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MEMOIRE
Présenté par :
COMBASSERE Camille
Pour l’obtention du diplôme de Master en Nutrition Humaine et Diététique
Sur le thème :
Soutenu le 20 / 02 / 2021
Devant le jury :
Président :
Dr Ella W. R. COMPAORE, Maître de conférences en Nutrition et Sciences des aliments, Université
Joseph KI-ZERBO
Membres :
Pr. Alfred S. TRAORE, Pr Titulaire de Biochimie Microbiologie, Responsable pédagogique
du Département des sciences biologiques appliquées de l’Université Aube Nouvelle de Bobo-
Dioulasso, Directeur de mémoire
Dr. Alain HIEN, Pharmacien Nutritionniste, Enseignant chercheur à l’Université Nazi Boni Co-
directeur de mémoire
Dr Augustin N. ZEBA, Médecin Nutritionniste, chef de l’unité de recherche en nutrition et maladies
métaboliques à l’IRSS
°C : Degré Celsius
% : Pourcentage
AA : Acide Arachidonique
AE : Allaitement Exclusif
AGPI : Acides Gras Polyinsaturés
AMS : Assemblé Mondial de la Santé
CMA : Centre Médical avec Antenne chirurgicale
CNS : Consultation Nourrisson Sain
CPN : Consultation Prénatal
CSPS : Centres de Santé et de Promotion Sociale
DHA : Acide Docosa-Hexaénoique
DS : District Sanitaire
Etc : Etcetera
i : marge d’erreur à 5%
IgAs : Immunoglobulines A
REMERCIEMENTS...................................................................................................................ii
RESUME....................................................................................................................................x
SUMMARY...............................................................................................................................xi
INTRODUTION.........................................................................................................................1
1. Anatomie du sein.............................................................................................................3
2. Physiologie de la lactation...............................................................................................4
1. Définition.........................................................................................................................6
1. Définitions......................................................................................................................14
5. Prévention de l’environnement......................................................................................21
V- L’ALLAITEMENT EN PRATIQUE............................................................................21
1. Signes d’efficacité d’un allaitement...............................................................................21
I- SITE D’ETUDE................................................................................................................26
1. Type d’étude..................................................................................................................28
2. Période d’étude..............................................................................................................28
3. Population d’étude.........................................................................................................28
4. Echantillonnage..............................................................................................................29
6. Déroulement de l’entretien............................................................................................30
1. Méthodes d’analyse.......................................................................................................31
2. Définition de variables...................................................................................................31
3. Matériel utilisé...............................................................................................................32
3. Analyse de corrélation...................................................................................................36
II- DISCUSSION................................................................................................................41
CONCLUSION.........................................................................................................................45
ANNEXES................................................................................................................................50
Liste des tableaux
Tableau I : comparaison des compositions du lait de vache, préparation pour nourrissons et du
lait de femme...............................................................................................................................9
Tableau II: liste des variables explicatives...............................................................................32
Tableau III : Caractéristiques sociodémographiques des parents et leurs enfants....................34
Tableau IV : Pratiques et connaissances des mères.........................Erreur ! Signet non défini.
Tableau V : pratique de l’allaitement maternel exclusif et caractéristiques
sociodémographiques................................................................................................................37
Tableau VI : pratique de l’allaitement maternel exclusif selon les pratiques et connaissances
des mères...................................................................................................................................39
Tableau VII : Résultats de la régression logistique..................................................................40
1
la femme, du nombre de consultation prénatale, de la région de résidence et du sexe de
l’enfant (Kaboré, 2016).
Au Burkina Faso les proportions de l’AE varient en fonction des régions. La plus forte
proportion des enfants allaités exclusivement a été obtenue dans la région de l’Est avec 72,1%
et la plus faible proportion dans le Centre avec 34,5. A l’état actuel de nos recherches, nous
n’avons pas trouvé d’étude sur les facteurs associés à la pratique de l’allaitement exclusif dans
la région des Hauts Bassins. C’est ce qui justifie notre présente étude afin d’identifier les
facteurs associés à la pratique de l’allaitement exclusif chez les mères d’enfants de 06 à 23
mois dans les districts sanitaires de Do et de Dafra.
L’objectif général de cette étude est donc de déterminer les facteurs associés à la pratique de
l'allaitement exclusif dans les districts sanitaires de Do et de Dafra.
Spécifiquement, il s’agit de :
Déterminer les caractéristiques socio-économiques et démographiques des mères ;
2
CHAPITRE I
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
I- ANATOMIE DU SEIN ET PHYSIOLOGIE DE LA LACTATION
1. Anatomie du sein
Le tissu mammaire c’est-à-dire le sein, est composé d’un tissu glandulaire, d’un tissu de
soutien et d’un tissu graisseux. Le lait, fabriqué dans le tissu glandulaire, est acheminé
jusqu’au mamelon grâce à de petits tubes ou canaux. Avant d’atteindre le mamelon, les
canaux s’élargissent pour former les sinus lactifères qui ont pour rôle de collecter le lait. A
partir des sinus, partent une dizaine canaux très fins qui se dirigent vers l’extrémité du
mamelon où ils s’ouvrent à l’extérieur (King and Benoist, 1996).
Le mamelon contient un grand nombre de nerf sensitifs ce qui explique sa grande sensibilité.
Ces nerfs jouent un rôle essentiel dans la formation des réflexes qui assurent l’éjection du lait
(King and Benoist, 1996). Il est entouré d’un cercle de peau sombre, appelé l’aréole. Elle
fonce et grossit lors d’une grossesse et pendant la lactation. Elle sert de repère visuel au bébé
afin qu’il ne prenne pas uniquement le mamelon pour obtenir du lait.
Sur les aréoles, on peut apercevoir de petites boursouflures. Ce sont les glandes de
Montgomery qui grâce à leurs pores de glandes sébacées et lactifères, sécrètent une substance
lubrifiante et antiseptique qui protège le mamelon et l’aréole (Latham et al., 2006). Ce liquide
maintient la peau du mamelon douce et en bonne condition. Derrière l’aréole, sous la peau se
trouvent les sinus lactifères (King and Benoist, 1996).
Les seins sont soutenus par les ligaments de Cooper, qui appartiennent au tissu conjonctif. Les
tissus adipeux et conjonctifs enveloppent et protègent les alvéoles, et les canaux lactifères. Le
tissu adipeux participe au développement des canaux lactifères. La quantité de ce tissu
détermine la grosseur des seins, mais ne contribue pas à la fabrication ni au transport du lait
ce qui signifie que la taille des seins n’est pas un indicateur de la capacité d’une femme à
allaiter (Latham et al., 2006).
Pendant la grossesse et la lactation, la circulation sanguine dans le sein se développe
considérablement. Le sang artériel apporte tous les nutriments indispensables à la fabrication
du lait ainsi que les cellules immunitaires (Latham et al., 2006).
4
Figure 1: Anatomie du sein (King and Benoist, 1996)
2. Physiologie de la lactation
Chez la fillette, la croissance des seins suit celle de son corps. Juste avant sa puberté, on
constate une expansion rapide des canaux lactifères. Puis, pendant son adolescence, lorsque la
fille est réglée, les estrogènes et l’hormone de croissance jouent un rôle important dans le
développement mammaire. Le tissu glandulaire va croître par la ramification des canaux
lactifères qui s’étendent dans le tissu adipeux, ainsi que par la formation de bourgeons qui
deviendront des alvéoles. Le mamelon et l’aréole de la jeune fille vont grossir et se foncer.
Puis, à chaque cycle menstruel, sous l’effet de la progestérone sécrétée par les ovaires, on
5
observe un développement et une prolifération des canaux lactifères, qui régresseront s’il n’y
a pas de fécondation (King and Benoist, 1996).
Pendant la grossesse, une nouvelle expansion de la glande mammaire se réalise, ce qui mène
au plein développement des alvéoles. Les cellules épithéliales sécrétrices se développent elles
aussi sous l’influence de la progestérone et de la prolactine. Les seins changent d’apparence
lors de la grossesse, ils deviennent plus gros, le mamelon plus érectile et l’aréole plus foncée.
Les glandes de Montgomery deviennent beaucoup plus visibles (King and Benoist, 1996).
