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BURKINA FASO

Unité-Progrès-Justice
*****************
Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de
l’Innovation
*****************
UNIVERSITE THOMAS SANKARA

Institut Universitaire de Formation Initiale et Continue (IUFIC)


*****************
2017 – 2018

MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE


GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO

Présenté et soutenu publiquement par :


YAO Srabelo Hervé
Pour l’obtention du diplôme de
MASTER EN SCIENCES DE LA POPULATION ET DU
DÉVELOPPEMENT
OPTION : PROTECTION ET DROITS DE L’ENFANT

Sous la direction de :
Docteur ROGER ZERBO
Maître de Recherche en Anthropologie
Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique

Sous la codirection de :
Docteur NATEWENDE SAWADOGO
Maître-Assistant en Sociologie
THOMAS SANKARA

[Juillet 2020]
BURKINA FASO
Unité-Progrès-Justice
*****************
Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de
l’Innovation
*****************
UNIVERSITE OUAGA II

Institut Universitaire de Formation Initiale et Continue (IUFIC)


*****************
2017 – 2018

MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE


GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO

Présenté et soutenu publiquement par :


YAO Srabelo Hervé
Pour l’obtention du diplôme de
MASTER EN SCIENCES DE LA POPULATION ET DU
DÉVELOPPEMENT
OPTION : PROTECTION ET DROITS DE L’ENFANT

Sous la direction de
Docteur ROGER ZERBO
Maître de Recherche en Anthropologie
Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique

Sous la codirection de :
Docteur NATEWENDE SAWADOGO
Maître-Assistant en Sociologie
THOMAS SANKARA

[Juillet 2020]
[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

SOMMAIRE

SOMMAIRE .............................................................................................................................I

DEDICACES ............................................................................................................................I

REMERCIEMENTS ............................................................................................................... II

SIGLES, ABRVIATIONS ET ACRONYMES ....................................................................... IV

LISTES DES FIGURES ET TABLEAUX ........................................................................... VII

LISTE DES TABLEAUX .................................................................................................... VIII

LISTE DES ANNEXES ......................................................................................................... IX

RESUME – MOTS CLES ....................................................................................................... X

ABSTRACT ............................................................................................................................ XI

INTRODUCTION .................................................................................................................. 2

PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE ET METHODES ........................ 10

CHAPITRE I : REVUE DE LA LITTERATURE ................................................................. 11

CHAPITRE II : METHODES ............................................................................................... 24

DEUXIEME PARTIE : RESULTATS ................................................................................... 39

CHAPITRE I : CONCEPTIONS SUR LES FACTEURS D’INDISPONIBILITES DES


MEDICAMENTS AU BURKINA FASO ................................................................................ 40

CHAPITRE II : ACCES DES POPULATIONS CIBLES AUX MEDICAMENTS DE LA


GRATUITE ........................................................................................................................... 55

CHAPITRE III : ETUDE DU CIRCUIT DE DISTRIBUTION DU MEDICAMENT ......... 66

CHAPITRE IV : DISCUSSIONS ........................................................................................... 88

CONCLUSION ...................................................................................................................... 97

SUGGESTIONS ................................................................................................................... 101

BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 102

ANNEXES ................................................................................................................. 109

TABLE DES MATIERES ......................................................................................... 123

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│Février 2020│
[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

DEDICACES
A monsieur Séri Henri et son épouse Hélène que nous appelons affectueusement
¨Père et Mère¨, pour leur soutien multiforme afin de nous donner une bonne éducation et
une formation de qualité malgré les difficultés.
Mme Eva Ouédraogo, que nous appelons affectueusement ¨Marraine¨ pour son accueil
et toute l’attention manifestée à notre égard.

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│Février 2020│
[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

REMERCIEMENTS
Au terme de ce travail, nos remerciements vont à l’endroit de :
 Notre directeur de mémoire, docteur Roger ZERBO, Maître de Recherche en
Anthropologie au Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique. Merci
pour votre disponibilité dans la direction de ce travail.
 Au docteur Natéwindé SAWADOGO, Maître-Assistant en Sociologie, Enseignant-
Chercheur, à l’Institut Universitaire de la Formation Initiale et Continue de l’Université de
THOMAS SANKARA qui a accepté co-diriger ce travail. Merci pour votre disponibilité à
nous accompagner. Vous avez créé en nous le goût de la recherche scientifique.
 Au corps enseignant de l’Institut Universitaire de la Formation Initiale et Continue de
l’Université de Ouaga II ;
 Au personnel du Centre de Santé et de Promotion Sociale du secteur 30 de Karpala,
avec à sa tête Madame l’Infirmière Chef de Poste. Merci pour votre disponibilité qui a facilité
la réalisation de notre travail.
 A notre très chère Rebecca RAMDE, pour ces multiples encouragements et son
soutien durant ces années de formations. Merci pour ton amour.

Nos remerciements s’adressent également :


 A l’ensemble du personnel de l’association Zoramb Naagtaaba, du programme Petite
Enfance avec à sa tête Madame Clara Marthe GIRARD pour vos soutiens multiples et votre
accompagnement durant ces années d’étude en master.

 A tous nos frères et sœurs en Christ du Burkina et de la Côte d’Ivoire, à la famille


Ilboudo et aux WINNERS, Merci pour la seconde famille que vous m’avez donnée.

 A tous les étudiants de la deuxième promotion de Master en Protection et droits de


l’enfant de l’Institut Universitaire de la Formation Initiale et Continue de l’Université de
Ouaga II et toutes les personnes dont les noms n’ont pu être mentionnés dans ce document,
mais dont les contributions nous ont permis d’accomplir ce travail.

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│Février 2020│
[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

SIGLES, ABRVIATIONS ET ACRONYMES

ACT Artemisinin-based Combination Therapy


AG Association Gouvernementale
ARP Autorité de Réglementation Pharmaceutique
ARV Antirétroviral
ASBC Agent de Santé à Base Communautaire
ASCE Autorité Supérieure de Contrôle d'Etat
AVCI Accident Vasculaire Cérébral Ischémique
BM Banque Mondiale
CAMEBU Centrale d’Achat des Médicaments Essentiels au Burundi
CAMEG Centrale d’Achat des Médicaments Essentiels Génériques et des consommables
médicaux
CDS Commission Des Soins
CEDIM Centre de Documentation et d’Information sur le Médicament
CHNSS Centre Hospitalier Universitaire Sourou Sanou
CHR Centre Hospitalier Régional
CHU Centre Hospitalier- Universitaire
CMA Centre Médical avec Antenne chirurgicale
CNAMU Caisse nationale d’assurance maladie universelle
CNS Conseil National de la Statistique
CNSS Caisse nationale de sécurité sociale
COGES Comité de Gestion des services de santé
CPN Consultation Prénatale
CSPS Centre de Santé et de Promotion Sociale
DAF Directeur des Affaires Financiers
DEGOS Direction Générale d'Offre des Soins
DGPML Direction générale de la pharmacie, du médicament et des laboratoires
DMEG Dépôt de Médicaments Essentiels Génériques
DRD Dépôt Répartiteur de District
DRS Direction Régionale de la Santé

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│Février 2020│
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DS District Sanitaire
DSF Département de la Santé des Forêts
ECHO Office d'aide Humanitaire de la Commission Européenne
ESPC Etablissement Sanitaire de Premier Contact
FS Formation Sanitaire
GEU Grossesse Extra-Utérine
HELP Hilfe zur selbsthielfe
HG Hôpital Général
IB Initiative de Bamako
ICP Infirmier Chef de Poste
IGB Institut Géographique du Burkina
INSD Institut National de la Statistique et de la Démographie
IRD Institut de Recherche pour le Développement
LNSP Laboratoire National de Santé Publique
MCD Médecin-Chef du District
MDM-F Médecin du Monde France
MEG Médicament Essentiel Générique
MS Ministère de la Santé
MSF-F Médecin Sans Frontière France
NPSP Nouvelle Pharmacie de la Santé Publique
ODD Objectifs de Développement Durable
OIG Organisation Internationale Gouvernementale
OING Organisation Internationale Non Gouvernementale
OMD Objectif du Millénaire de Développement
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONG Organisation Non Gouvernementale
ONU Organisation des Nations Unis
PCIME Prise en Charge Intégrée des Maladies de l'Enfant
PFMR Pays à Faible et Moyen Revenu
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
PSP Poste de Santé Primaire
PTF Partenaires Technique et Financier

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PVVIH Personnes Vivant avec le VIH


RAME Réseau d'Accès aux Médicaments Essentiels
RAMU Régime d'Assurance Maladie Universelle
REGIPIV Réseau National pour une plus Grande Implication des Personnes Infectées
dans la lutte contre le VIH/Sida
REMED Réseau Médicaments et Développement
REN-LAC Réseau National Lutte Anti- Corruption
RGPH Recensement Général de la Population et de l'Habitat
SIS Système d’Information Sanitaire
SONU Soins obstétricaux et néonatals d’urgence
SRPJ-Bobo Service régional de la police judiciaire de Bobo-Dioulasso
SSA Service de Santé de l'Armée
SYNTSHA Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale
UE Union Européenne
UNICEF Fond des Nations Unies pour l'Education
VIH Virus d’Immunodéficience Humain

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│Février 2020│
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LISTES DES FIGURES ET TABLEAUX


Liste des figures

Figure 1: Carte sanitaire du Burkina Faso ..........................................................................27


Figure 2: Circuit de l’approvisionnement pharmaceutique au Burkina Faso .......................29
Figure 3: Récapitulatif des facteurs de dysfonctionnement dans le système sanitaire ..........45
Figure 4: Schéma récapitulatif sur le coût élevé des médicaments ......................................47
Figure 5: Schéma récapitulatif sur le marché illicite de médicaments ..................................47
Figure 6: Schéma récapitulatif sur les vols et détournements de médicaments ...................50
Figure 7: Caractérisation du marché pharmaceutique selon les acteurs publics et privés ....54
Figure 8: Les Problèmes de santé selon le type de patients ................................................59
Figure 9: Disponibilité de la totalité des médicaments prescrits sur l’ordonnance ..............61
Figure 10: Mode d'accès aux médicaments.........................................................................63
Figure 11: Produits prescrits non disponibles chez les femmes ..........................................71
Figure 12: Produits non disponibles chez les patients « Accouchement » ...........................72
Figure 13: Produits non disponibles chez les femmes pour le col de l’utérus .....................73
Figure 14: Taux d'indisponibilité des produits selon les mois .............................................73

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│Février 2020│
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Liste des Tableaux


Tableau 1: Les articles retenus dans les journaux et les rapports du REN-LAC .................31
Tableau 2: Récapitulatif des causes d'indisponibilité des médicaments ...............................51
Tableau 3: Type de patients ...............................................................................................55
Tableau 4: Professions et types de patients ........................................................................56
Tableau 5: Professions et niveau d'instruction ...................................................................57
Tableau 6: Niveau d'instruction selon le type de patient ....................................................58
Tableau 7 : Détails type de maladie chez les enfants de - 5 ans ..........................................60
Tableau 8 : Disponibilité des produits pharmaceutiques sur l'ensemble des 230 enquêtés ..61
Tableau 9 : Disponibilité des produits prescrits .................................................................62
Tableau 10 : Disponibilité de produits par nombre d’enquêtés par formations sanitaires ...63
Tableau 11 : Niveau d’instruction et mode d’accès aux produits pharmaceutiques .............64
Tableau 12 : Types de patients ...........................................................................................66
Tableau 13 : Nombre de produits prescrits par types de patients .......................................67
Tableau 14 : Nombre de produits prescrits non disponibles selon le type de patients ........68
Tableau 15 : Liste de produits prescrits et non disponible..................................................69
Tableau 16: Classifications des produits selon leur présentation ........................................70
Tableau 17: Effectifs par types de patients .........................................................................74
Tableau 18 : Prescription par produits ...............................................................................75
Tableau 19 : Niveau de satisfaction des patients ................................................................76
Tableau 20 : Niveau de commande quantité acquise ..........................................................77
Tableau 21 : Quantités des commandes par types de produits ...........................................77
Tableau 22 : Données spécifiques sur les enquêtés délégués médicaux ..............................85
Tableau 23 : Quantités de produits écoulées avant et pendant la gratuité des soins ............85
Tableau 24 : Modes d'écoulement des produits spécialités .................................................86

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│Février 2020│
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LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Lettre de recommandation d’enquête .................................................................... 110


Annexe 2 : Autorisation d’enquête Direction Régional de la Santé du Centre .................... 111
Annexe 3 : Décret portant mise en œuvre de la gratuité ......................................................... 112
Annexe 4: Liste des formations sanitaire du district de Bogodogo ....................................... 114
Annexe 5: Outils d'enquête ......................................................................................................... 115
Annexe 6: Fiche de repérage des documents à lire .................................................................. 119
Annexe 7: Grille d’analyse des articles de journaux et rapports du REN-LAC ................... 119
Annexe 8: Analyse des numéros de journaux lus ..................................................................... 120

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│Février 2020│
[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

RESUME – MOTS CLES

Problématique : L’accès aux médicaments constitue l’une des problématiques de santé


publique au Burkina Faso. Les populations, particulièrement les enfants et les femmes ne
rencontrent des difficultés pour se soigner du fait de la barrière financière. En réponse à cette
situation, l’État a adopté le 29 Avril 2016 une politique de gratuité des soins au profit des
femmes enceintes et des enfants de moins de cinq ans. A travers cette étude nous voulons
d’évaluer les effets de la dynamique du marché pharmaceutique sur la mise en œuvre de la
politique de gratuité de soins au Burkina Faso.

Méthodologie : Il s’agit d’une recherche mixte consistant en trois études de cas. La première
étude de cas a consisté à une étude des conceptions des facteurs de l’indisponibilité des
médicaments au Burkina Faso dans l’opinion publique. A cet effet une revue systématique
des journaux et des rapports de certains organismes sur la corruption, a été menée. La
deuxième étude de cas a consisté à l’évaluation de l’accès des populations cibles aux
médicaments de la gratuité des soins dans le district sanitaire de Bogodogo. Une enquête par
questionnaire a été menée auprès de 230 patients éligibles à la gratuité des soins dans six
CSPS du district sanitaire. La troisième étude de cas a porté sur l’étude du circuit de
distribution du médicament sur la période du 25 septembre au 25 décembre 2018 au CSPS
du secteur 30 de Karpala. L’étude des ordonnances a été complétées par des entretiens auprès
de 14 personnes ressources. L’approche néo-wébérienne de l’action publique et des
légitimités professionnelles a servi de cadre d’analyse.

Résultats : Nous sommes parvenus aux résultats que l’efficacité de la politique de gratuité
des soins en faveurs des enfants de moins de 5 et des femmes enceinte au Burkina Faso est
mise en difficulté par l’existence de marchés de produits pharmaceutiques concurrents et la
recherche du profil d’intérêt personnel par certains agents de santé. L’absence de mesure de
prise en compte du rôle des professionnels de santé par l’Etat dans la mise en œuvre de cette
politique est apparue comme l’un des facteurs explicatifs de la faiblesse de cette politique.
Ces résultats suggèrent un meilleur contrôle de l’État sur les acteurs et le processus de mise
en œuvre de cette politique mais, et surtout une bonne implication et appropriation de cette
politique publique sanitaire par les professionnels de la santé.
MOTS CLES : Marché des produits pharmaceutiques, politique de gratuité des soins,
médicaments génériques, professionnels de santé, enfants et femmes enceintes, Burkina Faso.

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

ABSTRACT
Issue: Access to medicines is one of the public health issues in Burkina Faso. Populations,
particularly children and women, encounter difficulties in accessing treatment because of the
financial barrier. In response to this situation, on 29 April 2016, the State adopted a policy of
free healthcare for pregnant women and children under five years of age. Through this study
we want to assess the effects of the dynamics of the pharmaceutical market on the
implementation of the free healthcare policy in Burkina Faso.
Methodology: This is a mixed research consisting of three case studies. The first case study
consisted of a study of public perceptions of the factors contributing to the unavailability of
medicines in Burkina Faso. To this end, a systematic review of newspapers and the reports
of certain organisations on corruption was carried out. The second case study consisted of
an evaluation of the target populations' access to free medicines in the health district of
Bogodogo. A quiz survey was conducted among 230 patients eligible for free health care in
six CSPS in the health district. The third case study was a study of the drugs distribution
circuit over the period from 25 September to 25 December 2018 at the CSPS in District 30
of Karpala. The study of prescriptions was supplemented by interviews with 14 resource
persons. The neo-Weberian approach to public action and professional legitimacy served as
a framework for analysis.

Results: We have come to the conclusion that the effectiveness of the policy of free care for
children under 5 and pregnant women in Burkina Faso is hampered by the existence of
competing pharmaceutical markets and the search for personal interest profiles by some
health workers. The absence of measures to take into account the role of health professionals
by the State in the implementation of this policy has appeared to be one of the factors
explaining the weakness of this policy. These results suggest better control by the State over
the actors and the process of implementing this policy but, above all, a good involvement
and appropriation of this public health policy by health professionals.

KEYWORDS: Pharmaceutical market, free healthcare policy, generic drugs, health


professionals, children and pregnant women, Burkina Faso.

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│Février 2020│
[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

INTRODUCTION
Depuis les dix dernières années, les déséquilibres dans l’état de santé des populations dans le
monde continuent de se creuser (OMS, 2008a). En effet, en 2008, le rapport de l'Organisation
Mondiale de la Santé sur la santé dans le monde rend compte de certains échecs et
d'insuffisances qui ont introduit des déséquilibres dans l'état de santé des populations dans le
monde. En effet, sur les quelques 136 millions de femmes qui devraient accoucher en 2008,
près de 58 millions ne bénéficieront d'aucune assistance médicale ni pendant l'accouchement,
ni après. Cela met en jeu leurs vies et celles de leurs nourrissons. En fait le taux mondial de
mortalité maternelle n’a diminué que de 2,3% par an entre 1990 et 2015 (OMS, 2019a). Selon
l’OMS, le risque pour un enfant de décéder avant son cinquième anniversaire est 8 fois plus
élevé en Afrique qu’en Europe. En 2017 par exemple, 50 % des décès d’enfants de moins de
5 ans dans le monde ont eu lieu en Afrique. Il ressort qu’un enfant sur 13 meurt avant son
cinquième anniversaire en Afrique subsaharienne (OMS, 2018). Selon l’UNICEF, au rythme
actuel, entre 2017 et 2030, 60 millions d’enfants, dont la moitié des nouveau-nés, mourront
avant leur cinquième anniversaire (UNICEF, 2017).

Au Burkina Faso, la situation sanitaire est restée caractérisée par des taux de mortalité
générale et spécifique élevés (Ministère de la Santé, 2011). Par exemple en 2010 le taux de
mortalité maternelle était de 41,7%. Ce taux va connaitre une légère baisse de 4,6% et passer
à 37,1% en 2015 (OMS, UNICEF et al, 2015). En effet, l’enquête sur le Module Démographie
et Santé (EMDS), menée en 2015 par L’Institut National de la Statistique et de la
Démographie (INSD) du Burkina Faso, révèle que le taux de mortalité infantile sur la période
de 2010 à 2015 est de 43 pour 1000 naissances vivantes (Ministère de la Santé, 2017).
Certes, depuis la Déclaration d’Alma-Ata dans les années 70, la situation sanitaire a
considérablement changé au niveau des pays (OMS, 2003). En effet, il y a eu des
améliorations en ce qui concerne le tableau de morbidité, les profils démographiques,
l’exposition aux risques majeurs et l’environnement socio-économique. On a également
observé des tendances à l’adoption de modèles de soins plus intégrés et à un pluralisme accru
dans le financement et l’organisation des systèmes de santé. A cet effet, en 2008, le docteur
Margaret Chan directeur général de l’OMS précisait ces réformes internationales en quatre
points en matière de soins de santé primaires (OMS, 2008b). Il s’agit des :

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│Février 2020│
[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

- réformes de la couverture universelle qui font en sorte que les systèmes de santé
contribuent à l’équité, à la justice sociale et à la fin de l’exclusion, essentiellement en
tendant vers l’accès universel aux soins et à la sécurité sociale ;
- réformes des prestations de services qui réorganisent les services de santé autour des
besoins et des attentes de la population, afin de les rendre plus pertinents socialement
et plus réactifs aux changements du monde, tout en produisant de meilleurs résultats ;
- réformes des politiques publiques qui rendent les collectivités plus saines, en
combinant mesures de santé publique et soins de santé primaires, en menant des
politiques publiques saines dans tous les secteurs et en renforçant les interventions de
santé publique sur le plan national et trans-national ;
- réformes du leadership qui remplacent à la fois la quête disproportionnée de résultats
à court terme d’un côté et le laisser-faire du désengagement des pouvoirs publics de
l’autre, par l’autorité dirigeante inclusive, participative et négociatrice qu’appelle la
complexité des systèmes de santé contemporains.
Dans la région africaine, c'est l'Afrique du sud qui a expérimenté en premier la politique
d'exemption de paiement à partir de 1944 (Nabyonga et al., 2005). A ce jour, plus d'une
quinzaine de pays africains dont les revenus sont faibles et moyens ont suivi l'exemple sud-
africain (Yohou, 2015). Par exemple au Burundi on assiste en mai 2006 à une suppression
des frais d’accouchement et des soins curatifs chez les enfants âgés de moins de 5 ans ; en
république Démocratique du Congo, c’est la gratuité du traitement du paludisme chez les
enfants de moins de 15 ans et chez les femmes enceintes qui sera instaurée en juillet 2008
(Ibid. 2015). Quant au Burkina, les politiques y ont privilégié la subvention plutôt que la
gratuité, en laissant une faible part du prix à la charge des patients, tout en concédant peu à
peu quelques périmètres de gratuité (Olivier de Sardan & Ridde, 2012). En effet, dans la lutte
contre le paludisme, les Combinaisons Thérapeutiques à base d’Artémisinine (ACT) ont été
fortement subventionnés Le coût du traitement est de 100FCFApour les enfants. Un
programme de distribution d’ACT à ces prix par les agents de santé communautaires (ASC)
a été lancé à l’échelle nationale en 2011 (Ibid. 2012). En 2005, la prise en charge des cas de
paludisme grave est devenue gratuite. Les moustiquaires imprégnées sont aussi gratuites et
distribuées à l’échelle du pays depuis 2010. En ce qui concerne la santé maternelle, une
subvention de 60-80 % selon les services et le niveau d’accès aux soins est accordée pour les
accouchements eutociques comme pour les césariennes. Les dépenses sont avancées par les

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│Février 2020│
[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

formations sanitaires et leur sont remboursées par l’État, dans un premier temps sur la base
d’un forfait et aujourd’hui sur la base des dépenses réelles (Olivier de Sardan et Ridde, 2012).

Depuis 2016, le Burkina Faso, par décret n° 2016-311-


PRES/PM/MS/MATDSI/MINEFID du 29 avril 2016, a opté pour une politique de gratuité
ciblée, en faveur des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes. La gratuité des soins
de santé consiste à fournir des prestations de soins de santé à la population cible, sans qu’elle
ne participe au paiement direct de ces prestations (Blanchet, 2012). En son article 2, le décret
précise les bénéficiaires de cette politique, à savoir les enfants de moins de 5 ans, les
accouchements et des césariennes, les femmes enceintes et après accouchement jusqu’à 42
jours et la prise en charge des fistules obstétricales, du dépistage des cancers du col de l’utérus
et du sein chez la femme sur toute l’étendue du territoire national. Les pathologies et les
dépenses éligibles dans la politique de gratuité des soins ont été décrites dans le paquet de
soins de la politique de la gratuité. Par exemple, chez l’enfant de moins de 5 ans, les
pathologies concernées sont celles en rapport avec la prise en charge intégrée des maladies
de l'enfant (PCIME). Ce sont :
- le paludisme ;
- les diarrhées ;
- les infections respiratoires aigües ;
- la malnutrition aigüe et les affections néonatales ;
- les crises aigües de maladies chroniques par exemple la crise d'asthme, la crise de
drépanocytose ;
- les principales urgences chirurgicales dont le traitement curatif est disponible dans nos
centres de santé.
Chez la femme il s’agit :
- des accouchements simples et compliqués ;
- les soins obstétricaux et néonatals d'urgence (SONU) pendant la grossesse
l'accouchement et jusqu'à 42 jours après l'accouchement ;
- les soins curatifs essentiels disponibles dans les centres de santé contre les maladies
survenant après l'accouchement jusqu'à 42 jours (par exemple traitement des
infections urinaires, de la pneumonie etc.) ;
- les césariennes et les laparotomies pour GEU et rupture utérine ;
- les fistules obstétricales.

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│Février 2020│
[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

Les dépenses éligibles pour chaque pathologie ou prestation sont :


- les frais des actes de consultation ;
- les frais des actes médicaux et d'intervention chirurgicale ;
- les frais d'hospitalisation, les frais des médicaments et consommables médicaux ;
- les frais des examens complémentaires ;
- les frais pour les évacuations sanitaires.
Le financement de ces mesures de gratuité est assuré par le budget de l'Etat et ses partenaires
(Décret 2016-311).

Trois ans après sa mise en œuvre il convient de faire un état des lieux et de s’interroger sur
les effets de cette politique de gratuité des soins sur l’amélioration de la santé des populations
au Burkina Faso : en quoi la structuration du marché des produits pharmaceutique au Burkina
Faso permet une meilleure mise en œuvre de la politique de gratuité des soins des enfants de
moins de 5 ans et des femmes enceintes ? Répondre à cette interrogation générale, nécessite
de répondre aux questions spécifiques suivantes :
- Comment la CAMEG assure-t-elle le monopole du marché pharmaceutique au
Burkina Faso ?
- L’existence de marchés concurrents joue-t-elle sur une meilleure mise en œuvre de la
politique de gratuité des soins des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes
?

Cette étude trouve sa pertinence au double niveau : scientifique et pratique. Premièrement au


niveau scientifique, la plupart des écrits qui s’est consacrée à l’évaluation des politiques
d’exemption ne s’est pas particulièrement intéressée à l’organisation du marché
pharmaceutique et son impact sur l’accès aux médicaments contenu dans les kits de la
gratuité. Or la façon dont se présente et est organisé le marché des produits pharmaceutiques
peut déterminer les possibilités d’accès aux soins. En effet, dans l’évaluation des effets des
politiques d’exemptions, certaines études se sont intéressées à la perception des populations
sur les politiques d’exemptions de paiement des soins. Parmi elles figure l’étude de Touré
(Touré, 2012) réalisée au Mali. Cette étude avait montré que 84 % des personnes interrogées
affirmaient que les politiques de gratuité des soins ont augmenté l’utilisation des services et
que 92 % bénéficiaient aux plus pauvres.
En ce qui concerne l’utilisation des services de santé, de manière globale, des études ont
démontré que l’utilisation des services de santé, devenus gratuits, a augmenté après la mise
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│Février 2020│
[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

en place des politiques d’exemption, de plus 17% à Madagascar (Fafchamps & Minten, 2007),
et jusqu’à plus 80% en Ouganda pour les consultations en 1ère ligne (Yates, 2009). Au Ghana,
une étude a montré que les politiques d’exemptions, avaient permis une augmentation
significative des accouchements dans les structures sanitaires et des accouchements assistés
par du personnel qualifié dans des régions où habituellement les femmes accouchaient à la
maison (Penfold, Harrison, Bell, & Fitzmaurice, 2007).

On retrouve également d’autres études qui ont abordé les dépenses des ménages en matière
de santé. Ces études relèvent une incidence positive de la gratuité des soins sur les dépenses
de santé des ménages notamment les plus démunis. C’est le cas du Ghana où l’incidence des
dépenses catastrophiques sur le budget des ménages a connu une baisse (Asante, Chikwama,
Daniels, & Armar-klemesu, 2010).
D’une manière générale, les études ont démontré que les pays ayant adopté la gratuité des
soins connaissent des ruptures de médicaments dans les formations sanitaires (Ridde, Robert,
& Meessen, 2010). Au Niger par exemple, les retards de remboursement ont occasionné des
ruptures de stocks de médicaments dans les formations sanitaires, entraînant des pratiques
fréquentes de renvoi des patients de la part des prestataires vers d’autres formations sanitaires
(Olivier de Sardan et Ridde, 2012). Toutefois, la compréhension des causes de ces ruptures
reste insuffisante.

