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INSTITUT LA CONFÉRENCE H I P P O C R AT E
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La Collection Hippocrate
Épreuves Classantes Nationales
HEPATO-GASTRO-
ENTEROLOGIE
MALADIES INFECTIEUSES
Diarrhée aiguë chez l’enfant
et l’adulte (avec le traitement)
111-302
Dr Laure LAMARE
Interne des Hôpitaux de Paris
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● La diarrhée aiguë peut se définir comme une modification brutale de la fréquence et/ou de la
consistance des selles, évoluant depuis moins de 3 semaines.
A/ Épidémiologie
● Les diarrhées aiguës infectieuses peuvent relever d’une invasion de la muqueuse intestinale,
de la production de toxines ou d’une adhérence du germe à la bordure en brosse.
● On distingue ainsi deux types de diarrhée infectieuse, auxquels répondent deux tableaux cli-
niques différents (cf. tableau I).
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1. Clinique
● Circonstances de survenue :
– Les données anamnestiques suivantes sont en faveur de l’origine infectieuse de la diarrhée :
contexte épidémique, vie en collectivité, prise récente d’antibiotique, voyage récent (zone
tropicale, Europe de l’Est), homosexualité masculine, immunodépression (sida, chimiothé-
rapie).
– L’interrogatoire recherche la prise de médicaments.
● Les caractères de la diarrhée :
– Fréquence des évacuations, consistance (molle ou liquide), volume, présence de pus et/ou
de sang.
– Existence d’un syndrome dysentérique ou rectal associé.
● Signes associés :
– Vomissements, douleurs abdominales et signes systémiques (fièvre, signes extradigestifs).
● L’examen physique est complet. Il recherche en particulier des signes de gravité : état
d’hydratation, température, état hémodynamique. La palpation de l’abdomen ainsi que les
touchers pelviens sont indispensables ;
● Le regroupement de ces signes permet d’orienter vers le mécanisme invasif ou sécrétoire de
la diarrhée (tableau I).
2. Examens complémentaires
● Les techniques disponibles ne permettent de découvrir qu’une fois sur deux l’origine de la
diarrhée. Elles ne sont le plus souvent pas utilisées du fait de leur coût.
● Une diarrhée aiguë présumée infectieuse,d’intensité modérée, non sanglante et non dysenté-
rique, évoluant depuis moins de 3 jours, ne nécessite aucun examen complémentaire (ni
aucune antibiothérapie).
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■ Candida albicans.
■ Entamæba histolytica.
* Chaque parasite nécessite pour sa mise en évidence une technique qui lui est propre, les
éléments d’orientation (anamnèse) sont essentiels pour le laboratoire.
* En pratique, l’examen parasitologique des selles est surtout utile en cas de suspicion
d’amibiase ou au cours du sida.
b) Endoscopie
– Il s’agit, en première intention, d’une rectoscopie.
– Une iléo-coloscopie sera réalisée en deuxième intention si la rectoscopie est négative.
– Les indications sont :
* Un syndrome dysentérique avec émissions sanglantes.
* Une diarrhée sévère et/ou associée à des manifestations systémiques.
* Une diarrhée persistante au-delà de 15 jours.
* Une suspicion de colite pseudo-membraneuse.
– Elle permet :
* La réalisation de prélèvements bactério-logiques, viraux ou parasitaires (suivant le
contexte).
* D’éliminer une cause non infectieuse de diarrhée : tumeur recto-colique, colite inflam-
matoire (MICI), colite ischémique.
* De rechercher des signes de gravité.
– L’examen anatomopathologique des biopsies permet parfois de distinguer une diarrhée
aiguë infectieuse d’une première poussée de colite inflammatoire (MICI),
– Les fragments biopsiques sont mis en culture et peuvent permettre d’identifier un germe.
c) Sérologies
– Les sérologies bactériennes, virales et parasitaires sont d’un intérêt très limité, car elles ne
permettent qu’un diagnostic tardif et donc généralement rétrospectif.
d) Indications
– Une coproculture et un examen parasito-logique des selles (à répéter si négatif) seront
prescrits en présence d’une fièvre > 39 °C, de rectorragies, d’une déshydratation sévè-
re, d’un terrain particulier ou si l’évolution se poursuit plus de 5 jours.