Le lactogène ou processus par lequel la glande mammaire développe la capacité à sécréter du
lait, débute vers le milieu de la grossesse, quand les cellules de la glande mammaire sont
suffisamment différenciées pour produire de petites quantités de certains composants du lait
comme le lactose. A ce stade, il n’y a pas encore de montée de lait, car la progestérone
présente à forte concentration dans le corps l’inhibe. Durant les douze dernières semaines de
la grossesse, on trouve déjà du colostrum (premier lait) dans le tissu mammaire. Si du lactose
est synthétisé, il est absorbé dans le sang et, comme il ne peut pas être métabolisé, il est
excrété dans les urines. Après l’accouchement, lors de l’expulsion du placenta, on Constate
une chute du taux de progestérone (synthétisée par le placenta) alors que la prolactine reste
élevée (King and Benoist, 1996).
La lactation est en fait le processus de sécrétion du lait mature. Elle dépend principalement de
deux hormones : la prolactine qui maintient la production du lait dans le tissu glandulaire, et
l’ocytocine pour produire le réflexe d’éjection.
La prolactine
La prolactine est sécrétée par l’antéhypophyse. Elle a pour fonction de déclencher la sécrétion
du lait par les cellules glandulaires (King and Benoist, 1996).
Lors de l’allaitement, les mouvements de succion du bébé stimulent les terminaisons
nerveuses du complexe mamelon-aréole. Ces terminaisons nerveuses acheminent les
informations vers l’hypothalamus qui répond alors en stimulant la partie antérieure de la
glande hypophysaire d’où la sécrétion de prolactine. Cette dernière est alors sécrétée dans le
sang qui la véhicule jusque vers les glandes mammaires où elle déclenche la sécrétion du lait.
La prolactine fonctionne après que le bébé ait tété et assure ainsi la sécrétion du lait pour la
tété suivante (King and Benoist, 1996).
En plus d’être responsable de la synthèse et de la sécrétion du lait, elle supprime l’ovulation et
provoque donc une aménorrhée pendant les premiers mois d’allaitement exclusifs (Latham et
al., 2006).
6
La sécrétion de la prolactine dans l’hypophyse est elle-même régulée par l’hypothalamus
(Latham et al., 2006).
L’ocytocine
Cette hormone est sécrétée par la posthypophyse très rapidement après la stimulation de
l’hypothalamus. La sécrétion est pulsatile, ce qui signifie qu’il est possible d’observer
plusieurs réflexes d’éjection au cours d’une même tétée. Le nombre d’éjections serait associé
à la quantité de lait que reçoit le bébé. D’autres stimuli, tels que voir, entendre ou penser au
bébé peuvent déclencher la sécrétion d’ocytocine et donc provoquer un réflexe d’éjection. A
l’inverse, un stress de la part de la maman peut inhiber la production d’ocytocine. Il est donc
important que la mère ait confiance en sa capacité à allaiter et qu’elle soit soutenue par son
entourage. En période d’allaitement, l’ocytocine est responsable de la contraction des cellules
myoépithéliales entourant les alvéoles, contraction qui provoque le réflexe d’éjection (Latham
et al., 2006).
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1.1. Le colostrum
Le colostrum est le liquide de couleur jaune et de consistance plus épaisse que le lait maternel
mature, produit par le sein au cours des premiers jours qui suivent l’accouchement. Il est
certes produit en petite quantité, mais suffit au nouveau-né à terme. Il correspond exactement
à l’alimentation dont le nouveau-né a besoin pour ses premiers jours de vie, aussi bien en
qualité qu’en quantité car :
Il contient plus d’anticorps et de globules blancs que le lait maternel mature. Ce qui
procure au bébé sa première immunisation et lui assure une protection efficace contre la
plupart des bactéries ou des virus qui pourraient l’infecter.
Il est riche en facteurs de croissance dont le rôle est de stimuler le développement de
l’intestin immature du nouveau-né. Les facteurs de croissance préparent l’intestin du
nouveau-né à digérer et à absorber le lait, et à prévenir l’absorption de protéines non digérées.
Si un bébé est nourrit au lait de vache ou avec un autre aliment avant qu’il n’ait reçu du
colostrum, le risque est grand que ces aliments abiment son intestin et entraînent des allergies.
Il est laxatif ; ce qui aide le bébé à faire ses premières selles de méconium (ce sont des
selles de couleur noires). Il contribue aussi à prévenir la jaunisse du nouveau-né (King and
Benoist, 1996).
1.2. Le lait
Pour le Larousse 2010 le lait maternel est le liquide généralement blanc sécrété par les
glandes mammaires de la femme et des femelles des mammifères. C’est un aliment très riche
en graisses émulsionnées, en protides, en lactose, en vitamines, en sels minéraux et qui assure
la nutrition des jeunes au début de leur vie.
Le lait maternel est un liquide énergétique dont la quantité produite et la composition
permettent la survie et la croissance rapide du jeune. Il est composé principalement d’eau, de
lipides, de protéines, de glucides et de minéraux (King and Benoist, 1996).
Le lait maternel est pur, il ne contient pas de germe pathogène mais contient par contre tous
les éléments dont le bébé a besoin pendant les six (06) premiers mois de son existence.
8
la mère, mais la plupart du temps ces changements sont négligeables (King and Benoist,
1996). Toutes les femmes peuvent avoir une quantité suffisante de lait si elles sont en
confiance (Noirhomme-Renard, Farfan-Portet and Berrewaerts, 2006).
Le lait maternel est l’aliment idéal pour le bébé, même si la mère est malade, malnutrie,
enceinte, ou en période de menstruation (King and Benoist, 1996).
Le tableau suivant donne la comparaison des compositions du lait de vache, des préparations
pour nourrissons et du lait de femme.
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Tableau I : comparaison des compositions du lait de vache, préparation pour nourrissons et
du lait de femme (Vidailhet, 2003)
Calories (kcal) 65 66 à 73 68
Sodium (mg) 48 16 à 28 16
10
Energie
Les graisses représentent plus de 50 % de l’énergie totale. Leur taux varie toutefois
considérablement, non seulement au cours de la journée mais aussi au cours de la tétée. Il est
intéressant de souligner que le taux de protéines du lait humain étant remarquablement faible,
celles-ci ne contribuent que pour 6 % de l’apport énergétique total. Cette proportion est
toutefois beaucoup plus importante pour le colostrum, plus riche en protéines mais plus
pauvre en graisses et en glucides ( http://www.medix.free.fr/sim/avantages-allaitement-
maternel.php).
Les protéines
La teneur en protéines du lait de femme est remarquablement faible, entre 8 et 12 g/l, ce qui
suppose une excellente absorption et une parfaite adéquation du profil de ses acides aminés
avec les besoins du nourrisson. On peut citer en exemple ses teneurs relativement plus faibles
en phénylalanine, tyrosine et méthionine et plus fortes en taurine et en cystéine, bien adaptées
aux immaturités enzymatiques du nouveau-né, qui limitent chez lui certaines capacités de
conversion, comme celles de la méthionine en cystéine et en taurine. Les protéines du lait de
femme sont aussi très spécifiques ; même les caséines, qui ne représentent que 40 % des
protéines (contre 80 % dans le lait de vache et les laits pour nourrissons à protéines non
modifiées), sont différentes. Les caséines du lait de femme forment des micelles beaucoup
plus petites que celles du lait de vache et des laits adaptés. Il s’agit surtout de caséine β dont
l’hydrolyse conduit à des peptides (caséomorphines) à propriétés opioïdes et de la caséine κ
hautement glycosylée dont la fraction C terminale a des effets bifidigènes. Enfin, un
pourcentage élevé (60 %) de protéines ne précipitent pas avec les caséines ; elles sont dites
“protéines solubles”. Ce pourcentage élevé de protéines solubles et les micelles de caséine de
petite taille expliquent la coagulation plus fine du lait de femme dans l’estomac du nourrisson,
contribuant à sa vidange plus rapide (Vidailhet, 2003).
À côté des protéines, la somme des peptides, des acides aminés libres (dont la taurine), de
l’urée, de l’acide urique, des sucres et alcools aminés, des polyamines, des nucléotides et de la
carnitine représente 20 à 25 % de l’azote total du lait, alors qu’elle ne constitue que 3 à 5 % de
cet azote dans le lait de vache et les laits adaptés. L’intérêt nutritionnel de certains de ces
composés, comme la carnitine et les nucléotides, est bien démontré (Vidailhet, 2003).