Le second niveau qui justifie notre étude est sa pertinence pratique. En effet, en Afrique, la
part des dépenses de santé supportée directement par les ménages est très importante,
souvent largement au-dessus des 50% (Ridde & Bicaba, 2009). Celle qui constitue une des
barrières à l’accès aux soins des populations. Au Burkina Faso par exemple, en 2008, la mise
en œuvre du paiement direct des médicaments a occasionné des dépenses des ménages (dont
56,5% vivent avec moins de 625 F CFA par jour) estimées à 38,8% du financement total de
la santé (Saouadogo, Amoussou, & Ouédraogo, 2012). Aujourd’hui, avec la politique de
gratuité des soins, les médicaments devraient donc être disponibles à tout moment et en
quantité suffisante, de qualité garantie et gratuits pour les femmes enceintes et les enfants de
moins de 5 ans vivant au Burkina Faso. Mais entre ce qui doit être et ce qui est, il existe un
fossé dont l’explication réside dans le fonctionnement du marché pharmaceutique. Cette
étude pourrait donc aider à comprendre le mode de fonctionnement du marché
pharmaceutique et son rôle dans l’accompagnement de la politique de gratuité des soins des
enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes au Burkina Faso.

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

Nous partons de l’hypothèse générale que la structuration du marché des produits


pharmaceutiques joue sur l’efficacité de la politique de gratuité des soins des enfants de moins
de 5 ans et des femmes enceintes au Burkina Faso.
De façon plus spécifique, deux hypothèses guideront notre travail :
- le monopole du marché pharmaceutique échappe à la CAMEG ;
- l’existence de marchés concurrents entrave une meilleure mise en œuvre de la
politique de gratuité des soins.

Notre travail a été réalisé à travers une approche méthodologique mixte consistant en trois
études de cas. La première étude de cas analyse les conceptions des facteurs de
l’indisponibilité des médicaments au Burkina Faso dans l’opinion public. Elle s’est effectuée
à travers l’exploitation d’archives de journaux et rapports grâce à une revue documentaire.
La deuxième étude a porté sur l’accès aux médicaments par les patients éligibles à la gratuité
des soins. L’étude de cas a été réalisée dans 6 formations sanitaires du district de Bogodogo
auprès des enquêtés. Enfin la dernière étude de cas a porté sur le circuit de distribution du
médicament au CSPS du secteur 30 de Karpala. Cette étude a été réalisée grâce à une revue
documentaire et des entretiens. Elle a permis de comprendre le mode d’organisation du
circuit de distribution du médicament et les voies d’accès aux médicaments de la politique de
gratuité des soins par les populations éligibles.

Les résultats issus des analyses ont été présentés selon le plan suivant :

La première partie composée de deux chapitres présente le cadre théorique et


méthodologique. Le chapitre 1 présente le cadre théorique. Dans ce chapitre nous avons
défini les mots clés relatifs à la politique de gratuité, notamment les termes de « médicament »
et de « population cible » des mesures de la gratuité. Ensuite nous avons procédé à une revue
de la littérature. Les écrits recensés présentent les modes de formulations, le mode de gestion
et d’approvisionnement des marchés et les difficultés que connaissent les politiques de la
gratuité des soins. La revue de la littérature a également porté sur les notions de politiques
publiques et la professionnalisation. A partir de ces définitions et de la littérature, nous avons
élaboré notre cadre d’analyse. Le chapitre 2 présente la démarche méthodologique utilisée
pour mener l’étude. Ce chapitre a consisté à la présentation de notre approche
méthodologique, du cadre d’étude, des méthodes d’échantillonnage, des techniques et outils
de collectes de données, l’analyse des données. Dans ce chapitre, nous avons également

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

précisé les conditions éthiques et déontologiques dans lesquelles s’est réalisée l’étude. Ensuite,
les difficultés rencontrées dans la réalisation de l’étude ont été présentées. Enfin nous avons
de façon détaillée expliqué le déroulement général de cette étude.

La seconde partie présente les résultats de la recherche en quatre chapitres. Les trois premiers
chapitres traitent chacun d’une étude de cas. Le quatrième chapitre présente la discussion des
résultats. Le chapitre 1 présente les conceptions des facteurs d’indisponibilités des
médicaments au Burkina Faso dans l’opinion publique burkinabé. Cinq facteurs ont été
relevés par l’opinion publique. Il s’agit :
• des dysfonctionnements dans la gestion des formations sanitaires
• du coût élevé des médicaments
• de l’existence des marchés parallèles de ventes de médicaments
• des fréquentes ruptures ou pénuries de stocks de médicaments et
• des vols et détournements de médicaments dans les formations sanitaires.
Dans le chapitre 2 nous avons présenté les résultats de l’enquête sur l’évaluation l’accès des
populations aux médicaments de la politique de gratuité des soins. Ces résultats ont révélé
une indisponibilité des médicaments prescrits sur les ordonnances. Le chapitre 3 présente
les résultats de l’étude du circuit du médicament de la politique de gratuité des soins au CSPS
du secteur 30 de Karpala. Les résultats ont montré que le circuit de distribution des
médicaments de la gratuité des soins présente des insuffisances à deux niveaux : au niveau de
la prescription des médicaments et au niveau de l’approvisionnement de ces médicaments.
Pour ce qui concerne la prescription, on note que les agents de santé prescrivent
fréquemment des produits qui ne sont pas disponibles dans les dépôts pharmaceutiques des
centres de santé. Au niveau de l’approvisionnement, deux problèmes ont été relevés :
l’absence de système formel d’organisation du marché pharmaceutique qui réponde aux
exigences de la politique de gratuité des soins et l’incapacité de la CAMEG à assurer
totalement l’approvisionnement des formations sanitaires en produits pharmaceutiques.
Enfin le chapitre 4 a porté sur la discussion des résultats de nos trois (3) études de cas en
rapport avec à nos deux hypothèses. Au terme de ces discussions nous sommes parvenus à
conclusion que le monopôle du marché pharmaceutique échappe à la CAMEG. La CAMEG
n’assure pas à elle seule, bien qu’elle soit l’organe désigné, l’approvisionnement du marché
pharmaceutique au Burkina Faso. Cette situation entrave la mise en œuvre de la politique de
gratuité des soins au Burkina Faso parce qu’elle accentue le problème de l’indisponibilité des

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

médicaments gratuits et donne libre cours à l’émergence de marchés pharmaceutiques


concurrents. L’existence de ces marchés concurrents entraine la prescription de médicaments
vendus dans les pharmacies privées à des coûts élevés ; ce qui engendre des dépenses pour
des populations déjà en situations vulnérables.

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE


ET METHODES

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CHAPITRE I : REVUE DE LA LITTERATURE


Dans ce chapitre nous nous proposons de définir d’abord ce que nous entendons par le mot
médicament dans le cas de la gratuité et celui de la population éligible aux mesures de la
gratuité des soins au Burkina Faso. Ensuite, nous procéderons à une revue littéraire des écrits
qui présentent le contexte, les modes de formulations, le mode de gestion et
d’approvisionnement des marchés, et les difficultés que connaissent les politiques de la
gratuité des soins. La revue de la littérature a également porté sur les notions de politiques
publiques et la professionnalisation. Enfin à partir de ces définitions et de la revue de la
littérature, nous présenterons notre cadre d’analyse.

1.1. Définitions de mots clés


Cette section définit la notion de médicament et l’expression population couverte par la
politique de gratuité des soins.

1.1.1. Produits Pharmaceutiques


Selon le guide de Pharmaciens Sans Frontières, le terme « produits pharmaceutiques » désigne
l’ensemble des articles dont la gestion est sous la responsabilité d’un ou plusieurs
pharmaciens. Ils comprennent, outre les médicaments, une diversité de produits destinés
à l’amélioration de la santé, que ce soit en permettant l’administration d’un traitement,
ou l’établissement d’un diagnostic, ou la préparation de médicaments eux-mêmes (PSF,
2004).

1.1.2. Le médicament
Selon les dispositions de l’article 208 de la loi N° 23/94/ADP du 19 mai 1994 portant code
de santé publique du Burkina Faso « on entend par médicament, toute substance ou
composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard
des maladies humaines ou animales ; ainsi que tout produit pouvant être administré à
l’homme ou à l’animal en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou
modifier leur fonction organique ». Sont aussi des médicaments selon la loi suscitée :
o les produits d’origine humaine ;
o les remèdes traditionnels ;
o les produits diététiques qui renferment dans leur composition des substances
chimiques ou biologiques ne constituant pas par elles-mêmes des aliments, mais dont

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

la présence leur confère soit des propriétés spéciales recherchées, soit des propriétés
thérapeutiques de repas d’épreuve.
Dans le cas de cette étude, la forme diététique sera celle que nous consacrerons au terme
médicament.
Le même code définit par ailleurs certaines catégories de médicaments. Ainsi, en son Article
209 la spécialité pharmaceutique est définie comme étant : « tout médicament préparé à
l’avance dans l’industrie pharmaceutique ; présentée sous un conditionnement particulier et
caractérisé par une dénomination spéciale ». Le code de santé publique du Burkina Faso
définit le médicament générique comme : « toute copie d’un médicament déjà mis sur le
marché, qui a les mêmes principes actifs que celui-ci et qui revendique la même activité pour
les mêmes indications ».
On entend par médicament générique toute copie d’un médicament original dit aussi
médicament « leader », dont la production et la commercialisation sont rendues possibles
notamment par l’expiration des brevets dans le domaine public, une fois écoulée la période
légale de protection ; peuvent être considérés comme génériques aussi bien des médicaments
vendus sous leur dénomination scientifique usuelle ou sous la dénomination commune
internationale du ou des principes actifs qu’ils renferment, dénomination qui doit être assortie
d’une marque ou du nom du fabricant (Saouadogo, 2003 : 40).

Depuis 1996, un article est introduit dans le code de santé publique du Burkina Faso dans la
partie relative à l’autorisation de mise sur le marché. L’article L.601.6 stipule que :
(...) La spécialité générique d’une spécialité de référence est définie comme celle qui a la même
composition qualitative et quantitative en principe actif, la même forme pharmaceutique, et
dont la bioéquivalence avec la spécialité de référence est démontrée par des études de
biodisponibilité appropriées.
C’est cette définition que nous attribuerons dans le cas notre recherche à l’expression
« médicament générique ».
Au Burkina Faso, les structures de contrôle et de surveillance de la qualité des médicaments
sont les suivantes : la Ligue nationale des consommateurs, le Comité national du médicament,
le Comité d’éthique, le Laboratoire national de santé publique, la Centrale d’achat des
médicaments essentiels génériques, les grossistes répartiteurs, la DGPML qui contribue au
contrôle, la structure de contrôle et de surveillance qualité, l’Autorité de Réglementation
Pharmaceutique (ARP), le Contrôle post marketing.
1.1.3. Population cible de la politique de gratuité des soins

L’Association pour l’Étude de l’Épidémiologie des Maladies Animales désigne une


population cible comme un groupe auquel une intervention épidémiologique ou un
programme de santé est destiné. C’est la catégorie de population visée par une mesure de

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

santé. On recourt communément à trois types de stratégies de ciblage : le ciblage direct, le


ciblage spécifique et l'auto-ciblage. Ces trois formes ne s'excluent pas mutuellement et, de
fait, sont souvent associées (OMS, 2003). Ce sont :
Le ciblage direct vise à ce que seuls les pauvres profitent des avantages prévus. L'une des
méthodes utilisées consiste à instaurer la gratuité des soins pour ceux qui ne peuvent pas les
payer. L'application d'une telle stratégie oblige à faire une évaluation des ressources (c'est-à-
dire de la capacité de paiement du patient). Des moyens administratifs importants sont alors
nécessaires pour accorder des dispenses basées sur une telle évaluation. Les pouvoirs publics
peuvent aussi verser des allocations aux familles pauvres qui adoptent certains
comportements, par exemple à celles qui font régulièrement examiner leurs enfants dans des
centres de santé. Là encore, il faut disposer d'une capacité institutionnelle considérable. Dans
certaines parties de l'Amérique latine, de telles formules ont permis d'accroître la participation
aux programmes de prévention des maladies.
Le ciblage spécifique tend à favoriser certains groupes de personnes pauvres ayant des
caractéristiques particulières qui entraînent une aggravation des carences. Parmi les critères
de sélection peuvent figurer le lieu de résidence, le sexe, l'ethnie, la maladie dont souffre
l'intéressé (par exemple le VIH/SIDA) ou d'autres facteurs.
Et l'auto-ciblage, il repose sur la tendance des nantis à se passer de services dont ils jugent
la qualité insuffisante, soit parce qu'ils imposent des délais d'attente prolongés, soit encore
parce qu'ils sont mal équipés.
Dans le cas de la politique de gratuité que nous étudions dans cette recherche, il s’agit d’un
ciblage spécifique. La population cible concerne : les femmes enceintes, les femmes admises
à la césarienne et les enfants de moins de cinq ans vivant au Burkina Faso.

1.1.4. Notion de gratuité des soins

Afin de mieux comprendre la notion de gratuité des soins, il convient de revisiter les notions
de : « recouvrement de coût », « subvention de paiement », et « d’exemption de paiement ».
- Le recouvrement de coût des actes de santé : Il consiste au partage des frais de
soins de santé entre l’Etat et les usagers. Adopté dans les années 1980 par les Etats à travers
l’Initiative de Bamako, le recouvrement de coût vise la participation des ménages au coût de
la santé afin d'accroître et de compléter les dotations budgétaires de l'Etat aux formations
sanitaires. Également, la décentralisation et la viabilité des services. Le recouvrement des
coûts va de pair avec la transparence et la responsabilité dans la gestion car les populations,

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

en acceptant de payer, veulent comprendre comment leur agent est utilisé. C'est pour cette
raison que les formations sanitaires sont autorisées à prélever 65 % des recettes de
recouvrement courant (entretien, achat matériel, fournitures, etc…). Les fonds sont gérés par
des comités des gestion (COGES) composés des représentants des bénéficiaires des
prestations et du prestataire de soins de la localité.
- La Subvention de paiement :

Bien qu’il soit largement employé en économie, le terme “subvention“ est rarement défini.
Souvent, il est utilisé comme un antonyme du mot taxe, désignant un transfert d’argent des
pouvoirs publics à une entité du secteur privé. Tel est le cas, par exemple, dans le dictionnaire
Oxford en ligne, où une subvention est définie comme une somme d’argent accordée au
moyen de fonds publics pour aider un secteur ou une entreprise à maintenir le prix d’un
produit ou d’un service à un niveau peu élevé (OMC, 2006). Dans le cas des paiements des
frais de santé, au Burkina Faso par exemple, pour abaisser les barrières à l’utilisation des
services de santé maternelle, le gouvernement burkinabè a mis en place en 2006 une politique
nationale de subvention des soins obstétricaux et néonataux d’urgence (SONU) qui prend en
charge 80 % des frais normalement exigés aux patientes. Cette politique est entièrement
financée par l’État et son budget avait été voté par le parlement pour la période 2006-2015
(Samb, Belaid, & Ridde, 2013).

- Les exemptions de paiement :

L’exemption de paiement de frais consiste de ce fait à affranchir les populations des frais à
payer pour se soigner. L’exemption de paiement cumule un argument d’« équité » en faveur
des plus vulnérables ou des plus pauvres, et un argument de « levier », l’exemption du
paiement devant accroître de façon significative l’accessibilité générale et la fréquentation des
formations sanitaires en levant la barrière financière (Olivier de Sardan et Ridde, 2012). Les
mesures d’exemption de paiement peuvent être totale ou partielle ; en faveur de certaines
catégories de la population, ou pour certains services de santé. On note les exemptions telles
que la prise en charge et la prévention du sida – ARV (gratuité partout) ; les césariennes
(gratuité au Mali et Niger, subvention, puis gratuité envisagée au Burkina Faso) ; les femmes
enceintes et enfants de moins de cinq ans (Ibid. 2012).

Les politiques de gratuité de soins consistent à abolir les paiements formels directs payés
par le patient aux prestataires de santé. Le champ d’application de cette gratuité varie sur deux

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

axes : d’abord la population ciblée qui va de certains groupes spécifiques plus ou moins
importants à l’ensemble de la population présente sur un territoire ; ensuite, le panier de soins
couverts par cette gratuité, qui peut se limiter à certains services spécifiques ou couvrir un
panier de soins plus large, voire même l’ensemble du panier de soins délivré au niveau des
services de santé primaire (OMS, 2017).
Quand elle s’applique à des groupes de population particuliers, ces derniers sont
généralement caractérisés par une vulnérabilité d’origine médicale ou financière. Des critères
sociodémographiques (âge, grossesse etc.) ou sociogéographiques (espace géographique
défini) aisément observables sont utilisés de manière à déterminer si une personne est éligible
à la gratuité des soins. Cela marque une différence importante avec le recours à des
évaluations individuelles appliquées pour déterminer si une personne a droit à l’exemption
de frais d’utilisation ou si elle peut bénéficier d’une prime d’assurance maladie subventionnée
(Ibid. 2017).
L’initiative de Bamako lancée en 1987 caractérisée par le recouvrement des coûts comme
modalité de financement des formations sanitaires a été jugée peu satisfaisante, et à même les
problèmes d’accès équitable aux soins de santé (Ridde, 2005). Les pays africains se sont
orientés vers l’adoption de mesures visant à les abolir. C’est ainsi qu’au Burkina Faso, il s’est
agi dans un premier temps de mesures de subvention avant d’en arriver aujourd’hui aux
exemptions de paiement direct dont la gratuité de soins ciblée, pour les femmes enceintes et
les enfants de moins de cinq ans.
Dans le cadre notre travail, les exemptions fondées sur une évaluation individuelle de la
vulnérabilité économique ne sont pas considérées comme faisant partie des politiques de
gratuité.

1.2. Revue sur les politiques de gratuite

Depuis 2005, à la suite des rapports internationaux et de consensus d’experts, se sont


ajoutées, de nombreuses publications des ONG recommandant l’accès gratuit à des services
de santé de qualité pour les femmes et les enfants de moins de cinq ans (Ridde, Meessen, &
Kouanda, 2011). En effet dans plusieurs cas, l’abolition des frais aux usagers a été décidée
soudainement et dans un contexte très politisé (pré- ou postélectoral). En Afrique du Sud par
exemple, il s’agissait d’une des premières décisions du premier gouvernement postapartheid,
à forte valeur symbolique en termes de justice sociale. Au Niger, une ONG allemande
(HELP) qui intervenait déjà depuis 2005 dans le contexte de la crise alimentaire a été incitée
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par le bureau d’aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO) à améliorer l’accès


aux soins en abolissant le paiement direct pour les femmes et les enfants de moins de cinq
ans dans deux districts sanitaires (Ridde & Diarra, 2009). En 2007, la mise en œuvre de
l’abolition de paiement par l’ONG a eu un effet déclencheur dans l’extension de cette
politique à l’ensemble du pays (Ibid. 2009).
En ce qui concerne la formulation des politiques de gratuité, elle se présente sous deux formes
(Ridde et Morestin, 2009). La première citée est l’abolition des frais axée sur les services. Le
choix le plus répandu parmi les pays étudiés est d’abolir le paiement pour certains services de
santé, quels qu’en soient les usagers. La gratuité s’applique en Ouganda à tous les services, au
Kenya aussi à l’exception des services de diagnostic (laboratoire, médicaments), en Afrique
du Sud aux soins primaires incluant les soins dentaires de base, et au Ghana, à tous les services
reliés à l’accouchement (Ridde, Robert et al, 2010). La seconde est l’abolition axée sur des
groupes de population. Parmi les pays étudiés, l’Afrique du Sud (lors de la 1re mesure
d’abolition en 1994) et le Niger (2007) ont fait ce choix, rendant tous les services gratuits
pour les enfants de moins de 5-6 ans et les femmes enceintes et allaitantes.

Le manque d’information est un autre problème qui a été aussi rapporté. En Afrique du Sud
et au Ghana, les soignants et les gestionnaires se plaignent de manquer de soutien pour
implanter la politique d’abolition (Walker et Gilson, 2004 ; Witter et Adjei, 2007 ; Witter,
Arhinful et al, 2007). Au Ghana, il ressort que les communautés n’avaient pas bien compris
la mesure d’abolition, malgré la publicité faite par différents moyens (Witter, Arhinful et al,
2007). La communication en sens inverse s’est aussi avérée problématique au Ghana. Les
structures et autorités sanitaires locales n’ont pas rendu compte au niveau central de
l’utilisation des fonds reçus (Witter et Adjei, 2007 ; Witter, Arhinful et al. 2007).

D’une manière générale, les pays ayant adopté la gratuité des soins connaissent des ruptures
de médicaments dans les formations sanitaires (Olivier de Sardan et Ridde, 2012).
L’impréparation de ces politiques explique souvent les difficultés observées dans leur mise
en œuvre (Ridde, Robert et al, 2010). Au Burundi par exemple, le fait qu’elle a été
soudainement décidée sans mesure d’accompagnement a chamboulé le système de santé en
aggravant les ruptures de stock (Nimpagaritse & Bertone, 2011). Au Niger, les retards de
remboursement ont occasionné des ruptures de stocks de médicaments dans les formations
sanitaires, entraînant des pratiques fréquentes de renvoi des patients de la part des prestataires
vers d’autres formations sanitaires (Olivier de Sardan et Ridde, 2012).

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

La gestion efficiente de l'approvisionnement en médicaments et intrants dans les


établissements sanitaires constitue l'élément déterminant de la politique de la prise en charge
des cas (Yohou, 2015). Dans l’ensemble des pays qui ont adopté les politiques de gratuité, la
gestion de l'approvisionnement en médicaments et intrants a été confiée à des organes
spécifiques (Olivier de Sardan & Ridde, 2012). En Côte d’Ivoire par exemple, la Nouvelle
Pharmacie de la Santé Publique (NPSP), les pharmacies des districts, des CHR et HG, les
gestionnaires de pharmacies, les personnels de santé sont les acteurs clés de la bonne marche
de ce volet (Yohou, 2015). Au Burundi, le gouvernement a pris l’engagement ferme de fournir
à la population des médicaments de qualité, efficaces, sûrs, disponibles géographiquement et
financièrement. La mise en application de cette politique a été confiée au Ministère de la Santé
Publique et de la Lutte contre le Sida à travers ses services techniques. La CAMEBU (Centrale
d’Achat des Médicaments Essentiels au Burundi) a été créée en tant qu’unité centrale en
charge des achats, stockage et distribution des intrants de santé. La CAMEBU achète et
distribue les produits pharmaceutiques aux Districts Sanitaires, qui, à leur tour,
approvisionnent les CDS. La centrale d’achat ne dispose pas de structures décentralisées.

Au titre des difficultés rencontrées par ces politiques de gratuité de soins certaines sont plus
récurrentes. Nous les avons repartis en deux catégories : celle du financement et de la
disponibilité des produits et celle de la croissance des marchés concurrents particulièrement
des marchés illicites de vente de médicaments. En Côte d’Ivoire, en juillet 2010, avant donc
les mesures de gratuité étudiées, la situation de la PSP était préoccupante (Belaid, Baudry,
Queuille, & Ridde, 2013). Elle ne disposait que d’un stock de 2,5 milliards de F CFA pour
des besoins estimés à 25 milliards et les appels d’offre étaient trop espacés pour espérer le
renouvellement de son stock. Fin 2011, après la gratuité pour tous instaurée en avril, la PSP
n’offrait plus ses services qu’aux programmes verticaux et à l’aide d’urgence internationale.
Les besoins estimés en intrants pharmaceutiques concernant les mesures de gratuité ciblée
sont de 22 milliards pour les urgences, cinq milliards pour les enfants et quatre milliards pour
les femmes enceintes. Seuls trois milliards ont été fournis par le programme d’urgence
présidentiel. Ainsi, la PSP a des besoins urgents de liquidité financière et
d’approvisionnement en produits pharmaceutiques. Le taux de satisfaction des commandes
des districts à la PSP est passé de 30 % avant la gratuité à 10 % depuis (mais 25 % dans les
districts appuyés par une ONG). L’épuisement rapide des stocks d’intrants médicaux et des
ressources financières ont paralysé le système tant au niveau central que périphérique. En

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

l’absence de médicaments dans les FS publiques, les usagers doivent se fournir dans les
officines privées, auprès des vendeurs de rue, etc. Cela encourage les patients à consulter
ailleurs (secteur privé, tradipraticiens, etc.). Les coûts s’en trouvent souvent augmenté
(médicaments, transport, etc.) et la confiance des populations envers le système de santé
publique fortement altérée (Belaid, Baudry et al, 2013).

Au Sénégal, depuis plus d’une décennie, la vente illicite des médicaments gagne du terrain à
Dakar avec le développement des circuits officieux d’approvisionnement (Camara, 2006). En
marge des circuits pharmaceutiques légaux, on voit se multiplier l’offre sur le marché ou aux
portes à porte des médicaments aux quantités chimiques douteuses, aux posologies
fantaisistes. Cette pratique peut être inscrite dans le registre de l’informel et se développe
dans un contexte d’automédication généralisée. Pratique illégale sans nul doute, elle se
développe davantage à Dakar à cause de l’action conjuguée de plusieurs facteurs socio-
économiques, voire politiques, tels que : la défaillance du secteur officiel
d’approvisionnement en médicaments, la perméabilité des frontières et l’échec des politiques
de promotion des soins de santé primaires et des médicaments essentiels en particulier. Avec
la demande grandissante des populations en besoins médicamenteux, les vendeurs qui,
conscients de l’inégalité de cette pratique y persistent car ils y trouvent leur compte.

1.3. Revue sur les politiques publiques et la professionnalisation


Le bon fonctionnement d’un système n'est pas seulement technique, il dépend aussi des
rapports entre Etat et les acteurs d’exécution. L'étatisation et la centralisation de la décision,
de la production et du financement induisent des comportements des différents acteurs, qui
influe sur la réussite d’une politique. Il s’agit ici du pouvoir régulateur de l'Etat (Tizio & Flori,
1997). Les politiques publiques mobilisent de ce fait des acteurs aux intérêts parfois
divergents. Parmi ces acteurs il y a les professionnels. Dans ce paragraphe nous abordons le
rôle de l’Etat et des professionnels dans la mise en œuvre de politiques publiques.

