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INSTITUT LA CONFÉRENCE H I P P O C R AT E
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La Collection Hippocrate
Épreuves Classantes Nationales
MALADIES INFECTIEUSES
PÉDIATRIE
Infections urinaires
chez l’enfant : approche
diagnostique et thérapeutique
I-7-93
Dr Robert NOVO
Praticien Hospitalier
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1-7-93
Infections urinaires
chez l’enfant :
approche diagnostique
et thérapeutique
Objectifs :
– Diagnostiquer une infection urinaire chez le nourrisson, l’enfant
et l’adulte.
– Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du
patient.
INTRODUCTION
● L’infection urinaire (IU) du nourrisson et de l’enfant reste un problème majeur en pédiatrie.
● Les problèmes posés sont multiples : hétérogénéité des manifestations cliniques, difficulté
de réalisation de l’ECBU, surtout chez le petit enfant rendant, parfois le diagnostic difficile,
risque septicémiques chez le nouveau-né et le nourrisson, risque accru de cicatrices rénales,
surtout en cas d’uropathie sous-jacente, risque de récidive en cas de retard au diagnostic et
au traitement.
ÉPIDÉMIOLOGIE
● Les infections urinaires représentent la deuxième cause d’infection chez l’enfant après les
infections respiratoires.
● Avant l’âge de 1 an, 2,5 % des garçons et 0,5 % des filles ont une infection urinaire.
● Après un an, elle survient chez 0,2 % des garçons et chez 1 à 3,5 % des filles.
● Globalement, avant 11 ans, 1 % des garçons et 3 % des filles ont une infection urinaire.
● L’infection urinaire est par ailleurs un des modes de révélation principaux des uropathies
malformatives dans 30 à 60 % des cas (notamment le reflux vésico-urétéral).
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PHYSIOPATHOLOGIE
● L’infection urinaire (IU) se fait par voie ascendante dans la plupart des cas.
● Les facteurs favorisants sont les suivants : mauvaise hygiène périnéale, urètre féminin court,
phimosis, infection prépuciale, présence d’oxyures, et, pour les adolescentes, les rapports
sexuels.
● Une stase urinaire provoquée par des mictions rares ou incomplètes peut transformer une
contamination bactérienne transitoire en une infection bactérienne vraie.
● Les bactéries responsables d’IU font partie de la flore fécale normale, la colonisation péri-
urétrale apparaissant comme une étape nécessaire à la survenue de l’infection.
● Les souches d’E. coli incriminées ont des caractéristiques spécifiques qui contribuent à leur
pathogénicité : elles ont une affinité élevée pour les cellules uro-épithéliales liée à la présen-
ce de protéines filamenteuses appelées fimbriae, ou pili.
DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE
A/ Diagnostic positif de l’infection urinaire
1. Critères de Kass
● Le diagnostic de certitude repose sur les critères de Kass :
– Leucocyturie ≥ 104 leucocytes/ml.
– Bactériurie ≥ 105 germes /ml pour un seul germe.
3. Bandelettes urinaires
● Ce sont des tests de dépistage fiables et rapides pour le clinicien.
● Elles présentent un intérêt en cas de doute diagnostique, permettant de n’envoyer au labora-
toire que des urines suspectes.
a) Principe
● Il repose sur la mise en évidence sur urines fraîches de l’existence de leucocytes et de nitrites.
● La détection de la leucocyturie se fait par dosage de la leucocyte-estérase. La lecture se fait à
température ambiante après 2 minutes.
● La détection des nitrites est fondée sur la transformation des nitrates en nitrites par les bac-
téries possédant une nitrate-réductase. Ce test est négatif avec le streptocoque D, le pyocya-
nique, le protéus.
b) Résultats
● Ces tests en association présentent une bonne spécificité avec une valeur prédictive négative
de 98 % et une valeur prédictive positive de 30 à 40 %.
● En pratique, en cas de négativité de ces deux tests, le diagnostic d’infection urinaire est
improbable. En cas de positivité, ils permettent d’évoquer fortement une infection urinaire
sous réserve d’une utilisation rigoureuse des bandelettes.
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4. Bactériologie
Escherichia Coli est le germe prédominant, puisqu’il est rencontré dans 70 à 90 % des cas.
Proteus Mirabilis arrive en deuxième position avec 5 à 10 % des cas, puis on trouve de façon plus
rare les germes suivants : klebsielles (4 à 8 %), entérocoque (2 à 4 %), pyocyanique, staphylo-
coque, citrobacter.
6. Cas particuliers
B/ Diagnostic topographique
● La distinction entre IU hautes fébriles (pyélo-néphrites) et IU basses (cystite) est fondamen-
tale compte tenu des risques aigus et chroniques associés aux infections urinaires hautes.
