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INSTITUT LA CONFÉRENCE H I P P O C R AT E
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La Collection Hippocrate
Épreuves Classantes Nationales
MALADIES INFECTIEUSES
SANTÉ PUBLIQUE
Risques sanitaires
liés à l’eau et à l’alimentation
Toxi-infections alimentaires
1-7-73
Dr Jérôme SALOMON
Praticien Hospitalier
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1-7-73
INTRODUCTION
● Liées à une contamination de l’eau ou des aliments, les toxi-infections alimentaires consti-
tuent un problème majeur de santé publique dans les pays en voie de développement.
● Les toxi-infections collectives (TIAC) d'origine alimentaire ou hydrique se caractérisent le
plus souvent par une source de contamination (aliment, boisson) commune aux malades et
par l'absence de cas secondaire, c'est-à-dire de contamination inter humaine.
● Les épidémies se caractérisent par l’augmentation - localisée dans le temps et l’espace – de
l’incidence des cas.
● Les transformations des circuits d'alimentation (mondialisation des échanges, automatisa-
tion des circuits de production, diminution de la qualité au profit de la productivité, trans-
ports longues distances, problèmes de conservation), le développement de la restauration
collective (sociale ou commerciale) et l'apparition de nouvelles technologies ou de nouveaux
produits alimentaires incitent à une surveillance accrue dans le domaine de l'hygiène ali-
mentaire.
● Dans les pays développés, les TIAC sont fréquentes et souvent bénignes mais peuvent être
graves chez le sujet fragile (nourrisson, immunodéprimé, sujet âgé). Elles doivent conduire
à une enquête étiologique poussée.
A – Définition
● L'apparition d'au moins deux cas groupés similaires d'une symptomatologie, en général digestive, dont
on peut rapporter la cause à une même origine alimentaire constitue une Toxi Infection
Alimentaire Collective (TIAC).
● L'existence ou la suspicion d'une TIAC doit s'accompagner d'une notification sans délai à
l'autorité sanitaire car elle justifie la mise en place urgente de mesures de prévention (loi du
1er juillet 1998, décrets du 6 mai 1999) : notification au médecin inspecteur de la Direction
Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales (DDASS) par téléphone et sous la forme
d’une fiche qui comporte des éléments à caractère nominatif et les données nécessaires à
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l’enquête épidémiologique. Les données à caractère vétérinaire (aliments) sont analysées par
le Laboratoire Départemental des Services Vétérinaires.
● Toutefois, les symptômes bénins de la majorité des TIAC, leur survenue au sein d’une famil-
le, la méconnaissance de la définition et du caractère obligatoire de sa déclaration et des
modalités de celle-ci sont à l'origine d'une sous - déclaration importante des TIAC. Il est
donc difficile d'appréhender la réalité quantitative et qualitative des TIAC en France.
● La surveillance, le contrôle et la prévention nécessitent une collaboration entre profession-
nels de l’agro alimentaire et de la restauration, vétérinaires et épidémiologistes.
B – Incidence
● Les informations sur la fréquence et l'étiologie des TIAC nous proviennent pour l'essentiel
des déclarations obligatoires (avec les limites évoquées ci-dessus) effectuées auprès des
DDASS et transmises pour analyse à l’Institut national de Veille Sanitaire (InVS) mais éga-
lement des cas recensés par les CNR : centres nationaux de référence (laboratoire d’experti-
se pour un pathogène).
● Aux Etats-Unis, on estime que les TIAC touchent 5 millions de personnes / an pour un coût
estimé de 4 milliards de dollars.
● En Europe, c’est la deuxième cause de morbidité après les infections respiratoires.
● En France, malgré une très mauvaise exhaustivité (10-20% ?), 627 foyers de TIAC ont été
déclarés en 2000 regroupant 17 378 malades avec 8 % d’hospitalisations.
● Le nombre annuel moyen de personnes hospitalisées est estimé entre 11 000 et 18000. Les
salmonelloses sont la première cause (5 600 à 10 000 cas), suivies par les infections à
Campylobacter (2 500 à 3 500 cas) et la listériose (300 cas). Le nombre de décès est estimé
entre 230 et 700 /an (InVS 2004).
● La répartition selon l'étiologie était la suivante : l’agent en cause reste inconnu dans 59 %
des cas, lorsque l’agent est retrouvé : Salmonellose (64 %), Staph. aureus (14 %), 6 foyers à
Campylobacter, 1 foyer à E. Coli 0157 (source : BEH, 2003).
● Plus de la moitié des foyers (65%) concernaient la restauration collective.
C - Mécanisme d’action
● Le rôle de l'aliment dans la transmission de l'agent infectieux peut être passif, simple sup-
port, véhicule de l'agent infectieux, ou actif, siège d'une multiplication de l'agent infectieux
ou de la production, par celui-ci, de toxine.
● Le tableau clinique de la TIAC sera différent selon le mécanisme d'action de l'agent infec-
tieux.