1.3.1. Le rôle régulateur des professions par l’Etat

Le sociologue Émile Durkheim soutient l’idée d’une relation étroite entre l’Etat et les
professionnels (Le Bianic & Vion, 2008). Il prône un rétablissement des corporations qui
devraient permettre de contrebalancer les risques d’individualisation des sociétés modernes,
dus à la spécialisation et à la division croissante du travail en dotant les individus d’une morale

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

collective dont sont dépourvues la plupart des activités ; et cela à travers la dimension
régulatrice et socialisatrice des groupements professionnels. Pour Durkheim, la morale
professionnelle ne saurait à elle seule réguler et encadrer l’ensemble des activités des
individus. Ainsi l’Etat à travers la synthèse d’autres sphères notamment la famille, l’école, la
communauté peut organiser les groupements professionnels. Durkheim parle alors du rôle
régulateur des professions par l’Etat. L’Etat est ainsi appelé à jouer un rôle actif et doit
demeurer le niveau central de régulation, englobant tous les autres : « l’enseignement qui se
dégage des faits est que la corporation doit prendre un autre caractère, qu’elle doit se
rapprocher de l’Etat sans s’absorber en lui, c’est-à-dire qu’elle doit, tout en restant un groupe
secondaire, relativement autonome, devenir nationale » (Durkheim, 1950, p. 46).
En clair, les corporations telles qu’envisagées par Durkheim sont bien adaptées à la forme de
solidarité qui caractérise les sociétés modernes. Il existe de ce fait des rapports entre les
individus et l’Etat. Durkheim (1950) évoque à la fois la notion de morale professionnelle et
la morale civique. Parlant de morale professionnelle, il avance deux sortes de règles. D’abord,
il y a celles qui s’appliquent à soi-même. Elles constituent la morale individuelle et celles qui
concernent nos rapports avec les hommes qui sont la partie culminante de l’éthique. Mais il
existe une sorte de règles dont la diversité est encore plus marquée : ce sont celles qui forment
la morale professionnelle. Il faut donc qu’il y ait des règles qui disent à chacun ses droits et
ses devoirs, et cela non pas seulement d’une manière générale et vague, mais précise et
détaillée. Cependant une morale ne s’improvise pas, elle est l’œuvre du groupe même auquel
elle doit s’appliquer. Quand elle fait défaut, c’est que ce groupe n’a pas une suffisante
cohésion.
La morale civile est quant à elle définie comme l’ensemble de règles sanctionnées qui
déterminent ce que doivent être les relations entre l’individu et le groupe politique ou société
politique. Dans la mesure où chaque membre ne relève que de lui-même et ne dépend pas du
pouvoir central, il constitue une société politique, un Etat proprement dit. Au contraire s’il
est subordonné à un organe qui lui est supérieur, il est un simple groupe secondaire. La société
politique est définie comme celle formée par la réunion d’un nombre plus ou moins
considérable de groupes sociaux secondaire, soumis à une même autorité, qui ne ressortit
elle-même à aucune autre autorité supérieure régulièrement constituée. L’Etat sera donc les
agents de l’autorité souveraine et la société politique sera le groupe complexe dont l’Etat est
l’organe éminent. La morale civique est alors les principaux devoirs que les citoyens ont

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envers l’Etat et, réciproquement, ceux que l’Etat a envers les individus. Quand l’Etat pense
et se décide, il ne faut pas dire que c’est la société qui pense et se décide par lui, mais qu’il
pense et se décide pour elle. Il est dans un certain sens le centre organisateur des groupes
eux-mêmes. L’Etat n’exécute rien, il donne des ordres pour qu’on agisse ; de par lui-même,
l’Etat n’est pas producteur. Pour Kant l’Etat est une personnalité morale et par cela même
investie d’un caractère spécial qui en fait un objet de respect aussi bien à l’état civil qu’à l’état
dit de nature (Durkheim, 1950, p. 56)

Dans les rapports de l’Etat et de l’individu, les fonctions de l’Etat doivent s’étendre sans qu’il
en résulte pour cela une diminution de l’individu ou que l’individu se développe sans que
l’Etat ne régresse car l’activité de l’Etat serait essentiellement libératrice de l’individu. L’Etat
dans nos grandes sociétés est tellement loin des intérêts particuliers, qu’il ne peut tenir compte
des conditions spéciales, locales dans lesquelles ils se trouvent. Il ne peut que leur faire
violence lorsqu’il se résout à les réglementer. Le pouvoir fondamental de l’Etat est d’appeler
progressivement l’individu à l’existence morale, car la morale civique ne peut avoir d’autres
pôles que les causes morales. Aménager le milieu social de manière à ce que la personne
puisse s’y réaliser plus pleinement, régler la machine collective de manière à ce qu’elle soit
moins lourde aux individus, assurer l’échange pacifique des services.
De même en s’appuyant sur les travaux de Michel Foucault, Johnson estime que les
professions participent pleinement de cet essor du contrôle de l’Etat sur les populations au
moyen de savoirs institutionnalisés.
L’Etat est un ensemble de procédures, de tactiques, d’institutions, de calculs, de connaissances
et de technologie, qui ensemble constituent une forme particulière de gouvernement (…). La
gouvernementalité est cette forme de gouvernement des hommes et des choses qui s’appuie
sur des institutions, des procédures, des calculs, des analyses, des réflexions, des tactiques (T.
Johnson, 1995, p. 8).
1.3.2. L’Etat comme une instance neutre
Le fonctionnalisme fait une lecture de l’Etat comme instance neutre d’enregistrement des
conflits internes aux groupements des professions. Dans ce cadre, l’Etat intervient
principalement pour enregistrer les efforts déployés par les groupes professionnels, leur
accordant une autonomie en matière de régulation, mais n’intervient pas directement dans
leurs affaires. Les professions se voient donc confier par délégation de puissance publique, le
soin de régler leurs affaires internes et de prendre en charge un domaine de la vie sociale.
Contrairement à Durkheim qui établit un lien étroit entre Etat et profession, Marshall tout
comme l’ensemble de fonctionnalistes, invite à une faible prise en compte du rôle de l’Etat

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dans le processus d’institutionnalisation des professions. Marshall estime que dans les
sociétés démocratiques modernes, l’Etat et les professions s’assimilent de plus en plus l’un à
l’autre. Il précise cependant que cela ne signifie pas l’absorption des professions par l’Etat,
mais le fait que tous deux, partants de directions opposées, se rencontrent dans une position
moyenne (Marshall, 1939).

1.3.3. La profession comme une communauté d’intérêts entre professionnels


Dans l’approche néo-wébériennes (Le Bianic et Vion, 2008), une profession est vue comme
une communauté d’intérêts entre personnes qui, sur la base de caractéristiques communes (le
plus souvent un diplôme), tentent d’exclure les « non-élus » des chances d’accès aux gains
économiques ou sociaux dans un domaine donné créant là une situation de monopole. Il
montre que le plus souvent les stratégies de captation de marché poursuivies par ces
professions visent à se procurer une rente économique acquise aux dépens des autres groupes
sociaux. Pour Freidson, le « professionnalisme » désigne une forme particulière d’autonomie,
qui permet à la profession de contrôler à la fois son propre travail et celui des autres
travailleurs impliqués dans la division du travail hospitalier. Cette autonomie est concédée
par l’Etat qui délègue le monopole légitime de définir un secteur de la vie sociale. Selon
Freidson (2001), les professions sont autonomes dans leur propre domaine économique mais
pas dans la société dans son ensemble car elles dépendent de l’Etat qui leur délègue du
pouvoir. Abbott (2014) évoque la question du conflit de juridiction survenant entre
professions sur un même lieu de travail (Abbott, 2014). Il prend en compte ce lieu de travail,
l’opinion publique (clients, médias…) et la législation et les pouvoirs publics. Il y a donc une
coupure entre le lieu du travail (véritable espace de luttes de pouvoir) des professions et le
public et l’Etat, auprès desquels les professions vont porter leurs réclamations en vue
d’éventuelles légitimation. Selon l’auteur :
Les professions concurrentes luttent souvent les unes contre les autres en ayant recours à des
autorités extérieures (…) toutefois, la cooptation croissante d’alliés externes n’a fait que
transposer le lieu de la concurrence entre les professions, le déplaçant sur le terrain des
autorités extérieures (Freidson, 2001, p. 173).

Comprendre donc le processus de professionnalisation revient à saisir la manière dont se


nouent des alliances entre groupes d’intérêt au sein des professions, de l’opinion publique et
de l’Etat.

1.3.4. Notions d’autonomie et de régulation (Paradeise, 2008)

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Talcott Parsons définit l’autonomie comme résultant des propriétés des valeurs
professionnelles et comme condition nécessaire de l’usage de leurs valeurs spécifiques au
service de fonctions de régulation et de contrôle de la structure sociale (Parson, 1951).
Eliot Freidson fait de l’autonomie le fondement de la troisième logique de régulation des
rapports d’échanges à côté de l’Etat et du marché (Freidson, 2001). L’autonomie
professionnelle s’impose lorsque les prestations ne peuvent être standardisées.
Pour Sarfatti (1988) : « l’autonomie procède de la quête de professionnalisation comme
tentative de transférer un ordre de ressources connaissance spécialisée dans un autre ordre
de ressources rares, des rétributions économiques et sociales » (Sarfatti Larson, 1988, p.
1988). La question de la compatibilité entre profession et organisation tenait aux problèmes
de compatibilité entre régulation autonome par la profession et hétéronome de l’organisation.
Le contrôle hétéronome peut être renvoyé au marché lorsque, sous contrôle des autorités
publiques, la concurrence supplante le monopole et les prestataires privés sont mis en
compétition avec les services publics. On note alors que l’autonomisation des groupes ainsi
constitués et la demande d’expertise des organisations peuvent alimenter la revendication
professionnelle.

1.3.5. Les politiques publiques comme une pragmatique de la démocratie

Qu’elles soient locales, nationales ou européennes, ou même de plusieurs niveaux à la fois,


les politiques sont conçues, décidées et mise en œuvre à travers l’intervention d’acteurs
politiques et administratifs désignés ou autorisés pour accomplir une mission d’intérêt général
sensée être l’expression du processus démocratique (Giraud & Warin, 2008). De la définition
de leur contenu à leur pilotage le plus fin, les politiques publiques sont soumises à des
échanges politiques multiples pour tenter d’intégrer des attentes et logiques contradictoires
dans la résolution de problèmes publiques. Elles sont ainsi inscrites au cœur des paradoxes
de la vie démocratique moderne. Les politiques publiques sont profondément imparfaites,
fragiles et cependant placées sous le signe de la compétition et de la quête de l’intégration
sociale. Les politiques publiques sont une affaire de démocratie car elles contribuent à assurer
l’ordre social en rendant possible son renouvellement. Les lieux de production des politiques
publiques sont aussi ceux de la démocratie. Le discours de politiques publiques permet de
définir un « ordre politique », un « régime citoyen » et une « communauté de politiques
publiques » qui fondent des ordres de gouvernement (Ibid. 2008 : 7-8).

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1.4. Cadre d’analyse


Notre cadre d’analyse se fondera sur l’approche néo-wébérienne de l’action publique et des
légitimités professionnelles qui présente la profession comme une communauté d’intérêts
entre professionnels. Le raisonnement implicite dans la politique de gratuité des soins est
fondé sur le rôle qu’a l’Etat d’assurer le contrôle jusqu’aux structures opérationnelles de telle
sorte qu’il n’y ait aucune déviation par rapport à l’application des mesures de la gratuité des
soins. De ce fait, une meilleure mise en œuvre de la politique incomberait en partie au rôle
des professionnels en charge de la mise en œuvre de la politique de gratuité des soins ; dont
les actes et intérêts devraient être en adéquation avec la mesure prise par l’Etat. En
considérant donc le rôle tout aussi capital des professionnels de santé dans l’accès aux
produits pharmaceutiques de la gratuité, nous posons l’hypothèse générale que la
structuration du marché des produits pharmaceutiques joue sur l’efficacité de la politique de
gratuité des soins des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes au Burkina Faso.
De façon spécifique deux hypothèses seront retenues. Premièrement le monopole du marché
pharmaceutique échappe à la CAMEG. Et deuxièmement, l’existence de marchés
concurrents entrave une meilleure mise en œuvre de la politique de gratuité des soins. Les
professionnels de santé contribuent au fonctionnement des marchés concurrents.

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CHAPITRE II : METHODES

Ce chapitre 2 présente la démarche méthodologique utilisée pour mener l’étude.


Tout travail scientifique exige une démarche, qui puisse permettre à travers des procédés,
techniques et outils d’atteindre les objectifs que le chercheur s’est fixés. C’est cette démarche
que nous présentons dans ce chapitre. Il s’agira de présenter notre approche méthodologique,
le cadre de l’étude, les méthodes d’échantillonnage, des techniques et outils de collectes de
données, l’analyse des données auxquelles nous avons fait recours pour mener cette
recherche. Dans ce chapitre également, nous sommes revenus sur les conditions éthiques et
déontologiques dans lesquelles s’est réalisée l’étude. Ensuite, les difficultés rencontrées dans
la réalisation de l’étude seront présentées avant de terminer par un récit détaillé du
déroulement général de cette étude.

2.1. Approche méthodologique


L’objectif général poursuivi dans notre étude est d’évaluer l’efficacité de la politique de
gratuité de soins des enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes, mise en œuvre au
Burkina Faso en 2016. Pour réaliser cette étude, nous avons fait le choix d’une approche
mixte. Une approche méthodologique est qualifiée de mixte lorsque le chercheur combine
des méthodes quantitatives et qualitatives dans une même étude (R. B. Johnson &
Onwuegbuzie, 2004). Les deux méthodes, qualitative et quantitative ont été utilisées
simultanément tout au long du processus de recherche. Les approches qualitatives cherchent
à répondre à des questions de recherche du type processuel tandis que les approches
quantitatives sont adaptées à l’étude des situations discrètes (Guével & Pommier, 2012).
Selon Corbin, l’approche qualitative fait référence à la recherche sur la vie des personnes,
leurs expériences vécues, leurs comportements, leurs émotions et leurs sentiments, ainsi que
sur le fonctionnement organisationnel, les mouvements sociaux. S’appuyant sur des
méthodes statistiques (qui sont conçues comme des outils d’analyse des grandes séries de
données), l’approche quantitative produit des informations chiffrées (pourcentages,
probabilités, effectifs, ratios, classifications, indicateurs de liaison…) (Corbin et Anselm
Strauss, 2008) Cité par (Moore, 2009)
Pour répondre à nos questions de recherche, nous avons effectué trois études de cas.
Dans la première étude de cas, l’objectif était de décrire de façon systématique des
conceptions de l’opinion publique sur les facteurs à l’origine de l’indisponibilité des

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médicaments au Burkina Faso tels que présentés dans les rapports du REN-LAC et la presse
écrite. L’approche qualitative a été l’approche choisie pour mener cette étude. La technique
de collecte de données utilisée dans cette étude a été la revue documentaire.
La deuxième étude de cas s’est intéressée à l’accès aux médicaments par les patients éligibles
à la gratuité des soins. L’objectif était d’évaluer le niveau de disponibilité des médicaments de
la gratuité des soins pour les patients. Elle s’est déroulée dans six (6) CSPS du district sanitaire
de Bogodogo. Cette étude a porté sur la collecte de données par questionnaire afin d’évaluer
le niveau d’accès aux médicaments de la gratuité des soins. L’approche quantitative est celle
qui a donc été retenue.
Enfin la troisième étude a eu pour objectif d’analyser le circuit de distribution des
médicaments de la gratuité des soins. Elle s’est déroulée au sein du CSPS du secteur 30 de
Karpala. La structuration du circuit de distribution des médicaments de la gratuité des soins
révèle des pratiques et comportements de différents acteurs qui conditionnent le mode
d’accès aux produits pharmaceutiques et la mise en œuvre effective de la politique de gratuité
des soins. L’approche qualitative a donc été choisie pour comprendre les différentes pratiques
des acteurs sur le terrain. La revue documentaire et les entretiens ont été les techniques
utilisées pour la collecte des données.
La confrontation des résultats de ces trois études de cas permettra de mieux comprendre
l’impact de l’organisation du marché pharmaceutique sur l’accès aux médicaments de la
gratuité des soins.

2.2. Cadre d’étude


Cette section présente l’environnement dans lequel notre recherche a été réalisée.

2.2.1. Organisation du système de santé du Burkina Faso

L’organisation du système de santé prend en compte l’organisation des services administratifs


et l’organisation des services de soins (Ministère de la Santé, 2011). En effet sur le plan
administratif, le système de santé du Burkina comprend trois niveaux à savoir le niveau
central, intermédiaire et périphérique. Le niveau central est composé des structures centrales
organisées autour du cabinet du Ministre et du Secrétariat général. Le niveau intermédiaire
comprend 13 directions régionales de la santé. Le niveau périphérique est constitué de 70
districts sanitaires. Le district sanitaire est l’entité opérationnelle du système national de santé.
L’offre des soins est assurée par les structures publiques et privées. Les structures publiques

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de soins sont organisées en trois niveaux qui assurent des soins primaires, secondaires et
tertiaires. Le premier niveau comprend deux échelons. Le premier échelon de soins est
composé de Centres médicaux (CM), de Centres de santé et de promotion sociale (CSPS), de
dispensaires et maternités isolés. En 2015, on dénombrait au compte du sous-secteur public
1 698 CSPS, 43 CM, 12 maternités isolées et 119 dispensaires isolés. Le deuxième échelon de
soins est le Centre Médical avec Antenne Chirurgicale (CMA). Il est le centre de référence
des formations sanitaires du premier échelon du district. En 2015, le nombre de CMA
fonctionnels était de 47. Le deuxième niveau de soins est représenté par le Centre Hospitalier
Régional (CHR) qui sert de référence pour les CMA. Il existe au total neuf (09) CHR dans le
pays. Le troisième niveau est constitué par le centre hospitalier universitaire au nombre de
quatre (04) en 2015. Ce sont les centres hospitaliers universitaires Yalgado Ouédraogo,
Pédiatrique Charles De Gaulle, Sourou Sanou et le CHU Blaise Compaoré. Ces structures
constituent le niveau de référence le plus élevé. Il existe d’autres structures publiques de soins
telles que les services de santé des armées (SSA), les infirmeries des sociétés et les services de
santé de l’Office de santé des travailleurs. On dénombrait 435 structures privées de soins
toutes catégories confondues dont 240 à Ouagadougou et 74 à Bobo-Dioulasso en fin 2012.
En plus de ces structures, il y’a la pharmacopée, la médecine traditionnelle et la santé à base
communautaire qui contribuent également à l’offre des services de santé à la population
(Ministère de la santé, 2017). En plus des structures publiques, le Burkina Faso compte des
structures privées concentrées dans les villes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso. En
2017, on dénombre 519 structures privées de soins.

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Figure 1: Carte sanitaire du Burkina Faso

Source : Profil sanitaire complet du Burkina Faso, Ministère de la santé 2017


2.2.2. Organisation du secteur pharmaceutique du Burkina Faso

Sur le plan de l’organisation de la gestion et de l’approvisionnement des produits de santé, le


secteur pharmaceutique national est placé sous le contrôle de la Direction Générale de la
Pharmacie du Médicament et des Laboratoires (DGPML) du ministère de la santé (MS). Elle
bénéficie de l’appui de l’Inspection Technique des Services de Santé (ITSS) et le Laboratoire
National de Santé Publique (LNSP). Le système d’approvisionnement public a pour pivot la
Centrale d’Achat des Médicaments Essentiels Génériques et consommables médicaux
(CAMEG), qui gère 51% des importations du pays. Ses 10 agences régionales
approvisionnent les Dépôts Répartiteurs de Districts (DRD) qui approvisionnent en
Médicaments Essentiels et Génériques (MEG) les formations sanitaires publiques. Les
dépôts MEG de ces dernières assurent la dispensation aux patients et l’approvisionnement
des agents de santé à base communautaire (ASBC). La CAMEG approvisionne également les
officines, les structures de santé privées et confessionnelles. Par ailleurs, des grossistes

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répartiteurs privés agréés par le MS approvisionnent les hôpitaux, les officines (49% des
importations).
Des opérateurs privés interviennent dans l’équipement biomédical et l’approvisionnement
des structures sanitaires en réactifs de laboratoire (CD4, charge virale VIH, dépistage
paludisme, TB et VIH). La DGPML coordonne et suit les activités du secteur privé par le
suivi des stocks au niveau national. Des comités techniques ont été mis en place par arrêté
du MS pour la coordination de la gestion des intrants des programmes de santé prioritaires
(paludisme, TB, VIH, SR, nutrition). Ils font une revue trimestrielle de la quantification des
besoins, la planification des achats, du suivi des plans d’approvisionnement et de la
supervision de la gestion des intrants. La problématique de l’usage rationnel des produits de
santé est un défi dont la DGPML se doit de relever. Ce, afin de promouvoir l’utilisation
rationnelle des produits de santé et atténuer le poids des dépenses liées aux produits de santé.
Pour ce faire, la DGPML à travers son centre de documentation et d’information sur le
médicament (CEDIM) met à la disposition du personnel, l’information pharmaceutique
régulière en vue de sensibiliser à la prescription rationnelle. Elle procède également avec
l’appui de certains partenaires à la formation des prestataires sur l’usage rationnel. Selon la
réglementation applicable au Burkina Faso, tous les produits de santé sont soumis à
l’enregistrement, à la surveillance sur le marché, à l’inspection et à la vigilance. Il s’agit
notamment des médicaments (spécialités pharmaceutiques et médicaments génériques,
vaccins et sérums, médicaments traditionnels améliorés), des réactifs d’analyse de biologie
médicale, des consommables médicaux et du matériel médico-technique, des denrées
alimentaires particulières de même que les produits cosmétiques (Ministère de la santé, 2017).

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Figure 2: Circuit de l’approvisionnement pharmaceutique au Burkina Faso

Source : Observatoire National de la Santé et de la Population, Ministère de la santé


Légende :
Les fournisseurs et fabricants du secteur publique

Les fournisseurs et fabricants du secteur privé

Les liens entre les différents acteurs publiques et privés

2.2.3. Le district sanitaire de Bogodogo

Le District Sanitaire de Bogodogo fait partie des cinq districts de la région du centre. Il est
situé dans la zone Sud-Est de la province du Kadiogo. Il est limité au nord par le DS de
Nongr-Massom, au nord-est par le DS de Ziniaré, à l'ouest par le DS de Baskuy, à l’est par le
DS de Zorgho, au sud par le DS de Kombissiri et au sud-ouest par le DS de Boulmiougou.
Le DS de Bogodogo couvre les communes rurales de Saaba (23 villages) et de Koubri (25
villages) ainsi que les arrondissements 5, 10, 11 et 12 de la commune de Ouagadougou. Il
s’étend sur une superficie de 1167,77 Km2 répartie comme suit selon l’Institut Géographique
du Burkina (IGB) 2011 : commune rurale de Koubri (555 km2), commune rurale de Saaba

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(520 km2), arrondissement 05 (20,028 km2), arrondissement 10 (21,979 km2),


arrondissement11 (30,471 km2), arrondissement 12 (20,292 km2).
Le DS est centré sur l’hôpital de Bogodogo qui constitue le centre de référence pour les
formations sanitaires du premier échelon. Il compte 30 formations sanitaires publiques ainsi
que des centres de santé privés (centres médicaux, cliniques et cabinets de soins) (Ministère
de la santé, 2018). Le District sanitaire de Bogodogo a une population estimée à 828114
habitants en 2017, dont 49,72 % de femmes. Cette population est à 74,76% urbaine avec une
densité de6413habitants au km² (plan d’action 2017 du district sanitaire de Bogodogo). Le
district sanitaire de Bogodogo dans la Région du Centre, fut l’un des premiers districts à
appliquer la mesure de gratuité en tant que site pilote (Ministère de la Santé, 2017).

2.2.4. Le centre de santé et de promotion sociale du secteur 30 de Karpala

Le Centre de Santé et de Promotion Sociale du secteur 30 de Karpala a ouvert ses portes en


1998. Il abrite comme infrastructures : une maternité, un CMI, un dispensaire, un dépôt
pharmaceutique, des bureaux du personnel, des latrines et un incinérateur.
Il se situe à 3 Km du district sanitaire de Bogodogo dont il dépend. A ce jour, le CSPS du
secteur 30 de Karpala a une affluence d’environ 5000 patients par mois.

2.3. Méthodes d’échantillonnages


Cette section porte sur les méthodes d’échantillonnages. Elle présente la population d’étude,
la taille des échantillons et la stratégie d’échantillonnage utilisée pour réaliser cette recherche.

2.3.1. Population d’étude

Dans l’étude de cas réalisée dans les 6 formations sanitaires du district sanitaire de Bogodogo,
la population d’étude est composée des bénéficiaires de la politique de gratuité des soins
venue consulter durant l’enquête. Il s’agit :
- des enfants de moins de 5 ans ;
- des femmes enceintes ;
- des femmes en post partum jusqu’à 42 jours après accouchement ;
- les femmes vivant avec une fistule obstétricale ;
- les femmes âgées de 25 à 55 ans (dépistage lésions précancéreuses) ;
- les femmes âgées de 15 ans ou plus (examens physiques des seins).

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Dans le cas de l’étude menée au CSPS du secteur 30 de Karpala, notre population


d’étude est constituée uniquement que des patients concernés par la politique de gratuité des
soins au Burkina Faso et qui ont consulté dans le CSPS du secteur 30 du 25 Septembre au 25
Décembre 2018. L’étude s’est également étendue à des agents de santé du CSPS et des
délégués médicaux entant que personnes ressources.

2.3.2. Stratégies d’échantillonnage et tailles des échantillons

Pour la première étude de cas, portant sur l’exploitation des journaux et des rapports
du REN-LAC, nous avons privilégié une stratégie d’échantillonnage systématique. Pour les
articles de la presse en ligne, nous avons procédé à une revue systématique des articles
contenant des mots clés se rapportant au secteur de la santé au Burkina Faso : gratuité, santé,
soins, politique de gratuité, système de santé, plainte dans la santé etc. Les recherches ont
permis de passer en revue 14082 numéros de journaux papiers couvrant la période de 1985 à
2018, 16 numéros de la presse en ligne et 17 rapports du REN-LAC (de 2000 à 2017). Au
total ce sont 56 articles de journaux (presse écrite et presse en ligne) qui ont été retenus par
rapport au thème de la recherche.
Tableau 1: Les articles retenus dans les journaux et les rapports du REN-LAC
Sources documents Total numéros Total
lus
SIDWAYA 9094 numéros
Presse écrite L’ÉVENEMENT 230 numéros
L’OBSERVATEUR PAALGA 3618 numéros 14082
LE PAYS 1140 numéros Numéros
Presse en ligne Le Faso.net 16 numéros 16 numéros
Rapports Rapports REN-LAC (2000 – 17 rapports
2017)

Source : enquête de terrain, mémoire master II, 2019


Quant à l’enquête avec les patients des CSPS, nous avons fait un échantillonnage sur place.
Cela a consisté à nous rendre dans les CSPS pour soumettre notre questionnaire aux patients
de la gratuité qui sont venus en consultations. Nous nous sommes appuyés sur le fait qu’il
s’agit d’une population dont les caractéristiques sont connues et bien définies : femmes
enceintes et enfants de moins de 5 ans ; ces personnes se rencontrent nécessairement dans
des endroits particuliers, qui sont les centres de santé. Lorsqu'on s'intéresse à une population
restreinte, pour laquelle il n'existe pas de base de sondage spécifique et que l’on connait

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éventuellement les caractéristiques des personnes non couvertes par l'enquête, il est possible
de constituer un échantillon correct en se rendant dans de tels lieux et en procédant, sur place,
à un tirage au sort parmi les personnes présentes (Matalon, & Ghiglione, 1998). La taille de
notre échantillon est de 230 patients éligibles à la politique de gratuité, enquêtés dans 6 CSPS
du district sanitaire de Bogodogo.
Les variables étudiées dans cette étude sont :
- l’identification des patients (types de patients) ;
- le niveau d'instruction des patients ;
- le lieu d'habitation des patients ;
- la profession des patients ;
- le(s) problème(s) de santé des patients ;
- le mode d'accès aux médicaments par les patients.
Le choix de ces variables a été orienté par d’autres travaux ayant porté sur l’accès aux
médicaments dans le cas des politiques d’exemption de frais. C’est le cas lorsque le domaine
a déjà été bien étudié, que le vocabulaire utilisé est connu, que les hypothèses ont déjà été
élaborées, ou peuvent l’être à partir d’autres travaux (Matalon, & Ghiglione, 1998).

Enfin, dans l’étude de cas réalisée au CSPS du secteur 30 de Karpala, nous avons eu
recours à un échantillonnage systématique des consultations médicales des patients
bénéficiaires des mesures de la gratuité des soins venus consulter au sein du CSPS du secteur
30 sur la période du 25 septembre au 25 décembre 2018. 6371 ordonnances ont fait l’objet
d’une analyse systématique. Nous avons par la suite interviewé des personnes ressources
ayant un rapport direct avec la mise en œuvre de la politique de gratuité des soins. Cela a été
réalisé par une méthode d’échantillonnage par choix raisonné. Cette méthode est basée sur le
jugement du chercheur par rapport au caractère typique des personnes ressources
interviewées, leur connaissance sur l’objet de l’étude (Dufour & Hamel, 2012). Une gérante
du dépôt pharmaceutique ; un point focal de gratuité ; le major du CSPS du secteur 30 et 11
délégués médicaux ont été interviewés. Ces interviews ont été réalisées du 07 au 14 Février
2019.

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2.4. Techniques et outils de collectes de données


Au cours de cette étude, trois techniques de collecte de données ont été utilisées. Il s’agit de
la revue documentaire, du questionnaire, et l’entretien. Nous vous présentons ici pour chaque
technique utilisée, les outils utilisés et la nature des données collectées.

La revue documentaire : c’est une technique de collecte de données reconnue dans le


domaine de la sociologie historique et qui se justifie par la caractéristique des données
recueillies : le domaine de la sociologie historique repose sur un usage de plus en plus fréquent
du matériau archivistique. « Sont considérées comme archives dans le cadre d’un travail de
recherche : les documents conservés dans des lieux qualifiés eux aussi d’archives ». L’article
1er de la loi de 1979 en France stipule que :
Les archives sont l’ensemble des documents quels que soient leur date, leurs lieux de
conservations, leur forme et leur support, produits ou reçus de toute personne physique ou
morale, et par tout service ou organisme public ou privé, dans l’exercice de leur activité.
Selon la Loi n° 061/98/AN sur les archives nationales du Burkina, du 22 décembre 1998 en
son article 2 :
Les archives sont, au sens de la présente loi, l’ensemble des documents, quels que soient leur
date, leur forme et leur support matériel, produits ou reçus par toute personne physique ou
morale et par tout service ou organisme public ou privé dans l’exercice de leur activité.