● Aucun argument formel ne permet de distinguer chez l’enfant les IU hautes des IU basses.
En pratique, on fait reposer la présomption d’atteinte du parenchyme rénal sur des argu-
ments cliniques, biologiques et radiologiques.
1. Clinique
Elle varie en fonction de l’âge de l’enfant, les signes cliniques étant d’autant plus trompeurs
que l’enfant est jeune.
a) Nouveau-né
Elle survient surtout vers la 3e semaine de vie avec 2 tableaux cliniques principaux : syndro-
me septicémique avec altération de l’état général ou forme subaiguë avec stagnation pondéra-
le, mauvaise prise des biberons, diarrhée, vomissements, fièvre modérée et inconstante (50 %),
parfois ictère prolongé (20 %). Dans ce tableau clinique, les hémocultures sont positives dans
30 % des cas.
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b) Nourrisson
Une fièvre élevée inexpliquée et prolongée - souvent le seul signe - est parfois accompagnée de
signes digestifs trompeurs ou d’une infection ORL concomitante entraînant un risque de déca-
pitation de l’infection urinaire si une antibiothérapie est mise en route à l’aveugle.
d) Cystite
Elle se voit essentiellement chez la petite fille après 3 ans.
La symptomatologie associe douleurs hypogastriques, pollakiurie, brûlures mictionnelles et
pyurie sans fièvre dépassant 38 °C.
e) Bactériuries asymptomatiques
Ce sont des bactériuries au-dessus de 105/ml sans leucocyturie sur 2 ECBU consécutifs surve-
nant de façon isolée.
Elles concernent surtout les filles d’âge scolaire (5 %). Elles sont volontiers récurrentes et liées
à E. Coli.
L’attitude thérapeutique est de ne pas les traiter mais de lutter contre les facteurs favorisants
éventuels : mauvaise hygiène locale, vulvite, constipation, boissons insuffisantes, immaturité
vésicale.
2. Biologie
a) Formes hautes
Il existe en général un syndrome inflammatoire franc associant hyperleucocytose à polynu-
cléaires neutrophiles, Creactive protéine (CRP) au-dessus de 20 mg/l.
D’autres marqueurs de l’inflammation plus spécifique sont en cours d’étude :
– l’interleukine 6 : est augmentée en cas d’agression bactérienne, mais son informativité n’est
pas supérieure à celle de la CRP ;
– la procalcitonine : c’est un marqueur précoce et sensible des infections bactériennes sévères.
Elle est augmentée significativement lorsque des lésions parenchymateuses rénales sont
présentes. Ce pouvoir de prédiction des lésions rénales devra être confirmé dans d’autres
études.
b) Formes basses
Il n’existe pas de syndrome inflammatoire.
On peut considérer que, compte tenu des difficultés diagnostiques chez le jeune enfant, toute
infection urinaire est a priori d’origine haute et doit être traitée comme telle.
3. Imagerie
a) Échographie rénale
● Sa sensibilité est faible, de 11 à 25 %. Elle montre des signes plus ou moins spécifiques quand
ils existent : néphromégalie, épaississement de la paroi du bassinet, triangle cortical hyper-
échogène.
● L’utilisation des techniques de doppler couleur ou énergie qui analysent les flux intravascu-
laires permet d’augmenter la sensibilité de l’échographie jusqu’à plus de 70 %, mais il s’agit
de techniques nouvelles, nécessitant un opérateur entraîné et une immobilisation stricte de
l’enfant.
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C/ Formes compliquées
1. Complications aiguës
● Il s’agit essentiellement de l’abcès rénal.
● Il est suspecté devant la persistance d’une fièvre, d’une altération de l’état général après plu-
sieurs jours de traitement. Il survient le plus souvent sur une pyélonéphrite sévère ou déca-
pitée par une antibiothérapie inadaptée. Cliniquement, il persiste une douleur lombaire, bio-
logiquement un syndrome inflammatoire.
● À l’échographie, on retrouve des zones hypoéchogènes évoluant vers une zone liquidienne.
Le scanner met en évidence des zones hypodenses prenant peu le contraste après injection.
TRAITEMENT
DE LA PYÉLONÉPHRITE AIGUË
1. Objectif du traitement
Il est triple :
– éviter les complications aiguës à type de choc septique, surtout chez le nouveau-né et le
nourrisson (ce qui en fait une urgence thérapeutique dans cette classe d’âge) ainsi que la
constitution d’abcès rénaux ;
– éviter les rechutes favorisées par une uropathie sous-jacente ;
– prévenir ou minimiser les lésions cicatricielles au niveau du parenchyme rénal.