1. Dysenterie glairo-sanglante
● Il s'agit de la multiplication de l'agent infectieux et de l'invasion par celui-ci de la paroi intes-
tinale.
● Le tableau clinique dépend de la réaction immunitaire de l’hôte et de la virulence du germe
avec destruction des structures villositaires à l’origine des troubles de la fonction d’absorp-
tion. Le germe envahit les cellules de l’épithélium digestif, s’y multiplie et les détruit. La
destruction de la muqueuse entraîne une réaction inflammatoire intense. On parle de syn-
drome dysentérique : selles nombreuses, afécales, glaireuses, muco purulentes parfois san-
glantes.
● Tableau clinique :
– Temps d'incubation assez long entre l'absorption de l'aliment contaminé et l'apparition de
la symptomatologie.
– Un syndrome dysentérique.
– Fièvre.
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2. Syndrome cholériforme
● Il s'agit de la sécrétion d'une toxine (entérotoxine) par l'agent infectieux à l’origine d’une
atteinte de la fonction sécrétoire. Le tableau clinique est celui du SYNDROME CHOLE-
RIFORME.
● Le germe se fixe sur l’épithélium du grêle proximal sans le léser. La toxine entraîne une
sécrétion active d’électrolytes et d’eau par l’épithélium de l’intestin grêle :
– Entérotoxine du Vibrio cholerae.
– Toxine thermolabile d’E. Coli entérotoxinogène.
– Toxine du Staphylocoque entéropathogène.
● Ces toxines vont stimuler l’adénylcyclase et augmenter la concentration d’AMPc dans les
cellules. La toxine thermostable du colibacille augmente la concentration de GMPc. La diar-
rhée cesse en 3 à 5 jours avec la régénération des entérocytes.
● Tableau clinique :
– Temps d'incubation plus court.
– Diarrhée abondante : selles liquides “ eau de riz ” fréquentes.
– Vomissements, des signes de déshydratation.
– Absence de fièvre.
● Exemples de bactéries ayant une action entérotoxinogène :
– Staphylocoque doré, Clostridium perfingens, Bacillus cereus, Clostridium botulinum, Vibrion cholé-
rique, Escherichia Coli entérotoxinogène, Clostridium difficile.
● L'ensemble des agents infectieux cités est à l'origine d'une symptomatologie digestive pré-
pondérante à l'exception près de Clostridium botulinum à l'origine d'une symptomatologie
nerveuse.
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c) Campylobacter jejuni
– Nombreux petits foyers.
– Réservoir (les aliments) : volailles, lait non pasteurisé et eau.
– Durée d'incubation : 1 – 3 jours.
– Tableau clinique : comme salmonellose, ulcérations coliques (selles teintées de sang), bac-
tériémie.
– Traitement antibiotique si forme sévère : macrolide ou fluoroquinolone.
d) Yersinia enterocolitica
– Caractéristique : se développe même au froid à +4°C.
– Epidémie possible malgré une bonne qualité de la chaîne du froid.
– Réservoir (aliments) : porc, volaille, eau.
– Durée d'incubation : 3 à 7 jours.
– Tableau clinique : fièvre et diarrhée, douleurs fosse iliaque droite.
* Chez l'adolescent un tableau pseudo - appendiculaire peut se développer du fait d'une
adénite mésentérique.
* Chez l'adulte pourront se voir des érythèmes noueux, des arthrites (syndrome post-infec-
tieux).
– Diagnostic : coproculture, sérologie.
– Traitement antibiotique si forme sévère : cycline ou fluoroquinolone.
e) Amibiase colique
– Séjour en zone tropicale, protozoaires dans les déjections fécales.
– Transmission : mains sales, eaux ou aliments souillés (péril fécal).
– Seul pathogène : Entamoeba histolytica histolytica.
– Syndrome dysentérique typique sans fièvre.
– Recherche d’amibes dans les selles fraîches (examen parasitologique) !
– Traitement par anti-amibiens de contact, imidazolés.
a) Staphylococcus aureus ++
– Entérotoxine préformée thermostable.
– Réservoir (les aliments) : contamination le plus souvent humaine à partir d'une plaie
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b) Clostridium perfingens
– Germe sporulé anaérobie.
– Restauration collective.
– Réservoir (varié) : les viandes en sauce et les plats cuisinés.
– Se rencontre souvent (95 % des cas) lorsque les règles de conservation des aliments après
cuisson ne sont pas respectées (formes végétatives détruites à 60-70°C et toxine thermolabi-
le).
– Durée d'incubation : 8 à 12 heures.
– Tableau clinique : fièvre et douleurs abdominales à type de coliques.
– Très rarement entérocolites nécrosantes (type C).
– Evolution spontanément favorable.
c) Bacillus cereus
– Présente 2 entérotoxines préformées, l'une thermolabile, l'autre thermostable.
– Réservoir (aliments) : riz, purée, soja.
– Durée d'incubation :
* Entérotoxine thermostable : 1 à 6 heures (vomissements).
* Entérotoxine thermolabile : 6 à 16 heures (diarrhée).