Cette technique a été utilisée pour la collecte des données des journaux et rapports du REN-
LAC, également pour la collecte des données des ordonnances des trois derniers mois (25
septembre au 25 décembre) de l’année 2018 au CSPS du secteur 30 de Karpala. Comme
outils de collecte des données : Nous avons procédé de la façon suivante :
Au niveau des données sur les journaux et articles du REN-LAC, nous avons utilisé une grille
de lecture, une fiche de repérage et un appareil photo. La grille de lecture contenait les
rubriques suivantes à remplir :
- le titre du document ;
- la localisation du document (source) ;
- l’intérêt du document par rapport à notre sujet de recherche.
L’appareil photo nous a permis de prendre des images des textes d’articles qui se rapportaient
à notre sujet de recherche, afin de continuer les lectures hors du centre de recherche après
fermeture, puisque les documents ne pouvaient être emportés.
Au niveau des ordonnances exploitées, deux grilles de lecture ont été élaborées, elles
comportaient les différents éléments constitutifs de l’ordonnance notamment :

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Pour la période du dernier trimestre 2018 :


- la date de la consultation ;
- le type de patient ;
- le nombre de produits prescrits sur l’ordonnance ;
- le nombre de produits prescrits et non disponible ;
- le(s) nom(s) des produits prescrits et non disponible ;
- le prescripteur.
Pour la période du mois de décembre 2018 nous avons analysé les ordonnances afin de
recueillir les informations suivantes concernant une liste de 22 produits prescrits mais
généralement non disponible. La grille de lecture portait les éléments suivants :
- le numéro de l’ordonnance ;
- le type de patient ;
- les noms des produits prescrits et non disponible ;
- le nombre total de produits prescrits sur l’ordonnance ;
- la disponibilité de chaque produit ;
- la quantité de chaque produit prescrit et non disponible ;
- la satisfaction du patient.

Le questionnaire : cette technique a été utilisée pour la collecte des données auprès des
patients enquêtés dans les 6 CSPS et de délégués médicaux. Nous avons eu recours au
questionnaire comme outils. Les questionnaires ont été administrés aux patients en face à
face. Cette technique permet de mesurer la fréquence de caractéristiques (situations,
comportements, opinions ou attitudes…). Au total, nous avons pu remplir 230
questionnaires auprès des patients et 08 questionnaires auprès des délégués médicaux.

L’entretien est canalisé par un guide d’entretien qui est un mémento comportant une liste
de thématiques méritant d’être abordées, avec éventuellement des suggestions de questions,
des enchaînements possibles et surtout des relances destinées à approfondir les propos de
l’interlocuteur. Cette technique d’enquête a été utilisée dans l’interview des délégués
médicaux, des agents de santé du CSPS du secteur 30. Comme outils nous avons utilisé un
guide d’entretiens semi-directifs. Nous avons réalisé 03 entretiens avec les délégués médicaux
et 03 entretiens avec les agents de santé.

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

2.5. Analyse de données


Les données collectées à travers l’exploitation des archives de journaux et rapports du
REN-LAC ont été analyse à travers une grille d’analyse qui a permis de classer, réduire,
exposer, comparer et résumer les données pour un regroupement des idées suggérées dans
chaque article, et qui apporte des éclairages sur notre problème de recherche. La technique
utilisée est l’analyse thématique des données. La grille d’analyse des données collectées
comporte les rubriques suivantes :
- la thématique mise en évidence ;
- la date de consultation de la source d’information ;
- le titre du document ;
- les références bibliographiques du document ;
- l’intérêt du contenu du document par rapport au sujet de recherche ;
- l’idée que suggère ce contenu par rapport au sujet de recherche.
Quant aux deux autres études, les données ont été analysées avec le logiciel SPHYNX.
Pour les données de l’enquête des patients, une description simple des différentes variables
étudiées a été réalisée à travers des tableaux statistiques, des croisements de variables. Les
données ont été ensuite exportées sous Windows. Le logiciel Excel a permis de réaliser les
tableaux et les figures. Pour les ordonnances, le logiciel Excel a permis de réaliser les tableaux
et les figures.
Pour ce qui concerne les entretiens avec les délégués médicaux, des agents de santé, nous
avons procédé par étapes. D’abord nous avons faire une transcription manuelle et intégrale
des entretiens en tenant compte des pauses, hésitations et rires dans le discours des enquêtés.
Nous avons ensuite mis en relation les verbatim avec les notes du journal de bord. A travers
une lecture répétée des verbatim nous avons dégagé les thèmes et les sous thèmes et cela de
concert avec notre directeur de mémoire. Ensuite, nous avons procédé au dépouillement
manuel des données qui a consisté à affecter aux différents thèmes les verbatim qui se
rapportent. Enfin, nous avons réalisé une analyse thématique du contenu.

2.6. Considérations éthiques et déontologiques


Notre étude s'est déroulée dans le respect des considérations éthiques. Nous avons sollicité
et obtenu l'autorisation d'enquête auprès de la direction régionale de la santé du Sud (DRS).
Cette autorisation a été par la suite présentée à la direction du district sanitaire de Bogodogo

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

où un visa d’accord a été posé. Cette autorisation a été présentée aux différents responsables
de CSPS où nous avons été pour notre étude. Nous avons pris le soin avant les enquêtes
d’expliquer l’objet de notre questionnaire et ou de notre entretien à l’ensemble des personnes
interviewées afin d’obtenir leur consentement (oralement) tout en respectant le principe
d'anonymat et de confidentialité.

2.7. Déroulement général de la recherche


Dans ce paragraphe, nous vous résumons comment s’est déroulée notre recherche sur le
terrain. La recherche a commencé par la phase d’exploration, par des entretiens avec les
responsables de la direction générale de l’Offre des soins (DEGOS). La DEGOS est située
dans les environs de la DGPML, avant le centre de transfusion sanguine sur le même
alignement que le CHO-Yalgado. Cette phase d’entretiens s’est effectuée simultanément avec
l’étude de recension des journaux et rapports du REN-LAC. Pour cette étude, nous avons
identifié l’Institut de Recherche et de Développement (IRD) qui abrite une bibliothèque où
sont archivés les différents journaux de la presse écrite.

2.7.1. Collecte et exploitation des écrits de presse et des rapports du REN-LAC

Au niveau du centre de recherche de l’IRD, l’accès s’est fait par un abonnement annuel. Avec
cette carte d’abonnement nous avons eu accès à toute la documentation du centre sous la
supervision des gérants. Dans la pratique, durant les quatre mois qu’a duré notre recherche
(Juillet – Octobre 2018), nous avons procédé à des lectures de chaque recueil de journaux
(classés par année) à la recherche d’articles en rapport avec le domaine de la santé. Trois fois
par semaine nous nous sommes rendus au centre pour faire ce travail. La lecture des articles
se rapportant au domaine de la santé que nous retrouvons dans un journal, ne se faisait pas
sur place ; mais à l’aide d’un Smartphone nous avons fait des prises de vues, puis classé ces
articles dans un dossier dans notre ordinateur puisque aucun document ne peut être ramené
chez soi. Une fois à la maison, à l’aide de l’application « Google keep » nous avons extrait les
textes des images afin de les classer après lecture, dans la grille de lecture en fonction des
idées suggérées.
Pour ce qui concerne la collecte et l’exploitation des rapports du REN-LAC et de la presse
en ligne, cette recherche s’est faite sur internet en allant sur les sites respectifs des différentes
organisations de presses en ligne et du REN-LAC. Pour le REN-LAC cela n’a pas été difficile
de retrouver les rapports, qui étaient en ligne, il nous a suffi de les télécharger l’un après

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l’autre, puis en regardant le sommaire de chaque rapport de voir ceux qui abordent les
questions de santé au Burkina Faso. Chose faite, ces segments d’articles sont lus et classés
dans la grille de lecture suivant les idées suggérées. Par contre pour les journaux en ligne,
nous avons procédé par la recherche en intégrant des mots-clés de recherche tels que la
gratuité des soins, la santé, le système de santé au Burkina Faso, etc. Ces consultations en
ligne se sont faites concomitamment avec la lecture des journaux.

2.7.2. L’administration du questionnaire aux patients dans les 6 formations


sanitaire du district de Bogodogo

Le 10 janvier 2019, la direction régionale de la santé du centre a marqué son accord à notre
demande d’autorisation pour mener une recherche dans le district sanitaire de Bogodogo.
L’autorisation d’une validité d’un mois, a été transmise à la direction du district sanitaire de
Bogodogo qui nous a également marqué son accord. Dans la pratique, une fois l’autorisation
obtenue nous avons procédé à l’identification des formations sanitaires et à l’administration
du questionnaire aux patients. Une fois dans la formation sanitaire, nous nous rendons chez
le major muni d’une copie de l’autorisation signée par les deux directions, puis nous exposons
le contenu de l’enquête et les objectifs de l’enquête. Une fois l’accord du major obtenu, nous
sommes introduits par celui-ci/celle-ci auprès des patients afin de leur expliquer le but de
l’enquête et de les rassurer de la nature des travaux qui seront faits avec les informations
recueillies. Une fois cela fait, nous nous assurons toujours avant l’administration du
questionnaire de l’accord et du consentement de chaque personne interviewée. L’enquête a
duré 10 jours, du 16 au 26 janvier 2019. Les fiches journalières étaient automatiquement
enregistrées dans le logiciel de traitement des données SPHINX.

2.7.3. La collecte et exploitation des données dans le CSPS du secteur 30 de


Karpala

Le 23 janvier 2019, nous nous sommes rendus au district sanitaire de Bogodogo, pour mener
la recherche dans l’hôpital du district, mais après échange avec le gérant du dépôt nous avons
compris qu’il s’agissait d’un dépôt répartiteur et donc difficile d’avoir ce que nous cherchions.
Nous avons donc cherché à identifier le CSPS le plus proche, et dans les orientations nous
sommes arrivés au CSPS du secteur 30 de Karpala qui était à une quinzaine de minutes du
district sanitaire de Bogodogo. Après explication de l’objet de notre recherche nous avons

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été orientés vers la gérante du dépôt et le point focal de la gratuité des soins. Sous la
supervision de ses deux agents, nous avons eu accès aux différentes caisses où sont conservés
tous les actes de consultation afférent à la gratuité. Nous avons choisi de faire la collecte des
informations sur les ordonnances du dernier trimestre de l’année 2018. Cette collecte s’est
faite à l’aide d’appareil photo avec lesquels des images de chaque ordonnance ont été prise
sur place l’une après l’autre, puis une fois à la maison analysées et intégrées dans le logiciel de
traitement des données SPHINX. Parallèlement à cette activité, nous avons mené des
entretiens avec la gérante du dépôt pharmaceutique toutes les fois que nous avions des
préoccupations sur tels ou tels aspects de la recherche. A la suite de la gérante, un entretien
a été réalisé avec le point focal afin de comprendre le fonctionnement au niveau de la gestion
du stock et des commandes des produits. Cette phase de collecte de données s’est déroulée
du 01 au 07 février 2019.

2.8. Difficultés rencontrées

Au cours de la collecte des données, nous avons fait face à certaines difficultés. La principale
difficulté a été la réticence de certains enquêtés. Il s’agissait en particulier des délégués
médicaux pour la majorité et de certains patients. Des explications sur les exigences de cette
méthode de collecte des données ont été nécessaires pour convaincre certains participants.
Malgré tout, nous avons enregistré huit refus au niveau des délégués médicaux. Ces derniers
sans donner des raisons s’arrêtent parfois pendant le questionnaire et refusent de poursuivre,
ce qui nous oblige à éliminer ces questionnaires, mais aussi constitue des pertes de temps.
Une autre difficulté a porté sur la disponibilité des enquêtés. Plusieurs rendez-vous manqués
notamment au niveau de la CAMEG et du CSPS du secteur 30. Nous n’avons jamais pu
rencontrer les personnes ressources de la CAMEG malgré la correspondance que nous avons
envoyée.

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DEUXIEME PARTIE : RESULTATS

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CHAPITRE I: CONCEPTIONS SUR LES FACTEURS


D’INDISPONIBILITES DES MEDICAMENTS AU BURKINA FASO
Dans ce chapitre nous présentons les résultats de l’étude de cas portant sur les conceptions
sur les facteurs d’indisponibilités des médicaments au Burkina Faso. Ces facteurs ont été
relevés dans les archives grâce à une revue de journaux papier, en ligne et de rapports du
REN-LAC exposant des faits quotidiens relatés par les populations. Il s’agit de l’état des
connaissances de l’opinion publique sur les facteurs à l’origine de l’indisponibilité des
médicaments au Burkina Faso. Précisons qu’il s’agit de facteurs en rapports avec tout le
fonctionnement du système sanitaire burkinabé et par seulement spécifiquement à la
politique de gratuité. Au terme de cette revue documentaire, nous avons classifié en cinq (5)
catégories, les principaux facteurs à l’origine de l’indisponibilité des médicaments au Burkina
Faso relevés dans l’opinion publique. Il s’agit :
• du dysfonctionnement dans la gestion des formations sanitaires
• du coût élevé des médicaments
• de l’existence des marchés parallèles de ventes de médicaments
• des fréquentes ruptures ou pénuries de stocks de médicaments et
• des vols et détournements de médicaments dans les formations sanitaires.
Nous rapportons ci-dessous les passages des articles de journaux qui traduisent ces différents
facteurs relevés.

1.1. Les dysfonctionnements dans la gestion des formations sanitaires au Burkina


Faso
Selon l’OMS :
Un système de santé englobe l’ensemble des organisations, des institutions et des ressources
dont le but est d’améliorer la santé. La plupart des systèmes de santé nationaux sont composés
d’un secteur public, d’un secteur privé, d’un secteur traditionnel et d’un secteur informel. Les
systèmes de santé remplissent principalement quatre fonctions essentielles qui sont : la
prestation de services, la création de ressources, le financement et la gestion administrative
(OMS, 2019b).
Cependant, dans bien de cas de systèmes de santé nationaux tels que celui du Burkina Faso,
de nombreuses difficultés entachent la qualité des soins des populations. Au cours de nos
lectures, nous avons identifié six types de dysfonctionnements dans le système de santé
burkinabé particulièrement dans la gestion des formations sanitaires. Ces
dysfonctionnements que nous développerons dans les lignes à venir sont des facteurs qui

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pourraient entraver l’accès aux médicaments en ce sens que la disponibilité des médicaments
dépend en grande partie de la qualité de la gestion des formations sanitaires. Si celles-ci sont
défaillantes alors l’accès aux médicaments est compromis.
1.1.1. Les présomptions de corruption et les détournements de fonds / matériels
de soins
En parcourant les différents rapports du REN-LAC on a relevé de nombreux paragraphe qui
évoquent une croissance de la corruption dans le secteur sanitaire ; chose qui est beaucoup
décriée par les populations. Des présomptions de pratiques récurrentes de pots de vin, des
rackets, et autres surfacturations soulèvent des questions quant au respect de l’éthique par les
responsables et travailleurs de ce secteur. En 2004, ce secteur a connu un progrès dans la
corruption de +8 dans le classement général. Le vol et la vente de certains biens médicaux
souvent gratuits, les détournements divers sont dénoncés dans les témoignages (REN-LAC,
2003). Certains préparateurs d’État en pharmacie utiliseraient le nom DRD pour passer des
commandes personnelles. Il en serait de même de certains hôpitaux où le code de commande
des médicaments auprès de la CAMEG porterait le nom et les prénoms des pharmaciens ou
du préparateur d’État en pharmacie. Ceci entraîne des confusions entre les commandes
publiques et les commandes personnelles qui vont alimenter des marchés parallèles (REN-
LAC, 2004). C’est une petite corruption routinière, qui serait visible dans tous les services et
qui côtoierait, une grande corruption perceptible dans la hiérarchie administrative, autour des
marchés publics (REN-LAC, 2001).
Bien que non spécifique aux services de santé, la pratique serait couramment rencontrée dans
les centres hospitaliers et les districts sanitaires du fait de leur statut d’EPA1 et plus récemment
d’EPS2 pour les hôpitaux ou en raison de leur « autonomie de gestion » (REN-LAC, 2004).

Du fait de mauvaises pratiques impunies, des agents de santé développeraient deux


attitudes : réussir la corruption à l’insu des responsables et des autres agents ou réussir la
corruption au vu et au su des responsables et des autres collègues selon la formule « tu
me tiens, je te tiens ». La pratique se développe au point de faire croire aux usagers qu’il
s’agit d’un comportement normal (Ibid., 2004). Les causes demeurent les mêmes.
Les bas salaires, l’inconscience professionnelle, la cupidité se cumulent pour expliquer les
dérives dont souffre le système de santé. C’est l’avis exprimé par la majorité des personnes
sondées. « La mauvaise gestion des hôpitaux a fini par installer des comportements tels qu’on
ne peut qu’assister impuissant aux actes de corruption posés çà et là » raconte un enquêté
(REN-LAC, 2001, p. 46).

1
EPA : Etablissement Public à caractère Administratif
2
EPS : Etablissement Public de Santé

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

1.1.2. Les défaillances de la politique sanitaire

De nombreux témoignages relevés dans nos lectures renseignent que les différentes
orientations que connaît la politique sanitaire au Burkina Faso ne seraient pas assez bien
élaborées et bien préparées. Un médecin soulignait dans un des articles que l’instauration de
la politique de gratuité s’est faite sans une préparation préalable des acteurs de terrain.
Ensuite, il estimait aussi que la politique de gratuité a été instaurée sans mesure
d’accompagnement tout en pointant du doigt l’absence de ressources humaines suffisantes
dans certains centres de santé, l’absence d’infrastructures et de matériel technique pour la
prise en charge adéquate des malades (Ouedraogo, 2018).
Pour Hamadi Konfé, SG de la sous-section SYNTSHA :
Le Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO) est très malade, (…) les
services manquent de tout, y compris parfois le minimum (…), les pannes fréquentes
d’équipements, les ruptures de consommable et de réactif sont le lot quotidien des services.
(…) A la maternité on note la panne sans cesse de l’aspirateur du nouveau-né (Tankouano,
2017 : 22).
A ces faits s’ajoute la crise qui a secoué la CAMEG durant des mois (Kouaman, 2017) qui
accentue les ruptures de médicaments dans les formations sanitaires. Cette situation a été
reconnue par la direction générale de la pharmacie, du médicament et des laboratoires
(DGPML) lors de sa conférence de presse du 07 octobre 2016.

1.1.3. Le manque de rigueur et de compétences de certains responsables


Le manque de rigueur dans le secteur de la santé a été l’un des aspects évoqués dans de
nombreux articles de presse. En témoignent les propos de Albert Fiero Doh, D.G du CHNSS
Hôpital de Bobo qui déclarait à cet effet :
(…) Chacun doit jouer sa partition pour le bon fonctionnement de l'hôpital. Si dans un
service, le besoin n'est pas exprimé, le DG ne peut pas inventer les choses. Si par exemple à
la pharmacie, il manque des produits, c'est au responsable de prendre les dispositions pour
prévenir la Direction d'une éventuelle rupture de stock. En ce moment, la Direction des
services économiques prend déjà les mesures appropriées pour que la commande puisse être
lancée à temps. Il est vrai qu'en fonction de la consommation de certains produits, il est
souvent difficile de maîtriser les stocks. Mais je dirai qu'on peut toujours anticiper et ce n'est
malheureusement pas toujours le cas. (Observateur Paalga, 2000, p. 4).
Dans le milieu associatif des PVVIH, certains sont convaincus qu’il y aurait des
détournements de réactifs destinés aux structures publiques au profit des cliniques et centre
privés. Leur conviction se baserait sur deux faits : d’abord la situation ne serait pas nouvelle.
Il y aurait plusieurs années qu’on déplore les ruptures. Ensuite, le besoin annuel national en
réactifs en ce qui concerne les examens spécifiques des PVVIH serait connu. Au 30 juin 2011,
ils étaient 33282 sous traitement ARV. Le Burkina compte à peu près 150.000 personnes

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

infectées par le VIH. Les prévisions permettent donc d’anticiper les besoins et de rendre
disponibles les produits à temps. Si la situation perdure, soit les personnes chargées de ce
volet seraient incompétentes, soit il y aurait des gens qui y trouvent leur intérêt (Barry, 2011,
p. 12).
1.1.4. La mauvaise qualité de l’offre des soins

Ce facteur est lié à l’absentéisme de certains agents de santé, la qualité des soins offerts quand
ils sont présents, et bien d’autres attitudes qui rendent difficile l’accès aux médicaments pour
les patients. Il arriverait souvent que des patients fassent des va-et-vient à l'hôpital Yalgado
pour des consultations auprès des médecins qui ne sont pas toujours là. A ce propos, il y a
lieu de retenir que la plupart des médecins de Yalgado sont des spécialistes avec une triple
vocation : enseignants à l'université, chercheurs, encadreurs d'étudiants à l’intérieur de
l'hôpital. De ce fait, le médecin peut se trouver à l'université pour dispenser des cours aux
étudiants et être donc absent de l’hôpital à des heures que les patients ignorent. Le médecin
peut aussi être absent pour raison de séminaire ou de colloque à l'intérieur comme à l'extérieur
du pays. Tous ces faits sont des absences justifiées à ne pas confondre avec certaines absences
de médecins affairistes qui préoccupées par l'appât du gain feintent des heures à Yalgado
pour faire des consultations dans des cliniques privées (Ky, 2000, p. 6). Il y aurait des
dispensaires où on peut constater l’absence de personnel comme ce fut le cas au dispensaire
de Koko où l’infirmière de garde était introuvable : un premier groupe de patients arrivés peu
avant 20 heures a en effet été désagréablement surpris de constater que les locaux étaient
désespérément vides. Las d’attendre jusqu’après 22 Heures, les patients dont le nombre ne
cessait de croître vont finalement se décider à libérer les lieux (Kabore, 2005, p. 10).

1.1.5. Les difficultés liées au système d’approvisionnement en médicaments


Les lectures ont révélé les dysfonctionnements dus à la lenteur dans le processus de
réapprovisionnement et ceux dus à la chaîne d’approvisionnement. Il est noté qu’en cas de
rupture d’un produit à la CAMEG, le dépôt ou la formation sanitaire qui en exprime le besoin,
doit écrire au Médecin-chef de district sanitaire qui, à son tour saisit son Directeur régional
pour demander l’autorisation de s’approvisionner chez les grossistes privés. Celui-ci transmet
la requête au niveau central (le ministère) qui saisit la DGPML (Direction générale de la
pharmacie, des médicaments et des laboratoires) pour vérifier l’effectivité de la rupture. Si
cette rupture est effective, la formation ou le dépôt a autorisation de commander. Mais il faut
d’abord obtenir au moins trois propositions d’offres concurrentielles et choisir la moins cher.

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

Pour certains responsables de dépôts, cette procédure, du fait des lenteurs administratives,
peut prendre plus d’un mois. « Et le plus souvent, elle n’aboutit pas, parce que la lenteur
permet à la CAMEG de se réapprovisionner. Pour commander avec le privé, c’est un
parcours du combattant, si bien que des fois, certains préfèrent attendre que le produit soit
disponible à la CAMEG, parce que, lorsqu’ils forcent pour commander avec les privés, il y a
des représailles qui ne disent pas leur nom (Ouedraogo, 2010).

1.1.6. Des présomptions de prescription des spécialités au détriment des MEG


Ce facteur a été relevé par les acteurs du contrôle représentés par le RAME. Son directeur
exécutif, Simon Kaboré, tout en louant l’initiative, a relevé des dysfonctionnements sur le
terrain. Il s’agissait des ruptures des produits, du non-remboursement dans les délais des
prestations, de la prescription de spécialités à la place des MEG, des ruptures des supports
de gestion et le non-respect de la gratuité par certains agents (Ouedraogo, 2018). Des
investigations de "Transparency International" signalaient qu’à cause des techniques
agressives de commercialisation de plus en plus développées par les lobbyings de firmes
pharmaceutiques, les médecins sont poussés vers une préférence indue à certains superflus
au détriment des remèdes essentiels. Ce qui entraîne une augmentation de prescriptions qui
ne sont pas toujours basées sur les besoins réels des malades (REN-LAC, 2000, pp. 28‑33)
(REN-LAC, 2006, p. 12).

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Figure 3: Récapitulatif des facteurs de dysfonctionnement dans le système sanitaire

Source : enquête de terrain, mémoire master II, Juin à Décembre 2018

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1.2. Le coût élevé des médicaments


Le prix d’un médicament peut varier d’un centre de santé à un autre, ce qui peut porter
atteinte à l’accès aux médicaments. D’après nos recherches cette situation peut être liée à
plusieurs facteurs parmi lesquels nous pouvons citer : le non-respect des textes et la non-
effectivité de la gratuité de certains produits dits subventionnés.

1.2.1. Le non-respect des textes en matière de fixation de prix

La vente des médicaments se ferait dans certaines structures privées en violation des textes
de la loi N° 034/98/AN portant Loi Hospitalière et le Décret N°2000/008/PRES/PM/MS
portant organisation de la pharmacie hospitalière (REN-LAC, 2004). Bien que des efforts
sont faits au niveau de la CAMEG au point de vue des prix de vente des MEG,
malheureusement ce n’est pas toujours que la baisse des prix profite aux consommateurs. Les
intermédiaires entre la CAMEG et les consommateurs ne respectent pas toujours les textes.
(L’Évènement, 2001- 2002, p. 10). Secrétaire général Raphaël Nanema, avait reconnu que de
1991 à aujourd’hui (2011), le taux d’inflation des soins est passé à plus de 300% (Zougmore,
2011 : 13).

1.2.2. La non-effectivité de la gratuité de certains soins dits subventionnés


Il ressort que les soins obstétricaux et néonatals d’urgence que l’État dit avoir subventionné
à 80% ne sont pas effectifs. Les malades seraient contraints d’honorer l’essentiel des
ordonnances. Le SYNTSHA indiquait que ce sont les malades ou leurs assistants qui font des
pieds et des mains pour assurer le carburant pour l’évacuation sans que l’État n’intervienne
(Zougmore, 2011). Dans plusieurs pays qui ont mis en œuvre des politiques similaires, la
recherche a montré que la réduction des dépenses à la charge des ménages a été considérable,
mais en deçà des prévisions. Les ménages continuent de payer pour des postes de coût qui
auraient dû être couverts, tels que le transport des centres de santé périphérique aux hôpitaux,
les médicaments et les tests de laboratoire. Les paiements informels au personnel de soins
sont aussi fréquents. Les plus pauvres sont les plus exposés dans de telles situations
(Rasmané, 2016).

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Figure 4: Schéma récapitulatif sur le coût élevé des médicaments

Source : enquête de terrain, mémoire master II, Juin à Décembre 2018


1.3. Les marchés parallèles de ventes de médicaments
Depuis une dizaine d'années on observe dans nos villes et campagnes la recrudescence d'un
important marché de substances illicites : « les médicaments de la rue ». Ainsi, selon le Réseau
médicaments et développement (REMED), la part de ces produits se situe entre 40 et 60%
du marché du médicament dans notre région. Selon l’Organisation mondiale des douanes, le
marché parallèle de médicaments aurait augmenté de 300 % entre 2007 et 2008, et
rapporterait 50 milliards d’euros par an (Goumbri, 2012 ). L’on se rappelle le 6 janvier 2012
dans la zone commerciale du grand marché de Ouagadougou l’action médiatique de la police
nationale au sujet de la lutte contre les faux médicaments a consisté au démantèlement entre
autres de trois magasins de faux produits d’environ 3,5 tonnes et estimés à près de 27 millions
de F CFA (Ibid., 2012). Ces produits qualifiés entrent en fraude et sont distribués voire même
prescrits par des vendeurs ambulants. Ce commerce illicite a de très graves conséquences sur
la santé publique (Ouedraogo, 2002, p. 5).
Figure 5: Schéma récapitulatif sur le marché illicite de médicaments

Source : enquête de terrain, mémoire master II, Juin à Décembre 2018

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1.4. Les ruptures ou pénuries de stocks de médicaments


Les ruptures sont fréquentes et peuvent durer de quelques jours à plusieurs mois. Les patients
qui ne peuvent pas patienter sont obligés, pour ceux qui en ont les moyens, d’aller dans les
cliniques privées faire leur examen. Quand il y a rupture de c’est toute la chaîne de suivi du
patient qui est affectée (Barry, 2011, p. 12). Dans le cas de certaines maladies telle que la
méningite par exemple, elle continue à avancer dans certaines régions et les vaccins se font
attendre par les malades et les populations malgré que les statistiques soient connues, des
stratégies sont élaborées par les districts sanitaires. (Copia, 2003, p. 2).

