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Question mise à jour le 11 février 2005

INSTITUT LA CONFÉRENCE H I P P O C R AT E
www.laconferencehippocrate.com

La Collection Hippocrate
Épreuves Classantes Nationales
MALADIES INFECTIEUSES
PÉDIATRIE
Infections urinaires
chez l’enfant : approche
diagnostique et thérapeutique
I-7-93

Dr Robert NOVO
Praticien Hospitalier

L’institut la Conférence Hippocrate, grâce au mécénat des Laboratoires SERVIER, contri-


bue à la formation des jeunes médecins depuis 1982. Les résultats obtenus par nos étudiants
depuis plus de 20 années (15 majors du concours, entre 90 % et 95 % de réussite et plus de 50%
des 100 premiers aux Épreuves Classantes Nationales) témoignent du sérieux et de la valeur de
l’enseignement dispensé par les conférenciers à Paris et en Province, dans chaque spécialité
médicale ou chirurgicale.
La collection Hippocrate, élaborée par l’équipe pédagogique de la Conférence Hippocrate,
constitue le support théorique indispensable à la réussite aux Épreuves Classantes Nationales
pour l’accès au 3ème cycle des études médicales.
L’intégralité de cette collection est maintenant disponible gracieusement sur notre site
laconferencehippocrate.com. Nous espérons que cet accès facilité répondra à l’attente des étu-
diants, mais aussi des internes et des praticiens, désireux de parfaire leur expertise médicale.
A tous, bon travail et bonne chance !
Alain COMBES, Secrétaire de rédaction de la Collection Hippocrate

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disque ou autre, constitue une contrefaçon passible des peines prévues
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1-7-93

Infections urinaires
chez l’enfant :
approche diagnostique
et thérapeutique

Objectifs :
– Diagnostiquer une infection urinaire chez le nourrisson, l’enfant
et l’adulte.
– Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du
patient.

INTRODUCTION
● L’infection urinaire (IU) du nourrisson et de l’enfant reste un problème majeur en pédiatrie.
● Les problèmes posés sont multiples : hétérogénéité des manifestations cliniques, difficulté
de réalisation de l’ECBU, surtout chez le petit enfant rendant, parfois le diagnostic difficile,
risque septicémiques chez le nouveau-né et le nourrisson, risque accru de cicatrices rénales,
surtout en cas d’uropathie sous-jacente, risque de récidive en cas de retard au diagnostic et
au traitement.

ÉPIDÉMIOLOGIE
● Les infections urinaires représentent la deuxième cause d’infection chez l’enfant après les
infections respiratoires.
● Avant l’âge de 1 an, 2,5 % des garçons et 0,5 % des filles ont une infection urinaire.
● Après un an, elle survient chez 0,2 % des garçons et chez 1 à 3,5 % des filles.
● Globalement, avant 11 ans, 1 % des garçons et 3 % des filles ont une infection urinaire.
● L’infection urinaire est par ailleurs un des modes de révélation principaux des uropathies
malformatives dans 30 à 60 % des cas (notamment le reflux vésico-urétéral).

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Infections urinaires chez l’enfant : approche diagnostique et thérapeutique 1-7-93

PHYSIOPATHOLOGIE
● L’infection urinaire (IU) se fait par voie ascendante dans la plupart des cas.
● Les facteurs favorisants sont les suivants : mauvaise hygiène périnéale, urètre féminin court,
phimosis, infection prépuciale, présence d’oxyures, et, pour les adolescentes, les rapports
sexuels.
● Une stase urinaire provoquée par des mictions rares ou incomplètes peut transformer une
contamination bactérienne transitoire en une infection bactérienne vraie.
● Les bactéries responsables d’IU font partie de la flore fécale normale, la colonisation péri-
urétrale apparaissant comme une étape nécessaire à la survenue de l’infection.
● Les souches d’E. coli incriminées ont des caractéristiques spécifiques qui contribuent à leur
pathogénicité : elles ont une affinité élevée pour les cellules uro-épithéliales liée à la présen-
ce de protéines filamenteuses appelées fimbriae, ou pili.

DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE
A/ Diagnostic positif de l’infection urinaire
1. Critères de Kass
● Le diagnostic de certitude repose sur les critères de Kass :
– Leucocyturie ≥ 104 leucocytes/ml.
– Bactériurie ≥ 105 germes /ml pour un seul germe.