– Tableau clinique :
* Entérotoxine thermostable : tableau proche de celui de l'intoxication staphylo-coccique.
* Entérotoxine thermolabile : tableau proche de celui de l'intoxication à Clostridium perfin-
gens.
d) E Coli entérotoxinogène
– Turista du voyageur : 50 % des diarrhées en milieu tropical.
– Hygiène déficiente : bouffées épidémiques, cas sporadiques dans les pays développés (été,
plages).
– Syndrome cholériforme modéré.
– Pas d’indication à une antibiothérapie.
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5. Autres
● D'autres micro-organismes peuvent contaminer les aliments ou l'eau : des virus (rotavirus et
eau), des parasites (giardiases, amibiases), du phytoplancton (les dinoflagellés et leur concen-
tration dans les fruits de mer avec des tableaux brutaux et parfois sévères).
1. Diagnostic évocateur
● Cas groupés dans le temps et l’espace.
● Repas commun.
● Survenue brutale : TIAC.
2. Notification à la DDASS
● Par téléphone auprès du médecin inspecteur et par envoi d’une fiche de déclaration TIAC.
L’aide de la DDASS est utile en cas de TIAC en collectivité avec appui si nécessaire de la cel-
lule interrégionale d’épidémiologie (CIRE) et de l‘institut national de veille sanitaire
(INVS).
● En cas d’extension nationale ou de produit commercialisé à grande échelle : intervention des
services des ministères de la santé, de la consommation et de l’agriculture.
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3. Les investigations :
a) L'enquête épidémiologique
– But : décrire précisément le phénomène, connaître les circonstances (lieu, temps, nombre
de personnes, caractéristiques, aliments en cause ou suspectés).
– Les investigations reposent sur la réalisation d'une enquête épidémiologique analytique
rétrospective de type cas (malade) témoin (non malade) ou prospective historique.
– L'enquête concerne ainsi les sujets malades et les sujets non malades ayant participé au(x)
repas en cause. Selon le nombre de sujets concernés, l'enquête portera sur l'ensemble de ces
sujets (idéal) ou sur des échantillons de malades et de non malades.
– Caractéristiques démographiques des sujets malades et non malades : en particulier l'âge et le sexe.
L'organisation des cantines scolaires par exemple peut s'effectuer par roulement en fonction
de l’âge : les plus jeunes, puis les moins jeunes, et ainsi de suite.
– Tableau clinique présenté. Une prédominance des vomissements, l'absence de fièvre, une
diarrhée "aqueuse" évoque un processus toxinique. A l'inverse, l'existence d'une forte fièvre,
d'un syndrome dysentérique évoque un processus invasif.
– Calcul du taux d’attaque global ou du taux d’incidence : nombre de malades sur nombre
d’individus présents dans la collectivité. Souvent élevé en cas de TIAC. A calculer selon âge,
sexe, lieu de restauration
– Courbe épidémiologique et durée moyenne d'incubation :
* La courbe épidémiologique est la représentation graphique de l'apparition des cas au
cours du temps. La situation la plus simple est celle d'une courbe unimodale.
* Toutefois des courbes bi modales peuvent être constatées traduisant soit une contamina-
tion à partir de 2 aliments distincts ou à partir de deux agents pathogènes, soit une conta-
mination à partir d'un même aliment consommé à 2 moments distincts.
– Aliments consommés :
* Une description rigoureuse de l'ensemble des aliments consommés, au cours du repas, est
nécessaire. Puis malades et non malades seront interrogés sur la consommation éven-
tuelle de chacun des aliments ou chacun des plats.
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b) Les prélèvements
– Orientés par la clinique : selles, vomissements. Etude bactériologique, recherche de toxines.
– Les restes du repas, s'ils existent, seront conservés. En restauration collective, obligation
réglementaire de conserver les repas trois jours. Des prélèvements systématiques ou orien-
tés seront effectués sur les aliments, la chaîne alimentaire. Selon l'agent pathogène, les pré-
lèvements pourront être les suivants :
– Salmonelle, Shigella,
– Campylobacter jejuni,
– Yersinia enterocolitica,
● Isolement de l'agent pathogène dans les
– Staphylococcus aureus, Tous
selles ou les vomissements.
– Clostridium perfringens,
– Bacillus cereus,
– Clostridium botulinum
● Isolement de l'agent pathogène dans le – Salmonelle, Campylobacter
sang des malades. jejuni
– Salmonelle, Shigella,
– Campylobacter jejuni,
– Yersinia enterocolitica,
● Isolement de l'agent pathogène dans les
– Staphylococcus aureus, Tous
aliments.
– Clostridium perfringens,
– Bacillus cereus,
– Clostridium botulinum
– Clostridium botulinum (sérum,
● Isolement de la toxine vomissement, liquide
gastrique, selles, aliment)
● Elévation d'anticorps (sérologie). – Yersinia enterocolitica
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● Source utile : site de l’agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) :
www.afssa.fr.
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