1.5. Les présomptions de vols et détournements de médicaments dans les


formations sanitaires
Se soigner est devenu de nos jours un parcours de combattants à l’hôpital National Yalgado
Ouédraogo (Diao, 2003, p. 4). Le CHU-Yalgado serait confronté depuis belle lurette à des
vols des produits pharmaceutiques. En exemple, 09 cartons de produits pharmaceutiques ont
été saisis des mains de 08 personnes qui ressortaient de l’hôpital en véhicule. Certains pour
se justifier, disaient être des délégués médicaux, sans en apporter la moindre preuve formelle.
Il en est de même pour d’autres qui seraient des agents de santé officiant hors du CHU-YO,
au sein de la structure, et qui prétendaient que les produits saisis en leur possession, étaient
destinés à des parents malades. (…) (Le-Pays, 2017 : 14). Un autre exemple : le service
régional de la police judiciaire de Bobo-Dioulasso (SRPJ-Bobo) avait présenté le mardi 08
Aout 2017 aux hommes de médias, des produits pharmaceutiques détournés qui ont été saisis
à un agent de santé de la localité. Il s’agissait de 4360 boîtes d’Artesun d’une valeur d’environ
treize millions (13 000 000) de francs CFA, une boite d’insertion Norplan, du matériel
chirurgical, un aspirateur, un pèse bébé, une imprimante et bien d’autres produits
pharmaceutiques. Selon le commissaire de police, l’enquête a révélé qu’il s’agissait de produits
pharmaceutiques destinés aux structures publiques de santé du Burkina Faso. Ceux-ci
auraient été détournés pour être vendus à un autre agent de santé chargé de les revendre
directement aux malades et aux dépôts pharmaceutiques privés. Il faut noter que l’Artesun
est un produit qui entre dans le cadre des soins des femmes enceintes et des enfants de moins
de cinq (05) ans (Dofini, 2017).
La vente des médicaments de dotation subtilisés par le personnel soignant serait une pratique
répandue à l'hôpital Yalgado. Médecins, infirmiers, filles de salle, brancardiers, à chaque agent
aurait développé son mode d’action :

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Les majors : « ce sont les maîtres des lieux qui s’imposent souvent à la hiérarchie ». La félinité
de leur approche met à contribution des infirmiers, manœuvres, filles de salle, brancardiers.
Chacun a pratiquement un rôle selon les occasions : placement des gants auprès des malades,
de solutés et autres médicaments de dotation, subtilisés ou détournés.
Les infirmiers /ères : dans la chaîne, des infirmiers/infirmières sont devenus de véritables
pharmaciens ambulants au chevet des malades. Ceux-là, au regard des ordonnances (ils y
accèdent facilement d’ailleurs), proposent presque quotidiennement des produits à des coûts
inférieurs à ceux pratiqués en pharmacie. Où se sont-ils ravitaillés ? Echantillons gratuits,
double prescription, réduction volontaire de doses pendant les soins, etc.
Les filles de salle : Il est aussi connu à l’hôpital que certaines filles de salle excellent dans la
vente des gants. La boîte de 100 coûte 9300 F. Elles, comme les manœuvres, sont par ailleurs
de sacrées championnes en matière de rendez-vous, moyennant « motivation », avec les
médecins généralistes ou spécialistes. « Mon oncle, mon cousin, mon beau… » ; Les
arguments tirés de la parenté suffisent le plus souvent pour obtenir d’un « collègue » un
rendez-vous qu’on a vendu.
Les sages-femmes : dans le milieu des sages-femmes, la vente des kits opératoires ou du
fameux syntocinon utile pour accélérer l’accouchement est bien connue. Tout est une
question de « circuit ».
Les médecins : et que dire des médecins qui détournent des malades de l’hôpital au profit
de leur « maison-clinique » ? C’est une des voies les plus sûres pour s’enrichir. La consultation
est à 5.000 F et le réseau utilise des infirmiers complices, prompts à inquiéter tout malade,
fatigué d’attendre sur le banc avec des arguments du genre : « Il vous sera dur de trouver le
médecin mais je peux vous aider ». Ainsi s’obtienne des ristournes ou toute autre faveur du
patron. On comprend dès lors l’attitude de ces malades qui préfèrent prendre les devants,
faire beau jeu, pour garantir un tant soit peu la rapidité et la disponibilité du personnel
soignant. Pour ceux-là « Il faut motiver l’infirmier/infirmière, motiver le major, motiver… ».
Le personnel de cuisine et autres : L’huile, les spaghettis, les boîtes de sardines constituent
un marché très florissant surtout quand on sait passer par des malades sortant de l’hôpital
avec le sac plein de bagages. Il n’y a pas ce service à l’hôpital YALGADO où on ne fait pas
des « affaires », des « business », à l’image de ces petits commerçants de marchandises
diverses (REN-LAC, 2000, pp. 28‑33).

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Figure 6: Schéma récapitulatif sur les vols et détournements de médicaments

Source : enquête de terrain, mémoire master II, Juin à Décembre 2018

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Tableau 2: Récapitulatif des causes d'indisponibilité des médicaments


Ce tableau fait un récapitulatif de l’ensemble des facteurs à l’origine de l’indisponibilité des
médicaments dans le système sanitaire au Burkina Faso.
Les causes de Dysfonctionnements Le coût élevé Le marché Les ruptures Les vols et
l’indisponibilit dans la gestion des des parallèle de de stocks de détournements
é des formations sanitaires médicaments vente de médicament de
médicaments médicaments s médicaments
Les La corruption et le Le non-respect Les La Mauvaise Vols de
détournement de fond/ des textes de Médicaments estimation du médicaments par
manifestations
matériels ventes de volés et besoin les agents de
médicaments détournés dans santé.
La mauvaise politique les formations
sanitaire La non- sanitaires
effectivité de la Le nombre
Les défaillances du gratuité de Les élevé de
système certains soins Médicaments patients à
d’approvisionnement en dit prohibés prendre en
médicaments subventionnés importés charge
La mauvaise qualité de La
l’offre des soins Surfacturation
La prescription des des
spécialités au détriment ordonnances
des MEG des patients

Source : enquête de terrain, mémoire master II, Juin à Décembre 2018

Caractéristiques et sources d’approvisionnements du marché pharmaceutique

Les résultats de nos recherches ont permis d’une part de caractériser le marché des produits
pharmaceutiques au Burkina Faso, et d’autre part d’identifier les différentes sources
d’approvisionnement de ce marché.

 Les caractéristiques du marché pharmaceutique burkinabé


Au Burkina Faso, selon les origines, les spécialistes classent ces médicaments en deux
catégories : les produits dits « de pharmacies » et les produits de la « fraude ».
Les premiers sont généralement des produits vendus en pharmacie :
- dans les formations sanitaires, les officines, des agents (magasiniers, gardiens,
infirmiers…) n’hésitent pas souvent à dérober des médicaments. Les produits volés
sont généralement revendus à bas prix chez des commerçants futés dans la vente
illicite des médicaments.

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- certains médicaments de pharmacie sont aussi cédés aux mêmes vendeurs par des
personnes bénéficiant d’une réduction partielle ou totale de leurs frais d’ordonnances
et qui se font délivrer des ordonnances de complaisance. Les bons sont revendus à
des commerçants en contrepartie de liquidité. Le commerçant remplit le bon de
médicaments d’une valeur égale aux 100000f pour le revendre plus tard.

- l’agent titulaire du bon se fait lui-même livrer des médicaments d’une valeur égale au
bon avant de les revendre par le truchement du personnel soignant dans les
formations sanitaires.

- des médicaments offerts aux associations et autres ONG locales à but humanitaire
constituent également des sources d’approvisionnement des vendeurs ambulants. La
tricherie se ficelle entre le commerçant et le président d’Association.

- il faut ajouter le fait que certains vendeurs vont dans les officines pour se procurer
certains médicaments en vue de la revente ; l’entente évidemment se fait avec le
pharmacien bien souvent heureux de réussir à écouler ainsi ses produits.

Le second circuit de ravitaillement est la fraude. : de la fraude provient la plus grosse


partie des médicaments de la rue. Les médicaments arrivent au Burkina Faso principalement
par voie terrestre. Les médicaments chargés dans des camions depuis les pays côtiers (Togo,
Ghana, Nigéria) sont transportés jusqu’aux frontières. Avant d’atteindre les postes de
douanes, ceux-ci sont déchargés et transportés sur des vélos à travers la brousse jusque dans
les dépôts frauduleux dont Pouytenga abriterait les plus importants. Il y a aussi le système de
camouflage (REN-LAC, 2003).

 Les sources d’approvisionnement en produits pharmaceutiques

Dans les formations sanitaires, les sources d’approvisionnement en médicaments par les
agents de santé sont les suivants :
- médicaments restant d’un patient récupéré (cas de la maternité)

- médicaments gratuits de donations

- matériels destinés aux apprenants de l’école de santé

- les dépôts frauduleux de pharmaciens de la place

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- les doubles prescriptions par les infirmiers « Nous n'allons pas pratiquer la médecine
de soumbala ou de gombo sec ; les affaires sont les affaires » (REN-LAC, 2000, p. 7).
De façon beaucoup plus élaborée, on peut citer trois grandes sources d’approvisionnements
qui alimentent le marché illicite de vente de médicaments :
La première source d’approvisionnement illicite consiste à recueillir auprès des délégués
médicaux les plus grandes quantités d’échantillons gratuits de médicaments. Ensuite on prend
le soin d’enlever les inscriptions « échantillon médical gratuit » où l’on change la boîte de
médicaments.
La deuxième source consiste à subtiliser des médicaments aux malades, généralement lors
des interventions chirurgicales, ou lorsque l’on doit placer des perfusions à des malades. Ainsi
à la maternité du Centre Hospitalier Yalgado Ouédraogo, la pratique consiste souvent à
récupérer des produits chez les malades à opérer pour constituer des « Kits Opératoires » que
l’on pourra revendre lors de prochaines interventions à des malades généralement en urgence.
La troisième source est d’acquérir des médicaments du service et de les vendre aux
malades à des prix défiant toute concurrence lors des consultations, des soins, des gardes et
des permanences (REN-LAC, 2004).
Le graphique ci-dessous résume sous forme schématisée, la structuration du marché
pharmaceutique à la lumière des résultats présentés plus haut.

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Figure 7: Caractérisation du marché pharmaceutique selon les acteurs publics et privés

Circuit du marché de vente illicite de produits pharmaceutiques

Source : enquête de terrain, mémoire master II, Juin à Décembre 2018

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CHAPITRE II : ACCES DES POPULATIONS CIBLES AUX


MEDICAMENTS DE LA GRATUITE
Dans le chapitre 2 nous avons présenté les résultats de l’enquête qui a consisté à évaluer
l’accès des populations aux médicaments de la politique de gratuité des soins. Cette étude de
cas a porté sur l’enquête de 230 patients venus en consultation dans 6 CSPS du district de
Bogodogo du 16 au 26 janvier 2019. Nous vous présenterons donc :
- le profil des patients
- les problèmes de santé à l’origine des consultations
- les types de maladies à l’origine des consultations chez les enfants de moins de 5 ans
- la disponibilité des médicaments de la gratuité des soins
- le mode d’accès aux médicaments (spécifiquement les médicaments non disponibles)

2.1. Profil des patients


Dans ce tableau ci-dessous, nous présentons le profil des différents patients enquêtés au
cours de cette étude de cas.
Tableau 3: Type de patients
Types de patients enquêtés Fréquence
Non réponse 0,40%
Femme enceinte CPN 41,30%
Femme césarisée 0,00%
Femme qui a accouchée 15,20%
Accompagnant(e) d'enfant de moins de 5 ans 40,40%
Femme enceinte hospitalisée 2,60%
TOTAL OBS. 100%
Source : enquête de terrain, mémoire master II, 10 au 26 Janv. 2019
Les types de patient enregistré dans cette enquête sont fortement représentés par les femmes
enceintes et les enfants de moins de 5 ans qui représentent respectivement 41,30 % et
40,40% ; soit plus de 80% des patients enquêtés.

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2.1.1. Professions et types de patients

Les différents patients enquêtés au cours de notre étude exercent différentes activités
professionnelles, pour certains aucune activité. Le tableau ci-dessous présente par type de
patients, la profession.

Tableau 4: Professions et types de patients


Professions Non Femme Femme qui a Accompagnant Femme Total
réponse enceinte accouchée d'enfants enceinte
CPN hospitalisée
Ménagère 1 41,86% 15,50% 50% 38,76% 129
Commerçante 0 47,22% 11,11% 36,11% 5,55% 36
/Commerçant
Couturière 0 75% 0 25% 0 8
Femme de ménage 0 50% 33,33% 16,66% 0 6
Blanchisseuse 0 0 0 100% 0 2
Chauffeur 0 0 0 100% 0 2
Electricien 0 0 0 100% 0 2
Enseignante 0 100% 0 0 0 2
Etudiante/ Etudiant 0 50% 0 50% 0 4
Elève 0 26,66% 40% 33,33% 0 15
Maçon 0 0 0 100% 0 2
Monitrice 0 50% 0 50% 0 2
Coiffeuse 0 0 0 100% 0 1
Mécanicien 0 0 0 100% 0 3
Restauratrice 0 60% 20% 20% 0 5
Secrétaire 0 33,33% 66,66% 0 0 3
Démarcheur 0 0 0 100% 0 4
Nettoyage 0 0 0 100% 0 1
Soudeur 0 0 0 100% 0 1
TOTAL 1 40,79% 15,35% 40,79% 2,63% 228
Source : enquête de terrain, mémoire master, 10 au 26 Janv. 2019
A l’issue de l’enquête, nous avons identifié dix-neuf (19) professions exercées selon le type
de patients. Les résultats montrent que 56% soit (129) patients avaient déclaré être ménagère.

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Les femmes enceintes CPN (41.86%) et les femmes enceintes hospitalisées (38,76%)
représentent 80% de cette catégorie. Les patients qui exercent une activité commerciale sont
ceux qui viennent en deuxième position avec un total de 36 patients soit 15, 65 %. Là
également on note que les femmes enceintes hospitalisées et les femmes enceintes CPN sont
les plus nombreuses soit 52,77%. Le troisième groupe est celui des élèves qui enregistre
quinze (15) patients soit 6, 52%. Le type de patient qui appartient à cette catégorie d’activité
est composé des femmes qui ont accouché.

2.1.2. Professions – Niveau d’instruction

Ce tableau présente le niveau d’instruction des différents patients enquêtés. Nous avons fait
un croisement de cette variable avec la profession des patients enquêtés afin de mieux décrire
le profil des enquêtés.
Tableau 5: Professions et niveau d'instruction
Professions / Niveaux Aucun Primaire Secondaire Supérieur Total
d'instruction

Ménagère 77,95% 22,05% 0 0 127

Commerçante / Commerçants 22,22% 77,77% 0 0 36

Elève 13,33% 06,66% 80% 0 15

Couturière 37,5% 62,5% 0 0 8

Restauratrice 40% 60% 0 0 5

Démarcheur 0 50% 50% 0 4

Mécanicien 0 66,66% 33,33% 0 3

Secrétaire 0 0 100% 0 3

Femme de ménage 16,66% 83,33% 0 0 6

Chauffeur 0 100% 0 0 2

Electricien 0 0 100% 0 2

Enseignante 0 0 100% 0 2

Etudiant / Etudiante 0 0 0 100% 4

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Maçon 0 50% 50% 0 2

Monitrice 0 50% 50% 0 2

Blanchisseuse de vêtements 100% 0 0 0 2

Coiffeuse 0 0 100% 0 1

Nettoyage 0 100% 0 0 1

Soudeur 0 0 100% 0 1

TOTAL 51,31% 34,65% 11,40% 1,75% 228

Source : enquête de terrain, mémoire master II, 10 au 26 Janv. 2019


Les résultats montrent que 51, 31% des patients enquêtés n’ont aucun niveau. Les ménagères
avec un effectif de 127 patientes sur les 230 patients, représentent 77,95% de cette catégorie
de patients. On constate que les niveaux d’instruction « primaire » et « aucun » représentent
85,96% des patients enquêtés.

2.1.3. Niveau d’instruction et type de patients


Ce tableau traduire le niveau d’instruction qui prédomine dans chaque groupe de patient
enquêtés.
Tableau 6: Niveau d'instruction selon le type de patient

Q5/Quel est votre niveau Non réponse Aucun Primaire Secondaire Supérieur TOTAL
d'instruction ?

Non réponse 0,00% 0,40% 0,00% 0,00% 0,00% 0,40%

Femme enceinte CPN 0,90% 21,30% 14,80% 3,50% 0,90% 41,30%

Femme césarisée 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%

Femme qui a accouchée 0,00% 8,70% 3,50% 3,00% 0,00% 15,20%

Accompagnant(e) d'enfant de 0,00% 18,70% 16,10% 4,80% 0,90% 40,40%


moins de 5 ans

Femme enceinte hospitalisée 0,00% 2,20% 0,40% 0,00% 0,00% 2,60%

TOTAL 0,90% 51,30% 34,80% 11,30% 1,70%

Source : enquête de terrain, mémoire master, 10 au 26 Janv. 2019

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Les résultats de l’enquête montrent que dans le groupe des femmes enceintes CPN qui
représentent dans notre étude 41,30 % des enquêtés, la moitié des patientes n’a aucun niveau
soit 21, 30%. Chez les femmes qui ont accouché (15,20% de la population d’étude), 8% des
patientes n’a aucun niveau. Les résultats de l’étude montrent que 85,92% des patients
enquêtés n’a pas un niveau d’instruction supérieur au niveau « primaire ».

2.2. Les problèmes de santé à l’origine des consultations

Le graphique ci-dessous présente les problèmes de santé qui ont conduit les patients à venir
consulter dans les différents centres de santé.
Figure 8: Les Problèmes de santé selon le type de patients

120 101
92
100
80
60 34
40
20
0
consultation Accouchement Enfants malade
prénatale

Problème de santé
Source : enquête de terrain, mémoire master II, 10 au 26 Janv. 2019

Au cours de l’enquête, les problèmes de santé liés aux CPN (consultations prénatales)
présentent le plus fort taux avec 101 patientes, suivis des cas d’enfants de moins de 5 ans
malades qui s’élèvent à 92 patients. 03 non réponses ont été enregistrés. On constate donc
que les problèmes de santé liés aux consultations prénatales et les problèmes de santé des
enfants de moins de 5 ans représentent 83,91% des problèmes de santé.

Détails sur le type de maladie chez les enfants malades

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Lors de l’enquête nous nous sommes intéressés aux types de maladies chez les enfants à
l’origine des consultations chez les enfants. Le tableau ci-dessous présente les différentes
maladies évoquées par les patients eux-mêmes.
Tableau 7 : Détails type de maladie chez les enfants de - 5 ans

Nombre Types de maladies chez Disponibilité des produits au dépôt du CSPS


de Cas les enfants
Oui Non

25 Rhume de mon enfant 27% 70,37 % (19) 22,22% (6)

17 Fièvre de mon enfant 18,47% 47,06% (08) 52,943% (09)

18 Toux de mon enfant 19,56% 88,88% (16) 11,11% 02)

04 Mal de ventre de mon enfant 4,35% 50% (02) 50% (02)

21 Maladie de mon enfant 22,82% 4,76% (01) 95,23% (20)


04 Malaise de mon enfant 4,35% 25% (01) 75% (03)

01 Mal de tête de mon fils 1,09% 0% 100%

01 Fièvre et diarrhée de mon 1,09% 0% 100%


enfant

01 Blessure à l'œil de l'enfant 1,09% 0% 100%

92 100% 53,26% 46,73%

Source : enquête de terrain, mémoire Master II, 10 au 26 Janv. 2019


Les résultats présentent huit cas de maladies identifiés plus un cas où il est mentionné
« maladie de mon enfant » sans plus de précisions. Néanmoins il ressort que la maladie la plus
citée est « le rhume » qui est suivie de la « toux » et de la fièvre.

2.3. disponibilité des produits pharmaceutiques meg prescrits


Pour évaluer le niveau d’accès aux médicaments de la gratuité pour les populations éligibles,
nous avons évalué la disponibilité des produits pharmaceutiques prescrits lors des
consultations. Dans cette section nous vous présentons les résultats en ce qui concerne la
disponibilité des médicaments sur l’ensemble des 230 patients, puis selon les types de
patients. Nous vous présentons également le niveau de produits disponibles selon le nombre
de produits prescrits.

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Sur l’ensemble des 230 enquêtés


L’enquête a évalué le nombre d’ordonnance qui a été totalement satisfaite en termes de
disponibilité des médicaments prescrits. Les patients qui ont pu avoir tous les produits
prescrits ont répondu par « Oui », tandis que ceux n’ayant pas pu avoir tous les produits
prescrits sur place à la pharmacie du centre de santé ont répondu par « Non ».

Tableau 8 : Disponibilité des produits pharmaceutiques sur l'ensemble des 230 enquêtés

Q5/disponibilité des médicaments Non Oui TOTAL

Non réponse 0,40% 0,00% 0,40%

Femme enceinte CPN 27,00% 14,40% 41,30%

Femme césarisée 0,00% 0,00% 0,00%

Femme qui a accouchée 2,20% 13,00% 15,20%

Accompagnant(e) d'enfant de moins de 5 19,60% 20,90% 40,40%


ans

Femme enceinte hospitalisée 2,60% 0,00% 2,60%

TOTAL 51,70% 48,30%

Source : enquête de terrain, mémoire master II, 10 au 26 Janv. 2019

Figure 9: Disponibilité de la totalité des médicaments prescrits sur l’ordonnance


Les différents résultats révèlent que le nombre de cas d’indisponibilité des produits prescrits
représenté ici par le « Non » est supérieur au cas de « Oui ». Le cas des femmes venues en
consultations prénatales accuse le plus fort taux d’indisponibilité de produits
pharmaceutiques MEG, soit 27% de cas sur les 95 enregistrés. Par ailleurs, sur les 30 patientes
venues accoucher, seulement 2,20% de patientes ont mentionné ne pas avoir obtenu tous les
produits prescrits sur l’ordonnance.
Les résultats de l’enquête montrent que plus de la moitié des patients, soit 52% n’ont pas eu
accès à tous les médicaments prescrits sur l’ordonnance. Ces résultats correspondent à 119
sur les 230 patients qui n’ont pas pu avoir les médicaments prescrits.

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La disponibilité sur l’ensemble des produits prescrits

Disponibilité des médicaments prescrits

48%
52%
Non
Oui

Source : enquête de terrain, mémoire master II, 10 au 26 Janv. 2019

Dans l’administration du questionnaire, nous avons relevé le nombre de produits prescrits à


chaque patient au cours de la consultation. Le nombre de produits prescrits ayant pu être
acquis au niveau du dépôt pharmaceutique a également été noté. Le tableau 9 ci-dessous
présente les résultats obtenus.

Tableau 9 : Disponibilité des produits prescrits

Nombre de produits Nombre de produits Nombre de produits non


prescrits disponible disponible

771 344 427

100% 44,62% 55,38%

Source : enquête de terrain, mémoire master, 10 au 26 Janv. 2019


L’enquête a révélé qu’un total de 771 produits a été prescrit dans les 06 formations sanitaires
à l’ensemble des 230 patients qui ont consulté dans la période du 16 au 26 janvier 2019 et qui
ont été interviewés au cours de l’enquête. On constate que plus de la moitié des produits
prescrits n’étaient pas disponibles, soit 427 produits indisponibles (56%), seuls 344 produits
prescrits étaient disponibles soit 44% des produits prescrits.

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Disponibilité de produits par nombre d’enquêtés par formations sanitaires

Pour chaque centre de santé où s’est déroulé l’enquête, nous avons évalué de façon spécifique
à ces centres, le niveau de disponibilité des médicaments au regard des ordonnances ayant
été totalement ou pas satisfaite. Ce tableau nous présente les différents résultats.
Tableau 10 : Disponibilité de produits par nombre d’enquêtés par formations sanitaires

Formations sanitaires Nombre de patients Disponibilités des produits prescrits


enquêtés / 230
Non Oui

CM Saaba 72 46,61% (35) 51,38% (37)

CSPS Nioko 1 46 17,39% (8) 82,60% (38)

CSPS Secteur 30 Karpala 46 43,47% (20) 56,52% (26)

CSPS Dayongo 24 91,66% (22) 8,33% (2)

CSPS Dassasgho 28 100% (28) 0,0%

CSPS trame d'accueil 14 42% (6) 58% (8)

Source : enquête de terrain, mémoire Master II, 10 au 26 Janv. 2019


D’après les résultats du tableau, on enregistre un taux élevé de cas d’indisponibilité des
produits pharmaceutiques dans le CSPS de DAYONGO, et un taux nul de disponibilité de
produits pharmaceutique dans le CSPS de Dassasgho. Rappelons qu’il s’agit ici d’une
évaluation de la disponibilité de tous les produits prescrits sur une ordonnance. Ce qui signifie
que dans le cas par exemple du CSPS de Dassasgho, lors de notre passage aucun des patients
que nous avons enquêté n’avait eu à la pharmacie du CSPS tous les produits prescrits sur son
ordonnance.

2.4. Mode d’accès aux produits pharmaceutique prescrits et non disponible dans
les csps

Dans cette section, nous présentons les différents modes d’accès aux médicaments qui ont
été prescrits mais qui n’étaient pas tous disponibles au dépôt pharmaceutique du centre de
santé. Ces résultats concernent les 230 patients enquêtés dans les 6 formations sanitaires.
Figure 10: Mode d'accès aux médicaments

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Mode d'accès aux médicaments


1%
0%
Au dépôt pharmaceutique du
centre de santé
23% Sur place et à la pharmacie hors
du centre de santé
A la pharmacie dehors

76%
Non réponse

Source : enquête de terrain, mémoire Master II, 10 au 26 Janv. 2019


Lorsqu’on observe les résultats de notre étude, nous constatons que les patients qui n’ont pas
eu accès aux produits pharmaceutiques dans les dépôts pharmaceutiques des formations
sanitaires pour raison de rupture, finissent par s’orienter vers d’autres acteurs pour se
procurer les produits. Rappelons que sur les 230 patients enquêtés, 119 patients n’avaient pas
été satisfaits par la disponibilité des produits qui leur ont été prescrits. Et l’étude révèle que
sur ses 119 patients, 115, soit environ 96% ont eu accès aux produits pharmaceutiques dans
une pharmacie hors de la formation sanitaire où se vendent des produits pharmaceutiques
non MEG.

Niveau d’instruction et mode d’accès aux produits pharmaceutiques

Nous avons croisé la variable « mode d’accès aux médicaments disponible » et le niveau
d’instruction des patients afin d’évaluer les moyens d’accès en fonction du niveau
d’instruction.
Tableau 11 : Niveau d’instruction et mode d’accès aux produits pharmaceutiques
Lieu d'accès Non Aucun Primaire Secondaire Supérieur Total
réponse

Au dépôt pharmaceutique 2 50,29% 36,09% 11,24% 1,18% 169


de l'hôpital

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Au dépôt pharmaceutique 1 56,89% 31,03% 12,07 0 58


et à la pharmacie

A la pharmacie 0 0 50% 0 50% 2

TOTAL 3 51,30% 34,78 11,30% 1,30% 230

Source : enquête de terrain, mémoire master II, 10 au 26 Janv. 2019

Les résultats montrent que sur les 169 patients qui ont eu accès aux médicaments au dépôt
pharmaceutique de l’hôpital, 50,29% n’ont aucun niveau d’instruction et 36,09% ont un
niveau primaire. Par ailleurs sur les 58 patients qui ont eu leurs produits au dépôt
pharmaceutiques et dans une pharmacie en dehors du centre, 56,89% n’ont pas de niveau
d’instruction contre 31,03% qui ont un niveau primaire.

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CHAPITRE III : ETUDE DU CIRCUIT DE DISTRIBUTION


DU MEDICAMENT
Le chapitre 3 présente les résultats de l’étude du circuit du médicament de la politique de
gratuité des soins au CSPS du secteur 30 de Karpala. Les résultats ont montré que le circuit
de distribution des médicaments de la gratuité des soins présente des insuffisances à deux
niveaux : au niveau de la prescription des médicaments et au niveau de l’approvisionnement
de ces médicaments. Pour ce qui concerne la prescription, on note que certains produits
prescrits par les agents de santé sont fréquemment indisponibles dans les dépôts
pharmaceutiques des centres de santé. Au niveau de l’approvisionnement, deux problèmes
ont été relevés : l’absence de système formel d’organisation du marché pharmaceutique qui
réponde aux exigences de la politique de gratuité des soins et l’incapacité de la CAMEG à
assurer totalement l’approvisionnement des formations sanitaires en produits
pharmaceutiques.