2. Recueil des urines


Il doit être réalisé de façon rigoureuse après désinfection de la région péri-urétrale. Il se fera à
l’aide d’une poche chez le petit enfant, laissée en place au maximum 30 minutes, ou au milieu
du jet chez l’enfant plus grand. La ponction sus-pubienne ou le prélèvement par sondage sont
réservés à des cas particuliers. Les urines gardées à 4 °C doivent ensuite être acheminées dans
les quatre heures au laboratoire. La rigueur du prélèvement des urines et la réalisation de l’exa-
men sont essentielles ainsi que l’analyse critique des résultats en fonction du tableau clinique.

3. Bandelettes urinaires
● Ce sont des tests de dépistage fiables et rapides pour le clinicien.
● Elles présentent un intérêt en cas de doute diagnostique, permettant de n’envoyer au labora-
toire que des urines suspectes.

a) Principe
● Il repose sur la mise en évidence sur urines fraîches de l’existence de leucocytes et de nitrites.
● La détection de la leucocyturie se fait par dosage de la leucocyte-estérase. La lecture se fait à
température ambiante après 2 minutes.
● La détection des nitrites est fondée sur la transformation des nitrates en nitrites par les bac-
téries possédant une nitrate-réductase. Ce test est négatif avec le streptocoque D, le pyocya-
nique, le protéus.

b) Résultats
● Ces tests en association présentent une bonne spécificité avec une valeur prédictive négative
de 98 % et une valeur prédictive positive de 30 à 40 %.
● En pratique, en cas de négativité de ces deux tests, le diagnostic d’infection urinaire est
improbable. En cas de positivité, ils permettent d’évoquer fortement une infection urinaire
sous réserve d’une utilisation rigoureuse des bandelettes.

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4. Bactériologie
Escherichia Coli est le germe prédominant, puisqu’il est rencontré dans 70 à 90 % des cas.
Proteus Mirabilis arrive en deuxième position avec 5 à 10 % des cas, puis on trouve de façon plus
rare les germes suivants : klebsielles (4 à 8 %), entérocoque (2 à 4 %), pyocyanique, staphylo-
coque, citrobacter.

5. Sensibilité aux antibiotiques du colibacille


● Dans une enquête réalisée en 1996, 54 % des souches étaient résistantes à l’ampicilline et à
l’amoxicilline, 39 % à l’association amoxicilline + acide clavulanique, 44 % aux céphalospo-
rines de 1re génération, moins de 1 % aux céphalosporines de 3e génération, 24 % à l’asso-
ciation triméthoprime + sulfaméthoxazole, moins de 2 % à la gentamicine et à la
Nétromicine, moins de 1 % aux fluoroquinolones.
● On peut en conclure que l’ amoxicilline et l’association amoxicilline + acide clavulanique ne
peuvent plus être utilisés en 1re intention pour le traitement d’une pyélonéphrite aiguë de
l’enfant.

6. Cas particuliers

a) Leucocyturie sans germes


– Infection urinaire décapitée.
– Tuberculose rénale(rarissime chez l’enfant).
– Infection anaérobie.
– Bilharziose vésicale (séjour en pays d’endémie, hématurie terminale).

b) Bactériurie sans leucocyturie


Bactériurie asymptomatique, surtout chez la petite fille.

c) Bactériurie < 105/ml : synonyme de souillure, sauf si :


– Temps de stagnation vésical trop court (il doit y avoir un temps de 4 heures entre 2 mictions
chez le grand enfant).
– Traitement antibiotique avant prélèvement.
– Antiseptique dans l’urine.
– Polyurie importante.

B/ Diagnostic topographique
● La distinction entre IU hautes fébriles (pyélo-néphrites) et IU basses (cystite) est fondamen-
tale compte tenu des risques aigus et chroniques associés aux infections urinaires hautes.
● Aucun argument formel ne permet de distinguer chez l’enfant les IU hautes des IU basses.
En pratique, on fait reposer la présomption d’atteinte du parenchyme rénal sur des argu-
ments cliniques, biologiques et radiologiques.