– En cas d’évolution prolongée des symptômes, une exploration endoscopique (rectoscopie
et/ou iléo-coloscopie) avec biopsies sera réalisée.
D/ Cas particuliers
1. Diarrhées postantibiotiques
● La plupart des diarrhées survenant au cours d’un traitement antibiotique cèdent rapidement
à l’arrêt du traitement.
● Clostridium difficile :
– Ce germe est la principale cause des colites pseudo-membraneuses et la cause de 20 à 30 %
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des colites postantibiotiques sans fausses membranes. Il est aussi à l’origine de colites et de
diarrhées spontanées, souvent nosocomiales.
– C. difficile élabore deux toxines : la toxine B, ou cytotoxine, et la toxine A, ou entérotoxine.
– Le tableau habituel associe une diarrhée liquide de début brutal, une fièvre et des douleurs
abdominales. Des formes graves avec diarrhée sanglante, colectasie, perforation, peuvent
survenir.
– Le délai d’apparition après un traitement antibiotique est en général de quelques jours (par-
fois beaucoup plus long). Tous les antibiotiques (sauf les aminosides) peuvent être en
cause, en particulier les céphalosporines, l’aminopénicilline ou le lincosamide.
– L’endoscopie montre une muqueuse recouverte de fausses membranes typiques et de
plaques jaunâtres saillantes de 2 à 5 mm, recouvrant des ulcérations.
– Le diagnostic est affirmé par la mise en évidence dans les selles de C. difficile et de la cyto-
toxine.
– Le traitement repose sur l’arrêt des antibiotiques, la réanimation hydroélectrolytique et
l’administration orale de métronidazole ou de vancomycine.
● Colite hémorragique à Klebsiella oxytoca :
– Le début est brutal et survient quelques jours après le début de l’antibiothérapie, essentiel-
lement avec les dérivés de la pénicilline.
– Les signes cliniques associent une diarrhée sanglante à des douleurs abdominales intenses.
– Klebsiella oxytoca peut être isolé par la mise en culture des biopsies coliques.
– L’évolution est marquée par la régression de tous les signes cliniques et des lésions en
quelques jours après arrêt de l’antibiotique.
3. Toxi-infection alimentaire
● Le développement de la restauration collective et des techniques modernes d’élevage
(volailles) conduit à une augmentation de la fréquence de cette affection.
● Les bactéries responsables sont :
– Salmonella, Bacillus cereus, Clostridium perfringens et botulinum, Staphylococcus aureus, Vibrio
cholerae et para-hemolyticus.
● Lorsque la toxine est présente dans l’aliment (S. aureus, B. cereus, C. botulinum), la durée d’in-
cubation est brève et les premiers symptômes consistent généralement en des vomissements,
avec peu ou pas de fièvre.
● En cas de suspicion de toxi-infection alimentaire, il faut demander une coproculture et ten-
ter de récupérer l’aliment suspect pour identifier le germe et/ou sa toxine.
● C’est une maladie à déclaration obligatoire.
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2. Diarrhées médicamenteuses
● De nombreux médicaments sont susceptibles d’entraîner une diarrhée : colchicine, antibio-
tiques, antiacides, chimiothérapie, biguanides, Cyclo 3 Fort, quinidines, acides biliaires,
laxatifs…
● Les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les sels d’or peuvent être responsables de colites.
4. Diarrhées toxiques
● La majorité des toxiques, en particulier les savons et les détergents, les acides et les bases, les
organophosphorés, les métaux lourds (arsenic, plomb, mercure…) peuvent entraîner des
symptômes digestifs associant vomissements, douleurs abdominales et diarrhée.
● Le contexte (exposition professionnelle, tentative de suicide) et les signes associés orientent
généralement l’enquête étiologique.
● Certains champignons peuvent également entraîner des diarrhées aiguës.
F/ Traitement d’urgence
● La grande majorité des diarrhées aiguës ne nécessite ni traitement symptomatique (à l’ex-
ception de boissons abondantes), ni traitement étiologique.
2. Médicaments antidiarrhéiques
● Dérivés opiacés (lopéramide) : pour le confort, ils diminuent le volume et la fréquence des
exonérations :
– Déconseillés en cas de diarrhée invasive.
– Contre-indiqués dans les colites sévères.
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Tableau III
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Tableau IV
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POINTS FORTS
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