Les lipides
Alors que la teneur en lipides (35 g/l en moyenne) est proche de celle du lait de vache, on sait,
depuis longtemps que la digestibilité et le coefficient d’absorption des graisses du lait de
femme sont très supérieurs (80 % versus 60 % dans les premiers jours et atteignant
11
rapidement 95% alors qu’il reste à 80 % à 3 mois pour le lait de vache). On sait aujourd’hui
que, pour l’essentiel, la meilleure digestibilité des graisses du lait de femme tient à la présence
en son sein d’une lipase dépendante des acides biliaires qui compense au niveau duodénal le
défaut de lipase pancréatique ; à cela s’y ajoute la structure différente des triglycérides.
Soixante-dix pour cent de l’acide palmitique (25 % des acides gras totaux) étant en position 2
sur le glycérol, ils sont bien absorbés sous forme de mono-glycéride, ce qui n’est pas le cas
pour le lait de vache. Ce n’est pas non plus le cas des lipides d’origine végétale qui
remplacent aujourd’hui, en tout ou en partie, les graisses lactiques dans les formules pour
nourrissons. Ce remplacement des graisses lactiques par un mélange de graisses végétales
dans les laits pour nourrissons est bien entendu effectué pour assurer les apports
indispensables en acides gras essentiels, acide linoléique (chef de file de la série “n-6”) et
acide α linolénique (chef de file de la série “n-3”) dans un rapport satisfaisant (entre 5 et 15).
Il en résulte cependant des désavantages à plusieurs égards. Le lait de femme est riche en
cholestérol (2,6 à 3,9 mM/l) alors que le lait de vache en apporte peu (0,3 à 0,85 mM/l) et que
les laits pour nourrissons, à 100 % d’huiles végétales, n’en apportent pas du tout. La
cholestérolémie est d’ailleurs plus élevée chez le nourrisson au sein. Si les conséquences de
ces faits ne sont pas aujourd’hui évidentes, il faut rappeler le rôle du cholestérol dans la
structure des membranes, comme précurseur hormonal et dans le développement cérébral.
Dans le syndrome de Smith-Lemli-Opitz, la carence très précoce, in utero, en cholestérol
endogène entraîne un syndrome malformatif grave dominé par une arriération mentale sévère.
Les effets à long terme de l’absence de cholestérol dans les laits pour nourrisson ne sont pas
aujourd’hui apparents. L’hypothèse selon laquelle une cholestérolémie plus élevée de l’enfant
au sein contribuerait à une maturation des récepteurs aux LDL et à une cholestérolémie plus
basse à long terme reste discutée. Une revue récente des études publiées conclut cependant à
une baisse du cholestérol total et du LDL-cholestérol à long terme, chez les enfants ayant été
nourris au sein, avec un effet bénéfique sur l’avenir cardiovasculaire (Vidailhet, 2003).
Beaucoup plus importante est la présence dans le lait de femme des acides gras polyinsaturés
(AGPI), acides gras essentiels mais aussi leurs homologues supérieurs, en particulier l’acide
arachidonique (AA : 0,46 g/ 100 g d’acides gras) dans la série linoléique et l’acide docosa-
hexaénoique (DHA) : 0,25 g/100 g d’acides gras) dans la série α-linolénique en raison de
leurs fonctions aux niveaux cérébral et rétinien. Ils sont totalement absents des formules pour
nourrissons, à l’exception de l’une d’entre elles. Leur rôle démontré dans les processus de
maturation cérébrale et rétinienne, l’immaturité des processus d’élongation et surtout de
désaturation qui permettent leur synthèse à partir des deux acides gras essentiels ont conduit à
12
un consensus sur la nécessité d’une supplémentation spécifique et équilibrée en AA et en
DHA des formules pour prématurés. Bien que certains travaux plaident dans ce sens, la
nécessité de supplémenter de la même façon les laits de premier âge n’est pas prouvée ; cette
supplémentation entraînerait sans aucun doute une augmentation du coût de ces laits
(Vidailhet, 2003).
Les glucides
Globalement, le lait de femme définitif comporte 75 g/l de glucides dont 63 g de lactose et 12
g d’oligosaccharides, alors que le lait de vache ne comporte que du lactose, les laits pour
nourrissons pouvant comporter, dans des limites réglementairement fixées, d’autres sucres,
comme la dextrine-maltose. Ces oligosaccharides constituent une autre originalité majeure du
lait de femme. Constitués de cinq sucres élémentaires de structure ramifiée (glucose,
galactose, N-acétylglucosamine, fucose, acide sialique), ils sont au nombre de plus de 130 et
représentent de véritables pré biotiques. Non digestibles au niveau du grêle, ils jouent un rôle
essentiel dans la mise en place de l’écosystème bactérien colique dominé, chez l’enfant nourri
au sein, par les bifidobactéries, en particulier bifidobacterium bifidum. Le rôle de ces
oligosaccharides (pratiquement totalement absents du lait de vache et des formules pour
nourrissons) dans la protection vis-à-vis des infections digestives, mais aussi extradigestives,
est aujourd’hui de plus en plus argumenté (Vidailhet, 2003).
Les sels minéraux
Le lait humain contient environ quatre fois moins de minéraux que le lait de vache. Cela
correspond à des besoins faibles chez le nouveau-né et contribue à diminuer la charge
osmotique rénale pendant la période de maturation de la fonction rénale des premiers mois de
vie.
Il y a quatre fois moins de calcium et six à sept fois moins de phosphore dans le lait humain
que dans le lait de vache. Cela tient aux richesses différentes de ces laits en caséine qui
incorporent du calcium et du phosphore dans leurs molécules. Ces apports limités du lait
humain sont cependant suffisants : en effet, d’une part l’absorption intestinale du calcium du
lait de femme est très élevée et, d’autre part, le rapport calcium/phosphore y est meilleur (2
contre 1,25 pour le lait de vache).
Le fer se trouve à des taux comparables dans les deux laits mais son utilisation est nettement
supérieure dans le lait humain (http://www.medix.free.fr/sim/avantages-allaitement-
maternel.php).
13
3. Evolution du lait maternel
3.1. Selon le stade de lactation
Au cours des premiers jours qui suivent l’accouchement (du premier au cinquième jour de
lactation), les seins produisent du colostrum. Le colostrum est particulièrement concentré en
protéines (et notamment en IgAs) et en cellules immunitaires. Il est relativement pauvre en
lactose et en lipides (http://www.medix.free.fr/sim/avantages-allaitement-maternel.php).
Après le cinquième jour de lactation, le lait produit est appelé lait transitionnel et correspond à
un lait plus abondant et dont la composition se modifie plus rapidement pour atteindre celle
du lait mature vers le 15e jour de lactation (http://www.medix.free.fr/sim/avantages-
allaitement-maternel.php).
Le lait mature est moins épais que le lait de vache, mais il contient tous les éléments nutritifs
dont le bébé a besoin pour croître (King and Benoist, 1996).
14
III- Situation de l’allaitement
1. Définitions
La notion d’allaitement maternel est vaste avec plusieurs composantes qui sont définies
différemment (Latham et al., 2006) :
Le terme « allaitement » est réservé à l’alimentation du nouveau-né ou du nourrisson
par le lait de sa mère.
Allaitement exclusif ou allaitement intégral. On entend par allaitement exclusif la
pratique consistant à nourrir un bébé uniquement de lait maternel (éventuellement du lait
maternel exprimé) sauf indication médicale. On peut également donner au bébé des vitamines.
L’initiation précoce à l’allaitement est le fait de mettre le nouveau-né au sein pendant
la première heure de vie. Elle est essentielle pour la survie du nouveau-né et pour
l’établissement de l’allaitement à long terme.
Allaitement prédominant. Se dit quand le lait maternel, y compris le lait exprimé ou
celui d’une nourrice, constitue la principale source de nourriture du nouveau‐né ou du
nourrisson. Toutefois, le nourrisson peut aussi recevoir d’autres liquides (eau et boissons à
base d’eau, jus de fruit) des liquides administrés à des fins rituelles et des sels de
réhydratation orale, des gouttes ou des sirops (vitamines, minéraux et médicament).
Allaitement partiel ou mixte. Se dit pour un allaitement inferieur au volume de
l’allaitement intégral. C'est‐à‐dire qu’il est associé une autre alimentation à base de produits
comme les substituts du lait maternel, les céréales, l’eau sucrée ou non, ou toute autre
nourriture.
La réception passive (par l’intermédiaire d’une tasse, d’une cuillère, d’un biberon) du
lait maternel exprimé est considéré comme un allaitement même s’il ne s’agit pas d’un
allaitement au sein (Latham et al., 2006).