1. Clinique
Elle varie en fonction de l’âge de l’enfant, les signes cliniques étant d’autant plus trompeurs
que l’enfant est jeune.

a) Nouveau-né
Elle survient surtout vers la 3e semaine de vie avec 2 tableaux cliniques principaux : syndro-
me septicémique avec altération de l’état général ou forme subaiguë avec stagnation pondéra-
le, mauvaise prise des biberons, diarrhée, vomissements, fièvre modérée et inconstante (50 %),
parfois ictère prolongé (20 %). Dans ce tableau clinique, les hémocultures sont positives dans
30 % des cas.

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b) Nourrisson
Une fièvre élevée inexpliquée et prolongée - souvent le seul signe - est parfois accompagnée de
signes digestifs trompeurs ou d’une infection ORL concomitante entraînant un risque de déca-
pitation de l’infection urinaire si une antibiothérapie est mise en route à l’aveugle.

c) Pyélonéphrite du grand enfant (forme typique)


Fièvre supérieure à 38,5 °C, frissons, douleurs abdominales ou lombaires, palpation d’un gros
rein, empâtement lombaire sont les signes cliniques principaux.

d) Cystite
Elle se voit essentiellement chez la petite fille après 3 ans.
La symptomatologie associe douleurs hypogastriques, pollakiurie, brûlures mictionnelles et
pyurie sans fièvre dépassant 38 °C.

e) Bactériuries asymptomatiques
Ce sont des bactériuries au-dessus de 105/ml sans leucocyturie sur 2 ECBU consécutifs surve-
nant de façon isolée.
Elles concernent surtout les filles d’âge scolaire (5 %). Elles sont volontiers récurrentes et liées
à E. Coli.
L’attitude thérapeutique est de ne pas les traiter mais de lutter contre les facteurs favorisants
éventuels : mauvaise hygiène locale, vulvite, constipation, boissons insuffisantes, immaturité
vésicale.

2. Biologie

a) Formes hautes
Il existe en général un syndrome inflammatoire franc associant hyperleucocytose à polynu-
cléaires neutrophiles, Creactive protéine (CRP) au-dessus de 20 mg/l.
D’autres marqueurs de l’inflammation plus spécifique sont en cours d’étude :
– l’interleukine 6 : est augmentée en cas d’agression bactérienne, mais son informativité n’est
pas supérieure à celle de la CRP ;
– la procalcitonine : c’est un marqueur précoce et sensible des infections bactériennes sévères.
Elle est augmentée significativement lorsque des lésions parenchymateuses rénales sont
présentes. Ce pouvoir de prédiction des lésions rénales devra être confirmé dans d’autres
études.

b) Formes basses
Il n’existe pas de syndrome inflammatoire.

On peut considérer que, compte tenu des difficultés diagnostiques chez le jeune enfant, toute
infection urinaire est a priori d’origine haute et doit être traitée comme telle.

3. Imagerie

a) Échographie rénale
● Sa sensibilité est faible, de 11 à 25 %. Elle montre des signes plus ou moins spécifiques quand
ils existent : néphromégalie, épaississement de la paroi du bassinet, triangle cortical hyper-
échogène.
● L’utilisation des techniques de doppler couleur ou énergie qui analysent les flux intravascu-
laires permet d’augmenter la sensibilité de l’échographie jusqu’à plus de 70 %, mais il s’agit
de techniques nouvelles, nécessitant un opérateur entraîné et une immobilisation stricte de
l’enfant.

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b) Tomodensitométrie avec injection de produit de contraste


Elle est utilisée dans les cas diagnostiques difficiles. En période aiguë, elle peut montrer des
lésions hypodenses correspondant à des foyers de pyélonéphrite aiguë, un abcès rénal ou une
extension périphérique de l’infection.

c) Scintigraphie rénale au DMSA


Utilisée en période aiguë à titre de diagnostic et à distance afin de rechercher des cicatrices.
Elle est plus sensible que l’échographie et moins irradiante que la tomodensitométrie. Elle
montre des images d’hypofixation évocatrices de lésions aiguës. C’est la technique la plus fiable
pour le diagnostic de pyélonéphrite aiguë.

