Signes de DSH extracellulaire :
soif, oligurie
 hypoTA d’abord orthostatique (pincement de la tension)
et tachycardie, veines jugulaires plates en position semi-
assise
pli cutané
 cernes périorbitaires,
 hypotonie des globes oculaires.
 parfois des troubles de la vigilance.
Au maximum est réalisé un tableau de choc
hypovolémique
avec PAS < 90 mmHg
 tachycardie > 120/min avec pouls filant
 oligurie
 marbrures cutanées, temps de recoloration cutanée > 3
secondes
 extrémités froides et pâles.

 pesée du malade permet de mesurer la perte de

poids soudaine du patient et de l’exprimer en


pourcentage du poids habituel.
3/ L’examen physique de l’abdomen
est le plus souvent normal
ou met en évidence une sensibilité diffuse à la
palpation abdominale.
Rarement, il peut mettre en évidence :
 une sensibilité élective
 voire une défense de la fosse iliaque droite
(inflammation iléo-colique droite)
un météorisme abdominal.

4/des signes extra-digestifs (articulaires,


oculaires et cutanées..)
1. Examens complémentaires:

La prescription d’examens complémentaires


d’emblée ne se justifie que dans les situations
suivantes :
1/ diarrhée hémorragique et/ou syndrome
dysentérique témoignant d’une atteinte
organique iléale et/ou colique (diarrhée
hémorragique) ou colique au moins en partie
distale (syndrome dysentérique).
Les agents infectieux potentiellement en cause sont
essentiellement :
bactériens (Salmonella, Shigella,
Campylobacter, Yersinia, E. Coli entéro-
invasif) ou bactéries produisant des toxines
(E. Coli entéro-hémorragiques (dont E. Coli
O157 : H7)))
parasitaires (amibiase )
 virales (rectite herpétique vénérienne,
colite à CMV exceptionnelle chez
l’immunocompétent)
2/ terrains très vulnérables chez lesquels l’évolution d’une

infection bactérienne non traitée pourrait menacer le

pronostic vital :
grand vieillard avec comorbidités majeures
Sujet porteur de tares (valvulopathie).

3/syndrome septicémique (fièvre > 39 °C avec frissons ou

hypothermie,

voire choc septique) d’origine bactérienne ;

4/ déshydratation majeure.
Les examens complémentaires comportent :
 dans tous les cas :
 NFS
 CRP
 coproculture (avec ensemencement de milieux
sélectifs pour Salmonella, Shigella,
Campylobacter, Yersinia, et, en cas de diarrhée
hémorragique, pour E. Coli O157 : H7)
 un examen parasitologique des selles
en cas de diarrhée hémorragique et/ou de
syndrome dysentérique
 recto-sigmoïdoscopie voire une coloscopie
en cas de déshydratation :

un ionogramme sanguin (natrémie, kaliémie, réserve

alcaline)

 une protidémie à la recherche d’une

hémoconcentration

une évaluation de la fonction rénale (urémie,

créatininémie) et un ionogramme urinaire (pour

confirmer le caractère fonctionnel d’une éventuelle

insuffisance rénale)
LES ETIOLOGIES
 Diarrhées hydro électrolytiques sont:
 virales (le plus souvent): Rotavirus, Adénovirus,
 secondaire à une intoxication alimentaire (staphylocoque dore,
salmonelle)
 bactériennes : E Coli entéro-toxinogène, vibrio cholerae.
Parasitaires: cryptospridium, Isospora belli, Giardia
 dues a un stress.
Diarrhées glairo-sanglantes sont :
 bactériennes : shigella, yersinia, salmonella, campylobacter,
ECEI, ECEH...
 post médicamenteuses : ATB(clostridium difficille)
Parasitaires: Entamoeba histolytica
 ischémique.
VI. TRAITEMENT
1. Mesures communes à tous les terrains
 conseils d’hygiène universelle (malade et son
entourage )
 hygiène des mains
 désinfection des toilettes
 traitement symptomatique
 compenser les pertes en eau et en sodium.
 En absence de DSH sévère et vomissements
incoercibles, la restauration hydro sodée doit
être tentée per os, par des boissons abondantes
(eau plate, boissons gazeuses) associées à une
alimentation salée
 En cas de DSH, réhydratation parentérale.
Les ralentisseurs du transit (surtout lopéramide
et oxyde de lopéramide)
le racécadotril (anti-sécrétoire)
 ou certains produits inertes supposés renforcer
la barrière muqueuse intestinale (diosmectite),
sont efficaces pour réduire la durée
de la diarrhée.
NB:Les ralentisseurs du transit sont contre-indiqués en
cas d’iléocolite avérée ou suspectée (diarrhée
hémorragique ou avec fièvre élevée) car ils sont
susceptibles d’aggraver les lésions intestinales
Le traitement des symptômes associés fait appel
 aux anti-pyrétiques en cas de fièvre
aux anti-spasmodiques (phloroglucinol) ou aux
antalgiques en cas de douleurs spasmodiques
aux anti-émétisants (dompéridone,
métoclopramide) en cas de nausées et/ou
vomissements
2. Traitement étiologique
Le traitement comporte, après les prélèvements
microbiologiques et ceux évaluant les pertes
hydro-électrolytiques :
 un traitement ATB probabiliste couvrant :
 les bactéries pathogènes :
ciprofloxacine
 l’amibiase (dérivé nitro-imidazole)
 Antibiothérapie secondairement
adaptée à l’antibiogramme.
Traitement anti-parasitaire
VII. CONCLUSION
Une diarrhée aiguë se définit par l’évacuation
de plus de 2 selles molles à liquides, de
survenue aiguë ou brutale, évoluant depuis
moins de 2 semaines.
 sont pour la plupart bénigne, régressant sous
traitement symptomatique en moins de 3 jours,
sans qu’il soit nécessaire de recourir à des
examens complémentaires ou à une ATB à
visée étiologique.
Dans des cas particuliers (syndrome
septicémique, déshydratation sévère, diarrhée
hémorragique, terrain très vulnérable
(valvulopathie)), il est nécessaire de prescrire en
urgence des examens biologiques et un traitement
antibiotique probabiliste.
 Le traitement d’une diarrhée aiguë comporte
toujours: des recommandations d’hygiène,
d’hydratation et d’alimentation; un traitement
symptomatique de la diarrhée (réhydratation+++)
et des signes digestifs et généraux associés.

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