15
À l’échelle mondiale, 43 % des nouveau-nés reçoivent des liquides ou des aliments autres que
le lait maternel au cours de leurs trois premiers jours de vie. Il s’agit le plus souvent d’eau
sucrée, de miel, de thé, de préparation pour nourrissons ou d’eau (UNICEF, 2019).
En Afrique de l’Ouest et du Centre, l’eau est le liquide le plus couramment donné aux
nourrissons durant les trois jours qui suivent leur naissance, ce qui peut les exposer à des
agents pathogènes et à d’autres substances potentiellement mortelles (UNICEF, 2019).
En Amérique latine et aux Caraïbes, de nombreux bébés sont uniquement nourris avec des
substituts du lait maternel. Au Mexique, par exemple, 48 % des nourrissons âgés de 0 à 5
mois et 33 % des enfants âgés de 6 à 11 mois consomment des préparations pour nourrissons,
tandis que seuls 35 % des enfants de moins de 2 ans sont nourris au lait maternel (UNICEF,
2019).
16
1.1. Prévention des infections
Il s’agit du principal bénéfice-santé de l’allaitement, responsable d’une diminution de la
morbidité et de la mortalité chez l’enfant nourri au sein, y compris dans les pays industrialisés
(Turck, 2005).
A la naissance, le nouveau-né a un système immunitaire immature. Il a donc besoin d’une
protection efficace en attendant qu’il soit capable de synthétiser ses propres éléments de
défense. Le lait maternel intervient alors à plusieurs niveaux (Lönnerdal, 2003).
Il contribue à atténuer l’immaturité immunitaire du nouveau-né, en retardant l’involution de la
glande thymique. Il a alors un impact positif sur la fonction lymphocytaire (Lönnerdal, 2003).
Il contient des substances qui ont une action Immuno-modulatrice, participant ainsi au
développement du système immunitaire du jeune enfant : des hormones (Adreno Cortico
Tropic Hormone ou ACTH, cortisol, Thyrotropin-Releasing Hormone ou TRH), des facteurs
de croissance, des cytokines, des lactoferrines, des nucléotides, oligosaccharides, des acides
gras polyinsaturés…etc (Lönnerdal, 2003).
Il participe aussi directement à la défense contre les infections en s'opposant au
développement des bactéries, virus et champignons par la présence de nombreuses protéines
et cellules ayant une action cytolytique sur certains agents pathogènes : Transport d'anticorps
(immunoglobulines), activité bactéricide (lactoferrines, lysozyme), inhibition du
développement bactérien (kappa-caséine), activité antimicrobienne (lactoperoxydase),
destruction des micro-organismes agresseurs(médiateurs de la phagocytose)...
Il favorise le développement de germes bénéfiques (bifidobactéries et lactobacilles), aux
dépens des bactéries pathogènes dans l’intestin, et exerce ainsi un pouvoir de protection
contre certaines infections (nombreux facteurs antimicrobiens, peptides à effet bifidogène, et
abaissement du pH intestinal lié à l'ingestion du lait maternel) (Lönnerdal, 2003).
Il contient des substances qui renforcent les défenses épithéliales intestinales et respiratoires
par un effet barrière contre l'implantation des germes pathogènes (des hormones : ACTH,
cortisol, vasoactive intestinal peptide..., des facteurs de croissance, des cytokines,
oligosaccharides ...) (Lönnerdal, 2003).
17
mère-enfant, investissement parental). Il est possible que la différence puisse tenir au fait que
les femmes nourrissant leur bébé au sein assurent un environnement affectif différent et une
stimulation cognitive plus grande. Parmi les facteurs susceptibles d’expliquer les bénéfices de
l’allaitement sur le développement psychoaffectif, il faut citer la présence de l’acide
arachnoïde et de l’acide docosahexaenoïque dont le rôle dans les maturations de la rétine et du
cortex cérébral est démontré (Picaud, 2008).
Au final, l’allaitement apporte un bénéfice sur le plan cognitif, modeste mais démontré dans
la majorité des études et dont il serait dommage de ne pas faire bénéficier l’enfant (Picaud,
2008).
18
1.5. Prévention du risque cardio-vasculaire
L’allaitement pourrait diminuer la pression artérielle par la réduction de l’apport en sodium
dans les premiers mois de vie, mais aussi par la teneur importante en acides gras polyinsaturés
à longues chaînes du lait maternel. En effet, ces acides gras sont d’importants composants
structurels des systèmes membranaires, entre autre de l’endothélium vasculaire. En ce qui
concerne les concentrations plus faibles de cholestérol sanguin et de lipoprotéines de faible
densité chez les adultes qui ont été allaités, elles pourraient être associées aux différences
entre la teneur en nutriments du lait humain et celle des préparations pour nourrissons. La
teneur élevée en cholestérol du lait maternel pourrait expliquer les plus hautes concentrations
de cholestérol total et de lipoprotéines de faible densité (LDL) chez les enfants, ce qui
entraînerait une forme de programmation nutritionnelle menant à une réduction de la synthèse
endogène de cholestérol (Latham et al., 2006).
19
validée par plusieurs instances internationales (UNICEF et OMS notamment) pour la
première fois en 1988 et n’a pas été démentie depuis. La mère doit allaiter de manière
exclusive son enfant qui doit être âgé de moins de 6 mois et elle doit rester en aménorrhée
(pas de retour de couche). Les intervalles entre les tétées ne doivent pas dépasser 6 heures
(Samaké et al., 2007).
20
dans le tissu mammaire diminuent chez les femmes ayant allaité leurs enfants. Quoique
controversées, les données épidémiologiques indiquent que la fixation de ces xénoestrogènes
dans la glande mammaire pourrait être cancérigène pour l’humain (Mathelin et al., 2007).
Grâce à l’excrétion de ces carcinogènes stockés dans les cellules adipeuses du sein, le lait
pourrait donc participer à la diminution du risque du cancer du sein (Mathelin et al., 2007).
21
3. Avantages pour la famille
Moins de dépenses (biberons, lait, eau, bois etc.) ; Bébé est moins souvent malade (moins de
dépenses) ; Développe l’harmonie dans la famille (Samaké et al., 2007).
5. Prévention de l’environnement
La production du lait industrialisé pollue comme toute activité industrielle. Le recours aux
préparations pour nourrisson engendre par ailleurs de nombreux déchets à traiter
contrairement à l’allaitement : (boites en métal, couvercle en plastique, chauffe biberon)
(Samaké et al., 2007).
V- L’ALLAITEMENT EN PRATIQUE
1. Signes d’efficacité d’un allaitement
Les signes d’un allaitement efficace sont multiples. D’abord, du côté de la maman, elle
ressent des picotements, une chaleur et une tension du sein tété. L’autre sein a tendance à
couler pendant que le premier est tété. Une sensation de soif est fréquente car la production
lactée nécessite beaucoup d’eau des réserves de la maman, elle ne doit d’ailleurs pas hésiter à
boire pendant la tétée si elle a soif. En fin de tétée, le sein doit être souple, ce qui signifie qu’il
a été vidé (Loras-Duclaux, 2001).
Du côté du bébé, il existe plusieurs paramètres à surveiller afin de conclure sur l’efficacité de
l’allaitement maternel. D’abord, le nourrisson s’éveille spontanément et tète 8 à 12 fois par
jour le premier mois, puis 6 à 8 fois par jour les mois suivants. Les déglutitions lors de la tétée
sont fréquentes et régulières. Suffisamment hydraté par le lait que le bébé a reçu, il urine
normalement, ce que les parents reconnaîtront aux cinq à six couches mouillées par jour. Les
selles sont généralement liquides, initialement présentes plus de trois fois par jour, puis plus
espacées (une par jour à une tous les deux jours), mais toujours de consistance molle. Le
nourrisson semble calme après la tétée. Enfin, les parents doivent contrôler la croissance
staturo-pondérale de leur enfant. Une prise de poids de 140 à 250 g par semaine indique
l’efficacité de l’allaitement. Il est déconseillé de peser l’enfant tous les jours car cela devient
anxiogène pour les parents (Loras-Duclaux, 2001).
22
2. Description d’une bonne prise de sein
Les signes indiquant une bonne prise de sein par le bébé sont :
La mère est détendue, à l’aise et le dos soutenu (pas penchée vers l’enfant) ;
Tout le corps de l’enfant est près de sa mère et lui fait face.
Sa bouche est près du sein.
Son menton touche le sein.
Sa bouche est largement ouverte.
Sa lèvre inférieure est tournée vers l’extérieur.