C/ Formes compliquées
1. Complications aiguës
● Il s’agit essentiellement de l’abcès rénal.
● Il est suspecté devant la persistance d’une fièvre, d’une altération de l’état général après plu-
sieurs jours de traitement. Il survient le plus souvent sur une pyélonéphrite sévère ou déca-
pitée par une antibiothérapie inadaptée. Cliniquement, il persiste une douleur lombaire, bio-
logiquement un syndrome inflammatoire.
● À l’échographie, on retrouve des zones hypoéchogènes évoluant vers une zone liquidienne.
Le scanner met en évidence des zones hypodenses prenant peu le contraste après injection.

2. Complications à long terme


● Ce sont les cicatrices corticales, fibroses secondaires au processus inflammatoire. Leur fré-
quence varie de 10 à 50 %. Le nombre et la gravité de ces cicatrices sont corrélés avec le délai
de mise en route du traitement, la présence d’un reflux ou d’une uropathie obstructive (pré-
sent dans 30 à 50 % des cas et facteur aggravant, car il peut être lui-même cause de cicatrices
parenchymateuses) et, pour certains, avec le jeune âge de l’enfant
● L’examen de choix pour les mettre en évidence est la scintigraphie rénale au DMSA, qui
montre un aspect d’hypofixation globale ou hétérogène, ou localisée, donnant un aspect d’en-
coche pariétale.
● L’échographie rénale peut montrer un rein bosselé, avec une encoche corticale et un amin-
cissement du cortex, l’urographie intraveineuse un amincissement du cortex en regard de
petits calices arrondis et déformés
● Les séquelles secondaires à ces cicatrices sont de 3 types :
– atteinte de la fonction tubulaire avec protéinurie et trouble de la concentration des urines ;
– hypertension artérielle dans 30 à 40 % des cas en rapport avec une hypersécrétion de réni-
ne ;
– insuffisance rénale chronique dans 10 % des cas.

TRAITEMENT
DE LA PYÉLONÉPHRITE AIGUË
1. Objectif du traitement
Il est triple :
– éviter les complications aiguës à type de choc septique, surtout chez le nouveau-né et le
nourrisson (ce qui en fait une urgence thérapeutique dans cette classe d’âge) ainsi que la
constitution d’abcès rénaux ;
– éviter les rechutes favorisées par une uropathie sous-jacente ;
– prévenir ou minimiser les lésions cicatricielles au niveau du parenchyme rénal.

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2. Principes
Les IU hautes doivent être traitées par des antibiotiques diffusant bien dans le parenchyme
rénal. Comme il est souvent impossible, chez le nourrisson et le jeune enfant, d’éliminer for-
mellement une infection haute, les mêmes règles doivent être appliquées à la majorité des IU
de l’enfant.
3. Choix du traitement
Il repose essentiellement sur les éléments suivants : l’âge du patient, la sévérité du syndrome
infectieux existant surtout chez les jeunes enfants, la sensibilité aux antibiotiques des germes
les plus fréquemment en cause, la pharmacologie des molécules, en particulier leur concentra-
tion dans le parenchyme rénal et dans les urines.

4. Conduite du traitement d’attaque


● Une hospitalisation initiale est nécessaire pendant au moins 48 heures, surtout pour les nour-
rissons ainsi que pour les enfants présentant un facteur de risque (syndrome infectieux sévè-
re, uropathie connue).
● Le traitement associe habituellement une céphalosporine de 3e génération, la ceftriaxone à
la dose de 50 mg/kg/jour (sans dépasser 1 g/jour) à un aminoside (en général la nétromicine
à la dose de 7 mg/kg/jour) pendant au moins les 48 premières heures.
● Il est établi qu’une bithérapie est plus rapidement bactéricide en cas de bactériémie.
L’aminoside est arrêté si l’enfant est apyrétique depuis 12 heures et si l’ECBU à 48 heures est
stérile.
Avant trois mois, la ceftriaxone IV se poursuit à domicile pour un traitement de 10 jours au
total. Après trois mois, le relais se fait par une monothérapie orale par céfixime ou antibiotique
selon l’antibiogramme du germe.