3.1. Profil des patients


Le tableau ci-dessous présente le nombre de consultations par type de patients, sur la période
de l’enquête du 25 Septembre au 25 décembre 2018, soit 6731 consultations.

Tableau 12 : Types de patients

Type de patient Nb. cit. Fréq.

Non réponse 5 0,10%

Femme enceinte 2093 31,10%

Accouchement 300 4,50%

Dépistage lésions pré-cancers 5 0,10%

Enfant de moins de 5 ans 4324 64,20%

Col de l'utérus 4 0,10%

TOTAL OBS. 6731 100%

Source : enquête de terrain, mémoire master II, 26 Janv. au 07 Févr. 2019

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On constate que les consultations des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans
s’élèvent à 95% de l’effectif de consultations. Les enfants de moins de 5 ans sont les plus
nombreux à consulter.

3.2. Disponibilité des produits prescrits


Les résultats présentés dans cette section, montrent le nombre de produits prescrits par types
de patients, le nombre de produits prescrits et non disponibles selon chaque type de patients
et la liste des différents produits prescrits et non disponibles par type de patients.

3.2.1. Nombre de produits prescrits par types de patients


Pour chaque type de patients, ce tableau présente le nombre de produits prescrits.
Tableau 13 : Nombre de produits prescrits par types de patients

Type de patient Nombre de produits prescrits


Non réponse 5
Femme enceinte 10942
Accouchement 1617
Dépistage lésions pré-cancers 6
Enfant de moins de 5 ans 11945
Col de l'utérus 18
TOTAL 24533
Source : enquête de terrain, mémoire master II, 26 Janv. au 07 Févr. 2019
Sur l’ensemble des 6731 ordonnances, 24533 produits ont été prescrits soit une moyenne
3,64 produits par ordonnances. Les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans
présentent les plus fortes demandes soit respectivement 10942 et 11945 produits prescrits.

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3.2.2. Nombre de produits prescrits non disponible par types de patients


Ce tableau présente le nombre de produits prescrits et non disponibles.

Tableau 14 : Nombre de produits prescrits non disponibles selon le type de patients


Type de patient Nombre de PND
Non réponse 1
Femme enceinte 1087
Accouchement 202
Dépistage lésions pré-cancers -
Enfant de moins de 5 ans 1020
Col de l'utérus 2
TOTAL 2312
Source, enquête de terrain, mémoire master, 26 Janv. au 07 Févr. 2019

Ce tableau montre que sur les 24533 produits prescrits, 2312 étaient non disponibles, soit
9,42% de taux d’indisponibilité des produits prescrits. Cela devient beaucoup plus significatif
si nous faisons le rapport avec la moyenne de produits prescrits par ordonnances. Par
consultation nous avons 3,64 produits prescrits. Par rapport au nombre total de produits
prescrits non disponible (2312), on observe alors que 635 consultations sur les 6731 n’ont
pas été satisfaites. Cela correspond à environ 11% d’ordonnances non satisfaites. C’est-à-dire
que 11 patients sur 100 n’ont pas accès aux produits pharmaceutiques qui leur sont prescrits.

3.2.3. Liste de produits prescrits et non disponible

Au cours de l’étude, nous avons identifié les types de produits pharmaceutiques prescrits mais
qui n’étaient pas disponibles. Ses différents produits sont contenus dans le tableau ci-dessous.

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Tableau 15 : Liste de produits prescrits et non disponible

No Nom du produit No Nom du produit


01 Terpine 22 Albutis
02 Phloroglucinol 23 HPV et Hpving
03 Nystatine 24 Sparadrap
04 Sonde urinaire 25 Speculum
05 Paracétamol 26 Thermomètre
06 Carbotoux 27 Vitamine C
07 Gants stérilisés 28 Clam ombilicale
08 Amoxicilline 29 Cotrimoxazole
9 Flacon 30 Sirop Zinc
10 Quinine 31 Ceftriaxone
11 Chlorphénamine 32 Bétadine
12 Compresse 33 Erythromycine
13 Bande Nylex 34 Albendazole
14 Mébendazole 35 Bleue de méthylène
15 Sirop DOuba 36 Fersing
16 Complexe B 37 Fil de suture
17 Polyvidone iodée 38 Métronidazole
18 Athemeter + Luméfantrine 39 Perfusion
29 Butyle 40 Diazépam
20 Ciprofloxacine 41 Coton Hydrophile
21 Charbon végétal 42 Seringue

Source : enquête de terrain, mémoire master II, 26 Janv. au 07 Févr. 2019


Les résultats de l’étude ont permis de relever 42 noms de produits pharmaceutiques qui
n’étaient pas disponibles sur la période couverte par l’enquête. Ces produits pharmaceutiques
ont été classés selon leurs présentations dans le tableau suivant ci-dessous :

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Tableau 16: Classifications des produits selon leur présentation

Présentations du Noms des produits Présentations du Noms des produits


produit indisponibles produit indisponibles
Antispasmodique Phloroglucinol Terpine
(2) Butyle Antitoussif (3) Sirop Douba
Carbotoux

Antalgiques (1) Paracétamol Albutis


Antiasthénique (3) HPV et HPving
Vitamine C

Quinine
Antiparasitaire Athémeter + Luméfantrine Antihistaminique Chlorphénamine
(4) Albendazole (2) Complexe B
Métronidazole

Polyvidone iodée
Antimycosique (1) Nystatine Désinfectants (3) Bétadine
Bleue de méthylène

Sonde urinaire Amoxicilline


Gants stérilisés Ceftriaxone
Thermomètre Antibiotique (5) Ciprofloxacine
Flacon Cotrimoxazole
Consommables Compresse Erythromycine
médicaux (11) Bande Nylex
Sparadrap
File de sutures Antidiarrhétique (2) Charbon végétal
Clam ombilicale Sirop Zinc
Seringue
Coton Hydrophile
Perfuseur (1) Perfusion Anticonvulsivant (1) Diazépam

Source : enquête de terrain, mémoire master II, 26 Janv. au 07 Févr. 2019


Suivant leur présentation, le tableau montre que les « consommables médicaux » sont les
produits qui concèdent le plus fort taux d’indisponibilité, ils représentent 11 produits sur les
42. Les seconds sur la liste sont les antibiotiques avec cinq (5) type de produits.

Liste de produits non disponibles chez les femmes enceintes

Chez les femmes enceintes qui ont consultés au cours de la période couverte par l’étude, nous
avons relevé un nombre de produits qui n’étaient pas disponibles. Les plus fréquents sont
présentés par la figure suivante.

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Figure 11: Produits prescrits non disponibles chez les femmes

Femmes enceintes: Produits Prescrits non


disponibles
2% 1% 1%
Phloro

6% Flacon
6% Carbotoux
7% Gants stérilisés
8% 51% Quinine

8% sonde urinaire
10% Nysatine
Complexe B

Source : enquête de terrain, mémoire master II, 26 Janv. au 07 Févr. 2019


Nous avons retenu les 10 types de produits les plus demandés par les patientes « femmes
enceintes » mais qui sont indisponibles. Nous remarquons que le phloroglucinol et le flacon
représentent 61% des produits les plus demandés mais non disponibles. A cette liste de dix
s’ajoutent 22 autres produits à très faible taux d’indisponibilité : Chlorphénamine,
Ciprofloxacine, Amoxicilline, Compresse, Paracétamol, Butyle, Terpine, Sirop Douba,
Polyvidone iodée, Charbon végétal, Albutis, Ceftri, Seringue, Bande Nylex, Coton
Hydrophile, Diazépam, HPV et HPving, Sparadrap, Speculum, Thermomètre, Vitamine C.

Liste de produits non disponibles chez les patients « enfants de - de 5 ans »


Les produits prescrits aux enfants de moins de 5 ans et qui n’étaient pas disponibles sont
représenter à travers la figure ci-dessous
Figure 12 : Produits prescrits non disponible chez les enfants de moins de 5 ans

Enfants de - 5 ans
3%
5% 4% Paracétamol
6% Nystatine
21%
Amoxixiline
6%
Sirop Zinc
12% 16%
Cotri
13% 14% Chlorophétamine
Carbotoux

Source : enquête de terrain, mémoire master II, 26 Janv. au 07 Févr. 2019

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En ce qui concerne les patients « enfants de moins de 5 ans », le paracétamol, la nystatine et


l’amoxicilline représentent 50% des produits indisponibles. Cette liste se complète avec 17
autres produits à très faible taux d’indisponibilité : Polyvidone iodée, Gants stérilisé, Sirop
douba, Compresse, Erythromycine, Arthémeter + Luméfandrine, Quinine, Ciprofloxacine,
Carbon végétal, Coton hydroxy, Albendazole, Bleue de méthylène, Fersing, Fil de suture,
Métronidazole, Perfusion.
Liste de produits non disponible chez les patients « Accouchement »
Pour les femmes qui ont accouché sur la période du 25 septembre au 25 décembre 2018, les
produits prescrits et non disponibles sont les suivants :
Figure 12: Produits non disponibles chez les patients « Accouchement »

Source : enquête de terrain, mémoire master II, 26 Janv. au 07 Févr. 2019


Nous observons à travers le graphique que les produits « sonde urinaire » et « gants stérilisés
» couvrent 92% des produits indisponibles. Les autres produits ne représentent que 8% du
taux de produits non disponibles.

Liste de produits non disponible chez les femmes pour le col de l’utérus Pour
les patients « dépistages du Col de l’utérus et lésion pré-cancers », nous observons deux types
de produits indisponibles dont le produit « Sirop Douba » représente 67% du taux
d’indisponibilité.

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Figure 13: Produits non disponibles chez les femmes pour le col de l’utérus

Dépistage Col de l'utérus

33%
Sonde urinaire
Sirop Douba
67%

Source : enquête de terrain, mémoire master II, 26 Janv. au 07 Févr. 2019

3.3. Taux d’indisponibilité de produits prescrits sur la période de l’enquête (du


25 sept 2018 au 25 décembre 2018)
Au cours de notre étude terrain, nous avons relevé le taux par mois d’indisponibilité des
produits prescrits. La section ci, présente les résultats de l’étude.

Figure 14: Taux d'indisponibilité des produits selon les mois

Taux Indis Prod / Mois

6%
11%
25 au 30 Sept
Octobre

55% Novembre
28%
du 01 au 25 Décembre

Source : enquête de terrain, mémoire master II, 26 Janv. au 07 Févr. 2019


Nous constatons que la période du 1er au 25 décembre accuse le plus fort taux
d’indisponibilité des produits avec plus de la moitié du taux global, soit 55%. Les deux
périodes Novembre et décembre représentent nettement environ 85% du taux
d’indisponibilité

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3.3.1. Niveau de satisfaction de la commande des produits du mois de


décembre 2018
Cette section livre les résultats sur les détails du niveau de couverture de la demande. Nous
avons retenu le mois de décembre pour la simple raison qu’il présente le plus fort taux de
demande non satisfaite des produits pharmaceutiques MEG. Notons que le nombre de
consultations enregistrées au cours de la période de décembre est estimé à 1158 ordonnances.

Tableau 17: Effectifs par types de patients

Types de patients Nb. cit. Fréq.


Non réponse 1 0,10%
Femme enceinte 346 29,90%
Enfants de - 5ans 803 69,30%
Accouchement 8 0,70%
Autres 0 0,00%
TOTAL OBS. 1158 100%
Source : enquête de terrain, mémoire master II, 2019
Les résultats montrent que les « femmes enceintes », et les « enfants de – 5 ans » représentent
99,2% de la demande ou encore des consultations. Cependant, les patients « enfants de – 5
ans » représentent 70% des consultations.

Nombre de prescription par produits et nombre total de produits prescrits

Pour chaque produit prescrit et non disponible, nous avons relevé le nombre de prescription
faite.

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Tableau 18 : Prescription par produits

Noms du produit Nb. cit. Nombre de total produits dans la liste


Paracétamol 769 Nombre de produits Nb. cit.
Cotrimoxazole 389
Non réponse 1
Amoxicilline 363
Moins de 1,67 59
Athémeter + 359
Luméfantrine De 1,67 à 3,33 676
Gants stérilisés 319
De 3,33 à 5,00 121
Carbotoux 179
De 5,00 à 6,67 188
Mébendazole 175
Phloroglucinol 112 De 6,67 à 8,33 102
Chlorphénamine 88 De 8,33 à 10,00 7
Quinine 73 10,00 et plus 4
Flacon 34 TOTAL OBS. 4116 /1158
Nystatine 33
Butyle 23 Minimum = 1, Maximum = 11
Somme total de produits prescrits = 4116
Complexe B 15
Compresse 9
Bande Nylex 7
Sirop Zinc 6
Bétadine 6
Sirop Douba 5
Ciprofloxacine 2
Sonde Urinaire 0
Clam ombilical 0
TOTAL OBS. 3022 /
1158

Source : enquête de terrain, mémoire master II, 26 Janv. au 07 Févr. 2019


Au cours de la période du 01 au 25 décembre, sur un total de 1158 ordonnances enregistrées,
les 22 produits les plus demandés mais pas disponibles avaient été prescrits 3022 fois sur

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4116 produits prescrits. Soit une moyenne de 02 produits de cette liste par ordonnance.
Sachant qu’en moyenne sur une ordonnance, 3,6 produits sont prescrits.

Taux de satisfaction des patients

Au cours de l’analyse des ordonnances enregistrées durant le mois de décembre 2018, nous
avons évalué le niveau de satisfaction des ordonnances, donc des patients. Il s’agissait de
mentionner « Oui » pour les ordonnances dont l’ensemble des produits était disponible et
avait été obtenu par le patient. Les réponses « Non » désignaient alors l’ensemble des
ordonnances comportant un ou plusieurs produits prescrits mais pas disponibles. Les
résultats sont contenus dans le tableau ci-dessous :
Tableau 19 : Niveau de satisfaction des patients

Patients satisfait en produits

Satisfaction en Produits Nb. cit. Fréq.

Oui 877 75,70%

Non 281 24,30%

TOTAL OBS. 1158 100%

Source : enquête de terrain, mémoire master II, 26 Janv. au 07 Févr. 2019

Le tableau révèle que 281 patients sont repartis de la formation sanitaire sans avoir obtenu
l’ensemble des produits prescrits sur l’ordonnance. C’est dire que si nous considérons la
quantité de molécules prescrites concernant les 22 produits pharmaceutiques sélectionnés,
soit 3022 pour un effectif de 1158 ordonnances, on peut déduire (selon la règle de trois) que
pour un effectif de 281 ordonnances, le nombre de molécules non disponibles est de 733,
3177 sur les 3022 molécules prescrites. Cela correspond à environ 25% de molécules
indisponibles. On note donc que sur les 1158 patients qui ont été en consultations au CSPS
du secteur de Karpala, 281 patients n’ont pas eu accès à tous les produits prescrits.

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Taux de satisfaction de la commande mensuelle :


Sur la période du 1er au 25 décembre 2018, nous avons relevé la quantité globale de molécules
commandées par le CSPS et la quantité globale de molécules reçues du dépôt répartiteur. Les
résultats sont contenus dans le tableau ci-dessous.
Tableau 20 : Niveau de commande quantité acquise
Qtité commandée Qtité reçue Différence

338400 217600 120800


Source : enquête de terrain, mémoire master II, 26 Janv. au 07 Févr. 2019
Ce tableau montre les quantités de molécules qui ont été demandées dans le bon de
commande par le dépôt du CSPS ainsi que la quantité de molécules reçues. La différence
entre ces quantités est négative ; soit 35,69% de la commande non satisfaite.

Quantité spécifique de commandes pour les dix produits les plus demandés et
indisponibles
De façon spécifique, nous avons analysé les quantités de commandes et celles reçues pour
les 10 produits les plus indisponibles. Ce tableau présente un état pour chaque molécule.
Tableau 21 : Quantités des commandes par types de produits
Nom produits Quantité Quantité reçue Etat de la
commandée consommation
Paracétamol 60800 60000 -800
Gants stérilisés 7600 6800 -800
Amoxicilline 16800 1200 -15600
Athémeter + Lumé 2250 440 -1810
Cotrimoxazole 30800 11200 -19600
Phloroglucinol 20000 8000 -12000
Carbotoux 700 700 0
Mébendazole 300 0 -300
Quinine 6800 6000 -800
Chlorphénamine 30000 30000 0
TOTAL 176050 124340 -51710
Source : enquête de terrain, mémoire master II, 26 Janv. au 07 Févr. 2019

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Une analyse détaillée des dix produits apparut comme les plus demandés et les plus
indisponibles, montre des insatisfactions de la commande de 8 produits sur les 10
sélectionnés. Seulement deux (02) produits ont été satisfaits au niveau de la quantité de la
commande. Par contre, un produit, « Le Mébendazole » n’a reçu aucune molécule de la
quantité commandée. On note un taux de 29,37% d’insatisfaction de ces produits.
Autres résultats : la somme des quantités de la commande des 10 produits les plus demandés
mais pas disponible qui est de 176050, représente 52,02% de la quantité totale de molécules
commandées. Tandis que la quantité de molécules insatisfaites pour les produits non
disponibles correspond à 42,80% de la quantité totale de molécules insatisfaites.

3.3.2. Entretiens avec le personnel de santé du CSPS secteur 30 Karpala

Pour notre troisième étude de cas, des entretiens ont été réalisés auprès des agents de santé
du CSPS du secteur 30 de Karpala. Les points abordés sont liés à la source
d’approvisionnement en médicaments du centre, la gestion des stocks et des ruptures. Cette
section présente les résultats.

La source d’approvisionnement

Au cours de notre étude, nous avons réalisé des entretiens avec le point focal de la gratuité
des soins du CSPS du secteur 30 de Karpala et la gestionnaire du dépôt pharmaceutique de
ladite formation sanitaire.
De ces entretiens il ressort que l’approvisionnement en produits MEG est exclusivement fait
au niveau du dépôt répartiteur du district sanitaire qui est Bogodogo, qui lui également est
exclusivement approvisionné par la CAMEG. « C’est le district sanitaire qui nous donne. (..)
C’est là-bas seulement. Il n’y a pas d’autres coins encore… C’est le DRD seulement qui nous
donne les produits. Les médicaments sont accessibles, mais le plus souvent on constate des
ruptures mais ça ce n’est pas lié au CSPS ni au district ça peut être lié au niveau national, c’est
une contrainte on faire avec ! » (Enquêtée GC).

La gestion des produits Pharmaceutiques

La commande des molécules

Il y a de plus en plus de commande avec la gratuité. Dans le mois nous faisons le point de
notre consommation moyenne mensuelle et lançons la commande. Avant la gratuité nous
faisions nos commandes chaque fin du mois, mais maintenant comme il y a la gratuité, les

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produits sortent beaucoup, d’ici 15 jours comme cela si on voit qu’il y a des produits qui sont
en ruptures nous faisons le point de nos besoins puis nous lançons la commande ». D’après
la gérante du dépôt : « Il peut arriver que les commandes se fassent deux fois dans le même
mois. Toutes les fois qu’il y a des ruptures de stock. Lorsqu’un produit est en rupture, il faut
attendre, il est difficile de faire une commande pour un seul produit, il faut attendre d’autres
produits. Le minimum pour lancer une commande est entre 30 à 40 molécules. C’est difficile
de lancer une commande pour un seul produit. On peut demander plus et on va nous donner
moins, comme il y a trop de CSPS, on peut demander 10 boîtes comme cela et on va nous
donner 05 et ça ne va pas arriver le temps que nous on veut. (Propos de l’enquêtée GC).

Le système de gestion des médicaments est spécifique aux CSPS :


Les propos de l’enquêté P-F : les médicaments sont gérés par le gérant. Il y a un comité de
gestion qui existe. Il sert d’interface entre la population et la formation sanitaire. Il y a une
gérante principale avec les autres gérantes ce sont eux qui gèrent les médicaments. Ce comité
est constitué des infirmiers, des sages-femmes, des accoucheuses et des AIS plus le gérant.
C’est une organisation interne que le major a essayé de mettre en place pour faire fonctionner
les choses.

Les ruptures de stock

Les ruptures restent toujours une difficulté : la principale difficulté reste les ruptures
fréquentes des MEG. Puisque c’est un circuit et il y a un protocole à suivre, il y a des ruptures
sur toute la chaîne. Chaque mois il y a des ruptures qui sont signalées. Souvent cela crée des
frustrations des populations qui viennent et ne trouvent pas des produits. Lorsqu’il n’y a pas
les médicaments s’est compliqué à expliquer. D’autres comprennent, d’autres non, ils
pensent qu’il y a les produits et qu’on ne veut pas les donner. Donc c’est au niveau de la
CAMEG qu’ils doivent voir, pour qu’il n’y ait pas de rupture. Sinon ce n’est pas de la faute
du DRD, si on ne leur envoie pas le produit, ils ne peuvent pas nous servir. Mais des fois
aussi il peut avoir ruptures ici si la gérante n’a pas fait la commande à temps ». (Gérante C.).
Un même panier d’offre de médicaments source de rupture : C’est la même commande
qui est faite pour l’ensemble des patients qui viennent consulter au CSPS. Il n’y a pas de
distinction ni de commandes spécifiques qui concerne la gratuité. (Enquêtée Mj.)
3.3.3. Entretiens avec les délégués médicaux

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Cette section présente les résultats des entretiens et du questionnaire soumis aux délégués
médicaux. Les entretiens ont été réalisés avec 3 délégués médicaux, tandis que le
questionnaire a été soumis à 8 délégués médicaux. Les questions évoquées sont liées à la
compréhension du métier de délégué médical, les acteurs avec qui ils collaborent et le mode
d’écoulement des produits des officines privées par les délégués médicaux dans le contexte
de la gratuité des soins.

Le métier de délégué médical

Un commercial qui démarche les agents de santé sur ses produits : Le boulot du
délégué médical se situe à un niveau précis de trois paliers de la chaîne : le laboratoire qui
fabrique, l’Agence qui promotionne, et les distributeurs. Alors le délégué se situe entre
l’Agence qui promotionne et le distributeur. Le métier de délégué médical c’est d’abord
d’apporter l’information médicale juste. Le délégué lui-même n’est pas un vendeur de
médicament. Il ne manipule pas les produits. (Propos de l’enquêté DM-R). Le travail de
délégué médical c’est un commercial, un commercial de médicament c’est-à-dire on démarche
les médecins en parlant des bienfaits de nos produits. C’est à dire, dire quels sont les avantages
des produits qu’on a par rapport à tel ou tel autre produit, par rapport à telle molécules, et
puis en ce moment il va faire le choix d’apprécier et de prescrire ou pas nos produits. Et si
l’argumentaire est bien élaborer bien sûr, il va peut-être d’abord viser plusieurs choses d’abord
y a la qualité du produit, le du cout du produit, c’est surtout ça le coût et la qualité du produit
pour pouvoir se décider. Il y a pleins de produits qui sont là donc pour faire le choix, il va
falloir au délégué médical qu’il soit en mesure de convaincre le médecin et le faire prescrire
ces produits (L’enquêté DM-S).

Acteurs et collaborateurs des délégués médicaux


- Tout le personnel de santé est démarché, mais particulièrement les
infirmiers/infirmières.

Dans ce métier de délégué, sur le terrain on a accès à tout le personnel de santé que ce soit
de l’infirmier en allant aux professeurs, voilà, toute la chaine comme on le dit est visitée. Tout
le monde, tous ceux qui peuvent avoir à prescrire sont visitées normalement. Tout le monde
peut être vu à n’importe quel moment il suffit de prendre un rendez-vous mais il est évident
que les gens vont courir dernière les infirmiers parce que y a beaucoup de CSPS dans les
zones et donc c’est beaucoup facile de les touchés c’est vrai par rapport à un professeur qui

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

est vraiment très occupé (L’enquêté DM-W). L’enquêtée DM-S précisera : Nous travaillons
plus avec les infirmiers. Les infirmiers eux ils sont beaucoup plus ouverts (L’enquêté DM-R).
- La CAMEG se ravitaille également auprès des laboratoires pharmaceutiques
privés

Selon l’enquêtée DM-S « souvent la CAMEG se ravitaille en spécialité, (…), l’année passée
on a eu un marché avec la CAMEG à plus de 500 mg. A notre niveau nous on le vend le
produit à plus de 6.000 en pharmacie et la CAMEG écoulait sur le marché à 2.000. En 2019
également ont vient d’avoir un marché avec la CAMEG. »

Modes d’écoulement des produits par les délégués médicaux en contexte de


gratuité

Les facteurs favorisants l’écoulement des produits

Certains facteurs favorisent la commercialisation des produits des officines privées par les
délégués médicaux.
- Les infections sévères
Selon l’enquêtée DM-S « Il y a des infections banales qui ne sont pas assez sévères qui
peuvent passer peut-être simplement : un enfant qui vient par exemple il a mal au ventre on
lui donne métro pourtant il y a une autre infection peut être assez grave qui aurait voulu qu’on
lui mette métro pour que ça calme mais du fait qu’on avait mis métro pour une infection
assez banale quand on lui met métro pour une infection assez sévère ça ne répond plus donc
il faut une spécialité. Donc c’est dans ces conditions que nous aussi on arrive à écouler parce
que tout compte fait on sait que nos produits sont efficaces, ils vont tourner- tourner là, ils
vont revenir. ».
- Les ruptures au niveau de la CAMEG
L’enquêté DM-W précise que « dans le cadre de notre travail nous apportons des solutions
au quotidien pour pouvoir traiter des pathologies chez certaines personnes si ces solutions la
rentrent en ligne de contre dans la gratuité tant mieux maintenant si ça n’entre pas en ligne
de compte dans la gratuité on sera obligé d’aller démarcher chez le médecin directement.
Quand il y a rupture, quand les produits ne sont pas disponibles on voit un pic au niveau des
commandes, les gens commande plus nos produits voilà parce qu’en ce moment ils n’ont
plus d’alternative, ils n’ont plus de produits donc sont obligés d’utiliser les produits je vais
dire de la gratuité qu’on vend dans les pharmacies ».

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- Des spécialités au même prix que des MEG


Et même pour certains laboratoires, selon l’enquêté DM-R « avec la gratuité on n’est pas
trop concurrencé parce qu’il y a des molécules qui n’existent pas en génériques. La gratuité
des produits n’est pas liée à notre boulot c’est une mesure politique ça ne nous concerne pas
(…), la gratuité concerne des molécules basiques. Nous nous travaillons pour un laboratoire
qui ne fait pas de génériques. Nous avons pratiquement deux molécules, un déparasitant et
un anti-palu qui concerne et les adultes et les enfants. Ils existent sur le marché depuis
longtemps et comme ils sont moins chers la gratuité n’arrive même pas à les combattre parce
ce qu’ils sont pratiquement aux mêmes prix que la gratuité. Quand vous vendez un
médicament qui est spécialité et qui a le même coût qu’un médicament de la gratuité, la
spécialité marche. On est un peu j’allais dire concurrencer mais faut comprendre que le
marché est là parce que la gratuité a un sérieux problème il n’y a pas de produits disponibles ».
Les méthodes d’écoulement des produits dans le contexte de gratuité
- Les partenariats

Face au contexte de la gratuité où les populations cibles (enfants de moins de 5 ans et femmes
enceintes) bénéficient de produits pharmaceutiques gratuits, les laboratoires privés de
produits pharmaceutiques ont trouvé des stratégies de commercialisation de leur produit.
C’est ce que traduisent les propos de l’enquêté DM-R qui nous rapporte que « Nous sommes
dans le marketing, tous les laboratoires pharmaceutiques ont une politique de marketing qui
consiste à tisser des partenariats donc c’est un canal qui déjà existe, quand on est en marketing
si tu n’entretiens pas ton prescripteur ou ta cible, tu ne vends pas. Donc les laboratoires on
définit ça dans leur politique. Au bas de l’échelle nous concernant, les délégués nous aussi
nous savons que c’est obligé. On dit quand quelqu’un t’aides, toi aussi tu dois voir dans quelle
mesure tu peux l’aider. Donc ce sont des choses que nous définissons, ça fait partir de notre
travaille ». L’enquêtée DM-S explique en quoi consistent ces partenariats : « par exemple, à
Yalgado l’OREL peut dire nous on a besoin d’un otoscope, peut-être un frigo, des lampes
tout et tout etc., pour travailler et en retour c’est uniquement nos produits qui seront prescrits.
Quand on aura besoin d’un antibiotique on va prescrire uniquement que le nôtre par exemple.
C’est comme cela, c’est du donnant – donnant ! Nous on s’engage on le fait et en retour ce
n’est pas à tout moment qu’ils prescrivent mais c’est quand il y a le besoin ».
- Les formations et activités de sensibilisation offertes

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L’autre technique utilisée pour faire prescrire leur produit, consiste selon l’enquêté DM-W à
« par exemple décider de former les médecins ou les infirmiers sur une pathologie bien
précise. On peut faire une formation sur un produit et ne même pas parler du produit
maintenant c’est dans notre démarche journalière au quotidien qu’on pourra parler du produit
en tant que tel. On mise beaucoup à la formation ».