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2. Principes
Les IU hautes doivent être traitées par des antibiotiques diffusant bien dans le parenchyme
rénal. Comme il est souvent impossible, chez le nourrisson et le jeune enfant, d’éliminer for-
mellement une infection haute, les mêmes règles doivent être appliquées à la majorité des IU
de l’enfant.
3. Choix du traitement
Il repose essentiellement sur les éléments suivants : l’âge du patient, la sévérité du syndrome
infectieux existant surtout chez les jeunes enfants, la sensibilité aux antibiotiques des germes
les plus fréquemment en cause, la pharmacologie des molécules, en particulier leur concentra-
tion dans le parenchyme rénal et dans les urines.
5. Antibioprophylaxie
Elle doit être mise en route en relais du traitement d’attaque en attendant les résultats de la
cystographie à la recherche d’un reflux vésico-urétéral.
On utilise les antibiotiques suivants à des posologies prophylactiques en une prise le soir afin
d’éviter la multiplication et l’adhérence des bactéries vésicales et rendre ainsi stérile un éven-
tuel reflux vésico-urétéral :
– triméthoprime (TMP) sulfaméthoxazole (Bactrim) : 2-3 mg/kg/jour de TMP ;
– nitrofurantoïne (Furadantine, Furadoïne) 1 mg/kg/jour ;
– céfaclor (Alfatil) 5 mg/kg/jour.
L’administration en une prise vespérale permet d’assurer une concentration urinaire maxima-
le durant la nuit.
b) Traitement d’entretien
Il est indiqué en cas de cystite à répétition.
c) Règles hygiénodiététiques
– boissons abondantes ;
– mictions fréquentes, complètes et régulières (six fois par jour au minimum) ;
– traitement d’une constipation éventuelle ;
– bonne hygiène périnéale ;
– traitement des vulvites ;
– vider régulièrement et complètement la vessie.
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d) Immaturité vésicale
● C’est la persistance d’une vessie de type infantile chez un enfant de plus de 4-5 ans (20 % des
enfants).
● Les symptômes sont les suivants :
– pollakiurie ;
– impériosités mictionnelles ;
– fuites diurnes ;
– énurésie nocturne.
● Elle peut se compliquer d’infections urinaires hautes ou basses, d’hypertrophie du détrusor
(dys-synergie vésico-sphinctérienne).
● Ces symptômes sont à rechercher systématiquement lors d’épisodes d’infection urinaire, sur-
tout chez la petite fille.
● À la cystographie sur les clichés permictionnels, il existe un aspect d’urètre en toupie.
● Le traitement repose sur les règles hygiéno-diététiques (cf. ci-dessus) éventuellement associé
à un traitement anticholinergique par l’oxybutinine (Ditropan, Driptane).
DIAGNOSTIC
ÉTIOLOGIQUE
Toute infection urinaire haute nécessite des investigations complémentaires à la recherche
d’une uropathie malformative.
50 % des IU du nourrisson révèlent une uropathie malformative obstructive et/ou refluante.
2. Cystographie
● Réalisée par voie rétrograde chez la fille, sus-pubienne chez le garçon.
● Elle permet de rechercher un reflux vésico-urétéro-rénal (principale uropathie malformative
à rechercher secondairement à une pyélonéphrite aiguë). Il peut être uni- ou bilatéral, de
grade I à V.
● On le retrouve dans 30 à 50 % des cas selon les séries.
● La cystographie renseigne également sur l’état de la vessie (à la recherche de signes d’imma-
turité vésicale) et de l’urètre (recherche de valves).
● Il faut toujours demander des clichés per- et postmictionnels :
– les clichés permictionnels renseignent sur l’aspect de l’urètre (recherche de valves de
l’urètre postérieur) ;
– les clichés postmictionnels permettent d’évaluer un éventuel résidu postmictionnel.
● Elle est réalisée environ trois semaines après l’épisode aigu après contrôle de la stérilisation
des urines.
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3. Urographie intraveineuse
Son indication est moins fréquente. Elle permet de visualiser les cavités pyélocalicielles et les
uretères. Elle est indiquée lorsqu’il existe une dilatation des voies urinaires à l’échographie,
dans les uropathies obstructives ou les reflux de haut grade.
Elle permet d’apprécier l’état du parenchyme rénal (état du cortex, des calices).
b) Uropathies obstructives
● Elles sont classées en fonction du niveau topographique de l’obstruction :
● Anomalie de la jonction pyélo-urétérale.
● Anomalie de la jonction urétéro-vésicale = méga-uretère.
● Valves de l’urètre postérieur (VUP) : obstruction urétrale entraînant un retentissement sur le
haut appareil avec vessie de lutte, dilatation et RVU.
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Cliché.
Reflux vésico-urétéral bilatéral grade III
(cystographie par cathétérisme sus-pubien).
POINTS FORTS
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