5. Antibioprophylaxie
Elle doit être mise en route en relais du traitement d’attaque en attendant les résultats de la
cystographie à la recherche d’un reflux vésico-urétéral.
On utilise les antibiotiques suivants à des posologies prophylactiques en une prise le soir afin
d’éviter la multiplication et l’adhérence des bactéries vésicales et rendre ainsi stérile un éven-
tuel reflux vésico-urétéral :
– triméthoprime (TMP) sulfaméthoxazole (Bactrim) : 2-3 mg/kg/jour de TMP ;
– nitrofurantoïne (Furadantine, Furadoïne) 1 mg/kg/jour ;
– céfaclor (Alfatil) 5 mg/kg/jour.
L’administration en une prise vespérale permet d’assurer une concentration urinaire maxima-
le durant la nuit.

6. Traitement des infections urinaires basses


a) Traitement d’attaque
Il peut comporter l’association amoxicilline-acide clavulanique, une céphalosporine de 1re
génération (céfaclor) ou le cotrimoxazole pendant 8 jours.

b) Traitement d’entretien
Il est indiqué en cas de cystite à répétition.

c) Règles hygiénodiététiques
– boissons abondantes ;
– mictions fréquentes, complètes et régulières (six fois par jour au minimum) ;
– traitement d’une constipation éventuelle ;
– bonne hygiène périnéale ;
– traitement des vulvites ;
– vider régulièrement et complètement la vessie.

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d) Immaturité vésicale
● C’est la persistance d’une vessie de type infantile chez un enfant de plus de 4-5 ans (20 % des
enfants).
● Les symptômes sont les suivants :
– pollakiurie ;
– impériosités mictionnelles ;
– fuites diurnes ;
– énurésie nocturne.
● Elle peut se compliquer d’infections urinaires hautes ou basses, d’hypertrophie du détrusor
(dys-synergie vésico-sphinctérienne).
● Ces symptômes sont à rechercher systématiquement lors d’épisodes d’infection urinaire, sur-
tout chez la petite fille.
● À la cystographie sur les clichés permictionnels, il existe un aspect d’urètre en toupie.
● Le traitement repose sur les règles hygiéno-diététiques (cf. ci-dessus) éventuellement associé
à un traitement anticholinergique par l’oxybutinine (Ditropan, Driptane).

DIAGNOSTIC
ÉTIOLOGIQUE
Toute infection urinaire haute nécessite des investigations complémentaires à la recherche
d’une uropathie malformative.
50 % des IU du nourrisson révèlent une uropathie malformative obstructive et/ou refluante.

1. Échographie rénale et des voies excrétrices urinaires


● Elle doit être réalisée dans les 48 heures.
● Elle permet d’analyser les éléments suivants :
– taille des reins ;
– aspect et taille du parenchyme ;
– différenciation corticomédullaire ;
– taille du bassinet (recherche d’une dilatation) ;
– visualisation des uretères (non visibles à l’état normal ; leur visualisation est signe de dila-
tation : reflux vésico-urétéral, méga-uretère) ;
– aspect de la vessie.
● Elle peut permettre le dépistage d’une uropathie obstructive dont le caractère sévère est attes-
té par le degré de dilatation des voies urinaires et par l’altération de l’état parenchymateux
(anomalies de la différenciation cortico-médullaire, diminution de l’index cortical).

2. Cystographie
● Réalisée par voie rétrograde chez la fille, sus-pubienne chez le garçon.
● Elle permet de rechercher un reflux vésico-urétéro-rénal (principale uropathie malformative
à rechercher secondairement à une pyélonéphrite aiguë). Il peut être uni- ou bilatéral, de
grade I à V.
● On le retrouve dans 30 à 50 % des cas selon les séries.
● La cystographie renseigne également sur l’état de la vessie (à la recherche de signes d’imma-
turité vésicale) et de l’urètre (recherche de valves).
● Il faut toujours demander des clichés per- et postmictionnels :
– les clichés permictionnels renseignent sur l’aspect de l’urètre (recherche de valves de
l’urètre postérieur) ;
– les clichés postmictionnels permettent d’évaluer un éventuel résidu postmictionnel.
● Elle est réalisée environ trois semaines après l’épisode aigu après contrôle de la stérilisation
des urines.