L’aréole est plus visible au-dessus de sa lèvre supérieure qu’en dessous de sa lèvre
inférieure.
Le bébé tète lentement et prend des gorgées profondes.
Le bébé est détendu et content.
Il est satisfait à la fin de la tétée.
La mère ne ressent pas de douleurs au mamelon.
On voit et entend le bébé déglutir, au début très vite, puis plus lentement au fur et à
mesure qu’il se rassasie (King and Benoist, 1996).
3. Les différentes positions d’allaitement
3.1. Madone
Assise sur votre lit ou dans un fauteuil, des coussins pour soutenir vos épaules et vos bras,
vous tenez bébé contre vous, le corps tourné vers votre sein (petite astuce : vous ne devez pas
voir son nombril!); sa tête repose sur votre avant-bras ou au creux de votre coude; votre
avant-bras soutient son corps, et votre autre bras soutient ses fesses ou sa cuisse (OMS, 2011).
3.3. A califourchon
Confortablement installée, le dos droit et soutenu par un coussin, vous tenez bébé assis à
califourchon sur une de vos cuisses, tout en le maintenant fermement au niveau des reins et
23
plus légèrement au niveau de la tête (OMS, 2011).
3.4. Allongée
Allongée sur le côté, votre bébé vous fait face, ses genoux doivent être près de votre corps.
Vous le soutenez dans le dos avec votre main et éventuellement, avec un coussin afin qu'il ne
"roule" pas sur le dos! Une position reposante pour vous comme pour lui, particulièrement si
vous avez subit une césarienne ou une épisiotomie (OMS, 2011).
24
Traitement :
Nettoyage et séchage du mamelon après chaque tétée ;
Une application de crèmes grasses et / ou cicatrisantes (Triaa, 2009).
5.2. Engorgement mammaire
Il peut être uni ou bilatéral. La forme bilatérale, contemporaine de la montée laiteuse, est la
conséquence d’un asynchronisme entre la lactogènes, déjà opérationnelle, et les mécanismes
d’éjection du lait, encore inefficaces. L’engorgement régresse habituellement en deux ou trois
jours.
Le diagnostic repose sur les éléments suivants :
les deux seins sont durs, tendus et douloureux;
fièvre modérée à 38°C.
Le traitement :
Douches chaudes sur les seins ;
Massage circulaire des seins avant les tétées ;
Pansements antiphlogistiques type Osmogel ;
Eventuellement et de façon ponctuelle, injection intramusculaire d’Ocytocine
(Syntocinon) vingt minutes avant la tétée pour favoriser l’éjection du lait ;
Rassurer la femme (Triaa, 2009).
5.3. Lymphangite mammaire
Conséquence d’un engorgement mal pris en charge. Elle survient 5 à 10 jours après
l’accouchement et se manifeste par des signes mammaires très importants.
Diagnostique
Le début est brutal, avec fièvre à 39-40°C ;
À l’examen on note un placard rouge, chaud, douloureux de la face externe du sein,
avec une traînée rosâtre vers l’aisselle et une adénopathie axillaire douloureuse ;
Le lait recueilli avec un coton est propre, sans trace de pus.
Une lymphangite régresse en 24 à 48 h si elle est correctement traitée, mais il existe une
évolution possible vers une galactophorite si la guérison est incomplète.
Le traitement repose sur :
La suspension temporaire de l’allaitement avec le sein douloureux ;
Le lait doit être tiré et jeté pour bien vider le sein (à l’aide d’un tire lait),
L’allaitement doit être poursuivi avec l’autre sein ;
Donner de l’aspirine ou un anti-inflammatoire non stéroïdien ;
25
Pansements antiphlogistiques type Osmogel.
L’antibiothérapie est controversée. En principe inutile, elle est prescrite par certains pour
enrayer une évolution vers une galactophorite. C’est une antibiothérapie per os active sur le
staphylocoque et compatible avec l’allaitement type pénicilline M. (Bristopen) pendant 7
jours (Triaa, 2009).
5.4. Galactophorite
C’est une infection des canaux galactophores, le plus souvent par un staphylocoque. Le risque
est l’évolution vers un abcès mammaire.
Le diagnostic repose sur les éléments suivants :
Il s’agit d’un accident plus tardif, au moins 15 jours après l’accouchement;
Le début est progressif sur plusieurs jours ;
Fièvre modérée à : 38 à 38.5°c ;
Douleur de l’ensemble du sein, qui est plus ferme que l’autre ;
Le lait recueilli sur un coton est mélangé de pus (Signe de Budin).
Le traitement repose sur :
Une antibiothérapie per os active sur le staphylocoque type pénicillines M, (Bristopen,
Orbénine), pendant 8 jours ;
Suspension de l’allaitement jusqu’à la guérison clinique ;
Le lait est tiré et jeté ;
C’est souvent l’occasion d’un arrêt définitif (Triaa, 2009).
26
L’antibiothérapie n’est qu’un traitement adjuvant ;
L’allaitement doit être interrompu (Triaa, 2009).
27
CHAPITRE II
MATERIEL ET METHODES
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODE
I- SITE D’ETUDE
L’étude s’est déroulée dans les districts sanitaires de Do et de Dafra, dans la province du
Houet. Dans ces districts, quatre (04) Centres de Santé et de Promotion Sociale (CSPS)
étaient concernés par l’étude. A savoir deux CSPS pour le district sanitaire de Dafra (dont un
CSPS urbain et un CSPS rural) et deux pour le district sanitaire de Do (dont un CSPS urbain
et un CSPS rural). Ces CSPS ont été choisis de façon aléatoire.
29
Le district sanitaire (DS) de Do est l’un des huit districts de la Région des Hauts Bassins. Il
partage avec les DS de Lena, Karangasso-Vigué, Dafra et Dandé les limites administratives de
la province du Houet. District semi-urbain, il couvre une partie des arrondissements de la
commune urbaine de Bobo-Dioulasso (arrondissement 1, 2 ,3 ,6 et 7) et les communes rurales
de Péni, de Karangasso-Sambla et de Toussiana. Le district couvre 4 départements avec 15
secteurs, 53 villages administratifs, et 128 hameaux de cultures. Il compte au total 17 centres
de santé et de promotion sociale et un Centre Médical avec Antenne chirurgicale (CMA).
Avec une superficie de 3208,5 km2, le district sanitaire de Dô est limité :
A l’Est, par les districts de Dafra et Karangasso-Vigué ;
A l’Ouest, par le district de Orodara (Province du Kénédougou);
Au Nord, par le district de Dandé ;
Au Sud, par les districts de Banfora et de Mangodara (région Sanitaire des
Cascades).
La population du district est estimée à 514 036 habitants répartie dans les différentes
communes. Sa densité moyenne est d’environ 160,2 habitants au kilomètre carré. Le taux de
fécondité est de 5,2 enfants par femme avec un intervalle inter génésique de 24 mois en 2010
et le taux de natalité de 46 pour 1000. La population est à majorité jeune et plus de 80% vit en
zone urbaine.
Les données réactualisées du taux de mortalité au Burkina Faso donnent un taux brut de
mortalité de 11,8 pour mille. Selon l’EDS 2010, la mortalité infantile est à 65 pour mille,
infanto juvénile à 129 pour 1000 et maternelle à 341 pour 100 000 naissances vivantes. En ce
qui concerne l’espérance de vie, elle se situe autour de 56,7 ans.
30
Au Sud, par les districts de Banfora et de Mangodara (région Sanitaire des
Cascades).
La population
Figure 4: Cartedududistrict
District
estSanitaire
estimée àde263
Dafra
869 habitants répartie dans la commune. Sa densité
moyenne est d’environ 213 habitants au kilomètre carré. La population est à majorité jeune et
plus de 80% vit en zone urbaine.
2. Période d’étude
L’étude s’est déroulée sur une période de cinq (05) mois, du 23 février au 19 juillet 2020.
3. Population d’étude
La population d’étude est constituée des mères d’enfants de 6 à 23 mois venues pour une
consultation du nourrisson sain (CNS) dans les centres de santé retenus pour mener l’étude.
31
3.1. Critères d’inclusion
Ont été incluses dans cette étude :
Les mères d’enfant de 6 à 23 mois ;
Venues pour CNS dans l’un des CSPS retenus ;
Résidant dans l’aire sanitaire de l’un des CSPS retenus ;
Acceptant de participer à l’étude.