- Les dons de gadgets et autres accessoires médicaux

Selon l’enquêtée DM-S « Il y a aussi des gadgets qu’on envoie, des stylos, des trucs pour
décorer les tables, tout ce qui est gadgets, échantillons, les blouses tout et tout. Quand tu
donnes même sans payer le prescripteur ou sans lui donner autre chose, il se met à prescrire. ».

- Les dons en repas et carburant

Pour l’enquêté DM-R cela « consiste à entretenir les relations avec les médecins, les
infirmiers, les sages-femmes et tout. Par exemple tu peux passer dire un petit bonjour à ton
médecin tu peux lui laisser un bon de carburant tu peux laisser des unités pour qu’il recharge
voilà ça existe c’est légal s’est constitué dans le labo et on le fait. ». L’enquête DM-S insiste
sur le fait que pour « un médecin qui est de garde tu peux l’appeler pour aller causer, tu payes
un poulet, du « dafani », des frites, tu vas t’asseoir, tu lui donnes ça pour la garde. Vous causez
pendant ce temps lui il reçoit seulement et tant qu’il y a le besoin de prescrire un produit de
ta gamme, toute la nuit c’est ce qu’il va mettre même quand tu vas partir c’est ce qu’il va
mettre. Il y a des agents de santé même qui appellent pour s’assurer de la disponibilité du
produit dans les pharmacies. Souvent même tu vas travailler, il y en a qui disent « faut
m’appeler à boire », c’est pour te faire payer… parce que si tu payes quand il va se lever ils
vont prescrire. Au niveau des pharmacies aussi, il y a des délégués qui travaillent avec les
vendeurs en pharmacies souvent au cours de leur garde leur apportent à manger, souvent
confectionnent des tee-shirts pour eux. En retour ce sont ces produits qu’on conseille. Des
gens même qui ne s’y connaissent pas, quand ils viennent on leur dit dans telle infection il
faut conseiller tel produit. Ça arrive quand ces délégués sentent qu’ils ont déjà perdu les
prescripteurs alors ils vont en pharmacie ». L’enquêtée conclue pour dire « Il y a trop de
complot, tous les moyens sont bons pour se faire des chiffres ».
- Les rétributions financières

L’autre moyen de motiver le personnel de santé pour faire prescrire les produits des
laboratoires privés, consiste à leur verser une somme par mois. C’est ce que dit l’enquêtée

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DM-S « jusqu’à présent il y a des gens à qui on donne de l’argent chaque fin du mois pour
qu’ils puissent prescrire. Par exemple moi mes infirmières à qui je donne, c’est 10.000 elles
sont 3. Chacune à 10.000 à la fin du mois. Hier nuit même on m’a appelé pour me dire qu’ils
ont prescrit un produit il n’y en avait pas. Je suis allé régler. Ou bien tu vas il te dit : il y a
beaucoup de produits, toi tu as tels produits, celui-là en a, toi tu fais quoi pour moi ? Tu fais
pour moi que je prescrive ton produit ? ». Pour l’enquêté DM-W cela paraît une évidence,
car selon lui « Tu ne peux pas être dans la visite médicale et ne pas rencontrer ces cas-là ça
arrive. Même si ce n’est pas le laboratoire toi-même tu peux gérer comme ils aiment le dire
au-delà de ça il faut dire que c’est une situation générale. Il faut forcément donner quelque
chose à quelqu’un donc quand il y a cette somme-là qu’on remet, on se dit que la personne
est obligée de prescrire c’est comme un mur, c’est de la corruption en fait, ça il faut le dire
tout haut ».
Les délégués médicaux peuvent vérifier que leurs produits sont prescrits par les agents de
santé, à deux niveaux :
- La sollicitation des agents de santé

D’après les propos de l’enquêtée DM-S « pour se rassurer que le produit soit bien disponible
pour qu’il ne prescrive pas et que les ordonnances reviennent, il préfère t’appeler pour se
rassurer « est-ce que telle pharmacie, dans telle zone il y a tel produit ? » Si tu n’es pas sûr tu
vas vérifier, s’il n’y en a pas tu fais tout possible pour faire la mise en place. Souvent il le fait
sans rien te demander. Souvent même il t’appelle « Allô ! Tu n’as pas tel produit dans ta
gamme ? ».
- Le suivi en pharmacie

L’enquêtée DM-S affirme que le suivi peut se faire parfois en pharmacie « On peut le savoir
comme ne pas le savoir, puisqu’en pharmacie on peut vérifier ça. S’il y a par exemple un
produit qui vient à chaque fois, qui vient à chaque fois, souvent même la pharmacie remarque
le nom. Donc quand tu vas et tu demandes (comment ça se passe pour ton produit), on te
dit ah ! Tel produit est prescrit, il y a telle personne qui prescrit ça. Tu sais automatiquement
que c’est lui. »

Le rôle des officines privées dans l’accès aux médicaments

Les résultats ont montré que les officines privées ont un rôle dans l’accès aux médicaments.
Ce paragraphe nous donne des précisions sur le type de délégués médicaux enquêtés, les

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quantités de produits commercialisés et les alternatives dont ils usent dans le contexte de la
gratuité pour faire écouler leurs produits.

Tableau 22 : Données spécifiques sur les enquêtés délégués médicaux

Nous présentons ici les données des différents délégués médicaux que nous avons enquêté.

Niveau d'étude Age Sexe Nombre d'année de


travail
BAC + 2 25 - 35 ans M 2 ans
BAC 25 - 35 ans F 2 ans
BAC +2 25 - 35 ans M 6 mois
Terminal 25 - 35 ans F 2 ans
Master 2 communication 25 - 35 ans F 7 mois
BAC 25 - 35 ans F 3 ans
Maitrise Plus de 35 ans M 18 ans (depuis 2001)
IDE Plus de 35 ans F 11 ans (2008)
Source : enquête de terrain, mémoire master II, 26 Janv. au 07 Févr. 2019
Les résultats montrent que les délégués médicaux employés par les officines privées ont un
niveau d’instruction secondaire. Il y a une forte présence féminine ; sur les 8 délégués
médicaux enquêtés, 5 sont des femmes.

Quantités de produits pharmaceutiques vendus avant et pendant la gratuité de soins


Ce tableau présente les quantités de produits commercialisés par les délégués médicaux avant
et pendant la politique de gratuité des soins.

Tableau 23 : Quantités de produits écoulées avant et pendant la gratuité des soins


Quelle quantité de produits écoulez-vous avant Quelle quantité de produits écoulez-
la politique de gratuité ? vous avec gratuité ?
30 à 60 boîtes 20 à 40 boîtes
50 à 80 boîtes 20 à 50 boîtes
Par semaine 30 à 60 boites / Par mois 120 à 300 Par semaine 20 à 30 boites / par mois
boites 100 à 200 boites

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Je ne saurai le dire Vu que la gratuité est effective la sortie


des produits a chuté
Cela dépend des périodes pour chaque produit Moins de 50 boîtes par produits pour
disons plus de 50 boîtes par mois pour un une pharmacie
remontant par ex par pharmacie
CA environ 11 millions par mois CA environ 13 millions par mois
CA 100273 euros / Mois (Novembre) CA 112000 Euros / Mois
Source : enquête de terrain, mémoire master II, 26 Janv. au 07 Févr. 2019
Les résultats montrent pour certains une légère baisse de la quantité de produits vendus liée
à la politique de gratuité des soins et pour d’autre une certaine stabilité.

Alternatives pour accroître le niveau de vente

De nombreux moyens sont mise en œuvre par les délégués médicaux pour pouvoir faire le
maximum de vente malgré le contexte de gratuité des soins. Ce tableau ci-dessous présente
quelques moyens évoqués par certains enquêtés.

Tableau 24 : Modes d'écoulement des produits spécialités

Alternative de prescription de produit Les retombés pour les centres de santé


(les agents de santé)
Nous ciblons les personnes qui ne sont pas Juste la présentation des échantillons
concernées par la gratuité
Présentation des échantillons de produits Juste la présentation de nos échantillons
La gratuité des soins n'est pas générale Présentation des échantillons, pas d'étroite
donc nous ciblons ceux qui ne sont pas collaboration
concernés par la gratuité
La qualité de mes produits, pas de Des gadgets, des échantillons, des cachets de
résistances, produits déconditionnés par service, inscriptions des MG dans les congrès
plaquette en pharmacie
Comme la gratuité ne concerne pas toutes Notre agence n'a pas de collaboration avec les
les couches de la population on mise plus centres, on présente juste les produits pour
sur ceux qui ne font pas partie de la qu'ils nous prescrivent si l'occasion se
gratuité présente

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Nous rencontrons d'abord les prescripteurs, en vue de présenter nos produits, les
échantillons en démontrant leur efficacité, leur accessibilité à tous (à un coût social). Nous
accompagnons les prescripteurs avec des gadgets.
Mettre l'accent sur les produits qui ne sont Matériels promotionnels (échantillons +
pas dans la gratuité et saisir l'opportunité gadgets) formation de recyclage et
des ruptures de la CAMEG contributions diverses au financement des
acticités
Présenter les produits qui ne sont pas pris Matériels de promotions entre autres des
en compte par la gratuité en cas de rupture échantillons, des gadgets
de la CAMEG
Source : enquête de terrain, mémoire master II, 26 Janv. au 07 Févr. 2019

Les résultats de ces deux derniers tableaux confirment ceux des entretiens réalisés avec les
trois autres délégués quant aux moyens utilisés pour faire écouler leurs produits
pharmaceutiques.

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CHAPITRE IV : DISCUSSIONS
Ce chapitre présente la discussion des résultats en rapport avec nos hypothèses de recherche.
Ces hypothèses étaient les suivantes :
- le monopole du marché pharmaceutique échappe à la CAMEG ;
- l’existence de marché concurrent entrave une meilleure mise en œuvre de la politique
de gratuité des soins.

4.1. Un contexte sanitaire emprunt à de nombreux disfonctionnements

Les résultats ont permis de lever un point d’ombre sur le contexte dans lequel a été instaurée
et évolue la politique de gratuité des soins au Burkina Faso. Un contexte caractérisé par des
problèmes de gestions, dont les défaillances sont à l’origine des fréquentes ruptures et
d’indisponibilités des produits pharmaceutiques. Les résultats montrent l’existence d’un
circuit illicite de ventes de médicaments, circuit dans lequel sont impliqués mêmes certains
acteurs et professionnels de la santé. Olivier de Sardan, et Ridde, (2014) soulignaient dans
leurs travaux sur la gratuité des soins au Burkina Faso, au Mali et au Niger que toute politique
qui veut élargir l’accès aux soins doit aussi promouvoir une meilleure qualité des soins et
lutter contre les dysfonctionnements des systèmes de santé (Olivier de Sardan & Ridde,
2014). C’est donc de toute évidence que le fonctionnement du système sanitaire tel que décrit
dans ces lignes, constitue une menace pour la politique de gratuité avant même qu’elle ne soit
mise en œuvre. D’où la pertinence de s’interroger sur l’organisation de la CAMEG du point
de vue du marché pharmaceutique pour remplir convenablement son rôle, mais aussi sur
l’impact des marchés parallèles développés par certains acteurs du système sur la réussite de
cette politique de gratuité des soins en faveur des enfants de moins de 5 ans et des femmes
enceintes.

4.2. Le monopole du marché pharmaceutique échappe à la CAMEG


Les résultats de notre recherche nous ont permis de décrire dans un premier temps
l’approvisionnement du marché pharmaceutique par la CAMEG. Dans un second temps, ces
résultats ont permis de relever les difficultés de la CAMEG dans l’approvisionnement du
marché pharmaceutique. Enfin, grâce à ces résultats nous avons pu identifier l’existence
d’autres acteurs qui approvisionnent le marché en produits pharmaceutiques.

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

4.2.1. L’approvisionnement du marché pharmaceutique par la CAMEG

Les résultats de cette recherche montrent que la CAMEG est le fournisseur exclusif en
médicaments des centres de santé. C’est elle seule qui est habilitée à approvisionner les
différents dépôts pharmaceutiques des centres de santé. Les achats et la distribution des
intrants relèvent de la CAMEG. Ce mode de gestion du marché pharmaceutique de politique
de gratuité de soins n’est pas spécifique au Burkina Faso. Dans ses recherches portant sur
l’analyse de la politique de gratuité des soins en Côte d’Ivoire Yohou (2015) présente les
acteurs clés du marché pharmaceutique. La Nouvelle Pharmacie de la Santé Publique (NPSP)
est l’organe qui a en charge les achats, le stockage et la distribution des intrants de santé. C’est
le cas dans l’ensemble des pays qui ont adopté les politiques de gratuité, la gestion de
l'approvisionnement en médicaments et intrants a été confiée à des organes spécifiques, les
pharmacies des districts, des CHR et HG, les gestionnaires de pharmacies, les personnels de
santé sont les acteurs clés de la bonne marche de ce volet.

4.2.2. Les difficultés d’approvisionnement du marché pharmaceutique


Dans sa mission d’approvisionnement du marché pharmaceutique, la CAMEG fait face à de
nombreuses difficultés.
La première difficulté relevée dans les résultats de notre étude est l’indisponibilité des
médicaments de la gratuité des soins. Cette difficulté est occasionnée par des facteurs tels que
les ruptures de stocks, les prescriptions de spécialités au détriment des MEG, les retards dans
l’approvisionnement des centres de santé. En effet, les résultats montrent que les ruptures
sont dues à la fois à une mauvaise gestion des stocks des produits au niveau des dépôts
pharmaceutiques dans les formations sanitaires et à l’existence de marché parallèles de vente
des médicaments par les agents de santé. Il est ressorti de l’étude que des agents de santé
prescrivent des spécialités au détriment des produits de la gratuité. Aussi, la CAMEG accuse
des retards dans la commande et l’approvisionnement des centres. Enfin on assiste dans les
formations sanitaires à des ruptures de médicaments pour la plupart des consommables
(gants, seringue…). On remarque que ces ruptures concernent en majorité les produits
pharmaceutiques destinés aux soins des femmes enceintes et des enfants. Des études
similaires réalisées par Olivier de Sardan et Ridde (2012) sur l’exemption des soins dans trois
pays que sont le Burkina Faso, le Mali et le Niger viennent confirmer nos résultats. Ces études
font état des dysfonctionnements des systèmes sanitaires et des ruptures de médicaments du
fait de retard de remboursement. Ils évoquent la précipitation dans la mise en place de ces
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décisions, des services gratuits à l’usager menacés par des ruptures fréquentes en intrants, une
forte bureaucratisation, l’absence de système de suivi-évaluation indépendant et rigoureux,
etc. Cette indisponibilité des médicaments est d’ailleurs confirmée par le pourcentage de
patients n’ayant pas eu accès aux médicaments. Les résultats montrent que 52% des patients
n’avaient pas eu accès aux médicaments (enquêtes réalisées auprès des patients). En moyenne
11 patients sur 100 n’arrivent pas à avoir tous les médicaments qui leur ont été prescrits au
dépôt pharmaceutique des centres de santé. Amidou (2010, cité par Yohou, 2015) dans une
étude réalisée au Mali avait trouvé un niveau d’inaccessibilité aux médicaments estimé à 72
%. Plus de 42 molécules répertoriées lors de notre étude sont fréquemment indisponibles.
Dans le cadre de cette étude, nous avons constaté que les produits pharmaceutiques les plus
demandés et indisponibles étaient les consommables médicaux (Sonde urinaire, Gants
stérilisés, Thermomètre, Flacon, compresse, Bande Nylex, Sparadrap, File de sutures, Clam
ombilical, Seringue, Coton Hydrophile) qui représentaient 25% de la demande. Dans une
étude sur « la santé financière des dispositifs de soins face à la politique de gratuité » réalisée au Niger,
Ousseini et Kafando, relevaient le cas de rupture de dix (10) molécules (Ousseini & Kafando,
2012, pp. 65‑68). L’analyse des ruptures de stock de ces dix principales molécules dans le
district sanitaire étudié démontre en effet que la politique de gratuité a entraîné ou accentué
des ruptures pour certaines molécules. C’est le cas notamment pour cinq molécules (aspirine
en comprimés, chloroquine en comprimés, fer en comprimés, ampicillines injectables et
cotrimoxazole en comprimés) parmi les dix principales molécules. Le nombre moyen de jours
de rupture de ces cinq molécules a été multiplié par plus de deux fois, passant de 116 jours
de rupture de stock avant la gratuité à 312 jours de rupture de stock avec la gratuité. La
demande s’est largement accrue, notamment pour les formes pédiatriques. La gratuité est peu
perceptible à cause des ruptures, de la disponibilité en pointillés des intrants : « Il faut amener
le stock d’intrant qu’il faut parce qu’aujourd’hui tu as 10 ou 15 cas de paludisme et demain tu
auras 30 cas de plus » (Sanogo, 2013, p. 65).
La seconde difficulté relevée est liée au panier d’offre de soins de la politique de
gratuité au Burkina Faso. En effet, les patients de la gratuité des soins et les patients ordinaires
partagent tous le même panier d’offre de soins. Le marché pharmaceutique tel qu’observé
dans notre étude est resté le même que celui qui existait avant la mise en œuvre de la politique
de gratuité. Il n’y a eu aucune organisation particulière dans la forme. Autrement dit, on a
assisté à la mise en place d’une coexistence entre deux sous-systèmes. D’un côté, des

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consultations et des médicaments payants pour les catégories non exemptées. De l’autre, des
consultations et des médicaments gratuits pour les catégories exemptées. Les deux modalités
coexistent selon des architectures diverses et complexes. Notre étude confirme ainsi l’absence
de système formel d’organisation du marché pharmaceutique adapté aux exigences de la
politique de gratuité des soins. Le circuit du médicament de la politique de gratuité est resté
identique à celui de la politique générale de soins au Burkina Faso. Ces résultats sont
confirmés par les travaux de Olivier de Sardan et Ridde sur l’exemption des frais de paiement
de soins au Burkina, Mali et Niger (Olivier de Sardan et Ridde, 2012). Ses travaux ont
démontré que L’articulation entre ce que doit payer l’usager et ce qui lui est délivré
gratuitement est assez confuse du point de vue de l’usager. Les périmètres respectifs des deux
paradigmes (recouvrement/exemption) s’emboîtent fréquemment et le dispositif général est
complexe. Dans l’espace même de la « gratuité », l’usager ne sait jamais très bien quand il est
ou non exempté de paiement, et jusqu’à quel point. Au Mali, la consultation pour les enfants
de moins de cinq ans est payante, mais les médicaments antipaludéens sont gratuits, alors que
les médicaments pour les autres pathologies (parfois se combinant au paludisme) ne le sont
pas. Au Niger comme au Mali, les ruptures de médicaments aboutissent à délivrer des
ordonnances payantes aux malades exemptés (Olivier de Sardan et Ridde, 2012).
On note aussi des faiblesses dans l’organisation et la gestion des stocks de
médicaments et le mode de suivi des produits pharmaceutiques dans les formations sanitaires.
Ces aspects, qui nécessites une meilleure clarification et organisation sont laissé à la charge
de chaque responsable de centre. Chaque centre de santé s’organise comme il veut pour
réaliser une politique dite nationale. Il n’y a pas de cadre de concertation entre les autorités
politiques et les acteurs sur le terrain. Il en résulte de ce fait des problèmes de coordination,
de suivi et de gestion des stocks. Cela est ressorti dans les travaux de Belaid et al (2013). En
Côte d’Ivoire, la gestion nationale des approvisionnements en produits pharmaceutiques est
aussi rendue difficile par le fait qu’il n’existe pas de cadre de concertation permettant de traiter
la question du médicament, malgré l’implication de nombreux programmes nationaux et PTF
internationaux (FNUAP, Fonds mondial, OMS, ONG, UNICEF, etc.). Or, beaucoup d’entre
eux passent outre la PSP pour acheter et distribuer des intrants pharmaceutiques.
Il y a également l’existence d’un circuit illicite qui favorise la vente de produits. Ce
circuit est alimenté par des délégués médicaux employés par les laboratoires privés, des agents
de santé, les commerçants ambulants, les agents titulaires de bon d’achat de médicament, les
présidents d’associations et les préparateurs d’état en pharmacie.
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

Enfin la dernière difficulté qui est ressortie des résultats de notre recherche est la
résistance de certaines infections aux médicaments contenus dans le kit de la gratuité. Dans
ce cas, on note que la prescription d’une spécialité en lieu et place du générique relève de
l’appréciation de l’agent de santé. Cependant, il peut arriver que la prescription de la spécialité
soit faite dans l’objectif d’atteindre d’autres buts que celui du bien-être du patient.

Au terme de cette discussion autour de cette hypothèse, nous pouvons affirmer que bien que
la politique de gratuité des soins permette à une grande partie des patients d’avoir accès aux
produits pharmaceutiques, le monopole du marché pharmaceutique échappe à la CAMEG.
La CAMEG n’assure pas à elle seule, bien qu’elle soit l’organe désigné, l’approvisionnement
du marché pharmaceutique au Burkina Faso. La CAMEG, n’est toujours parvenue à résoudre
les problèmes de ruptures des stocks de produits pharmaceutiques et à satisfaire les
commandes de produits dans les CSPS. Cette situation accentue le problème de
l’indisponibilité des médicaments gratuits et donne libre cours à l’émergence de marchés
pharmaceutiques concurrents.

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

4.3. L’existence de marchés concurrents entrave à une meilleure mise en œuvre


de la politique de gratuité des soins au Burkina
Notre première hypothèse nous a permis de nous rendre compte de l’existence d’autres
acteurs sur le marché pharmaceutique. L’existence de ces acteurs sur le marché
pharmaceutique implique de ce fait une concurrence avec la CAMEG. Dans cette partie de
notre travail, nous décrirons premièrement le rôle des agents de santé et des délégués
médicaux dans la croissance des marchés parallèles de vente de médicaments. Enfin nous
ferons un point sur l’impact de ces marchés concurrents sur l’accès aux soins de santé au
Burkina Faso.

4.3.1. La recherche du Profit par les agents de santé : un facteur à l’origine de


l’existence des marchés concurrents

En dehors des ruptures de stocks, la difficulté de réglementation du marché pharmaceutique


et la recherche du profit par certains agents de santé.
Cette étude a permis de mettre en évidence le rôle des agents de santé dans la réussite de la
politique de gratuité des soins au Burkina Faso. Il en ressort que l’un des facteurs à l’origine
de la croissance des marchés concurrents est lié à la recherche du profit par certains agents
de santé. Ces agents, des infirmiers pour la plupart, se livrent à la corruption au détriment de
l’éthique professionnelle. En complicité avec les délégués médicaux, ils prescrivent des
spécialités, avec des ristournes en retour. Les résultats ont montré que ces agents de santé se
rendre très disponibles pour aider les délégués médicaux à faire écouler leurs produits qui
sont dans les pharmacies (qu’ils prennent le soin de repérer). Les agents de santé, préoccupés
à satisfaire leurs intérêts personnels se livrent à toutes sortes de corruptions en recevant des
présents sous diverses formes auprès des délégués médicaux. En retour, ils prescrivent des
spécialités aux coûts élevés au détriment même du bien-être des patients. Olivier de Sardan
et Ridde (2012) l’avaient aussi relevé dans leurs travaux. Les personnels de santé sont
perplexes, voire hostiles face aux politiques d’exemption. Ces résultats servent de cas pratique
à la définition de la profession telle qu’abordée par Le Bianic et Vion (2008). Le Bianic et
Vion caractérisent la profession comme une communauté d’intérêts entre personnes qui, sur
la base de caractéristiques communes (le plus souvent un diplôme), tentent d’exclure les « non
élus » des chances d’accès aux gains économiques ou sociaux dans un domaine donné créant
là une situation de monopole. Il montre que le plus souvent les stratégies de captation de
marché poursuivies par ces professions visent à se procurer une rente économique acquise

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

aux dépens des autres groupes sociaux. Ces agents de santé font donc fi de toute forme de
morale professionnelle. Cependant, comme le dit Durkheim, lorsqu’une morale fait défaut
c’est que le groupe social d’appartenance n’a pas une suffisante cohésion (Durkheim, 1950).
Les résultats ont montré l’existence d’une collaboration non réglementée entre délégués
médicaux et agent de santé dans les centres de santé. Rien ne définit ni ne précise la nature
de collaboration entre les infirmiers/infirmières et les délégués médicaux. Pourtant nul ne
doute de leur rôle aussi important sur la prescription des produits pharmaceutiques. Le
délégué médical et l’agent de santé sont des acteurs incontournables du marché
pharmaceutique. Leur collaboration devrait faire l’objet d’une plus grande attention afin de
veiller à ce qu’elle soit pour l’intérêt des patients.

4.3.2. Mécanismes d’approvisionnement du marché par les délégués médicaux

Les résultats des entretiens réalisés auprès des délégués médicaux, nous ont permis de
comprendre le mécanisme mise en place par ceux-ci pour faire prescrire leurs produits. Les
principaux collaborateurs des délégués médicaux dans les formations sanitaires sont les
infirmiers. Les délégués médicaux procèdent soient directement ou par l’entremise de leur
laboratoire par des dons en nature ou en espèces, des partenariats, des offres de formations.
Les résultats de cette étude reflètent la situation au Ghana relatée par Mahamé et Baxerres
(2015). La concurrence, notamment financière, entre les acteurs privés et publics est
omniprésente malgré un certain « fairplay ». Les grossistes privés ghanéens sont en
concurrence financière les uns vis-à-vis des autres. Le prix des médicaments est dans ce pays
laissé à la libre régulation du marché. Les avantages de paiement (à crédit ou cash, pendant
un temps plus ou moins long) et les cadeaux octroyés aux détaillants font partie des stratégies
développées par les grossistes pour conquérir et conserver leur clientèle. Les « sales
representatives » (délégués médicaux) et les directeurs des sociétés passent ainsi beaucoup de
leur temps à entretenir leurs « business relations », à aller saluer, maintenir le contact,
souhaiter l’anniversaire de leurs clients, à se manifester lors des évènements heureux (mariage,
naissance) et malheureux (funérailles) qui leur arrivent, tout en vérifiant le bon écoulement
des stocks de leurs produits, se renseignant sur les nouveaux produits arrivés sur le marché,
faisant la promotion des nouveaux médicaments qu’ils distribuent, etc (Mahamé & Baxerres,
2015).

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4.3.3. Impact des marchés concurrents sur la politique de gratuité des soins

Les résultats de cette étude démontrent que l’existence des marchés concurrents
marquée par la présence des officines privées à travers les délégués dans les formations
sanitaires constitue une entrave à une meilleure mise en œuvre de la politique de gratuité
des soins au Burkina Faso. Rappelons que la politique de gratuité des soins pour les
enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes vivant au Burkina Faso suggèrent la
prescription de MEG. L’objectif de cette gratuité est de faciliter un accès aux
médicaments à cette catégorie de la population en faisant sauter la barrière financière
qui a jusque-là été un grand frein pour ces populations vulnérables. C’est d’ailleurs cet
élément fondamental à la réussite de la politique de gratuité au Burkina Faso que
viennent remettre en échec l’existence de marchés concurrents. Les résultats de cette
étude ont relevé que l’existence des marchés concurrents favorise la prescription
d’autres médicaments, les spécialités qui sont vendues dans les pharmacies privées. Cela
entraine automatiquement des frais pour les populations concernées. Les résultats de
notre étude ont montré que sur les 119 patients, 115, soit environ 96% ont eu accès aux
produits pharmaceutiques dans une pharmacie hors de la formation sanitaire où se vendent
des produits pharmaceutiques non MEG. L’étude de cas 3 a révélé que sur 100 patients qui
viennent consulter, 11 patients seront obligés de se référer à d’autres structures en dehors des
dépôts pharmaceutiques de la gratuité pour s’acheter leurs produits. Or selon un rapport de
la DGPML (2010) sur les prix et l’accessibilité des médicaments, les médicaments de marque
d’origine présentent toujours des prix très élevés dans les officines pharmaceutiques et restent
donc inaccessibles pour la grande majorité de la population (DGPML, 2010). Angbo-Effi
(2011) dans une étude sur les « facteurs déterminant la consommation des médicaments de
la rue en milieu urbain », interpellait sur l’impact de l’existence des nombreux marchés
pharmaceutiques parallèles. Il a démontré que la forte prévalence de la vente des médicaments
de la rue pourrait s’expliquer par l’existence de nombreux marchés de vente de médicaments.
Ainsi, l’existence de marchés pharmaceutiques concurrents renforce la barrière financière que
tente de faire disparaitre les politiques de gratuité de soins (Angbo-Effi et al., 2011). Si
aujourd’hui le patient éligible à la politique de gratuité de soins ne paie pas les produits
pharmaceutiques dans les formations sanitaires, l’indisponibilité de ces produits et les
comportements licencieux des acteurs du marché pharmaceutique sur le terrain sont devenus
une autre voie de recourt pour faire payer le patient et affaiblir les politiques.