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3. Urographie intraveineuse
Son indication est moins fréquente. Elle permet de visualiser les cavités pyélocalicielles et les
uretères. Elle est indiquée lorsqu’il existe une dilatation des voies urinaires à l’échographie,
dans les uropathies obstructives ou les reflux de haut grade.
Elle permet d’apprécier l’état du parenchyme rénal (état du cortex, des calices).

4. Au terme de ces explorations deux grands types de malformations de l’arbre


urinaire peuvent être mises en évidence.

a) Reflux vésico-urétéral (RVU)


● Défini par la régurgitation de l’urine depuis la vessie vers les cavités pyélocalicielles.
● Il peut survenir lors du remplissage de la vessie (RVU passif) ou lors de la miction (RVU
actif).
● Il est classé, selon son importance, en :
– grade I : partie basse de l’uretère ;
– grade II : reflux jusque dans les cavités rénales ;
– grade III : reflux jusque dans les cavités rénales avec dilatation urétérale sans disparition du
relief papillaire ; (exemple cliché)
– grade IV : reflux jusque dans les cavités rénales avec dilatation urétérale avec émoussement
du relief papillaire ;
– grade V : reflux intrarénal avec dilatation.
● Les RVU de bas grade (I à III) ont le plus de chance de disparaître spontanément, notam-
ment au moment de l’acquisition de la propreté ou plus tard. Il est donc licite d’attendre
quelques années, sous couverture antibioprophylactique, la disparition spontanée du RVU.
● L’indication chirurgicale sera portée si, malgré l’antibioprophylaxie urinaire préventive, sur-
vient un nouvel épisode de pyélonéphrite aiguë ou du fait d’une mauvaise observance du trai-
tement.
● Un reflux de haut grade (IV ou V), dont la disparition spontanée est peu probable, est une
indication chirurgicale précoce, surtout s’il existe des signes de souffrance rénale.

b) Uropathies obstructives
● Elles sont classées en fonction du niveau topographique de l’obstruction :
● Anomalie de la jonction pyélo-urétérale.
● Anomalie de la jonction urétéro-vésicale = méga-uretère.
● Valves de l’urètre postérieur (VUP) : obstruction urétrale entraînant un retentissement sur le
haut appareil avec vessie de lutte, dilatation et RVU.

c) À part : les troubles fonctionnels vésicaux


● L’instabilité vésicale touche environ 1 % des enfants de plus de 5 ans. Elle est plus fréquente
chez la fille que chez le garçon et souvent associée à une énurésie. Il s’agit d’une situation qui
existe de façon physiologique chez l’enfant en cours d’acquisition de la propreté. Elle se tra-
duit par des fuites urinaires diurnes ou nocturnes et par des mictions impérieuses. La cysto-
graphie montre des images caractéristiques de vessie contractile avec urètre en toupie. Il peut
survenir des infections urinaires. Les bactériuries asymptomatiques sont fréquentes.
L’instabilité vésicale peut être le signe révélateur d’une pathologie neurologique vésico-
sphinctérienne.
● Le traitement consiste en une bonne hygiène mictionnelle associée éventuellement à un trai-
tement anticholinergique (chlorhydrate d’oxybutynine).
● L’existence d’une dysurie, d’un jet interrompu, d’une poussée abdominale feront pratiquer
une étude urodynamique pour poser le diagnostic de dyssynergie vésico-sphinctérienne.
Dans cette situation une rééducation vésico-sphinctérienne est indiquée. ■

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Cliché.
Reflux vésico-urétéral bilatéral grade III
(cystographie par cathétérisme sus-pubien).

POINTS FORTS

● La pyélonéphrite aiguë est une urgence diagnostique et thérapeutique


● L’ECBU n’est interprétable que si les urines ont été prélevées dans des conditions rigou-
reuses d’asepsie
● Une double antibiothérapie bactéricide intraveineuse doit être mise en route en urgence dès
le diagnostic réalisé
● Le retard à la mise en route du traitement antibiotique est un facteur de risque de survenue
de cicatrices rénales
● L’hospitalisation initiale est préférable quel que soit l’âge de l’enfant pour la surveillance cli-
nique et la réalisation des premières investigations complémentaires
● Le bilan étiologique est systématique à la recherche d’une uropathie malformative
● Chez l’enfant après 5 ans, il faut systématiquement rechercher des troubles fonctionnels uri-
naires.

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