4. Echantillonnage
4.1. Méthode de sondage
Pour cette étude, nous avons utilisé une méthode de sondage à trois degrés. Le sondage du
1er degré a consisté à faire le choix des deux districts sanitaires. C’est ainsi que les districts
sanitaires de Do et de Dafra ont été choisis grâce à un sondage non probabiliste basé sur le
critère de l’accessibilité facile.
Le sondage du 2e degré a consisté à sélectionner les CSPS concernés par l’étude. Pour cela,
nous avons utilisé la technique de sondage aléatoire simple sur la base respectivement d’une
liste de CSPS urbains et d’une liste de CSPS ruraux par district sanitaire.
Le sondage du 3e degré a consisté à sélectionner les mères d’enfants ayant constituées notre
population d’étude. Cette sélection a été faite sur la base de l’ordre d’arrivée des mères dans
les différents CSPS retenus pour l’étude. Pour cela, des tickets numérotés ont été distribué aux
mères afin que chacune d’elles puisse connaître son rang.
2
t × p(1− p)
n=
i²
Avec :
32
n= taille de l’échantillon
t= niveau de confiance à 95% (valeur type 1,96)
P= prévalence
i= marge d’erreur à 5% (0,05)
La prévalence de l’allaitement exclusif jusqu’à 6 mois dans la région des Hauts Bassins est de
52,3% (Ministère de la Santé, 2018).
P= 0,523
(1 , 96)² × 0,523(1−0,523)
La taille de l’échantillon n=
(0 , 05)²
Soit n= 383,3
Avec une prévalence attendue de 52,3% d'allaitement exclusif, un risque d'erreur de 5%, avec
un seuil de confiance de 95%. La taille minimale calculée des mères d’enfant de 06 à 23 mois
à enquêter a été de 383 enfants. Sur les 383 mères à enquêter, 354 mères ont pu être atteints
soit 92,4% de cet échantillon.
5. Collecte des données
Les données ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire structuré sur la base des lignes
directrices pour l’évaluation des connaissances, attitudes et pratiques en matière de nutrition
du nourrisson et du jeune enfant. Ce questionnaire a été préalablement testé pour l’adapter
afin de s’assurer de la compréhension des cibles sur le questionnaire et d’apporter
d’éventuelles corrections. Ce test a été effectué dans des formations sanitaires différentes de
celles retenues pour l’étude auprès des mères d’enfant de 06 à 23 mois.
Pour la collecte des données nous avons utilisé la technologie mobile grâce à l’application
Open Data Kit collect (ODK collect). ODK collect est une application de collecte de données
sur un smartphone ou une tablette. Elle remplace l’enquête sur papier par une enquête sur
support électronique.
6. Déroulement de l’entretien
Au cours de l’entretien, la mère est mise à l’écart des autres femmes, dans un endroit
calme où elle était mise en confiance tout en l’expliquant les objectifs de l’étude et
l’anonymat de l’identité à l’issu de l’enquête. Pour les cas de différences linguistiques une
interprète se chargeait de la traduction entre l’enquêteur et l’enquêtée.
7. Considérations éthiques
Une lettre a été adressée au Directeur Régionale de la Santé de la région des Hauts Bassins
pour obtenir une autorisation de collecte pour la réalisation de l’étude.
33
Les mères enquêtées ont été informées sur le but de l’étude et sur la manière de procéder. Le
consentement verbal éclairé des enquêtées a été demandé et des dispositions ont été prises
pour éviter tout incident pouvant survenir au cours de l’enquête. La confidentialité et
l’anonymat des données ont été garantis.
2. Définition de variables
La variable expliquée est la pratique de l’AE. Les variables explicatives sont consignées dans
le tableau suivant :
34
Tableau II: liste des variables explicatives
3. Matériel utilisé
Les logiciels utilisés étaient le logiciel Statistical Package for the Social Sciences (SPSS) v20
et l’application Excel 2013. Le logiciel SPSS v20 a été utilisé pour l’analyse bi variée et la
régression logistique tandis que l’application Excel 2013 a été utilisée pour la construction des
graphiques. Les résultats obtenus étaient consignés dans le chapitre suivant.
35
CHAPITRE III
RESULTATS ET DICUSSION
CHAPITRE III : RESULTATS ET DICUSSION
37
Groupe d’âge des mères
≤ 25 ans 162 45,8
26-35 ans 139 39,3
≥ 35 ans 53 14,9
Moyenne d’âge (+/- ET) 27,28 (+/- 6,15)
Niveau d'instruction des mères
Primaire 96 27,1
Secondaire 86 24,3
Supérieur 22 06,2
Sans niveau 150 42,4
Niveau d'instruction du conjoint
Primaire 130 36,7
Secondaire 103 29,1
Supérieur 31 08,8
Sans niveau 90 25,4
Statut profession de la mère
Ménagère 197 55,6
Elève / étudiante 36 10,2
Commerçante 101 28,5
Fonctionnaire 20 05,7
Statut profession du conjoint
Cultivateur 92 26
Elève / étudiant 09 02,5
Commerçant 137 38,7
Fonctionnaire 116 32,8
Situation matrimoniale
Non en couple 34 09,6
En couple 320 90,4
Parité de la mère
Primipare 143 40,4
Multipare 211 59,6
Lieu d’accouchement
Domicile 12 03,4
Centre de santé 342 96,6
Type d’accouchement
Voie basse 333 94,1
Césarienne 21 05,9
Tableau IV (suite) : Caractéristiques sociodémographiques des parents et leurs enfants
Caractéristiques Effectif (N) Pourcentage (%)
Sexe de l’enfant
Masculin 172 48,6
38
Féminin 182 51,4
Groupe d’âge des enfants
6 à 11 mois 235 66,4
12 à 17 mois 96 27,1
18 à 23 mois 23 06,5
Moyenne d’âge (+/- ET) 10,53 (+/- 3,98)
Milieu de résidence des mères
Rural 147 41,5
Urbain 207 58,5
Allaitement exclusif
39
Oui 218 61,6
Non 136 38,4
Âge moyen d’AE (+/- ET) 4,45 (+/- 2,27)
Connaissance d’au moins un avantage de l’AE
Oui 244 68,9
Non 110 31,1
Nombre de CPN
0 CPN 04 01,1
1 à 3 CPN 51 14,4
≥ 4 CPN 299 84,5
Conseils reçu sur l’AE
Oui 326 92,1
Non 28 07,9
Pratique de la mise au sein précoce
≤ 1 heure 117 33,1
2h à 6h 188 53,1
≥ 6 heures 49 13,8
Don du colostrum
Oui 336 94,9
Non 18 05,1
3. Analyse de corrélation
Le seuil critique que nous avons retenu pour la mise en œuvre du test pour toutes les variables
est de 5%. Si la probabilité associée à une valeur de khi deux (p-value) est inférieure au seuil
critique de 5% retenu, alors l’association entre cette variable explicative et la variable
expliquée est statistiquement significative.
40
Tableau VI : corrélation entre la pratique de l’allaitement exclusif et les caractéristiques
sociodémographiques
41
Primipare 143 77 66
Multipare 211 141 70
Lieu d’accouchement
Domicile 12 05 07 0,149
Centre de santé 342 213 129
Type d’accouchement
Voie basse 333 213 120 0,00
Césarienne 21 05 16
Sexe de l’enfant
Masculin 172 99 73 0,130
Féminin 182 119 63
Groupe d’âge des enfants
6 à 11 mois 235 143 92
0,899
12 à 17 mois 96 61 35
18 à 23 mois 23 14 09
Milieu de résidence des mères
Rural 147 106 41 0,001
Urbain 207 112 95
42
0 CPN 04 02 02
1 à 3 CPN 51 30 21 0,802
≥ 4 CPN 299 186 113
Conseils reçu sur l’AE
Oui 326 212 114 0,00
Non 28 06 22
Pratique de la mise au sein précoce
≤ 1 heure 117 86 31
0,00
2h – 6h 188 115 73
≥ 6 heures 49 17 32
Don du colostrum
Oui 336 212 124 0,011
Non 18 06 12
Intervalle de
Degré de Signifi- Odd
Caractéristiques confiance
liberté cativité ratio
Inférieur supérieur
Niveau Primaire 3 0,001
d’instruction du Secondaire 1 0,001 3,894 1,780 8,518
43
Supérieur 1 0,001 6,918 2,258 21,198
père Non scolarisé 1 0,006 2,607 1,310 5,189
Cultivateur 3 0,005
Elève /
Profession du étudiant 1 0,493 0,508 0,073 3,524
père
Commerçant 1 0,006 3,264 1,412 7,545
Fonctionnaire 1 0,601 1,309 0,477 3,589
Milieu de Rural
résidence Urbain 1 0,160 1,564 0,838 2,918
Primipare
Parité de la mère
Multipare 1 0,429 0,802 0,464 1,386
Prise du Oui
colostrum Non 1 0,396 1,793 0,465 6,906
Connaissance Oui
d’au moins un
avantage de l’AE Non 1 0,000 2,985 1,665 5,351
II- DISCUSSION
Le lait maternel est reconnu universellement pour être l’aliment idéal pour le nourrisson
(Borade and Hanumante, no date). Il favoriserait la croissance et le développement de l’enfant
et contribuerait à réduire l’incidence et la gravité des maladies infectieuses telles que les
pneumonies et les gastroentérites. Il pourrait agir par ailleurs comme facteur de protection
contre le risque de cancer du sein et des ovaires chez la femme. Cependant, pour bénéficier de
44
ces avantages, il est recommandé d’allaiter exclusivement les enfants durant les six premiers
mois de vie (Borade and Hanumante, 2008).