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En somme, la discussion menée sur cette deuxième hypothèse, nous a permis de confirmer
que l’existence de pharmaceutiques concurrents entrave fortement la mise en œuvre de la
politique de gratuité des soins au Burkina Faso. L’existence de ces marchés entraine la
prescription de médicaments aux coûts élevés qui se vendent dans les pharmacies privées.
Cela va engendrer des dépenses pour des populations déjà en situation vulnérable.

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CONCLUSION

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CONCLUSION

Les travaux de cette recherche ont porté sur la thématique du « marché des
produits pharmaceutiques et la politique de gratuité des soins chez les enfants de
moins de 5 ans et les femmes enceintes au Burkina Faso ».
L’objectif général de cette étude a été d’évaluer l’efficacité de la politique de gratuité de soins
des enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes au Burkina Faso, par l’analyse de la
structuration du marché des produits pharmaceutiques, précisément dans le district sanitaire
de Bogodogo à Ouagadougou. Comme objectifs spécifiques, il s’est agi d’une part d’évaluer
le monopole du marché des produits pharmaceutiques assuré par la Centrale d’Achat des
Médicaments Essentiels Génériques (CAMEG), et d’autre part de décrire l’impact des
marchés pharmaceutiques concurrents sur la mise en œuvre de la politique de la gratuité,
notamment sur l’accès aux kits de la gratuité. Partant de l’hypothèse générale que la
structuration du marché des produits pharmaceutiques permet une efficacité de la politique
de gratuité des soins des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes au Burkina Faso,
nous avons formulé les hypothèses spécifiques suivantes :
- le monopole du marché pharmaceutique échappe à la CAMEG ;
- l’existence de marchés concurrents entrave une meilleure mise en œuvre de la
politique de gratuité des soins.
L’approche méthodologique mixte a été l’approche choisie pour mener cette étude. Nous
avons donc fait recourt à des méthodes qualitatives et quantitatives, qui ont de façon
simultanée guidé la réalisation des différentes études de cas présentées. La revue
documentaire, l’entretien et l’enquête ont été les différentes techniques qui ont servi à la
collecte des différentes données. L’intérêt était de montrer le lien entre les formes
d’organisation du marché des médicaments et l’efficacité de la politique de la gratuité des
soins des enfants et des femmes enceintes. Le constat était que la façon dont se présente et
est organisé le marché des produits pharmaceutiques détermine les possibilités et moyens
d’accès aux médicaments par les bénéficiaires de la gratuité des soins.
Cette étude a montré que les patients éligibles à la politique de gratuité des soins n’ont
pas toujours accès aux médicaments de la gratuité des soins. Les populations : enfants de
moins de 5 ans et femmes enceintes continuent de payer pour avoir des médicaments qui
sont censés être gratuits. Ses patients s’orientent alors vers des pharmacies privées pour se
procurer les médicaments non disponibles dans les dépôts pharmaceutiques des formations

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sanitaires. La CAMEG, à qui a été confié l’approvisionnement du marché pharmaceutique


au Burkina Faso ne parvient pas à assurer totalement son rôle. Elle n’arrive pas à rendre
disponibles les médicaments, ce qui donne libre cours à l’émergence de marchés
pharmaceutiques concurrents. Nous pouvons donc affirmer que notre hypothèse spécifique
qui stipule que le monopole du marché pharmaceutique échappe à la CAMEG est vérifiée.

L’étude a également montré que l’émergence des marchés pharmaceutique imputée à


l’incapacité de la CAMEG à assurer le monopole du marché pharmaceutique freine
considérablement la mise en œuvre de la politique de gratuité des soins. L’existence de ces
marchés concurrents entraine la prescription des spécialités des officines privées. Cela
engendre des dépenses liées à l’accès aux médicaments pour des populations déjà en situation
de vulnérables. Les officines pharmaceutiques privées travaillent avec les délégués médicaux.
Ces délégués médicaux soudoient certains agents de santé avec toutes sortes de moyens afin
d’écouler le maximum de leur produit. A leurs côtés, il y a certains agents de santé eux-mêmes
qui volent et revendent les produits aux patients. D’autres acteurs, les commerçants
ambulants, les présidents d’associations, les agents titulaires de bons, les préparateurs d’État
en pharmacie interviennent dans cette concurrence avec la CAMEG pour approvisionner le
marché, qui, du reste, souffre de l’absence d’une réglementation rigoureuse. Nous pouvons
donc dire que notre hypothèse spécifique (2) est vérifiée : l’existence des marchés
pharmaceutiques concurrents entrave la mise en œuvre de la politique de gratuité des soins.

Nous pouvons donc dire que nos hypothèses ont été vérifiées et que notre objectif
général a été atteint en ce sens que la structuration du marché pharmaceutique de la politique
de gratuité empêche l’efficacité de la mise en œuvre de la politique. Cette forme de
structuration du marché pharmaceutique sans réglementation des différents acteurs en
présence et emprunt aux nombreuses ruptures de produits pharmaceutiques et à toutes
formes de corruption entre agents de santé et délégués médicaux, rend difficile une bonne
efficacité de la gratuité des soins des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes au
Burkina Faso.

Au terme de ce travail, et face aux défis de cette ambitieuse politique, il est


important de se demander aussi jusqu’à quel niveau les populations elles-mêmes sont-elles
concernées par la réussite de cette politique ? Comment les organisations de la société civile
se positionnent-elles pour le bon fonctionnement de cette politique ? Quel rôle peut jouer la

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population dans le cadre de ce système de soins conçu pour elle ? Cette question délicate
mérite une plus grande attention au regard du contexte de crises que nous connaissons
actuellement et qui fragilise encore plus les possibilités d’amélioration des conditions de vie
des populations. Il s’agirait donc ici d’évaluer aussi le niveau d’intérêt et l’implication de la
population qui est le consommateur et le bénéficiaire premier.

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SUGGESTIONS
A la lumière des conclusions de cette recherche, nous nous permettons de faire quelques
suggestions pour une meilleure efficacité de la politique de gratuité des soins qui passe
nécessairement par une meilleure structuration du marché pharmaceutique.

Au ministère de la santé, nous recommandons d’accroître le niveau de financement de


l’approvisionnement national en MEG, de mettre en place une politique pharmaceutique
spécifique et adaptée à la politique de gratuité des soins, d’envisager des partenariats avec
les laboratoires pharmaceutiques privés de sortes à réglementer le marché pharmaceutique
de la gratuité des soins à travers l’élaboration de textes et veiller à leur application, d’élaborer
et mettre en application des mesures d’accompagnement en rapport avec la politique de
gratuité des soins pour les agents de santé dans les formations sanitaires et enfin de favoriser
et organiser de fréquentes rencontres d’échanges entre les différents acteurs qui
interviennent dans la mise en œuvre de la politique de la gratuité des soins (CAMEG, les
laboratoires pharmaceutiques privés, les agents de santé, les populations) et le ministère.

Au niveau de la CAMEG, nous proposerons de veiller à assurer un suivi sur le flux des
commandes spécifiques aux besoins en médicaments des populations concernées par la
politique de gratuité afin de faire de meilleures prévisions de commandes au niveau national.
De créer et séparer au niveau des formations sanitaires, des dépôts pharmaceutiques : des
dépôts exclusifs aux commandes et à la gestion des stocks de la gratuité et des dépôts pour
le reste des populations et de faire alimenter les dépôts de patients hors gratuité des soins
en partenariat avec les laboratoires pharmaceutiques privés afin de faire un meilleur suivi
du flux des besoins en médicaments au niveau des dépôts exclusifs de la gratuité.

Enfin à l’endroit des formations sanitaires, nous les invitons à faire preuve de plus de
rigueur dans le suivie et les commandes des produits afin d’éviter des retards dans
l’approvisionnement et surtout de veiller à rendre plus rigoureuse les évaluations des
produits selon leur niveau de demande tenant compte des périodes.

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Documents consultés dans les journaux


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Diao, M. (2003). « Hôpital YALGADO : Le drame des urgences », L’Évènement, n° 26, p. 4.
Kabore, J. (2005). « Dispensaire de Koko : Introuvable infirmière de garde », Observateur
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L’Évènement. (2001- 2002). « Interview avec Mme Adélaïde Nare (membre de l’association
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Le Pays. (2017). « CHU-Yalgado : 09 Cartons de médicaments saisis par la police nationale


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de Bobo : plus de 8 millions de manque à gagner », L’observateur Paalga, p. 4.
Ouédraogo, H. (2002). « Lute contre les médicaments de la rue, Pour une société saine »,
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Zougmore, M, N. (2011). « Le SYNTSHA contre la marchandisation des soins »,
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Goumbri, H. (2012). « Médicaments illicites : Le monstre reste insaisissable », Consulté sur
internet (http://lefaso.net/spip.php?article46138), le 02 Juillet 2018.
Ouedraogo, B. (2010). « Bagarre entre la CAMEG et les grossistes privés : Enquête sur une
affaire de gros sous ! », Consulté sur internet
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Ouedraogo, D. (2018). « Gratuité des soins au Burkina : le système a couté plus de 30
milliards de F CFA en 2017 », Consulté sur internet
(http://lefaso.net/spip.php?article84853), le 14 Août 2018.
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

o Autres
Assemblee, Nationale. (2017). « Rapport de synthes de l’enquete parlementaire sur le systeme de sante
au Burkina Faso »
Conseil des Ministres, décret n° 2016-311- PRES/PM/MS/MATDSI/MINEFID du 29 avril
2016, 30 Mars 2016.

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ANNEXES

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Annexe 1 : Lettre de recommandation d’enquête

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Annexe 2 : Autorisation d’enquête Direction Régional de la Santé du Centre

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Annexe 3 : Décret portant mise en œuvre de la gratuité

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Annexe 4: Liste des formations sanitaire du district de Bogodogo

Formations sanitaires

1 CM SAABA GRTE
2 CM URBAIN DU SECTEUR 15 OUAGADOUGOU GRTE
3 CSPS BALKUI GRTE
4 CSPS DASSASGHO GRTE
5 CSPS DE BOUDTENGA GRTE
6 CSPS DE DAYONGO GRTE
7 CSPS DE GUIGUIMTENGA GRTE
8 CSPS DE NIOKO 1 GRTE
9 CSPS DE TANVINAKAMTENGA GRTE
10 CSPS DIDRI GRTE
11 CSPS GAMPELA GRTE
12 CSPS GONSE GRTE
13 CSPS KOALA GRTE
14 CSPS KOUBRI NAGBANGRE GRTE
15 CSPS MANEGSOMBO GRTE
16 CSPS NONGTABA GRTE
17 CSPS PELE GRTE
18 CSPS PIKIEKO GRTE
19 CSPS SECTEUR 30 GRTE
20 CSPS SINSINGUENE GRTE
21 CSPS TANGHIN BOGODOGO GRTE
22 CSPS TANLARGHIN GRTE
23 CSPS TANSABLOGHO GRTE
24 CSPS TANSOBTENGA GRTE
25 CSPS TRAME D ACCUEIL DU SECTEUR 30 GRTE
26 CSPS TRAME D ACCUEIL OUAGA 2000 GRTE
27 CSPS TRAME D ACCUEIL SECTEUR 28 OUAGA GRTE
28 CSPS WEMTENGA GRTE
29 CSPS WENDEFAADE GRTE
30 CSPS YAMTENGA GRTE

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Annexe 5: Outils d'enquête


Annexe 5.1 Questionnaire pour les patients

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Annexe 5.2 Questionnaire et Guide d’entretien délégués médicaux, agents de


santé

Guide d’entretiens délégués médicaux


1. Le métier de délégué médical au Burkina Faso
2. Acteurs et collaborateurs dans les formations sanitaires
3. Moyens et politique de commercialisation de produits en contexte de gratuité
4. L’impact de la politique de gratuité sur vos rendements
5. Difficultés rencontrées dans le cadre de votre métier

Guide d’entretien gérant dépôt pharmaceutique


1. Principale source d’approvisionnement
2. Différence de gestion MEG et non MEG
3. Gestion des commandes
4. La question des ruptures
5. Produits plus demandés
6. Difficultés rencontrées
7. Avis sur la politique de gratuité des soins

Guide d’entretien point focal gratuité des soins


1. Présentation du travail
2. Comment se présente la politique de la gratuité dans votre CSPS ?
3. La gestion des ordonnances
4. L’accessibilité aux médicaments
5. Gestion des stocks de médicaments
6. Le contenu des rapports de suivi

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Guide d’entretien Major


1. Présentation du centre de santé
2. Mode d’organisation spécifique à la politique de gratuité
3. La gestion des stocks et des ruptures
4. Le rapport avec les délégués médicaux
5. Avis général sur la politique de gratuité des soins
Annexe 5.3 Grille d’observations des ordonnances

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Annexe 6: Fiche de repérage des documents à lire

N° doc Titre de documents / personne Localisation du Intérêt du


ressource document document

Annexe 7: Grille d’analyse des articles de journaux et rapports du REN-LAC

Date de Titre Source et références Intérêt par rapport Idées


lecture au sujet suggérées

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Annexe 8: Analyse des numéros de journaux lus


Journal SIDWAYA
Années 2018 2017 2016 2015 2014 2013 2012 2011 2010 Total
Numéros 8725 – 8765 8480 – 8518 8236 – 8273 7990 - 8030 7656 – 7696 7367 – 7407 7287 – 7325 7040 – 7079 6748 – 6789
8683 – 8724 8519 – 8554 8111 – 8152 7824 – 7864 7615 – 7655 7449 – 7492 7246 – 7286 6997 – 7039 6706 – 6747
8642 – 8682 8437 – 8479 8153 – 8194 7907 – 7947 7699 – 7737 7408 – 7448 7203 – 7244 6956 – 6996 6664 – 6705
8601 – 8636 8395 - 8436 8195 – 8235 7865 – 7906 7738 – 7782 7372 – 7394 7161 – 7202 6914 – 6955 6621 – 6663 2124
8561 – 8600 8314 - 8353 8275 – 8309 7948 – 7989 7783 – 7802 7327 – 7366 7120 – 7160 6873 – 6913 6582 – 6620 Numéros
8354 – 8394 8071 – 8110 8031 – 8070 7573 – 7613 7493 – 7571 7019 – 7080 6833 – 6872 6790 – 6832
Nb. No 195 numéros 226 numéros 232 numéros 241 numéros 221 numéros 262 numéros 261 numéros 241 numéros 245 numéros

Années 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 Total
Numéros 6542 – 6581 6082 – 6123 6038 – 6080 5792 – 5784 5438 – 5489 5110 – 5185 4849 – 4911 4601 – 4662 4357 – 4418
6499 – 6541 6293 – 6332 5989 – 6037 5741 – 5788 5384 – 5437 5036 – 5109 4601 – 4662 4541 – 4600 4294 – 4356
6466 – 6498 6249 – 6292 5938 – 5987 5690 – 5740 5333 – 5383 4974 – 5035 4785 – 4848 4480 – 4540 4232 – 4293 2490
6415 – 6455 6207 – 6248 5887 – 5936 5639 – 5689 5283 – 5332 4912 – 4973 4541 - 4600 4419 – 4479 4173 – 4229 Numéros
6374 – 6494 6164 – 6206 5838 – 5886 5587 – 5637 5233 – 5281 4724 – 4784 4663 – 4723
6332 – 6373 6124 – 6163 5790 – 5837 5538 – 5585 5186 – 5232
Nb. N o 314 numéros 245 numéros 283 numéros 236 numéros 297 numéros 330 numéros 245 numéros 240 numéros 300 numéros

Années 2000 1999 1998 1997 1996 1995 1994 1993 1992 Total
Numéros 3926 – 3986 3673 – 3733 3417 – 3485 3169 – 3229 3107 – 3168 2859 – 2920 2549 – 2673 2176 – 2297 2049 – 2175
3987 – 4047 3862 – 3924 3486 – 3546 3230 – 3292 3043 – 3106 2797 – 2858 2426 – 2548 2299 – 2424 1927 – 2049
4048 – 4111 3797 – 3860 3610 – 3672 3292 – 3353 2982 – 3042 2736 – 2796 2215
4112 - 4172 3734 – 3796 3547 – 3609 3353 – 3416 2921 – 2981 2674 – 2735 Numéros

Nb. No 243 numéros 247 numéros 252 numéros 246 numéros 244 numéros 243 numéros 246 numéros 246 numéros 248 numéros

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Années 1991 1990 1989 1988 1987 1986 1985 SIDAWAYA MAG PLUS Total
Numéros 1678 – 1797 1430 – 1551 1307 – 1429 932 – 1054 804 - 931 426 – 550 181 – 299 2008 - 2007 2006 - 2005
1800 – 1926 1552 – 1677 1181 – 1306 1055 - 1180 681 - 800 302 – 426 004 – 58 5491 – 5537
5789 – 6057 5190 – 5490 2265
Numéros

Nb. No 245 numéros 246 numéros 247 numéros 247 numéros 127 numéros 243 numéros 242 numéros 322 numéros 346 numéros

L’EVENEMENT
Années 2015 2012 2007 2005 – 2006 2002 – 2004 Total
Numéros 230 – 293 185 – 228 103 – 130 59 – 105 06 – 057 230
Nb. No 63 numéros 43 numéros 27 numéros 46 numéros 51 numéros Numéros
L’OBSERVATEUR DU DIMANCHE
Années 2011 2012 2006 - 2005 2004 2000 1999 Total
Numéros 737 – 758 784 – 822 449 – 498 398 – 448 203 – 252 156 – 202
701 – 782 499 – 569 5000 – 5062
4812 – 4870 529
4872 – 4933 Numéros
4935 – 4998
Nb. No 21 numéros 119 numéros 119 numéros 50 numéros 49 numéros 290 numéros

L’OBSERVATEUR PAALGA
Années 2013 2012 2011 2010 2009 2008 Total
Numéros 8469 – 8527 8038 – 8097 7790 – 7851 7727 – 7789 7373 – 7416 7042 – 7100
8285 – 8343 8098 – 8160 7852 – 7913 7540 – 7599 7292 – 7331 7166 – 7229
8332 – 8405 8161 – 8222 7914 – 7976 7601 – 7663 7332 – 7539 7002 – 7165 1681
8406 – 8468 8223 – 8284 7977 – 8037 7664 – 7726 7414 – 7477 7230 – 7291 Numéros
Nb. No 251 numéros 243 numéros 244 numéros 245 numéros 353 numéros 345 numéros

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Années 2007 2006 2005 2004 2003 2002 Total


6797 – 6857 6550 – 6610 6302 – 6362 6053 – 6112 5925 – 5988 5558 – 5615
Numéros
6858 – 6917 6671 – 6735 6425 – 6488 6175 – 6237 5989 – 6003 5678 – 5741 1408
6918 – 6980 6611 – 6670 6363 – 6424 6113 – 6173 5864 – 5924 5742 – 5803 Numéros
6981 – 7040 6736 – 6796 6489 – 6549 6239 – 6301 5804 – 5863 5616 – 5677
Nb. No 240 numéros 243 numéros 244 numéros 243 numéros 196 numéros 242 numéros

LE PAYS
Années 2018 2017 2016 2015 2014 Total
Numéros 6501 – 6561 6255 – 6316 6010 – 6069 5888 – 5947 5577 – 5636
6562 – 6622 6317 – 6377 6070 – 6132 5826 – 5887 5515 – 5574
6623 – 6684 6378 – 6440 6133 – 6193 5764 – 5825 5637 – 5699 1140
6441 – 6496 6194 – 6250 5948 – 6009 5700 – 5762 Numéros
Nb. No 181 numéros 238 numéros 237 numéros 242 numéros 242 numéros

TOTAUX DE NUMEROS PAR JOURNAL

Noms du journal Total numéros lus Total


SIDWAYA 9094 numéros
L’ÉVENEMENT 230 numéros
L’OBSERVATEUR PAALGA 3618 numéros 14082
LE PAYS 1140 numéros Numéros

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

TABLE DES MATIERES


SOMMAIRE ........................................................................................................................ I

DEDICACES ....................................................................................................................... I

REMERCIEMENTS........................................................................................................... II

SIGLES, ABRVIATIONS ET ACRONYMES ..................................................................... IV

LISTES DES FIGURES ET TABLEAUX ......................................................................... VII

LISTE DES TABLEAUX ................................................................................................ VIII

LISTE DES ANNEXES ..................................................................................................... IX

RESUME – MOTS CLES .................................................................................................... X

ABSTRACT ....................................................................................................................... XI

INTRODUCTION .............................................................................................................. 2

PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE ET METHODES ....................... 10

CHAPITRE I : REVUE DE LA LITTERATURE ................................................................ 11

1.1. Définitions de mots clés ................................................................................................................................... 11


1.1.1. Produits Pharmaceutiques ........................................................................................................................ 11
1.1.2. Le médicament............................................................................................................................................ 11
1.1.3. Population cible de la politique de gratuité des soins ........................................................................... 12
1.1.4. Notion de gratuité des soins ..................................................................................................................... 13
1.2. Revue sur les politiques de gratuite ................................................................................................................. 15
1.3. Revue sur les politiques publiques et la professionnalisation ..................................................................... 18
1.3.1. Le rôle régulateur des professions par l’Etat ......................................................................................... 18
1.3.2. L’Etat comme une instance neutre.......................................................................................................... 20
1.3.3. La profession comme une communauté d’intérêts entre professionnels .......................................... 21
1.3.4. Notions d’autonomie et de régulation (Paradeise, 2008) ..................................................................... 21
1.3.5. Les politiques publiques comme une pragmatique de la démocratie................................................. 22
1.4. Cadre d’analyse ................................................................................................................................................... 23
CHAPITRE II : METHODES ........................................................................................... 24

2.1. Approche méthodologique............................................................................................................................... 24


2.2. Cadre d’étude ...................................................................................................................................................... 25
2.2.1. Organisation du système de santé du Burkina Faso ............................................................................. 25
2.2.2. Organisation du secteur pharmaceutique du Burkina Faso................................................................. 27
................................................................................................................................................................................. 29
2.2.3. Le district sanitaire de Bogodogo ............................................................................................................ 29
2.2.4. Le centre de santé et de promotion sociale du secteur 30 de Karpala............................................... 30

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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

2.3. Méthodes d’échantillonnages ........................................................................................................................... 30


2.3.1. Population d’étude ..................................................................................................................................... 30
2.3.2. Stratégies d’échantillonnage et tailles des échantillons ......................................................................... 31
2.4. Techniques et outils de collectes de données ................................................................................................ 33
2.5. Analyse de données ........................................................................................................................................... 35
2.6. Considérations éthiques et déontologiques ................................................................................................... 35
2.7. Déroulement général de la recherche ............................................................................................................. 36
2.7.1. Collecte et exploitation des écrits de presse et des rapports du REN-LAC ..................................... 36
2.7.2. L’administration du questionnaire aux patients dans les 6 formations sanitaire du district de
Bogodogo ............................................................................................................................................................... 37
2.7.3. La collecte et exploitation des données dans le CSPS du secteur 30 de Karpala............................. 37
2.8. Difficultés rencontrées ...................................................................................................................................... 38
DEUXIEME PARTIE : RESULTATS ................................................................................ 39

CHAPITRE I : CONCEPTIONS SUR LES FACTEURS D’INDISPONIBILITES DES


MEDICAMENTS AU BURKINA FASO ............................................................................. 40

1.1. Les dysfonctionnements dans la gestion des formations sanitaires au Burkina Faso ............................. 40
1.1.1. Les présomptions de corruption et les détournements de fonds / matériels de soins ................... 41
1.1.2. Les défaillances de la politique sanitaire ................................................................................................. 42
1.1.3. Le manque de rigueur et de compétences de certains responsables .................................................. 42
1.1.4. La mauvaise qualité de l’offre des soins.................................................................................................. 43
1.1.5. Les difficultés liées au système d’approvisionnement en médicaments ............................................ 43
1.1.6. Des présomptions de prescription des spécialités au détriment des MEG ...................................... 44
1.2. Le coût élevé des médicaments ....................................................................................................................... 46
1.2.1. Le non-respect des textes en matière de fixation de prix ................................................................... 46
1.2.2. La non-effectivité de la gratuité de certains soins dits subventionnés ............................................... 46
1.3. Les marchés parallèles de ventes de médicaments ....................................................................................... 47
1.4. Les ruptures ou pénuries de stocks de médicaments ................................................................................... 48
1.5. Les présomptions de vols et détournements de médicaments dans les formations sanitaires .............. 48
CHAPITRE II : ACCES DES POPULATIONS CIBLES AUX MEDICAMENTS DE LA
GRATUITE ....................................................................................................................... 55

2.1. Profil des patients............................................................................................................................................... 55


2.1.1. Professions et types de patients ............................................................................................................... 56
2.1.2. Professions – Niveau d’instruction ......................................................................................................... 57
2.1.3. Niveau d’instruction et type de patients ................................................................................................. 58
2.2. Les problèmes de santé à l’origine des consultations ................................................................................... 59
2.3. disponibilité des produits pharmaceutiques meg prescrits .......................................................................... 60
2.4. Mode d’accès aux produits pharmaceutique prescrits et non disponible dans les csps .......................... 63
CHAPITRE III : ETUDE DU CIRCUIT DE DISTRIBUTION DU MEDICAMENT ......... 66

3.1. Profil des patients............................................................................................................................................... 66

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│Février 2020│
[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]

3.2. Disponibilité des produits prescrits ................................................................................................................ 67


3.2.1. Nombre de produits prescrits par types de patients ............................................................................. 67
3.2.2. Nombre de produits prescrits non disponible par types de patients ................................................. 68
3.2.3. Liste de produits prescrits et non disponible........................................................................................ 68
3.3. Taux d’indisponibilité de produits prescrits sur la période de l’enquête (du 25 sept 2018 au 25 décembre
2018) ............................................................................................................................................................................ 73
3.3.1. Niveau de satisfaction de la commande des produits du mois de décembre 2018.......................... 74
3.3.2. Entretiens avec le personnel de santé du CSPS secteur 30 Karpala ................................................. 78
3.3.3. Entretiens avec les délégués médicaux ................................................................................................... 79
CHAPITRE IV : DISCUSSIONS ........................................................................................ 88

4.1. Un contexte sanitaire emprunt à de nombreux disfonctionnements ........................................................ 88


4.2. Le monopole du marché pharmaceutique échappe à la CAMEG ............................................................. 88
4.2.1. L’approvisionnement du marché pharmaceutique par la CAMEG ................................................... 89
4.2.2. Les difficultés d’approvisionnement du marché pharmaceutique ...................................................... 89
4.3. L’existence de marchés concurrents entrave à une meilleure mise en œuvre de la politique de gratuité
des soins au Burkina.................................................................................................................................................. 93
4.3.1. La recherche du Profit par les agents de santé : un facteur à l’origine de l’existence des marchés
concurrents ............................................................................................................................................................ 93
4.3.2. Mécanismes d’approvisionnement du marché par les délégués médicaux........................................ 94
4.3.3. Impact des marchés concurrents sur la politique de gratuité des soins ............................................. 95
CONCLUSION ................................................................................................................. 97

SUGGESTIONS................................................................................................................ 101

BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................ 102

ANNEXES ....................................................................................................................... 109

TABLE DES MATIERES ................................................................................................. 123

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