Dans cette étude, le taux global de pratique de l’allaitement exclusif était de 61,6 %. Ce taux
est supérieur au taux d’AE de la région des Hauts Bassins estimé à 54,1% en 2019 (Faso et
al., 2020) et largement supérieur aux objectifs de l’Assemblé Mondial de la Santé (AMS) qui
visaient un taux d’AE d’au moins 50% d’ici 2025 (https://www.aliveandthrive.org/fr/country-
stat/burkina-faso/). Cela pourrait probablement s’expliquer par le fait que presque toutes les
enquêtés (92,1%) avaient reçu des conseils sur la pratique de l’AE et plus de deux tiers
(68,9%) connaissaient un des avantages de l’AE. En effet plusieurs études dont la nôtre ont
montré que la connaissance des avantages de l’AE et le fait d’avoir reçu des conseils sur la
pratique de l’AE étaient des facteurs favorisant considérablement cette pratique (Diawara,
2015 ; Kaboré, 2016).
Dans la présente étude, l’âge de la mère n’avait aucune relation statistiquement significative
avec la pratique de l’allaitement exclusif (p-value = 0,707). Par contre, d’autres étude
notamment celles issues des pays industrialisées ont trouvé une association entre l’âge de la
mère et la pratique de l’allaitement (Scott and Binns, 1999 ; Dubois and Girard, 2003).
Pour ce qui est du niveau d’instruction des mères, il n’était pas associé à la pratique de
l’allaitement exclusif (p-value = 0,385). Ce qui est contraire au constat fait par d’autres
auteurs (Ogunlesi, 2010) qui soutiennent que les mères instruites étaient plus susceptibles
d’avoir un meilleur accès et une meilleure utilisation de l’information que les mères ayant un
niveau d’instruction bas, ce qui contribue à améliorer la nutrition des enfants. Cette situation
tend à différer de ce qui a été la réalité dans les pays en développement depuis de longues
années, où les nouveau-nés de mères illettrées avaient 1,9 fois plus de chance d’être allaités
que ceux dont la mère avait suivi sept ans d’études (Grummer-Strawn, 1996).
Nous n’avons pas aussi trouvé une association statistiquement significative entre le statut
professionnel de la mère et la pratique de l’AE (p-value = 0,361). Ce fut le même constat pour
Labarère en 2001 (Labarère, J., Dalia-Lana, C., Schelstraete, C. et al. 2001). Cependant
plusieurs auteurs attestent que le statut professionnel de la mère est un élément déterminant de
la pratique de l’AE (Coulibaly et al., 2014 ; Diawara, 2015).
Quant au niveau d’instruction du conjoint, cette association était statistiquement significative
(p-value = 0,01). Les mères dont les conjoints avaient un niveau primaire avaient plus
tendance à pratiquer l’AE. Ainsi une mère de conjoint ayant un niveau supérieur avait 6,91
plus de chance de ne pas pratiquer l’AE par rapport à une mère dont le conjoint avait un
niveau primaire.
45
Dans la société, l’activité économique du père de famille joue un rôle important dans le choix
de la famille en matière de préférence nutritionnelle. Dans cette étude nous avons noté une
association statistiquement significative entre le statut professionnel du père et la pratique de
l’AE (p-value = 0,04). Ce résultat confirme celui de Diawara au Mali (Diawara, 2015).
Cependant, pour cette étude, les mères de conjoints cultivateurs avaient plus tendance de
pratiquer l’AE. Ainsi, une mère de conjoint commerçant aurait 3,26 fois plus de chance de ne
pas pratiquer l’AE par rapport à une mère dont le conjoint est cultivateur. Cette situation
pourrait s’expliquée non seulement par un faible niveau d’instruction des conjoints (plus de
50% des conjoints ont un niveau d’étude inférieur ou égal au niveau primaire) mais aussi par
le manque de moyen financier pour s’acquérir les substituts du lait maternel.
Pour ce qui concerne la situation matrimoniale, nous n’avons non plus trouvé une relation
statistiquement significative avec la pratique de l’AE (p-value = 0,728). Par contre, une étude
sur les déterminants de la pratique de l’allaitement exclusif en Éthiopie a révélé que les
femmes célibataires pratiquaient deux fois plus l’allaitement exclusif par rapport aux femmes
mariées (Alemayehu, Haidar and Habte, 2009). Au Canada, la vie en couple a été identifiée
comme l’un des facteurs principaux influençant la pratique de l’AE (Al-Sahab et al., 2010).
Une autre étude a permis de mettre en évidence le fait de vivre en couple, comme facteur
contribuant à la poursuite de l'allaitement au-delà de deux mois chez les jeunes mères
canadiennes (Bell et al., 2015). Cette observation pour la présente étude pourrait s’expliquer
par le fait que presque toutes nos enquêtées (90,4%) vivaient en couple.
Les résultats de cette ont montré que la pratique de l’AE était associée à la parité de la mère
(p-value = 0,014). En effet, le fait d’être multipare serait favorable à la pratique de l’AE et
une mère multipare aurait 80,2% plus de chance de pratiquer l’AE par rapport à une mère
primipare. Ce fut le même constat en Tanzanie (Shirima, Gebre-Medhin and Greiner, 2001).
En France, une étude a montré que la parité de la mère influençait sur l’initiation et la durée
de l’allaitement (Malaterre Protais, 2017). Ce résultat pourrait être attribué au fait que
l’expérience d’allaitement antérieur soit associée de façon très significative au choix du mode
d’allaitement (Triaa, 2009). Ainsi, une femme qui a déjà allaité exclusivement aurait plus
tendance à opter de nouveau pour l’allaitement exclusif.
Pour notre étude, la pratique de l’AE n’était pas associée au lieu d’accouchement (p = 0,149).
Ce qui est contraire au résultat trouvé au Mali plus précisément à Bèlèko (Diawara, 2015), où
le lieu d’accouchement a été identifié comme associé à la pratique de l’AE.
Contrairement au lieu d’accouchement, le mode d’accouchement était lié à la pratique de
l’AE (p = 0,00). Les mères qui accouchaient par césarienne pratiquaient moins l’allaitement
46
exclusif. Cette observation est similaire à celle faite par l’étude d’Al- Sahab (Al-Sahab et al.,
2010), où les femmes qui accouchaient par voie basse pratiquaient davantage l’allaitement
exclusif .Tchenar en Algérie rapportait aussi que le mode d’accouchement et la parité étaient
des facteurs influençant la pratique de l’allaitement exclusif (Tchenar, 2017). En effet, la
césarienne a toujours été citée parmi les obstacles à la pratique de l’allaitement exclusif en
raison de l’effet de l’anesthésie qui ne serait pas favorable à une mise au sein précoce et de la
douleur de la plaie opératoire rendant difficile le positionnement de l’enfant lors des tétées
(Coulibaly et al., 2014).
Pour ce qui est des facteurs liés à l’enfant, c’est-à-dire le sexe (p = 0,130) et l’âge (p = 0,899)
de l’enfant, pour cette étude ils n’ont aucune influence sur la pratique de l’AME. Cependant,
KABORE dans son rapport, a mis en évidence l’influence du sexe de l’enfant sur cette
pratique. En effet, il a montré que si un nourrisson est de sexe féminin, alors sa mère a
25,94% moins de chance de pratiquer l’AE par rapport à une mère dont le nourrisson est de
sexe masculin (Kaboré, 2016). Par contre, les résultats de l’enquête par grappes à indicateurs
multiples (MICS) 2010 au Mali ont montré que Le sexe féminin favoriserait la pratique de
l’AE (Institut National de la Statistique, 2016). Au Nigéria, l’influence du sexe de l’enfant sur
la pratique de l’AE a aussi été mise en évidence (Agho et al., 2011).
Pour cette étude, nous avons trouvé une relation statistiquement significative entre la pratique
de l’AE et le lieu de résidence (p = 0,001). En effet, selon les résultats, le fait de vivre en
milieu rural serait favorable à la pratique de l’AE ; car les mères vivant en milieu urbain
auraient 1,56 fois moins de chance de pratiquer l’AE. Pourtant, en Tanzanie, la résidence des
parents dans un milieu urbain a été désignée favorables à la pratique de l’allaitement exclusif
(Shirima, Gebre-Medhin and Greiner, 2001).
Par ailleurs, excepté le nombre de CPN, les autres facteurs liés aux connaissances et pratique
des mères influençaient de manière statistiquement significative la pratique de l’AE. Il s’agit
notamment de la connaissance d’au moins un avantage de l’AE, du fait d’avoir reçu des
conseils sur l’AE, de la pratique de la mise au sein précoce et du don du colostrum. Ces
résultats corroborent ceux de plusieurs études antérieures (Thu et al., 2012; Traoré et al.,
2014; Diawara, 2015). Concernant le nombre de CPN, il a aussi été mis en évidence par
plusieurs études comme facteur influençant positivement la pratique de l’AE. En effet,
KABORE et TRAORE avaient montré que les chances pour une mère de pratiquer l’AE
augmenteraient avec le nombre de CPN (Traoré et al., 2014; Kaboré, 2016).
La méthode de sondage utilisée et la réalisation de l’étude au niveau provincial constituent les
principales limites de l’étude. En effet, un sondage à plusieurs degrés est moins précis qu’un
47
sondage aléatoire simple par exemple, pour une même taille d’échantillon : on parle d’effet de
grappe.
48
CONCLUSION
CONCLUSION
A travers cette étude, nous voulons contribuer à la mise en évidence des facteurs associés à la
pratique de l’AE ; car une bonne connaissance des facteurs associés à l’AE permettra de
réorienter les activités de promotion de l’allaitement, afin d’améliorer considérablement la
pratique de l’allaitement exclusif pour le bien-être des enfants.
Nos résultats ont montré une association entre la pratique de l’AE et les facteurs tels que le
niveau d’instruction du conjoint, la profession du conjoint, la parité de la mère, le type
d’accouchement, le milieu de résidence des parents, la connaissance d’un avantage de l’AE, le
fait d’avoir reçu des conseils sur l’AE, la pratique de la mise au sein précoce et le don du
colostrum.
Les facteurs ainsi identifiés sont modifiables. Leur prise en charge permettra d’améliorer la
pratique de l’allaitement exclusif dans les districts sanitaire de Do et de Dafra en particulier et
dans la province du Houet en général.
L’allaitement qui n’est plus qu’indispensable à la survie des enfants, devient un choix. Le
choix ou non de l’allaitement exclusif appartient aux mères, mais l’allaitement est aussi une
pratique culturelle, et l’augmentation des taux d’allaitement exclusif implique des
changements de comportement à tous les niveaux de la société.
En perspective, des études subséquentes réalisées sur de plus grands échantillons (niveau
national par exemple) avec une méthode de sondage plus précise permettraient d’étudier
d’autres variables pertinentes telles que le niveau de bien-être du ménage et l’état de santé de
l’enfant par rapport à la pratique l’AE. Ces études pourront aussi intégrer les leaders religieux
et coutumiers, les grand-mères et des pères d’enfants de moins de 06 mois afin d’évaluer
leurs niveau d’implication dans la mise en pratique de l’AE.
50
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54
ANNEXES
55
ANNEXES
Annexe 1 :
Fiche d’enquête
Région des Hauts Bassins Province du Houet
CSPS de :: ….….…..….………………………….
….….…..….…………………………. Type de CSPS : /____/ 1= Rural ; 2= Urbain
Secteur
N° Questionnaire : /_______/
Q8) Lieu de résidence des parents: /____/ 1 =milieu urbain ; 2 = milieu rural
56
Q13) Où avez-vous accouché de cet enfant ? : /____/ 1= domicile, 2 = centre de santé,
3 = maternité rurale
Q14) Par quelle voie avez-vous accouché de cet enfant ? : /____/ 1 = voie basse,
2 = césarienne
Q16) A quel moment avez-vous pris la décision d’allaiter votre enfant ? : /___/ 1 = pendant
la grossesse, 2 = au moment de l’accouchement, 3 = dans la salle de suites, 4 = à la sortie
de la maternité, 5 = autres à préciser : …………………………………
Q17) Quand avez-vous commencé à donner le sein à votre enfant pour la première fois après
l’accouchement ? : /____/ 1 = aussitôt après accouchement (avant ou immédiatement après la
délivrance), 2 = 45min à 1 H (juste après l’arrivé dans la salle de suites), 3 = 2H à 6H
(plus tard dans la salle de suites), 4 = plus de 6H (à la sortie de la maternité),
5 = autres à préciser :………………
Q18) Qu’avez-vous fait du colostrum (1er lait) après l’accouchement ? : /____/ 1 = donné à
l’enfant, 2 = jeté
Q19) Qu’avez-vous donné au bébé juste après l’accouchement ? : /____/ 1= lait maternel,
2 = eau, 3 = tisane, 4 = jus de tamarin, 5 = lait de vache,
6 = autres à préciser : ………………………………………………………………………
- Si la mère donnait autres choses que le lait maternel pour quelles raisons ? :
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
Q20) Comment avez-vous nourris votre bébé de sa naissance jusqu’à l’âge de 6 mois ? :
…………………………………………………………………………………………………...
…………………………………………………………………………………………………...
Q21) Avez-vous donné autres liquides ou aliments à votre bébé en plus du lait maternel de sa
naissance jusqu’à l’âge de 6 mois ? : /___/ 1 = oui, 2 = non (si non passer à Q
57
- Si oui lesquels ? : /___/ 1 = eau, 2 = tisane, 3 = lait de vache, 4 = bouillie, 5 = autres
à préciser : ……………………………………………………………………………………
- Pour quelles raisons ? : /___/ 1 = pas assez de lait, 2 = pour l’esthétique des seins, 3=
mère malade et sous traitement médical, 4 = enfant prématuré, 5 = lait
de mauvaise qualité, 6 = lait artificiel meilleur, 7 = autres à préciser :……………………..
Q22) Citer au moins trois (03) avantages de l’AME jusqu’à l’âge de 6 mois que vous
connaissez ? : /____/ 1 = connait ; 2= ne connais pas
Q23) Jusqu’à quel âge avez-vous donné uniquement que du lait maternel à votre enfant ?
(âge en mois) : /______/
Q26) Avez-vous eu des conseils sur l’AME jusqu’à l’âge de 6 mois ? : /____/ 1 =oui,
2 = non
- Si oui de qui ? : /___/ 1 = à travers les médias, 2 = au cours d’une séance d’IEC, 3 = le
mari, 4 = médecin, 5 = sage-femme, 6 = matrone, 7 = autres à préciser :
…………………………………………………………………………………………………
Q27) Quels sont les problèmes que vous avez rencontrés au cours de l’allaitement ? : /_____/
58
Annexe 2 : Dix conditions pour le succès de l'allaitement maternel
1. Adopter une politique d'allaitement maternel formulée par écrit et systématiquement portée
à la connaissance de tous les personnels soignants
2. Donner à tous les personnels soignants les compétences nécessaires pour mettre en œuvre
cette politique
4. Aider les mères à commencer à allaiter leur enfant dans la demiheure suivant la naissance
6. Ne donner aux nouveau-nés aucun aliment ni aucune boisson autre que le lait maternel sauf
indication médicale
4. Interdiction d'utiliser du personnel payé par les fabricants pour donner des conseils aux
mamans.
59
7. Les informations fournies par les fabricants et les distributeurs aux professionnels de santé
doivent être scientifiques et se borner aux faits.
9. Pas de promotion du lait condensé sucré, ou d'autres produits inappropriés comme aliments
pour nourrissons. 10. Tous les produits doivent être de bonne qualité ; la date limite doit être
indiquée : des termes comme « humanisé » ou « maternisé » ne sont pas admis.
60